Brooklyn – Colm Tóibín
Robert Laffont – janvier 2011 – 313 pages
traduit de l'anglais (Irlande) par Anna Gibson
Titre original : Brooklyn, 2009
Quatrième de couverture :
Enniscorthy, Irlande, années 50. Comme de nombreux jeunes femmes de son âge, Eilis Lacey ne parvient pas à trouver du travail. Par l’entremise d’un prêtre, on lui propose un emploi à Brooklyn, aux Etats-Unis. Poussé par sa famille, Eilis s'exile à contrecœur. Au début, le mal du pays la submerge. Mais comment résister aux plaisirs de l'anonymat, à l'excitation de la nouveauté ? Loin du regard de ceux qui la connaissent depuis toujours, Eilis goûte une sensation de liberté proche du bonheur. Puis un drame familial l’oblige à retraverser l’Atlantique. Au pays, Brooklyn se voile de l'irréalité des rêves. Eilis ne sait plus à quel monde elle appartient, quel homme elle aime, quelle vie elle souhaite. Elle voudrait ne pas devoir choisir, ne pas devoir trahir.
Auteur : Né à Enniscorthy, Irlande en 1955, après des études d'histoire et d'anglais à l'Université de Dublin, Colm Tóibín s'installe à Barcelone en tant que professeur. Il retourne en Irlande peu après, travaille comme journaliste avant de sillonner l'Amérique du Sud et l'Argentine. Il écrit de nombreux ouvrages de fiction et d'essais, tout en collaborant à divers journaux et magazines. Il se voit accorder le EM Forster Award en 1995 par l'Académie Américaine des Arts et des Lettres. Son premier roman, 'The South' - dont l'action se situe en Espagne et dans l'Irlande rurale des années 1950 - reçoit le prix du 'Premier roman' de l''Irish Times'. Suivent 'The Heather Blazing' (1992) et 'The Story of the Night' (1996), puis 'The Blackwater Lightship' (1999). Le dernier ouvrage de Colm Toibin, 'The Master' (2004) constitue un portrait du romancier Henry James, et a été retenu parmi les candidats au Man Booker Prize for Fiction de 2004.
Mon avis : (lu en juillet 2011)
Nous sommes dans le sud de l'Irlande, à Enniscorthy, ville natale de Colm Tóibín dans les années 1950, Eilis vient d'une famille modeste. Avec un diplôme de comptabilité, elle n'a pu obtenir qu'un emploi de vendeuse à temps partiel dans une épicerie. Ses frères sont déjà parties en Angleterre pour travailler. Sa sœur Rose va la convaincre de tenter sa chance à New-York où le père Flood va lui trouver un travail et un logement. Pour une jeune fille qui n'a jamais quitté sa famille et l'Irlande, partir à New-York est une vraie aventure ! Cela commence par un voyage épique d'une semaine en train puis en transatlantique. Ensuite, elle découvrira la pension de famille irlandaise de Madame Kehoe et ses co-pensionnaires. Elle travaillera comme vendeuse dans un grand magasin. Au début, la nouveauté de la situation lui fera oublier un peu l'Irlande, mais à la réception de son premier courrier, elle est prise du mal du pays. Grâce au soutien de Mme Kehoe, du père Flood et de Melle Fortini du grand magasin, Eilis se reprend. Elle participe au bal du vendredi soir organisé par la paroisse, elle suit des cours du soir en comptabilité américaine. Peu à peu elle se met à apprécier la vie américaine...
J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous raconte une histoire d'émigration et d'intégration. Eilis est très attachante, c'est jeune fille sérieuse et un peu naïve, elle n'a pas vraiment choisi de quitter l'Irlande pour les États-Unis, par devoir elle lutte contre le mal du pays et finalement apprécie cette nouvelle vie et pourtant elle va être obligée de choisir entre le devoir familial et son destin...
Je n'avais pas encore lu cet auteur irlandais et cette lecture va m'inciter à sortir de ma PAL "Le bateau-phare de Blackwater" !
Extrait : (début du livre)
Eilis Lacey, assise au premier étage de la maison de Friary Street, aperçut par la fenêtre sa soeur qui revenait du travail. Elle vit Rose traverser la rue d'un pas vif et passer du soleil à l'ombre ; elle portait son nouveau sac à main en cuir acheté chez Clery's, à Dublin, pendant les soldes, et un cardigan crème était jeté sur ses épaules. Ses affaires de golf l'attendaient dans le hall d'entrée. D'ici à quelques minutes, quelqu'un viendrait la chercher et, Eilis le savait, elle ne rentrerait pas avant la nuit.
Les cours de comptabilité touchaient à leur fin ; sur les genoux d'Eilis était posé un manuel détaillant les différents systèmes comptables et, sur la table derrière elle, son devoir en cours, un bordereau de saisie où elle avait consigné dans les colonnes débit et crédit les opérations courantes d'une société sur laquelle elle avait pris des notes en classe la semaine précédente.
Entendant la porte s'ouvrir, Eilis descendit. Rose avait tiré de son sac un miroir de poche et y examinait attentivement son reflet. Elle appliqua un peu de mascara et de rouge à lèvres, puis vérifia son apparence devant la grande glace de l'entrée, et se recoiffa. Eilis la regarda en silence s'humecter les lèvres et procéder aux dernières retouches à l'aide du petit miroir avant de le ranger.
- Tu es ravissante, Rose, dit leur mère en arrivant de la cuisine. Ce soir, au club, tu seras la vedette.
- Je meurs de faim, mais je n'ai pas le temps d'avaler quoi que ce soit.
- Je te préparerai quelque chose tout à l'heure. Eilis et moi allons dîner maintenant.
Rose ouvrit à nouveau son sac à main, puis son porte-monnaie, et déposa une pièce d'un shilling sur la table de l'entrée.
- Au cas où tu aurais envie d'aller au cinéma, dit-elle à Eilis.
- Et moi ? demanda sa mère.
- Eilis te racontera l'histoire à son retour.
- Tu es trop gentille !
Elles rirent toutes les trois. Au même moment, une voiture klaxonna devant la porte. Rose ramassa ses clubs de golf et disparut.
Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
Irlande
Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
"Géographie"