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A propos de livres...

27 mars 2015

Le voyant - Jérôme Garcin

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product_9782070141647_195x320 Gallimard - janvier 2015 - 192 pages

Quatrième de couverture : 
« Le visage en sang, Jacques hurle : "Mes yeux! Où sont mes yeux?" Il vient de les perdre à jamais. En ce jour d'azur, de lilas et de muguet, il entre dans l'obscurité où seuls, désormais, les parfums, les sons et les formes auront des couleurs. » 
Né en 1924, aveugle à huit ans, résistant à dix-sept, membre du mouvement Défense de la France, Jacques Lusseyran est arrêté en 1943 par la Gestapo, incarcéré à Fresnes puis déporté à Buchenwald. Libéré après un an et demi de captivité, il écrit Et la lumière fut et part enseigner la littérature aux États-Unis, où il devient «The Blind Hero of the French Resistance». Il meurt, en 1971, dans un accident de voiture. Il avait quarante-sept ans. 
Vingt ans après Pour Jean Prévost (prix Médicis essai 1994), Jérôme Garcin fait le portrait d'un autre écrivain-résistant que la France a négligé et que l'Histoire a oublié.

Auteur : Jérôme Garcin est un journaliste et écrivain français. Il dirige le service culturel du Nouvel Observateur, produit et anime l'émission Le Masque et la Plume sur France Inter, et est membre du comité de lecture de la Comédie-Française.

Mon avis : (lu en mars 2015)
Ce livre n'est pas un roman mais plutôt une biographie, un hommage à un héros oublié. A la suite d'un incident domestique, Jacques Lusseyran est devenu aveugle à l'âge de 8 ans. Très vite il découvre que s'il ne voit plus avec ses yeux, il voit de l'intérieur, des images très colorées. Grâce à l'amour de ses parents, il n'a pas le temps de s'appitoyer sur son sort, il va apprendre à développer ses autres sens et poursuivra sa scolarité aux milieux de ses camarades et sera un élève brillant. Elève à Louis Le Grand en Terminal puis en classe préparatoire, il espère réussir l'Ecole Normale. Mais un décret de Vichy interdit aux handicapés d'entrer dans la fonction publique... Durant cette même période, âgé de 17 ans, il fait parti avec une cinquantaine d'élèves des lycées Louis-le-Grand et Henri-IV et des étudiants de la Sorbonne du mouvement de résistance, les Volontaires de la Liberté. En juillet 1943, il est arrêté et incarcéré à Fresnes durant six mois, puis déporté à Buchenwald. 
Mon avis est mitigé, j'ai aimé le fond : je ne connaissais pas et j'ai apprécié de découvrir qui était Jacques Lusseyran, jeune résistant aveugle, déporté à Buchenwald. J'ai eu plus de difficultés avec la forme : le livre est court, mais j'ai trouvé que le ton était souvent emphatique, que le texte manquait de fluidité et j'ai trouvé cette lecture assez laborieuse. Mais je suis cependant, contente d'avoir lu ce livre.

Merci à Babelio et le Prix Relay des voyageurs lecteurs pour ce partenariat.

Extrait : (début du livre)
Rien, pas l’once d’une plainte, pas l’ombre d’un regret, pas trace d’une quelconque amertume, pas la moindre colère, pas non plus de protestation, et jamais de jalousie. Aucun sentiment bas, nulle révolte vaine. Au contraire, une paix avec soi-même, une harmonie avec le monde, une équanimité souterraine, un optimisme ravageur, une vaillance hors norme, une foid’airain, et même une manière de gratitude pour le destin qui, en le privant de ses yeux, en lui ayant refusé le spectacle de la beauté à l’âge des premiers émerveillements, développa chez lui ce qu’il nommait le regard intérieur. Comme s’il évoquait une industrie secrète, une fabrique cachée, un atelier réservé à lui seul, il répétait que les « vrais yeux travaillent au-dedans de nous » et faisait entrer, dans sa propre caverne, la lumière du feu que Platon plaçait à l’extérieur, et en hauteur. La vérité était en lui-même ; dehors n’était pour lui qu’une illusion – un trompe-l’œil. 
De son handicap, il fit un privilège. Il en tira une fierté qui interdisait la charité et intimidait la compassion. Il y trouva comme un supplément de gravité, lui qui, dans Le Puits ouvert, un roman demeuré inédit, écrivait : « En se penchant sur mon berceau, il y a un cadeau que les bonnes fées ont oublié de me faire, c’est la frivolité. » Il lui arrivait de mépriser ceux qui,s’apitoyant sur son sort, se flattaient d’avoir un regard d’aigle et de tutoyer l’horizon.Toujours, il se moqua des gémissants et des vaniteux. Le mot qu’il détestait le plus et tenait pour un défaut, pour une démission, pour une lâcheté, c’était celui de « banalité ». Sa vie brèven’y tomba jamais. Elle fut une exception française. 
J’ai découvert Jacques Lusseyran avec Et la lumière fut. Je me souviens très bien des émotions contradictoires que j’éprouvai à la lecture de ce témoignage magistral et capital. Le récit de ce héros, qu’aucun romancier n’aurait osé inventer, n’était-il pas trop exemplaire pour être vrai ? Et s’il était vrai, où donc cet homme avait-il trouvé la force surhumaine d’affronter, tête haute, de telles épreuves, de se dépasser sans cesse, de se survivre en rayonnant ? Ce livre, qui illustrait à la perfection le concept de résilience, comment avait-il pu le rédiger sans le voir ?(Mon étonnement vient de ce que je suis de la vieille école. Il m’arrive souvent d’écrire à la main ; j’aime tracer les mots sur des cahiers quadrillés, les remplacer ensuite par d’autres qui attendent dans la marge, biffer, corriger, peaufiner, imposer un rythme secret à ma partition,ajouter des couleurs à mes crayonnés. Je ne suis pas loin de croire que la phrase manuscrite commande la pensée, que le geste précède l’idée, que le stylo impose son style et sa loi. Et je ne commence vraiment à écrire qu’en me relisant, qu’en regardant mon feuillet.) Avait-il lui-même tapé à la machine ou plutôt dicté à une sténo ce que j’avais la faculté de lire, les yeux ouverts, dans un jardin du pays d’Auge traversé par un ruisseau qui sentait l’herbe coupée, la menthe fraîche et l’ail des ours, un jardin qui ouvrait sur des perspectives – massifs anglais de rosiers, de rhododendrons, de lilas, champs chahuteurs de hauts maïs, colline boisée et alanguie – où mon regard se posait, entre deux pages, comme pour s’assurer de son acuité et bien mesurer son empire provisoire ? 
Je crois bien que, dans ma vie, je n’ai jamais été si longtemps absorbé par un texte, m’arrêtant à chaque phrase, la pesant comme une petite miraculée, trouvant à chaque point-virgule, à chaque parenthèse, à chaque exclamation, à chaque alinéa, un sens et un pouvoir qui allaient bien au-delà des règles typographiques et des lois grammaticales. Tous ces mots, jaillis de la nuit absolue, avaient un éclat incomparable, ils répandaient sur la page une lumière éblouissante, presque trop crue. À travers les phrases grégoriennes passaient des couleurs de vitraux sur lesquels tape, à midi, le soleil des dimanches chrétiens. Ajoutés les uns aux autres,les adjectifs en relief – il me semblait les toucher du doigt, comme s’ils étaient en braille –dessinaient une chaîne alpine, formaient une cordillère des Andes, inventaient des Rocheuses lexicales. Dieu que le blanc d’entre les lignes exhalait d’étranges et voluptueux parfums. C’était de la littérature d’avant la littérature. Elle ne tenait ni par le beau style, qui est une coquetterie de clairvoyants, ni par l’imagination, qui offre aux oisifs de tromper à la fois leur ennui et leurs lecteurs, elle était le prolongement naturel d’un corps immobile, l’expression d’une pensée pure, débarrassée des images inutiles, des métaphores superflues. Lire Lusseyran, c’était réapprendre à lire, comme on dit réapprendre à voir, après une opération de la cataracte.

 

 

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25 mars 2015

Mamette, Tome 5 : La fleur de l'âge - Nob

mamette_5 Glénat - novembre 2011 - 48 pages

Quatrième de couverture :
Les nouvelles aventures, toujours plus tendres et réjouissantes, de la grand-mère que tout le monde aimerait avoir ! Ce qui est bien, avec la retraite, c’est qu'on a le temps de voyager ! Et avec le club des seniors, une virée à Barcelone promet d'être joyeuse. D'autant plus que c'est l'occasion pour Mamette de resserer les liens avec sa petite-fille qui accompagne la joyeuse bande de retraités, tous plus délurés qu'une bande de garnements en colonie de vacances. Une petite-fille qui a bien besoin de la joie de vivre de sa grand-mère pour reprendre confiance en elle. Mais les voyages, c'est comme la vie, on ne sait pas toujours ce qui vous attend, et celui-ci va vite prendre des chemins de traverse et croiser la route de personnages inattendus !

Auteur :  Nob, de son véritable nom Bruno Chevrier né en 1973 à Tours, est un dessinateur, scénariste et coloriste de bande dessinée français.

Mon avis : (lu en mars 2015)
Mamette, accompagnée de sa petite fille, et avec le club des anciens part en autocar en Espagne. Mais, le bus prêté par la mairie tombe en panne au cours du voyage. Le groupe n'ira pas jusqu'à Barcelone, ils seront accueillis dans un camp de vacances à la montagne d’habitude occupé par des ados. Ces vacances ne se passeront pas comme prévu, mais l'imprévu a cependant sa saveur...
Les aventures de Mamette et de ses amis sont toujours agréable à découvrir. La douceur, la poésie et bien sûr l'humour nous accompagnent et nous enchantent !


Extrait :

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mamette_4  Mamette, Tome 4 : Entre ciel et terre

23 mars 2015

C'est lundi, que lisez-vous ? [213]

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ? 

Oona et Salinger - Frédéric Beigbeder 
La Bibliothèque des cœurs cabossés - Katarina Bivald 
Les loups blessés - Christophe Molmy

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Le voyant - Jérôme Garcin (Babelio - Prix Relay)
La dernière fugitive de Tracy Chevalier (partenariat Folio)

Que lirai-je la  semaine prochaine ?

Danser les ombres - Laurent Gaudé (Babelio - Prix Relay)
La Surface de réparation - Alain Gillot (Babelio - Flammarion)
Un océan d'amour - Lupano (BD - 

Bonnes lectures et bonne semaine !

22 mars 2015

Les loups blessés - Christophe Molmy

Lu en partenariat avec les Editions de la Martinière 

les loups blessés Editions de la Martinière - mars 2015 - 334 pages

Quatrième de couverture :
Ce sont deux loups blessés. L’un par une vie de braquages, d’extorsions, d’années passées en prison : Matteo Astolfi, un criminel de haut rang. L’autre par son métier, la pression de sa hiérarchie, les trahisons de ses indics : Renan Pessac, commissaire à Paris. Leurs deux destins vont se percuter. De braquages en filatures, ils vont se chercher, se traquer. Chercher tous deux à échapper à leur destin, pour connaître l’impossible rédemption. Jusqu’au grand chaos.

Auteur : Christophe Molmy est chef de la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI), dite aussi Brigade de l’antigang, à Paris. Spécialiste du grand banditisme, Il a commencé sa carrière dans la Police Judiciaire à Marseille, et a longtemps travaillé à l’Office Central pour la Répression de Banditisme (OCRB). Il a 45 ans et c’est son premier roman.

Mon avis : (lu en mars 2015)
Tout commence avec le braquage de deux convoyeurs de fonds qui tourne mal, les deux convoyeurs ayant été froidement tués pour un butin de seulement soixante mille euros. Le lecteur sait que les coupables sont deux frères, Imed et Nordine Belkiche, connus plutôt dans le trafic de drogue, et le jeune Doumé Astolfi, Corse et frère de Matteo, un caïd du grand banditisme.
Du côté de la police, il y a le commissaire Renan Pessac est chef du Service central de répression du banditisme et l'équipe de Philippe Lelouedec. Pour obtenir des informations, Renan Pessac est en relation avec deux indics : Tania, une prostituée, devenue une amie et le Grand.
Grâce à l'auteur, qui est lui-même dans la police, le lecteur découvre le dessous de la profession, les méthodes de filatures, d'écoute, de renseignement, le vocabulaire... C'est plutôt intéressant et instructif.
Nous allons suivre durant tout le roman policier, le jeu du chat et de la souris entre bandits et policiers.
J'ai trouvé quelques longueurs à l'intrigue pas si palpitante que cela. Mais j'ai trouvé ce livre très bien documenté et donc très intéressant pour connaître le fonctionnement des indics et d'une enquête policière.
Merci Anaïs et les Editions de la Martinière pour cette découverte.

Extrait : (début du livre)
À l’abri dans un hall d’immeuble, Matteo Astolfi cherchait à reprendre son souffle, plié en deux, dos au mur, les mains posées sur ses genoux. Les muscles de ses cuisses étaient en feu et sa gorge si sèche qu’il chercha un peu de salive pour parvenir à déglutir. Après la fusillade, le calme qui régnait là avait quelque chose d’irréel. Dehors, le bruissement de la rue ressemblait à une brise intemporelle, comme une étrange mélopée chargée de l’inquiétude des passants. Au milieu du trafic, qui reprenait lentement, il entendait leurs murmures tandis qu’ils cherchaient à glaner des détails sur l’événement qui venait de secouer le quartier. Les sens aux aguets, il épiait le moindre mouvement, et chaque son résonnait comme une menace. Derrière la vitre opaque de la porte, les silhouettes, pareilles à celles d’un théâtre d’ombres, dansaient sur le trottoir. Matteo s’efforça au calme pour retrouver ses esprits et tenta de se redresser. Une pointe de feu fusilla son ventre, le renvoyant dos au mur. Tout était allé si vite, qu’il s’était mis à courir sans réfléchir, sans même réaliser qu’il était blessé, avant que sa chair meurtrie ne commence à diffuser une douleur aiguë dans tout son corps. Maintenant, son abdomen le lançait atrocement. Il souffla à petits coups et tenta de se concentrer sur le décor de ce film noir dont il était devenu l’acteur. Les murs sales et décatis qui l’entouraient lui arrachèrent une grimace de dégoût, il s’en détourna en fermant les yeux. Ici, tout suintait la misère et la crasse. Tout n’était que laideur. Cette bâtisse ressemblait à son monde, finalement, et tout était sa faute. Ses jambes faiblirent et il glissa lentement au sol. Il serra les dents pour ne pas se mettre à hurler. Son organisme ne secrétait plus d’endorphine, une souffrance atroce lui déchirait les entrailles à chaque respiration. La peau de ses mains avait pris une teinte blafarde qui l’effrayait. Prudemment, il glissa une main sous son teeshirt pour chercher la plaie du bout des doigts, mais la douleur le secoua de tremblements. Un goût métallique et salé inonda sa bouche, il cracha un peu de sang, considérant, vaguement hébété, la tâche brune qu’il venait de lâcher sur les carreaux de ciment défraîchis. Ses jambes étaient engourdies par l’humidité qui montait du sol. Quand tous ses membres furent paralysés par le froid, il cessa de lutter et se sentit flotter jusqu’à ce que la lumière s’éteigne. Plongé dans le noir, plus rien ne pouvait l’empêcher de se laisser couler. La pièce se mit à tourner autour de lui et il s’évanouit, enfin. Lorsqu’il reprit connaissance, le mur jaune pisseux était toujours là, en face de lui. Rien n’avait changé, ni ici ni dehors, et il sut qu’il allait devoir faire un choix. Il pouvait encore se battre, lutter pour se remettre debout et s’enfuir. Ou bien abandonner et mourir ici.

 Challenge Petit Bac 2015 
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Animaux (3)

Challenge Trillers et Polars
2014-2015
 
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catégorie "Même pas peur" :  16/25 

19 mars 2015

La Bibliothèque des cœurs cabossés - Katarina Bivald

 Lu en partenariat avec les éditions Denoël

la bibli des coeurs cabossés Denoël - janvier 2015 - 496 pages

traduit du suédois par Carine Bruy

Titre original : Läsarna i Broken Wheel rekommenderar, 2013

Quatrième de couverture :
Tout commence par les lettres que s'envoient deux femmes très différentes : Sara Lindqvist, vingt-huit ans, petit rat de bibliothèque mal dans sa peau, vivant à Haninge en Suède, et Amy Harris, soixante-cinq ans, vieille dame cultivée et solitaire, de Broken Wheel, dans l'Iowa. Après deux ans d'échanges et de conseils à la fois sur la littérature et sur la vie, Sara décide de rendre visite à Amy. Mais, quand elle arrive là-bas, elle apprend avec stupeur qu'Amy est morte. Elle se retrouve seule et perdue dans cette étrange petite ville américaine. Pour la première fois de sa vie, Sara se fait de vrais amis - et pas uniquement les personnages de ses romans préférés -, qui l'aident à monter une librairie avec tous les livres qu'Amy affectionnait tant. Ce sera pour Sara, et pour les habitants attachants et loufoques de Broken Wheel, une véritable renaissance. Et lorsque son visa de trois mois expire, ses nouveaux amis ont une idée géniale et complètement folle pour la faire rester à Broken Wheel.

Auteur : Katarina Bivald a grandi en travaillant à mi-temps dans une librairie. Aujourd’hui, elle vit près de Stockholm, en Suède, avec sa sœur et autant d’étagères à livres que possible. La Bibliothèque des cœurs cabossés est son premier roman.

Mon avis : (lu en mars 2015)
J'ai eu envie de découvrir ce livre rien qu'en voyant la couverture et le titre... Et c'est un coup de cœur !
Après deux ans de relation épistolaire et d'échange de livres, Sarah Lindquist, jeune femme suédoise de vingt huit ans, est invitée par Amy Harris, américaine de soixante-cinq, à venir la rencontrer chez elle à Broken Wheel, dans l'Iowa. Mais lorsque Sarah arrive au bout de son voyage, elle apprend qu'Amy est morte et elle se retrouve seule dans cette petite ville américaine. Etant l'invitée d'Amy, elle devient naturellement l'invité de Broken Wheel. Les habitants de cette petite ville, souvent hauts en couleur, vont tout faire pour rendre son séjour agréable. 
Sarah est une fille timide, le nez toujours plongé dans un livre et vivant plus souvent avec les personnages des romans qu'elle dévore qu'avec de vrai gens.
A Broken Wheel, elle va découvrir de vrais amis et en décidant d'ouvrir une librairie avec tous les livres qu'Amy avait chez elle, Sarah va se révéler.
J'ai passé un excellent moment de lecture en compagnie de ce livre. J'ai aimé la galerie de personnages que sont les habitants de Broken Wheel, les lettres d'Amy à Sarah que le lecteur découvre tout au long du livre et bien sûr Sarah qui va grandir grâce à ce séjour dans l'Iowa.

Un grand Merci à Célia et aux éditions Denoël pour ce livre coup de cœur. 

Extrait : (début du livre)

Sara Lindqvist
7 Kornvägen, 1 tr
136 38 Haninge
Suède


Broken Wheel, Iowa, le 15 avril 2009


Chère Sara,
J’espère qu’Une jeune fille démodée de Louisa May Alcott te plaira. C’est une histoire charmante, même si elle est peut-être un soupçon plus moralisatrice que Les Quatre Filles du docteur March.
Inutile d’envisager de me le rembourser. J’avais ce livre en double depuis des années ? je suis ravie qu’il ait trouvé un nouveau foyer et qu’en plus, il fasse tout le chemin jusqu’en Europe. Moi, je ne suis jamais allée en Suède, mais je suis sûre que ce doit être un très beau pays.
N’est-ce pas amusant qu’un livre voyage davantage que sa propriétaire ? Je ne sais pas si cela est réconfortant ou inquiétant.
Salutations amicales,

Amy Harris

---

   L’inconnue qui se tenait dans la rue principale de Hope était si quelconque que c’en était presque choquant. Une silhouette morne et sans formes vêtue d’un manteau gris de mi-saison, bien trop chaud pour cet automne. Un sac à dos gisait à ses pieds et une énorme valise était appuyée sur une fine poignée télescopique. Aux yeux des habitants qui avaient assisté par hasard à son arrivée, négliger à ce point son apparence était un manque certain de savoir-vivre. Comme si cette femme se moquait éperdument de leur faire bonne impression.
Ses cheveux étaient d’un brun indéterminé, ni franchement clair ni vraiment foncé. Ils étaient attachés à la va-vite avec une pince et tombaient en boucles désordonnées sur ses épaules. Là où aurait dû se trouver son visage, on voyait la couverture d’Une jeune fille démodée de Louisa May Alcott.
Être à Hope semblait vraiment ne lui faire ni chaud ni froid. Comme si elle avait juste atterri là, parachutée avec son livre, son barda, ses cheveux mal coiffés et tout le reste, et aurait tout aussi bien pu se trouver n’importe où dans le monde. Elle se tenait dans l’une des plus belles rues de Cedar County, peut-être la plus belle de tout le sud de l’Iowa, mais n’avait d’yeux que pour ce livre.
Elle ne devait quand même pas être totalement dénuée de curiosité, car de temps à autre, une paire d’yeux gris émergeaient au-dessus de son roman, tel un chien de prairie qui pointe la tête pour vérifier si la voie est libre.
Elle baissait légèrement le livre, scrutait d’abord à gauche, puis, sans tourner la tête, balayait les lieux du regard aussi loin que possible vers la droite. Enfin, elle relevait l’ouvrage et s’y replongeait de plus belle.

En réalité, à ce stade, Sara avait mémorisé la rue quasiment dans ses moindres détails. Même avec le livre devant ses yeux, elle aurait pu dépeindre le soleil du soir qui se reflétait sur des 4×4 rutilants, les frondaisons policées des arbres tout aussi pimpantes, ainsi que l’enseigne aux couleurs patriotiques, des rayures rouges-blanches-bleues, du salon de coiffure situé une cinquantaine de mètres plus loin. Une odeur entêtante de tarte aux pommes tout juste sortie du four flottait sur l’ensemble de la scène. Elle émanait du café derrière elle, où un groupe de femmes d’âge moyen l’observaient lire avec une désapprobation non dissimulée. Du moins Sara en avait-elle l’impression. Chaque fois qu’elle relevait les yeux de son roman, ces femmes fronçaient les sourcils et secouaient légèrement la tête, estimant sans doute que lire sur le trottoir constituait une infraction aux rigueurs de l’étiquette.
Elle prit à nouveau son portable et rappela le dernier numéro composé. Neuf sonneries retentirent avant qu’elle ne raccroche.
Amy Harris était donc un peu en retard. Il y avait sans doute une explication sensée. Un pneu crevé, peut-être. Une panne d’essence. Il était facile d’avoir — elle consulta à nouveau l’écran de son téléphone — deux heures et trente-sept minutes de retard.
Sara ne s’inquiétait pas. Pas encore. Amy Harris écrivait des missives empreintes de sincérité sur du bon vieux papier à lettres à l’ancienne, épais et d’une douce nuance écrue. Il n’y avait absolument aucun risque qu’une personne de ce genre abandonne une amie dans une ville inconnue, ou se révèle être une tueuse en série psychopathe et perverse, quoi que la mère de Sara ait pu imaginer.

 

Challenge Petit Bac 2015 
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Challenge Voisins Voisines 2015
voisins voisines 2015

Suède

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16 mars 2015

Oona et Salinger - Frédéric Beigbeder

 Lu dans le cadre du Challenge
 
"Écoutons un livre"
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Audiolib - novembre 2014 - 5h59 - lu par Edouard Baer

Grasset - août 2015 - 336 pages

Quatrième de couverture :
« Il arrive un moment, dans certains pays, à certaines époques, où les hommes semblent attendre un événement important et tragique qui permettrait de résoudre tous les problèmes. Ces périodes sont généralement nommées : avant guerre. Elles sont assez mal choisies pour tomber amoureux. En 1940, à New York, un écrivain débutant nommé Jerry Salinger, vingt et un ans, rencontre Oona O’Neill, quinze ans, la fille du plus grand dramaturge américain. Leur idylle ne commencera vraiment que l’été suivant... quelques mois avant Pearl Harbor. Début 1942, Salinger est appelé pour combattre en Europe et Oona part tenter sa chance à Hollywood. Ils ne se marièrent jamais et n’eurent aucun enfant. »

Auteur : Romancier, Frédéric Beigbeder est notamment l’auteur de L’amour dure trois ans(1997), qu’il a porté à l’écran en 2012, 99 francs (2000), Windows on the World (2003, prix Interallié) et Un roman français (2009, prix Renaudot). Il est également feuilletoniste au Figaro Magazine et directeur de la rédaction du magazine Lui.

Lecteur : Comédien, auteur, metteur en scène, Édouard Baer marque ses succès desa personnalité aux facettes changeantes, drôle, lunaire, féroce ou tendre. Ses lectures toutes de finesse et d’émotion retenue, le placent au premierplan des très grandes voix françaises.

Mon avis : (écouté en mars 2015)
J'ai mis du temps à lire ce livre pour plusieurs raisons, je n'avais pas spécialement envie de le lire, car je trouve cet auteur assez exaspérant et Edouard Baer a une voix que je n'apprécie pas spécialement.
Connaître la vie d'Oona et de Salinger était prometteur mais l'intrusion permanente de la vie de Frédéric Beigbeder dans ce livre est vraiment horripilant !
Finalement, j'ai fini par m'habituer à la voix du lecteur et à l'oublier. J'ai bien aimé tous les passages concernant Oona et Salinger mais les apartés de l'auteur sur sa petite vie n'apportent absolument rien à cette jolie histoire amoureuse que je ne connaissais pas et que j'ai pris plaisir à découvrir
Dans ce livre audio pas de bonus avec un entretien avec l'auteur... De toute façon, il est déjà inclu dans le livre...

Autres avis : Sylire , Laure

Extrait : (début du livre)
Au printemps de l’année 1980, les habitués du Paley Park de New York furent témoins d’une scène assez inhabituelle. Une longue limousine noire se gara devant le jardin public ; il devait être aux alentours de quinze heures. Le chauffeur de la voiture ouvrit la portière à une passagère d’une soixantaine d’années, vêtue d’un tailleur blanc et portant des lunettes de soleil, qui descendit lentement du véhicule. La dame demeura immobile un instant, tritura nerveusement son collier de perles, comme si elle priait avec un chapelet, puis se dirigea vers le coin gauche du parc. S’avançant lentement vers le mur d’eau, sous les arbustes, la femme riche retira de son sac à main quelques morceaux de porcelaine brisée. Son comportement devint alors très étrange. Elle s’agenouilla sur le sol et se mit à creuser frénétiquement la terre, de ses ongles manucurés. Un mangeur de hot dog se demanda pourquoi cette chiffonnière fouillait les plates-bandes au lieu de chercher des victuailles dans la poubelle, située à l’autre extrémité du square. Sur le moment, il n’y prêta pas attention mais il lui sembla bien que la sexagénaire enterrait sa porcelaine cassée dans un trou et tassait de ses mains une motte de terre par-dessus, à quatre pattes sous le jardin vertical, comme un enfant dans un bac à sable. Ceux qui finissaient de déjeuner à ciel ouvert furent encore plus stupéfaits lorsque la bourgeoise se releva, les mains pleines de terre, et remonta dignement dans sa Cadillac. Malgré ses lunettes noires, on pouvait déceler sur son visage la satisfaction du travail bien fait. Elle avait l’air d’une excentrique comme on en voit parfois dans les rues de New York, surtout depuis la démocratisation des barbituriques. Le chauffeur referma la portière, fit le tour du véhicule, s’installa au volant et la longue berline glissa sans bruit vers la 5e Avenue.
« J’ai envie de raconter une histoire. Saurai-je un jour raconter autre chose que mon histoire ? »

Au début des années 2010, je me suis aperçu que je ne voyais plus personne de mon âge. J’étais entouré de gens qui avaient tous vingt ou trente années de moins que moi. Ma petite amie était née l’année de mon premier mariage. Où étaient passés ceux de ma génération ? Leur disparition avait été progressive : la plupart étaient occupés par leur travail et leurs enfants ; un jour, ils avaient cessé de sortir de leurs bureaux ou de leurs maisons. Comme je changeais souvent d’adresse et de téléphone, mes vieux amis n’arrivaient plus à me joindre ; certains d’entre eux mouraient parfois ; je ne pouvais m’empêcher de penser que ces deux tragédies étaient peut-être liées (quand on ne me voyait plus, la vie s’arrêtait). La pénurie de contemporains dans mon entourage avait peut-être une autre explication : je fuyais mon reflet. Les femmes de quarante ans m’angoissaient avec leurs névroses identiques aux miennes : jalousie de la jeunesse, cœur endurci, complexes physiques insolubles, peur de devenir imbaisable, ou de l’être déjà. Quant aux hommes de mon âge, ils ressassaient des souvenirs de vieilles fêtes, buvaient, mangeaient, grossissaient et perdaient leurs cheveux en se plaignant de leur épouse, ou de leur célibat, sans discontinuer. Au mitan de leur vie, les gens ne parlaient que d’argent, surtout les écrivains.

J’étais devenu un authentique gérontophobe. J’avais inventé une nouvelle sorte d’apartheid : je ne me sentais bien qu’avec des êtres dont j’aurais pu être le père. La compagnie des adolescents m’obligeait à des efforts vestimentaires, me forçait à adapter mon langage et mes références culturelles : elle me réveillait, me galvanisait, me rendait le sourire. Pour dire bonjour, je devais faire glisser ma paume sur la paume de mes jeunes interlocuteurs, puis fermer mon poing pour taper le leur, et ensuite frapper ma poitrine du côté gauche. Une simple poignée de main aurait trahi la différence de génération. De même, je devais éviter les plaisanteries datées, par exemple ne pas dire que je ramais comme Gérard d’Aboville (« Qui ça ? »). Lorsque je croisais des camarades de classe, je ne les reconnaissais pas ; souriant poliment, je prenais vite la fuite : les êtres de mon âge étaient décidément bien trop vieux pour moi. J’évitais soigneusement les dîners en ville avec des couples mariés. Toutes les obligations bourgeoises me faisaient peur, en particulier les réunions de quadragénaires en appartement de couleur taupe avec bougies parfumées. Ce que je reprochais aux gens qui me connaissaient, c’était précisément cela : me connaître. Je n’aimais pas qu’on sache qui j’étais. Je voulais retrouver ma virginité à 45 ans. Je ne sortais que dans des bars neufs pour enfants décoiffés, des boîtes de nuit lisses et plastifiées, aux toilettes privées de souvenirs, des restaurants à la mode dont mes vieux complices apprendraient l’existence deux ou trois ans plus tard, en feuilletant Madame Figaro. Parfois je draguais une jeune fille qui finissait par m’expliquer, avec un regard attendri, que sa mère était dans le même rallye que moi. Unique concession à la vieillesse : je ne tweetais pas. Je ne comprenais pas l’intérêt d’envoyer des phrases à des inconnus alors qu’on peut les rassembler dans des livres.

Je reconnais que mon refus de fréquenter ceux de mon âge était un refus de vieillir. Je confondais jeunisme et jeunesse. Ce qu’on voit sur chaque ride du visage de ses proches, c’est sa propre mort au travail. Je pensais sincèrement qu’en ne fréquentant que des adolescents qui parlaient de Robert Pattinson plutôt que de Robert Redford, j’allais vivre plus longtemps. C’était du racisme antimoi. On peut jouer les Dorian Gray sans cacher un portrait maléfique dans son grenier : il suffit de se laisser pousser la barbe pour ne plus apercevoir son vrai visage dans le miroir, d’être disc-jockey de temps à autre avec ses vieux 45 tours, de porter des tee-shirts suffisamment larges pour qu’on n’y distingue pas le ventre qui pousse, de refuser de mettre des lunettes pour lire (comme si un homme qui lit un livre en le tenant à bout de bras pouvait rajeunir), de se remettre au tennis en survêtement American Apparel anthracite à liséré blanc, de poser en photo dans les vitrines des magasins Kooples, de danser avec des surfeuses mineures au Blue Cargo d’Ilbarritz, et d’avoir la gueule de bois tous les jours.

Au début des années 2010, j’étais devenu incollable sur la biographie de Rihanna ; c’est dire si ma situation était préoccupante.
Trois ans plus tôt, dans une cafétéria de Hanover, New Hampshire, j’étais tombé sur cette photographie d’une adorable morte.

 Challenge Petit Bac 2015 
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Prénom (3)

Challenge 7% Rentrée Littéraire 2014 
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37/42

16 mars 2015

C'est lundi, que lisez-vous ? [212]

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ? 

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Trois mille chevaux-vapeur - Antonin Varenne (Prix Audiolib 2015) 
Faces B - François Thomazeau

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

La Bibliothèque des cœurs cabossés de Katarina Bivald (partenariat Denoël) 
Les loups blessés - Christophe Molmy (partenariat La Martinière)
Oona & Salinger - Frédéric Beigbeder (Prix Audiolib 2015) 

Que lirai-je la  semaine prochaine ?

Le voyant - Jérôme Garcin (Babelio - Prix Relay)
Danser les ombres - Laurent Gaudé (Babelio - Prix Relay)
La dernière fugitive de Tracy Chevalier (partenariat Folio)
La Surface de réparation - Alain Gillot (Babelio - Flammarion)

Bonnes lectures et bonne semaine !

14 mars 2015

Faces B - François Thomazeau

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book_faces Hors collection - octobre 2014 - 240 pages

Quatrième de couverture : 
« Rock around the clock » de Bill Haley, « Strawberry fields forever » des Beatles, « The man who sold the World » de David Bowie, " I feel love" de Donna Summer ou « Ne me quitte pas » de Jacques Brel : autant de titres qui ont bien failli passer à côté de leur destin !
Jugés trop mauvais pour figurer en face A, la place d’honneur réservée aux tubes, parfois écrits à la va-vite sur un coin de table, ils ont été placés en face B pour combler un vide ou ne pas heurter le public par des paroles un peu osées. Ces 180 titres ont pourtant connu un succès tel qu’ils ont éclipsé leur face A.
Diffusés par erreur à la radio, repérés grâce au flair d’un programmateur, ou adoptés par le public en dépit des certitudes des plus grands producteurs, ces titres de face B ont finalement rencontré le succès.
De face B en face B, l’ouvrage nous transporte à travers l’histoire du vinyle. Des Doors à Léo Ferré, de Brigitte Bardot aux Rolling Stones, d’Elvis Presley à Radiohead, l’auteur dresse ici un panorama des tubes qui, en dépit des préjugés, sont entrés dans l’histoire de la musique.
Au fil de ce pavé illustré par les pochettes de ces vinyls de légende, l’auteur nous fait voyager à travers les tubes, côtoyer les stars du rock ou de la chanson française, pousser les portes des plus illustres labels, afin de découvrir comment ces morceaux voués à l’oubli sont devenus des titres incontournables.

Auteur : Amateur de musique, François Thomazeau est aussi journaliste sportif, passionné de rugby, éditeur ou encore auteur de romans policiers. Il est l'auteur de Rugby Nostalgie, sorti en 2007 chez Hors Collection.

Mon avis : (lu en mars 2015)
J'ai reçu assez tardivement ce livre grâce à Masse Critique chez Babelio. C'est plus un livre à feuilleter qu'à lire dans sa continuité. Je n'ai pas une grande culture musicale internationale, et grâce à internet, j'ai pu écouter certains titres que je ne connaissais pas.
Ce livre recense cent quatre-vingt 45 tours ou single (de 1938 à 2011), largement illustré et très documenté. Face B est vraiment intéressant et amusant à découvrir. L'ouvrage au format carré a été très soigné, le lecteur a l'impression de "feuilleter" une collection de 45 tours.

Extrait de quelques-unes de ces 180 "faces B" devenues célèbres, à redécouvrir...:
- Charles Trénet "Douce France"
- Franck Sinatra : "Time after Time"
- Edith Piaf : "L'homme à la moto"
- Ritchie Valence :"La bamba"
- Chuck Berry : "Memphis Tennessee"
- Serge Gainsbourg : "La javanaise"
- Kinks : "I need you"
- The Beatles : "Strawberry fields forever"
- The Rolling Stones : "Ruby Tuesday"
- Léo Ferré : "C'est extra"
- Joe Dassin : "Les Champs-Elysées"
mais aussi Led Zeppelin, Rod Steward, Janis Jopli, Abba, Pink Floyd, Kiss, Queen, The Smiths, Madonna, Prince, U2,...

Merci Babelio et les éditions Hors Collection pour cette découverte passionnante.

 

Extrait : 
Je vous parle d'un temps que les adeptes du MP3 ne peuvent pas connaître. Le bon vieux temps où la musique se déclinait en deux faces et où, qu'il le veuille ou non, le consommateur de disques obtenait toujours deux titres pour le prix d'un. La face B, c'était le cadeau bonus, le truc en plus, ce morceau souvent inédit qu'il fallait aller chercher et découvrir de l'autre côté du miroir et qui vous entraînait souvent du côté obscur. Contraints de proposer deux chansons sur les galettes qui s'étaient imposées, face au rouleau, au début du phonographe, certains artistes se moquaient ouvertement de nous en recyclant des fonds de tiroirs, des jam-sessions enregistrées à la va-vite ; le même titre chanté a capella ou au contraire livré dans sa version instrumentale. D'autres y mettaient du coeur et se forçaient à offrir au fan un supplément d'âme et de qualité. Et les plus grands, comme les Beatles ou Elvis, incapables au faîte de leur gloire d'enregistrer de mauvais titres, ne sortaient que des singles avec double face A, que l'on pouvait retourner indéfiniment sans arriver à décider quel titre était le meilleur. Le mouvement perpétuel appliqué à la musique populaire.
La face B est indéfectiblement liée à un format, le 45 tours, et à une époque allant de l'après-guerre jusqu'à l'invention du CD, lorsque ces microsillons assuraient la majeure partie des ventes de musique. La vogue de la face B déclina un peu dès les années 1970, où l'album (ou 33 tours) remplaça le 45 tours dans le coeur des mélomanes. Mais le terme n'a pas disparu, en dépit de l'avènement des formats à une face comme le CD, qui glissait des faces B à la suite des faces A, et malgré la dématérialisation des supports. C'est qu'avec le temps, «face B» est aussi devenu synonyme de pépite, de trésor caché, de morceau que seul l'initié possède ou revendique. Pour les rappeurs, la face B (ou B-side), c'est le refuge de la contestation, du délit d'initié, la zone d'ombre où se retrouvent les vrais experts, les puristes...
Les 180 titres réunis ici ne prétendent pas être les meilleurs versos de 45 tours jamais enregistrés. La qualité a moins primé dans notre choix que l'importance, le succès, ou l'ingéniosité déployée pour contourner la figure imposée du titre à glisser impérativement au dos d'un enregistrement. La plupart sont pourtant des classiques de la musique populaire, des tubes, des titres devenus d'autant plus mythiques qu'ils se sont imposés au grand public en dépit de l'ombre qui leur avait été faite initialement. Pensez que quelques-uns des plus grands titres de l'histoire de la musique populaire du XXe siècle - «Rock around the clock», «Be Bop-a-Lula», «La Bamba», «Amsterdam» - étaient à l'origine relégués à l'arrière-plan ! Ce florilège démontre aussi l'énormité des erreurs commises par les directeurs artistiques et les producteurs, incapables d'identifier un authentique hit. Ne les blâmons pas. Souvent, les artistes eux-mêmes ont fait le mauvais choix. Mais une chanson populaire finit toujours par s'imposer. Voici donc la petite histoire de 180 chansons sans lesquelles la face du rock, de la pop et de la variété aurait été changée.

 

   Challenge Petit Bac 2015 
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Musique (2)

 

13 mars 2015

Trois mille chevaux-vapeur - Antonin Varenne

LOGOTYPE-2015

9782356417251-T trois mille chevaux

Audiolib - mai 2014 - 19h05 - Lu par Philippe Allard

Albin Michel - avril 2014 - 560 pages

Quatrième de couverture : 
Le sergent Bowman appartient à cette race des héros crépusculaires qui traversent les livres de Conrad, Kipling, Stevenson… Ces soldats perdus qui ont plongé au coeur des ténèbres, massacré, connu l’enfer, couru le monde à la recherche d’une vengeance impossible, d’une improbable rédemption. De la jungle birmane aux bas-fonds de Londres, des rives de l’Irrawaddy à la conquête de l’Ouest, ce roman plein de bruit et de fureur nous mène sans répit au terme d’un voyage envoûtant, magnifique et sombre. Antonin Varenne, l’auteur de Fakirs, renoue avec la lignée disparue des grands écrivains d’aventures et d’action. Une réussite qui marquera.
Philippe Allard prête son souffle à ce roman épique aux multiples péripéties.

Auteur : Après une maîtrise en philosophie, Antonin Varenne devient alpiniste du bâtiment puis charpentier, voyage en Islande, au Mexique… À l’âge de 33 ans, il publie son premier roman Le Fruit de vos entrailles (2006), suivi de Gâteau mexicain (2007). Avec Fakirs (2009), il reçoit le Grand Prix Sang d’encre et le Prix Michel Lebrun (2009). Son dernier roman, Le Mur, le Kabyle et le marin (2011), a reçu le prix des lecteurs Quais du Polar/20 Minutes et le prix du polar francophone.

Lecteur : Né à Bruxelles en 1968, Philippe Allard est comédien et improvisateur. Acteur de théâtre et habitué des scènes belges depuis 1986, il exerce également son métier à la RTBF depuis 2007.

Mon avis : (écouté en mars 2015)
L'écoute de ce livre me faisait un peu peur (sans doute les 19 heures d'écoute) et j'avais tort... Ce livre est passionnant, c'est à la fois un roman d'aventures, un enquête policière et un grand voyage depuis la Birmanie jusqu'aux États-Unis en passant par Londres...
La quatrième de couverture fait référence à Conrad, Kipling, Stevenson que je connais pas ou très peu, pour ma part cela m'a fait penser aux romans de Jules Verne.
En 1852, en Birmanie, Arthur Bowman est sergent au service de la Compagnie des Indes. Il est choisi pour une mission secrète durant la 2e guerre anglo-birmane. Avec une trentaine d'hommes il doit remonter la rivière Irrawady et arraisonner un navire transportant des armes. L'expédition tourne mal, les hommes sont capturés et torturés pendant plusieurs mois. Seuls dix d'entre eux en sortiront vivants. 
En 1858, à Londres, la ville est écrasée par une canicule et une sécheresse exceptionnelle, nous retrouvons Arthur Bowman dans un piteux état, l'alcool, l'opium et les cauchemars empoisonnent son quotidien. Mais un cadavre mutilé est découvert dans les égouts des bas fonds de Londres, Browman est accusé et celui-ci n'a plus qu'un objectif, trouver le vrai coupable, l'un de ses compagnons rescapés de Birmanie. Le sergent part donc à la recherche des rares survivants dans Londres, ses environs puis vers le Nouveau Monde. Pionniers, indiens, chercheurs d'or... c'est le far west et les grands espaces et l'aventure continue...
En bonus du livre audio, l'entretien avec l'auteur toujours intéressant complète une écoute qui m'a paru facile car l'histoire est si captivante que je n'ai perdu le fil de l'histoire que très rarement. 
Ce livre, que l'on ne lâche pas, est une très belle surprise !

Extrait : (début du livre)
- Rooney ! Putain de fainéant d'Irlandais ! Pallacate ! Rooney se leva du banc, traversa la cour en traînant des pieds et se planta devant le caporal.
- La jument en peut plus, chef. Y a plus un canasson qui tient debout.
- C'est toi qui en peux plus. En selle !
Le dos creusé par la fatigue, la tête à demi enfoncée dans l'abreuvoir, la jument pompait bruyamment des litres d'eau. Rooney saisit le licol, lui sortit la bouche de l'eau et grimaça en mettant le pied à l'étrier. Il avait galopé la moitié de la nuit d'une caserne à l'autre, son cul lui faisait mal, il avait de la terre plein les dents et le nez, le soleil lui chauffait le crâne.
Quinze miles jusqu'au comptoir de Pallacate.
La bête secoua la tête, refusant le mors. Rooney tira sur les rênes, la jument se cabra et il se rattrapa au pommeau pour ne pas tomber. Le caporal se marrait. Rooney cravacha les oreilles de son cheval en criant :
- Yap ! Yap ! Yap !
La jument partit au galop sur le dallage de la cour. Il passa sans ralentir les portes nord du fort Saint-George, fouetta la jument pendant un mile. Les plantations de mûriers défilaient, des champs de coton où travaillaient quelques paysans, penchés sur leurs outils. Tout au long de la piste, des colonnes de cipayes, dans leurs uniformes rouges, trottaient sous le soleil sac au dos et fusil à l'épaule.
Les garnisons convergeaient vers le fort et le port. Les villageois, inquiets, avaient fermé leurs portes et leurs fenêtres pour se protéger de la poussière levée par les bottes. L'armée de Madras était en grande manoeuvre, sur son chemin la campagne s'était vidée.
Lord Dalhousie, gouverneur général des Indes, avait déclaré la guerre au roi des Birmans.
Le général Godwin, arrivé la veille de Bombay avec dix navires, mobilisait tous les régiments.
Douze heures que Rooney portait des plis aux quatre coins de la région.
Pallacate. Encore huit miles. Sa dernière course.
Peut-être qu'il pourrait rester là-bas cette nuit, aller chez le Chinois et se payer une des filles. Elles étaient propres et le gin moins cher qu'à Saint-George. L'idée de passer la nuit au village des tisserands lui donna des ailes, mais pas à la jument, qui soufflait comme une tuberculeuse.
Rooney, les jambes trempées par l'écume, lui envoya une volée de coups. C'était la guerre, on avait le droit de tuer un cheval.
Il dépassa des gamins sur des ânes et des paysans en guenilles, aperçut les premières maisons de Pallacate, enfila sans ralentir la rue principale où des femmes coururent se mettre à l'abri, des enfants accrochés dans le dos.
- Yap ! Yap !
À la sortie du village il tourna à gauche vers les entrepôts du comptoir. Il aurait la boutique du Chinois pour lui tout seul. Et au fort, pareil. Plus personne, plus de corvées à la con pendant des semaines. Pendant que tout le monde partait pour Rangoon, lui resterait à se la couler douce. Le roi de Saint-George !

 Challenge Petit Bac 2015 
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Animal (3)

Challenge Trillers et Polars
2014-2015
 
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catégorie "Même pas peur" :  15/25 

13 mars 2015

Concours : résultats

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Réponses aux questions :

1) Quel pays est mis à l'honneur cette année au Salon du Livre de Paris ?

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2)  Quelle ville est mise à l'honneur cette année au Salon du Livre de Paris ?

J'aurai du mettre le mot "ville" au pluriel... deux réponses possibles

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3) Citer une des expositions prévues au Salon du Livre de Paris.

5 réponses possible...

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EXPOSITION L'ÉCOLE DES LOISIRS 

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70 ANS DE SÉRIE NOIRE AUX ÉDITIONS GALLIMARD

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LES RECETTES DE NORIYUKI HAMADA PHOTOGRAPHIÉES PAR RICHARD HAUGHTON 

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HISTOIRE MONDIALE DE L’ANARCHIE 

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PETIT MANUEL DU PARFAIT RÉFUGIÉ POLITIQUE

 

Vous étiez 14 à participer au tirage au sort,

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les heureux gagnants de ce vendredi 13 sont :

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Bravo !

Je transmets ce matin vos coordonnées au Salon du Livre qui se chargera
de vous envoyer directement l'invitation. Bonne réception !

 

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