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A propos de livres...
15 juillet 2015

Ne tombe jamais – Patricia McCormick

ne tombe jamais Gallimard Jeunesse - octobre 2014 - 240 pages

traduit de l’anglais par Jean-François Ménard

Titre original : Never fall down, 2012

Quatrième de couverture :
Cambodge, avril 1975. Quand les soldats arrivent à Battambang, sa ville natale, Arn n'est qu'un gamin de 11 ans qui danse au son d'Elvis Presley et vend des glaces avec son frère. Arrivés au pouvoir, les Khmers rouges envoient tous les habitants du village en longues marches forcées vers des camps de travail. Séparé de sa famille, Arn travaille dans les rizières sous une chaleur accablante et rongé par la faim. Autour de lui, des enfants meurent d'épuisement, des ouvriers sont assassinés sauvagement... Mais Arn n'est qu'au début d'un cauchemar qu'il ne peut soupçonner. Très tôt, il se fait cette promesse à lui-même : "Ne tombe jamais."

Auteur : Patricia McCormick est américaine. Élevée dans un milieu protégé au cœur des beaux quartiers, elle s'est toujours sentie différente. Journaliste indépendante et enseignante, elle écrit depuis l'enfance et rêvait de devenir écrivain. Pour écrire «13 ans, 10 000 roupies», Patricia a passé un mois en Inde et au Népal où elle a interviewé les femmes du quartier rouge de Calcutta. Le roman a été porté à l'écran en 2014. Elle est aussi l'auteur de deux autres romans pour adolescents, tous copieusement récompensés aux Etats-Unis. Elle vit à New-York avec son mari, son fils et ses deux chats.

Mon avis : (lu en juillet 2015)
Arn avait onze ans lorsque les Khmers rouges ont pris le pouvoir au Cambodge. Séparé de toute sa famille, il s’est retrouvé dans un camp de travail pour enfants, il devait travailler sans repos et mal nourri dans des rizières. Beaucoup sont morts de faim, de maladie ou d’épuisement, ou alors torturés ou dénoncés comme traîtres... Arn a réussi à survivre et ce livre raconte son histoire, son témoignage.
Pour un livre destiné à des adolescents, ce témoignage est très dur et personnellement, je n’ai pas pu lire ce livre d’une traite, quelques chapitres d’affilés me suffisaient tellement ce jeune garçon a été témoin de l’horreur de ce génocide. Avant de le donner à lire à des adolescents lycéens, il me semblent important de les y préparer en situant le contexte historique. Je viens seulement de remarquer la mise en garde de la quatrième de couverture : « Ce livre ne convient pas aux plus jeunes lecteurs ».
Ce livre est un témoignage fort et impressionnant, à lire et faire lire.

Extrait : (début du livre)
Battambang, Cambodge
Avril 1975
Le soir, dans notre ville, c'est la musique partout. Maisons riches. Maisons pauvres. C'est pareil. Tout le monde a de la musique. Radios. Tourne-disques. Cassettes huit pistes. Même les types qui pédalent sur les rickshaws, ils attachent une minuscule radio au guidon et ils chantent pour les passagers. Dans ma ville, la musique, c'est comme l'air qu'on respire, toujours là.
Tous les hommes, toutes les femmes se promènent dans le parc pour entendre les nouvelles chansons. Les Cambodgiens aiment beaucoup les chansons. Les chansons d'amour françaises. Le rock'n'roll américain. Comme les Beatles. Comme Elvis. Comme Chubby Checker. Les dames en sarong, elles marchent si légèremen, c'est comme si elles flottaient dans les rues. Les hommes en pantalon, les cheveux lissés en arrière, ils fument des Lucky Strike. Des vieux jouent aux cartes. Des vieilles dames vendent des mangues, vendent des nouilles, vendent des montres. Des enfants jouent au cerf-volant, mangent des glaces. Toute la ville est dehors, le soir.
Mon petit frère et moi, on est devant le grand cinéma et on chante pour les gens. On fait du twist, aussi. "Let's twist again, like we did last summer !" Deux enfants tout maigres, pas de chaussures, le pantalon déchiré, ils aiment bien qu'on chante pour eux. Ils nous donnent même des pièces.
Ce soir, je regarde bien la foule, je trouve une dame - une grosse dame, grosse comme une pomme de lait - et lentement, lentement, sans qu'elle nous voie, mon frère et moi, on se cache derrière sa jupe, on la tient si doucement, elle ne le sait même pas, et on fait comme si c'étais notre mère. Les enfants avec leurs parents peuvent voir le film gratuitement. Les enfants comme nous, on fait semblant.
Dans le cinéma, on regarde l'Amérique, en noir et blanc, avec des avions, des voitures qui brillent et des femmes dans des jupes si courtes, elles montrent leurs genoux. Film de guerre, plein de coups de feu, un peu de baisers. Pour les coups de feu, mon frère et moi, on applaudit. Pour les baisers, on se cache le visage dans notre chemise.

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Commentaires
U
Je pense effectivement que pour les personnes sensibles, de telles horreurs passées doivent être difficilement supportables.
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