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A propos de livres...
etats-unis
1 juillet 2009

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur – Harper Lee

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Editions de Fallois – janvier 2005 – 345 pages

LGF - août 2006 – 447 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Stoïanov

 

Prix Pulitzer en 1961 dans la catégorie fiction

 

Titre original : To Kill a Mockingbird, 1960

Présentation de l'éditeur
Dans une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort. Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 - au cœur de la lutte pour les droits civiques -, connut un tel succès et reçut le prix Pulitzer en 1961. Il ne suffit pas en revanche à comprendre pourquoi ce roman est devenu un livre-culte aux Etats-Unis et dans bien d'autres pays, pourquoi, lors d'une enquête réalisée aux Etats-Unis en 1991, sur les livres qui ont changé la vie de leurs lecteurs, il arrivait en seconde position, juste après la Bible. La vérité est que, tout en situant son histoire en Alabama à une époque bien précise, Harper Lee a écrit un roman universel sur l'enfance confrontée aux préjugés, au mensonge, à la bigoterie et au mal. Racontée par Scout avec beaucoup de drôlerie, cet ouvrage tient du conte, de la court story et du roman initiatique. " Il a la légèreté et le poids que recherche le véritable amateur de roman et cette vertu si rare de pouvoir être lu à tout âge, quelle que soit l'éducation qu'on ait reçue, de quelque pays que l'on vienne, à quelque sexe que l'on appartienne. On y trouvera nécessairement un univers communiquant avec le sien par le miracle de l'écriture et de l'enfance ", écrit Isabelle Hausser dans la postface qu'elle a rédigée pour ce livre.

Biographie de l'auteur
Harper Lee est née en 1926 à Monroeville, Alabama. Elle entreprit des études de droit qu'elle abandonna pour écrire. Couronné par le prix Pulitzer en 1961, adapté au cinéma l'année suivante ce roman fait partie des plus grands best-sellers du XXe siècle. En dépit de son succès, Harper Lee n'a plus jamais rien publié et a choisi de vivre dans un quasi-anonymat entre New York et Monroeville.

 

 

 

 

 

 

Mon avis : (lu en juin 2009)

J'ai beaucoup aimé ce livre dont l'histoire se passe dans les années 30, dans une petite ville l'Alabama. La narratrice, Scout, est une petite fille de 9 ans. Son frère Jem a 13 ans, leur père Atticus est un avocat honnête qui les élève seul avec l'aide de Calpurnia, la cuisinière noire.

Atticus a accepté de défendre un homme noire accusé du viol d'une jeune femme blanche. Dans cette petite ville du Sud des États-Unis, règne intolérance et racisme, Atticus et sa famille va être confronté aux insultes et aux menaces des membres de sa communauté. Scout nous raconte avec beaucoup de fraîcheur ses souvenirs d'enfant où elle découvre la ségrégation, le racisme, l'intolérance et l'injustice. Elle a beaucoup de respect pour son père qui est un homme juste.

J'ai eu beaucoup d'émotions en lisant ce livre : j'ai bien rit des bêtises de Scout et Jem mais j'ai aussi versé quelques larmes. A lire sans attendre !

 

Pour la petite histoire, ce roman présente la particularité d'être paru, en français, sous trois titres successifs : "Quand meurt le rossignol", en 1961, dans une traduction de Germaine Béraud ; "Alouette, je te plumerai", en 1989, dans une traduction d'Isabelle Stoïanov ; "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", en 2005, dans une traduction d'Isabelle Stoïanov relue et actualisée par Isabelle Hausser.

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Ce roman a fait l'objet, en 1962, d'une adaptation cinématographique sous le même titre anglais – To Kill a Mockingbird –, titrée en français Du silence et des ombres, dans une réalisation de Robert Mulligan sur un scénario de Horton Foot. Trois Oscars récompenseront cette œuvre, dont celui du meilleur acteur pour Gregory Peck dans ce rôle d'homme juste, s'efforçant d'être aussi bon père qu'avocat

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L'oiseau moqueur dont il est question dans le titre est un oiseau d'Amérique du Nord : Northern Mockingbird - Moqueur polyglotte - Mimus polyglottos

Extrait : La maison des Radley le fascinait. Malgré nos avertissements et nos explications, il se laissait attirer comme un papillon par la lumìère, mais il se tenait à distance respectueuse, n'allant pas au-delà du réverbère du coin. L'entourant de ses bras, il restait là, plongé dans un abîme de réflexion.
Le bâtiment formait un angle qui se prolongeait jusque derrière notre jardin. En prenant vers le sud, on faisait face à sa véranda ; puis le trottoir tournait et longeait le terrain. C'était une maison basse, qui avait été blanche, avec une véranda impressionnante et des volets verts, mais elle avait depuis longtemps pris la couleur gris ardoise de la cour qui l'entourait. (...)
À l'intérieur vivait un spectre malveillant. Les gens prétendaient qu'il existait, mais Jem et moi ne l'avions jamais vu. (...)
Jem ouvrit la grille, se précipita vers le côté de la maison, y appliqua sa paume et repassa devant nous en courant, sans prendre le temps de s'assurer du succès de son incursion. Dill et moi sur ses talons. Une fois en sécurité sur notre véranda, à bout de souffle, nous nous retournâmes
La vieille maison était toujours la même, affaissée et mal en point, mais il nous sembla distinguer un mouvement furtif à l'intérieur. Trois fois rien. Un minuscule frémissement, quasi imperceptible, et plus rien ne bougea.

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21 juin 2009

Que serais-je sans toi – Guillaume Musso

que_serais_je_sans_toi XO Editions – avril 2009 – 299 pages

Quatrième de couverture :

Gabrielle a deux hommes dans sa vie.

L’un est son père, l’autre est son premier amour.

L’un est un grand flic, l’autre est un célèbre voleur.

Ils ont disparu depuis longtemps, laissant un vide immense dans son cœur.

Le même jour, à la même heure, ils surgissent pour bouleverser sa vie.

Ils se connaissent, ils se détestent, ils se sont lancé un défi mortel.

Gabrielle refuse de choisir entre les deux,

elle voudrait les préserver, les rapprocher, les aimer ensemble.

Mais il y a des duels dont l’issue inéluctable est la mort.

Sauf si…

Des toits de Paris au soleil de San Francisco

Un premier amour qui éclaire toute une vie

Une histoire envoûtante, pleine de suspense et de féerie

Auteur : Né à Antibes en 1974, Guillaume Musso découvre la littérature à dix ans et il proclame qu'il écrira un jour des romans. Inspiré par un séjour à New York alors qu'il est encore étudiant, il commence à écrire et à rassembler ses idées. Après une licence de sciences économiques à Nice, Guillaume Musso débute une carrière d'enseignant. Mais il ne perd pas son but de tête et publie son premier roman en 2001 'Skidamarink', où il aborde des interrogations économiques et sociales. Encouragé par la critique, il publie 'Et après ...' en 2004. Sa diffusion dans sept pays étrangers confirme son talent. Oscillant entre roman sentimental et intrigue psychologique à suspense, il publie encore 'Seras-tu là ?' et 'Sauve-moi' en 2006.

Mon avis : (lu en juin 2009)

Ce livre de Guillaume Musso se lit facilement, et j'ai passé un bon moment mais pas plus. Ce roman démarre par une belle histoire d'amour entre Martin et Gabrielle qui dure quelques mois. Près de treize ans après, nous retrouvons Martin devenu policier et qui traque un mystérieux voleur d'art Archibald.

L'histoire est simple, un peu naïve puis surréaliste et pendant longtemps je me suis demandé où l'auteur voulais nous mener... J'ai été prise par l'histoire et le rebondissement final m'a surprise.

Extrait : (début du livre)

San Francisco, Californie - Été 1995

Gabrielle a 20 ans

Elle est américaine, étudiante en troisième année à l’université de Berkeley.
Cet été-là, elle porte souvent un jean clair, un chemisier blanc et un blouson de cuir cintré. Ses longs cheveux lisses et ses yeux verts pailletés d’or la font ressembler aux photos de Françoise Hardy prises par Jean-Marie Périer dans les années 1960.
Cet été-là, elle partage ses journées entre la bibliothèque du campus et son activité de pompier volontaire à la caserne de California Street.
Cet été-là, elle va vivre son premier grand amour.

Martin a 21 ans

Il est français, vient de réussir sa licence de droit à la Sorbonne.
Cet été-là, il est parti aux États-Unis en solitaire pour perfectionner son anglais et découvrir le pays de l’intérieur. Comme il n’a pas un sou en poche, il enchaîne les petits boulots, travaillant plus de soixante-dix heures par semaine: serveur, vendeur de crèmes glacées, jardinier…
Cet été-là, ses cheveux noirs mi-longs lui donnent des airs d’Al Pacino à ses débuts.
Cet été-là, il va vivre son dernier grand amour.

Cafétéria de l’université de Berkley

- Hé, Gabrielle, une lettre pour toi!
Assise à une table, la jeune femme lève les yeux de son livre.
- Comment?
- Une lettre pour toi, ma belle! répète Carlito, le gérant de l’établissement, en posant une enveloppe couleur crème à côté de sa tasse de thé.
Gabrielle fronce les sourcils.
- Une lettre de qui?
- De Martin, le petit Français. Son travail est terminé, mais il est passé déposer ça ce matin.
Gabrielle regarde l’enveloppe avec perplexité et la glisse dans sa poche avant de sortir du café.
Dominé par son campanile, l’immense campus verdoyant baigne dans une atmosphère estivale. Gabrielle longe les allées et les contre-allées du parc jusqu’à trouver un banc libre, à l’ombre des arbres centenaires.
Là, toute à sa solitude, elle décachette la lettre avec un mélange d’appréhension et de curiosité.

Le 26 août 1995

Chère Gabrielle,
Je voulais simplement te dire que je repars demain en France.
Simplement te dire que rien n’aura plus compté pour moi pendant mon séjour californien que les quelques moments passés ensemble à la cafétéria du campus, à parler de livres, de cinéma, de musique, et à refaire le monde.
Simplement te dire que, plusieurs fois, j’aurais aimé être un personnage de fiction. Parce que dans un roman ou dans un film, le héros aurait été moins maladroit pour faire comprendre à l’héroïne qu’elle lui plaisait vraiment, qu’il aimait parler avec elle et qu’il éprouvait quelque chose de spécial lorsqu’il la regardait. Un mélange de douceur, de douleur et d’intensité.
Une complicité troublante, une intimité bouleversante. Quelque chose de rare, qu’il n’avait jamais ressenti avant. Quelque chose dont il ne soupçonnait même pas l’existence.
Simplement te dire qu’un après-midi, alors que la pluie nous avait surpris dans le parc et que nous avions trouvé refuge sous le porche de la bibliothèque, j’ai senti, comme toi je crois, ce moment de trouble et d’attraction qui, un instant, nous a déstabilisés. Ce jour-là, je sais que nous avons failli nous embrasser. Je n’ai pas franchi le pas parce que tu m’avais parlé de ce petit ami, en vacances en Europe, à qui tu ne pouvais pas être infidèle, et parce que je ne voulais pas être à tes yeux un type «comme les autres», qui te draguent sans vergogne et souvent sans respect.
Je sais pourtant que si on s’était embrassés, je serais reparti le coeur content, me foutant de la pluie ou du beau temps, puisque je comptais un peu pour toi. Je sais que ce baiser m’aurait accompagné partout et pendant longtemps, comme un souvenir radieux auquel me raccrocher dans les moments de solitude. Mais après tout, certains disent que les plus belles histoires d’amour sont celles qu’on n’a pas eu le temps de vivre. Peut-être alors que les baisers qu’on ne reçoit pas sont aussi les plus intenses...
Simplement te dire que lorsque je te regarde, je pense aux 24 images seconde d’un film. Chez toi, les 23 premières images sont lumineuses et radieuses, mais de la 24e émane une vraie tristesse qui contraste avec la lumière que tu portes en toi. Comme une image subliminale, une fêlure sous l’éclat: une faille qui te définit avec plus de vérité que l’étalage de tes qualités ou de tes succès. Plusieurs fois, je me suis demandé ce qui te rendait si triste, plusieurs fois, j’ai espéré que tu m’en parles, mais tu ne l’as jamais fait.
Simplement te dire de prendre bien soin de toi, de ne pas être contaminée par la mélancolie. Simplement te dire de ne pas laisser triompher la 24e image. De ne pas laisser trop souvent le démon prendre le pas sur l’ange.
Simplement te dire que, moi aussi, je t’ai trouvée magnifique et solaire. Mais, ça, on te le répète cinquante fois par jour, ce qui fait finalement de moi un type comme les autres…
Simplement te dire, enfin, que je ne t’oublierai jamais.
Martin

15 juin 2009

Sans un mot – Harlan Coben

sans_un_mot Belfond – mars 2009 – 411 pages

traduit de l'américain par Roxane Azimi

 

Présentation de l'éditeur
Jusqu'à quel point connaît-on vraiment son enfant ? Mike et Tia ne cessent de se poser la question : leur fils Adam, seize ans, a changé. Réfugié dans sa chambre, il ne quitte plus son ordinateur. Malgré leurs réticences, Mike et Tia se décident à installer un logiciel de contrôle. Un jour, un e-mail inquiétant. Et Adam disparaît. Sans un mot... C'est alors que tout bascule. Sur un rythme d'enfer, Harlan Coben nous entraîne dans un thriller plus électrisant que jamais. Pièges du web, délinquance virtuelle, tueur psychopathe, le maître de nos nuits blanches se joue de nos angoisses avec une délectation machiavélique.

Auteur : Né en 1964, originaire du New Jersey, où il vit actuellement avec sa femme et ses quatre enfants, Harlan Coben obtient un diplôme en sciences politiques au Amherst College. Il travaille pendant quelques temps dans l'industrie du voyage. Passionné par l'écriture, plus spécialement l'écriture de romans policiers et de thrillers, il est déjà à 25 ans l'auteur de deux romans d'angoisse qu'il ne publiera jamais par la suite. Persuadé qu'il est impossible de percer dans ce milieu, Harlan Coben préfère assurer ses arrières professionnels avant de tenter sa chance et de se consacrer à plein temps à l'écriture. En effet, onze ans après la fin de ses études, en 1995, ses secrets espoirs se réalisent enfin avec la publication cette année-là de son premier roman, 'Rupture de contrat', mettant en scène l'ex-champion de basket-ball et ex-agent du FBI reconverti en agent sportif Myron Bolitar. Ce héros délicieusement cynique plaît immédiatement au public. Harlan Coben publie alors une fois par an, avec la régularité d'un métronome, six autres aventures de Myron Bolitar. Grâce à ces histoires, entre autres, il est le premier auteur à recevoir l'Edgar Award, le Shamus Award et l'Anthony Award, trois prix majeurs de la littérature policière aux Etats-Unis. Après 'Ne le dis à personne', 'Disparu à jamais' et 'Une chance de trop', il sort 'Innocent' qui paraît en France en 2006.

 

Mon avis : (lu en juin 2009)

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce thriller d'Harlan Coben, il est plein de suspens et de rebondissements dans la lignée de "Ne le dis à personne". C'est l'histoire de Tia et Mike des parents qui s'inquiètent pour leur fils Adam et des dangers d'internet. A son insu, ils installent un logiciel espion sur son ordinateur pour le protéger. Cela sera-t-il efficace ? En parallèle nous suivons d'autres histoires qui peu à peu vont se mêler pour aboutir à un final que je ne dévoilerai pas... Le livre est bien construit et l'intrigue est captivante mais aussi nous donne froid dans le dos lorsqu'on est soi-même parents...

 

Extrait : (page 47)

"Alors, qu'as-tu trouvé dans l'ordinateur d'Adam?» demanda Mike.

Ils étaient assis à la table de la cuisine. Tia avait fait du café. Elle buvait un déca. Mike préférait l'espresso. Un de ses patients travaillait chez un fabricant de machines à café, celles pour lesquelles on utilise des dosettes et non des filtres. Il lui en avait offert une, après une transplantation réussie. Le principe était simple: on prend une dosette, on l'insère, et le café est prêt.

- Deux choses, répondit Tia.
- O.K.
- Primo, il est invité demain soir à une fête chez les Huff.
- Et...?
- Les Huff partent en week-end. D'après le mail, ils vont passer la soirée à se déchirer.
- Alcool, drogue?
- Le message n'est pas clair. Ils envisagent d'inventer une excuse pour rester dormir; comme ça ils pourront - je cite - «s'éclater à donf».

Les Huff. Daniel Huff, le père, était capitaine dans la police municipale. Son fils - tout le monde l'appelait DJ - était probablement le pire élément de la classe d'Adam.
- Quoi? fit Tia.
- Je réfléchis.

Elle déglutit.
- Qui sommes-nous en train d'élever, Mike?

Il ne répondit rien.
- Je sais que tu refuses de lire ces rapports, mais...

Elle ferma les yeux.
- Quoi?
- Adam regarde des films pornos en ligne, dit-elle. Tu le savais?

Il ne répondit pas.
- Mike?
- Et que veux-tu qu'on y fasse?
- Ça ne te dérange pas?
- A seize ans, je piquais des numéros de Playboy.
- Ce n'est pas pareil.
- Ah bon? C'est tout ce que nous avions à l'époque. On n'avait pas Internet. Sinon, j'aurais sûrement exploré cette piste-là... Tout était bon pour voir une femme nue. C'est la société d'aujourd'hui. On ne peut rien allumer sans en avoir plein les yeux ou les oreilles. Ce qui serait bizarre, c'est qu'un garçon de seize ans ne s'intéresse pas aux femmes nues.

- Donc tu approuves.
- Bien sûr que non. Seulement, je ne vois pas de solution.
- Parle-lui.
- Je lui ai parlé. Je lui ai expliqué les choses de la vie. Que le sexe est meilleur quand il va de pair avec l'amour. J'ai essayé de lui apprendre à respecter les femmes et à ne pas les instrumentaliser.
- Sur ce dernier point, dit Tia, il n'a pas capté.
- Ce dernier point, aucun ado ne peut le capter. Je ne suis pas convaincu, d'ailleurs, qu'un homme adulte le capte davantage.

Tia sirotait son café, laissant la question informulée en suspens.

On distinguait des pattes-d'oie au coin de ses yeux. Elle passait beaucoup de temps à les examiner dans la glace. Toutes les femmes ont un problème avec leur physique, mais, au moins sur ce sujet, Tia avait toujours été très sûre d'elle. Sauf que dernièrement, Mike sentait bien qu'elle n'était pas à l'aise avec l'image que lui renvoyait le miroir. Elle avait commencé à se teindre les cheveux. Elle voyait les rides, la peau flasque, les symptômes de l'âge, quoi, et ça la perturbait.

- Un adulte, c'est différent, dit-elle.

Il voulut trouver des mots rassurants, puis renonça.

- Nous avons ouvert la boîte de Pandore, ajouta Tia.

Il espérait qu'elle parlait toujours d'Adam.

- En effet.
- Je veux savoir. Et ce que je découvre me fait horreur.

Il lui prit la main.
- Que fait-on, pour cette soirée?
- Qu'en penses-tu?
- On ne peut pas le laisser y aller, dit-il.
- Donc, on le garde à la maison?
- J'imagine que oui.
- Il m'a dit que Clark et lui allaient chez Olivia Burchell. Si on lui interdit de sortir, il va se douter qu'il y a anguille sous roche.

Mike haussa les épaules.
- Tant pis. Nous sommes des parents. Nous pouvons nous permettre d'être irrationnels.
- Soit. Donc on lui dit qu'il doit rester à la maison demain soir?
- Ben oui.
Elle se mordit la lèvre.
- Il s'est bien conduit toute la semaine, il a fait tous ses devoirs. Normalement, il a le droit de sortir le vendredi soir.

La bataille s'annonçait rude, ils le savaient. Mike était prêt à se battre, mais en avait-il envie? Il faut faire attention où l'on met les pieds. Et lui interdire d'aller chez Olivia Burchell risquait d'éveiller les soupçons d'Adam.
- Si on décrétait un couvre-feu? suggéra-t-il.
- Et qu'est-ce qu'on fera s'il ne le respecte pas? On se pointera chez les Huff?

Elle avait raison.
- Hester m'a convoquée dans son bureau, dit Tia. Elle veut que j'aille demain à Boston pour une déposition.

Mike savait à quel point c'était important pour elle. Depuis qu'elle avait repris le travail, on ne lui confiait pratiquement que des tâches de routine.
- C'est super.
- Oui. Mais ça veut dire que je ne serai pas là.
- Pas de problème, répondit Mike, je peux gérer ça tout seul.
- Jill dort chez Yasmin. Elle ne sera donc pas dans les parages.
- O.K.
- Alors, comment empêcher Adam d'aller à cette soirée?
- J'ai peut-être une solution, mais je dois encore y réfléchir, répondit Mike.
- D'accord.

Une ombre traversa le regard de Tia. Et Mike se souvint.
- Tu as parlé de deux choses qui te gênaient.

Elle hocha la tête. Son expression changea. Presque imperceptiblement. Au poker, on appelle ça un «tell». Ça arrive quand on est marié depuis longtemps. On lit facilement sur le visage de l'autre... ou alors il ne prend plus la peine de dissimuler. Quoi qu'il en soit, Mike comprit que ce n'était pas une bonne nouvelle.
- Un échange de messages instantanés, dit Tia. D'il y a deux jours.

Elle fouilla dans son sac et sortit le papier. Les messages instantanés. Les gamins se parlaient d'ordinateur à ordinateur en temps réel. Le résultat ressemblait à une sorte de dialogue indigeste. Les parents, dont la plupart avaient passé des heures, durant leur adolescence, pendus à un bon vieux téléphone, déploraient cet état de fait. Mike, lui, ne voyait pas où était le problème. Nous avions le téléphone, ils ont les textos et MSN. Quelle différence? Ça lui rappelait ces vieux qui pestaient contre les ados et leurs jeux vidéo avant de sauter dans un autocar, direction Atlantic City et ses machines à sous. Pure hypocrisie, non?
- Jette un œil là-dessus.

Mike chaussa ses lunettes de lecture. Il les utilisait depuis quelques mois seulement et, déjà, cela l'incommodait au plus haut point. Adam avait gardé son ancien surnom de HockeyAdam1117. Le numéro de Mark Messier, son joueur de hockey favori, et celui de Mike, le numéro 17, du temps de Dartmouth. Curieux qu'il ne l'ait pas modifié. Ou peut-être qu'au contraire c'était logique. Ou alors, plus vraisemblablement, ça ne voulait rien dire du tout.

CJ8115: Ça va, toi?
HockeyAdam1117: Je continue à penser qu'on devrait le dire.
CJ8115: C de l'histoire ancienne. Boucle-la et tu risques rien.

D'après le compteur, il y avait eu une pause d'une minute.
CJ8115: T toujours là?
HockeyAdam1117: Oui.
CJ8115: T OK?
HockeyAdam1117: Je suis OK.
CJ8115: Super. A vendredaï.

Ça s'arrêtait là.
- «Boucle-la et tu risques rien», répéta Mike. Ça veut dire quoi, à ton avis?
- Aucune idée.
- C'est peut-être en rapport avec le lycée. Ils ont dû voir quelqu'un tricher à un contrôle, un truc comme ça.
- Possible.
- Ou alors, c'est rien. Ça pourrait faire partie d'un jeu d'aventures en réseau.
- Possible, dit à nouveau Tia, sans grande conviction.
- Qui est CJ8115? demanda Mike.

Elle secoua la tête.
- C'est la première fois qu'Adam discute avec lui.
- Ou elle.
- Ou elle, exact.
- «A vendredi». Donc CJ8115 sera à la soirée chez les Huff. Ça nous avance à quelque chose?
- Je ne vois pas à quoi.
- On lui pose la question?
- C'est trop vague, tu ne crois pas?
- Oui, acquiesça Mike. Et ça laisse deviner qu'on le flique

Il relut le papier. Les mots étaient toujours là.
- Mike ?
- Ouais.
- A propos de quoi Adam doit la boucler pour ne rien risquer ?

2 juin 2009

Un siècle de novembre – Walter D. Wetherell

Livre lu dans le cadre du partenariat Blog-o-Book - Livre de Poche

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traduit de l’anglais (États-Unis) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné

Les Allusifs – aout 2006 – 200 pages

Le Livre de Poche – novembre 2008 - 218 pages

Présentation de l'éditeur
A l'automne 1918, le magistrat Charles Marden juge les hommes et cultive ses pommes parmi les Indiens et les pionniers de l'île de Vancouver. Mais les grands maux de l'humanité le frappent de plein fouet : sa femme, Laura, est emportée par la grippe espagnole et son fils, le caporal William C. Marden, disparaît dans la mêlée des Flandres. Désormais seul au monde, Charles Marden entreprend un périple fou pour trouver l'endroit où la mort a fauché son fils. Dans sa quête, il apprend qu'une jeune femme le devance de peu sur les routes. W. D. Wetherell, qui vit au New Hampshire, signe ici un roman d'une beauté terrifiante, entre songe et réalité.

Biographie de l'auteur
Né en 1948, Walter D. Wetherell a déjà écrit plusieurs romans : Morning, Chekhov's Sister (traduit et publié en 1990 par les éditions J.-C. Lattés), ainsi que deux recueils de nouvelles, The Man Who Loved Levittown et Wherever That Great Heart May Be. Ses récits de voyage paraissent dans le New York Times. Il a récemment obtenu la bourse d'écriture Strauss de l'American Academy of Arts and Letters. A Century of November, publié aux Etats-Unis par les Presses de l'université du Michigan en 2004 et en édition de poche en 2005, a été unanimement salué par la critique et a remporté le prix littéraire le plus prestigieux du Michigan. Une adaptation cinématographique est en cours de préparation sous l'égide du scénariste Jay Wolpert, auteur des scénarios des films Pirates des Caraïbes ou encore Le Comte de Monte-Cristo. W. D. Wetherell vit aujourd'hui à Lyme dans le New Hampshire.

Mon avis : (lu en juin 2009)

Automne 1918, Charles Marden vient de recevoir la lettre officielle annonçant la disparition de son fils William au cours d'un assaut en Flandre. Trois semaines auparavant, il a perdu sa femme Laura de la grippe espagnole. Il quitte donc son île de Vancouver pour trouver l'endroit où est tombé son fils « pour apprendre à ne rien attendre, une fois pour toutes ». Il va faire un long voyage : la traversée du Canada d'ouest en est, Vancouver à Halifax en train, puis la traversée de l'Atlantique en bateau jusqu'à Southampton. A Salisbury, au camp du régiment de son fils, il apprend qu'il ne pourra se rendre là où est mort son fils seulement lorsque la guerre sera fini. Il découvre également qu'une jeune fille recherche aussi William. Charles Marden a alors un nouvel objectif, retrouver cette jeune fille Elaine qui ne peut-être que l'amie de son fils. Il se rend donc à Londres où il apprend que la guerre est finie : plus rien ne l'empêche de continuer son long voyage vers la Flandre. Après la traversée de la Manche de Folkestone à Calais puis le voyage en voiture jusqu'à Amiens, en autocar jusqu'à Poperinghe en Belgique, il arrivera à pieds à Ypres sur les champs de batailles.

Ce livre est très bien écrit : l'auteur nous fait des descriptions superbes et précises des paysages traversés, des champs de batailles, des tranchées abandonnées... Il nous décrit également les sentiments qui envahissent cet homme en deuil avec sa douleur et sa solitude. Cette histoire sombre comme les ciels de novembre, nous évoque avec beaucoup de sensibilité l'horreur de la guerre en particulier pour les survivants. J'ai beaucoup aimé lire ce livre.

Extrait : (début du livre)
Il jugeait les hommes et cultivait des pommes, et cet automne-là n’était propice ni à la justice ni aux vergers. Un automne surprise – les pommiers avaient pourtant fait miroiter de belles promesses. Les fleurs, précoces, abondantes, étaient d’un blanc-rose riche dont il n’avait jamais vu l’égal. Pour une fois, il n’y avait pas eu de neiges tardives, pas de tempêtes venues du Pacifique, pas de gel.

Extrait : (page 10)
S'il était magistrat, c'était parce que, dans cette région de la côte, il était le seul à pouvoir exercer cette fonction - celle de salarié ayant pour mandat, selon le libellé de son serment d'office, d'assurer des droits égaux aux pauvres comme aux riches, au meilleur de ses connaissances, de son jugement et de ses compétences. En temps normal, sa charge n'avait rien d'une sinécure. On lui avait déjà tiré dessus. À la faveur d'une embuscade tendue pendant que, comme maintenant, il arpentait les longues allées du verger en inspectant les arbres un par un. C'était le printemps. Le projectile avait sectionné une branche au-dessus de sa tête et fait pleuvoir sur lui des pétales blancs. Raté, se souvenait-il d'avoir pensé, tandis que la détonation résonnait sur tout le promontoire et que les fleurs lui chatouillaient le visage. À l'époque, il était aveugle, stupide. Raté.
L'arbre et sa branche scindée en deux devinrent pour lui une sorte de temple, un lieu où il allait se recueillir chaque fois qu'il était tenté de prendre ses responsabilités judiciaires à la légère ou encore trop au sérieux. C'était aujourd'hui bien plus : un coin béni, un sanctuaire, l'unique lieu où il se sentait en sécurité. La cicatrice laissée par la balle semblait avoir déclenché dans l'arbre une sorte d'élan vital : c'était, de toute la rangée, le seul qui avait produit un fruit complet. Une vaste blague, évidemment. Depuis des années qu'il était juge, il avait à maintes reprises été témoin des sales tours du destin. Il tendit la main vers la pomme. Après la pluie du matin, sa peau était humide et glissante, mais le poids familier, la plénitude ovale dans sa main, lui firent plaisir.
Il resta planté là, les mains de nouveau fourrées dans les poches de son blouson, dont il avait remonté le col pour se protéger des assauts du vent. Il vit alors quelque chose voiler et assombrir brièvement l'étroite ouverture sur la mer qu'on avait depuis le verger. Quiconque venait de la plage était forcément arrivé par bateau. Il eut une prémonition.

Extrait : (page 155)
"Ypres – et pourtant, je ne voyais qu'un nuage. Comme si la ville en ruines avait la couleur et la consistance d'un nuage. Un nuage brisé. Un nuage effiloché et déchiré, d'où aurait fui le fluide et le doux, un nuage dont il ne serait resté que des scories acérées et tranchantes, un nuage blessé. Derrière se profilait une silhouette crénelée, semblable à une lointaine chaîne de montagnes. A la longue, j'ai fini par y reconnaître des vestiges d'immeubles. Plus près, les montrant du doigt; aurait-on dit, des arbres en forme de glaives, comme ceux que nous avions déjà aperçus, clouaient le nuage au sol. L'odeur du plâtre mouillé était accablante. Seulement, elle s'accompagnait maintenant d'une puanteur fuligineuse. Plus moyen de respirer sans étouffer. Chacun regardait – jusqu'au bout de la route, les pèlerins étaient tournés du même côté, hypnotisés par la silhouette édentée, les nuages en lambeaux, les ruines déchiquetées.

Livre lu dans le cadre du partenariat logotwitter_bigger - logo 

24 mai 2009

Une chaussette dans la tête – Susan Vaught

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traduit de l'anglais (États-Unis) par Amélie Sarn

Milan – février 2008 – 360 pages

Quatrième de couverture

Je prends le cahier blanc posé à côté de moi. Celui avec "Hatch Jersey" écrit en lettres rouges sur la tranche. Et puis je le pose sur mes genoux sans le fermer : il me sert à rien s'il est fermé. Il me faut un cahier de mémoire depuis que j'ai eu une balle dans la tête. Si j'ai bien eu une balle dans la tête.

Jersey Hatch veut savoir. Savoir pourquoi son meilleur ami refuse de lui parler. Pourquoi sa famille se déchire. Pourquoi tout le monde lui cache la vérité. Mais surtout, pourquoi sa vie d'avant a volé en éclats...

Auteur : Susan Vaught est née le 22 Octobre 1966 et combine le métier d'écrivain et de psychologue spécialisée en neuropsychiatrie. Elle travaille souvent avec des enfants et adolescents et a écrit plusieurs livres pour les jeunes adultes. Seul Une chaussette dans la tête a été traduit en France pour le moment. Elle est quotidiennement confrontée au suicide, ce qui explique l'origine de ce livre.
Aujourd'hui, Susan Vaught et sa famille – 2 enfants, 3 chiens, 5 chats et 8 poules – vivent dans une ferme du Tennessee.

 

Mon avis : (lu en mai 2009)

J'ai lu ce livre sur le conseil de mon fils. C'est l'histoire de Jersey Hatch, 17 ans qui retourne chez lui après une année passée à l'hôpital. Il a tenté de se suicider, maintenant sa vie est bouleversée : il a des cicatrices, un œil en moins, une paralysie du côté gauche et surtout il ne se rappelle plus de rien. Il ne se rappelle plus de l'année qui a précédé sa tentative de suicide. Il a perdu une partie de sa mémoire, ses paroles se mélangent. L'histoire nous plonge dans les pensées défaillantes de Jersey. Pour lui c'est une nouvelle vie, celle de l'après "suicide". Il veut comprendre pourquoi il s'est tiré une balle dans la tête. Il va petit à petit comprendre que son geste a également bouleversé son entourage, ses parents, ses amis...

Le thème de ce livre est difficile, mais la lecture de ce livre reste facile, Jersey est terriblement attachant. A la fin du livre, l'auteur nous explique que le suicide est l'une des trois causes principales de mortalité chez les adolescents aux États-Unis et en Europe. Avec ce livre, Susan Vaught nous montre les dégâts souvent terrible des tentatives ratées. Un roman bouleversant.

Extrait : (page 25)

Je fais un rêve...mes deux jambes et mes deux bras fonctionnent... je n'ai pas de cicatrice... je suis assis sur le bord de mon lit, vêtu de mon uniforme d'aspirant, et je tiens un revolver. La poussière de ma chambre danse dans les rayons du soleil et efface les marques de coups de pied dans les murs et dans la porte. Mes doigts me picotent pendant que je mets le revolver dans ma bouche. Je referme mes lèvres autour du métal froid. Ça a un goût de graisse et de poussière. Je ne peux pas. Pas dans la bouche. Je tremble, mais je mets le revolver sur ma tempe. J'enfonce le canon. Je ne pense à rien sauf au contact du canon sur ma peau et aussi qu'il y a beaucoup de poussière dans ma chambre. A des endroits que je n'avais même pas soupçonnés. Je presse la détente, je regarde la poussière et je sens ma main qui tremble et je ne pense à rien et il y a un bruit et du feu et plus rien. Plus rien du tout.

Ce n'est qu'un rêve. J'ai inventé cette scène parce que je ne me rappelle jamais rien et que ça me rend à moitié fou. Je fais ce rêve toutes les nuits. Fou. Mais je ne l'ai dit à personne. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai dit à personne, mais il y a des tas de choses que je ne dis pas. Même au psy de Carter. Fou. Maintenant je suis devant la maison, là où se déroule le rêve, et il faut que j'entre. Sinon je ne serai qu'un gros bébé stupide et pas du tout pragmatique. Le génie de cinq ans qui suce son pouce.

Maman entre et disparaît avant que j'aie atteint la porte. Papa suit, il porte mes sacs. J'ai mon cahier de mémoire, mais je ne peux pas porter mes sacs à cause de mon équilibre. Ma jambe gauche, faut que je la traîne. Parfois, je trébuche sur mon propre pied. Et j'oublie tout le temps mon bras gauche.

Je le cogne sans arrêt dans les encadrements de porte et dans les chaises, et du coup, je trébuche encore plus sur mon pied. C'est pour ça que les photos me font pleurer.

Elles sont accrochées de chaque côté du couloir, c'est la première chose qu'on voit en entrant. Il y a un garçon dans les cadres. Un garçon en uniforme d'aspirant de l'armée, un garçon en short avec sous le bras un casque de football. Un garçon avec des clubs de golf sur un green en compagnie d'un autre garçon qui ne lui parlait plus depuis longtemps avant qu'il appuie sur la détente. Sur ces photos, le garçon a des cheveux châtains ondulés et pas de trous dans la tête, ni dans la gorge, et je sais que c'est moi... sauf que ça se peut pas. Alors je serre contre moi mon cahier mémoire et j'ai mal au creux du ventre et je pleure.

Papa arrive derrière moi et pose mes sacs. Pendant une seconde ou deux, il boutonne et déboutonne sa veste. C'est un truc que je n'arriverais pas à faire, même avec beaucoup d'aide. Et puis, il passe son bras autour de mes épaules.

- Viens, allons à l'étage, me murmure-t-il de sa voix « je suis avec toi, fils ». Fais attention et tiens-toi bien à la rampe.

Je hoche la tête et je m'essuie les joues avec mon T-shirt. Des larmes ont roulé sur mon cahier de mémoire mais l'écriture sur la tranche n'a pas coulé. Même pas un petit peu. Le crayon accroché à la ficelle sale se balance d'avant en arrière, d'arrière en avant.

On dirait que Papa veut dire quelque chose mais il se mord la lèvre, reprend les sacs et passe devant moi. Je reste sans bouger. Je regarde les photos et j'essaie de respirer.

La dernière fois que j'étais dans cette maison, je me suis tiré une balle dans la tête.

J'ai... mais en réalité, je ne suis pas sûr. Je me suis peut-être tiré une balle dans la tête. J'ai toujours des doutes à ce sujet, même si j'y crois plus ou moins. Papa y croit, lui, il a dit que j'ai utilisé son revolver que j'ai pris dans sa table à chevet, celui qu'il gardait pour les voleurs et les meurtriers.

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9 mai 2009

L’implacable brutalité du réveil – Pascale Kramer

l_implacable_brutalit__du_r_veil_1 Mercure de France – janvier 2009 – 140 pages

Présentation de l'éditeur
Una tétait en donnant des petits coups avec sa tête. Alissa la sentait à peine. Sur l'ordinateur resté allumé s'égrenaient toujours ces mêmes images d'elle et de lui, ce monde hypnotisant d'avant le réveil. Una la fixait de ses yeux bleus comme troublés de gelée. Une feuille morte prise dans le ventilateur de la climatisation grattait le silence. Il semblait que le temps pourrait ne plus bouger pendant des heures, et Alissa ne savait pas qui aller trouver. Comment les choses pouvaient-elles se montrer à ce point sans pitié, n'offrir ni recours ni alternative, désormais ? Alissa n'en revenait pas de ce qu'elle avait laissé se faire. Ce ne pouvait pas être ça la vie qui avait été promise.

Alissa et Richard étaient connus pour être le couple le plus sexy du campus. De leurs amours vient de naître Una. C'est l'été : le ciel californien est éclatant, on entend bourdonner les climatiseurs dans la résidence où ils viennent d'emménager. Laissée seule avec le bébé dont la totale dépendance l'émeut et l'accable, Alissa sombre inexorablement dans le doute. Mais le moment du choix est passé. Il n'y a pas de retour en arrière possible désormais.

Biographie de l'auteur
Pascale Kramer a publié plusieurs romans, dont Les Vivants, L'adieu au Nord et Fracas.

Mon avis : (lu en mai 2009)

J'ai pris ce livre un peu par hasard, il est très bien écrit mais l'ambiance est lourde, difficile...

On suit heure par heure la dépression d'Alissa après la naissance de sa fille Una. Elle vient d'emménager dans un appartement avec son mari Richard, leur bébé a 3 semaines. Cette naissance a bouleversé sa vie : elle ne ressent pas d'attachement pour son bébé, elle ne le comprend pas, elle se sent seule, abandonnée... Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Au même moment, ses parents se séparent et la maison de son enfance va être vendue. Alissa n'a plus de repère, elle doute de son aptitude à être une mère, mais il est trop tard, Una est là, il faut faire face à ses responsabilités.

J'ai été prise par ce roman, je me suis attachée aux personnages et j'ai été curieuse de savoir comment cela allait se terminer... En résumé un roman troublant.

 

Extrait : (début du livre)

Tout était absolument calme. La surface presque immobile de la piscine berçait le reflet du ciel et des galeries. Alissa y poussa du bout du pied un sachet de bonbons que quelqu'un avait laissé traîner dans les galets le long du mur des remises. Presque nue dans ses bras, Una tétait, poings crispés. L'effort tuméfiait son visage de sang sous la curieuse constellation de minuscules points blancs qui affleurait autour du nez. Alissa se concentra sur le mâchonnement des gencives dont la sensation mouillée la troublait. Au creux de sa main se soulevait doucement la cage des côtes menues sur lesquelles plissait la chair. Leurs peaux collaient un peu. La petite devait avoir chaud elle aussi, mais Alissa ne se décidait pas à l'emmener à nouveau dans l'eau, son regard laiteux et son affolement de souris l'avaient frappée d'une conscience tellement angoissante du rien qu'était encore cette vie dont elle avait désormais la charge.

Le portable était resté à l'entrée du bassin, près de la palissade en bois qui cachait les poubelles sous une poussée de jasmin. Alissa l'avait posé là tout à l'heure pour que Richard puisse les entendre se baigner et les encourager de son rire râpeux comme une toux dans le mauvais écho du haut-parleur. C'était une heure plus tôt. Alissa n'avait parlé à personne depuis, il n'y avait pas eu le moindre mouvement derrière l'écran grisâtre des moustiquaires, comme si le temps se dévidait lentement au seul bruit de vibration des climatiseurs. Ils avaient emménagé la semaine précédente. Ses parents étaient venus les aider le week-end, le frère de Richard avait passé la soirée à monter les étagères et la nuit sur le canapé d'où il avait plaisanté tard à travers la paroi. Rien ne laissait présager alors qu'il n'y aurait personne dans la chaleur blanche et bleue de la résidence pendant les longues heures silencieuses qu'il faudrait passer auprès d'Una. Alissa était seule pour la première fois, à vingt-sept ans, seule comme on l'est quand personne ne vous regarde. Elle n'arrivait pas encore à mettre de mots sur le silence de cette absence de regards.

6 mai 2009

Nous étions les Mulvaney - Joyce Carol Oates

nous__tions_les_Mulvaney traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claude Seban

Stock – janvier 2009 - 595 pages

Présentation de l'éditeur
A Mont-Ephraim, petite ville des Etats-Unis située dans l'Etat de New York, vit une famille pas comme les autres : les Mulvaney. Au milieu des animaux, ils cohabitent dans une ferme respirant le bonheur, où les corvées elles-mêmes sont vécues de manière cocasse, offrant ainsi aux autres l'image d'une famille parfaite, comme chacun rêverait d'en avoir. Jusqu'à cette nuit de 1976 où le rêve vire au cauchemar... Une soirée de Saint-Valentin arrosée. Un cavalier douteux. Des souvenirs flous et contradictoires. Le regard des autres qui change. La honte et le rejet. Un drame personnel qui devient un drame familial. En dressant le portrait de la dissolution d'une famille idéale, Joyce Carol Oates épingle l'hypocrisie d'une société où le paraître règne en maître et érige en roi les princes bien pensants ; où un sourire chaleureux cache souvent un secret malheureux ; où il faut se taire, au risque de briser l'éclat du rêve américain.

Auteur :

Née en 1938, Joyce Carol Oates a publié son premier roman en 1963. Devenue professeur de littérature à l’université de Princeton, elle poursuit la plus prolifique des carrières littéraires avec Blonde, Eux, Bellefleurs, Confessions d’un gang de filles.

Mon avis : (lu en mai 2009)

J’ai pris ce livre un peu par hasard à la bibliothèque, je ne connaissais pas l’auteur et j’ai longtemps laissé ce roman sous ma PAL avant que Florinette m’incite à le lire il y a quelques temps…

L’écriture de ce livre est vraiment belle : l’auteur nous décrit avec beaucoup de précision les paysages, les personnages et les évènements des plus banals au plus importants. Les animaux du livre sont tout également des personnages à part entière. Les Mulvaney sont une famille unie malgré les caractères si différents de ces membres : Judd, Marianne, Patrick, Mike les enfants, Michael et Corinne les parents. Un évènement tragique va bousculer l’harmonie de cette famille idéale. Chacun va réagir à sa façon et leurs vies et leurs relations vont être totalement bouleversées. Ce livre est plein d’humanité. J'ai beaucoup aimé. A découvrir !

Extrait : (début du livre)

Une maison de conte de fées.

Nous étions les Mulvaney, vous vous souvenez ? Vous croyiez peut-être notre famille plus nombreuse ; j'ai souvent rencontré des gens qui pensaient que nous, les Mulvaney, formions quasiment un clan, mais en réalité nous n'étions que six : mon père Michael John Mulvaney ; ma mère Corinne ; mes frères Mike et Patrick ; ma soeur Marianne et moi... Judd.

De l'été 1955 au printemps 1980, date à laquelle mes parents durent vendre la propriété, il y eut des Mulvaney à High Point Farm, sur la route de High Point, onze kilomètres au nord-est de la petite ville de Mont-Ephraim, Etat de New York, dans la vallée de Chautauqua, cent dix kilomètres au sud du lac Ontario.

High Point Farm était une propriété bien connue dans la vallée -inscrite plus tard aux Monuments Historiques - et "Mulvaney" était un nom bien connu.

Longtemps vous nous avez envié, puis vous nous avez plaints.

Longtemps vous nous avez admirés, puis vous avez pensez Tant mieux !...  ils n'ont que ce qu'ils méritent.

"Trop brutal, Judd !" dirait ma mère, gênée, en se tordant les mains. Mais j'estime qu'il faut dire la vérité, même si elle fait mal. Surtout si elle fait mal.

2 mai 2009

Le journal d'un dégonflé - Jeff Kinney

journal_d_un_d_gonfl_ Seuil – août 2008 – 223 pages

traduit de l'américain par Natalie Zimmermann.

Présentation de l'éditeur
Greg a 12 ans, un grand frère musicien qui lui fait des blagues, un petit frère qui le colle, un copain qu'il supporte histoire de ne pas être seul, des problèmes avec les filles qui pouffent à longueur de journée, des parents qui ne comprennent jamais rien à ce qu'il demande... Un jour sa mère lui offre un journal intime, que Greg rebaptise en carnet de bord.

Auteur : Né en 1971, Jeff Kinney est concepteur et réalisateur de jeux en ligne. En 1998, il commence à crayonner un personnage qui verra le jour sur le web, 6 ans plus tard. Quelques 50 millions de visiteurs après (100000 connexions par jour), l'éditeur Abrams décide de le publier en ouvrage, avec grand succès.

Mon avis : (lu en octobre 2008)

C'est le «carnet de bord mais pas le journal intime» d'un ados de 12 ans sous forme d'un roman-BD. Greg Heffley nous raconte de façon plutôt humoristique son année scolaire. Il parle de ses parents, de Scott son grand frère, de Manu son petit frère qui le colle sans cesse, de Robert son ami par défaut, des élèves de sa classe, de ses professeurs... Il est critique vis à vis de tous y compris de lui-même : il se trouve timide, ni sportif, ni intellectuel et bien sur dégonflé !

Il s'agit d'un élève américain, donc certains usages sont inhabituels pour un élève français.

Le graphisme du livre est original, puisque l'intérieur ressemble à un cahier ligné, l'écriture est manuscrite et c'est entrecoupé de BD et de petits dessins. Le style est simple, souvent oral. Cela nous rappelle un peu «le petit Nicolas»...

Ce livre est surtout destiné à des enfants de 9 à 12 ans.

Extraits : (version américaine)

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2 mai 2009

Ne le dis à personne - Harlan Coben

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Belfond – janvier 2002 – 353 pages

Pocket – avril 2004 - 430 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Roxane Azimi

Quatrième de couverture
Imaginez... Votre femme a été tuée par un sérial killer. Huit ans plus tard, vous recevez un e-mail anonyme. Vous cliquez : une image... C'est son visage, au milieu d'une foule, filmé en temps réel. Impossible, pensez-vous ? Et si vous lisiez
Ne le dis à personne...?

Résumé : Pédiatre, David Beck exerce dans une clinique pour le compte de Medicaid, structure sociale qui prend en charge les pauvres sans couverture sociale. Il aime son métier et l'exerce avec passion. Mais sa vie a été brisée lorsque son épouse, Elizabeth, qu'il connaissait depuis l'enfance, fut assassinée par un tueur sadique qui marquait ses victimes au fer rouge. Huit ans après ce drame, il reçoit un étrange e-mail codé dont la clé n'était connue que de lui-même et d'Elizabeth. Abasourdi, David essaie de se souvenir des détails qui entourèrent l'assassinat de sa femme, dont le propre père, officier de police, identifia formellement le corps. Impatient, il guette le prochain message qui lui donne rendez-vous le lendemain. En cliquant sur un lien hypertexte, il découvre alors le site d'une caméra de surveillance de rue et dans la foule, il voit, stupéfait, passer Elizabeth qui le regarde en articulant "Pardon, je t'aime"…

Auteur : Né en 1964, Harlan Coben est le premier auteur à avoir reçu le Edgar Award, le Shamus Award et le Anthony Award, les trois prix majeurs de la littérature à suspense aux Etats-Unis. Il est né et a grandi dans le New-Jersey, où il vit actuellement avec sa femme et leurs quatre enfants.

Mon avis : (lu en avril 2004)

C'est le premier livre que je lisais de cet auteur. Ce livre est un formidable thriller avec un suspense incroyable qui nous tient en haleine de la première à la dernière page. Il y a de multiples rebondissements de fausses pistes. Toute l’action se passe à toute allure courses-poursuites, chasses à l'homme, FBI et policiers… Le personnage principal David est très attachant.

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Une adaptation de ce livre a été réalisée par Guillaume Canet avec François Cluzet, André Dussolier, Marie-Josée Croze, Kristin Scott Thomas, Nathalie Baye, François Berléand, Jean Rochefort. Le film est sorti en novembre 2006. L’atmosphère du livre y est assez bien rendu.

Extrait :
Il y a cinquante ans et des poussières, le lac Charmaine avait abrité une colo pour gosses de riches. Le propriétaire avait fait faillite, et grand-père avait racheté le plan d'eau et le terrain environnant pour une bouchée de pain. Il avait retapé la maison du directeur et abattu la plupart des constructions qui bordaient le lac. Mais au-delà, dans les bois, où plus personne ne s'aventurait de toute façon, il avait laissé pourrir les dortoirs des mômes. Ma soeur Linda et moi, on partait les explorer, fouillant les ruines à la recherche d'un trésor, jouant à cache-cache, bravant le croque-mitaine, qui, nous en étions sûrs, nous épiait et guettait le moment propice. Elizabeth se joignait rarement à nous. Elle aimait que chaque chose soit à sa place. Se cacher lui faisait peur.
En descendant de voiture, j'ai entendu les fantômes. Plein de fantômes - trop -, qui tournoyaient et se disputaient mon atten­tion. C'est celui de mon père qui a gagné. Le lac était immobile, lisse comme un miroir, mais je jure que j'ai perçu le hurlement triomphal de papa tandis qu'il se catapultait du ponton, les genoux contre la poitrine, le sourire jusqu'aux oreilles, faisant naître une gerbe d'eau pareille à un véritable raz-de-marée aux yeux de son fils unique. Papa aimait bien atterrir à côté du radeau où ma mère prenait ses bains de soleil. Elle le réprimandait, sans pouvoir s'empêcher de rire.
J'ai cligné des paupières, les images se sont évanouies. Je me suis rappelé cependant comment le cri, les rires, le bruit du plongeon se réverbéraient dans le silence de notre lac, et je me suis demandé si l'écho de ces bruits et de ces rires-là avait vraiment disparu, si quelque part dans les bois les joyeux ululements de mon père ne continuaient pas à ricocher d'arbre en arbre. C'était bête comme idée, mais que voulez-vous.
Les souvenirs, ça fait mal. Surtout les bons.
- Ça va, Beck ? a demandé Elizabeth. Je me suis tourné vers elle.
- Je pourrai m'envoyer en l'air, hein ?
- Vieux pervers va.

1 mai 2009

Anges et démons – Dan Brown

Anges_et_d_mons Jean-Claude Lattès - mars 2005 – 600 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Daniel Roche

Présentation de l'éditeur
Une antique confrérie secrète : les Illuminati. Une nouvelle arme dévastatrice : l'antimatière. Une cible invraisemblable : le Vatican. Robert Langdon, le célèbre spécialiste de symbologie religieuse, est convoqué au CERN, en Suisse, pour déchiffrer un symbole gravé au fer rouge retrouvé sur le corps d'un éminent homme de science. Il s'agirait d'un crime commis par les Illuminati, une société secrète qui vient de resurgir après une éclipse de quatre siècles et a juré d'anéantir l'Eglise catholique. Langdon ne dispose que de quelques heures pour sauver le Vatican qu'une terrifiante bombe à retardement menace ! Après le succès international du Da Vinci code, cette nouvelle enquête de Robert Langdon nous entraîne à Rome, dans ses églises et ses catacombes, au cœur même du Vatican où les cardinaux sont réunis en conclave.

Auteur : Né en 1964 aux États-Unis, après des études de lettres et d'art à l’Amherst College et à la Phillips Exeter Academy, Dan Brown s'installe à Hollywood en Californie pour écrire des chansons. Professeur à l'université Philips Exeter, il est le témoin, sur le campus, de l'arrestation par les services secrets américains d'un étudiant qui, pour s'amuser, évoque dans un mail l'assassinat du président Bill Clinton. Dan Brown est impressionné par l'extraordinaire capacité des agences de renseignements à surveiller et observer les individus. Il écrit alors son premier roman, paru sous le titre de 'Digital Fortress', une histoire au cœur de la National Security Agency. L'étude des codes secrets l'a toujours passionné. Pour preuve, le célèbre 'Da Vinci code', son quatrième roman, est un best-seller mondial. Il sort en 2005 'Anges et démons', une enquête également menée par le fameux professeur Robert Langdon, personnage désormais célèbre et récurrent. Dan Brown écrit également pour plusieurs revues dont Newsweek et The New Yorker. En 2006 sort en France 'Deception Point', un nouveau thriller haletant sur fond de technologie spatiale, avant que ne suive 'Forteresse Digitale' l'année suivante.

Mon avis : (lu en avril 2005)

Ce livre a été écrit par Dan Brown et est paru aux États-Unis avant le Da Vinci Code... La construction du livre est très proche celle du Da Vinci code : nous retrouvons Robert Langdon, le célèbre professeur d'histoire de l'art et spécialiste de symbologie religieuse, c’est Vittoria une jolie jeune scientifique qui le secondera, des faits historiques, légendaires, politiques, religieux et une course contre la montre dans Rome. L’enquête est toujours très bien rythmée, on apprend beaucoup sur Rome et sur le Vatican.

Les lieux où se déroule cette histoire sont les suivants :

Suisse : Siège du CERN - Accélérateur de particules LHC (Genève)

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Vatican : Place Saint-Pierre et Basilique Saint-Pierre

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Rome : Château Saint-Ange, Fontaine des Quatre Fleuves,

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Panthéon de Rome,

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Église Santa Maria Della Vittoria,

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Église Santa Maria Del Popolo

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Un film réalisé par Ron Howard avec doit sortir en France le 13 mai prochain Tom Hanks,Ewan McGregor, Stellan Skarsgard. Mais j’attendrai son passage à la télévision pour le voir car un film est rarement à la hauteur d’un livre si dense.

Extrait : (Début du livre)
Les faits
Le plus grand pôle de recherche scientifique au monde, le CERN (Centre européen pour la recherche nucléaire), a récemment réussi à produire les premiers atomes d’antimatière.
L’antimatière est identique à la matière, si ce n’est qu’elle se compose de particules aux charges électriques inversées. L’antimatière est la plus puissante source énergétique connue. Contrairement à la production d’énergie nucléaire par fission, dont l’efficience se borne à 1,5 %, elle transforme intégralement sa masse en énergie. En outre, elle ne dégage ni pollution ni radiations. Il y a cependant un problème :
L’antimatière est extrêmement instable. Elle s’annihile en énergie pure au contact de tout ce qui est... même l’air. Un seul gramme d’antimatière recèle autant d’énergie qu’une bombe nucléaire de 20 kilotonnes, la puissance de celle qui frappa Hiroshima.
Jusqu’à ces dernières années, on n’avait réussi à produire que quelques infimes quantités d’antimatière (quelques atomes à la fois). Mais le « décélérateur d’antiprotons » récemment mis au point par le CERN ouvre de formidables perspectives : sa capacité de production d’antimatière est considérablement renforcée.
Se pose désormais une angoissante question : cette substance hautement volatile sauvera-t-elle le monde, ou sera-t-elle utilisée pour créer l’arme la plus destructrice de l’histoire ?

Note de l’auteur
Tous les tombeaux, sites souterrains, édifices architecturaux et œuvres d’art romains auxquels se réfère cet ouvrage existent bel et bien. On peut encore les admirer aujourd’hui. Quant à la Confrérie des Illuminati, elle a aussi existé.

Prologue
En reniflant une odeur de chair brûlée, le physicien Leonardo Vetra comprit que c’était la sienne. Il leva des yeux terrorisés vers la silhouette penchée sur lui.
- Que voulez-vous ?
- La chiave, répondit la voix rauque, le mot de passe.
- Mais... je n’ai pas...
L’intrus appuya de nouveau, enfonçant plus profondément l’objet blanc et brûlant dans la poitrine de Vetra. On entendit un grésillement de viande sur le gril. Vetra poussa un hurlement de douleur.
- Il n’y a pas de mot de passe !
Il se sentait basculer dans le néant.
Son bourreau lui jeta un regard furibond.
- Exactement ce que je craignais. Ne avevo paura !
Vetra lutta pour ne pas perdre connaissance, mais le voile qui le séparait du monde s’épaississait. Son seul réconfort : savoir que son agresseur n’obtiendrait jamais ce qu’il était venu chercher. Quelques instants plus tard, l’homme sortit un couteau. La lame s’approcha du visage de Vetra. Avec une délicatesse toute chirurgicale.
- Pour l’amour de Dieu ! hurla le mourant d’une voix étranglée.
- Mais il était trop tard.



Chapitre 1. Au sommet des marches de la grande pyramide de Gizeh, une jeune femme riait et l’appelait.
- Robert, dépêche-toi ! Décidément, j’aurais dû épouser un homme plus jeune ! Son sourire était magique. Il s’efforçait de la suivre mais ses jambes étaient deux blocs de pierre.
- Attends-moi ! supplia-t-il. S’il te plaît ! Alors qu’il recommençait à grimper, la vision se brouilla. Son cœur cognait comme un gong à ses oreilles. Je dois la rattraper ! Mais quand il leva de nouveau les yeux, la femme avait disparu. A` sa place se tenait un vieillard aux dents gâtées. L’homme regardait vers le bas, un étrange rictus retroussait ses lèvres. Puis il poussa un cri d’angoisse qui résonna dans le désert. Robert Langdon se réveilla en sursaut de son cauchemar. Le téléphone sonnait à côté de son lit. Emergeant péniblement, il décrocha l’appareil.
- Allô ?
- Je cherche à joindre Robert Langdon, fit une voix d’homme. Langdon s’assit dans son lit et essaya de reprendre ses esprits.
- C’est... c’est lui-même. Il cligna des yeux en tournant la tête vers son réveil numérique. Celui-ci affichait 5 h 18 du matin. Il faut que je vous rencontre sur-le-champ.
- Mais qui êtes-vous ?
- Je me nomme Maximilien Kohler. Je suis physicien. Spécialisé en physique des particules, pour être précis.
- Quoi ? Langdon se demandait s’il était vraiment réveillé.
- Vous êtes sûr que je suis le Langdon que vous cherchez ?
- Vous êtes professeur d’iconologie religieuse à Harvard. Vous êtes l’auteur de trois ouvrages sur les systèmes symboliques et...
- Savez-vous l’heure qu’il est ?
- Excusez-moi. J’ai quelque chose à vous montrer. Il m’est impossible d’en parler au téléphone. Langdon poussa un marmonnement entendu. Ce n’était pas la première fois. L’un des risques qui guettent l’auteur de livres sur la symbolique religieuse, c’est justement ce genre d’appels d’illuminés. Ils viennent de recevoir un message de Dieu et ils demandent confirmation au spécialiste. Le mois précédent, une danseuse de cabaret de Tulsa dans l’Oklahoma lui avait promis la nuit d’amour de sa vie s’il prenait l’avion pour authentifier le signe de croix qui venait d’apparaître sur sa housse de couette. Langdon avait baptisé ce nouveau cas « le suaire de Tulsa ».
- Comment avez-vous eu mon numéro ? demanda Langdon en essayant de garder son calme malgré l’heure matinale.
- Sur le Web, sur le site de votre bouquin. Langdon fronça les sourcils. Il était parfaitement sûr que le site de son livre ne donnait pas son numéro de téléphone privé. Ce type mentait, de toute évidence.
- Il faut que je vous voie, insista l’autre. Je vous paierai bien. Langdon sortit de ses gonds.
- Je suis désolé, mais vraiment je n’ai rien à...
- Si vous partez tout de suite, vous pouvez être ici vers...
- Je n’irai nulle part ! Il est 5 heures du matin ! Langdon raccrocha et se laissa choir sur son lit. Il ferma les yeux et essaya de se rendormir. Peine perdue. Il était trop contrarié. A` regret, il enfila son peignoir et descendit au rez-de-chaussée. Robert Langdon traversa pieds nus le grand salon vide de sa demeure victorienne du Massachusetts et se prépara le remède habituel des nuits d’insomnie, un bol de chocolat instantané en poudre. La lune d’avril filtrait à travers les portes-fenêtres et animait les motifs des tapis orientaux. Il balaya la pièce du regard. Ses collègues le taquinaient souvent sur son intérieur – celui-ci évoquait davantage, selon eux, un musée d’anthropologie qu’une habitation privée. Ses étagères étaient bondées d’objets d’art religieux du monde entier – un ekuaba du Ghana, une croix en or espagnole, une idole cycladique de la mer Egée et même un rare boccus tissé de Bornéo, symbole de jeunesse éternelle porté par les jeunes guerriers indonésiens. Assis sur son coffre Maharishi en cuivre, Langdon savourait son chocolat en surveillant d’un œil distrait son reflet dans la baie vitrée. L’image déformée et pâle évoquait un fantôme. Un fantôme vieillissant, songea le professeur, cruellement rappelé à la réalité de sa condition : un esprit jeune dans une enveloppe mortelle. Aˆ gé d’environ quarante ans, Langdon, qui n’était pas beau au sens classique du terme, était le type même de l’universitaire à la mâle distinction qui, selon ses collègues du sexe féminin, plaît tant aux femmes. Avec ses tempes argentées qui rehaussaient une belle chevelure encore brune, son impressionnante voix de basse et le large sourire insouciant d’un grand sportif, Langdon avait gardé le corps du nageur de compétition qu’il avait été à l’université. Et il veillait à maintenir en forme son mètre quatre-vingts longiligne et musclé en s’imposant chaque matin cinquante longueurs dans la piscine du campus. Ses amis l’avaient toujours considéré comme une énigme. Tour à tour moderne et nostalgique, il semblait changer de peau à volonté. Le week-end, on pouvait le voir se prélasser sur une pelouse, discutant conception assistée par ordinateur ou histoire religieuse avec des étudiants ; parfois, on l’apercevait en veste de tweed sur un gilet à motifs cachemire dans les pages d’un magazine d’art ou à la soirée d’ouverture d’un musée où on lui avait demandé de prononcer une conférence. Ce grand amoureux des symboles était sans aucun doute un professeur qui ne faisait pas de cadeaux et exigeait une stricte discipline de ses élèves, mais Langdon était aussi le premier à pratiquer « l’art oublié du bon rire franc et massif », selon sa bizarre expression, dont il vantait les mérites. Il adorait les récréations et les imposait avec un fanatisme contagieux qui lui avait valu une popularité sans mélange auprès de ses étudiants. Son surnom sur le campus, le « Dauphin », en disait long sur son caractère bon enfant mais aussi sur sa capacité légendaire de multiplier les feintes pour tromper l’équipe adverse, lors des matchs de water-polo. Soudain, le silence du grand salon fut de nouveau troublé, cette fois par une sorte de cliquetis que le quadragénaire à demi assoupi ne reconnut pas tout de suite. Trop fatigué pour s’emporter, Langdon esquissa un sourire las : le cinglé de tout à l’heure ne s’avouait pas vaincu. Ah, ces fous de Dieu ! Deux mille ans qu’ils attendent le Messie et ils y croient plus que jamais ! Les sourcils froncés, il rapporta son bol vide à la cuisine et gagna à pas lents son bureau lambrissé de chêne. Le fax qui venait d’arriver luisait faiblement sur le plateau. En poussant un soupir, il s’empara de la feuille et l’approcha de ses yeux. Aussitôt, il fut pris de nausées. C’était la photo d’un cadavre. On l’avait entièrement dénudé et on lui avait tordu le cou jusqu’à ce que sa tête regarde derrière lui. Sur la poitrine de la victime une terrible brûlure renforçait l’atrocité de ce meurtre. L’homme avait été marqué au fer rouge, on avait gravé un mot, un seul mot dans sa chair. Un terme que Langdon connaissait bien. Très bien. Ses yeux restaient rivés, incrédules, sur les étranges caractères gothiques :
- Illuminati, balbutia Langdon, le cœur battant à tout rompre. Ce n’est quand même pas... D’un mouvement lent, appréhendant ce qu’il allait découvrir, il fit pivoter le fax à 180 degrés. Lut le mot à l’envers. Il en eut le souffle coupé – à peu près comme s’il venait de se prendre un coup de poing en pleine poitrine.
- Illuminati, répéta-t-il dans un murmure. Abasourdi, Langdon s’affala dans une chaise. Il resta pétrifié, sous le coup de la commotion qu’il venait de recevoir. Peu à peu, ses yeux furent attirés par le clignotement du voyant rouge sur son fax. Celui qui lui avait envoyé ce fax morbide était au bout du fil... et attendait de lui parler. Langdon resta longtemps sans bouger, à fixer ce petit clignotant redoutable. Puis, en tremblant, il décrocha le combiné.

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