Mensonges sur le Plateau Mont-Royal, tome 1 : Un mariage de raison - Michel David
Éditions Hurtubise - octobre 2013 - 590 pages
France Loisirs - octobre 2012 - 598 pages
Quatrième de couverture :
Montréal, 1946. Jean Bélanger, qui termine son cours classique, et Reine Talbot, fille du propriétaire d’une biscuiterie, se fréquentent depuis quelque temps. Leur passion mutuelle et la fougue de leur jeunesse mènent à des rapprochements charnels, pourtant proscrits par l’Église avant le mariage !
Alors que leur amour vacille, Jean rencontre une nouvelle flamme. Mais quelques jours plus tard, Reine lui annonce qu’elle est enceinte, une révélation qui va bouleverser leur vie. Les deux familles, que tout semble opposer, vont se démener pour éviter le scandale et sauvegarder leur réputation.
Avec des personnages toujours aussi charismatiques et attachants, des dialogues colorés et vivants qui ont fait son succès, Michel David nous fait revivre une époque où Montréal, au lendemain de la guerre, était en pleine ébullition économique et intellectuelle.
Auteur : Michel David est né à Montréal, le 28 août 1944, où il passe son enfance, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, qui n'est pas alors totalement urbanisé. Après plus de 33 ans de carrière dans l'enseignement du français, Michel David prend sa retraite en 1999, mais continue l'écriture d'ouvrages pédagogiques, et se consacre à la sculpture sur bois, puis... à l'écriture de sagas, sept jours par semaine, plusieurs heures par jour.
Mon avis : (lu en juillet 2017)
Après avoir découvert cet auteur québécois avec la série "Un bonheur si fragile", j'ai eu l'occasion de découvrir cette série qui se passe à Montréal en 1946, juste après la Seconde Guerre Mondiale. Le lecteur découvre deux familles bien différentes : Les Belanger et les Talbot à travers Jean Belanger, jeune étudiant âgé de 20 ans, et Reine Talbot, vendeuse âgé de 19 ans. Tous deux se sont fréquentés quelques mois et alors qu'ils avaient rompu depuis peu, Reine annonce à Jean qu'elle est enceinte. Jean va donc être obligé de prendre ses responsabilités et d'épouser Reine alors que les sentiments ne sont plus là...
C'est intéressant de découvrir la vie à Montréal à cette époque et les conventions sociales de l'époque, la place de la religion... Les deux familles sont très différentes et malgré tout vont faire le maximum pour sauver la réputation de leurs enfants. Certains personnages sont très attachants, d'autres plutôt crispants.
Comme pour la série "Un bonheur si fragile", l'auteur utilise le québécois et ses expressions locales, c'est parfaitement compréhensible pour un lecteur français et moi j'aime beaucoup.
Je n'ai pas tardé à lire le tome 2 car j'avais très envie de connaître la suite des aventures de Jean et Reine et j'en ferai prochainement un billet...
Extrait : (début du livre)
— Grouille-toi, Bélanger. Je suis complètement gelé, cria l’étudiant qui avait commencé à enrouler le gros boyau qu’ils venaient d’utiliser pour arroser l’une des deux patinoires extérieures du Collège Sainte-Marie.
— Laisse-moi juste une minute, j’ai presque fini, lui demanda son camarade en dirigeant le jet d’eau vers un coin de la surface glacée tout en s’appuyant contre la bande en bois.
Quelques instants plus tard, les deux jeunes hommes, complètement frigorifiés, rentrèrent précipitamment à l’intérieur de l’institution, leurs moufles couvertes de glace.
— C’est bien clair, je sens plus mes pieds ni mes mains, déclara Comtois en tapant bruyamment des pieds sur le parquet dans le vain espoir de les réchauffer.
— J’ai pas plus chaud que toi, rétorqua son copain, mais on n’avait pas le choix de faire ça cet après-midi, même si on gèle tout rond. Tu sais comme moi que si on n’avait pas arrosé, on n’aurait jamais été capables de jouer notre match de hockey demain, après le dernier examen.
— T’as raison. Bon, je me réchauffe cinq minutes et je m’en vais chez nous, annonça Paul Comtois. Il faut que j’aille étudier.
— Moi aussi, je traînerai pas, rétorqua son camarade de classe. J’ai pas envie d’être poigné à attendre le tramway avec les jeunes. Leur examen doit être à la veille de finir.
Les deux grands étudiants de la classe de philosophie I du Collège Sainte-Marie se dirigèrent vers leur casier métallique dans l’intention de troquer leur tuque et leurs moufles pour un chapeau et des gants, ce qui, à leur avis, convenait beaucoup mieux à leur statut de jeunes adultes âgés de vingt ans.
— Bon, on se revoit demain matin, dit Paul Comtois en donnant une bourrade à son camarade avant de se diriger vers la porte.— C’est ça et oublie pas d’étudier saint Thomas, plaisanta Jean Bélanger en se penchant vers le miroir placé au-dessus des lavabos pour s’assurer de la juste inclinaison de son chapeau.
Le fils de Félicien et d’Amélie Bélanger était un garçon de taille moyenne solidement charpenté à l’épaisse chevelure brune légèrement ondulée. Les jeunes filles appréciaient aussi bien sa mâchoire énergique et son nez droit que ses yeux bruns pétillants de vie. La pratique régulière du hockey et du baseball avait fait de lui un athlète et n’avait nui en rien à ses grandes qualités intellectuelles. Il en était déjà à l’avant-dernière année de son cours classique. Les Jésuites étaient parvenus à faire de l’adolescent, entré dans leur institution à l’automne 1940 à l’âge de treize ans, un jeune homme cultivé à l’avenir prometteur. Jean était un élève qui avait du talent à revendre et qui ne rechignait pas devant l’effort. De plus, il était doué pour se faire des amis, peut-être parce qu’il hésitait rarement à dépanner un camarade.
— Tu trouves pas, mon ami, qu’il serait plus normal que tu sois chez toi en train de préparer ton examen de philosophie de demain plutôt que de traîner au collège à t’admirer dans le miroir? fit une grosse voix dans le dos de l’étudiant.
Jean sursauta. Il n’avait pas entendu venir le père Patenaude, son professeur de philosophie et son directeur de conscience.
— Je m’en allais justement, mon père, se défendit-il en rougissant légèrement. Je suis resté au collège juste le temps d’arroser la patinoire.
Déjà lu du même auteur :
Un bonheur si fragile