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A propos de livres...
29 août 2017

La chambre des époux - Eric Reinhardt

Lu en partenariat avec Babelio et Gallimard

A19720 Gallimard - août 2017 - 176 pages

Quatrième de couverture :
Nicolas, une quarantaine d’années, est compositeur de musique. Un jour, sa femme Mathilde apprend qu’elle est atteinte d’un grave cancer du sein qui nécessite une intense chimiothérapie. Alors que Nicolas s’apprête à laisser son travail en plan pour s’occuper d’elle, Mathilde l’exhorte à terminer la symphonie qu’il a commencée. Elle lui dit qu’elle a besoin d’inscrire ses forces dans un combat conjoint. Nicolas, transfiguré par cet enjeu vital, joue chaque soir à Mathilde, au piano, dans leur chambre à coucher, la chambre des époux, la symphonie qu’il écrit pour l’aider à guérir. 

S’inspirant de ce qu’il a lui-même vécu avec son épouse pendant qu’il écrivait son roman Cendrillon voilà dix ans, Éric Reinhardt livre ici une saisissante méditation sur la puissance de la beauté, de l’art et de l'amour, qui peuvent littéralement sauver des vies.

Auteur : Né en 1965, Eric Reinhardt est l'auteur de six romans, parmi lesquels Cendrillon (2007), Le système Victoria (2011) et L'amour et les forêts (2014), qui lui a valu le prix Renaudot des lycéens 2014, le prix Roman France Télévisions 2014 et le prix Roman des étudiants France Culture - Télérama 2015.

Mon avis : (lu en août 2017)
C'est la première fois que je lisais cet auteur. J'ai été touché par le premier chapitre où l'auteur raconte comment, en couple, il a lutté sa femme, Margot, et lui contre le cancer de celle-ci. Ils avaient passé un marché, lui terminait d'écrire son livre en cours en quelques mois pendant qu'elle suivait ses chimios pour se soigner. Et chaque soir, Eric lisait des extraits de son livre à son épouse et lui donnait également tout son amour pour la soutenir. Le livre est un succès et Margot est en rémission.
Ensuite, j'ai été déstabilisée par le tournant que prend le livre... Il vient de témoigner très joliment de tout l'amour qu'il a pour sa femme, et voilà qu'il raconte sa rencontre avec Marie à l'occasion d'un salon professionnel. Marie a survécu miraculeusement à un cancer du pancréas alors que les médecins ne lui donnaient que quelques semaines à vivre. En voyant Marie, le narrateur voit en elle la vie et il en tombe immédiatement amoureux... Etant un homme fidèle, malgré leur complicité réciproque durant la soirée, ils ne se passera rien de plus.
Le narrateur imagine écrire un livre à partir de cette rencontre, pour lui donner une suite... Eric devient Nicolas, compositeur, Margot  devient Mathilde et Marie reste Marie...
Pourquoi nous raconter deux fois la même histoire où presque ? Et surtout pour conclure qu'il n'écrira finalement pas le livre imaginé !
J'ai été également dérangée par l'abus de texte mis entre parenthèses... Il y a même parfois deux niveaux de parenthèses ! Cela a du sens pour une équation mathématique mais en littérature c'est incongru et cela complexifie la lecture.
Conclusion, le rendez-vous avec ce livre est manqué, je n'ai pas aimé cette mise en abyme...

Merci Babelio et Gallimard pour ce partenariat "Rentrée Littéraire 2017"

Extrait : (début du livre)
Son cancer lui a été annoncé, à la suite d’une mammographie effectuée à son initiative en raison d’une grosseur, en décembre 2006. Comme cette tumeur d’un peu plus de quarante millimètres n’avait pas été détectée six mois plus tôt par le même examen, les médecins ont émis l’hypothèse d’un cancer à évolution rapide, éventuellement inflammatoire. Le délai nécessaire à l’analyse
de la ponction a été ce que j’ai vécu de plus douloureux de toute mon existence.
Pendant ces quelques jours, pour échapper à l’angoisse de l’attente, j’allais me réfugier dans mon bureau, où j’écrivais les pages de Cendrillon consacrées à Margot. Le hasard avait voulu que j’en sois là de mon roman quand elle m’avait téléphoné pour m’annoncer qu’elle était malade. Ces mots d’amour qui sortaient du clavier comme des larmes, j’ai parfois frémi de les sentir comme une nécrologie, mais que faire d’autre ? Ces pages de Cendrillon sont pour moi comme le sortilège qu’éperdu j’ai lancé avec rage au visage du cancer.
Les examens ont révélé qu’il n’était pas inflammatoire mais à évolution rapide, stade 4. Il a été décidé d’un protocole en trois temps, huit cures de chimiothérapie à partir du 5 janvier, une opération début juillet pour extraire ce qui subsisterait de la tumeur, enfin pendant deux mois une séance de rayons quotidienne.
Quoi de plus banal qu’un cancer du sein ? Mais c’est rien, de nos jours, un cancer du sein ! Toutes les femmes ont un cancer du sein ! J’ai prononcé et entendu ces phrases un nombre incalculable de fois, lancées vers elle pour la tranquilliser. Mais personne, à l’hôpital, bien entendu, ne peut tenir ce genre de propos. Les cancérologues ne peuvent pas dire que le cancer du sein est anodin. Rien n’est dit, jamais, pour rassurer le malade. Quand celui-ci, affaibli, mendie un mot encourageant, il ne l’obtient jamais. Il doit vivre avec cette hypothèse que la chimio sera peut-être inefficace. J’ai vu réapparaître les symptômes de ces crises de panique que j’avais connus chez elle quand nous nous étions rencontrés. Je me suis dit que le pire n’était pas tant la maladie, dont s’occupaient désormais les médecins, que l’effroi, l’angoisse, une panique dévastatrice. J’avais peur qu’elle ne s’abandonne à son mal. Elle était déjà partie pour une croisière fatale dans les ténèbres. C’est contre ça, je l’ai compris, que nous devions lutter. Car cette croisière et le cancer dont elle ferait son océan nocturne pourraient fort bien nous engloutir.
Elle commençait à regretter que nous ayons fait un deuxième enfant. Pourquoi tu dis ça ? je l’interrogeais. Elle se mettait à pleurer. Il est trop petit… elle me répondait. Trop petit… mais trop petit pour quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? L’idée que morte elle laisse derrière elle un enfant de quatre ans lui était insupportable. Elle se sentait coupable d’avoir donné naissance à un enfant qu’elle allait devoir abandonner. Pour moi la question n’était déjà plus là, qu’elle vive ou qu’elle meure, car je m’étais convaincu qu’elle n’était plus en danger. Tu ne vas pas mourir. Tu ne vas pas le laisser seul. Crois-moi. Tu vas vivre. Il va te voir vieillir ton enfant ! Je passais des heures à ses côtés à combattre ses démons mortifères.

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