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A propos de livres...
30 avril 2016

Juliette à Amsterdam - Rose-Line Brasset

Lu en partenariat avec Babelio et Kennes éditions

juliette à Amsterdam Kennes Editions - mars 2016 - 259 pages

Quatrième de couverture :
En ce début novembre, Juliette se rend avec sa mère dans la capitale des Pays-Bas afin de rencontrer la famille qui a accueilli son grand-père pendant la Deuxième Guerre mondiale. Une belle occasion pour la jeune globe-trotter de découvrir les charmes d'Amsterdam, ses canaux, ses péniches, ses maisons étroites et ses vélos ! Les émotions aussi seront au rendez-vous : notre amie se fera un nouveau copain et prendra conscience d'une façon inattendue du sort tragique d'une jeune fille de son âge, Anne Frank, dont le Journal a fait le tour du monde.
Un carnet de voyage Sur les pas de Juliette est disponible à la fin du roman. Les lectrices en apprendront un peu plus sur les principaux attraits, l'architecture, la langue et l'histoire d'Amsterdam. Elles pourront même tester leurs connaissances grâce à un jeu-questionnaire dont les réponses se trouvent en fin de livre. Un complément enrichissant à des péripéties époustouflantes !

Auteur : Rose-Line Brasset est née à Alma, au Québec. Journaliste et documentaliste, elle détient une maîtrise en études littéraires. Elle a publié de nombreux articles dans divers journaux et magazines. Globe-trotter depuis l'adolescence, elle est aussi l'auteure d'ouvrages édités aux Publications du Québec. Mère de deux enfants, elle partage son temps entre sa famille, les promenades en forêt avec son labrador, la cuisine et le yoga.

Mon avis : (lu en avril 2016)
J'ai choisi ce livre pour son éditeur qui m'a fait penser que l'auteur était québécoise... et pour la destination de Juliette que j'ai eu la chance de découvrir il y a trois ans...
La couverture ne m'a pas du tout attirée, au contraire, elle m'évoque une lecture plutôt enfantine, il est vrai que le public visé par l'éditeur est 10 à 12 ans... Je pense que ce livre peut également intéresser des lecteurs plus âgés.
Juliette à Amsterdam est le 4ème tome d'une série, pour moi c'est le 1er que je lis.
Juliette est une jeune québécoise de 13 ans, élevée par sa mère journaliste qui parcourt le monde pour son travail. Dans cette épisode, elles partent toutes les deux à Amsterdam pour rencontrer la famille qui avait accueilli son grand-père pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est l'occasion pour Juliette de découvrir la ville d'Amsterdam en compagnie de Piet, un hollandais de 16 ans et de mieux comprendre le Journal d'Anne Frank qu'elle devait étudier au collège à Québec.
J'ai trouvé cette lecture très sympathique et intéressante. La ville d'Amsterdam est bien décrite, le séjour de Juliette et de sa maman est riche en découvertes. La partie concernant Anne Frank est poignante et très réussie. En fin de livre, le lecteur découvre le Carnet de voyage de Juliette et des renseignements complémentaires sur ses visites, un jeu-questionnaire et un lexique avec quelques expressions québécoises utilisées dans cette histoire pour une meilleure compréhension pour nous Français...

Merci Babelio et les éditions Kennes pour cette découverte.

Extrait : 
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28 avril 2016

Zaï Zaï Zaï Zaï - Fabcaro

Capture-d’cran-2015-06-23-11 6 Pieds sous Terre Editions - mai 2015 - 64 pages

Quatrième de couverture :
Un auteur de bande dessinée, alors qu'il fait ses courses, réalise qu'il n'a pas sa carte de fidélité sur lui. La caissière appelle le vigile, mais quand celui-ci arrive, l'auteur le menace et parvient à s'enfuir. La police est alertée, s'engage alors une traque sans merci, le fugitif traversant la région, en stop, battant la campagne, partagé entre remord et questions existentielles. Assez vite les médias s'emparent de l'affaire et le pays est en émoi. L'histoire du fugitif est sur toutes les lèvres et divise la société, entre psychose et volonté d'engagement, entre compassion et idées fascisantes. Car finalement on connaît mal l'auteur de BD, il pourrait très bien constituer une menace pour l'ensemble de la société. Voici le nouveau récit choral de l'imparable Fabcaro, entre road-movie et fait-divers, l'auteur fait surgir autour de son personnage en fuite, toutes les figures marquantes -et concernées- de la société (famille, médias, police, voisinage...) et l'on reste sans voix face à ce déferlement de réactions improbables ou, au contraire, bien trop prévisibles.

Auteur : Fabrice Caro, dit Fabcaro, dessine depuis l'enfance et décide de s'y consacrer pleinement à partir de 1996. Il travaille pour la presse ou l'édition, pour différentes revues de bande dessinée telles : Fluide Glacial, FLBLB, Psikopat, Jade, Tchô !, L'Echo des Savanes, Zoo, Mauvais esprit et CQFD. Il a publié chez des petits éditeurs (comme La Cafetière ou 6 Pieds sous terre) comme chez des gros (Audie, Lombard avec la reprise d'Achille Talon). Fabcaro multiplie les collaborations où il officie en tant que scénariste, avec James, Boris Mirroir (Amour, Passion et CX diesel) ou encore Fabrice Erre (Z comme Don Diego, Mars). Son dernier ouvrage chez 6 Pieds sous terre, Carnet du Pérou fut l'un des livres d'humour marquant de 2013, sélectionné pour les prix d'Angoulême en 2014.

Mon avis : (lu en avril 2016)
C'est l'un de mes fils qui m'a conseillé cette BD. Une histoire un peu loufoque qui dans un premier temps ne m'a pas autant enthousiasmé que lui...
Mais toute la famille l'a lu et en discutant des différents passages, je me suis mise à apprécier.
A la caisse d’un supermarché, Fabrice s'aperçoit qu’il n'a pas la carte de fidélité du magasin. Il l'a oublié dans la poche de son autre pantalon...  Interrogé par le vigile, il panique, le menace avec un poireau et s'enfuit. Il devient alors le fugitif le plus recherché de France, traqué par la police et les médias...
Voilà une traque des plus inattendue... avec des rebondissements improbables... de l'absurde pour nous faire réfléchir sur l'emballement médiatique. Une BD étonnante !

Extrait : (début de la BD)

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26 avril 2016

En pause...

Je devais partir, hier pour quelques jours en Bretagne...

funny

 pour faire des travaux de peinture...

Finalement, je vais faire des kilomètres de voiture pour aller récupérer le fiston en vacances
dans le sud-ouest qui doit passer un entretien "Post Bac" à Lyon...

carte_voyage

Plus de 1900 km en 3 jours...
de quoi avancer mes livres audios... s'ils ne sont pas soporifiques...

25 avril 2016

C'est lundi, que lisez-vous ? [258]

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ? 

110108840 9782367621180-001-G 

Le lagon noir - Arnaldur Indridason 
No et moi - Delphine de Vigan

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

L'assassin qui rêvait d'une place au paradis - Jonas Jonasson (Prix Audiolib 2016)
Un bon garçon - Paul McVeigh (partenariat Philippe Rey)
Hors cadre - Stefan Ahnhem (partenariat Albin- Michel)

Que lirai-je la semaine prochaine ?

Plus haut que la mer - Francesca Melandri (partenariat Folio)
À l'orée du verger Tracy Chevalier (partenariat)

Bonne semaine et bonnes lectures !

21 avril 2016

No et moi - Delphine de Vigan

Lu en partenariat avec Audiolib

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Audiolib - mars 2016 - 5h10 - Lu par Lola Naymark

Jean-Claude Lattès - 22 août 2007 - 285 pages

Livre de Poche - mars 2009 - 248 pages

Prix des Libraires 2008

Quatrième de couverture : 
Elle avait l’air si jeune. En même temps il m’avait semblé qu’elle connaissait vraiment la vie, ou plutôt qu’elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur.
Adolescente surdouée, Lou Bertignac rêve d’amour, observe les gens, collectionne les mots, multiplie les expériences domestiques et les théories fantaisistes.
Jusqu’au jour où elle rencontre No, une jeune fi lle à peine plus âgée qu’elle.
No, ses vêtements sales, son visage fatigué, No dont la solitude et l’errance questionnent le monde. Pour la sauver, Lou se lance alors dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Mais nul n’est à l’abri…
No et moi, paru en 2007 a été traduit dans vingt-cinq langues et adapté à l’écran par Zabou Breitman.

Auteur : Née en 1966 à Boulogne-Billancourt, Delphine de Vigan est l’auteur de, notamment, No et moi (prix des Libraires 2008), Les Heures souterraines (finaliste du Prix Goncourt 2009), Rien ne s’oppose à la nuit(Prix du Roman Fnac, Prix du Roman France Télévision, Prix Renaudot des Lycéens et Prix des lectrices de Elle 2011) et D’après une histoire vraie (Prix Renaudot 2015). Ses livres sont traduits dans le monde entier.

Lecteur : Parallèlement à des études de philosophie, Lola Naymark se forme à la Classe Libre du Cours Florent. Révélée en 2003 par le film Brodeuses d'Éléonore Faucher, elle alterne les projets pour la télévision et le cinéma (Brève de comptoir de Jean-Michel Ribes, Au fil d’Ariane de Robert Guédiguian) et le théâtre (Les Liaisons Dangereuses, mis-en-scène par John Malkovich).     

Mon avis : (écouté en avril 2016)
C'est avec ce livre que j'ai découvert Delphine de Vigan et cela reste mon préféré. J'ai beaucoup aimé cette relecture en livre audio.
Lou, la narratrice, est une adolescente surdouée. A 13 ans, elle est en Seconde et se définit comme « Lou Bertignac, meilleure élève de la classe, asociale et muette ». Elle va devoir préparer un exposé et lorsque le professeur lui demande le sujet de l'exposé, elle répond au hasard : — Les sans-abri. 
Lou va donc rencontrer No, une adolescente âgée de 18 ans, en rupture avec sa famille et sans abri. C'est la rencontre improbable de deux mondes. Les deux jeunes filles sont très différentes, mais toutes deux vont s'apprivoiser. 
Lou est très attachante, elle est idéaliste et elle pense qu'elle peut changer les choses. No est rejetée par la société, c'est une rebelle mais elle va accepter cette amitié. Lou va sortir grandi de cette rencontre et elle va apprendre à rencontrer les autres même s'ils sont différents.

Merci Audrey et les éditions Audiolib pour cette relecture toujours aussi émouvante

Extrait : (début du livre)
— Mademoiselle Bertignac, je ne vois pas votre nom sur la liste des exposés.
De loin Monsieur Marin m’observe, le sourcil levé, les mains posées sur son bureau. C’était compter sans son radar longue portée. J’espérais le sursis, c’est le flagrant délit. Vingt-cinq paires d’yeux tournées vers moi attendent ma réponse. Le cerveau pris en faute. Axelle Vernoux et Léa Germain pouffent en silence derrière leurs mains, une dizaine de bracelets tintent de plaisir à leurs poignets. Si je pouvais m’enfoncer cent kilomètres sous terre, du côté de la lithosphère, ça m’arrangerait un peu. J’ai horreur des exposés, j’ai horreur de prendre la parole devant la classe, une faille sismique s’est ouverte sous mes pieds, mais rien ne bouge, rien ne s’effondre, je préférerais m’évanouir là, tout de suite, foudroyée, je tomberais raide de ma petite hauteur, les Converse en éventail, les bras en croix, Monsieur Marin écrirait à la craie sur le tableau noir : ci-gît Lou Bertignac, meilleure élève de la classe, asociale et muette.
— … J’allais m’inscrire.
— Très bien. Quel est votre sujet ?
— Les sans-abri.
— C’est un peu général, pouvez-vous préciser ? 

Lucas me sourit. Ses yeux sont immenses, je pourrais me noyer à l’intérieur, disparaître, ou laisser le silence engloutir Monsieur Marin et toute la classe avec lui, je pourrais prendre mon sac Eastpack et sortir sans un mot, comme Lucas sait le faire, je pourrais m’excuser et avouer que je n’en ai pas la moindre idée, j’ai dit ça au hasard, je vais y réfléchir, et puis j’irais voir Monsieur Marin à la fin du cours pour lui expliquer que je ne peux pas, un exposé devant toute la classe c’est tout simplement au-dessus de mes forces, je suis désolée, je fournirais un certificat médical s’il le faut, inaptitude pathologique aux exposés en tout genre, avec le tampon et tout, je serais dispensée. Mais Lucas me regarde et je vois bien qu’il attend que je m’en sorte, il est avec moi, il se dit qu’une fille dans mon genre ne peut pas se ridiculiser devant trente élèves, son poing est serré, un peu plus il le brandirait au-dessus de lui, comme les supporters de foot encouragent les joueurs, mais soudain le silence pèse, on se croirait dans une église.

— Je vais retracer l’itinéraire d’une jeune femme sans abri, sa vie, enfin… son histoire. Je veux dire… comment elle se retrouve dans la rue.
Ça frémit dans les rangs, on chuchote.
— Très bien. C’est un beau sujet. On recense chaque année de plus en plus de femmes en errance, et de plus en plus jeunes. Quelles sources documentaires pensez-vous utiliser, mademoiselle Bertignac ?
Je n’ai rien à perdre. Ou tellement que ça ne se compte pas sur les doigts d’une main, ni même de dix, ça relève de l’infiniment grand.
— Le… le témoignage. Je vais interviewer une jeune femme SDF. Je l’ai rencontrée hier, elle a accepté.
Silence recueilli.

 

Déjà lu du même auteur :

 

 

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19 avril 2016

Le lagon noir - Arnaldur Indridason

le lagon noir Métailié - mars 2016 - 317 pages

traduit de l'islandais par Eric Boury

Titre original : Kamp Knox, 2014

Quatrième de couverture :
Reykjavík, 1979. Le corps d'un homme vient d'être repêché dans le lagon bleu, qui n'est pas encore aussi touristique qu'aujourd'hui. La victime serait tombée d'une très grande hauteur, peut-être a-t-elle été jetée d'un avion. En découvrant qu'il s'agit d'un ingénieur qui travaille à la base américaine de Keflavik, l'attention de la police se tourne vers de mystérieux vols secrets effectués entre le Groenland et l'Islande. Les autorités américaines ne sont pas prêtes à coopérer et font même tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher la police islandaise de faire son travail. Conscients des risques qu'ils prennent, Erlendur et Marion Briem poursuivent leur enquête avec l'aide d'un officier de la base. En parallèle, Erlendur travaille sur une vieille affaire non résolue : une jeune fille disparue sur le chemin de l'école, quarante ans plus tôt. Les témoins disent qu'elle sortait avec un garçon de Camp Knox, un quartier pauvre, où les gens vivent dans les baraquements abandonnés par les soldats américains après l'occupation de l'Islande. Le petit ami ne sera jamais retrouvé et les parents mourront sans savoir ce qu'il est advenu de leur fille. Erlendur est contacté par une tante qui lui demande de trouver la vérité. Erlendur a trente ans et vient de divorcer. Le personnage est plus jeune, plus ouvert et bien moins désillusionné et sombre que dans l'avenir que nous lui connaissons. Il travaille depuis peu à la brigade d'enquêtes criminelles sous les ordres de Marion Briem et ne cache pas ses positions contre la présence américaine sur le sol islandais. Indridason construit un univers particulier, un personnage littéraire de plus en plus complexe ; peu à peu le roman noir est absorbé par la littérature et la qualité de l'écriture.

Auteur : Arnaldur Indridason est né à Reykjavík en 1961. Diplômé en histoire, il est d'abord journaliste et critique de films puis il se consacre à l'écriture à partir de 1997. Il est l'un des écrivains de romans noirs les plus connus en Islande et dans les 37 pays où ses livres sont traduits. Il a reçu le prix Clef de verre du Skandinavia Kriminalselskapet à deux reprises : en 2002, pour La Cité des jarres, et en 2003, pour La Femme en vert. Son roman L'Homme du Lac a reçu le Prix du Polar européen Le Point 2008 et La Femme en vert le Grand Prix des lectrices de Elle Policier 2007 ainsi que le Prix du livre Insulaire Fiction 2006. Arnaldur Indridason a également reçu le Prix d'honneur du festival les Boréales en 2011 et le prix espagnol RBA du roman noir en 2013.

Mon avis : (lu en avril 2016)
Voilà une nouvelle enquête d'Erlendur lors de ses débuts de policier avec Marion Briem son mentor. Nous sommes en 1979 et le corps d'un homme a été trouvé dans le Lagon Bleu, il semble qu'il soit mort après un chute d'une très grande hauteur. La victime était un ingénieur qui travaillait sur la base militaire américaine de Keflavík.

En parallèle, Erlendur mène seul une enquête sur une affaire non résolue vieille de plus de 30 ans, la disparition d'une jeune fille sur le chemin de l'école. Ce chemin longeait Camp Knox, un quartier pauvre, où les gens vivent dans des baraquements abandonnés datant de l'occupation de l'Islande par les soldats américains.
Ces intrigues est donc l'occasion de revenir sur l'histoire proche de l'Islande et l'occupation américaine durant la Guerre Froide. Jusqu’en septembre 2006, Keflavík hébergeait la base militaire américaine qui assurait la protection du pays. En effet, l’Islande est l’un des seuls pays au monde à ne pas avoir d’armée. Pour sa protection, le parlement avait voté l’adhésion à l’OTAN et, en 1951, les troupes américaines qui étaient stationnées ici depuis le début des années 1940 entrèrent en possession de la base aérienne. 
Comme d'habitude, j'ai beaucoup aimé cette lecture à la fois intructive et distrayante. Erlendur jeune est moins sombre que d'habitude et l'intrigue est toujours aussi captivante et réussie. Découvrir l'Islande à travers cet auteur est toujours aussi passionnant !

Extrait : (début du livre)
Un vent violent soufflait sur la lande de Midnesheidi. Venu du nord et des hautes terres désertes, il franchissait les eaux agitées du golfe de Faxafloi, puis se précipitait, glacial et mordant, sur les ondulations du paysage, sau­poudrant d’une fine couche de neige les plantes rases, transies et prostrées, qui dépassaient à peine des roches et des blocs de pierre. La végétation à la merci de la mer et du vent du nord livrait une lutte incessante. Seules les plantes les plus endurcies parvenaient à survivre ici. La clôture dépas­sant de l’étendue désolée délimitait le périmètre de la base militaire américaine et sifflait sous l’effet des bour­rasques qui s’abattaient sur les murs gigantesques du hangar à avions, au sommet de la lande. Le vent redoublait d’in­tensité aux abords du bâtiment, comme exaspéré par cet obstacle, puis continuait sa route à travers la nuit. 
Ses hurlements résonnaient dans l’immense construction, l’une des plus grandes d’Islande. Cette dernière abritait les avions radar et d’autres avions militaires, des f-16 et des Hercules, ces gigantesques cargos. On y assurait la main­­­te­nance de la flotte aérienne des troupes affectées à l’aéro­port de Keflavik. Des treuils fixés à des axes qui cou­raient le long du plafond servaient à déplacer les pièces déta­chées. Struc­ture d’acier d’une superficie de 17 000 mètres carrés, le hangar tournait le dos au nord et ses deux portes, orientées à l’est et à l’ouest, avaient l’envergure des plus gros avions du monde. La hauteur de plafond était verti­gineuse, équi­va­lente à celle d’un bâtiment de huit étages. C’était la clef de voûte de l’activité de la 57e division aéro­­portée de l’armée américaine basée sur la lande de Midnesheidi.
En ce moment, le hangar fonctionnait au ralenti. On y installait un nouveau système anti-incendie. À l’extrémité nord, aussi gigantesque que tout le reste, un échafaudage spécialement renforcé atteignait le plafond où on installait le long des poutres d’acier des tuyaux équipés de puissants sprinklers à quelques mètres d’intervalle. 
Placé sur des roues qui le rendaient mobile, c’était un assemblage de petites plateformes, équipé en son centre d’un escalier qui montait jusqu’au plafond où travaillaient les plombiers et leurs apprentis. Tuyaux, écrous et combi­naisons de travail s’entassaient au sommet, ainsi que des caisses à outils, des pinces de toutes tailles et de toutes sortes, propriétés des artisans islandais venus travailler ici. La plupart des chantiers entrepris sur le périmètre de la base militaire étaient confiés à des locaux.
Le silence régnait à l’exception des lamentations du vent. Tout à coup, on entendit comme un souffle au sommet de l’échafaudage. Un tuyau atterrit en bas et rebondit avec fracas. Puis, un second souffle, plus mat, se fit entendre et un corps s’abattit sur le sol. L’impact s’accompagna d’un étrange bruit sourd et étouffé, comme si un gros sac de toile était tombé du plafond. Enfin, le silence revint et il n’y eut plus que les hurlements du vent.

  Challenge Voisins, Voisines
voisins voisines 2016
Islande

18 avril 2016

C'est lundi, que lisez-vous ? [257]

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ? 

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Le piano oriental - Zeina Abirached 
Si c'est un homme - Primo Levi  
Un bonheur si fragile - tome 4 : Les amours - Michel David  
La Maison de vacances - Anna Fredriksson

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Le meilleur des mondes - Huxley (Prix Audiolib 2016)
Juliette à Amsterdam - Rose-Line Brasset (Babelio et Kennes éditions)

Que lirai-je la semaine prochaine ?

Un bon garçon - Paul McVeigh (partenariat Philippe Rey) 
Plus haut que la mer - Francesca Melandri (partenariat Folio)
Hors cadre - Stefan Ahnhem (partenariat Albin- Michel)

Bonne semaine et bonnes lectures !

16 avril 2016

La Maison de vacances - Anna Fredriksson

Lu en partenariat avec les éditions Denoël

B26652 Denoël - mars 2016 - 352 pages

traduit du suédois par Lucas Messmer

Titre original : Sommarhuset

Quatrième de couverture : 
Eva a complètement coupé les ponts avec son frère Anders et sa sœur Maja. Alors qu’ils n’ont eu aucun contact depuis plusieurs années, la mort brutale de leur mère les réunit. Très vite, une violente dispute éclate concernant l’héritage : Eva estime que la maison de vacances sur l’archipel suédois que sa mère aimait tant lui revient de droit, mais Anders et Maja ne sont pas du même avis. Eva se réfugie alors sur l’archipel. Mais, quelques jours plus tard, Anders et Maja arrivent à leur tour avec conjoints et enfants… Au fil des jours, tous vont apprendre à se connaître, mais est-il encore possible de renouer des liens brisés depuis si longtemps ? 
Anna Fredriksson nous parle de ce lieu où se nouent et se dénouent les drames familiaux, où les liens se resserrent, dans ce roman émouvant et intelligent sur les relations fraternelles compliquées, le chagrin et l’amour.

Auteur : Anna Fredriksson est scénariste. Elle travaille aussi bien sur des longs métrages que sur des adaptations TV telles que la série Les Enquêtes de l'inspecteur Wallander, tirée des romans de Henning Mankell (diffusée sur Arte). La Maison de vacances est son premier roman publié en Suède. Il a rencontré un véritable succès auprès de la critique et du public. Denoël a déjà publié Rue du Bonheur.

Mon avis : (lu en avril 2016)
Eva est à un tournant de sa vie, 
sa mère vient de mourir brutalement et son fils qu'elle a élevé seule vient de quitter le foyer familiale pour s'installer avec sa petite amie. 
Après de nombreuses années sans nouvelles, elle va devoir renouer le contact avec Anders et Maja son frère et sa soeur. Suite à l'héritage, ils vont se disputer. En effet, la maison de vacances est au centre des disputes. Eva aime cette maison auquelle sa mère tenait. Toutes deux y passaient régulièrement leurs vacances. Pour Anders et Maja, cette maison ne représente qu'une valeur marchande et la possibilité de s'offrir une nouvelle voiture ou rembourser des dettes... 
Eva décide alors d'abandonner son travail et de partir s'installer dans la maison de l'archipel pour en éviter la vente... 
Quelques jours plus tard, Anders et sa famille et Maja et son compagne débarquent également dans la maison de vacances. Vont-ils arriver à cohabiter, apprendre à se connaître, à recréer des liens ?
J'ai lu très facilement ce livre et j'ai bien aimé cette histoire de famille et de maison d'été. Les différents personnages sont attachants, la description des relations entre frère et soeurs est réussie. J'ai également aimé la maison et cette petite île suédoise.

Merci Laila et les éditions Denoël pour ce livre qui donne une envie de vacances au bord de la mer...

Extrait : (début du livre)
Elle ouvre la porte tapissée de la penderie, sous les combles, libérant un petit nuage de poussière. Une odeur de vieux bois et de tissu défraîchi emplit ses narines. Quelques relents du puissant produit contre les capricornes persistent encore, alors que sa dernière utilisation remonte à plus de trente ans. C’est ici qu’est rangée une partie des habits de maman, ceux qu’elle portait quand il faisait chaud. Jusqu’à son dernier été.
Il faut quelques secondes à Eva pour se ressaisir. Puis elle commence à sortir les vêtements, plusieurs piles à la fois, à pleines brassées, comme s’il ne s’agissait que d’une banale tâche ménagère, un grand nettoyage de printemps avant la saison estivale. 
Elle dépose le tout sur un des lits dans la pièce attenante. Au terme de quelques allers-retours, il ne reste plus qu’une robe bleue et grise. Sans manches. En coton. Celle que maman avait pour habitude de porter le soir de la fête de la Saint-Jean. Elle se souvient de ces danses frivoles autour du mât fleuri, et de la main d’une vieille dame inconnue tendue vers elle. Elle se revoit prendre la fuite pour se réfugier chez sa mère, qui l’observait à distance. Sans doute n’assistait-elle aux festivités que pour faire acte de présence, l’esprit occupé par les problèmes sociaux de l’époque.
Elle effleure la robe du bout des doigts et la laisse pendre là, seule sur son cintre, avant de reporter son attention sur le reste des habits. Les uns après les autres, elle les tient à bout de bras, les plie puis les fourre dans un sac-poubelle noir. Des pantalons, des jupes, des cardigans, des chemisiers légèrement froissés au col court. Puis elle se retrouve soudain devant la robe rayée Marimekko. La fameuse. Elle la caresse, porte le tissu à son visage. Ses yeux se mettent à piquer. 
Elle ne prendra pas de décision maintenant. Eva met le vêtement de côté et ouvre les tiroirs de la commode. Elle en retire plusieurs culottes blanches en coton, qui atterrissent aussitôt dans le sac-poubelle, suivies de leurs consœurs et de quelques soutiens-gorge blancs rembourrés. Vient ensuite un pyjama en tricot d’une douceur incomparable. Un pull-over entre ses mains, elle se laisse submerger par l’émotion, sachant que ce bout d’étoffe avait reposé un jour sur les épaules de maman.
Le tiroir d’en dessous renferme un vieil écrin à bijoux. Elle l’ouvre pour découvrir tous ces trésors si familiers avec lesquels elle jouait étant petite, quand elle s’amusait à les trier par rangées et à les présenter soigneusement dans leurs compartiments respectifs. Elle saisit une paire de boucles d’oreilles vertes à clip. Quand maman les a-t-elle achetées ? Sans doute avant la naissance d’Eva, dans les années 1960. Elle les examine. Elle n’en a pas le moindre souvenir.

 

Déjà lu du même auteur :

rue du bonheur Rue du Bonheur 

 Challenge Voisins, Voisines
voisins voisines 2016
Suède

14 avril 2016

Un bonheur si fragile - tome 4 : Les amours - Michel David

un bonheur Kennes Editions - février 2016 - 529 pages

Quatrième de couverture :
1921. Son mari décédé, Corinne se retrouve seule pour exploiter la terre familiale. Encore une fois, elle fera face à l'adversité avec le caractère qu'on lui connaît. Heureusement, Philippe et Norbert s'investissent davantage ; Madeleine, elle, réalise le rêve de sa mère en devenant institutrice alors qu'Elise est attirée par la vie au couvent. De leur côté, Gonzague et Henri Boisvert sont toujours aussi détestables. Si le premier est de plus en plus bourru avec l'âge, le second rêve d'un bel héritage. Il y a aussi les amours : Philippe s'entiche de la petite Cécile Melançon, tandis que Madeleine reçoit la grande demande de Léopold. Voyant les projets de ses enfants prendre forme, Corinne se sent de plus en plus seule. Les voisins célibataires sauteront-ils sur l'occasion pour se rapprocher de la jeune veuve ? Corinne trouvera-t-elle enfin le bonheur tant espéré ?

Auteur : Michel David est né à Montréal, le 28 août 1944, où il passe son enfance, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, qui n'est pas alors totalement urbanisé. Après plus de 33 ans de carrière dans l'enseignement du français, Michel David prend sa retraite en 1999, mais continue l'écriture d'ouvrages pédagogiques, et se consacre à la sculpture sur bois, puis... à l'écriture de sagas, sept jours par semaine, plusieurs heures par jour.

Mon avis : (lu en avril 2016)
Quel plaisir de retrouver Corinne et sa famille et le village Saint-Paul-des-Prés pour la conclusion de cette saga familiale et roman du terroir qui se déroule au Québec au début du XXème siècle. 
1921, Corinne est veuve depuis 2 ans, elle tient la ferme et sa maison grâce à l'aide de ses enfants. Philippe (19 ans) et Norbert (16 ans) travaillent à 100% sur les terres familiales avec Léopold, l'homme engagé. Les plus jeunes aident au train et s'occupent de la basse-cour sans oublier les tâches ménagères. Madeleine devenue institutrice dans le rang de Saint Jean, est une aide précieuse pour Corinne. Elle va bientôt se marier avec Leopold. Philippe qui a toujours le difficile caractère de son père fréquente Cécile Melançon, une jeune fille qui sait ce qu'elle veut et sait le remettre à sa place lorsqu'il dérape.
Corinne est toujours aussi attachante, c'est une femme de caractère qui reste toujours positive malgré tous les coups durs de la vie, et elle a eu son compte... Elle va de l'avant, après avoir beaucoup fait pour les autres et en particulier ses enfants, dans ce dernier épisode, elle voit ses enfants prêts à faire leur vie sans elle, elle va enfin pouvoir penser à elle et ses vieux jours. Et pourquoi pas sortir de sa solitude amoureuse et se trouver un homme ? Elle mérite vraiment d'être heureuse...
Au village, il y a également de l'animation...
Dommage que cette histoire soit déjà finie... Avec cette série, j'ai passé des moments de lectures vraiment agréables et instructifs, car l'auteur évoque également le contexte historique de l'époque.

Extrait :

Un bonheur si fragile T4 - Les amours

Déjà lu du même auteur :

105625593 (1) Un bonheur si fragile - tome 1 : L'engagement  

r_1870 (1) Un bonheur si fragile - tome 2 : Le drame 

un bonheur si fragile_3 Un bonheur si fragile - tome 3 : Les épreuves

13 avril 2016

Si c'est un homme - Primo Levi

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9782367620329-001-X si c'est un homme_pocket si c'est un homme_RL_2002

Audiolib - septembre 2015 - 7h35 - Lu par Raphaël Enthoven

Pocket - janvier 1988 - 213 pages

Robert Lafont -  mars 2002 - 308 pages

traduit de l'italien par Martine Schruoffeneger

Titre original : Sequestoé un uomo, 1958

Quatrième de couverture : 
Durant la Seconde Guerre mondiale, Primo Levi, vingt-quatre ans, juif, lutte aux côtés des maquisards antifascistes du Piémont. Capturé en 1943, il se retrouve peu après à Auschwitz, où il demeurera plus d’un an avant d’être libéré par l’armée russe en janvier 1945.
Au camp, il observe tout. Il se souviendra de tout, racontera tout : la promiscuité des blocks-dortoirs, les camarades qu’on y découvre à l’aube, morts de froid et de faim ; les humiliations et le travail quotidiens, sous les coups de trique des kapos; les « sélections » périodiques où l’on sépare les malades des bien-portants pour les envoyer à la mort ; les pendaisons pour l’exemple ; les trains, bourrés de juifs et de tziganes, qu’on dirige dès leur arrivée vers les crématoires…
Et pourtant, dans ce récit, la dignité la plus impressionnante ; aucune haine, aucun excès, aucune exploitation des souffrances personnelles, mais une réflexion morale sur la douleur, sublimée en une vision de la vie.

Paru en 1946, Si c’est un homme est considéré comme un des livres les plus importants du XXe siècle.

Auteur : Né à Turin en 1919, Primo Levi est mort en 1987. On lui doit une quinzaine d’ouvrages – nouvelles, romans, essais– dorénavant tous traduits en français, dont La TrèveLe Système périodique ou La Clé à molette, qui reçut en Italie le prix Strega, l’équivalent du Goncourt.

Lecteur : Raphaël Enthoven est professeur de philosophie sur France-Culture et sur ARTE. Son travail consiste essentiellement à en parler avec simplicité, mais sans jamais la simplifier. Il a lu Mythologies de Roland Barthes avec Michel Vuillermoz (Thélème) et L’Insoutenable Légèreté de l’être de Milan Kundera (Écoutez lire).

Mon avis : (réécouté partiellement en avril 2016)
Je réactualise un peu mon billet, mais l'essentiel reste celui de septembre 2015, lors de ma première lecture audio...

J'ai déjà lu ce livre avant la création de ce blog, et cela fait du bien de faire cette lecture indispensable en mode audio.
Pour ce relecture audio, je n'ai pas réécouté les "bonus" : ni l'interview très intéressante de Primo Levi par Philipp Roth et je n'ai retenté l'interview de Raphaël Enthoven. Lors de ma première écoute, je l'avais trouvé trop longue (54 minutes) et j'avais décroché au bout de vingt minutes...

Le livre en lui-même est plus fluide à écouter, paru dix ans après son retour des camps, Primo Levi témoigne de son quotidien là-bas. Ce livre est un témoignage poignant. Il nous décrit dans les moindres détails la vie dans le camp d'Auschwitz de 1943 à janvier 1945. Il donne son ressenti sur la violence des hommes mais également sur la volonté de survivre en gardant un semblant d'humanité. C'est une grande leçon de vie, car Primo Levi raconte tout cela sans aucune haine et sans reproche vis à vis de ceux qui lui ont fait subir cette épreuve. Il expose des faits, seulement ce dont il a été témoin et laisse au lecteur se faire son opinion par lui-même.  
Dans cette version audio, Raphaël Enthoven a su avec beaucoup de sobriété donner toute sa force à ce texte exceptionnel.

Autres avis : Enna, Meuraïe

Extrait : (début du livre)
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut,
Non, ne l’oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ; 
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s’écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.

J’AVAIS été fait prisonnier par la Milice fasciste le 13 décembre 1943. J’avais vingt-quatre ans, peu de jugement, aucune expérience et une propension marquée, encouragée par le régime de ségrégation que m’avaient imposé quatre ans de lois raciales, à vivre dans un monde quasiment irréel, peuplé d’honnêtes figures cartésiennes, d’amitiés masculines sincères et d’amitiés féminines inconsistantes. Je cultivais à part moi un sentiment de révolte abstrait et modéré.
Ce n’était pas sans mal que je m’étais décidé à choisir la route de la montagne et à contribuer à mettre sur pied ce qui, dans mon esprit et dans celui de quelques amis guère plus expérimentés que moi, était censé devenir une bande de partisans affiliée à Giustizia e Libertà. Nous manquions de contacts, d’armes, d’argent, et de l’expérience nécessaire pour nous procurer tout cela ; nous manquions d’hommes capables, et nous étions en revanche envahis par une foule d’individus de tous bords, plus ou moins sincères, qui montaient de la plaine dans l’espoir de trouver auprès de nous une organisation inexistante, des cadres, des armes, ou même un peu de protection, un refuge, un feu où se chauffer, une paire de chaussures.
A cette époque on ne m’avait pas encore enseigné la doctrine que je devais plus tard apprendre si rapidement au Lager, et selon laquelle le premier devoir de l’homme est de savoir utiliser les moyens appropriés pour arriver au but qu’il s’est prescrit, et tant pis pour lui s’il se trompe ; en vertu de quoi il me faut bien considérer comme pure justice ce qui arriva ensuite. Trois cents miliciens fascistes, partis en pleine nuit pour surprendre un autre groupe de partisans installé dans une vallée voisine, et autrement important et dangereux que le nôtre, firent irruption dans notre refuge à la pâle clarté d’une aube de neige, et m’emmenèrent avec eux dans la vallée comme suspect.
Au cours des interrogatoires qui suivirent, je préférai déclarer ma condition de « citoyen italien de race juive », pensant que c’était là le seul moyen de justifier ma présence en ces lieux, trop écartés pour un simple « réfugié », et estimant (à tort, comme je le vis par la suite) qu’avouer mon activité politique, c’était me condamner à la torture et à une mort certaine. En tant que juif, on m’envoya à Fossoli, près de Modène, dans un camp d’internement d’abord destiné aux prisonniers de guerre anglais et américains, qui accueillait désormais tous ceux – et ils étaient nombreux – qui n’avaient pas l’heur de plaire au gouvernement de la toute nouvelle république fasciste.
Lors de mon arrivée, fin janvier 1944, il y avait dans ce camp environ cent cinquante juifs italiens, mais au bout de quelques semaines on en comptait plus de six cents. C’étaient pour la plupart des familles entières qui avaient été capturées par les fascistes ou les nazis, à la suite d’une imprudence ou d’une dénonciation. Un petit nombre d’entre eux s’étaient spontanément constitués prisonniers, pour échapper au cauchemar d’une vie errante, par manque de ressources, ou encore pour ne pas se séparer d’un conjoint arrêté, et même, absurdement, « pour être en règle avec la loi ».

 

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