Le livre de Joe - Jonathan Tropper
Fleuve Noir – novembre 2005 – 375 pages
10x18 – septembre 2006 – 411 pages
traduit de l'américain par Nathalie Peronny
Présentation de l'éditeur
A première vue, Joe Goffman a tout pour lui : un magnifique appartement dans les quartiers chics de Manhattan, des aventures sentimentales en série, une décapotable dernier cri et des dollars comme s'il en pleuvait. Ce jeune auteur a très vite rencontré le succès avec son premier roman, Bush Falls. Directement inspiré de son adolescence passée dans une petite bourgade du Connecticut, ce best-seller ridiculise les mœurs provinciales de ses ex-concitoyens, dénonce leur hypocrisie, leur étroitesse d'esprit et toutes leurs turpitudes. Mais le jour où il est rappelé d'urgence à Bush Falls au chevet de son père mourant, il se retrouve confronté aux souvenirs qu'il croyait enfouis à jamais. Face à l'hostilité d'une ville entière, rattrapé par les fantômes de son passé, Joe va devoir affronter ses propres contradictions et peut-être enfin trouver sa place...
Biographie de l'auteur
Jonathan Tropper est né et a grandi à Riverdale dans l'Etat de New York. Son premier roman, Plan B a paru aux États-Unis en 2001. Le Livre de Joe est actuellement en cours d'adaptation pour le cinéma par les studios Warner. Jonathan Tropper vit aujourd'hui à Westchester (New York). Il a signé depuis deux romans Tout peut arriver (Fleuve Noir, 2007) et How to Talk to a Widower.
Mon avis : (lu en octobre 2009)
Joe Goffman est écrivain il revient dans sa ville natale après dix-sept ans d'absence car son père est gravement malade. Il revient sur les lieux de sa jeunesse et sur des souvenirs douloureux du passé. Son passé, il l'avait utilisé dans « Bush Falls » le livre autobiographique et corrosif qui l'a rendu célèbre. Il est donc accueilli plutôt froidement par les autochtones... Son retour, bouleverse Joe plus qu'il ne l'avait imaginé car il se sent obligé de réparer ses torts. Il retrouve Wayne un de ses anciens amis et Carly sa première petite amie.
Le livre se lit très facilement, les personnages sont attachants, le livre oscille entre humour et émotion. Il nous décrit également une société américaine des années 80 dans une petite ville où la tradition est importante et les idées reçues nombreuses. J'ai passé un très bon moment en lisant ce livre qui m'a beaucoup plu.
Extrait : (page 59)
Je pensais m'être assez bien remémoré Bush Falls, au moment d'écrire mon livre. Mais maintenant que j'entre dans la ville, je réalise que ce j'avais conservé en mémoire n'était que des réminiscences superficielles, substituts de carton-pâte en lieu et place des véritables souvenirs qui commencent alors seulement à émerger. L'expérience physique du retour réveille les vieux souvenirs assoupis, et à mesure que se déroulent devant moi les rues de ma ville natale, je suis frappé par la clarté retrouvée de tant de détails enfouis dans mon inconscient. Des images qui auraient dû tomber en poussière au bout de dix-sept ans d'usure rejaillissent désormais à la surface, scellées et intactes, poussées par une forme de volonté hypnotique. Je me sens presque violé dans mon intimité en découvrant que mon esprit a ainsi conservé à mon insu des liens si forts avec cette ville, un peu comme si mon cerveau m'avait fait des coups en douce.
Bush Falls est une version typique, quoiqu'à l'échelle réduite, de nombreuses villes moyennes du Connecticut ; une banlieue conçue et édifiée selon un plan précis, où les pelouses sont toujours vertes et la plupart des cols blancs. Le paysage, notamment, est une notion que l'on prend très au sérieux au Connecticut. Les habitants n'ont ni écussons ni armoiries au-dessus de leur porte d'entrée ; ils ont des haies, des fuchsias et des pachysandres, des parterres de fleurs et des tuyas émeraude. Une pelouse mal entretenue attire l'œil comme un goitre, symptôme révélateur d'une glande familiale dysfonctionnelle. L'été, le crissement des cigales, invisibles au sommet des arbres, fait écho au faible staccato chuintant des centaines d'arroseurs automatiques en rotation, sortis du garage après dîner ou incrustés dans le gazon et déclenchés par minuterie. Bientôt, je le sais, les arroseurs se verront remisés pour la saison, remplacés par des râteaux et des aspirateurs à feuilles mortes mais pour l'instant, ils continuent de trôner de part et d'autre de Startfield Road, la grande artère reliant la partie résidentielle de Bush Falls au quartier commerçant.