Julliard – septembre 1999 – 242 pages
Pocket – avril 2000 – 242 pages
Pocket – novembre 2007 – 242 pages
Présentation de l'éditeur
Elle voulait qu'on l'appelle " Darling ". Elle y tenait ! Pour oublier les coups reçus depuis l'enfance, les rebuffades et les insultes, pour effacer les cicatrices et atténuer la morsure des cauchemars qui la hantent. Elle voulait que les autres entendent, au moins une fois dans leur existence, la voix de toutes les " Darling " du monde. Elle a rencontré Jean Teulé. Il l'a écoutée et lui a écrit ce roman.
Auteur : Né à Saint-Lô en 1953, homme aux multiples facettes, Jean Teulé a commencé par la bande dessinée, avant de se lancer dans l'univers du petit écran avec des émissions comme 'L' Assiette anglaise', aux côtés de Bernard Rapp, ou 'Nulle part ailleurs sur Canal +'. Mais c'est bel et bien l'écriture qu'il préfère. Il commence donc à publier des romans comme 'Rainbow pour Rimbaud' en 1991 - qu'il adapte ensuite au cinéma - ''Darling' en 1998, 'O'Verlaine' en 2004 ou encore 'Le Magasin des suicides' en 2007. L'année suivante, il se plonge à nouveau dans la littérature et offre 'Le Montespan', un roman historique drôle salué par la critique.
Mon avis : (lu en 2000 et relu en septembre 2009)
C'est une histoire dure et bouleversante. C'est une histoire vraie. Darling c’est Catherine Nicolle, elle est allée rencontrer Jean Teulé pour lui raconter sa vie. Une vie de souffrance depuis sa plus tendre enfance. Elle n’est pas aimée par ses parents, des paysans qui préfèrent ses frères, elle ne veut pas « devenir paysante » et elle rêve de d’épouser un routier. Son rêve se réalisera mais dès le jour du mariage sa vie tourne au cauchemar : son mari, Joël, dit Roméo est alcoolisé et violent, elle aura 3 enfants Kevin, Tom et Océane qui eux aussi seront des victimes. Un jour, elle coupe la corde avec laquelle Roméo venait de se pendre, et elle s’en voudra toujours de lui avoir sauvé la vie !
Malgré cette vie de martyre, Darling a une force surprenante pour rebondir et aller de l’avant.
L'auteur utilise un style assez désinvolte qui permet de prendre de la distance avec la réalité sordide et cruelle du sort de la pauvre Darling. Il intercale aussi dans le récit des extraits de ses dialogues avec Darling. A travers ses dialogues, on ressent parfaitement toute l’humanité de Jean Teulé.
A partir de ce livre un film a été réalisé par Christine Carriere avec Marina Foïs et Guillaume Canet. Il est sortie novembre 2007. Je ne l’ai pas vu.
Extrait : (page 16)
- Maman m'a souvent accusée d'avoir déclenché la panique à cette Saint-Luc de 65. Chaque fois qu'elle était en colère, elle me le reprochait : « Tu as toujours été une emmerdeuse ! Déjà, deux heures avant ta naissance, tu as gâché la fête et fait chier le monde ! » « Toi aussi, maman, je t'ai fait comme tu dis ? » « Oui ! » qu'elle me répondait... De toute façon, moi, c'est vrai que partout où je suis passée, ça été la merde. Par exemple, la première fois où je suis allée à la messe, le curé est mort pendant le sermon ! J'étais toute petite. Je ne devais pas avoir quatre ans...
Lorsqu'elle était très jeune, quelquefois, le jeudi, pendant que les deux fils aidaient la mère aux travaux agricoles, Georges emmenait sa fille avec lui, chez des fermiers de la régions, pour y acheter des vaches. Mais comme Catherine en avait peur, ce jour-là, sur la place d'un village, son père lui dit : - Pendant que je négocie les bestiaux, toi, file à la messe. Ça ne te fera pas de mal ! Et puis quand ce sera fini, tu me rejoindras dans la bétaillère. Et il mit sa casquette pour aller discuter tandis que l'enfant se dirigeait vers l'église... Mais en revenant, Georges retrouva sa fille sur le siège du passager, buvant un Fanta orange qu'une dame lui avait offert en lui disant : « Ma pauvre petite, c'est tout de même pas de chance... »
Le père surpris dit à Catherine : - Déjà là, toi ? Tu n'es pas allée à la messe alors, désobéissante !
- Si papa, mais quand le curé m'a vu, il est mort... Alors Georges, pendant qu'elle buvait sans faire attention, lui a retourné le revers d'une main de maquignon dans la figure.
- Ça m'a cassé le goulot dans la bouche. Regarde, j'ai encore la lèvre fendue, là, à l'intérieur. De toute façon, moi, il n'y a pas un pouce de ma chair ou de mon âme qui ne porte pas la marque d'une mutilation, qui ne soit la mémoire d'une plaie, alors...
Alors, malgré l'agitation qui régnait devant l'église, Georges, enfonçant son propre mouchoir dans la bouche de sa fille pour panser la plaie du goulot et surtout ne plus l'entendre, lui déclara en démarrant : - Raconteuse d'histoires ! C'est la dernière fois que je t'emmène avec moi. T'es trop conne !