Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A propos de livres...
belgique
14 février 2012

Couleur de peau : miel, tome 2 – Jung

CouleurDePeauMiel2 Quadrants – janvier 2008 – 143 pages

Quatrième de couverture : 
Mon corps se souvenait qu'il aimait cette chaleur humaine.
Certain corps s'en souvenaient même tellement bien qu'ils ne parvenaient plus à s'en passer. 

Auteur : Sik Jun Jung est né le 2 décembre 1965 à Séoul, en Corée. Adopté par une famille belge en 1971, il prend pour nom d'adoption Jung Henin. Il suit des études d'Humanités Classiques (latin et mathématiques) à l'Athénée Royal de Rixensart, avant de fréquenter un an, en 1985, l'atelier Saint-Luc de Bruxelles. Il étudie ensuite à l'académie des Beaux-Arts de Bruxelles, en section Illustration. Parallèlement, il fait un bref passage dans le dessin animé, à la Cambre. C'est en 1987 que sa carrière prend un tournant décisif, puisqu'il rencontre Marc Michetz, qui le présente au magazine Spirou. Cela lui permet d'illustrer quelques courts récits dans Spirou et Tintin. Il travaille alors quelques mois dans l'atelier d'Yslaire et de Darasse, et illustre aussi les couvertures du Belgian Business Magazine. En 1991, Jung publie le premier des quatre tomes de Yasuda, chez Hélyode-Lefranc. La finalité de ses dessins est pour lui de faire transparaître des émotions, des sentiments, avec des personnages bien présents, vivants. En 1997, en collaboration avec Martin Ryelandt, il réalise La Jeune Fille et le Vent, aux éditions Delcourt. L'univers asiatique de cette série d'heroïc-fantasy est un retour à ses origines coréennes, et le fantastique lui permet de renforcer le côté évocateur de son dessin, notamment pour le héros : le Vent. Il signe avec Kwaïdan son premier scénario, une nouvelle série qui frappe par la beauté des couleurs directes et la poésie subtile et raffinée qui émane de ce conte nippon.

Site de l'auteur : http://www.kwaidan.net/

Mon avis : (lu en février 2012)
Dans ce deuxième tome, Jung est un adolescent de 14 ans. A ses angoisses et interrogations propres à l’adolescence s’ajoutent son déracinement et sa recherche d’identité. Jung fait un rejet de son pays de naissance la Corée et au contraire est attiré par le Japon. Il souffre d’un manque d’amour maternel. Il y a également les premiers émois et les rapports avec les filles.
Certains passages sont très drôles, d’autres plus douloureux ou émouvants mais avec le recul Jung nous donne un message optimiste et plein d’espoir. L’adolescent qu’il a été a su faire la paix avec lui-même et avec les autres.

Un livre plus sombre que le premier tome mais aussi intéressant et réussi. Très belle découverte.

 

Extrait : 

AlbcouleurDePeauMiel2_1

logo_bibli_IGN_20

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
logo_Petit_BAC_2012
"Couleur" 

Publicité
Publicité
5 février 2012

Pico Bogue, Tome 5 : Légère contrariété – Alexis Dormal Nathalie Roques

5469 Dargaud – novembre 2011 – 48 pages

Présentation :
Ce sont les vacances ! Pico et Ana Ana en profitent bien : copains, palabres, jeux, piscine, détente, soleil. Mmm. qu'est-ce que c'est bien ! Mais, tout à coup, rien ne va plus : leurs parents ont décidé de partir une semaine en vacances sur un voilier mais. SANS EUX ! Tragique erreur : Pico et Ana Ana vont leur faire comprendre, à leur façon, qu'on n'abandonne pas ses enfants comme ça ! 48 pages de bonheur !  

Auteurs : Dominique Roques, mère d'Alexis Dormal, est née en 1948 à Casablanca. Elle a eu deux fils, dont l'un s'est mis à dessiner. Ainsi en 2005, après s'être intéressée aux dessins de son fils, elle écrit des scénarios.

Alexis Dormal, fils de Dominique Roques, né en 1977 à Bruxelles. Plus tard, diplômé d'une école belge de réalisation cinéma/télévision, il part étudier le dessin à l'école Émile Cohl, à Lyon. Maintenant, il dessine et sa maman écrit les bulles...

Mon avis :(lu en décembre 2011)
Dans ce 5ème album des aventures de Pico Bogue et sa famille, il y a un fil rouge. En effet, ce sont les vacances et les parents de Pico et Ana Ana ont décidé de partir une semaine en vacances sans leurs enfants. Ceux-ci sont furieux de cet abandon, pour preuve, la tête qu'ils font sur la couverture de l'album... Pico et Ana Ana vont donc s'allier pour faire comprendre à leurs parents qu'on ne doit pas abandonner ses enfants !

Encore un album très réussi qu'on ne se lasse pas de lire en famille enfants comme parents !

Extrait : 

pico5_1 pico5_0

pico5_3 pico5_4

logo_bibli_IGN_20

Déjà lu des même auteurs : 

picobogue  Pico Bogue tome 1 : La vie et moi

pico_bogue_T2  Pico Bogue tome 2 : Situations critiques

pico_bogue_T3 Pico Bogue tome 3 : Question d'équilibre

5468  Pico Bogue, Tome 4 : Pico love


1 février 2012

Couleur de peau : miel, tome 1 – Jung

couleur_de_peau_miel_tome1 Quadrants – septembre 2007 – 144 pages

Quatrième de couverture : 
Je savais bien que je n'étais pas japonais. Mais quand je me regardais dans un miroir, je ne me sentais pas belge non plus ! Je voyais un coréen. C'était inéluctable. Et ça ne me rappelait pas de bons souvenirs...

Auteur : Sik Jun Jung est né le 2 décembre 1965 à Séoul, en Corée. Adopté par une famille belge en 1971, il prend pour nom d'adoption Jung Henin. Il suit des études d'Humanités Classiques (latin et mathématiques) à l'Athénée Royal de Rixensart, avant de fréquenter un an, en 1985, l'atelier Saint-Luc de Bruxelles. Il étudie ensuite à l'académie des Beaux-Arts de Bruxelles, en section Illustration. Parallèlement, il fait un bref passage dans le dessin animé, à la Cambre. C'est en 1987 que sa carrière prend un tournant décisif, puisqu'il rencontre Marc Michetz, qui le présente au magazine Spirou. Cela lui permet d'illustrer quelques courts récits dans Spirou et Tintin. Il travaille alors quelques mois dans l'atelier d'Yslaire et de Darasse, et illustre aussi les couvertures du Belgian Business Magazine. En 1991, Jung publie le premier des quatre tomes de Yasuda, chez Hélyode-Lefranc. La finalité de ses dessins est pour lui de faire transparaître des émotions, des sentiments, avec des personnages bien présents, vivants. En 1997, en collaboration avec Martin Ryelandt, il réalise La Jeune Fille et le Vent, aux éditions Delcourt. L'univers asiatique de cette série d'heroïc-fantasy est un retour à ses origines coréennes, et le fantastique lui permet de renforcer le côté évocateur de son dessin, notamment pour le héros : le Vent. Il signe avec Kwaïdan son premier scénario, une nouvelle série qui frappe par la beauté des couleurs directes et la poésie subtile et raffinée qui émane de ce conte nippon.

Site de l'auteur : http://www.kwaidan.net/

 

Mon avis : (lu en février 2012)
J'ai découvert cette bande dessinée grâce à la blogosphère et c'est une petite merveille !
Jung raconte son histoire de petit coréen recueilli dans dans les rues de Séoul à l'âge 5 ans par un policier qui l’a pris par la main pour le conduire au Holt, un orphelinat américain avant d'être adopté par une famille belge. Quelques photos, un rapport d’orphelinat… des souvenirs lointains.
Une histoire pleine d'émotions mais aussi d'humour, Jung s'interroge beaucoup sur son abandon, son déracinement, son identité...
Il nous parle de son pays d'origine, la Corée, de son pays d'adoption la Belgique, il raconte ses difficultés d'avoir une couleur de peau différente, ses interrogations à propos de sa maman biologique. Il est reconnaissant vis à vis de sa famille d'adoption, de ses frère et sœurs qui n'ont jamais fait de différence avec lui, de ses parents adoptifs qui ont été sévères et exigeants mais qui l'ont aimé à leur manière. Jung n'a jamais manqué de rien.
Un dessin en noir et blanc plein de rondeur très agréable à lire.
Un témoignage très fort sur l'adoption, à lire sans hésiter !
Je vais sans tarder me procurer le tome 2, qui raconte l'adolescence de Jung.

Autres avis enthousiates : CanelSandrine 

Extraits : 

couleur_de_peau_miel1_p2 couleur_de_peau_miel1_p3

couleur_de_peau_miel1_p4 couleur_de_peau_miel1_p5

logo_bibli_IGN_20

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
logo_Petit_BAC_2012
"Partie du corps" 

9 décembre 2010

La mort à marée basse - Pieter Aspe

Lu dans le cadre du partenariat  Livraddict et Albin Michel

la_mort___mar_e_basse Albin-Michel – novembre 2010 – 300 pages

traduit du néerlandais par Emmanuèle Sandron et Marie Belina- Podgaetsky

Quatrième de couverture :
Imaginez un cadavre dont seule la tête dépasse du sable. Chargé de l'enquête, le commissaire Van In, malgré ses protestations véhémentes, se voit adjoindre d'office un inspecteur de la police judiciaire. Mais l'attitude de l'homme est curieuse. Aurait-il intérêt à faire capoter l'affaire ? Trafic de contrefaçons, justice et police corrompues, les turpitudes de la Belgique n'ont pas de secrets pour l'incorruptible flic de Bruges aux méthodes peu orthodoxes mais diablement efficaces.

Auteur : Pieter Aspe (nom de plume de Pierre Aspeslag) est un écrivain belge de langue néerlandaise, né à Bruges le 3 avril 1953. Pieter Aspe est devenu célèbre grâce à la série des enquêtes du commissaire Van In. Celles-ci mettent en scène les sympathiques policiers Pieter Van In, Guido Versavel et la substitute Hannelore Martens. La plupart des histoires se déroulent à Bruges et sont l'occasion de découvrir la ville, ses arcanes et sa vie sociale.

Mon avis : (lu en décembre 2010)
C’est la première fois que je lisais cet auteur et que je découvrais le commissaire Van In et son équipe. Ce livre est la septième enquête  du commissaire Van In, il a été publié en Belgique flamande en 2000.

Cela commence par une jeune femme séquestrée qui subit les agressions sexuelles d'un personnage dont on ne connait pas l'identité. Puis une jeune fille, Miriam Dobbelaere, vient porter plainte pour un viol, son père, huissier de justice faisant partie des notables de la cité, a une réaction inhabituelle... Il est en colère contre sa fille et également contre les policiers. Il refuse que sa fille porte plainte. Miriam refuse également l'examen gynécologique. En parallèle, un cadavre dont seule la tête dépasse du sable est retrouvé à marée basse  sur la plage de Zeebrugge. Le commissaire Van In, aidé par l’inspecteur Guido Versavel et par sa femme la juge d’instruction Hannelaure Martens, va résoudre ces enquêtes à sa façon.
Les personnages du commissaire Van In, de sa femme Hannelaure et de l'équipe des enquêteurs sont plutôt attachants. Un commissaire est acharné à venir à bout de son enquête par tous les moyens, il a cependant ses faiblesses : il a tendance à boire facilement et il n’est pas indifférent aux belles femmes, mais il est également attendrissant en présence de ses deux jumeaux. Avec ce livre, on découvre aussi un peu la ville de Bruges et pour cette enquête Van In ira jusqu'à  Rome. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce roman policier et j’ai été contente de découvrir ce nouveau commissaire qui m’a fait penser au Commissaire Adamsberg de Fred Vargas ou au Commissaire Erlendur d’Arnaldur Indridasson.

Merci à Livraddict et Albin Michel de m’avoir permis de découvrir ce livre.

Extrait : (page 15)
Malgré les nuages noirs qui voilaient la lune par intermittence et les annonces de monsieur Météo, la température n’avait pas baissé d’un degré dans le centre de Bruges. Accompagné en sourdine par le clapotis de la fontaine, un bourdonnement joyeux montait des terrasses bondées du Zand, conférant aux lieux un petit air de vacances à Saint-Trop’. Patrouillant au pas autour de la place, un véhicule barré d’une ligne bleue rappelait aux noctambules que la police veillait au grain.
« Je n’aurais rien contre un peu d’action, soupira l’un des deux agents.
- Tu ferais mieux de demander ta mutation à Bruxelles, se moqua l’autre. D’ici à ce que le crime coure le long des canaux, les poules auront des dents.
- On rentre au bercail ?
- Affirmatif. »
La voiture obliqua dans la rue des Siliques. Les taches rouges de ses feux arrière se délayèrent dans l’obscurité, halos tremblotants sur toile impressionniste : Bruges, Belle de nuit.
Au même moment, une jeune fille de dix-sept, dix-huit ans gagnait en chancelant la sortie d’un bar branché de la place. Parvenue sur le trottoir, elle apostropha le jeune homme qui l’accompagnait.
« Ce que tu peux être rabat-joie, Steven ! La soirée commençait à peine !
- Tu ferais mieux de rentrer, Miriam.
- Je vois pas pourquoi.
- Tu es bourrée !

- Qui ça, moi ?! » susurra-t-elle, les lèvres entrouvertes sur un sourire aguicheur.
Elle lui coula un de ces regards brillants de promesses qui auraient fait tourner la tête à plus d’un.
« Je te raccompagne un bout de chemin ? »
La jeune fille se rembrunit. Steven s’avança vers elle et posa timidement le bras sur son épaule.
« C’est gentil, mais je n’ai pas besoin de baby-sitter.
- On se voit demain, alors ?

- Peut-être… »

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Belgique

21 octobre 2010

Cosmétique de l'ennemi – Amélie Nothomb

Lu dans le cadre du Baby Challenge Contemporain 2011
baby_challenge_contemporain
Baby Challenge - Contemporain Livraddict : 9/20 déjà lus
Médaille en chocolat

cosmetique_de_l_ennemi cosm_tique_de_l_ennemi_p

cosmetique_de_l_ennemi_p2003 cosmetique_de_l_ennemi_CD

Albin Michel – août 2001 – 140 pages

Livre de Poche – mai 2003 – 120 pages

Livre de Poche – mai 2003 – 120 pages

Digital publishing – 2007 - CD

Quatrième de couverture :
« Sans le vouloir, j'avais commis le crime parfait : personne ne m'avait vu venir, à part la victime. La preuve, c'est que je suis toujours en liberté. »
C'est dans le hall d'un aéroport que tout a commencé. Il savait que ce serait lui. La victime parfaite. Le coupable désigné d'avance. Il lui a suffi de parler. Et d'attendre que le piège se referme.
C'est dans le hall d'un aéroport que tout s'est terminé. De toute façon, le hasard n'existe pas.

Auteur : Née à Kobe (Japon) en 1967, issue d'une illustre famille bruxelloise, Amélie Nothomb découvre la Chine, New York, et l'Asie du Sud-Est lors des déplacements professionnels de son père, un ambassadeur belge. Née au Japon, elle reste profondément marquée par la culture nippone qu'elle porte dans son coeur et transpose dans ses écrits. Elle retourne en Belgique à l'âge de 17 ans et suit des études gréco-latines. En 1992, son roman 'Hygiène de l'assassin' est accueilli avec un énorme succès et se voit adapté sur grand écran. Frustrée de ne pas être restée au Japon, l'auteur y retourne et retranscrit cette expérience plus que déroutante dans 'Stupeur et tremblements', couronné Grand prix de l'Académie française en 1999. Ce livre marque une période de retrait médiatique pour l'écrivain qui aime provoquer, puis est adapté au cinéma en 2003. Se définissant elle-même comme une 'graphomane malade de l'écriture', elle sort un roman par an. Dans le 'Robert des noms propres', Amélie Nothomb romance la vie de son amie la chanteuse Robert. Son dix-huitième roman, 'Le voyage d'Hiver', est publié en 2009. Adulée, critiquée, marginale, Amélie Nothomb reste fidèle à ses idées, laisse vagabonder sa plume au gré des pages blanches et couche sur le papier des récits toujours plus originaux les uns que les autres.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Voilà un livre qui se lit d’une traite, l’action se situe dans un aéroport. Jérôme Angust attend son avion qui est annoncé avec un retard indéterminé. Son voisin Textor Texel commence a engager la conversation et commence à lui raconter sa vie. Le lecteur assiste au dialogue entre ses deux hommes et s’interroge, qui est ce Textor Texel ? Pourquoi a-t-il besoin de raconter sa vie à un inconnu ? Petit à petit, nous allons découvrir la psychologie des personnages et c’est après des rebondissements inattendus que nous comprendrons le fin mot de l’histoire dans les toutes dernières pages. Un livre typique de l’univers d’Amélie Nothomb.

Extrait : (début du livre)
Cosmétique, l’homme se lissa les cheveux avec le plat de la main. Il fallait qu’il fût présentable afin de rencontrer sa victime dans les règles de l’art.
Les nerfs de Jérôme Angust étaient déjà à vif quand la voix de l’hôtesse annonça que l’avion, en raison de problèmes techniques, serait retardé pour une durée indéterminée.
« Il ne manquait plus que ça », pensa-t-il.
Il détestait les aéroports et la perspective de rester dans cette salle d’attente pendant un laps de temps pas même précisé l’exaspérait. Il sortit un livre de son sac et s’y plongea rageusement.
- Bonjour, monsieur, lui dit quelqu’un avec cérémonie.
Il souleva à peine le nez et rendit un bonjour de machinale politesse.
L’homme s’assit à côté de lui.
- C’est assommant, n’est-ce pas, ces retards d’avion ?
- Oui, marmonna-t-il.
- Si au moins on savait combien d’heures on allait devoir attendre, on pourrait s’organiser.
Jérôme Angust approuva de la tête.
- C’est bien, votre livre ? demanda l’inconnu.
« Allons bon, pensa Jérôme, faut-il en plus qu’un raseur vienne me tenir la jambe ? »
- Hm hm, répondit-il, l’air de dire : « Fichez-moi la paix. »
- Vous avez de la chance. Moi, je suis incapable de lire dans un lieu public.
« Et du coup, il vient embêter ceux qui en sont capables », soupira intérieurement Angust.
- Je déteste les aéroports, reprit l’homme. (« Moi aussi, de plus en plus », songea Jérôme.) Les naïfs croient que l’on y croise des voyageurs. Quelle erreur romantique ! Savez-vous quelle espèce de gens l’on voit ici ?
- Des importuns ? grinça celui qui continuait à simuler la lecture.
- Non, dit l’autre qui ne prit pas cela pour lui. Ce sont des cadres en voyage d’affaires. Le voyage d’affaires est à ce point la négation du voyage qu’il ne devrait pas porter ce nom. Cette activité devrait s’appeler « déplacement de commerçant ». Vous ne trouvez pas que cela serait plus correct ?
- Je suis en voyage d’affaires, articula Angust, pensant que l’inconnu allait s’excuser pour sa gaffe.
- Inutile de la préciser, monsieur, cela se voit.
« Et grossier, en plus ! » fulmina Jérôme.

Publicité
Publicité
21 septembre 2010

Maigret et le clochard – George Simenon

Lu dans le cadre du Challenge Maigret organisé par Ferocias

challenge_maigret

maigret_et_le_clochard_1963 maigret_et_le_clochard_1978

maigret_et_le_clochard_p_2000 maigret_et_le_clochard

cd_maigret_et_le_clochard

Presses de la Cité – 1963 – 189 pages
Presses de la Cité – 1978 – 189 pages
Livre de Poche – octobre 2000 – 191 pages
Livre de Poche – octobre 2002 – 190 pages
Le Livre Qui Parle – novembre 2003 - CD

Quatrième de couverture :
Une nuit de mars, à Paris, deux bateliers tirent de la Seine un clochard grièvement blessé. Il s'agit de François Keller, un ancien médecin. Depuis plus de vingt ans, il a rompu tout lien avec son épouse et un milieu bourgeois qu'il ne supportait pas. Mais qui a pu vouloir sa mort ? C'est en bavardant avec les autres clochards que Maigret va reconstituer l'existence marginale de Keller, tout en s'intéressant à une Peugeot 403 rouge et à Van Houtte, un des sauveteurs de la victime, marié et père d'un jeune enfant. Les quais et les brumes de la Seine, le petit monde mystérieux des clochards et des mariniers fournissent au romancier un de ces décors en demi-teintes comme il les affectionne, pour y faire vivre une humanité apparemment ordinaire, mais lourde, pour qui sait voir, de secrets et de passions.

Auteur : Né à Liège le 13 février 1903, après des études chez les jésuites, et amené de bonne heure à gagner sa vie, Georges Simenon est contraint d'exercer divers métiers. Un temps reporter à La Gazette de Liège, il circule volontiers de par le monde, séjournant notamment à Paris. 'Le Roman d'une dactylo', publié sous un pseudonyme en 1924, est un véritable succès populaire. Dès lors, cet auteur prolifique rédige roman sur roman, à un rythme impressionnant, et donne naissance au fameux commissaire Maigret. L'univers de Simenon est marqué par un réalisme cru - ses personnages sont des êtres veules et médiocres - auquel se mêle toutefois une poésie particulière, liée à la restitution de l'atmosphère des lieux, ou à l'angoissante solitude qui enserre les hommes. En vertu de leurs qualités dramatiques intrinsèques, nombre de ses œuvres ont été adaptées au petit et au grand écran. Simenon gravit les marches de l'Académie royale de Belgique en 1952, rendant au genre policier toutes ses lettres de noblesse. Décédé à Lausanne le 04 septembre 1989.

Mon avis : (lu en septembre 2010)

Après ma première lecture de Simenon qui ne m'avait pas convaincu, j'ai choisi un Maigret écrit plus tardivement : Maigret et le Clochard est un roman de Georges Simenon publié en 1963.
Lors d’une nuit, à Paris, deux bateliers repêchent dans la Seine un clochard grièvement blessé. L’un des bateliers dit avoir vu sur le quai une voiture rouge. Maigret retrouve les occupants de cette voiture et découvre qu’ils sont innocents. Le clochard a un passé surprenant : c’est un ancien médecin, il a rompu avec sa femme car il ne supportait plus l’esprit bourgeois de celle-ci. On découvre un commissaire Maigret qui s’imprègne petit à petit de la vie des gens qui tournent autour de l’enquête et peu à peu il va comprendre pourquoi ce clochard a été jeté à l’eau… Mais je n’en dévoilerai pas plus !
Voilà une enquête de Maigret que j’ai suivie avec beaucoup de plaisir.

affiche_Maigret_et_le_clochard_2004_1

Il existe deux téléfilms adaptés de ce livre, le premier a été réalisé en 1982 par Louis Grospierre, avec Jean Richard, le second a été réalisé en 2004 par Laurent Heynemann  avec Bruno Cremer.


Extrait : (début du livre)

Il y eut un moment, entre le quai des Orfèvres et le pont Marie, où Maigret marqua un temps d'arrêt, si court que Lapointe, qui marchait à son côté, n'y fit pas attention. Et pourtant, pendant quelques secondes, peut-être moins d'une seconde, le commissaire venait de se retrouver à l'âge de son compagnon.
Cela tenait sans doute à la qualité de l'air, à sa luminosité, à son odeur, à son goût. Il y avait eu un matin tout pareil, des matins pareils, au temps où, jeune inspecteur fraîchement nommé à la Police Judiciaire que les Parisiens appelaient encore la Sûreté, Maigret appartenait au service de la voie publique et déambulait du matin au soir dans les rues de Paris.

Bien qu'on fût déjà le 25 mars, c'était la première vraie journée de printemps, d'autant plus limpide qu'il y avait eu, pendant la nuit, une dernière averse accompagnée de lointains roulements de tonnerre.
Pour la première fois de l'année aussi, Maigret venait de laisser son pardessus dans le placard de son bureau et, de temps en temps, la brise gonflait son veston déboutonné.
A cause de cette bouffée du passé, il avait adopté sans s'en rendre compte son pas d'autrefois, ni lent ni rapide, pas tout à fait le pas d'un badaud qui s'arrête aux menus spectacles de la rue, pas non plus celui de quelqu'un qui se dirige vers un but déterminé.
Les mains jointes derrière le dos, il regardait autour de lui, à droite, à gauche, en l'air, enregistrant des images auxquelles, depuis longtemps, il ne prêtait plus attention.
Pour un aussi court trajet, il n'était pas question de prendre une des voitures noires rangées dans la cour de la PJ et les deux hommes longeaient les quais. Leur passage, sur le parvis de Notre-Dame, avait fait s'envoler des pigeons et il y avait déjà un car de touristes, un gros car jaune, qui venait de Cologne.

10 février 2010

Spirou, le journal d'un ingénu – Emile Bravo

spirou_le_journal_d_un_ing_nu  uSpirouJournal_d_un_ingxe9nu_Couverture__Spirou__full

Dupuis – avril 2008 – 66 pages

« Tirage de luxe » – février 2009

Grand Prix RTL de la Bande Dessinée 2008

Présentation de l'éditeur

1939. Comment un adolescent qui tient des portes dans un hôtel peut-il se révéler et devenir le jeune aventurier que nous connaissons ? Pourquoi celui-ci choisira-t-il de garder sa livrée de groom ? A-t-il été amoureux ? A-t-il une conscience politique ? D'où vient son amitié indéfectible avec Fantasio ? Et qui est ce Fantasio ? Et Spip ? Derrière toutes ces questions, se cache un terrible traumatisme qui nous affectera tous...

Auteur : Émile Bravo, né en 1964 à Paris est un auteur de bande dessinée et un illustrateur français. Sa famille est originaire d'Espagne. En 1992 il s'installe à l'Atelier Nawak avec Lewis Trondheim, Christophe Blain, David B. et Joann Sfar, puis en 1995 il fait partie des fondateurs de l'Atelier des Vosges avec la plupart des auteurs de l'Atelier Nawak mais aussi Frédéric Boilet ou encore Marjane Satrapi et Marc Boutavant. Proche de plusieurs auteurs importants de l'Association, Émile Bravo se démarque des auteurs de la bande dessinée « Alter » par un grand respect de la tradition et des canons de la bande dessinée d'aventure pour enfants (reprenant les principes de la ligne claire de Hergé), genre dont il est un des rares représentants et qu'il contribue à faire revivre.
Ainsi en 2008, au sein de la collection Une aventure de Spirou et Fantasio par..., il publie Le Journal d'un ingénu où il imagine les origines du fameux groom inventé par Rob-Vel 70 ans plus tôt.

Mon avis : (lu en février 2010)

C’est le tome 4 de « Une aventure de Spirou et Fantasio par... »  Emile Bravo imagine les débuts de Spirou et Fantasio. Nous sommes dans la Belgique, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, Spirou est groom dans le Moustic Hôtel, nous allons découvrir sa vie et les conditions de sa rencontre avec le journaliste Fantasio. En effet, dans l’hôtel, un envoyé du 3e Reich doit rencontrer secrètement des envoyés du gouvernement polonais. Ils recherchent une solution au problème délicat de Dantzig. Cette aventure de Spirou, Fantasio et Spip nous plonge dans un passé bien réel et évoque l’Histoire avec un grand H.

Le dessin est vraiment superbe et efficace, les couleurs rendent parfaitement le ton de l’époque. Un album qui se lit d’une traite avec beaucoup de plaisirs et d’émotions.

spirou_le_journal_2  spirou_le_journal_1

30 janvier 2010

Le groom vert-de-gris - Swartz et Yann

A l'occasion du festival de la Bande Dessinée à Angoulême ce week-end,

je lis des BDs !

le_groom_vert_de_gris Dupuis – mai 2009 – 63 pages

Présentation de l'éditeur :

1942. Bruxelles est occupé. Spirou, groom au Moustic Hôtel, et Fantasio, journaliste dans un quotidien " réquisitionné " par les Allemands, se reprochent mutuellement leur trop grande proximité avec l'Occupant. Mais ce que Fantasio ignore, c'est que Spirou est, en fait, un membre très actif de la Résistance.

Auteurs :

Yann est né le 25 mai 1954. Passionné de BD. Avec Conrad, il réalise son chef-d'oeuvre ultime : Les zwanzes de Bère Kakerlaak et aussi 147 autres bouquins épatants. Actuellement, il sucre un peu les fraises et radote un tantinet, mais ça ne se voit pas encore trop, surtout dans un récit se déroulant pendant l'Occupation, heureusement !

Olivier Schwartz est né en 1963. Cet autodidacte hante la presse jeunesse depuis un quart de siècle. Il a illustré des tests, des jeux, des romans, des encyclopédies. Depuis 1988, il assure les enquêtes de l'inspecteur Bayard avec Jean-Louis Fonteneau dans ASTRAPI. Débauché par Yann, il réalise un rêve en dessinant une aventure de Spirou et Fantasio.

Mon avis : (lu en janvier 2010)

Cette BD est paru dans la collection « Une aventure de Spirou et Fantasio par » est le tome 5. C'est le premier que je lit mais je compte recommencer.

Nous sommes en 1942, Spirou est groom au Moustic Hôtel durant la seconde guerre mondiale. Sous l'occupation allemande, le Moustic Hôtel est devenu le siège de la Gestapo. Fantasio est journaliste au quotidien « Le Soir », journal « collabo ». Mais Fantasio ne sait pas que Spirou fait parti de la résistance et qu'il espionne la Gestapo de l'intérieur. Spirou ne sait pas que Fantasio cache chez lui des aviateurs anglais...

Le dessin est magnifique, le récit est rythmé, avec beaucoup de bons mots et de rebondissements. Tout au long de l'histoire, on retrouve de nombreuses références à la BD franco-belge : à de nombreux héros de Hergé (Jo et Zette, Quick et Flupke, le colonel Muller...), à Francis Blake... mais aussi des références au cinéma. En tant que lecteur français, on découvre au détour d'une page la langue bruxelloise. J'ai retrouvé avec beaucoup plaisir Spirou et Fantasio et je me suis plongée avec délectation dans une aventure incroyable. A lire sans tarder ! Pour ma part, je vais continuer à découvrir les autres tomes de cette collection.

Extrait : (les premières planches)

le_groom_vert_de_gris_1  le_groom_vert_de_gris_2

le_groom_vert_de_gris_3  le_groom_vert_de_gris_4

Lu et en compétition au Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême 2010 :

magasin_general5 Magasin général tome 5 : Montréal - Régis Loisel et Jean-Louis Tripp

24 juin 2009

Les sirènes d'Alexandrie – François Weerts

Les_sir_nes_d_Alexandrie Actes Sud – novembre 2008 – 317 pages

Présentation de l'éditeur
1984, Bruxelles est en pleine mutation architecturale. Dans le quartier où des filles s'exposent en vitrine, Antoine Daillez vient d'hériter de L'Alexandrie, lieu de plaisirs dont les pintes de bière ne sont pas seules responsables. Mais drames et incidents se multiplient autour de ce bar qui semble susciter bien des convoitises. La vieille Mémé Tartine, locataire si gentille avec les travailleuses du quartier, est retrouvée assassinée. Des skinheads aux ordres d'un parti d'extrême droite flamand s'attaquent à l'établissement, à sa patronne et à l'une des filles. La sauvegarde de la morale n'est certainement pas leur motivation. Pas plus que la protection offerte par Monaco, le caïd du quartier, ne doit avoir pour but la défense du petit commerce... Pour essayer de comprendre, Antoine doit fouiller la jeunesse de son grand-père, aidé par Martial Chaidron, inspecteur de la brigade des mœurs, et Piotr Bogdanovitch, historien de son état. Les secrets découverts datent du temps de l'Occupation, quand se jouait un jeu trouble, dont l'un des acteurs n'était pourtant qu'un homme ordinaire, avec ses raisons, ses faiblesses, ses failles - pas forcément politiques. Les Sirènes d'Alexandrie s'inscrivent dans la meilleure tradition du roman noir. Celle qui sait dire, avec son lot de violence et d'amour, un destin personnel sur fond social urbain où misères et espoirs, qu'ils soient communs ou individuels, sont bien souvent balayés par le vent de l'Histoire.

Biographie de l'auteur
Journaliste belge établi à Waterloo, François Weerts, est né en 1960 à Addis-Abeba.

Mon avis : (lu en juin 2009)

J'ai choisi ce livre à la bibliothèque, car il fait parti de la collection "actes noirs" d'Actes Sud. C'est l'histoire d'Antoine Daillez un jeune journaliste bruxellois qui vient d'hériter de son grand père d'un bien particulier... un hôtel de passe : "L' Alexandrie" situé derrière la gare du Nord de Bruxelles. Cette établissement se trouve au centre de drames et d'incidents mais aussi semble susciter des convoitises. A travers ce roman policier, il est question des heures noires de la collaboration belge durant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi des tensions qu'il existe aujourd'hui entre Flamands et Wallons. L'auteur nous fait une description très précise de Bruxelles des années 80 avec son quartier des vitrines qui aujourd'hui a été rasé pour faire place à des bureaux. L'intrigue est palpitante, nous sommes plongés dans un monde de la nuit à la fois attachant et violent.

En conclusion, j'ai passé un très bon moment en compagnie de ce livre. A découvrir.

Extrait :

Tout à l'heure, Antoine a bu une bière au bar de l'hôtel Métropole où il est descendu pour trois jours. L'endroit n'a pas désempli de sa population de dames mûres venues siroter leur apéritif, mi-cham­pagne, mi-vin blanc. Il les a écoutées papoter en relevant quelques glissements dans les accents, moins de finales traînantes à la wallonne, pas un seul mot en flamand dans les phrases, peu d'éli­sions brutales, de chocs rocailleux, de consonnes gutturales dont l'articulation s'attarderait du côté du voile du palais. Bref, un gommage appuyé de l'ac­cent bruxellois à l'ancienne. Leur parler est tou­jours aussi exclamatif, et c'est à cette emphase que l'on reconnaîtra longtemps les Bruxellois. Mais les buveuses de champagne coupé s'expriment avec des intonations snobs dans la volonté évidente de rejeter des origines peu patriciennes.

Antoine a observé avec amusement cette évolu­tion rendue perceptible par son éloignement pro­longé de Bruxelles. A la sortie du bar, la place de Brouckère correspond à son souvenir. Bien entendu, le cinéma s'est converti à la mode du multiplex. Des agences de travail intérimaire ont remplacé les magasins de vêtements. Le mobilier urbain griffé Decaux a envahi l'espace. Et les voiries ont profité d'un réaménagement complet. Mais dans l'ensemble les lieux conservent l'atmosphère d'urgence, l'am­biance empressée qu'il leur connaissait. Bus, voitures et piétons se bousculent en ce début d'après-midi. Une foule de citadins retournent travailler après s'être restaurés d'un rapide sandwich pris à l'un des snacks du quartier. Des chômeurs, des pensionnés, des étudiants entre deux cours flânent, aimantés par l'effervescence rassurante de la ville.

Antoine se fraie un passage dans cette cohue tré­pidante. La place de Brouckère est l'un des rares endroits d'une Bruxelles alanguie où l'on puisse goûter à l'agitation des mégapoles. Il se dirige vers le boulevard Adolphe-Max pour rejoindre la place Rogier, ce même boulevard arpenté avec Martial un jour de novembre 1984, après un filet américain qui lui était resté en travers de la gorge. L'artère voit défiler davantage de voitures encore. Ses immeubles haussmanniens demeurent aussi peu engageants. Et si leur alignement continue à évoquer les boule­vards parisiens, l'interprétation est toujours d'un genre maussade. Ici l'agitation s'essouffle, sauf celle du trafic qui se précipite dans cet axe. Les com­merces n'ont pas proliféré. Antoine note la dispari­tion d'un cinéma tous publics, comme d'ailleurs celle des salles qui promettaient des scènes pimentées sur l'écran et du spectacle à l'entracte. L'industrie du porno n'a cependant pas été évacuée du boule­vard. Les peep-shows se sont multipliés, accouplés à des boutiques de DVD crades.

2 juin 2009

Un siècle de novembre – Walter D. Wetherell

Livre lu dans le cadre du partenariat Blog-o-Book - Livre de Poche

un_si_cle_de_novembre   un_si_cle_de_novembre_p

traduit de l’anglais (États-Unis) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné

Les Allusifs – aout 2006 – 200 pages

Le Livre de Poche – novembre 2008 - 218 pages

Présentation de l'éditeur
A l'automne 1918, le magistrat Charles Marden juge les hommes et cultive ses pommes parmi les Indiens et les pionniers de l'île de Vancouver. Mais les grands maux de l'humanité le frappent de plein fouet : sa femme, Laura, est emportée par la grippe espagnole et son fils, le caporal William C. Marden, disparaît dans la mêlée des Flandres. Désormais seul au monde, Charles Marden entreprend un périple fou pour trouver l'endroit où la mort a fauché son fils. Dans sa quête, il apprend qu'une jeune femme le devance de peu sur les routes. W. D. Wetherell, qui vit au New Hampshire, signe ici un roman d'une beauté terrifiante, entre songe et réalité.

Biographie de l'auteur
Né en 1948, Walter D. Wetherell a déjà écrit plusieurs romans : Morning, Chekhov's Sister (traduit et publié en 1990 par les éditions J.-C. Lattés), ainsi que deux recueils de nouvelles, The Man Who Loved Levittown et Wherever That Great Heart May Be. Ses récits de voyage paraissent dans le New York Times. Il a récemment obtenu la bourse d'écriture Strauss de l'American Academy of Arts and Letters. A Century of November, publié aux Etats-Unis par les Presses de l'université du Michigan en 2004 et en édition de poche en 2005, a été unanimement salué par la critique et a remporté le prix littéraire le plus prestigieux du Michigan. Une adaptation cinématographique est en cours de préparation sous l'égide du scénariste Jay Wolpert, auteur des scénarios des films Pirates des Caraïbes ou encore Le Comte de Monte-Cristo. W. D. Wetherell vit aujourd'hui à Lyme dans le New Hampshire.

Mon avis : (lu en juin 2009)

Automne 1918, Charles Marden vient de recevoir la lettre officielle annonçant la disparition de son fils William au cours d'un assaut en Flandre. Trois semaines auparavant, il a perdu sa femme Laura de la grippe espagnole. Il quitte donc son île de Vancouver pour trouver l'endroit où est tombé son fils « pour apprendre à ne rien attendre, une fois pour toutes ». Il va faire un long voyage : la traversée du Canada d'ouest en est, Vancouver à Halifax en train, puis la traversée de l'Atlantique en bateau jusqu'à Southampton. A Salisbury, au camp du régiment de son fils, il apprend qu'il ne pourra se rendre là où est mort son fils seulement lorsque la guerre sera fini. Il découvre également qu'une jeune fille recherche aussi William. Charles Marden a alors un nouvel objectif, retrouver cette jeune fille Elaine qui ne peut-être que l'amie de son fils. Il se rend donc à Londres où il apprend que la guerre est finie : plus rien ne l'empêche de continuer son long voyage vers la Flandre. Après la traversée de la Manche de Folkestone à Calais puis le voyage en voiture jusqu'à Amiens, en autocar jusqu'à Poperinghe en Belgique, il arrivera à pieds à Ypres sur les champs de batailles.

Ce livre est très bien écrit : l'auteur nous fait des descriptions superbes et précises des paysages traversés, des champs de batailles, des tranchées abandonnées... Il nous décrit également les sentiments qui envahissent cet homme en deuil avec sa douleur et sa solitude. Cette histoire sombre comme les ciels de novembre, nous évoque avec beaucoup de sensibilité l'horreur de la guerre en particulier pour les survivants. J'ai beaucoup aimé lire ce livre.

Extrait : (début du livre)
Il jugeait les hommes et cultivait des pommes, et cet automne-là n’était propice ni à la justice ni aux vergers. Un automne surprise – les pommiers avaient pourtant fait miroiter de belles promesses. Les fleurs, précoces, abondantes, étaient d’un blanc-rose riche dont il n’avait jamais vu l’égal. Pour une fois, il n’y avait pas eu de neiges tardives, pas de tempêtes venues du Pacifique, pas de gel.

Extrait : (page 10)
S'il était magistrat, c'était parce que, dans cette région de la côte, il était le seul à pouvoir exercer cette fonction - celle de salarié ayant pour mandat, selon le libellé de son serment d'office, d'assurer des droits égaux aux pauvres comme aux riches, au meilleur de ses connaissances, de son jugement et de ses compétences. En temps normal, sa charge n'avait rien d'une sinécure. On lui avait déjà tiré dessus. À la faveur d'une embuscade tendue pendant que, comme maintenant, il arpentait les longues allées du verger en inspectant les arbres un par un. C'était le printemps. Le projectile avait sectionné une branche au-dessus de sa tête et fait pleuvoir sur lui des pétales blancs. Raté, se souvenait-il d'avoir pensé, tandis que la détonation résonnait sur tout le promontoire et que les fleurs lui chatouillaient le visage. À l'époque, il était aveugle, stupide. Raté.
L'arbre et sa branche scindée en deux devinrent pour lui une sorte de temple, un lieu où il allait se recueillir chaque fois qu'il était tenté de prendre ses responsabilités judiciaires à la légère ou encore trop au sérieux. C'était aujourd'hui bien plus : un coin béni, un sanctuaire, l'unique lieu où il se sentait en sécurité. La cicatrice laissée par la balle semblait avoir déclenché dans l'arbre une sorte d'élan vital : c'était, de toute la rangée, le seul qui avait produit un fruit complet. Une vaste blague, évidemment. Depuis des années qu'il était juge, il avait à maintes reprises été témoin des sales tours du destin. Il tendit la main vers la pomme. Après la pluie du matin, sa peau était humide et glissante, mais le poids familier, la plénitude ovale dans sa main, lui firent plaisir.
Il resta planté là, les mains de nouveau fourrées dans les poches de son blouson, dont il avait remonté le col pour se protéger des assauts du vent. Il vit alors quelque chose voiler et assombrir brièvement l'étroite ouverture sur la mer qu'on avait depuis le verger. Quiconque venait de la plage était forcément arrivé par bateau. Il eut une prémonition.

Extrait : (page 155)
"Ypres – et pourtant, je ne voyais qu'un nuage. Comme si la ville en ruines avait la couleur et la consistance d'un nuage. Un nuage brisé. Un nuage effiloché et déchiré, d'où aurait fui le fluide et le doux, un nuage dont il ne serait resté que des scories acérées et tranchantes, un nuage blessé. Derrière se profilait une silhouette crénelée, semblable à une lointaine chaîne de montagnes. A la longue, j'ai fini par y reconnaître des vestiges d'immeubles. Plus près, les montrant du doigt; aurait-on dit, des arbres en forme de glaives, comme ceux que nous avions déjà aperçus, clouaient le nuage au sol. L'odeur du plâtre mouillé était accablante. Seulement, elle s'accompagnait maintenant d'une puanteur fuligineuse. Plus moyen de respirer sans étouffer. Chacun regardait – jusqu'au bout de la route, les pèlerins étaient tournés du même côté, hypnotisés par la silhouette édentée, les nuages en lambeaux, les ruines déchiquetées.

Livre lu dans le cadre du partenariat logotwitter_bigger - logo 

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 > >>
A propos de livres...
Publicité
A propos de livres...
Newsletter
55 abonnés
Albums Photos
Visiteurs
Depuis la création 1 377 006
Publicité