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A propos de livres...
ados
11 octobre 2009

Inconnu à cette adresse - Kathrine-Kressmann Taylor

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Postface de Whit Burnett

traduit de l'anglais (États-Unis) par Michèle Lévy-Bram

Autrement – juin 2004 - 59 pages

Livre de Poche – mai 2004 – 89 pages

Livre de poche jeunesse – aout 2007 – 93 pages

 

Quatrième de couverture :

1er août 1933. «Tu es un libéral, Martin. Tu vois les choses à long terme. Je sais que tu ne peux pas te laisser entraîner dans cette folie par un mouvement populaire qui, aussi fort soit-il, est foncièrement meurtrier.»
18 août 1933. «Tu dis que nous persécutons les libéraux, Max, que nous brûlons les livres. Tu devrais te réveiller : est-ce que le chirurgien qui enlève un cancer fait preuve de ce sentimentalisme niais ? Il taille dans le vif, sans états d'âme. Oui, nous sommes cruels. La naissance est un acte brutal ; notre re-naissance l'est aussi.»

1932. Martin Schulse, un Allemand, et Max Eisenstein, un Juif américain, sont marchands de tableaux en Californie. Ils sont aussi unis par des liens plus qu'affectueux - fraternels.
Le premier décide de rentrer en Allemagne. C'est leur correspondance fictive entre 1932 et 1934 qui constitue ce livre, écrit par une Américaine en 1938, et salué à l'époque, aux États-Unis, comme un chef-d'œuvre. Incisif, court et au dénouement saisissant, ce livre capte l'Histoire avec justesse. C'est un instantané, une photographie prise sur le vif qui décrit sans complaisance, ni didactisme forcené, une tragédie intime et collective, celle de l'Allemagne nazie.

Auteur : Américaine d'origine allemande, Kathrine Kressmann est née en 1903 à Portland, Oregon (États-Unis). Après un diplôme de littérature et de journalisme de l’université d’Oregon, en 1919, elle déménage à San Francisco où elle devient correctrice et rédactrice dans la publicité. Elle commence à écrire pendant son temps libre, et elle est publiée à l’occasion dans divers petits magazines littéraires. En 1928, elle épouse Elliott Taylor, propriétaire d’une compagnie publicitaire, et devient femme au foyer. En 1938, le couple déménage à New York, où Story magazine accepte de publier sa nouvelle. Elle écrit "Inconnu a cette adresse", l’éditeur Whit Burnett et Elliott jugent que « cette histoire est trop forte pour avoir été écrite par une femme », et décident du pseudonyme masculin de Kressmann Taylor, qu’elle utilisa ensuite jusqu’à la fin de sa vie. En 1995, alors qu’elle a 92 ans, Story press réédite Inconnu à cette adresse pour fêter le 50e anniversaire de la libération des camps de concentration. La nouvelle est traduite en 20 langues. Le livre sort en France en 1999 et se vend à 600000 exemplaires. C'est un immense succès. Elle est finalement publiée en Allemagne en 2001, et rééditée en Grande-Bretagne en 2002. En Israël, la traduction en hébreu est un best-seller et est adaptée pour le théâtre. Plus de 100 représentations ont lieu, et la pièce est filmée et diffusée à l’occasion du jour de commémoration de la Shoah. Kathrine Taylor est morte en juillet 1997, à l’âge de 94 ans.

 

Mon avis : (lu en janvier 2008 et relu en octobre 2009)

Ce livre est en fait une nouvelle qui se lit très facilement. La postface nous apprend que cette histoire a été créée en 1938 à partir de lettres réellement écrites.

C'est une correspondance entre Max Eisenstein, un juif Américain vivant à San Francisco et son associé Martin Schulse rentré en Allemagne. La première lettre date de novembre 1932, la dernière de mars 1934. Au début, on constate une belle amitié entre les deux hommes, mais l'arrivée d'Hitler au pouvoir en janvier 1933 va faire changer Martin. Dans un premier temps, Max a du mal à croire que son ami ait pu tellement changer, il va se venger d'une manière inattendue. L'intrigue est menée de main de maître et la chute est parfaite...

C'est également un témoignage historique sur l'arrivée au pouvoir et sur la popularité d'Hitler en Allemagne à cette époque.

Cette histoire bouleversante et très forte. A lire et à faire lire absolument aux adultes mais aussi aux adolescents (à partir de 14 ans).

Extrait : (page 19) le 25 mars 1933

Cher vieux Max,
Tu as certainement entendu parler de ce qui se passe ici, et je suppose que cela t'intéresse de savoir comment nous vivons les événements de l'intérieur. Franchement, Max, je crois qu'à bon nombre d'égards Hitler est bon pour l'Allemagne, mais je n'en suis pas sûr. Maintenant, c'est lui qui, de fait, est le chef du gouvernement. Je doute que Hindenburg lui-même puisse le déloger du fait qu'on l'a obligé à le placer au pouvoir. L'homme électrise littéralement les foules ; il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d'un fanatique. Mais je m'interroge : est-il complètement sain d'esprit ? Ses escouades en chemises brunes sont issues de la populace. Elle pillent, et elles ont commencé à persécuter les juifs. Mais il ne s'agit peut-être là que d'incidents mineurs : la petite écume trouble qui se forme en surface quand bout le chaudron d'un grand mouvement. Car je te le dis, mon ami, c'est à l'émergence d'une force vive que nous assistons dans ce pays. Une force vive. Les gens se sentent stimulés, on s'en rend compte en marchant dans les rues, en entrant dans les magasins. Il se sont débarrassés de leur désespoir comme on enlève un vieux manteau. Ils n'ont plus honte, ils croient de nouveau à l'avenir. Peut-être va-t-on trouver un moyen pour mettre fin à la misère. Quelque chose – j'ignore quoi – va se produire. On a trouvé un Guide ! Pourtant, prudent, je me dis tout bas : où cela va-t-il nous mener ? Vaincre le désespoir nous engage souvent dans des directions insensées.

Naturellement, je n'exprime pas mes doute en public. Puisque je suis désormais un personnage officiel au service du nouveau régime, je clame au contraire ma jubilation sur tous les toits. Ceux d'entre nous, les fonctionnaires de l'administration locale, qui tiennent à leur peau sont prompts à rejoindre le national-socialisme – c'est le nom du parti de Herr Hitler. Mais en même temps, cette attitude est bien plus qu'un simple expédient : c'est la conscience que nous, le peuple allemand, sommes en voie d'accomplir notre destinée ; que l'avenir s'élance vers nous telle une vague prête à déferler. Nous aussi nous devons bouger, mais dans le sens de la vague, et non à contre-courant. De graves injustices se commettent encore aujourd'hui. Les troupes d'assaut célèbrent leur victoire, et chaque visage ensanglanté qu'on croise vous fait secrètement saigner le cœur. Mais tout cela est transitoire ; si la finalité est juste, ces incidents passagers seront vite oubliés. L'Histoire s'écrira sur une page blanche et propre.

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10 octobre 2009

Entre Dieu et moi, c’est fini – Katarina Mazetti

entre_dieu_et_moi_c_est_finiGaïa – octobre 2007 – 157 pages

Traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss

Quatrième de couverture :

Linnea a seize ans, plein de complexes, et pas mal de questions qui lui trottent dans la tête. La seule qui la comprenait, c’était Pia. Sa meilleure amie, son amie pour la vie. Enfin, pour cent vingt jours, « sans compter les week-ends », Linnea a fait le calcul une fois. Maintenant que Pia est morte. Avec Pia, elle pouvait parler de tout : de l’amour, de la mode, de Markus, le beau gosse dont toutes les filles rêvent, du prof de bio qui devait se faire interner mais qui au lieu de ça harcèle la classe entière, de son père qu’elle voit deux fois par an, de sa mère qui a une liaison tumultueuse. Et de Dieu. Qu’est-ce que ça signifie « croire en Dieu »? Car ce n’est pas exactement la même chose que le père Noël. Une chose est sûre, ce n’est pas la peine de compter sur Dieu pour résoudre les équations du second degré. Seulement voilà, Pia s’est jetée sous un train. Alors Linnea se souvient, puisque comme dit son excentrique grand-mère, « pour pouvoir oublier quelque chose, il faut d’abord bien s’en souvenir ». Emouvant et drôle.

Biographie de l'auteur
Katarina Mazetti est née à Stockholm en 1944, journaliste puis enseignante, elle est aujourd'hui une écrivain prolifique. Elle est l'auteur de romans pour adultes (Le mec de la tombe d'à côté, Les larmes de Tarzan), pour enfants et pour adolescents.

Mon avis : (lu en octobre 2009)

J’ai découvert cette auteur avec "Le mec de la tombe d'à côté" puis "Les larmes de Tarzan". Ce livre est destiné aussi bien aux adultes, qu’aux adolescents.

C’est l’histoire de Linnea une adolescente suédoise de 16 ans pleine de contradictions. Elle vit avec sa mère, son beau-père Ingo et son petit frère de 9 ans Knotte. Elle est secrètement amoureuse du beau Markus. Elle se pose mille et une questions sur sa vie, son avenir, sur l’amour, sur Dieu… Une seule personne l’a vraiment comprise, son amie Pia. Ce livre nous raconte avec humour, l’amitié entre Linnea et Pia, une amitié qui va durer moins longtemps que prévu, car elle va se terminer sur un drame. Linnea (et le lecteur) veut comprendre et surtout accepter et vivre avec ce qui s’est passée.

Un beau livre à la fois drôle et émouvant qui se lit très facilement.

On peut retrouver le personnage de Linnea dans deux autres livres de Katarina Mazetti

entre_le_chaperon_rouge Entre le chaperon rouge et le loup, c'est fini (février 2008)

la_fin_n_est_que_le La fin n'est que le début (mars 2009)

Extrait : (début du livre)

Cette nuit, j’ai rêvé du mur. Ce mur auquel j’ai parlé tout au long de l’été dernier.

« On a vraiment l’impression de parler à un mur », me disaient-ils toujours après m’avoir soûlée pendant trois heures avec leurs trucs. Des trucs de merde, genre qu’ « on » ne sort pas à vélo quand il pleut des cordes et qu’ « on » ne donne pas ses vêtements aux autres. Et que même si je pense que mon répugnant prof de bio devrait se faire interner, c’est quand même lui qui me donne les notes qui vont rester dans mon dossier scolaire. Des trucs habituels qui te cassent les pieds.

C’est pour ça que je me suis efforcée d’imiter un mur. Un mur, ça se tait. Ça à l’air d’être en veille quand on lui parle. Ça reste muré dans son silence, en toute indépendance. Moi, d’ailleurs, je préfère parler à un mur plutôt qu’à la plupart des gens. Les murs ne te font pas ces remarques ridicules que t’as pas envie d’entendre mais qui te trottent quand même dans la tête. Les murs ont toujours le temps. Les murs sont toujours là, ils ne courent pas à des réunions un soir sur deux, ils n’ont pas de séminaires et ne sont pas non plus obligés de téléphoner à Betta pendant trois heures.

Un mur n’écoute peut-être pas. Mais de toute manière, personne n’écoute.

Mon mur à moi se trouve à l’intérieur d’un grand dressing dans la maison de ma grand-mère. On l’a tapissé, je ne sais pas pourquoi, avec le même papier peint que celui que maman avait dans sa chambre de jeune fille, un machin gris parsemé de triangles, de lignes et de points orange et vert kaki. Dans les années cinquante, il avait sans doute été neuf et propre. On y découvre toujours quelque chose de nouveau quand on le fixe en pensant à autre chose. Et il est capable de consoler.        

12 septembre 2009

La sixième – Susie Morgenstern

La_sixieme Ecoles des Loisirs – janvier 1985 – 142 pages

Résumé du livre :

C'est officiel. Margot tient la lettre entre ses mains. Elle est admise en sixième au collège du Parc des Grands Pins. Enfin elle sera lycéenne, elle sera grande. D'abord les préparatifs, il faut acheter le carnet de correspondance, se munir de photos d'identité, il faut des photocopies des certificats de vaccination. Enfin, elle doit décider comment s'habiller pour ce premier jour. Sa soeur aînée est catégorique : jean et surtout pas de cartable ! Le premier jour arrive. Tout le monde avait un cartable et plein de filles étaient habillées en jupe ! Malgré cette déconvenue, Margot s'est retrouvée dûment insérée dans une classe et comme elle est pleine de bonne volonté et qu'elle rêve d'être populaire, elle est volontaire pour être déléguée de classe provisoire. Margot est consciencieuse, bonne élève, habitée par plein de bonnes intentions. Elle va devenir déléguée élue par la classe, et elle veut être responsable. Elle veut que sa classe chahuteuse et plutôt nulle devienne une classe exemplaire. Alors elle organise, elle entreprend. Mais rien ne marche comme prévu et les dépenses d'énergie se retournent souvent contre elle. Alors elle tempère. Un voyage à Rome de toutes les sixièmes renforce des amitiés. Puis une grève des profs providentielle fait vivre une belle journée à la sixième de Margot. Une journée où tous ensemble ils avaient vécu à leur goût.

Auteur : Née à Newark, New Jersey le 18 mars 1945, après des études littéraires, Susie Morgenstern, Française d'origine américaine, s'installe en France et se marie avec un mathématicien français. Elle abandonne ses activités de critiques littéraires pour se consacrer à l'écriture de romans et d'albums pour les jeunes lecteurs qu'elle n'hésite pas à illustrer elle-même à l'occasion. Auteur prolixe, principalement éditée par l'Ecole des Loisirs, elle reçoit de nombreuses récompenses, comme le Grand Prix du livre pour la jeunesse avec 'C' est pas juste', en 1981, le prix Loisirs Jeunes Lecteurs pour 'Un anniversaire pomme de terre' et le prix 1000 jeunes lecteurs pour 'Les deux moitiés de l'amitié' et 'Oukélé la télé', illustré par Pef. Certains de ses romans sont adaptés au cinéma ou à la télévision, comme 'L' amerloque' en 1996. Ses récits s'inscrivent dans la réalité : 'J' aime espionner la vie de tous les jours et essayer de construire autour de ce monde réel'. Elle enseigne aussi l'anglais à l'université de Nice, et trouve encore le temps de participer à des rencontres avec les enfants dans les écoles. Parmi ses nombreux livres, les plus célèbres sont 'La sixième', 'Même les princesses doivent aller à l'école', 'Lettres d'amour de 0 à 10', prix Chronos 6ème/5ème en 1997, et 'Joker', prix Chronos CE1/CE2 en 2000. Ils rencontrent un véritable succès auprès du jeune public qui ne se dément pas. Invitée au Salon du livre de Paris en 2005, Susie Morgenstern y fête ses soixante ans et ses soixante livres.

Mon avis : (lu en septembre 2009)

Après avoir lu ce livre pour son cours de Français, mon plus jeune fils m’a encouragé à le lire. Il l’a lu facilement mais n’a pas été enthousiaste… Il est vrai que l’héroïne est une fille et qu’il n’a pas vraiment pu s’identifier à Margot !

Pour ma part, le livre m’a paru un peu vieillot, cette 6ème est plus proche de celle que j’ai connu que celle de mon fils aujourd’hui. Cependant ce livre donne un bon aperçu de ce qu'est la vie d'un élève en classe de sixième : les différents professeurs, la cantine peu appétissante, la densité de la journée de cours, la peur d’avoir un zéroCette classe est particulièrement dissipée, bavarde ne travaillant pas !  Margot est attachante tout d’abord dans sa grande envie de faire son entrée en 6ème, puis dans son rôle de déléguée : elle est volontaire, elle voudrait réussir à faire changer sa classe.

Un bon livre plein d'humour à faire lire à un futur collégien ou collégienne pour dédramatiser ce passage important.

Extrait : (page 27)

C’était le mercredi du papier de brouillon, du papier à double interligne, du papier à carreaux et de mille articles dépistés dans les rayons « Rentrée scolaire » parmi la foule d’enfants et de parents à la recherche urgente de stylos à bille, de cahiers de textes, de cartons, gommes et compagnie.

Margot était furieuse de voir toute la population de la ville se jeter dans ces achats le même jour. S’il n’y avait pas eu tant le monde, ça aurait pu être agréable mais c’était de la folie dans les magasins avec ces queues interminables pour payer. Elle voyait quelques visages de sa classe qui attendaient aussi. Margot avait la tête qui tournait. De retour à la maison, épuisée, elle vérifia si ses achats correspondaient bien à sa liste. A sa stupéfaction il y avait une douzaine de petites choses qui manquaient. Elle se mit à fouiller dans ses placards et dans de vieux sacs et en mendiants chez Anne elle combla à peu près le déficit. Elle vida son cartable des quelques bricoles qu’il contenait. En regardant son matériel et son horaire, elle rangea méthodiquement, cérémonieusement, ses affaires pour le lendemain. Au lit elle essaya d’apprendre par cœur les numéros des salles de classe : français : 212 ; anglais : 319 ; histoire-géo : 230 ; sciences-nat. : 324. Elle était sûre de se perdre. Elle rêva cette nuit d’un labyrinthe épouvantable et inextricable.

Le matin elle réussit à trouver la salle 212 et se félicita de son bon sens. Leur professeur leur donna un examen pour déterminer leur niveau. Denise lui fit un signe de dégoût. Il annonça sans enthousiasme qu’ils allaient lire Le Médecin malgré lui de Molière et il dicta les premiers devoirs. Il s’agissait d’une rédaction sur un quart d’heure de leur vie.

En anglais Margot appris à dire « le chat, le chien, le livre, le tableau noir, la craie, le professeur, la table ». Les élèves étaient hilares, se sentant comme des bébés qui apprennent à parler. Dan, excité, n’arrêtait pas de crier « Speak English ? » et « How do you do ? »

Au bout des deux premières heures, elle ne se sentait plus du tout en forme pour affronter les deux heures de maths qui allaient suivre. Elle ne pouvait pas s’empêcher de penser que la vie serait bien plus belle sans cette matière. Annick trouva le prof « extra ». « Pas moi », affirma Margot. Le mieux que l’on pouvait dire à l’avantage de ce cours, c’est que le prof n’avait pas donné de devoirs.

A midi, elle était suffisamment affamée pour se joindre à la ruée vers la cantine. Voilà un moment qui promettait d’être agréable. Elle était toujours prête à manger. Mais c’était la débandade. Elle avait peur d’être piétinée ou écrasée par la foule d’enfants et de cartables. Petit à petit, la panique la saisit. Elle se sentait emprisonnée, étouffée. Poussée par le courant, Margot se précipita devant l’entrée du réfectoire où un surveillant annonça qu’il n’y avait plus de place pour le premier service.

20 août 2009

Déchaîné – Ally Kennen

d_chain_ Gallimard-Jeunesse – septembre 2008 – 351 pages

traduit de l’anglais par Alice Marchand

Présentation de l'éditeur
Ça fait quoi d'être copain avec un tueur ? Et comment ils écrivent ces gars-là ? Quand Charlie s'inscrit sur un site Internet pour correspondre avec un condamné à mort, il n'a pas d'autre ambition que d'assouvir sa curiosité. Mais le jour où il reçoit de "son prisonnier", Lenny Sherry, un courrier, posté de Bexton, sa propre ville, Charlie comprend qu'il s'est lancé dans un jeu dangereux et qu'il aurait vraiment mieux fait de continuer à voler des camions et à sécher les cours. Après La Bête, le nouveau roman de la jeune et impertinente Ally Kennen. Frissons, humour et évasion garantis !

Biographie de l'auteur
Ally Kennen est anglaise. Elle a grandi à Exmoor dans une ferme isolée très rudimentaire avec de nombreux enfants et adolescents. Elle a été auxiliaire de vie scolaire, puéricultrice, gardienne de musée et archéologue. Elle est aussi chanteuse professionnelle. Une de ses chansons a figuré au Top 50 britannique. Elle vit à Bristol avec son mari et sa petite fille.

Mon avis : (lu en août 2009)

Encore un livre que je lis sur le conseil de mon fils aîné. Ce livre «ado» est, d'après l'éditeur, destiné à partir de 14 ans, car la violence y est assez présent surtout au début... En effet, on découvre le héros Charlie Parsons qui vient de se faire trancher une phalange de son majeur gauche par son meilleur ami, surnommé Démon, au cours d'un jeu stupide avec un couteau... Charlie est un petit délinquant, son père est absent, sa mère dépressive et sa grand-mère plutôt revêche : il s'amuse à voler un camion puis fait un rodéo sur l'autoroute, il a aussi l'idée de correspondre avec un condamné à mort en se faisant passer pour sa mère (car il n'est pas majeur)... Lors d'un séjour en prison, Charlie va recevoir une lettre de son correspondant, Lenny qui a été libéré pour vice de forme et qui est revenu dans son propre village. Cela commence à faire peur à Charlie, en effet Lenny est devenu le petit copain de sa mère...

Le récit est plein d'humour noir et l'on se surprend souvent à rire, mais la fin semble plus convenue qu'elle n'en à l'air... J'avais oublié un détail de l'intrigue pour comprendre réellement le message de la dernière lettre de Lenny à Charlie. J'ai passé un bon moment en lisant ce livre d'humour noir anglais.

Extrait : (début du livre)
C'est Démon qui avait mon doigt. On traînait sous le pont avec la bande habituelle : les jumeaux Farrow, Connor Blacker, la sœur de Démon - Lexi - et sa copine moche, Debbie. C'était le bout de mon majeur de la main gauche. Et sans le majeur, plus moyen de faire des doigts. Pour un mec comme moi, c'est vraiment la honte, t'imagines ? Comment je suis censé m'exprimer ?
Bref, on faisait les cons sur le chemin de halage, au bord du canal. Il y a genre un million de noms tagués sous le pont. Ça me rappelle les monuments aux morts, tu vois, avec tous ces noms de soldats tués à la guerre.
Parmi les noms les plus récents, il y a le mien.
CHARLIE PARSONS
Je suis juste en dessous de Démon, mais il y a d'autres noms dont mes yeux n'arrivent pas à se détacher. Pile de l'autre côté, il y en a un qui est tracé à la bombe en grosses lettres roses.

SELBY P.

Juste à côté, en lettres blanches tarabiscotées, mais bien nettes, ça dit LE GLAÇON , et il y a un poing dessiné autour des deux noms. C'est les tags de mes frères. Ils ne sont pas dans le coin.

Les autres tags que je regarde sont en plein milieu de l'arche, à peu près à mi-hauteur. Ils sont couverts de mousse et pas mal délavés, mais on ne laisse personne repeindre par dessus.

J.JUBY C'est le père de Démon.

NAPPY PARSON Et ça, c'est mon vieux. C'est une tradition familiale...

8 août 2009

Trois Ombres – Cyril Pedrosa

trois_ombres Delcourt - Septembre 2007 – 268 pages

Présentation de l'éditeur
Joachim et ses parents vivaient heureux au creux des collines. Puis les ombres apparurent et rien ne fut plus comme avant. Une sourde menace s'était immiscée : il fallait fuir ou se soumettre.

Biographie de l'auteur
Cyril Pedrosa est né en 1972. Lecteur assidu de Mickey Parade et Astérix, il décide à six ans d'être dessinateur de bande dessinée. Ses parents sont ravis mais lui suggèrent de poursuivre un peu ses études. Presque trente ans plus tard, il aime toujours écrire des histoires et les dessiner. Parallèlement à sa collaboration fidèle et fructueuse avec David Chauvel (Ring Circus), Trois ombres est, après Les Cœurs solitaires (éditions Dupuis), le deuxième livre seul en piste de Cyril : la recherche d'une expression plus personnelle qu'il compte bien continuer à explorer...

Mon avis : (lu en août 2009)

Extrait : (début du livre)

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Allez lire une interview très intéressante de Cyril Pedrosa sur "Trois ombres" chez ActuaBD.

Dans cette BD, l'auteur aborde le sujet difficile de la perte d'un enfant sous la forme d'un conte fantastique. Joachim vit avec ses parents dans une maison isolée. La famille est unie et heureuse jusqu'au jour où apparaissent trois ombres sur la colline face à la maison. Qui sont ses ombres ? Que veulent-elles ? Les parents vont comprendre que ces "ombres" sont venues pour "chercher" Joachim, pour l'emporter loin d'eux. Son père décide de s'enfuir avec son petit garçon. Ils vont vivre des aventures sur un bateau. Mais fuir, ne sert à rien, il ne peut pas échapper aux ombres.

Le dessin en noir et blanc est très réussi, il donne une force supplémentaire à ce récit d'aventure sur l'amour et la mort. Plusieurs types de graphismes sont utilisés en fonction du déroulement et des parties réalistes ou magiques de l'histoire. Pour terminer l'auteur nous laisse une lueur d'espoir en citant un très joli poème que voici :

"Dans ce paysage de printemps

il n'y a ni meilleur ni pire

les branches des fleurs poussent naturellement

certaines sont longues certaines sont courtes."

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29 juillet 2009

Allez, France ! - Janine Boissard

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Robert Laffont – avril 2007 – 214 pages

Pocket – mai 2008 – 217 pages

Présentation de l'éditeur
"Je m'appelle France, j'ai neuf ans et je viens d'entrer en CM 1.
Dans ma classe, il y a les trois sortes de familles : les vraies. les monoparentales et les recomposées. Depuis le divorce, j'habite juste avec maman. alors moi, c'est la monoparentale. J'aime pas.
J'ai deux grands-mères qui s'entendent moyen et un seul grand-père. Personne ne sait où est passé celui qui manque et ça me fait comme un trou au cœur.
Heureusement, il y a l'école, où Mme la Directrice a dit qu'on était tous frères. Mes meilleures copines, c'est Fatima et Maria, mais on rigole bien aussi avec Ali, Tibère, Romain, Baudouin, qui a une cravate. Ahmed et Israël. Sans compter notre maître. Hugo, hypercool.
Maintenant, je vais vous raconter pourquoi tout le monde dit qu'on est la pire classe de l'école..."
Gaies et tendres, drôles et émouvantes, les aventures d'une petite fille d'aujourd'hui qui n'a pas la langue dans sa poche. Après " la Poison", la jeune héroïne de L'Esprit de famille, découvrez France. sa petite sœur des années 2000.

Auteur : Janine Boissard est née et a fait ses études à Paris. Très jeune, elle a choisi de se consacrer à l'écriture et publie son premier roman, "Driss", à vingt-deux ans chez René Julliard. Ce livre est signé, comme les trois suivants chez le même éditeur, de son nom de femme mariée : Janine Oriano. Toujours sous le nom d'Oriano, elle se lance dans le roman noir: "Un peu par jeu, parce que toutes les formes d'écriture m'intéressent, et aussi parce qu'on m'avait dit que c'était une façon de vivre de sa plume..." Elle est ainsi la première femme à entrer dans la fameuse "Série Noire" avec "B comme Baptiste".

En 1977, Janine Oriano reprend son nom de jeune fille pour publier aux éditions Fayard sa célèbre saga "L'Esprit de famille" (six volumes en tout, de 1977 à 1984). L'évolution de la société, les chambardements dans la famille, les problèmes de couple, ceux de l'adolescence, ceux de la femme moderne face au monde du travail sont ses thèmes favoris. En 1996, elle publie "Une Femme en blanc" (Robert Laffont), un formidable succès en librairie, traduit en Allemagne et en Italie; sans oublier la série télévisée en six épisodes, diffusée en 1997 sur France 2, avec Sandrine Bonnaire.

Également scénariste, adaptatrice, dialoguiste pour la télévision, Janine Boissard a publié à ce jour une trentaine de livres dont Malek (2008) . Décorée des Palmes Académiques pour son action auprès de la jeunesse, elle vit de sa plume depuis vingt ans. L'écriture est, dit-elle, "à la fois ma passion, un métier exigeant et ma façon de respirer".

Mon avis : (lu en juillet 2009)

J'ai trouvé ce livre dans la maison où je passais mes vacances, moi qui ai découvert Janine Boissard avec sa série "L'Esprit de famille" lorsque j'étais adolescente et depuis j'ai lu beaucoup de livres de cette auteur. Cette lecture a été rapide et distrayante, on suit le quotidien de France, petite fille de 9 ans, chez ses parents séparés, ses grand-parents et surtout à l'école dans sa classe de CM1. On retrouve un peu le ton du Petit Nicolas mais de nos jours avec les copains, les bêtises... C'est un récit d'enfant émouvant, plein de tendresse et de fraîcheur.

Extrait :
À l'école, notre maîtresse est toujours en arrêt maladie. On n'a pas envie qu'elle guérisse parce qu'on préfère garder Hugo.
Il y a eu du ramdam dans les places en classe. Dong et Tibère sont passés du côté des filles. Dong parce qu'il est pacifiste et qu'il a peur pour ses lunettes. Tibère parce que, s'il se bat, sa maman descendra la télé à la cave.
Anne-Laure, qui est un garçon manqué et a trois frères, est passée du côté des bagarreurs qui ne lui font pas peur. Ludivine aussi parce qu'elle est son amie de cœur.
Toutes les deux sont les meilleures élèves de la classe. Ludivine a même été nommée chef de rang, ce qui donne des responsabilités. Par exemple, c'est elle qui efface le tableau et tape la brosse sur les murs de la cour en faisant des petits nuages de poussière. J'aimerais bien être chef de rang mais pour ça j'ai encore du chemin à faire.
On a compris pourquoi Ali dormait tout le temps. Il a des coups de barre parce que justement il habite dans une barre avec tellement de frères et de soeurs qu'il n'arrive pas à les compter.
Patatras ! Dès la première lecture à voix haute, Hugo a découvert qu'un quart de la classe était dyslexique. La dyslexie est la maladie de la lecture. Tu lis en charabia. Les fautes d'orthographe sont son effet secondaire. Là, tu écris en verlan sans faire exprès. Total, l'enfant tombe en échec scolaire, il se décourage de s'instruire et, si on n'y prend pas garde, il se retrouve en zone d'éducation prioritaire.
Pour bien fourrer dans nos têtes de bourricots que la dyslexie n'était pas une maladie honteuse, Hugo a affiché au mur la photo d'un vieux monsieur ébouriffé qui tire drôlement la langue. Il s'appelle Albert Einstein. Quand il avait notre âge, il était dyslexique et gaucher par-dessus le marché. Eh bien devinez, mauvaise troupe : il est devenu un grand savant connu du monde entier. C'est pour ça qu'il lui tire la langue.

25 juin 2009

Karambolage : tome 2 – Claire Doutriaux

lu dans le cadre de l'opération babelio

karambolage_2 Seuil – octobre 2007 – 197 pages

Présentation de l'éditeur
Le deuxième tome de KaramboLaGe ! De la Fernsehturm à la toile de Jouy, de la tâche au Hiztefrei, de la Kehrwoche au bal des pompiers, mais aussi de la prestation de serment d'Angela Merkel aux accolades des chefs d'État, ces autres objets, mots, expressions, symboles, rites et analyses d'images complètent la petite mythologie du quotidien des Français et des Allemands. Après le succès du premier tome, KaramboLaGe continue de creuser son sillon et décrypte avec jubilation les us et coutumes de part et d'autre du Rhin.

Les auteurs :

Claire Doutriaux a découvert l'Allemagne enfant dans une famille de Düren où elle passait régulièrement les vacances de Pâques. Plus tard, elle a vécu une quinzaine d'années à Hambourg et a rejoint ARTE dès sa création. Karambolage est né de l'envie de réunir les fils d'une existence qui navigue entre deux pays. Alexandra Brodin, Nathalie Karanfilovic, Marco Kasang, Eva Könnemann, Jeanette Konrad , Hajo Kruse , Waltraud Legros, Olaf Niebling, Nikola Obermann, Katja Petrovic, Maija-Lene Rettig, Rainer Rother, Hinrich Schmidt-Henkel, Karine Waldschmidt, Bettina Wohlfarth.

Mon avis : (lu en juin 2009)

Karambolage" est avant tout une émission de télévision diffusée sur Arte, le dimanche à 20h00 depuis janvier 2004, "qui jette un regard amusé sur les particularités des Allemands et des Français."

Karambolage

Depuis 3 ans, nous regardons très régulièrement cette émission en famille. Les deux aînés font de l’allemand en classe, le dernier commencera à la rentrée prochaine. Cette émission dure 10 minutes et nous apprenons beaucoup de choses sur nos habitudes et nos coutumes en France et en Allemagne. A la fin de chaque émission il y a une photo-devinette : la photo a-t-elle été prise en Allemagne ou en France, qu’elle est l’indice ?

Ce livre rassemble par chapitres des articles de chacune des chroniques de l'émission :

L'objet / der Gegenstand : description et utilisation d'un objet spécifique ou commun à l'Allemagne ou à la France - Exemples : la cabine de plage, der Fernsehturm (la tour de télévision)...

Le symbole / das Symbol : description et histoire de symboles importants pour la France ou pour l'Allemagne – Exemples : les drapeaux, les hymnes nationaux, la porte de Brandebourg...

Le mot / das Wort : étymologie et origine de mots ou d'expressions qui se retrouvent dans les deux langues - Exemples : choucroute, banc – bank - banque...

Le quotidien / der Alltag : Exemples : la numérotation des rues à Berlin, l'alliance portée à gauche en France et à droite en Allemagne...

Le rite / der Brauch : Exemple : der Maibaum (l'arbre de Mai), la chandeleur...

L'analyse d'image / die Bildanalyse : analyse de situations historiques – Exemples : La prestation de serment (die Eidesleistung), trois gestes historiques échangés entre chefs d'Etat français et allemands...

En bonus, tout au long du livre nous retrouvons douze photos-devinette : France - Deutschland avec les solutions en fin du livre !

Les textes sont bien écrits, courts avec un ton enjoué et beaucoup de sens critique.

Petit bémol pour les illustrations, issues d'image vidéo et comme le signale une note de l'éditeur au début du livre, qui sont parfois un peu pixellisées.

Aimant beaucoup l'émission Karambolage sur Arte, j'ai été contente de retrouver des chroniques vues à la télévision ou d'en découvrir des nouvelles.

lu dans le cadre de l'opération babelio

21 juin 2009

Kilomètre zéro - Vincent Cuvellier

kilom_tre_z_ro Edition du Rouergue – mars 2002 – 171 pages

Quatrième de couverture
Voilà des mois que son père ne lui parle plus que de ses mauvaises notes en maths, quand ils partent pour trois semaines de randonnée, sac à dos sur les épaules. Une idée super nulle, pense Benjamin. Traverser la moitié de la France à pied, pour quoi faire? Dormir dans la même tente que son père qui pue des pieds et ronfle? Mais les kilomètres passent, et Benjamin finit par ne plus s'ennuyer. Marcher au même pas que son père, discuter avec lui dans la nuit, manger des patates à la braise... Comme deux vieux loups solitaires qui auraient plein de choses à partager.

L'auteur vu par l'éditeur
Né en 1969 à Brest, Vincent Cuvelier vit à Rennes. Il a publié deux livres, La Troisième vie (Milan, Prix du jeune écrivain), et Marre des cauchemars (Éditions Batsberg).

Mon avis : (lu en juin 2009)

Voici une lecture amusante avec des personnages attachants qui se lit très facilement. C'est l'histoire de Benjamin 12 ans, ses parents sont divorcés. Il nous raconte kilomètre après kilomètre les vacances originales que lui a « imposé » son père : une randonnée à pied à travers la France pendant 1 mois. Au début, Benjamin est grognon, son sac est lourd, le silence est pesant entre le père et le fils. Peu à peu, ils avalent les kilomètres, Benjamin se met à apprécier cette belle randonnée : dormir sous les étoiles, manger des pommes de terre cuites dans la braise. Tout au long du chemin GR, le père et le fils vont faire de nombreuses rencontres. Grâce à ces vacances pas comme les autres, Benjamin va retrouver et partager une nouvelle complicité avec son père.

Extrait :

Kilomètre un

Il se retourne et me regarde pour la première fois depuis notre départ.

- Ça va ?

Il sourit. Pas moi, mais alors pas du tout.

- C'est joli, non ?

- Super, je réponds.

Je vais rien dire pendant un mois, ça lui apprendra.

Il a les chaussettes qui montent jusqu'aux genoux et il fait semblant d'être content.

Mes jambes sont lourdes, mes yeux sont lourds, mon sac est lourd.

Il est déjà dix mètres devant moi. Y a rien dans cette forêt, pas un bruit, pas un rayon de lumière.

C'est nul.

Kilomètre 2

C'est super nul.

Kilomètre 5

Allez, on s'arrête un peu, si tu veux.

Je jette mon sac par terre et je me jette dessus. Crevé.

On boit sans rien dire. Papa souffle. Il est déjà en sueur. Je crois qu'il pense comme moi. Qu'on ferait mieux de rentrer, d'enlever nos chaussures, nos shorts, nos chaussettes aux genoux, de monter dans la voiture et de rentrer chez nous.

- T'as compris pour les balises ?

Hein ? Quoi ?

- Les balises, t'as compris ? On va suivre tout le temps les rouges et les blanches. Ce sont les couleurs des GR, des chemins de grande randonnée.

- Ah ouais, et pourquoi on suit pas les chemins de petite randonnée ? Je demande.

- Parce que traverser la moitié de la France, c'est une grande randonnée.

Ça y est. Il l'a dit. Il avait pas encore osé, mais je savais que c'était ça, son idée de fou. Traverser la moitié de la France. Partir de chez nous pour arriver au pied des Pyrénées. Le voilà, son truc. Son truc de dingo taré.

24 mai 2009

Une chaussette dans la tête – Susan Vaught

une_chaussette_dans_la_t_te

traduit de l'anglais (États-Unis) par Amélie Sarn

Milan – février 2008 – 360 pages

Quatrième de couverture

Je prends le cahier blanc posé à côté de moi. Celui avec "Hatch Jersey" écrit en lettres rouges sur la tranche. Et puis je le pose sur mes genoux sans le fermer : il me sert à rien s'il est fermé. Il me faut un cahier de mémoire depuis que j'ai eu une balle dans la tête. Si j'ai bien eu une balle dans la tête.

Jersey Hatch veut savoir. Savoir pourquoi son meilleur ami refuse de lui parler. Pourquoi sa famille se déchire. Pourquoi tout le monde lui cache la vérité. Mais surtout, pourquoi sa vie d'avant a volé en éclats...

Auteur : Susan Vaught est née le 22 Octobre 1966 et combine le métier d'écrivain et de psychologue spécialisée en neuropsychiatrie. Elle travaille souvent avec des enfants et adolescents et a écrit plusieurs livres pour les jeunes adultes. Seul Une chaussette dans la tête a été traduit en France pour le moment. Elle est quotidiennement confrontée au suicide, ce qui explique l'origine de ce livre.
Aujourd'hui, Susan Vaught et sa famille – 2 enfants, 3 chiens, 5 chats et 8 poules – vivent dans une ferme du Tennessee.

 

Mon avis : (lu en mai 2009)

J'ai lu ce livre sur le conseil de mon fils. C'est l'histoire de Jersey Hatch, 17 ans qui retourne chez lui après une année passée à l'hôpital. Il a tenté de se suicider, maintenant sa vie est bouleversée : il a des cicatrices, un œil en moins, une paralysie du côté gauche et surtout il ne se rappelle plus de rien. Il ne se rappelle plus de l'année qui a précédé sa tentative de suicide. Il a perdu une partie de sa mémoire, ses paroles se mélangent. L'histoire nous plonge dans les pensées défaillantes de Jersey. Pour lui c'est une nouvelle vie, celle de l'après "suicide". Il veut comprendre pourquoi il s'est tiré une balle dans la tête. Il va petit à petit comprendre que son geste a également bouleversé son entourage, ses parents, ses amis...

Le thème de ce livre est difficile, mais la lecture de ce livre reste facile, Jersey est terriblement attachant. A la fin du livre, l'auteur nous explique que le suicide est l'une des trois causes principales de mortalité chez les adolescents aux États-Unis et en Europe. Avec ce livre, Susan Vaught nous montre les dégâts souvent terrible des tentatives ratées. Un roman bouleversant.

Extrait : (page 25)

Je fais un rêve...mes deux jambes et mes deux bras fonctionnent... je n'ai pas de cicatrice... je suis assis sur le bord de mon lit, vêtu de mon uniforme d'aspirant, et je tiens un revolver. La poussière de ma chambre danse dans les rayons du soleil et efface les marques de coups de pied dans les murs et dans la porte. Mes doigts me picotent pendant que je mets le revolver dans ma bouche. Je referme mes lèvres autour du métal froid. Ça a un goût de graisse et de poussière. Je ne peux pas. Pas dans la bouche. Je tremble, mais je mets le revolver sur ma tempe. J'enfonce le canon. Je ne pense à rien sauf au contact du canon sur ma peau et aussi qu'il y a beaucoup de poussière dans ma chambre. A des endroits que je n'avais même pas soupçonnés. Je presse la détente, je regarde la poussière et je sens ma main qui tremble et je ne pense à rien et il y a un bruit et du feu et plus rien. Plus rien du tout.

Ce n'est qu'un rêve. J'ai inventé cette scène parce que je ne me rappelle jamais rien et que ça me rend à moitié fou. Je fais ce rêve toutes les nuits. Fou. Mais je ne l'ai dit à personne. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai dit à personne, mais il y a des tas de choses que je ne dis pas. Même au psy de Carter. Fou. Maintenant je suis devant la maison, là où se déroule le rêve, et il faut que j'entre. Sinon je ne serai qu'un gros bébé stupide et pas du tout pragmatique. Le génie de cinq ans qui suce son pouce.

Maman entre et disparaît avant que j'aie atteint la porte. Papa suit, il porte mes sacs. J'ai mon cahier de mémoire, mais je ne peux pas porter mes sacs à cause de mon équilibre. Ma jambe gauche, faut que je la traîne. Parfois, je trébuche sur mon propre pied. Et j'oublie tout le temps mon bras gauche.

Je le cogne sans arrêt dans les encadrements de porte et dans les chaises, et du coup, je trébuche encore plus sur mon pied. C'est pour ça que les photos me font pleurer.

Elles sont accrochées de chaque côté du couloir, c'est la première chose qu'on voit en entrant. Il y a un garçon dans les cadres. Un garçon en uniforme d'aspirant de l'armée, un garçon en short avec sous le bras un casque de football. Un garçon avec des clubs de golf sur un green en compagnie d'un autre garçon qui ne lui parlait plus depuis longtemps avant qu'il appuie sur la détente. Sur ces photos, le garçon a des cheveux châtains ondulés et pas de trous dans la tête, ni dans la gorge, et je sais que c'est moi... sauf que ça se peut pas. Alors je serre contre moi mon cahier mémoire et j'ai mal au creux du ventre et je pleure.

Papa arrive derrière moi et pose mes sacs. Pendant une seconde ou deux, il boutonne et déboutonne sa veste. C'est un truc que je n'arriverais pas à faire, même avec beaucoup d'aide. Et puis, il passe son bras autour de mes épaules.

- Viens, allons à l'étage, me murmure-t-il de sa voix « je suis avec toi, fils ». Fais attention et tiens-toi bien à la rampe.

Je hoche la tête et je m'essuie les joues avec mon T-shirt. Des larmes ont roulé sur mon cahier de mémoire mais l'écriture sur la tranche n'a pas coulé. Même pas un petit peu. Le crayon accroché à la ficelle sale se balance d'avant en arrière, d'arrière en avant.

On dirait que Papa veut dire quelque chose mais il se mord la lèvre, reprend les sacs et passe devant moi. Je reste sans bouger. Je regarde les photos et j'essaie de respirer.

La dernière fois que j'étais dans cette maison, je me suis tiré une balle dans la tête.

J'ai... mais en réalité, je ne suis pas sûr. Je me suis peut-être tiré une balle dans la tête. J'ai toujours des doutes à ce sujet, même si j'y crois plus ou moins. Papa y croit, lui, il a dit que j'ai utilisé son revolver que j'ai pris dans sa table à chevet, celui qu'il gardait pour les voleurs et les meurtriers.

2 mai 2009

Le journal d'un dégonflé - Jeff Kinney

journal_d_un_d_gonfl_ Seuil – août 2008 – 223 pages

traduit de l'américain par Natalie Zimmermann.

Présentation de l'éditeur
Greg a 12 ans, un grand frère musicien qui lui fait des blagues, un petit frère qui le colle, un copain qu'il supporte histoire de ne pas être seul, des problèmes avec les filles qui pouffent à longueur de journée, des parents qui ne comprennent jamais rien à ce qu'il demande... Un jour sa mère lui offre un journal intime, que Greg rebaptise en carnet de bord.

Auteur : Né en 1971, Jeff Kinney est concepteur et réalisateur de jeux en ligne. En 1998, il commence à crayonner un personnage qui verra le jour sur le web, 6 ans plus tard. Quelques 50 millions de visiteurs après (100000 connexions par jour), l'éditeur Abrams décide de le publier en ouvrage, avec grand succès.

Mon avis : (lu en octobre 2008)

C'est le «carnet de bord mais pas le journal intime» d'un ados de 12 ans sous forme d'un roman-BD. Greg Heffley nous raconte de façon plutôt humoristique son année scolaire. Il parle de ses parents, de Scott son grand frère, de Manu son petit frère qui le colle sans cesse, de Robert son ami par défaut, des élèves de sa classe, de ses professeurs... Il est critique vis à vis de tous y compris de lui-même : il se trouve timide, ni sportif, ni intellectuel et bien sur dégonflé !

Il s'agit d'un élève américain, donc certains usages sont inhabituels pour un élève français.

Le graphisme du livre est original, puisque l'intérieur ressemble à un cahier ligné, l'écriture est manuscrite et c'est entrecoupé de BD et de petits dessins. Le style est simple, souvent oral. Cela nous rappelle un peu «le petit Nicolas»...

Ce livre est surtout destiné à des enfants de 9 à 12 ans.

Extraits : (version américaine)

journal_d_un_d_gonfl__e journal_d_un_d_gonfl_1

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