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A propos de livres...
26 août 2009

La peau du tambour – Arturo Perez-Reverte

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Seuil – mars 1997 – 453 pages

Points – mai 2004 – 504 pages

traduit de l'espagnol par Jean-Pierre Quijano

Description
Un pirate dans le système informatique du Vatican. Une église qui tue pour se défendre. Une belle aristocrate andalouse. Trois malfrats chargés d'espionner un agent secret en col romain. Un banquier épris de spéculation immobilière et un mystérieux corsaire espagnol disparu en 1898 au large des côtes cubaines. Tels sont les personnages de ce roman d'amour et d'aventure qui a pour décor la somptueuse Séville et son histoire millénaire. L'héroïne en est Notre-Dame-des-Larmes, une petite église qui suscite passions et convoitises et pour laquelle une poignée de fidèles est prête à aller jusqu'au meurtre. C'est du moins ce que croit Lorenzo Quart, chargé par le Vatican d'enquêter sur les crimes commis dans son enceinte. Il découvrira bientôt que la clé de l'énigme est enfouie sous les vieilles pierres de la ville, dans l'âme de chacun de ses habitants comme dans celle de chaque lecteur disposé à le suivre dans sa quête de la vérité. Après Le Tableau du maître flamand, Club Dumas et Le Maître d'escrime, l'imagination flamboyante d'Arturo PérezPeverte, son habileté à tisser des énigmes où l'histoire croise le mystère et le crime nous offrent un fascinant voyage en défense d'une cause que nul ne veut croire perdue.

Auteur : Issu d'une famille de marins, Arturo Pérez-Reverte a toujours été passionné par la mer. Il est né à Cartagena, en Espagne, en 1951. Licencié en sciences politiques et en journalisme, il travaille d'abord comme matelot, puis devient grand reporter et correspondant de guerre pour la télévision espagnole, notamment pendant la crise du Golfe et en Bosnie. Ses romans, Le Maître d'escrime, Le Tableau du maître flamand (Grand Prix de Littérature policière 1993), La Peau du tambour (prix Jean Monnet 1997, récompensant le meilleur roman européen), les quatre tomes des Aventures du capitaine Alatriste ou encore Le Cimetière des bateaux sans nom (Prix Méditerranée étranger 2001) sont tous des succès mondiaux traduits en 25 langues. Plusieurs ont été portés à l'écran comme Le club Dumas, adapté sous le nom de La neuvième porte (The Ninth Gate) par Roman Polanski en 1999 ou Qui a tué le chevalier (Uncovered) réalisé par Jim McBride en 1994 inspiré par Le Tableau du maître flamand.

Mon avis : (lu en août 2009)

Extrait : (page 19)

Il y avait une panne de courant et le bureau n'était éclairé que par le jour grisâtre d'une fenêtre ouverte sur les jardins du Belvédère. Alors que le secrétaire refermait la porte derrière lui, Quart fit cinq pas en avant et s'arrêta exactement au centre de la pièce familière où bibliothèques et classeurs de bois dissimulaient partiellement les cartes peintes à la fresque par Antonio Danti, sous le pontificat de Grégoire XIII: la mer Adriatique, la mer Tyrrhénienne et la mer Ionienne. Puis, ignorant la silhouette qui se découpait à contre-jour devant la fenêtre, il salua d'une brève inclinaison de la tête l'homme assis derrière une grande table couverte de dossiers

- Monseigneur...

L'archevêque Paolo Spada, directeur de l'Institut pour les œuvres extérieures, lui répondit silencieusement par un sourire complice. C'était un Lombard, fort et massif, presque carré avec ses puissantes épaules sous le costume noir trois-pièces qui ne portait aucun signe de son rang dans la hiérarchie ecclésiastique. La tête lourde, le cou épais, il avait plutôt l'air d'un camionneur, d'un lutteur ou - on était à Rome après tout - d'un ancien gladiateur qui aurait troqué son glaive et son casque de myrmidon pour l'habit sombre de l'Eglise. Impression que confirmaient des cheveux encore noirs, raides comme du crin, des mains énormes, presque disproportionnées, sans anneau archiépiscopal, qui jouaient avec un coupe-papier en forme de dague. Il s'en servit pour montrer la silhouette qui se découpait devant la fenêtre:
- Vous connaissez le cardinal Iwaszkiewicz, je suppose.

Pour la première fois, Quart regarda à sa droite et salua la silhouette immobile. Il connaissait naturellement Son Eminence Jerzy Iwaszkiewicz, évêque de Cracovie, élevé à la pourpre cardinalice par son compatriote le pape Wojtila, préfet de la Sainte Congrégation pour la Doctrine de la foi, connue jusqu'en 1965 sous le nom de Saint-Office, ou Inquisition. Même à contre-jour, on ne pouvait confondre la silhouette mince et noire d'Iwaszkiewicz ni se méprendre sur ce qu'il représentait.
- Laudeatur Jesus Christus, Eminence.
Le directeur du Saint-Office ne répondit pas, ne fit pas un geste.
- Vous pouvez vous asseoir si vous le désirez, père Quart, reprit Mgr Spada de sa voix enrouée. Il s'agit d'une réunion officieuse et Son Eminence préfère rester debout.

Il avait utilisé le mot italien ufficiosa, et la nuance n'échappa pas à Quart. Dans la langue vaticane, la différence entre ufficiàle et ufficióso était importante. Le dernier terme évoquait plutôt ce qu'on pense vraiment par opposition à ce qu'on dit; et même s'il arrivait qu'on le dise, inutile d'en espérer confirmation par la suite. En tout état de cause, Quart regarda la chaise que l'archevêque lui offrait d'un autre mouvement de son coupe-papier et déclina l'invitation d'un bref signe de tête. Puis, les mains derrière le dos, il attendit debout au centre de la pièce, détendu et tranquille, comme un soldat à qui l'on va donner ses ordres.

Mgr Spada le regarda d'un air approbateur, de ses yeux rusés dont le blanc était veiné de marron, comme ceux d'un vieux chien. Son regard, son allure massive et ses cheveux raides comme du crin lui avaient valu le surnom de Bouledogue que seuls osaient utiliser, et à mi-voix encore, les membres les plus éminents et les mieux assis de la Curie.
- Je suis heureux de vous revoir, père Quart. Le temps passe.

Deux mois, se dit Quart. Comme aujourd'hui, ils étaient trois dans ce bureau: l'archevêque, lui-même et un banquier bien connu, Renzo Lupara, président de la Banca Continentale d'Italia, une des institutions liées à l'appareil financier du Vatican. Elégant, bel homme, d'une morale publique irréprochable et heureux père de famille, doté par le ciel d'une jolie épouse et de quatre enfants, Lupara s'était enrichi en se servant de la couverture vaticane pour blanchir l'argent de certains hommes d'affaires et politiciens membres de la loge Aurora 7 où lui-même avait atteint le trente-troisième degré. Il s'agissait précisément d'une de ces affaires mondaines qui réclamaient les compétences particulières de Lorenzo Quart. Pendant six mois, il avait donc suivi les traces que Lupara avait laissées sur les moquettes de divers bureaux de Zurich, Gibraltar et Saint-Barthélemy, aux Antilles. Résultat de ces voyages: un rapport complet qui, ouvert sur le bureau du directeur de l'IOE, laissait au banquier le choix entre la prison et un exitus assez discret pour sauvegarder la réputation de la Banca Continentale, du Vatican et, dans la mesure du possible, de Mme Lupara et de leurs quatre rejetons. Ici même, dans le bureau de l'archevêque, les yeux fixés sur la fresque de la mer Tyrrhénienne, le banquier avait parfaitement compris l'essentiel du message que Mgr Spada lui avait exposé avec beaucoup de tact, en s'aidant de la parabole du mauvais serviteur et des talents. Plus tard, faisant fi du conseil technique qu'on lui avait opportunément donné, à savoir qu'un franc-maçon non repenti meurt en état de péché mortel, Lupara s'était rendu directement à sa belle villa de Capri, face à la mer, où il avait fait une chute, apparemment sans confession, en basculant par-dessus le garde-fou d'une terrasse surplombant les rochers; là, rappelait une plaque commémorative, où Curzio Malaparte avait un jour pris un vermouth.
- Nous avons une affaire dans vos cordes.

Quart attendait toujours, immobile au centre de la pièce, attentif aux paroles de son supérieur, sentant sur lui le regard d'Iwaszkiewicz, invisible dans le contre-jour de la fenêtre. Depuis dix ans, l'archevêque n'avait jamais manqué d'affaires dans les cordes du père Lorenzo Quart. Et toutes étaient marquées de noms et de dates - Europe centrale, Amérique latine, ex-Yougoslavie - dans l'agenda à couverture de cuir noir qui lui servait de journal de voyages: sorte de carnet de bord où il notait, jour après jour, le long chemin parcouru depuis qu'il avait adopté la nationalité vaticane et qu'il était entré à la section des opérations spéciales de l'Institut pour les œuvres extérieures.
- Regardez ceci.

Le directeur de l'IOE tenait entre le pouce et l'index un imprimé d'ordinateur. Quart tendit la main et la silhouette du cardinal Iwaszkiewicz, inquiète, bougea aussitôt dans l'embrasure de la fenêtre. La feuille de papier toujours à la main, Mgr Spada esquissa un sourire.
- Son Eminence est d'avis qu'il s'agit d'une question délicate, dit-il sans quitter Quart des yeux, même s'il était clair qu'il s'adressait au cardinal. Et il n'est pas convaincu qu'il soit prudent d'élargir le cercle des initiés.

«Quelque part en Espagne, à Séville, les marchands menacent la maison de Dieu, et une petite église du XVIIe siècle, abandonnée par le pouvoir ecclésiastique autant que par le séculier, tue pour se défendre.» C'est le message que le hacker «Vêpres» va réussir à déposer dans l'ordinateur personnel du Pape. C'est un appel au secours qui va être pris au sérieux par les services secrets du Vatican. Le père Lorenzo Quart est envoyé à Séville pour découvrir l'auteur et le sens de ce message. Il va découvrir une église menacée, l'Église Notre-Dame-des-Larmes : menacée par les démolisseurs et des spéculateurs. Le père Ferro, son vicaire le père Lobato et la sœur Marsala se sont voués à la défense de cette église quasiment en ruine et il y a aussi la belle Macarena et sa mère, l'héritière de tous les ducs du Nuevo Estremo et en arrière plan, il y a aussi une histoire d'amour tragique qui appartient au passé.

J'avais découvert Perez-Reverte en 1997 avec le célèbre "Tableau du maître flamand" puis "Le Maitre d'escrime", j'ai lu également "Le cimetière des bateaux sans noms" que j'ai beaucoup aimé. Avec "La peau du tambour", j'ai retrouvé une intrigue qui tient en haleine jusqu'au bout. Les descriptions de Séville sont envoûtantes et donne envie de connaître cette ville. Les personnages aux multiples facettes sont attachants. Ce livre peut aussi nous amener à une réflexion sur l'Église catholique, sa mission et son rôle, sa proximité des petites gens, sa conception de la prêtrise à l'aube du nouveau millénaire. La fin est un peu décevante et bâclée. J'ai cependant passé un très bon moment en lisant ce livre.

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Commentaires
L
La fin m'avait énervée aussi... dommage, parce que sinon le livre est vraiment sympa.
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