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A propos de livres...
4 avril 2009

Soie – Alessandro Baricco

soie Albin Michel – janvier 1997 – 120 pages

Traduit de l'italien par Françoise Brun

Quatrième de couverture
"Ceci n'est pas un roman. Ni même un récit. C'est une histoire. Elle commence avec un homme qui traverse le monde et finit avec un lac qui est là, comme ça, dans les journées du vent. L'homme s'appelle Hervé Joncour. Le lac, on ne sait pas.

On pour-ait dire que c'est une histoire d'amour. Mais si c'était seulement ça, ça ne vaudrait pas la peine de la raconter. Il y a aussi dans cette histoire des désirs et des souffrances, de celles qu'on connaît parfaitement, mais le vrai nom pour les dire, on ne le trouve jamais. Et de toutes façons, ce n'est pas amour. (C'est très ancien, ça. Quand on n'a pas de nom pour dire les choses, on se sert d'une histoire. Ça fonctionne comme ça. Depuis des siècles).

Toutes les histoires ont leur musique. Celle-ci a une musique blanche. C'est important de le dire, parce que la musique blanche est une drôle de musique, déconcertante quelquefois : elle se joue doucement, et elle se danse lentement. Quand elle est bien jouée, c'est comme si on entendait jouer le silence, et ceux qui la dansent comme des dieux, on les regarde et on a l'impression qu'ils ne bougent pas. C'est terriblement difficile, la musique blanche.

Il n'y a pas grand-chose à ajouter. Peut-être faudrait-il préciser que l'histoire se passe au XIXème siècle : juste pour que personne ne s'attende à y trouver des avions, des machines à laver et des psychanalystes. Il n'y en a pas ici."

Auteur : Né à Turin en 1958, Alessandro Baricco a étudié la philosophie et la musique. Il a commencé à travailler comme rédacteur dans une agence de publicité, tout en écrivant des critiques et des éditoriaux pour les quotidiens La Republica et La Stampa. Ses romans sont guidés par son amour de la littérature et de la musique. En 1995, avec 'Les Châteaux de la colère', il obtient le prix Médicis étranger. La sensibilité musicale de Baricco transparaît dans 'Novecento pianiste', roman rythmé par les notes s'échappant du piano du personnage éponyme. Il a travaillé avec Gabriele Vacis et le Teatro Settimo de Turin pour la mise en scène de 'Novecento'. En 1994, Baricco a fondé avec un groupe d'amis une école d'écriture appelée Holden. Il continue son activité débordante, en publiant régulièrement des romans, dont 'Sans sang', en 2002, et des scénarios, comme 'La Partition espagnole', rédigée en 1987. Avec 'Soie', véritable succès en Italie où plus de 250.000 exemplaires sont vendus, il s'impose comme un des grands écrivains de la nouvelle génération.

Mon avis : (lu en avril 2009)

C’est un roman court et très poétique. Nous sommes en 1861, Hervé Joncour est un voyageur qui achète et vend des œufs de vers à soie. Pour éviter les maladies, il va chercher ses œufs de l'autre côté de la Méditerranée en Égypte et en Syrie. Il est marié, il n'a pas d'enfant. Un jour, il doit partir «jusqu'au bout du monde» c'est à dire au Japon. Et c'est là-bas qu'Hervé Joncour va croiser une femme mystérieuse qui va bouleverser sa vie. Il fera plusieurs fois le voyage vers le Japon mais toujours il reviendra vers sa propre femme Hélène.

Le style est tout en légèreté, c'est une narration en 65 chapitres très courts avec des chapitres qui se répètent.

Ce livre me rappelle certains livres de Maxence Fermine comme Neige, Opium ou l’Apiculteur ou alors l’Alchimiste de Paulo Cuehlo. On a vraiment une sensation de plénitude, de bien-être en lisant ce livre.

Extrait :

"Hervé Joncour partit avec quatre-vingt mille francs-or, et les noms de trois hommes que Baldabiou lui avait procurés : un Chinois, un Hollandais et un Japonais. Il passa la frontière près de Metz, traversa le Wurtemberg et la Bavière, pénétra en Autriche, atteignit par le train Vienne puis Budapest et poursuivit jusqu'à Kiev. Il parcourut à cheval deux mille kilomètres de steppe russe, franchit les monts Oural, entra en Sibérie, voyagea pendant quarante jours avant d'atteindre le lac Baïkal, que les gens de l'endroit appelaient : mer. Il redescendit le cours du fleuve Amour, longeant la frontière chinoise jusqu'à l'Océan, resta onze jours dans le port de Sabirk en attendant qu'un navire de contrebandiers hollandais l'amène à Capo Teraya, sur la côte ouest du Japon. A pied, en empruntant des routes secondaires, il traversa les provinces d'Ishikawa, Toyama, Niigata, pénétra dans celle de Fukushima et arriva près de la ville de Shirakawa, qu'il contourna par l'est, puis attendit pendant deux jours un homme vêtu de noir qui lui banda les yeux et qui le conduisit jusqu'à un village dans les collines où il passa la nuit, et le lendemain matin négocia l'achat des oeufs avec un homme qui ne parlait pas et dont le visage était recouvert d'un voile de soie. Noire. Au coucher du soleil, il cacha les oeufs dans ses bagages, tourna le dos au Japon, et s 'apprêta à prendre le chemin du retour.

Il avait à peine laissé les dernières maisons du village derrière lui qu'un homme le rejoignit, en courant, et l'arrêta. Il lui dit quelque chose sur un ton excité et péremptoire, puis le fit revenir sur ses pas, avec courtoisie et fermeté.

Hervé Joncour ne parlait pas japonais et ne l'entendait pas non plus. Mais il comprit qu'Hara Kei voulait le voir."

Extrait :

"Un panneau de papier de riz glissa et Hervé Joncour entra dans la pièce. Hara Kei était assis sur le sol, les jambes croisées, dans le coin le plus éloigné de la pièce. Il était vêtu d'une tunique sombre, et il ne portait aucun bijou. Seul signe visible de son pouvoir, une femme étendue près de lui, la tête posée sur ses genoux, les yeux fermés, les bras cachés sous un ample vêtement rouge qui se déployait autour d'elle, comme une flamme, sur la natte couleur de cendre. Hara Kei lui passait lentement la main sur les cheveux: on aurait dit qu'il caressait le pelage d'un animal précieux, et endormi.
Hervé Joncour traversa la pièce, attendit un signe de son hôte, et s'assit en face de lui. Ils restèrent silencieux, se regardant dans les yeux. Survint, imperceptible, un serviteur, qui posa devant eux deux tasses de thé. Puis disparut. Alors Hara Kei commença à parler, dans sa langue, d'une voix monotone, diluée en une sorte de fausset désagréablement artificiel. Hervé Joncour écoutait. Il gardait les yeux fixés dans ceux d'Hara Kei, et pendant un cours instant, sans même s'en rendre compte, les baissa sur le visage de la femme.
C'était le visage d'une jeune fille.
Il releva les yeux."

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3 avril 2009

Les mains nues - Simonetta Greggio

les_mains_nues Stock – février 2009 – 169 pages

Présentation :
Emma est vétérinaire de campagne. À quarante-trois ans, au beau milieu d'une vie rude, autarcique et solitaire, elle voit débarquer le jeune Giovanni, adolescent fugueur de quatorze ans, dont elle a autrefois connu les parents, Micol et Raphaël. Ce qui s'est joué entre eux, elle a voulu l'oublier, l'enfouir au plus profond. Elle souhaiterait que Giovanni parte, mais il reste. Et s'installe peu à peu entre eux une histoire tendre, fiévreuse et maladroite. Lorsque Micol revient chercher son fils, elle croit comprendre l'irréparable, la liaison entre Emma et Gio. Il y aura procès. Il y aura vengeance. Mais de quoi, et de qui, se venge-t-on ? D'un amour qui reste tabou ? Ou d'un passé dont les blessures ne se sont pas refermées ?

L'auteur :

Italienne, Simonetta Greggio écrit en français. Elle a publié chez Stock deux romans, La douceur des hommes (2005) et Col de l'Ange (2007), et une longue nouvelle, Etoiles (Flammarion, 2006). Elle a également participé à un recueil de nouvelles intitulé Huit (Calmann-Lévy, 2008).

Mon avis : (lu en avril 2009)

Ce livre nous dresse le beau portrait  d’Emma, une femme aux mains nues et rugueuses. Emma est vétérinaire à la campagne : elle ne ménage pas sa peine, elle ne compte pas son temps, il n’y a pas de congés pour elle. Elle habite seule dans une campagne rude.

Quand elle avait 25 ans, elle a beaucoup aimé Raphaël.

Maintenant elle a 43 ans, Gio le fils de Raphaël a bientôt 15 ans, il fuit sa famille et vient passer l’été avec Emma. Malgré la différence d’âge, une histoire d’amour va naître…

Cet amour tabou va être puni par un procès, mais aussi par l’exclusion de la part des bien-pensants.

Le sujet est délicat, mais ce roman est tout en subtilité, beaucoup de sensibilité et de justesse. Il y a de la noblesse dans les sentiments évoqués : l’amitié, l’amour filial, l’amour pour les hommes, l’amour pour les animaux. Le livre est bien écrit et se lit avec plaisir.

Extrait : (début du livre)

«Cette nuit, comme tant d’autres, je ne dors pas. Je reviens en arrière et je repense à nous, à ce que nous aurions dû être, à ce que nous avons été. J’essaie de comprendre ce qui nous a poussés à agir comme nous l’avons fait. A quel moment la vie nous a donné le choix, et pourquoi nous l’avons dédaigné. Mais changer de direction aurait été renoncer à soi-même. Ce que nous n’avons pas fait.

   Le jour où tout a commencé – recommencé, devrais-je dire -, je n’avais aucune idée que, né du cœur même de mon histoire, nid de vipères dans ma réserve de bois pour l’hiver, avant le soir quelqu’un allait frôler ma joue du bout du doigt et, aussi inévitable que l’explosion d’une bombe à retardement, ce simple geste allait se répercuter non seulement sur mon avenir mais aussi sur la vision que j’avais de mon passé.

   C’était au mois de juin, il y a un peu plus de quatre ans, maintenant. A quelle date exactement, je ne m’en souviens pas. Tout le reste je le sais par cœur, tout le reste je ne l’oublierai plus. Mais la date, non, même en allant chercher dans un calendrier. Disons que ça devait être au début du mois, car le vêlage, qui débute en janvier, se termine généralement en avril avec la mise en herbe, et la génisse pour laquelle on m'avait appelée était très en retard.»

Extrait : (page 169)

« L’ai-je déjà dit ? Je suis fière de mes mains. Elles sont dures et lisses comme du cuir, les ongles coupés ras, les tendons saillants. Jamais je ne mets de gants, la délivrance, j'ai besoin de la toucher. Je vois cela comme un héritage de maman : si elle n’a pas réussi à faire de moi une musicienne, elle m’a tout de même légué sa poigne puissante et sensible. Des mains comme de bons outils, faites pour plonger au cœur de la vie. Je n’ai pas d’anneau aux doigts, pas de liens aux poignets. J'aurais traversé ma vie les paumes ouvertes et laissé couler le temps comme de l'eau, comme du sable, sans rien garder.»

2 avril 2009

La petite cloche au son grêle - Paul Vacca

la_petite_cloche_gr_le Philippe Rey - 6 mars 2008 – pages 182

Présentation de l'éditeur
" Un soir, tu entres dans ma chambre alors que je me suis endormi. Le livre m'a échappé des mains et gît sur ma descente de lit. Tu t'en saisis, comme s'il s'agissait d'un miracle. - Mais tu lis, mon chéri ! souffles-tu en remerciement au ciel. Incrédule face à ce prodige, craignant quelque mirage, tu palpes l'objet. Non, tu ne rêves pas: ton fils lie. Intimidée. tu ouvres le livre, fascinée à ton tour... ".

Quand la découverte de Marcel Proust bouleverse la vie d'un garçon de 13 ans, de ses parents cafetiers et des habitants de leur petit village du Nord de la France. Des jeux innocents aux premiers émois de l'amour, de l'insouciance à la tragédie: l'histoire tendre et drôle des dernières lueurs d'une enfance colorée par le surprenant pouvoir de la littérature.

Biographie de l'auteur
Paul Vacca vit à Paris. Il signe ici son premier roman.

Mon  avis : (lu en avril 2009)

La petite cloche au son grêle est celle de la porte du café que tiennent les parents du narrateur qui est un jeune garçon de 13 ans qui va découvrir la lecture grâce à un livre « Du côté de chez Swann » de Marcel Proust oublié par une belle femme qu'il aime en secret. Ce livre va être à l'origine d'une belle complicité entre lui et sa mère. Ensuite, petit à petit, le père, les habitants du village vont apprendre à découvrir Marcel Proust et son œuvre. Le narrateur apprendra aussi que sa mère est malade et avec son père, ils vont s'efforcer de lui faire des surprises pour la faire sourire et garder le goût à la vie : un voyage à Cabourg, une rencontre avec Pierre Arditi, organiser et monter un spectacle avec les gens du village…

Ce livre est un hymne à la littérature et plus particulièrement  à Proust. C'est aussi une belle histoire d'amour filial, et j'y ai ressenti beaucoup d'émotions en particulier lors de la fin du livre. C'est également un livre sur la famille, sur la maladie, sur la fin de l'enfance… La petite cloche au son grêle est la «madeleine» du narrateur... J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, il  est plein de poésie et de tendresse ! Merci aux blogs qui m'ont incitée à lire ce joli livre, en particulier Bellesahi et Florinette...

Extrait :

- Eh bien, voilà, je voulais vous poser une question...Est-ce que c'est une lecture que... que vous conseilleriez... à un enfant de douze ans ? Enfin, presque treize...

La libraire marque un mouvement de recul. Un éclat de rire lui échappe.

- La Recherche du temps perdu à douze ans ? Quelle drôle d'idée ! C'est un peu dense, tout de même , un peu compliqué, il me semble. En tous cas, c'est la première fois que l'on me pose une question pareille ! Je connais tellement d'adultes qui y sont réfractaires...

Tes épaules s'affaissent. Quelle déception !

- Vous le déconseillez alors ? Dis-tu d'une voix blanche.

Mme Thibault, sentant ton trouble, se ressaisit aussitôt.

- Déconseiller ? Pourquoi déconseiller ? Au contraire. Qu'est-ce qui interdirait de lire Proust à treize , douze ou même sept ans ? Si votre fils ne comprend pas tout, quelle importance ? Est-ce que nous mêmes, nous comprenons tout ce que nous lisons ? Je n'en suis pas persuadée. Au fond, n'est-ce pas mieux comme cela ? Lire c'est aller vers l'inconnu, c'est chercher à découvrir de nouveaux mondes, à percer de nouvelles énigmes... Sans garantie de succès. D'ailleurs, on ne fait jamais le tour d'un livre, on n'épuise jamais la totalité de son mystère. C'est même peut-être ce qui nous échappe qui est le plus important...

Peu à peu tu souris de nouveau.

- Avec Proust, votre enfant va partir à l'abordage de l'un des plus magnifiques nouveaux mondes qui soient. Un monde aux ressources inépuisables qu'il aura l'occasion de redécouvrir encore et encore, avec d'autres yeux, plus tard. Quelle chance il a, et vous aussi ! Bonne lecture alors !

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