Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A propos de livres...
algerie
23 mai 2009

Ça t'apprendra à vivre – Jeanne Benameur

Ca_t_apprendra___vivre c_a_t_apprendra___vivre ca_t_apprendra___vivre_p

Denoël – février 1993 – 127 pages

Seuil jeunesse – mai 1998 – 119 pages

Actes Sud – janvier 2007 – 111 pages

Présentation de l'éditeur
Un père, une mère et quatre enfants noués par le silence. La violence muette de ces liens et celle, assourdissant d'un pays qui entre en guerre. Algérie 1958.
Mi-Arabes, mi-Français, ils s'exilent dans une ville de la façade atlantique. Jamais ils n'y retrouveront leur ciel, ni leur place.
C'est la cadette qui raconte, rompant l'omerta familiale. C'est dans sa bouche que naît enfin la parole, entre silence et cri. La parole pour vivre.
Récit pudique, émotion âpre, Jeanne Benameur manie superbement les raccourcis de l'enfance. Ses mots simples et justes sont autant de cailloux noirs sur la route des souvenirs.

Quatrième de couverture : (édition Seuil jeunesse)

Elle a cinq ans. Elle vit en prison. Son père en est le directeur. 1958. Elle vient d’être arrachée à son pays, l’Algérie. Il fait froid à La Rochelle et elle vit dans une nouvelle prison. Comment s’habituer au déracinement, à l’emprisonnement ? Comment s’intégrer ? Une petite fille a peur. Par petites scènes, par mille détails, elle va tenter de faire surgir la vérité dans la rage, la colère. La petite fille modèle, sage comme une image, ne veut plus être une image.

Ça t’apprendra à vivre rompt la loi du silence qui a tout envahi. Jeanne Benameur a su trouver les mots pour le dire et, peut-être, pour chasser la peur.

Auteur : Jeanne Benameur est l'auteur de nombreux livres pour la jeunesse, dont récemment La Boutique jaune. Longtemps enseignante, elle se consacre désormais à l'écriture. Ses livres : Les Demeurées (2000), Un jour mes princes sont venus (2001), Les Mains libres (2004), Laver les ombres (2008)

Mon avis : (lu en mai 2009)

C’est un roman autobiographique de Jeanne Benameur qui nous parle de l’exil à travers le regard d’une petite fille de cinq ans. Elle est arrachée au pays où elle est née, l'Algérie, exilée avec sa famille en métropole à La Rochelle. L’adaptation est difficile. Elle nous raconte son quotidien, sa famille, ses souffrances : car c’est une petite fille très sensible, elle attend un peu plus de gestes d'amour de la part de ses parents. Elle essaie d'être parfaite mais en réponse elle ne ressent aucune attention particulière. Les chapitres sont courts, les phrases sont simples qui décrivent la difficulté du retour en France. L’histoire est très touchante.

Extrait : Creuser – enfouir – perdre

Depuis qu'on est arrivé dans cette ville atlantique, on va à la plage.

Pour moi, la plage, c'est creuser.

Un jour, c'est un briquet, un petit briquet carré que j'ai trouvé, qui tient bien dans ma main.

Je l'enfouis profond, là où le sable a fini d'être sec. Creuser dans le mouillé, les grains qui s'encastrent sous les ongles, je ne sais pas si j'aime ça mais je le fais.

Je creuse, j'enfouis.

Et puis peu à peu le sable remis rebouche le trou. C'est bien. Et du sable sec par-dessus. Jusqu'à ce qu'on ne voie plus le lieu où j'ai enfoui.

Moi seule, je repère.

Et puis je joue à oublier le lieu.

Et d'un coup me le redonner : là, c'est sûr, je le sais, si je creuse, je retrouve le briquet.

Mais je ne le fais pas. Je tente l'oubli encore plus fort. C'est un drôle de jeu.

Je vais à la mer.

Les bras le long du corps, les mains qui sentent le dur de l'eau contre elles. J'avance et puis je m'arrête.

Immobile, je laisse les vagues faire. Lapent les cuisses, repartent. Le froid qui pique avant qu'elles reviennent me claquer la peau. Je compte. Dix fois. Et puis je retourne au sable. Je passe, rapide, les galets, en équilibre, les flaques. La mer descend. Le soir. Bientôt nous allons rentrer.

Ma mère est assise au milieu de nos affaires, sur sa serviette. La plage, elle n'aime pas. Elle lit Intimité ou Nous Deux tout en tricotant encore pour cet hiver des pulls qui me feront des boules sous les bras. Elle n'est pas douée.

Parfois elle lève les yeux sur ces femmes aux corps sveltes et sûrs qui s'ébrouent, bronzent, nagent, ont l'air heureux. Intimidée.

Elle les envie.

J'envie leurs enfants.

Nous, où qu'on aille, on a toujours l'air de rétablir le campement. On se protège. On n'étale pas les matelas pneumatiques, les transats, les nattes. On s'assoit sur des serviettes éponge de toilette, maladroitement. On ne sait pas prendre nos aises.

Dans nos corps resserrés par des générations de l'exil répété, nous savons le peu d'espace qu'on nous laisse. Encore en prenons-nous moins. Habitués à nous faire oublier. Nous ne savons pas vivre comme les autres. Toujours trop ou trop peu.

Nous ne sommes libres que de partir. C'est dans l'âme. 

Publicité
Publicité
15 mars 2009

Malek - Janine Boissard

Malek Fayard – octobre 2008 – 266 pages

Résumé :  Malek est un petit garçon qui ne peut compter que sur lui-même.
Très vite, le destin lui arrache son père et dépouille sa famille de ses terres et de son honneur. Il ne reste que l'école, le travail. Cent fois sujet au doute et à l'abattement, cent fois Malek fait le choix de la connaissance et de la liberté, de l'amour d'autrui et de l'amour du beau. Malek est un petit héros. Il deviendra un humaniste. Romancière de l'enfance et de l'adolescence, Janine Boissard était née pour raconter cette vie pétrie d'espoir et de volonté.
Une histoire si belle qu'elle pourrait être un conte. Et qui est pourtant une histoire vraie.

Auteur : Janine Boissard est née et a fait ses études à Paris. Très jeune, elle a choisi de se consacrer à l'écriture et publie son premier roman, "Driss", à vingt-deux ans chez René Julliard. Ce livre est signé, comme les trois suivants chez le même éditeur, de son nom de femme mariée : Janine Oriano. Toujours sous le nom d'Oriano, elle se lance dans le roman noir: "Un peu par jeu, parce que toutes les formes d'écriture m'intéressent, et aussi parce qu'on m'avait dit que c'était une façon de vivre de sa plume..." Elle est ainsi la première femme à entrer dans la fameuse "Série Noire" avec "B comme Baptiste".

En 1977, Janine Oriano reprend son nom de jeune fille pour publier aux éditions Fayard sa célèbre saga "L'Esprit de famille" (six volumes en tout, de 1977 à 1984). L'évolution de la société, les chambardements dans la famille, les problèmes de couple, ceux de l'adolescence, ceux de la femme moderne face au monde du travail sont ses thèmes favoris. En 1996, elle publie "Une Femme en blanc" (Robert Laffont), un formidable succès en librairie, traduit en Allemagne et en Italie; sans oublier la série télévisée en six épisodes, diffusée en 1997 sur France 2, avec Sandrine Bonnaire.

Également scénariste, adaptatrice, dialoguiste pour la télévision, Janine Boissard a publié à ce jour une trentaine de livres. Décorée des Palmes Académiques pour son action auprès de la jeunesse, elle vit de sa plume depuis vingt ans. L'écriture est, dit-elle, "à la fois ma passion, un métier exigeant et ma façon de respirer".

Mon avis : (lu en mars 2009)

Dans ce nouveau livre, Janine Boissard raconte l’enfance et l’adolescence du célèbre intellectuel algérien Malek Chebel. Une histoire vraie qui pourrait être un conte. Au début, il y a une famille avec Zhora la mère, Hocine le père et Tayeb le petit frère. Mais Hocine va partir pour la guerre et Zhora retourne vivre avec ses deux fils chez son père. Ce dernier va être dépossédé de ses biens et Malek et son petit frère se retrouvent pupilles de la nation. Loin de sa famille, Malek va vouloir s'en sortir et avec le soutien de plusieurs professeurs il va découvrir la littérature puis la culture. Il gravira tous les échelons l’un après l’autre et obtiendra un doctorat en psychopathologie clinique et psychanalyse et un autre en anthropologie et de sciences de la religion. Ses thèses feront l’objet de livres, lui qui très tôt, a su qu'il serait écrivain. Janine Boissard a su raconter cette belle histoire avec beaucoup de sensibilité. Un beau message d’espoir pour tous les enfants du monde.

Extrait : (page 102)
De bonnes odeurs montent de la cuisine où le dîner se prépare. La famille s'est rassemblée au salon autour de la cheminée. Malek sort fièrement son carnet.
Ses meilleurs notes sont en français et en dessin. Très bonnes en sciences, histoire et géographie, un peu moins en mathématiques. Les remarques sont élogieuses, le directeur a conclu par un 'Malek ira loin' qui l'a projeté au ciel. les oncles se transmettent gaîment le carnet, se lançant les bonnes notes à voix haute. Le visage de Zohra brille de fierté ; nul doute qu'elle se les fera répéter jusqu'à les savoir par cœur.

Extrait : (page 137)
Au fur et à mesure que se déroulaient les scènes, s'échangeaient les répliques tant de fois répétées, une chose stupéfiante s'est produite : les yeux de Malek se sont dessillés, comme après un envoûtement. Camille l'orgueilleuse, repoussant les hommes... Nora la prude, traitant les garçons de balourds, leur préférant la compagnie des filles, jouant avec ses sentiments : une même personne ! Nora-Camille ne l'a jamais aimé et ne l'aimera jamais.
C' est la fin de la pièce, la dernière rencontre entre Camille et Perdican. Elle lui annonce son intention de retourner au couvent.
- Adieu, Perdican, dit-elle sous les huées du public.
- Adieu, Nora, murmure Malek tandis que le rideau retombe.

30 janvier 2009

Les sirènes de Bagdad – Yasmina Khadra

Les_sir_nes_de_Bagdad Julliard - mai 2006 - 337 pages

Résumé :
" Le coup parti, le sort en fut jeté. Mon père tomba à la renverse, son misérable tricot sur la figure, le ventre décharné, fripé, grisâtre comme celui d'un poisson crevé... et je vis, tandis que l'honneur de la famille se répandait par terre, je vis ce qu'il ne me fallait surtout pas voir, ce qu'un fils digne, respectable, ce qu'un Bédouin authentique ne doit jamais voir - cette chose ramollie, repoussante, avilissante, ce territoire interdit, tu, sacrilège: le pénis de mon père... Le bout du rouleau! Après cela, il n'y a rien, un vide infini, une chute interminable, le néant... " La descente aux enfers d'un jeune homme broyé par le terrorisme. Fuyant son village, dérivant jusqu'à Bagdad, il se retrouve dans une ville déchirée par une guerre civile féroce. Sans ressources, sans repères, miné par l'humiliation, il devient une proie rêvée pour les islamistes radicaux. Connu et salué dans le monde entier, Yasmina Khadra explore inlassablement l'histoire contemporaine en militant pour le triomphe de l'humanisme. Après Les Hirondelles de Kaboul (Afghanistan) et L'Attentat (Israël; Prix des libraires 2006), Les Sirènes de Bagdad (Irak) est le troisième volet de la trilogie que l'auteur consacre au dialogue de sourds opposant l'Orient et l'Occident. Ce roman situe clairement l'origine de ce malentendu dans les mentalités.

Auteur : Yasmina Khadra (arabe ياسمينة خضراء qui signifie « jasmin vert ») est le pseudonyme de l'écrivain Mohammed Moulessehoul, né le 10 janvier 1955 à Kenadsa dans la wilaya de Bechar dans le Sahara algérien. Diverses raisons l'y poussent, mais la première que donne Moulessehoul est la clandestinité. Elle lui permet de prendre ses distances par rapport à sa vie militaire et de mieux approcher son thème cher : l'intolérance. Il choisit de rendre hommage aux femmes algériennes et à son épouse en particulier, en prenant ses deux prénoms : Yasmina Khadra. Khadra ne révèle son identité masculine qu'en 2001 avec la parution de son roman autobiographique L'Écrivain et son identité tout entière dans L'imposture des mots en 2002. Or à cette époque ses romans ont déjà touché un grand nombre de lecteurs et de critiques. Ses œuvres ont été traduites en plus de trente langues.

Mon avis : (lu en novembre 2006)

C’est une histoire très forte et d’une actualité brûlante, nous sommes à Bagdad, les occupants américains sont présents et l’on découvre comment la guerre et les humiliations qui l'accompagnent peuvent conduire un jeune homme ordinaire à se laisser "séduire" par le terrorisme.

C’est un témoignage sur les souffrances des peuples du Moyen-Orient, Yasmina Khadra nous raconte une réalité. Ce roman nous montre l’envers du décor, ce que l’on ne voit pas à la télévision : le cheminement qui mène à la haine, l'incompréhension, le choc des cultures…

A lire absolument ! Nous nous devons de ne pas ignorer ce qui se passe en Irak.

Extrait : (p.115)
Un soldat m'attrapa par la nuque, un autre me mit un genou dans le bas-ventre.J'étais happé par une tornade, ballotté d'un tumulte à l'autre ; je cauchemardais debout, tel un somnambule pris à partie par des esprits frappeurs.J'avais le vague sentiment qu'on me traînait sur la terrasse, que l'on me bousculait sur les marches de l'escalier ; je ne savais plus si je dégringolais ou si je planais...

Extrait : (p.202)
- Encore autre chose, cousin, me chuchota-t-il. Si tu tiens à te battre, fais-le proprement. Bats-toi pour ton pays, pas contre le monde entier. Fais la part des choses et distingue le bon grain de l'ivraie. Ne tue pas n'importe qui, ne tire pas n'importe comment. Il y a plus d'innocents qui tombent que de salauds. Tu le promets ?
-...
- Tu vois ? Tu fais déjà fausse route. Le monde n'est pas notre ennemi. Rappelle-toi les peuples qui ont protesté contre la guerre préventive, ces millions de gens qui ont marché à Madrid, Rome, Paris, Tokyo, en Amérique du sud, en Asie. Tous étaient et sont encore de notre côté.

<< < 1 2
A propos de livres...
Publicité
A propos de livres...
Newsletter
55 abonnés
Albums Photos
Visiteurs
Depuis la création 1 376 789
Publicité