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A propos de livres...
partenariat
22 mai 2016

Les secrets de l'île - Viveca Sten

Lu en partenariat avec Albin Michel

les secrets de l'ile Albin Michel - mai 2016 - 448 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : I natt är du död, 2011

Quatrième de couverture :
Une froide journée de septembre, l'étudiant Marcus Nielsen est retrouvé mort dans son appartement de Nacka. Tout semble indiquer un suicide. Mais sa mère, convaincue qu'il a été assassiné, supplie la police de ne pas classer l'affaire. Quand l'inspecteur Thomas Andreasson commence à enquêter, les pistes semblent mener à la base militaire de Korsö, devant l'île de Sandhamn, où le corps d'un autre homme vient d'être retrouvé. Contactée par Thomas, Nora Linde, qui depuis sa séparation passe beaucoup de temps sur l'île, essaie d'en savoir plus sur cette base fortifiée où, pendant des décennies, ont été formées les unités d'élite des chasseurs côtiers. Y a-t-il dans ce passé-là quelque chose qui ne doit à aucun prix surgir au grand jour ? N°1 sur la liste des best-sellers en Suède, la nouvelle enquête de l'inspecteur Thomas Andreasson et de Nora Linde, le couple qui a inspiré la célèbre série télévisée Meurtres à Sandhamn diffusée sur Arte.

Auteur : Après une brillante carrière juridique, la Suédoise Viveca Sten s'est lancée dans l'écriture de suspense. Sa série mettant en scène l'inspecteur Andreasson et son amie Nora Linde sur l'île de Sandhamn connaît un immense succès en Suède et est traduite dans une douzaine de pays. L'adaptation télévisée de la série a été un des plus forts taux d'audience en Suède, et les deux premières saisons diffusées sur Arte ont réuni plus d'un million et demi de spectateurs !

Mon avis : (lu en mai 2016)
Je suis toujours contente de découvrir le nouveau Viveca Sten et retrouver Nora Linde et Thomas Andreasson
dans une nouvelle aventure…
Marcus, un jeune étudiant, est retrouvé mort, pendu dans son studio. Tout pousse à croire qu'il s'agit d'un suicide, mais sa mère affirme le contraire… Peu de temps après, c’est un homme est aussi retrouvé chez lui, noyé tout habillé dans sa baignoire… Thomas Andreasson est chargé de cette enquête, les deux hommes se sont rencontrés quelques jours avant la mort de Marcus. Ses pistes l'emmèneront sur le passé trouble de l'île Korsö, au large de Sandhamn, à l'époque s’y déroulait les entraînements pour devenir chasseurs côtiers.
Le roman alterne entre l’enquête dans le présent, et le journal intime d'un jeune postulant à l'unité des chasseurs côtiers dans les années 70. Il raconte leurs entraînements intensifs et exigeants et leur quotidien.
Nora est peu présente dans la partie enquête de cet épisode, elle est séparée de son mari et passe quelques jours à Sandhamn. Grâce à Olle Granlund, son voisin, elle va en apprendre plus sur l'histoire de l'île de Korsö et sur l’unité d’élite des chasseurs côtiers.
Voilà une nouvelle intrigue passionnante et captivante pour nos deux amis. Il y a encore au moins deux épisodes non encore traduit en français, j'attends donc le prochain...

Merci Aurore et les éditions Albin Michel pour ce roman policier efficace.

Extrait : (début du livre)

Prologue

Le clapotis lui faisait penser à des enfants qui jouent dans une baignoire. En fermant les yeux, il pouvait imaginer une plage où des petits s’égaillaient sans soucis.
Puis ça clapota une dernière fois et l’eau s’échappa du seau à récurer, éclaboussant le sol mouillé.
Les bras qui se débattaient s’étaient figés. Les jambes tressaillaient encore, comme des poissons d’argent qui vont et viennent sans but. Des mouvements saccadés, désordonnés.
Il se rappellerait ce bruit le restant de ses jours.
Un fort parfum de lessive saturait l’air. L’odeur de résine de pin lui pénétrait les narines et lui donnait des haut-le-cœur. Mais il serra les dents. La peur l’emportait sur tout le reste.
Quelque chose de chaud coula le long de sa jambe, et il comprit qu’il s’était pissé dessus. 
Ça n’avait pas d’importance. De toute façon, il était déjà trop tard.
Le robinet gouttait toujours.

Chapitre 1
Samedi 16 septembre 2007 (première semaine)

La jeune fille semblait terrorisée.
« Vous devez venir, maintenant, tout de suite !
– Peux-tu d’abord me dire comment tu t’appelles ? »
La voix professionnelle du central d’alarme était clinique sans être hostile. Sur l’écran, l’horloge digitale indiquait qu’il était exactement dix heures zéro trois du matin.
« C’est tellement horrible… c’est Marcus.
– Peux-tu essayer de me raconter ce qui s’est passé ? dit l’opératrice. Essaie de te ressaisir et de raconter.
– Je suis chez lui.
– Tu dois me donner une adresse.
– Il ne respire pas. Il est pendu là. »
Elle sanglotait, en état de choc.
« Je n’arrive pas à le descendre. »
À l’arrière-plan, le brouhaha de ses collègues qui répondaient à d’autres appels d’urgence. Jusqu’à présent, c’était assez calme, on était dimanche matin, et les incidents du samedi soir étaient depuis longtemps pris en charge. L’opératrice avait commencé son service à six heures du matin et avait déjà eu le temps de boire trois cafés.
« Où es-tu ? » répéta-t-elle dans son micro.
À l’autre bout du fil, la fille se calmait un peu.
« Värmdövägen 10B, à Nacka. »
Elle gémit plus qu’elle ne parla.
« Dans la résidence étudiante, finit-elle par hoqueter. On avait décidé de réviser ensemble.
– Comment t’appelles-tu ?
– Amanda.
– Mais encore ?
– Amanda Grenfors. »
Ses mots étaient pâteux, hésitants, comme si elle n’arrivait pas à réaliser ce qu’elle avait sous les yeux.
« Essaie de nous dire ce qui s’est passé, Amanda », l’invita l’opératrice des secours.
Elle notait tout en parlant. L’adresse était à deux pas du commissariat, il ne faudrait que quelques minutes à une patrouille pour se rendre sur place.

Déjà lu du même auteur : 

la_reine_de_la_baltique La Reine de la Baltique 9782226259776g Du sang sur la Baltique 

9782226317148g Les nuits de la Saint-Jean

Challenge Voisins, Voisines
voisins voisines 2016
Suède

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17 mai 2016

Hors cadre - Stefan Ahnhem

Lu en partenariat avec les éditions Albin Michel

hors cadre Albin Michel - mars 201 - 576 pages

traduit du suédois par Marina Heide

Titre original : Offer utan ansikte, 2014

Quatrième de couverture : 
Vingt anciens élèves de la même classe.
Deux assassinats violents.
Un tueur sans visage...
Près des corps sauvagement mutilés de deux victimes, une photo de leur classe de 3e sur laquelle leur visage a été raturé. Cette classe a aussi été celle de l'inspecteur Fabian Risk de la police de Helsingborg. Pour arrêter la spirale infernale et éviter d'être la prochaine cible, il s'enfonce dans les méandres de son propre passé. Au risque de s'y perdre.
Best-seller partout où il est publié, ce roman troublant et cruel qui interroge la violence de la société, impose Stefan Ahnhem comme un des auteurs de thrillers scandinaves les plus prometteurs.

Auteur : Stefan Ahnhem vit à Stockholm, sa ville natale, où il mène depuis vingt ans une brillante carrière de scénariste pour la télévision comme pour le cinéma. Il est notamment connu pour ses adaptations de romans policiers dans le cadre de séries télévisées très populaires en Suède comme Wallander et Irene Huss. Hors cadre est son premier roman, dont l'adaptation en série TV est déjà en préparation.

Mon avis : (lu en mai 2016)
L’inspecteur Fabian Risk revient s’installer avec sa famille dans la ville d’Helsingborg. Il connaît bien cette ville puisqu'il y a grandi et passé toute sa scolarité. Il a encore quelques semaines de vacances avant d'intégrer son nouveau poste et il compte en profiter avec sa femme et ses enfants. 
Mais voilà que deux corps affreusement mutilés sont retrouvés par la police de Helsingborg, les deux victimes ont un rapport avec le passé Fabian Risk. Ils faisaient tous les trois partie de la même classe de 3e... L’inspecteur Risk va devoir intégrer l'équipe d'enquêteurs et se replonger dans le passé et ses souvenirs pour arrêter un meurtrier que rien n'arrête...

J'ai bien apprécié ce roman policier suédois à l'intrigue assez classique, il est captivant, avec du rythme grâce à des chapitres courts.
Tout au long du roman policier, il y a des extraits du journal d'un adolescent, qui raconte le harcèlement dont il est victime à l'école. L'auteur introduit dans ses écrits une dimension psychologique non négligeable. Tout ceci donne au lecteur de multiples pistes, quelques rebondissements et un nouvel inspecteur à découvrir, solitaire et tourmenté mais efficace...

Merci Aurore et les éditions Albin Michel pour ce premier roman policier réussi.

Extrait : (début du livre)
Dans trois jours

Le corbeau se posa sur son ventre, écorchant sa peau nue du bout des griffes. Les premières fois que l’oiseau l’avait tiré de son sommeil, il avait réussi à lui faire peur et à le chasser. Mais l’animal ne se laissait plus effrayer, il lui marchait tranquillement dessus, toujours plus impatient, toujours plus affamé. Il allait se mettre à picorer sa chair, ce n’était plus qu’une question de temps. L’homme cria de toutes ses forces. Le corbeau finit par lâcher prise et battit des ailes en croassant.
Il avait d’abord cru qu’il était en plein cauchemar, qu’il n’aurait qu’à se réveiller pour que tout s’arrange. Mais quand il avait ouvert les paupières, il n’avait vu que du noir. On avait noué un bandeau sur ses yeux.
Au souffle doux du vent, il avait compris qu’il se trouvait dehors, allongé nu sur un sol dur et froid, les bras et les jambes tendus comme sur le dessin de Léonard de Vinci. Il ne savait rien de plus. Le reste n’était que questions. Qui l’avait mis là ? Et pourquoi ?
De nouveau, il essaya de se libérer, mais plus il tirait sur les cordons, plus il sentait les épines s’enfoncer dans ses chevilles et ses poignets. Une douleur qui lui rappelait ce qu’il avait ressenti lorsqu’à l’âge de neuf ans, il n’avait pas su expliquer au dentiste que l’anesthésie n’avait pas fonctionné.
Rien à faire contre ce supplice qui survenait une fois par jour et pouvait durer des heures, comme si on passait lentement une flamme de chalumeau sur son corps nu. Parfois, la douleur pouvait disparaître, pour ressurgir aussitôt. Ou se taire de longs moments.
Il estimait qu’une nouvelle heure venait de s’écouler. Il poussa un cri, de toutes ses forces. Mais dans l’écho lointain, les fréquences aiguës du désespoir s’obstinaient en vain à percer. Et il renonça. Personne ne pouvait l’entendre. À part le corbeau.
Il resongea à ce qui s’était passé. Combien de fois avait-il tout récapitulé ? Mais un détail éclairant lui avait peut-être échappé. Il était parti peu après 6 heures du matin, avec trois gros quarts d’heure d’avance. Comme toujours quand il faisait beau, il avait laissé sa voiture au garage. Il avait le temps, et traverser le parc prenait tout juste douze minutes.
Mais une fois dehors, l’angoisse l’avait envahi. Un sentiment si fort qu’il s’était immobilisé, balayant le quartier du regard. Il n’avait rien vu d’anormal. Juste le voisin qui s’évertuait à faire démarrer sa vieille Fiat Punto, et une femme qui passait à vélo. La cycliste avait de beaux cheveux blonds, une robe qui volait au vent et un panier décoré de marguerites en plastique. On aurait dit qu’elle passait là pour répandre un peu de joie autour d’elle.
Lui n’y était pas sensible. La peur au ventre, il s’était élancé d’un pas vif, traversant au rouge, ce qui ne lui arrivait jamais. Ce matin, tout était différent, son corps était tendu comme un ressort. Une fois dans le parc, ses doutes s’étaient transformés en certitude.

  Challenge Voisins, Voisines
voisins voisines 2016
Suède


 

12 mai 2016

Plus haut que la mer - Francesca Melandri

Lu en partenariat avec Folio

plus haut que_p plus haut que la mer

Folio - mars 2016 - 224 pages

Gallimard - février 2015 - 208 pages

traduit de l'italien par Danièle Valin

Titre original : Più alto del mare, 2011

Prix de l'Union Interalliée 2016

Prix Jean Carrière 2015

Quatrième de couverture :
1979. Paolo et Luisa ne se connaissent pas. À bord du bateau qui les emmène sur l’Île où sont détenus leurs proches, chacun ressasse la tragédie dont il a été victime. Le fils de Paolo a été condamné pour des actes terroristes. Le mari de Luisa pour avoir tué deux hommes. Le mistral empêche les visiteurs de regagner la côte. Ils passent la nuit sur l’Île, surveillés par un agent, Pierfrancesco, avec qui une étrange complicité va naître. Un roman tout en subtilité sur ces infimes moments de grâce qui font basculer les vies.
Auteur : Scénariste pour le cinéma et la télévision, Francesca Melandri est également réalisatrice. Son documentaire l'erre (2010) a été présenté dans de nombreux festivals partout dans le monde. Eva dort, son premier roman, a été plébiscité par la critique et les lecteurs en Italie, où il a obtenu plusieurs reconnaissances importantes, dont le prix des Lectrices du magazine Elle, mais aussi en Allemagne, en France et aux Pays-Bas. Plus haut que la mer est son deuxième roman.

Mon avis : (lu en mai 2016)
Voilà un livre que je voulais lire depuis plus d'un an grâce à plusieurs avis de lectrices du Café Lecture de la Bibliothèque. Aussi, lorsque les éditions Folio m'ont proposé de recevoir ce livre, je n'ai pas hésité.
1979, Luisa et Paolo se rencontrent sur le bateau qui se rend sur l'Ile où se trouve une prison de haute sécurité. 
Luisa est venue rendre visite à son mari violent emprisonné pour deux meurtres. C'est la première fois qu'elle vient le voir dans cette prison, elle est éblouie par le spectacle de la mer qu'elle n'avais encore jamais vu.
Pour Paolo, ce n'est pas la première fois qu'il vient sur l'Ile voir son fils brigadiste rouge. La tempête se lève et impossible pour Luisa et Paolo de prendre le bateau pour quitter l'Ile. Ils vont devoir y passer une nuit. Ils sont sous la responsabilité de Nitti l'un des gardien de l'Ile. Tout les trois vont passer ensemble la soirée et la nuit et une vraie complicité va naître à ces trois personnes si différentes. Une parenthèse inoubliable dans la vie de chacun.
J'ai beaucoup aimé cette histoire touchante et simple, l'auteur décrit avec beaucoup de justesse les personnages, leurs préoccupations et l'Ile perdue en pleine mer, battue par la tempête. Un vrai coup de cœur !

Merci les éditions Folio pour cette très belle découverte.

Extrait : (début du livre)
L’air épicé, ça non, ils ne s’y attendaient pas.
Ils avaient toujours pensé qu’ils arriveraient la nuit et d’ailleurs, quand on vint les prendre dans toutes les prisons d’Italie, le ciel était noir comme une carie. On les amena en Chinook, ta-ta, ta-ta, ta-ta, comme s’ils venaient tout droit du Vietnam et non de Praia a Mare ou de Viterbe. Des militaires hurlaient et des types blonds et rasés, muets comme des pierres, contrôlaient le déroulement de la manœuvre. Ils apprirent par la suite que c’étaient des Américains. Et ils ne s’en étonnèrent même pas.
La peur de mourir était bien là, et pourtant en entrant dans le ventre de l’hélicoptère ils avaient tous levé les yeux vers le ciel. Il était noir de nouvelle lune. On avait veillé à ça aussi en montant l’opération : qu’une mer claire ne révèle pas d’en haut les contours de la côte. Mais les agents secrets de l’impérialisme et du capitalisme n’avaient pas réussi à éteindre les étoiles qui étaient donc là, palpitantes et précises. Certains d’entre eux ne les avaient pas vues depuis des mois, d’autres depuis des années. Qui sait s’ils les reverraient un jour.
Ils avaient décollé depuis un moment lorsqu’un soldat en tenue de camouflage s’adressa à eux l’air jovial : « Maintenant on va ouvrir la trappe et on va vous apprendre à voler. » Comme s’il voulait donner raison à tous ceux qui disaient ces années-là : désormais, l’Italie c’est l’Amérique du Sud. Et puis ils ne jetèrent personne.
À l’arrivée, sur les quelques mètres qui séparaient l’hélicoptère du bâtiment blanc de la prison de haute sécurité, ils les rouèrent de coups de pied et de coups de bâton pour ne pas leur laisser le temps de comprendre où ils avaient débarqué. Mais là-dessus aussi ils avaient déjà leur petite idée. Depuis des semaines, le téléphone arabe carcéral signalait des va-et-vient d’ouvriers dans ce bâtiment bas au bout de l’Île, loin des petites prisons des détenus ordinaires, des bureaux de l’administration, de l’embarcadère, du village où vivaient les gardiens, de l’école et de l’église, et même du phare à l’écart sur son rocher – bref, loin de Dieu, des hommes et de tout. De plus, il y avait déjà un moment que l’information avait filtré jusqu’aux oreilles de certains parlementaires, ceux qui depuis des mois dormaient chaque nuit dans un endroit différent avec leur portefeuille et leur passeport toujours prêts sur la table de nuit : en cas de coup d’État militaire, c’est là qu’aurait lieu la déportation, ou plutôt la concentration des principaux opposants.

  Challenge Voisins, Voisines
voisins voisines 2016
Italie

 

4 mai 2016

Un bon garçon - Paul McVeigh

Lu en partenariat avec les éditions Philippe Rey

un bon garçon Philippe Rey - mars 2016 - 255 pages

traduit de l'anglais (Irlande) par Florence Lévy-Paoloni

Titre original : The Good Soon, 2015

Quatrième de couverture :
Irlande du Nord, fin des années 80, en plein conflit entre catholiques et protestants à Ardoyne, quartier difficile de Belfast. Mickey, le narrateur, vit sa dernière journée à l'école primaire avant les vacances d'été. Bon élève, il se réjouit d'avoir été admis dans une Grammar school - collège " d'élite " -, et d'échapper ainsi à ses condisciples actuels. Mais, lors d'un surréaliste rendez- vous chez le directeur, il apprend que son père a dépensé l'argent censé payer sa scolarité. Ce sera donc St. Gabriel, le collège de base fréquenté par son grand frère et tous les gamins du coin. Le petit chien offert par ses parents ne suffit évidemment pas à faire oublier le goût âpre de ces vacances qui commencent, et Mickey décompte avec angoisse le nombre de semaines le séparant de la rentrée. Rêveur, il passe son temps à inventer des histoires et à imaginer ce que serait sa vie en Amérique. Il adore sa mère et sa petite soeur, mais redoute son père alcoolique et sa brute de grand frère qui, comme tous les garçons du quartier, n'aime rien tant que le tourmenter. Parce que, tous s'accordent à le dire, Mickey est " différent " : enfant doué et sensible pour la plupart des adultes, " petit pédé " qui joue avec les filles pour les autres... L'IRA, les bombes, les émeutes, les affrontements avec l'armée britanniques : Mickey évolue au milieu de ce climat troublé avec son innocence et ses rêves de gamin. Son chien est tué par une bombe, un soldat meurt devant ses yeux... Les " Troubles " viennent frapper à sa porte et Mickey réalise que pour protéger sa mère et sa soeur il va lui falloir franchir quelques lignes. Avec beaucoup de sensibilité, de tendresse et d'humour, Paul McVeigh réussit à nous faire partager le point de vue du petit Mickey. Et là est la grande force de ce roman : donner à nos yeux d'adultes ce regard d'enfant.

Auteur : Né à Belfast, Paul McVeigh a commencé sa carrière d'écrivain comme dramaturge avant de déménager à Londres, où il a écrit des comédies pour le théâtre, qui se sont jouées au Festival d'Edimbourg et à Londres. Directeur du London Short Story Festival, il est lui-même l'auteur de nouvelles, publiées dans des revues et des anthologies littéraires, et lues dans différents programmes à la radio. Il signe ici son premier roman.

Mon avis : (lu en avril 2016)
Mickey Donnelly a 10 ans, il vit à Belfast dans les années 80 pendant les "Troubles". Il est le narrateur de ce roman, il rend compte des conflits entre catholiques et protestants, de son quotidien dans une famille où son père est alcoolique et boit ou joue les économies familiales. 
C'est un garçon attachant, intelligent, il est différent des autres garçons de son quartier. Il préfère lire et étudier ou s'occuper de P'tite Maggie sa petite soeur que de se battre avec les autres garçons. Son grand frère, Paddy, est un dur qui n'est pas le dernier pour le tourmenter, le traiter de "fille" ou de "pédé"...
Le récit commence le dernier jour d'école, à l'automne Mickey ira au Collège. Il a réussi l'examen pour entrer dans une Grammar school et il se réjouie d'abandonner enfin tous les garçons de son école. Sa joie sera courte car il va apprendre que son père est parti avec l'argent destiné à ses études et qu'il faudra qu'il intègre finalement le Saint-Gabriel, le collège ordinaire. C'est donc avec une angoisse certaine qu'il va passer ses deux mois de vacances d'été...
J'ai beaucoup aimé ce livre et découvrir la vie, pas toujours facile, et les interrogations de Mickey sur son avenir dans ce quartier difficile de Belfast durant les conflits entre catholiques et protestants.

Merci les éditions Philippe Rey pour cette lecture poignante.

Extrait : (début du livre)
Je suis né le jour où les Troubles ont commencé.
« Pas vrai, M’man ?
– C’est toi qui les as déclenchés », répond-elle, et on rit tous sauf Paddy. Je mets ça sur le compte de ses boutons et parce qu’il est vraiment moche. Ça doit être dur d’être heureux avec une tête pareille. J’ai presque pitié de lui. Je repère un gros suçon dégueulasse sur son cou que je garde comme munition pour riposter aux attaques à venir.
Une note fleurie de désinfectant m’emplit les narines et vient se mêler au goût sucré des Frosties dans ma bouche quand M’man passe avec le seau en fer-blanc et la brosse. Elle ne nettoie la cour que lorsqu’il arrive quelque chose. C’est sans doute P’pa, comme d’habitude.
« Tu veux que je t’aide, M’man ? je demande.
– Non, fiston. » Elle disparaît derrière, sans même me regarder. Je m’inquiète pour elle à cause d’hier soir.
« Tu veux qu’je t’aide ? » répète Paddy d’une voix de fille. Lèche-cul.
« J’vais le dire à M’man.
– J’vais le dire à M’man… », fait Paddy en m’imitant.
Je jette un coup d’œil à P’tite Maggie, l’air de dire On le déteste, hein ? Elle me répond d’un regard qui signifie Et comment, c’est un gros cochon bien gras ! C’est un moine de Cave Hill qui m’a appris à lancer des regards. Je me suis entraîné comme un Chevalier Jedi, mais moi, mon sabre laser c’est mon visage. Je suis devenu Look Skywalker. Ma mission : défendre les faibles et les petits dans les familles contre la plaie que sont les grands frères. P’tite Maggie est ma disciple.
Pour tester son niveau en télépathie, je lui envoie : T’inquiète pas, il va se faire renverser par une bagnole, puis un camion va lui rouler dessus et ses yeux vont lui sortir de la tête. P’tite Maggie sourit. Elle a pigé. Je crois qu’en fait on est des jumeaux mais pas nés en même temps, une super expérience génétique en éprouvette de la CIA.
Paddy se lève et laisse son bol sale sur la table comme s’il était le roi Farouk.
« Le laisse pas à M’man, je dis.
– Le fifils à sa maman.
– Ta gueule. Au moins moi j’ai pas un gros suçon dégueulasse. »
P’tite Maggie rit et s’étouffe. Des Frosties jaillissent de sa bouche sur le pull de Paddy, exactement comme fait la fille dans L’Exorciste, que j’ai vu à la Maison des jeunes du pape Jean-Paul II.
« C’est ta faute, p’tit pédé ! » Paddy me tape sur la tête.
J’essaie de lui balancer un coup, mais mon tibia cogne contre le pied de la table.
Paddy rigole, essuie son pull. « Et paraît que t’es intelligent ? Grammar school ? Ben voyons.

– Je suis plus intelligent que toi, andouille. Au fait, ta copine, elle aime sucer les boutons sur ton cou ? »
Paddy me fonce dessus et m’agrippe par le pull pour me faire descendre de ma chaise.
« M’man ! je crie vers l’arrière-cour.
– Quoi ? » hurle M’man. La maison tremble comme quand des bombes explosent. Paddy me lâche. Personne, même pas Mohamed Ali, ne se frotterait à M’man.
« Rien », je réponds toujours en criant. Paddy attrape son blazer sur le dossier de la chaise et s’en va. Je hausse les sourcils et souris à P’tite Maggie. « À moi la victoire ! » Je ris comme le Comte dansSesame Street.
La belle table de M’man est sale. Je me précipite vers l’évier, mouille l’éponge et reviens en courant avant que M’man rentre et tue quelqu’un. Quelqu’un = moi. J’ai beau être le bon fils de la famille, c’est moi qui trinque si P’tite Maggie fait une bêtise, parce que c’est la plus jeune et que je m’occupe d’elle. Même si ma sœur me transformait en torche, c’est moi qui prendrais une raclée pour avoir laissé les allumettes à sa portée.

 Challenge Voisins, Voisines
voisins voisines 2016
Irlande du Nord

30 avril 2016

Juliette à Amsterdam - Rose-Line Brasset

Lu en partenariat avec Babelio et Kennes éditions

juliette à Amsterdam Kennes Editions - mars 2016 - 259 pages

Quatrième de couverture :
En ce début novembre, Juliette se rend avec sa mère dans la capitale des Pays-Bas afin de rencontrer la famille qui a accueilli son grand-père pendant la Deuxième Guerre mondiale. Une belle occasion pour la jeune globe-trotter de découvrir les charmes d'Amsterdam, ses canaux, ses péniches, ses maisons étroites et ses vélos ! Les émotions aussi seront au rendez-vous : notre amie se fera un nouveau copain et prendra conscience d'une façon inattendue du sort tragique d'une jeune fille de son âge, Anne Frank, dont le Journal a fait le tour du monde.
Un carnet de voyage Sur les pas de Juliette est disponible à la fin du roman. Les lectrices en apprendront un peu plus sur les principaux attraits, l'architecture, la langue et l'histoire d'Amsterdam. Elles pourront même tester leurs connaissances grâce à un jeu-questionnaire dont les réponses se trouvent en fin de livre. Un complément enrichissant à des péripéties époustouflantes !

Auteur : Rose-Line Brasset est née à Alma, au Québec. Journaliste et documentaliste, elle détient une maîtrise en études littéraires. Elle a publié de nombreux articles dans divers journaux et magazines. Globe-trotter depuis l'adolescence, elle est aussi l'auteure d'ouvrages édités aux Publications du Québec. Mère de deux enfants, elle partage son temps entre sa famille, les promenades en forêt avec son labrador, la cuisine et le yoga.

Mon avis : (lu en avril 2016)
J'ai choisi ce livre pour son éditeur qui m'a fait penser que l'auteur était québécoise... et pour la destination de Juliette que j'ai eu la chance de découvrir il y a trois ans...
La couverture ne m'a pas du tout attirée, au contraire, elle m'évoque une lecture plutôt enfantine, il est vrai que le public visé par l'éditeur est 10 à 12 ans... Je pense que ce livre peut également intéresser des lecteurs plus âgés.
Juliette à Amsterdam est le 4ème tome d'une série, pour moi c'est le 1er que je lis.
Juliette est une jeune québécoise de 13 ans, élevée par sa mère journaliste qui parcourt le monde pour son travail. Dans cette épisode, elles partent toutes les deux à Amsterdam pour rencontrer la famille qui avait accueilli son grand-père pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est l'occasion pour Juliette de découvrir la ville d'Amsterdam en compagnie de Piet, un hollandais de 16 ans et de mieux comprendre le Journal d'Anne Frank qu'elle devait étudier au collège à Québec.
J'ai trouvé cette lecture très sympathique et intéressante. La ville d'Amsterdam est bien décrite, le séjour de Juliette et de sa maman est riche en découvertes. La partie concernant Anne Frank est poignante et très réussie. En fin de livre, le lecteur découvre le Carnet de voyage de Juliette et des renseignements complémentaires sur ses visites, un jeu-questionnaire et un lexique avec quelques expressions québécoises utilisées dans cette histoire pour une meilleure compréhension pour nous Français...

Merci Babelio et les éditions Kennes pour cette découverte.

Extrait : 
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21 avril 2016

No et moi - Delphine de Vigan

Lu en partenariat avec Audiolib

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Audiolib - mars 2016 - 5h10 - Lu par Lola Naymark

Jean-Claude Lattès - 22 août 2007 - 285 pages

Livre de Poche - mars 2009 - 248 pages

Prix des Libraires 2008

Quatrième de couverture : 
Elle avait l’air si jeune. En même temps il m’avait semblé qu’elle connaissait vraiment la vie, ou plutôt qu’elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur.
Adolescente surdouée, Lou Bertignac rêve d’amour, observe les gens, collectionne les mots, multiplie les expériences domestiques et les théories fantaisistes.
Jusqu’au jour où elle rencontre No, une jeune fi lle à peine plus âgée qu’elle.
No, ses vêtements sales, son visage fatigué, No dont la solitude et l’errance questionnent le monde. Pour la sauver, Lou se lance alors dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Mais nul n’est à l’abri…
No et moi, paru en 2007 a été traduit dans vingt-cinq langues et adapté à l’écran par Zabou Breitman.

Auteur : Née en 1966 à Boulogne-Billancourt, Delphine de Vigan est l’auteur de, notamment, No et moi (prix des Libraires 2008), Les Heures souterraines (finaliste du Prix Goncourt 2009), Rien ne s’oppose à la nuit(Prix du Roman Fnac, Prix du Roman France Télévision, Prix Renaudot des Lycéens et Prix des lectrices de Elle 2011) et D’après une histoire vraie (Prix Renaudot 2015). Ses livres sont traduits dans le monde entier.

Lecteur : Parallèlement à des études de philosophie, Lola Naymark se forme à la Classe Libre du Cours Florent. Révélée en 2003 par le film Brodeuses d'Éléonore Faucher, elle alterne les projets pour la télévision et le cinéma (Brève de comptoir de Jean-Michel Ribes, Au fil d’Ariane de Robert Guédiguian) et le théâtre (Les Liaisons Dangereuses, mis-en-scène par John Malkovich).     

Mon avis : (écouté en avril 2016)
C'est avec ce livre que j'ai découvert Delphine de Vigan et cela reste mon préféré. J'ai beaucoup aimé cette relecture en livre audio.
Lou, la narratrice, est une adolescente surdouée. A 13 ans, elle est en Seconde et se définit comme « Lou Bertignac, meilleure élève de la classe, asociale et muette ». Elle va devoir préparer un exposé et lorsque le professeur lui demande le sujet de l'exposé, elle répond au hasard : — Les sans-abri. 
Lou va donc rencontrer No, une adolescente âgée de 18 ans, en rupture avec sa famille et sans abri. C'est la rencontre improbable de deux mondes. Les deux jeunes filles sont très différentes, mais toutes deux vont s'apprivoiser. 
Lou est très attachante, elle est idéaliste et elle pense qu'elle peut changer les choses. No est rejetée par la société, c'est une rebelle mais elle va accepter cette amitié. Lou va sortir grandi de cette rencontre et elle va apprendre à rencontrer les autres même s'ils sont différents.

Merci Audrey et les éditions Audiolib pour cette relecture toujours aussi émouvante

Extrait : (début du livre)
— Mademoiselle Bertignac, je ne vois pas votre nom sur la liste des exposés.
De loin Monsieur Marin m’observe, le sourcil levé, les mains posées sur son bureau. C’était compter sans son radar longue portée. J’espérais le sursis, c’est le flagrant délit. Vingt-cinq paires d’yeux tournées vers moi attendent ma réponse. Le cerveau pris en faute. Axelle Vernoux et Léa Germain pouffent en silence derrière leurs mains, une dizaine de bracelets tintent de plaisir à leurs poignets. Si je pouvais m’enfoncer cent kilomètres sous terre, du côté de la lithosphère, ça m’arrangerait un peu. J’ai horreur des exposés, j’ai horreur de prendre la parole devant la classe, une faille sismique s’est ouverte sous mes pieds, mais rien ne bouge, rien ne s’effondre, je préférerais m’évanouir là, tout de suite, foudroyée, je tomberais raide de ma petite hauteur, les Converse en éventail, les bras en croix, Monsieur Marin écrirait à la craie sur le tableau noir : ci-gît Lou Bertignac, meilleure élève de la classe, asociale et muette.
— … J’allais m’inscrire.
— Très bien. Quel est votre sujet ?
— Les sans-abri.
— C’est un peu général, pouvez-vous préciser ? 

Lucas me sourit. Ses yeux sont immenses, je pourrais me noyer à l’intérieur, disparaître, ou laisser le silence engloutir Monsieur Marin et toute la classe avec lui, je pourrais prendre mon sac Eastpack et sortir sans un mot, comme Lucas sait le faire, je pourrais m’excuser et avouer que je n’en ai pas la moindre idée, j’ai dit ça au hasard, je vais y réfléchir, et puis j’irais voir Monsieur Marin à la fin du cours pour lui expliquer que je ne peux pas, un exposé devant toute la classe c’est tout simplement au-dessus de mes forces, je suis désolée, je fournirais un certificat médical s’il le faut, inaptitude pathologique aux exposés en tout genre, avec le tampon et tout, je serais dispensée. Mais Lucas me regarde et je vois bien qu’il attend que je m’en sorte, il est avec moi, il se dit qu’une fille dans mon genre ne peut pas se ridiculiser devant trente élèves, son poing est serré, un peu plus il le brandirait au-dessus de lui, comme les supporters de foot encouragent les joueurs, mais soudain le silence pèse, on se croirait dans une église.

— Je vais retracer l’itinéraire d’une jeune femme sans abri, sa vie, enfin… son histoire. Je veux dire… comment elle se retrouve dans la rue.
Ça frémit dans les rangs, on chuchote.
— Très bien. C’est un beau sujet. On recense chaque année de plus en plus de femmes en errance, et de plus en plus jeunes. Quelles sources documentaires pensez-vous utiliser, mademoiselle Bertignac ?
Je n’ai rien à perdre. Ou tellement que ça ne se compte pas sur les doigts d’une main, ni même de dix, ça relève de l’infiniment grand.
— Le… le témoignage. Je vais interviewer une jeune femme SDF. Je l’ai rencontrée hier, elle a accepté.
Silence recueilli.

 

Déjà lu du même auteur :

 

 

16 avril 2016

La Maison de vacances - Anna Fredriksson

Lu en partenariat avec les éditions Denoël

B26652 Denoël - mars 2016 - 352 pages

traduit du suédois par Lucas Messmer

Titre original : Sommarhuset

Quatrième de couverture : 
Eva a complètement coupé les ponts avec son frère Anders et sa sœur Maja. Alors qu’ils n’ont eu aucun contact depuis plusieurs années, la mort brutale de leur mère les réunit. Très vite, une violente dispute éclate concernant l’héritage : Eva estime que la maison de vacances sur l’archipel suédois que sa mère aimait tant lui revient de droit, mais Anders et Maja ne sont pas du même avis. Eva se réfugie alors sur l’archipel. Mais, quelques jours plus tard, Anders et Maja arrivent à leur tour avec conjoints et enfants… Au fil des jours, tous vont apprendre à se connaître, mais est-il encore possible de renouer des liens brisés depuis si longtemps ? 
Anna Fredriksson nous parle de ce lieu où se nouent et se dénouent les drames familiaux, où les liens se resserrent, dans ce roman émouvant et intelligent sur les relations fraternelles compliquées, le chagrin et l’amour.

Auteur : Anna Fredriksson est scénariste. Elle travaille aussi bien sur des longs métrages que sur des adaptations TV telles que la série Les Enquêtes de l'inspecteur Wallander, tirée des romans de Henning Mankell (diffusée sur Arte). La Maison de vacances est son premier roman publié en Suède. Il a rencontré un véritable succès auprès de la critique et du public. Denoël a déjà publié Rue du Bonheur.

Mon avis : (lu en avril 2016)
Eva est à un tournant de sa vie, 
sa mère vient de mourir brutalement et son fils qu'elle a élevé seule vient de quitter le foyer familiale pour s'installer avec sa petite amie. 
Après de nombreuses années sans nouvelles, elle va devoir renouer le contact avec Anders et Maja son frère et sa soeur. Suite à l'héritage, ils vont se disputer. En effet, la maison de vacances est au centre des disputes. Eva aime cette maison auquelle sa mère tenait. Toutes deux y passaient régulièrement leurs vacances. Pour Anders et Maja, cette maison ne représente qu'une valeur marchande et la possibilité de s'offrir une nouvelle voiture ou rembourser des dettes... 
Eva décide alors d'abandonner son travail et de partir s'installer dans la maison de l'archipel pour en éviter la vente... 
Quelques jours plus tard, Anders et sa famille et Maja et son compagne débarquent également dans la maison de vacances. Vont-ils arriver à cohabiter, apprendre à se connaître, à recréer des liens ?
J'ai lu très facilement ce livre et j'ai bien aimé cette histoire de famille et de maison d'été. Les différents personnages sont attachants, la description des relations entre frère et soeurs est réussie. J'ai également aimé la maison et cette petite île suédoise.

Merci Laila et les éditions Denoël pour ce livre qui donne une envie de vacances au bord de la mer...

Extrait : (début du livre)
Elle ouvre la porte tapissée de la penderie, sous les combles, libérant un petit nuage de poussière. Une odeur de vieux bois et de tissu défraîchi emplit ses narines. Quelques relents du puissant produit contre les capricornes persistent encore, alors que sa dernière utilisation remonte à plus de trente ans. C’est ici qu’est rangée une partie des habits de maman, ceux qu’elle portait quand il faisait chaud. Jusqu’à son dernier été.
Il faut quelques secondes à Eva pour se ressaisir. Puis elle commence à sortir les vêtements, plusieurs piles à la fois, à pleines brassées, comme s’il ne s’agissait que d’une banale tâche ménagère, un grand nettoyage de printemps avant la saison estivale. 
Elle dépose le tout sur un des lits dans la pièce attenante. Au terme de quelques allers-retours, il ne reste plus qu’une robe bleue et grise. Sans manches. En coton. Celle que maman avait pour habitude de porter le soir de la fête de la Saint-Jean. Elle se souvient de ces danses frivoles autour du mât fleuri, et de la main d’une vieille dame inconnue tendue vers elle. Elle se revoit prendre la fuite pour se réfugier chez sa mère, qui l’observait à distance. Sans doute n’assistait-elle aux festivités que pour faire acte de présence, l’esprit occupé par les problèmes sociaux de l’époque.
Elle effleure la robe du bout des doigts et la laisse pendre là, seule sur son cintre, avant de reporter son attention sur le reste des habits. Les uns après les autres, elle les tient à bout de bras, les plie puis les fourre dans un sac-poubelle noir. Des pantalons, des jupes, des cardigans, des chemisiers légèrement froissés au col court. Puis elle se retrouve soudain devant la robe rayée Marimekko. La fameuse. Elle la caresse, porte le tissu à son visage. Ses yeux se mettent à piquer. 
Elle ne prendra pas de décision maintenant. Eva met le vêtement de côté et ouvre les tiroirs de la commode. Elle en retire plusieurs culottes blanches en coton, qui atterrissent aussitôt dans le sac-poubelle, suivies de leurs consœurs et de quelques soutiens-gorge blancs rembourrés. Vient ensuite un pyjama en tricot d’une douceur incomparable. Un pull-over entre ses mains, elle se laisse submerger par l’émotion, sachant que ce bout d’étoffe avait reposé un jour sur les épaules de maman.
Le tiroir d’en dessous renferme un vieil écrin à bijoux. Elle l’ouvre pour découvrir tous ces trésors si familiers avec lesquels elle jouait étant petite, quand elle s’amusait à les trier par rangées et à les présenter soigneusement dans leurs compartiments respectifs. Elle saisit une paire de boucles d’oreilles vertes à clip. Quand maman les a-t-elle achetées ? Sans doute avant la naissance d’Eva, dans les années 1960. Elle les examine. Elle n’en a pas le moindre souvenir.

 

Déjà lu du même auteur :

rue du bonheur Rue du Bonheur 

 Challenge Voisins, Voisines
voisins voisines 2016
Suède

12 avril 2016

Le piano oriental - Zeina Abirached

BD2016

 Un grand merci à Price Minister pour son opération la BD fait son festival 2016 #1Blog1BD

9782203092082_1_75 Casterman - septembre 2015 - 208 pages

Quatrième de couverture : 
Le récit de la vie de l'inventeur d'un instrument de musique dans le Beyrouth des années 1960 : un piano ayant pour but de rapprocher les traditions musicales d'Orient et d'Occident. Un exemplaire aura vu le jour, avant la guerre civile.

Auteur : Née à Beyrouth en 1981, Zeina Abirached a fait des études de graphisme au Liban puis à Paris, aux Arts Décoratifs. Après Beyrouth Catharsis et 38 rue Youssef Semaani, son roman graphique Mourir Partir Revenir, Le jeu des hirondelles connaît un large succès public et critique (sélection Angoulême 2008, traduction dans une dizaine de pays).

Mon avis : (lu en mars 2016)
J'ai découvert cette auteur, quelques semaines avant de lire cette bande dessinée, en empruntant par hasard l'une de ses BD à la bibliothèque (Je me souviens Beyrouth).
Zeina nous raconte en parallèle deux histoires. Celle d'Abdallah Kamanja, un inventeur un peu fou. Dans les années 1960, il est fonctionnaire au Liban, mais il est surtout passionné et habité par la musique. Il est attentif à tous les sons de la vie quotidienne. Abdallah cherche à inventer un piano avec lequel on pourrait aussi bien jouer de la musique occidentale que de la musique orientale grâce au "quart de ton" que cet instrument pourrait permettre d'obtenir. Il va réussir à inventer son piano oriental, un fabricant autrichien sera prêt à le fabriquer dès qu'il y aura une commande de 100 pianos... 
L'autre histoire c'est celle de l'auteur, son enfance à Beyrouth, puis en France. Elle prend conscience qu'elle a toujours été baignée dans cette double culture d'autant plus que son grand-père paternel avait été traducteur officiel pendant le mandat français au Liban. Il était le lien entre le Haut commissariat français et les autorités locales.
La musique est présente tout au long de la bande-dessinée avec les sons qui y sont présents sous forme d'onomatopées. Ainsi, Abdallah fait "pom pom" en marchant, ses chaussures "scrouitchi", les poissons volants font "pi pi pi"... 
C'est aussi l'histoire de la cohabitation harmonieuse entre deux cultures : libanaise et française, deux langues : le français et l'arabe.

Merci PriceMinister pour ce partenariat et cette belle découverte.

Note : 18/20

 
Le véritable son du piano oriental d'Abdallah Chahine, enregistré par son fils Joseph Chahine

Extrait : 

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Spectacle (1)

31 mars 2016

Le ravissement des innocents - Taiye Selasi

Lu en partenariat avec les éditions Folio

le ravissement 71H54JaCp5L

Folio - février 2016 - 432 pages

Gallimard - septembre 2014 - 384 pages

traduit de l'anglais par Sylvie Schneiter

Titre original : Ghana must go, 2013

Quatrième de couverture :
C’est l’histoire d’une famille, des ruptures et déchirements qui se produisent en son sein, et des efforts déployés par chacun pour œuvrer à la réconciliation. En une soirée, la vie de la famille Sai s’écroule : Kweku, le père, un chirurgien ghanéen très respecté aux États-Unis, subit une injustice professionnelle criante. Ne pouvant assumer cette humiliation, il abandonne Folá et leurs quatre enfants. Jusqu’à l'irruption d’un nouveau drame qui les oblige tous à se remettre en question.

Auteur : Taiye Selasi, née à Londres, a passé son enfance dans le Massachusetts et vit à Rome. Elle est titulaire d'une licence de littérature américaine de Yale et d'un DEA de relations internationales d'Oxford. Elle fait son entrée en littérature en 2011 en publiant dans Granta The Sex Lives of African Girls. Cette nouvelle, qui a fait sensation, a été reprise dans le recueil Best American Short Stories 2012. Le ravissement des innocents, son premier roman, a été traduit en 17 langues.

Mon avis : (lu en mars 2016)
Ce livre nous raconte l'histoire de la famille Sai, d'origine africaine, ils ont vécu également aux États-Unis. Cela commence avec la mort subite de Kweku, le père.  Sa mort va obliger toute la famille à se retrouver et à revenir au Ghana.
Le lecteur va découvrir peu à peu chacun de ces six personnages.
Des années plus tôt, Kweku, était chirurgien, il a quitté sa femme, ses quatre enfants et les États-Unis après avoir été injustement renvoyé de son travail. Il est retourné au Ghana. 
Flora, la mère, est restée aux États-Unis avec Sadie la petite dernière.
Olu, l'aîné, est envoyé en pension et deviendra un brillant médecin.
Taiwo et Kehinde, les jumeaux seront envoyés chez un oncle au Nigeria. 
Je referme ce livre avec un sentiment mitigé... En effet, j'ai eu beaucoup de mal à terminer ce livre touffu (j'avoue avoir survolé le dernier tiers) , avec ses longues descriptions, ses nombreux flashback... J'ai eu beaucoup de mal à m'y retrouver : le livre se situe soit en Afrique (Ghana, Nigeria), soit aux Etats-Unis, les personnages sont nombreux. 
L'écriture est poétique mais la construction trop brouillonne complique l'ensemble et je n'ai pas réussi à m'attacher vraiment aux différents personnages... J'ai fini par me lasser.

Merci les éditions Folio pour ce partenariat.

Extrait : (début du livre)
Kweku meurt pieds nus un dimanche matin avant le lever du jour, ses pantoufles tels des chiens devant la porte de la chambre. Alors qu’il se tient sur le seuil entre la véranda fermée et le jardin, il envisage de retourner les chercher. Non. Ama, sa seconde épouse, dort dans cette chambre, les lèvres entrouvertes, le front un peu plissé, sa joue chaude en quête d’un coin frais sur l’oreiller, il ne veut pas la réveiller. Quand bien même il le tenterait, il n’y parviendrait pas.
Elle dort comme un taro. Un tubercule privé de sensations. Elle dort comme la mère de Kweku, coupée du monde. Des Nigérians en sandalettes déboulant devant leur porte dans des chars russes rouillés pourraient dévaliser leur maison, sans la moindre discrétion, ainsi qu’ils y ont pris goût à Victoria Island (d’après ses amis en tout cas : grossiers rois du pétrole et cow-boys démobilisés dans la mégapole de Lagos, cette bizarre race africaine : intrépide et riche), elle continuerait à ronfler mélodieusement, on dirait une composition musicale, à rêver de bonbons et de Tchaïkovski. Elle dort comme une enfant.
La pensée l’a malgré tout accompagné de la chambre à la véranda, risque fictif de perturbation, numéro qu’il se joue. Une habitude depuis son départ du village, petite représentation en plein air destinée à un public composé d’une seule personne. Une ou deux : lui et son cameraman invisible qui s’est enfui à son côté dans l’obscurité avant l’aube, en lisière de l’océan, et ne l’a plus quitté. Filmant silencieusement sa vie. Ou la vie de l’Homme Qu’il Souhaite Être et Qu’Il a Laissé Devenir.
Dans ce plan-séquence, une scène d’intérieur : le Mari Prévenant.
Qui ne fait aucun bruit tandis qu’il sort furtivement du lit, repousse les draps, pose ses pieds l’un après l’autre sur le sol, s’efforce de ne pas réveiller sa femme plongée dans un sommeil de plomb, de ne pas se lever trop vite afin d’éviter de déplacer le matelas, traverse la pièce à pas de loup, ferme la porte très doucement. Et marche dans le couloir de la même façon, franchit la porte menant à l’atrium où, bien qu’elle ne puisse sûrement pas l’entendre, il reste sur la pointe des pieds. Il emprunte le court passage équipé d’un radiateur électrique qui relie l’aile de la chambre principale à l’aile du séjour, s’arrête l’espace d’un instant pour admirer sa maison.

 Challenge Voisins, Voisines
voisins voisines 2016
Angleterre

30 mars 2016

On regrettera plus tard - Agnès Ledig

Lu en partenariat avec Albin Michel

9782226320933m Albin Michel - mars 2016 - 320 pages

Quatrième de couverture :
Cela fait bientôt sept ans qu'Eric et sa petite Anna Nina sillonnent les routes de France. Solitude choisie. Jusqu'à ce soir de juin, où le vent et la pluie les obligent à frapper à la porte de Valentine. Un orage peut-il à lui seul détourner d'un destin que l'on croyait tout tracé ?
Avec la vitalité, l'émotion et la générosité qui ont fait l'immense succès de Juste avant le bonheur et Pars avec lui, Agnès Ledig explore les chemins imprévisibles de l'existence et du coeur. Pour nous dire que le désir et la vie sont plus forts que la peur et les blessures du passé.

Auteur : Découverte en 2011 avec Marie d'en haut, coup de cœur des lectrices du Prix Femme Actuelle, Agnès Ledig s'est imposée comme une des romancières françaises les plus aimées du grand public. Ses deux best-sellers, Juste avant le bonheur, Prix Maison de la Presse 2013 (460 000 ex vendus en France, grand format et poche), et Pars avec lui (Albin Michel, 2014) sont aujourd'hui traduits en 12 langues. L'auteur vit actuellement en Alsace.

Mon avis : (lu en mars 2016)
Valentine est une institutrice alsacienne qui vit seule dans un petit hameau. Célibataire, hyperactive, elle n'a jamais su garder un homme. Un soir d'orage, Eric et sa fille Anna-Nina, âgée de 7 ans, vont débarquer dans sa vie. Depuis la naissance d'Anna-Nina et la mort de sa maman, ils parcourent les routes dans une roulotte. Avec la tempête, un arbre a endommagé le toit de roulotte et Anna-Nina est trempée et fiévreuse. En pleine nuit, Valentine accueille le père et la fille.

Dans le présent, tour à tour, Eric et Valentine sont les narrateurs de cette histoire
Le lecteur découvre également une histoire du passé, en 1944, un adolescent vient en aide à une femme enceinte jetée hors de la Kommandantur après avoir été interrogée violemment.
Le lecteur découvrira comment ces deux histoires sont liées...
Valentine et Eric ont tous les deux un passé douloureux et cette rencontre imprévue vont changer la vie de tous les trois.
Les personnages sont touchants et attachants. L'histoire est émouvante. Anna-Nina est une petite fille sensible et très intelligente. Elle a toujours vécu seule avec son père qui fait tout pour la rendre heureuse. Elle va découvrir l'école et les copains... 

Merci à Aurore et aux éditions Albin Michel pour cette belle histoire qui fait du bien.

Extrait : (début du livre)
Dimanche 13 juin 2010

Un soir d’orage

Je suis courageuse, mais quand même.
En pleine nuit d’orage, entre tonnerre et pluie battante, ces coups violents contre la porte d’entrée étaient dignes d’un scénario de film d’horreur. Après avoir sursauté sous ma couverture de laine, je dois réfléchir rapidement. Le visage de Jack Nicholson dans Shining ! C’est la première image qui me vient : il est derrière cette porte. Ma porte ! Qui d’autre que lui aurait eu l’idée d’emprunter le chemin qui mène à notre petit village en pleine nuit et par un temps pareil ? Mais je ne peux décemment pas rester là sans rien faire et prendre le risque de retrouver un mort sur mon paillasson demain matin sous prétexte que j’aurai eu la trouille d’ouvrir ma porte à un comédien de cinéma. Pour frapper ainsi, c’est peut-être quelqu’un qui a besoin d’aide. Un psychopathe entrerait en scène plus subtilement, non ?
Quoique !
Quoique, je vais quand même chercher la poêle en fonte à la cuisine, celle que j’arrive à peine à soulever d’une main, et, après avoir respiré profondément, j’entrouvre la porte avec précaution, l’ustensile en l’air, prêt à s’abattre sur Jack.
– Aidez-moi !
Un homme se tient devant moi, une fillette recroquevillée dans les bras. Ils sont trempés. Il m’implore du regard et n’a rien d’un acteur américain. Soudain ridicule avec ma poêle en fonte, je la pose au sol et j’ouvre grand la porte pour les faire entrer.
– D’où sortez-vous comme ça ?
– J’ai besoin d’aide. Elle est bouillante. Je n’ai plus d’abri pour elle ni de médicaments.
– Posez-la sur le canapé, juste là, lui dis-je en repoussant la couverture et le livre que j’étais en train de lire.
Je commence à la défaire de ses vêtements mouillés et froids, qui lui collent à la peau, puis je pose mes lèvres sur son front, une habitude prise avec mes élèves. Elle est effectivement brûlante. Je demande à l’homme d’aller chercher une serviette éponge à la cuisine pour sécher ses cheveux, tout en l’emmitouflant nue dans la couverture et en la frictionnant pour la réchauffer. La petite grelotte, le regard dans le vague, proche de l’inconscience.
– Je vais appeler le médecin. Il n’habite pas très loin, il viendra vite.
– Merci.
– Comment s’appelle-t-elle ?
– Anna-Nina.
– Elle a quel âge ?
– Sept ans.
– Vous voulez des vêtements secs pour vous changer ?
– Je dois aller mettre les chevaux à l’abri.
– Quels chevaux ?
– Mes chevaux.
Et là, je fais le lien avec la roulotte que j’ai vue arriver il y a deux jours et stationner sur le chemin un peu plus haut. C’était donc eux.
– Allez sonner chez le voisin, il s’appelle Gustave, il est de l’autre côté de la cour, il y a encore de la lumière chez lui, lui dis-je en jetant un œil par la fenêtre. Précisez-lui que vous venez de ma part et qu’il faut mettre des chevaux à l’abri à cause de l’orage.
La petite a fermé les yeux et tremble dans son demi-sommeil. Je lui ai recouvert la tête avec une serviette, et me suis assise à côté d’elle pour appeler le médecin.

Déjà lu du même auteur : 

JUSTE_AVANT_LE_BONHEUR Juste avant le bonheur 9782226259929-j Pars avec lui

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