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8 mars 2015

Le vieux qui lisait des romans d'amour - Luis Sepulveda

 LOGOTYPE-2015

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Audiolib - décembre 2014 - 3h21 - Lu par Feodor Atkine

Editions Métailié - avril 1992 - 130 pages

Points - 1994 - 130 pages

Points - janvier 1997 - 120 pages

Points - janvier 2003 - 120 pages

Editions Métailié - mai 2004 -137 pages

traduit de l’espagnol (Chili) par François Maspero

Titre original : Un viejo que leía novelas de amor, 1992

Quatrième de couverture :
Antonio José Bolivar Proaño est le seul à pouvoir chasser le félin tueur d’hommes. Il connaît la forêt amazonienne, il respecte les animaux qui la peuplent, il a vécu avec les Indiens Shuars et il accepte le duel avec le fauve. Mais Antonio José Bolivar a découvert sur le tard l’antidote au redoutable venin de la vieillesse : il sait lire, et il a une passion pour les romans qui parlent de l’amour, le vrai, celui qui fait souffrir. Partagé entre la chasse et sa passion pour les romans, le vieux nous entraîne dans ce livre plein de charme dont le souvenir ne nous quitte plus.

Auteur : Luis Sepúlveda est né en 1949 au Chili. Emprisonné sous le régime de Pinochet puis exilé, il parcourt l’Amérique latine et fonde de nombreuses troupes théâtrales. Très soucieux d’écologie, il participe à une recherche de l’UNESCO au sujet de l’impact de la colonisation sur les populations amazoniennes et passe un an chez les Indiens Shuars. Depuis 1996, il vit en Espagne. Ses oeuvres sont aujourd’hui des bestsellers mondiaux. Il a publié en 2013 Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis et Ingrédients pour une vie de passions formidables.

Lecteur : Difficile de présenter ce comédien talentueux, à la carrière exemplaire et au parcours surprenant. Féodor Atkine a tourné avec les plus grands cinéastes : Woody Allen,Oliver Stone, Raul Ruiz... Théâtre, films et doublages se succèdent (Dr House, Breaking Bad). Ce lecteur passionné a obtenu en 2014 le Coup de coeur de l’Académie Charles Cros pour sa lecture du Quatrième mur.

Mon avis : (écouté en mars 2015)
J'avais déjà fait un billet sur ce livre cet été, dans la rubrique "souvenirs, souvenirs...", c'est un livre que j'ai lu pour la première fois il y a plus de vingt ans et que j'avais beaucoup aimé. 
J'ai passé un moment incroyable (beaucoup trop court) en l'écoutant lu par Féodor Atkine que j'ai également adoré dans Le quatrième mur de Sorj Chalandon. 
L’histoire se passe au fin fond de l’Amazonie, dans le village d'El Idilio. C’est là que vit Antonio José Bolivar, il est arrivé en Amazonie avec l'espoir d'une vie meilleure et un terrain à faire fructifier... Pendant quelques temps, il va vivre avec les Shuars, les indiens locaux, qui vont lui apprendre à se débrouiller dans le milieu hostile de la forêt vierge. Un jour, les indiens l'invitera à quitter la tribu et il s'installera à El Idilio. Il se découvrira alors une passion pour les romans d'amour...
Lorsque l'histoire commence le corps sans vie d'un homme est retrouvé. Les villageois soupçonnent immédiatement les indiens Shuars. Seul le "vieux" est persuadé que le coupable est un félin...
Sepulveda est un vrai conteur et avec cette histoire, il nous parle de l'Amazonie et rend un très bel hommage à la nature.
Féodor Atkine a su rendre vivant ce conte plein d'humanité, de poésie et d'humour. Un vrai bonheur, un vrai coup de coeur !

Extrait : (début du livre)
Le ciel était une panse d’âne gonflée qui pendait très bas, menaçante, au-dessus des têtes. Le vent tiède et poisseux balayait les feuilles éparses et secouait violemment les bananiers rachitiques qui ornaient la façade de la mairie.
Les quelques habitants d’El Idilio, auxquels s’étaient joints une poignée d’aventuriers venus des environs, attendaient sur le quai leur tour de s’asseoir dans le fauteuil mobile du dentiste, le docteur Rubincondo Loachamín, qui pratiquait une étrange anesthésie verbale pour atténuer les douleurs de ses clients.
— Ça te fait mal ? questionnait-il.
Agrippés aux bras du fauteuil, les patients, en guise de réponse, ouvraient des yeux immenses et transpiraient à grosses gouttes.
Certains tentaient de retirer de leur bouche les mains insolentes du dentiste afin de pouvoir lui répondre par une grossièreté bien sentie, mais ils se heurtaient à ses muscles puissants et à sa voix autoritaire.
— Tiens-toi tranquille, bordel ! Bas les pattes ! Je sais bien que ça te fait mal. Mais à qui la faute, hein ? À moi ? Non : au gouvernement ! Enfonce-toi bien ça dans le crâne. C’est la faute au gouvernement si tu as les dents pourries et si tu as mal. La faute au gouvernement.
Les malheureux n’avaient plus qu’à se résigner en fermant les yeux ou en dodelinant de la tête.
Le docteur Loachamín haïssait le gouvernement. N’importe quel gouvernement. Tous les gouvernements. Fils illégitime d’un émigrant ibérique, il tenait de lui une répulsion profonde pour tout ce qui s’apparentait à l’autorité, mais les raisons exactes de sa haine s’étaient perdues au hasard de ses frasques de jeunesse, et ses diatribes anarchisantes n’étaient plus qu’une sorte de verrue morale qui le rendait sympathique.
Il vociférait contre les gouvernements successifs de la même manière que contre les gringos qui venaient parfois des installations pétrolières du Coca, étrangers impudiques qui photographiaient sans autorisation les bouches ouvertes de ses patients.
À quelques pas de là, l’équipage du Sucre chargeait des régimes de bananes vertes et des sacs de café.
Sur un bout du quai s’amoncelaient les caisses de bière, d’aguardiente « Frontera », de sel, et les bonbonnes de gaz débarquées au lever du jour.
Le Sucre devait appareiller dès que le dentiste aurait terminé de réparer les mâchoires, pour remonter les eaux du Nangaritza, déboucher dans le Zamora et, après quatre jours de lente navigation, rejoindre le port fluvial d’El Dorado.
Le bateau, une vieille caisse flottante mue par la volonté de son chef mécanicien, les efforts des deux costauds qui composaient l’équipage et l’obstination phtisique d’un antique diesel, ne devait pas revenir avant la fin de la saison des pluies dont le ciel en deuil annonçait l’imminence.

Déjà lu du même auteur : 

le_monde_du_bout_du_monde_p Le Monde du bout du monde 97555469 Le vieux qui lisait des romans d'amour

Challenge Petit Bac 2015 
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Objet (3)

 

 

 

 

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26 février 2015

Constellation - Adrien Bosc

LOGOTYPE-2015

9782356418562-T

Audiolib -  janvier 2015 - 4h46 - Lu par Bernard Gabay

Stock - août 2014 - 198 pages

Grand Prix du roman de l’Académie française 2014

Quatrième de couverture :
28 octobre 1949, le Constellation à destination de New-York s’écrase dans l’archipel des Açores avec quarante-huit personnes à son bord. Aucun survivant. Parmi les victimes, des gens célèbres : Marcel Cerdan, champion de boxe et amant d’Édith Piaf, et la grande violoniste Ginette Neveu. Mais aussi des anonymes, des entrepreneurs, une ouvrière devenue héritière d’une usine à Detroit et cinq bergers basques partis tenter leur chance au Far West… Pourquoi tout s’est-il arrêté pour eux ce jour-là ? Dans ce brillant premier roman, Adrien Bosc enquête sur le lien étrange qui relie désormais ces disparus : quels hasards, quelles coïncidences les ont conduits à ce destin commun ?

Auteur : Adrien Bosc est né en 1986 à Avignon. Constellation est son premier roman. Il dirige les revues « Feuilleton » et « Desports ». 

Lecteur : Comédien au théâtre, à la télévision et au cinéma, Bernard Gabay excelle dans tous les registres de la « voix » : chant (baryton), lectures et dramatiques radiophoniques, et doublage d’acteurs américains comme Robert Downey Jr (Sherlock Holmes, Iron man), Andy Garcia, Viggo Mortensen, Antonio Banderas ou Daniel Day-Lewis.  

Mon avis : (écouté en février 2015) 
C'est le premier livre audio que j'écoute pour le Prix Audiolib. C'est un livre que j'avais très envie de découvrir, mais mon avis est mitigé, j'en attendais peut-être trop ?
Constellation raconte l'histoire vraie du crash du F-BAZN d’Air France qui a eu lieu aux Açores, la nuit du 27 octobre 1949. Dans cette catastrophe plus de quarante passagers ont perdu la vie dont le boxeur Marcel Cerdan et la grande violoniste, Ginette Neveu. 
Ce livre ressemble plus à un récit documentaire qu'à un roman. L'auteur alterne le récit du vol et l'histoire de chacun des passagers. Le livre est assez court moins de 5 heures de lecture (moins de 200 pages), mais malgré cela j'ai eu une impression de longueur. Les chapitres sont courts et nombreux, le récit alterné donne un côté décousu, on dirait que chaque chapitre a été écrit indépendamment puis le tout réuni pour en faire ce livre. 
Avant cette lecture, je ne connaissais de ce accident d'avion que le fait que Marcel Cerdan était l'une des victimes. J'ai donc trouvé l'histoire de ce crash et des passagers de cet avion intéressante et très bien documentée.
Le lecteur est agréable à écouter et j'ai passé malgré tout un très bon moment de lecture.

Extrait : (début du livre)
Ce soir du 27 octobre 1949 sur la piste de l’aérodrome d’Orly, le F-BAZN d’Air France s’apprête à accueillir trente-sept passagers en partance pour les États-Unis. Un an plus tôt, Marcel Cerdan débarquait auréolé du titre de champion du monde de boxe des poids moyens conquis de haute lutte à Tony Zale. Et le 7 octobre 1948, la foule le portait en triomphe. Un an plus tard, à l’intérieur de l’aérodrome, Cerdan, accompagné de son manager Jo Longman et de son ami Paul Genser, part reconquérir son titre, désormais propriété de Jake LaMotta, le Taureau du Bronx. Et c’est une certitude, en décembre prochain, par un autre Constellation, il reviendra avec le titre. Dans le hall d’Orly, il fanfaronne, aux journalistes il assure : « Puisque je vous dis que je le ramènerai mon titre. Je vais me battre comme un lion. » Lion contre Taureau, une affaire de signes et de constellations. Le lion de Némée contre le Minotaure, fabuleuse affiche du 2 décembre 1949 au Madison Square Garden.

Jo Longman a sa tête des mauvais jours, il a fallu se dépêcher, annuler la traversée en bateau, faire valoir le droit de priorité sur le Paris-New York, et tout ce merdier pour retrouver Édith Piaf au petit matin. « Revenez avec le titre ! » lui lance un employé d’Air France, « Je ne pars que pour ça ! » répond Marcel. « Mouais », marmonne Jo, qui ne peut s’empêcher d’ajouter : « Si tu m’avais écouté, nous aurions attendu quelques jours. Ma parole ! Nous partons presque comme des voleurs. Mardi, nous apprenions la signature du match pour le 2 décembre, hier, nous étions en province, c’est à peine aujourd’hui si nous avons pu boucler nos valises. Je t’avais proposé de rester ici toute la semaine, d’assister lundi à la réunion du Palais des Sports. C’était simple, trop simple, et demain tu tempêteras, car, naturellement, dans notre précipitation tu auras oublié la moitié de tes affaires. » La colère est feinte, ils sont habitués à jouer la comédie des reproches, à Marcel revient le rôle de l’inconséquence amusée, à Jo celui du professionnel contrarié. Dans quelques instants, accoudés au comptoir du bar d’Air France, ils en riront. Depuis le départ de l’entraîneur Lucien Roupp, Jo est monté en grade. Éternelles lunettes noires, cheveux graissés au Pento, fondateur du « Club des Cinq » – le cabaret-restaurant où Édith et Marcel se sont rencontrés –, Jo a tout du personnage louche. Le boxeur aime son bagou, son sens de la fête et des affaires, il est le parfait compagnon des allers-retours entre Paris, New York et Casablanca.

L’« Avion des stars » ne fait ce soir pas injure à son surnom : à côté du « Bombardier marocain », la virtuose Ginette Neveu, elle aussi, part à la conquête de l’Amérique. Pour France-Soir, une série de photos s’improvise dans le hall. Sur le premier cliché, Jean Neveu au centre, amusé, regarde sa sœur, Marcel tient entre ses mains le Stradivarius et Ginette, tout sourire, l’observe. Puis Jo remplace Jean et de son œil d’expert compare la petite main de la violoniste à la puissante poigne du boxeur.
Désormais sur le tarmac, au pied de l’escalier d’accès, la discussion se poursuit entre les deux célébrités. Ginette lui détaille la tournée, Saint Louis, San Francisco, Los Angeles, Chicago, New York. Il lui propose des places au premier rang pour la revanche au Madison Square Garden et promet d’assister au concert du Carnegie Hall le 30 novembre. Peut-être dîneraient-ils au Versailles, le cabaret où triomphe depuis des mois la Môme.
Les quatre énormes moteurs Wright Cyclone du Lockheed Constellation F-BAZN bourdonnent. Hélices et pales ont été inspectées, et les onze membres d’équipage prennent place à l’avant de l’appareil. C’est un grand et beau quadrimoteur au fuselage d’aluminium, son train démesuré lui donne l’allure singulière d’un échassier. Dans la file d’embarquement, trente-deux autres passagers : John et Hanna Abbott, Mustapha Abdouni, Eghline Askhan, Joseph Aharony, Jean-Pierre Aduritz, Jean-Louis Arambel, Françoise et Jenny Brandière, Bernard Boutet de Monvel, Guillaume Chaurront, Thérèse Etchepare, Edouard Gehring, Remigio Hernandores, Simone Hennessy, René Hauth, Guy et Rachel Jasmin, Kay et Ketty Kamen, Emery Komios, Ernest Lowenstein, Amélie Ringler, Yaccob Raffo, Maud Ryan, Philippe et Margarida Sales, Raoul Sibernagel, Irène Sivanich, Jean-Pierre Suquilbide, Edward Supine et James Zebiner. Sur le carreau, les deux jeunes époux, Edith et Philip Newton, de retour de leur lune de miel, et Mme Erdmann, font les frais du droit de priorité accordé au champion.

Challenge Petit Bac 2015 
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Titre : 1 mot (2)

Challenge 6% Rentrée Littéraire 2014 
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35/36

24 janvier 2015

L'avenue des Géants - Marc Dugain

 Lu dans le cadre du Challenge
 
"Écoutons un livre"
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Ecoutez lire - février 2013 - 10 h - Lu par Bernard Métraux

Gallimard – avril 2012 – 368 pages

Folio - septembre 2013 - 432 pages

Quatrième de couverture : 
Al Kenner serait un adolescent ordinaire s'il ne mesurait pas près de 2,20 mètres et si son QI n'était pas supérieur à celui d'Einstein. Sa vie bascule par hasard le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Plus jamais il ne sera le même. Désormais, il entre en lutte contre ses mauvaises pensées. Observateur intransigeant d'une époque qui lui échappe, il mène seul un combat désespéré contre le mal qui l'habite. Inspiré d'un personnage réel, Avenue des Géants, récit du cheminement intérieur d'un tueur hors du commun, est aussi un hymne à la route, aux grands espaces, aux mouvements hippies, dans cette société américaine des années 60 en plein bouleversement, où le pacifisme s'illusionne dans les décombres de la guerre du Vietnam.

Auteur : Né en 1957, après avoir vécu les sept premières années de sa vie au Sénégal, Marc Dugain revient en France avec ses parents. Il intègre quelque temps plus tard l'Institut d'études politiques de Grenoble, où il étudie les sciences politiques et la finance, avant de prendre la tête d'une compagnie d'aviation. Mais l'écriture l'a toujours démangé. Aussi, il se décide à prendre la plume, et signe "La Chambre des officiers" en 1998. Ce premier roman reçoit près de vingt prix littéraires et est adapté au cinéma. Il sort ensuite "Campagne anglaise", "Heureux comme Dieu en France", "La Malédiction d'Edgar" et plus récemment "Une exécution ordinaire" (2007), et se constitue peu à peu un lectorat fidèle. Friand d'horizons lointains, Marc Dugain vit au Maroc depuis 2001.

Lecteur : Bernard Métraux est un acteur et metteur en scène français spécialisé dans le doublage. Il est la voix française régulière de Bill Murray. Il est aussi la voix de Kevin Spacey dans American Beauty.

Mon avis : (écouté en janvier 2015)
J'ai mis plus de temps que prévu à relire ce livre coup de cœur et coup de poing. J'ai trouvé le ton du lecteur un peu monocorde mais heureusement les chapitres sont assez courts et reprendre plusieurs fois la lecture d'un chapitre n'est pas trop contraignant.
Pour mon billet, je reprends l'essentiel du billet fait lors de ma première lecture...

Marc Dugain s'est inspiré de la vie d'un tueur en série américain des années 70 pour créer le personnage d'Al Kenner. Le 22 novembre 1963, jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, la vie d'Al va basculer, encore adolescent il commet son premier meurtre. Il est alors interné dans un hôpital psychiatrique et rencontre des psychiatres qui l'écoutent. Son intelligence lui permet d'apprendre beaucoup de la psychiatrie.
Al Kenner est hors norme, il mesure 2,20 m et a un QI exceptionnel, supérieur à celui d'Einstein. Il aime les grands espaces et en même temps il est renfermé sur lui-même, il est lucide et il connaît très bien le mal qui le ronge et fait beaucoup d'effort pour vivre avec. Son contexte familiale est terrifiant, il a toujours été considéré comme un monstre par sa mère et son père ne s'est jamais interposé pour le protéger des maltraitances de sa mère.

Entre roman policier et roman américain, Marc Dugain a construit avec beaucoup de talent cette histoire prenante et passionnante de la vie d'Al Kenner. L'auteur tente de comprendre sa psychologie et le lecteur s'interroge : naît-on tueur ou le devient-on ? Al Kenner est à la fois attachant et d'une froideur et d'une lucidité troublante. Ce livre est également l'occasion de découvrir les États-Unis des années 60 et 70 avec la guerre du Vietnam, les communautés hippies...
Ce roman ne peut pas laisser indifférent le lecteur.

Malgré mon esprit trop occupé par autre chose, j'ai bien aimé cette relecture.

Extrait : (début du livre)
Comme chaque mois, elle lui fait face après s'être installée lourdement sur sa chaise. Elle sort les livres de son sac, une dizaine. Pour la plupart ils ont une couverture cartonnée. Il y jette un coup d’œil rapide, et les pose devant lui. Elle sourit d'un trait fin sans le regarder en face. Elle fait en sorte depuis des années de ne jamais croiser son regard, ce qui l'oblige à beaucoup tourner les yeux. Elle baisse souvent la tête. C'est l'occasion pour lui de voir le sillon de sa calvitie au milieu de son crâne s'élargir. Elle a les cheveux longs et il est difficile de dire quand ils sont propres. Même propres, ils n'ont pas l'air de l'être. Elle a dû être passablement jolie, pour autant qu'on puisse distinguer une ancienne beauté derrière des traits bouffis. Affaissé il l'est aussi, mais il a de bonnes raisons de l'être. Alors qu'elle, on se demande. Il aime bien cette femme. En fait, il en est venu à conclure qu'il l'aime bien parce qu'il ne ressent rien pour elle, ni amour ni haine. Parfois un peu d'agacement. Il lui en veut d'être la seule personne à lui rendre visite. Il lui en veut pour les autres qui ne le visitent jamais, ce qui est un peu injuste vu qu'il n'y a plus d'autres. Il est assez perspicace pour avoir remarqué que depuis longtemps elle a quelque chose à lui dire. Mais quoi ? Il n'en sait rien. Il sent juste la pesanteur d'une parole qui ne s'exprime pas. C'est au-delà de la timidité. Elle n'est jamais vraiment naturelle devant lui. Elle compose. Assez maladroitement et souvent sa voix est en décalage avec ses expressions. Parfois il la sent illuminée, parfois complètement éteinte. Elle a de gros seins flasques qui finissent une gorge fripée. Pour une femme qui doit avoir la soixantaine il ne trouve pas cela très reluisant. Mais il lui est reconnaissant de ne pas le faire fantasmer. On ne tire pas sur un moteur sans essence. 
- Vous avez parlé avec les journaux de ce qu'on avait évoqué ? 
Elle prend un temps pour répondre. Rien d'extraordinaire à cela, elle prend toujours un temps pour répondre comme si elle se sentait une responsabilité. 
- Oui. A plusieurs journaux de la côte. Ils sont int... comment dire, intrigués. Ils réfléchissent. Mais je crois que cela peut se faire. 
Ses yeux se remettent à tourner. Quand elle fait comme ça, il lui écraserait son poing sur la tête, mais au fond il n'en a pas très envie. Et puis il imagine les dégâts que cela causerait pendant qu'elle continue de sa voix où chaque mot semble s'excuser de sortir de sa bouche petite pour un visage de cette taille. Elle doit avoir du sang indien. Pas du sang frais, du sang qui remonte au début du siècle où on leur a réglé leur compte. 
- C'est un peu risqué pour eux, vous comprenez... 
- Vous voulez dire comme critique littéraire ? 
- Oh non ! Là-dessus ils se feront leur propre opinion. C'est plus de révéler qui vous êtes ou pas. Et s'ils ne disent pas qui vous êtes, on pourrait le leur reprocher un jour. En même temps, ils se disent qu'à révéler votre identité, ils pourraient faire un coup. Enfin, les médias... quoi... 

Déjà lu du même auteur : 

l_insomnie_des__toiles L'insomnie des étoiles avenue_des_geants Avenue des géants

 Challenge Petit Bac 2015 
98438537_o
Taille (2)

Challenge Trillers et Polars
2014-2015
 
100142514
catégorie "Même pas peur" :  12/25 

17 décembre 2014

Le magasin des suicides - Jean Teulé

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Audiolib - janvier 2009 - 3h30 - Lu par Thierry Freret

Julliard - décembre 2006 - 157 pages

Pocket - mars 2008 - 157 pages

Quatrième de couverture :
Imaginez un magasin où l’on vend depuis dix générations tous les matériels et ingrédients possibles pour se suicider. Cette petite entreprise familiale prospère grâce au marché lucratif de la tristesse et du désespoir jusqu’au jour abominable où se répand un virus inattendu : la joie de vivre.
Thierry Fréret, sans jamais tomber dans le sentencieux, donne toute sa dimension à ce récit philosophique mâtiné d’humour noir.

Auteur : Jean Teulé est l'auteur de treize romans. Parmi les plus notables, Je, François Villon a reçu le Prix du récit biographique ; Le Magasin des suicides a été traduit en dix-neuf langues et récemment adapté en animation. Darling a été adapté au cinéma avec Marina Foïs et Guillaume Canet dans les rôles principaux ; Le Montespan, prix Maison de la presse et grand prix Palatine du roman historique, a été élu parmi les vingt meilleurs livres de l'année 2008 par le magazine Le Point. La totalité de son œuvre romanesque est publiée aux Éditions Julliard.

Lecteur : Thierry Fréret est journaliste à Europe 1 depuis 1987. Ce père de famille nombreuse a aussi été l'un des chroniqueurs de l'émission " Les Maternelles" sur France 5 de 2000 à 2005. Cinéphile, il est aussi passionné par théâtre et la littérature.

Mon avis : (écouté en décembre 2014)
C'est une relecture car j'ai découvert ce livre de Jean Teulé avant d'avoir mon blog. 
Dans un futur indéfinissable, tout est sombre et morose. La famille Tuvache a un commerce un peu particulier au cœur de la cité des Religions Oubliées. Un commerce très prospère où l'on trouve de tout pour se donner la mort, corde, poisons, armes... Mishima et Lucrèce, les parents, tiennent à merveille ce commerce sinistre entourés de leurs trois enfants.
L'aîné, Vincent, est un anorexique et migraineux, la sœur, Marylin, dépressive. Le petit dernier, Alan, est le mouton noir de la famille... Il est toujours souriant, optimiste et transpire la joie de vivre... Ce n'est pas vraiment pas une bonne publicité pour "Le Magasin des Suicides"...
Une histoire originale et décalée pleine d'humour noir.
C'était la quatrième fois que je découvrais cette histoire ayant lu l'adaptation en BD et vu le film d'animation réalisé par Patrice Leconte en 2012. C'est donc bien moins surprenant que la première lecture...

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Ce livre a été adapté au cinéma en film d'animation réalisé par Patrice Leconte en 2012.

Ce livre a été adapté en BD.

le_magasin_des_suicides Le magasin des suicides : D'après le roman de Jean Teulé - Domitille Collardey et Olivier Ka 

Extrait : (début du livre)
C'est un petit magasin où n'entre jamais un rayon rose et gai. Son unique fenêtre, à gauche de la porte d'entrée, est masquée par des cônes en papier, des boîtes en carton empilées. Une ardoise pend à la crémone.

Accrochés au plafond, des tubes au néon éclairent une dame âgée qui s'approche d'un bébé dans un landau gris :
- Oh, il sourit !
Une autre femme plus jeune - la commerçante -, assise près de la fenêtre et face à la caisse enregis­treuse où elle fait ses comptes, s'insurge :
- Comment ça, mon fils sourit ? Mais non, il ne sourit pas. Ce doit être un pli de bouche. Pourquoi il sourirait ?
Puis elle reprend ses calculs pendant que la cliente âgée contourne la voiture d'enfant à la capote rele­vée. Sa canne lui donne l'allure et le pas maladroits. De ses yeux mortels - obscurs et plaintifs - à travers le voile de sa cataracte, elle insiste : 
- On dirait pourtant qu'il sourit.
- Ça m'étonnerait, personne n'a jamais souri dans la famille Tuvache ! revendique la mère du nouveau-né en se penchant par-dessus le comptoir pour vérifier.
Elle relève la tête, tend son cou d'oiseau et appelle :
- Mishima ! Viens voir !
Une trappe au sol s'ouvre comme une bouche et apparaît, telle une langue, un crâne dégarni :
- Quoi ? Que se passe-t-il ?
Mishima Tuvache sort de la cave avec, entre les bras, un sac de ciment qu'il dépose sur le carrelage tandis que sa femme lui raconte :
- La cliente prétend qu'Alan sourit.
- Qu'est-ce que tu dis, Lucrèce ?... Époussetant un peu de poudre de ciment sur ses manches, il s'approche à son tour du nourrisson qu'il contemple longuement d'un air dubitatif avant de diagnostiquer :
- Il a sûrement la colique. Ça leur dessine des plis de lèvres comme ça..., explique-t-il en remuant ses mains à l'horizontale, l'une par-dessus l'autre devant son visage. On peut parfois confondre avec des sourires mais ça n'en est pas. Ce sont des grimaces.
Puis il glisse ses doigts sous la capote du landau et prend l'aïeule à témoin :
- Regardez. Si je pousse les commissures de ses lèvres vers le menton, il ne sourit pas. Il fait la gueule comme son frère et sa soeur dès qu'ils sont nés.
La cliente demande :
- Relâchez.
Le commerçant s'exécute. La cliente s'exclame :
- Ah ! vous voyez bien qu'il sourit.
Mishima Tuvache se redresse, bombe le torse et s'agace :
- Qu'est-ce que vous vouliez, vous ? !
- Une corde pour me pendre.
- C'est haut de plafond, là où vous habitez ? Vous ne savez pas ? Tenez, prenez ça : deux mètres devraient suffire, continue-t-il en sortant d'un rayon­nage un lien de chanvre. Le noeud coulant est déjà fait ! Vous n'aurez plus qu'à glisser votre tête dedans...
Tout en payant, la dame se tourne vers le landau :
- Ça met du baume au coeur de voir un enfant qui sourit.
- Oui, oui, c'est ça ! râle Mishima. Allez, rentrez chez vous. Vous avez mieux à faire, maintenant, là-bas.

  Challenge Petit Bac 2014
91121022
"Bâtiment" (9) 

16 décembre 2014

Le grand cahier - Agota Kristof

 Lu dans le cadre du Challenge
 
"Écoutons un livre"
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Livraphone - février 2003 - 3h20 - Lu par Éric Herson Macarel

Seuil - février 1986 - 190 pages

Points - février 1988

Points - 

Points - octobre 2010 - 168 pages

Points - mars 2014 - 167 pages

Quatrième de couverture : 
Dans un pays ravagé par la guerre, deux enfants (des jumeaux) abandonnés à eux-mêmes font seuls l'apprentissage de la vie, de l'écriture et de la cruauté. Premier roman d'une émigrée hongroise installée en Suisse, Le Grand Cahier est également le premier volet d'une trilogie qui comprend La Preuve et Le Troisième Mensonge. L'œuvre d'Agota Kristof est aujourd'hui traduite dans une quinzaine de pays.

Auteur : Née en Hongrie en 1935, Agota Kristof est l'auteur de "La Trilogie des jumeaux" (Le Grand Cahier, La Preuve et Le Troisième mensonge), traduite dans plus de vingt pays et disponible en Points. Le Grand Cahier a été récompensé par le prix du Livre européen.

Lecteur : Éric Herson-Macarel est un acteur français, né en 1964. Il joue régulièrement au théâtre et au cinéma. Actif dans le doublage, il est entre autres la voix française de Robert Carlyle, de Daniel Craig, de Mark Strong et de Willem Dafoe.

Mon avis : (écouté en décembre 2014)
En préparant ce billet, j'ai réalisé que Julie (Pimousse4783) m'avait offert le livre papier lors du Swap Les Vertes Années organisé par Valérie il y a 3 ans... 

Dans la Grande Ville, c'est la guerre. Pour protéger ses jumeaux Lucas et Klaus, une femme les confie à leur grand-mère à la campagne. Cette dernière est une vieille femme méchante, sale et avare, elle les accepte chez elle juste parce qu'ils font partie de la famille. Les deux enfants sont donc livrés à eux-mêmes, ils doivent apprendre à surmonter le froid, la faim et les cruautés quotidiennes dans ce pays dévasté.
Les deux enfants ont l'idée rédiger avec la plus grande objectivité possible leurs découvertes et leurs apprentissages dans un « Grand Cahier ».
Ce livre est donc ce « Grand Cahier ». Cela donne un récit froid et factuel, les enfants sont à la fois monstrueux et fascinants, ils se sont éduqués par eux-même, ayant la morale qu'ils se sont inventés. Un livre qui ne laisse pas indifférent.

C'est un livre qui s'écoute facilement car les chapitres sont courts et les phrases aussi.

Ce livre est le premier d'une trilogie que je poursuivrai sans hésiter.

le grand cahier_film

Une adaptation cinématographique de ce livre a été réalisé en 2013 par le réalisateur hongrois János Szász, le film est sortie en mars 2014 en France.

Extrait : (page 32)
Voici comment se passe une leçon de composition :
Nous sommes assis à la table de la cuisine avec nos feuilles quadrillées, nos crayons, et le grand cahier. Nous sommes seuls.
L’un de nous dit:
- Le titre de ta composition est : "L’arrivée chez Grand-mère"
L’autre dit :
- Le titre de ta composition est "Nos travaux".
Nous nous mettons à écrire. Nous avons deux heures pour traiter le sujet et deux feuilles de papier à notre disposition.
Au bout de deux heures, nous échangeons nos feuilles, chacun de nous corrige les fautes d’orthographes de l’autre à l’aide du dictionnaire et, en bas de page, écrit : "Bien" ou "Pas bien". Si c’est "Pas bien", nous jetons la composition dans le feu et nous essayons de traiter le même sujet à la leçon suivante. Si c’est "Bien", nous pouvons recopier la composition dans le Grand Cahier.
Pour décider si c’est "Bien" ou "Pas bien", nous avons une règle très simple : la composition doit être vraie. Nous devons décrire ce qui est, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous faisons..
Par exemple, il est interdit d’écrire : "Grand-mère ressemble à une sorcière"; mais il est permis d’écrire "Les gens appellent Grand-mère la Sorcière".
Il est interdit d’écrire : "La Petite Ville est belle", car la Petite Ville peut être belle pour nous et laide pour quelqu’un d’autre.
De même, si nous écrivons : "L’ordonnance est gentil", cela n’est pas une vérité, parce que l’ordonnance est peut-être capable de méchancetés que nous ignorons. Nous écrirons donc simplement "L’ordonnance nous donne des couvertures".
Nous écrirons : "Nous mangeons beaucoup de noix"; et non pas "Nous aimons les noix", car le mot "aimer" n’est pas un mot sûr, il manque de précision et d’objectivité. "Aimer les noix" et "aimer notre mère", cela ne peut pas vouloir dire la même chose. La première formule désigne un goût agréable dans la bouche, et la deuxième un sentiment.
Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues, il vaut mieux éviter leur emploi et s’en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c’est à dire la description fidèle des faits.

Challenge Voisins Voisines 2014
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Hongrie

 Challenge Petit Bac 2014
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"Objet" (12) 

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Objectif PAL Swap 

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10 décembre 2014

Prix Audiolib 2015...

LOGOTYPE-2015

Lundi dernier, j'ai eu la très bonne surprise d'apprendre que
j'étais retenue pour le Prix audiolib 2015 !

A partir de janvier, je recevrai une sélection de
10 livres audio (parus entre mai 2014 et avril 2015).

Après écoute, je devrais les classer de mon préféré à celui que j'apprécie le moins.

Les 5 premiers titres choisis par le jury des bloggueurs seront alors soumis au vote du public.  

A suivre...

 

Dans le jury Prix audiolib 2015 :

Enna , LeilonnaSandrineSaxaoul, Sophie, Stephie, Sylire, Valérie, 

 

9 décembre 2014

La Princesse des glaces - Camilla Läckberg

9782356416100-G lackberg_LA-PRINCESSE-DES-GLACES 9782330006563

Audiolib - mai 2010 - 14h15 - Lu par Christine Pâris

Actes Sud - mai 2008 – 382 pages

Babel - mai 2012 - 448 pages

traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain

Titre original : Isprinsessan, 2003

Quatrième de couverture :
Erica Falck, trente-cinq ans, installée dans une petite ville tranquille de la côte ouest suédoise, découvre le cadavre d’une amie d’enfance perdue de vue.
A la conquête de la vérité, Erica, enquêtrice au foyer façon Desperate Housewives - rejointe par l’inspecteur Patrik Hedström, amoureux transi - plonge dans les strates d’une petite société provinciale et de ses secrets.
Comme le faisait Simenon, Camilla Läckberg, sait à merveille croquer des personnages complexes et mettre à jour une petite communauté dont la surface tranquille cache des eaux bien plus troubles qu’on ne le pense.
Fidèle à l’esprit de Camilla Läckberg, l’interprétation de Christine Pâris sait parfaitement rendre compte des abîmes de cruauté que recouvre la fausse banalité du quotidien.

Auteur : Née en 1974, Camilla Läckberg est l’auteur d’une série de romans policiers mettant en scène le personnage d’Erica Falck et de son compagnon le commissaire Patrik Hedström. L’intrigue se situe toujours à Fjällbacka, ancien port de pêche de la côte ouest en Suède, reconverti en station balnéaire, qui sous des apparences tranquilles cache de sordides relations humaines.
Après La Princesse des glaces (2008), Le Prédicateur (2009), Le Tailleur de pierre (2009), L’Oiseau de mauvais augure (2010), L’Enfant allemand (2011) et La Sirène (2012), Le Gardien de phare (2013), La Faiseuse d'anges (2014).

Lecteur : Comédienne au très beau parcours théâtral, Christine Pâris met son jeu et sa voix au service de pièces exigeantes, comme de séries télévisées divertissantes.

Mon avis : (écouté en décembre 2014)
Cela fait plus d'un an que je voulais relire les aventures d’Erica Falck en livre audio. J'ai eu un peu de mal à obtenir le premier de la série auprès de la Bibliothèque mais je ne regrette vraiment pas d'avoir patienté ! 
J'ai redécouvert avec beaucoup de plaisir le premier tome de cette série suédoise que j'aime beaucoup. Ayant oublié beaucoup de détails de cette première enquête et même la conclusion, j'ai autant apprécié cette lecture que la première fois. 
Erica Falk est écrivain, suite à la mort récente de ses parents, elle est venue s'installer pour quelques temps dans la maison familiale à Fjällbacka, ancien port de pêche de la côte ouest en Suède, devenu une station balnéaire. Elle découvre le cadavre d'une amie d'enfance, Alexandra Wijkner, nue dans une baignoire d'eau gelée avec des poignets tailladés. Elle se trouve donc mêlée à l'enquête mené par l'inspecteur Patrik Hedström...
J'aime l'ambiance de la petite ville de Fjällbacka, les nombreux personnages souvent attachants... 
Il est rare que le lecteur d'un roman policier soit une femme, dans ce livre, Christine Pâris réussi parfaitement l'exercice. Et comme l'héroïne principale de cette série est une femme, une voix féminine est logique !
J'ai déjà obtenu à la Bibliothèque le tome n°2 de la série en livre audio et j'ai en réserve les n°4 et n°5, je vais donc pouvoir continuer à écouter petit à petit la série.

Extrait :
La maison était abandonnée et vide. Le froid pénétrait le moindre recoin. Une fine pellicule de glace s’était formée dans la baignoire. La peau de la femme avait commencé à prendre une teinte légèrement bleutée.

C’est vrai, elle ressemblait à une princesse, là dans la baignoire. Une princesse des glaces.
Le sol sur lequel il était assis était glacial, mais le froid lui importait peu. Il tendit la main et la toucha.
Le sang sur les poignets s’était coagulé depuis longtemps.
Jamais son amour pour elle n’avait été plus fort. Il caressa son bras, comme s’il caressait l’âme qui désormais avait déserté le corps.
Il ne se retourna pas en partant. Il ne s’agissait pas d’un adieu, mais d’un au revoir. 

Eilert Berg n’était pas un homme heureux. Il respirait avec difficulté, de petites bouffées blanches sortaient de sa bouche, mais la santé n’était pas ce qu’il considérait comme son plus grand problème.
Svea avait été si belle dans sa jeunesse et il avait eu du mal à patienter avant de pouvoir convoler en justes noces avec elle. Elle avait à l’époque l’air si douce, aimable et un peu timide. Sa véritable nature s’était révélée après une trop courte période de fantaisie juvénile. Depuis près de cinquante ans maintenant, c’était elle qui portait la culotte, et avec fermeté. Mais Eilert avait un secret. Pour la première fois il entrevoyait une possibilité d’un peu de liberté à l’automne de sa vie, et il entendait ne pas la rater.
Il avait travaillé dur comme pêcheur toute sa vie, et ses revenus avaient tout juste suffi à faire vivre Svea et les enfants. Désormais ils ne disposaient que de leurs maigres retraites. Sans économies, il n’avait pu envisager aller s’installer ailleurs, seul, pour refaire sa vie. Puis cette opportunité s’était présentée comme un don du ciel et elle était d’une simplicité enfantine. Si des gens avaient envie de payer des sommes indécentes pour une heure de travail par semaine, c’était leur problème. Il n’irait pas s’en plaindre. En un an seulement, les billets dans la boîte en bois derrière le tas de compost avaient fini par former une liasse impressionnante et d’ici peu il aurait assez d’argent pour pouvoir s’échapper vers des cieux plus cléments.
Il s’arrêta pour reprendre son souffle dans le dernier raidillon et frotta ses mains percluses. L’Espagne, ou la Grèce peut-être, dégèlerait le froid qu’il sentait l’emplir. Eilert pensait avoir encore au moins dix ans devant lui avant que son heure ne sonne, et il avait l’intention de les utiliser au mieux. Pas question de les passer à la maison en compagnie de bobonne.
La promenade matinale quotidienne avait été son seul moment de tranquillité et lui avait permis en outre de faire un peu d’exercice dont il avait bien besoin. Il suivait toujours le même chemin et ceux qui connaissaient ses habitudes sortaient souvent pour bavarder un moment. Il avait particulièrement apprécié les discussions avec la jolie fille dans la maison tout en haut de la montée à côté de l’école de Håkenbacken. Elle n’y venait que le week-end, toujours seule, mais se donnait le temps de parler de la pluie et du beau temps. Mlle Alexandra s’intéressait au Fjällbacka d’autrefois, et ça, c’était un chapitre qu’Eilert aimait bien discuter. Et mignonne aussi, la demoiselle. Ça, c’était quelque chose qu’il appréciait encore, même à son âge. Oh, bien sûr, certaines rumeurs avaient couru sur cette fille, mais si on commençait à écouter ce que disaient les bonnes femmes, on ne ferait bientôt plus que ça.

 

Déjà lu du même auteur :

la_princesse_des_glaces La Princesse des glaces  le_pr_dicateur Le Prédicateur

le_tailleur_de_pierre Le Tailleur de pierre l_oiseau_de_mauvais_augure L'Oiseau de mauvais augure

l_enfant_allemand L'Enfant allemand cyanure Cyanure la_sir_ne La Sirène 

9782330018962  Le gardien de phare  la faiseuse d'ange La faiseuse d'anges

Challenge Voisins Voisines 2014
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Suède

Challenge Trillers et Polars
2014-2015
 
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catégorie "Même pas peur" :  12/25

21 novembre 2014

Profanes - Jeanne Benameur

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Editions Thélème - octobre 2013 - 8h30 - Lu par Antoine Louvard

Actes Sud - janvier 2013 - 240 pages

Babel - mai 2014 - 288 pages

Quatrième de couverture : 
Ancien chirurgien du coeur, il y a longtemps qu'Octave Lassalle ne sauve plus de vies. À 90 ans, bien qu'il n'ait encore besoin de personne, Octave anticipe : il se compose une "équipe". Comme autour d'une table d'opération mais cette fois-ci, c'est sa propre peau qu'il sauve.

Auteur :  Née 1952, en Algérie d'un père tunisien et d'une mère italienne, Jeanne Benameur vit en France depuis l'âge de 5 ans. Elle débute sa carrière d'écrivain avec des livres de jeunesse comme 'Samira des quatre routes' ou 'Adil coeur rebelle', avant d'ouvrir son registre à la littérature pour adulte. Lauréate du prix Unicef en 2001, Jeanne Benameur se distingue sur la scène littéraire avec 'Les Demeurées', l'histoire d'une femme illettrée et de sa fille. Directrice de collection chez Actes Sud junior ainsi qu'aux éditions Thierry Magnier, l'auteur publie son autobiographie, 'Ça t'apprendra à vivre' en 1998. Influencée par ses origines culturelles, Jeanne Benameur s'inspire aussi de son expérience d'enseignante pour évoquer les thèmes de l'enfance (' Présent ?') mais aussi de la sensation et du corps (' Laver les ombres') dans un style pudique et délicat. Elle publie aussi 'Les Mains libres'.

Lecteur : Antoine Louvard est élève au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris

Mon avis : (écouté en novembre 2014)
J'ai redécouvert cette lecture avec autant de plaisir que la première fois en écoutant ce livre audio. Il a fallu cependant que je m'habitue au ton, malgré tout, assez monotone du lecteur. 
A 90 ans, Octave Lassalle préfère anticiper, il décide donc de s'entourer de quatre personnes pour l'aider dans son quotidien : Marc s'occupe du petit-déjeuner d'Octave et de l'entretien du jardin. Hélène a comme mission de peindre le portrait de Claire la fille d'Octave, morte accidentellement à l'âge de 19 ans. Yolande s'occupe de la maison, du ménage, du dîner et Béatrice est présente durant la nuit.
L'écriture est sensible, émouvante et pleine de poésie. Jeanne Benameur nous livre des personnages attachants et profonds qui ensemble vont réussir à dépasser leurs douleurs et prendre confiance. Une histoire originale, magnifique, qui fait du bien et nous invite à réfléchir. Un vrai coup dcœur pour moi.  

Extrait : (début du livre)
Ils sont là, derrière la porte. Il ne faut pas que je rate mon entrée.
Maintenant que je les ai trouvés, tous les quatre, que je les ai rassemblés, il va falloir que je les réunisse. Réunir, ce n'est pas juste faire asseoir des gens dans la même pièce, un jour. C'est plus subtil. Il faut qu'entre eux se tisse quelque chose de fort.
Autour de moi, mais en dehors de moi.
Moi qui n'ai jamais eu le don de réunir qui que ce soit, ni famille ni amis. A peine mon équipe à la clinique, parce qu'ils y mettaient du leur. Je leur en savais gré. Ce n'est pas la même affaire dans une clinique, les choses se font parce que sinon c'est la vie qui part. Ce n'est pas autour de moi qu'ils étaient réunis, c'était contre la mort. Et ça, c'est fort.
Là, j'ai su tenir ma place.

J'ai quatre-vingt-dix ans. J'ai à nouveau besoin d'une équipe.
Il faut que ces quatre-là, si différents soient-ils, se tiennent. Pour mon temps à venir. Je m'embarque pour la partie de ma vie la plus précieuse, celle où chaque instant compte, vraiment. Et j'ai décidé de ne rien lâcher, rien.
Les quatre, là, derrière la porte, je les ai choisis avec soin, tant que ma conscience est aiguë. Pas question qu'on me colle n'importe qui pour s'occuper de ma carcasse quand il sera trop tard pour choisir. J'ai encore toutes mes facultés intellectuelles et physiques, même si le corps fatigue trop vite, regimbe et pousse trop la douleur dans les articulations. Je n'ai pas besoin d'eux aujourd'hui, mais j'ai toujours su anticiper.
C'est ce qui a fait de moi un bon chirurgien.
Un bon chasseur aussi.
Un paradoxe, oui, il a toujours fallu une once de mort dans ma vie.
Les bêtes tuées en plein élan, c'était mon tribut à payer. Juste "redonner la vie" à des patients, c'aurait été se prendre pour Dieu. La chasse, c'était ma façon de garder l'équilibre. Je n'y prenais pas vraiment de plaisir. Je buvais avec les autres après, je festoyais aussi. Et je retournais à la clinique.
J'ai arrêté la chasse le jour où je n'ai plus opéré.

Depuis j'ai eu le temps de réfléchir, de décider. Pas de pourriture dans le vivant, alors pas d'arrêt. C'est l'arrêt du désir qui fait le nid à tout ce qui crève. Plus d'élan, plus de vie.
Et moi je veux vivre. Pas en attendant. Pleinement.

J'ai trop vu comment ça se passait pour ceux qu'on appelle "les patients". C'est dans les chairs aussi, leur "patience". C'est cette "patience" que j'ai essayé d'extraire chaque fois que j'opérais. Cette patience-là n'est pas une vertu, quoi qu'on en dise. J'y ai mis toute ma science de bon chirurgien.

 

Déjà lu du même auteur :
les_demeur_es Les Demeurées les_mains_libres_p_ Les Mains libres 
c_a_t_apprendra___vivre Ça t'apprendra à vivre laver_les_ombres  Laver les ombres 
si_m_me_les_arbres_meurent_2 Si même les arbres meurent pr_sent Présent ? 
les_insurrections_singuli_res Les insurrections singulières profanes Profanes 

2013-12-31_160044 Pas assez pour faire une femme

16 novembre 2014

Six ans déjà - Harlan Coben

Lu dans le cadre du Challenge
 
"Ecoutons un livre"
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Audiolib - Mars 2014 - 8h49 - Lu par Arnaud Romain

Belfond - mars 2014 - 368 pages

France Loisirs - novembre 2013 - 384 pages

traduit de l'américain par Roxane Azimi

Titre original : Six years, 2013

Quatième de couverture :
Six ans ont passé depuis que Jake a vu Natalie, la femme de sa vie, en épouser un autre. Six ans à lutter contre lui-même pour tenir sa promesse de ne pas chercher à la revoir. Et puis un jour, une nécro : Natalie est veuve. Et soudain, l’espoir renaît. Mais aux funérailles, c’est une parfaite inconnue qui apparaît. Où est Natalie ? Pourquoi s’est-elle évaporée six ans plus tôt ? Jusqu’où lui a-t-elle menti ? Déterminé à retrouver celle qui lui a brisé le coeur, Jake va devenir la proie d’une machination assassine. Et découvrir qu’en amour, il est des vérités qui tuent…

Tension meurtrière, fausses pistes, rebondissements à la pelle ; un chef-d’oeuvre de suspense et d’émotions, une plongée au bout de l’angoisse par le maître de vos nuits blanches.
Arnaud Romain restitue à la traque de Jake toutes les nuances dont Harlan Coben sait doter ses personnages pris au piège d’une réalité insoupçonnée.

Auteur : Né en 1962, Harlan Coben vit dans le New Jersey avec sa femme et leurs quatre enfants. Diplômé en sciences politiques du Amherst College, il a rencontré un succès immédiat dès ses premiers romans, tant auprès de la critique que du public. Il est le premier auteur à avoir reçu le Edgar Award, le Shamus Award et le Anthony Award, les trois prix majeurs de la littérature à suspense aux États- Unis. Après Ne le dis à personne… (2002) - Prix des lectrices de Elle et adapté au cinéma par Guillaume Canet -, Dans les bois (2007) ou encore Sans un mot (2008), Six ans déjà est son quatorzième roman paru chez Belfond.

Lecteur : Arnaud Romain est auteur, comédien et chanteur et a participé à de nombreux spectacles salués par des Molière ou programmés à Avignon. Il est l’un des comédiens de prédilection d’Isabelle Mergault ou d’Alain Sachs, qu’il assiste pour ses mises en scène. Enfin, sa pratique de l’écriture en tant qu’adaptateur le rend particulièrement sensible aux intentions d’un auteur.

Mon avis : (écouté en octobre 2014)
Voilà un Harlan Coben plutôt réussi, une intrigue efficace, une histoire captivante, un livre qui tient en haleine du début à la fin.
Jack a promis à Natalie, son ancienne petite amie, de ne pas chercher à la revoir. Celle-ci l'avait quitté pour épouser Todd. Six ans plus tard,  Jack apprend la mort de Todd et cherche à revoir Natalie, à sa grande surprise, il découvre que la veuve n'est pas Natalie. Il va donc se mettre à la recherche de celle-ci et s'attirer quelques problèmes... 

Le livre est rythmé par de nombreux rebondissements, de suspens, le dénouement est inattendu mais un peu faible à mon goût.
Le narrateur est très agréable à écouter et met bien en valeur le texte. 

Extrait : (début du livre)
Assis dans la rangée du fond, j’assistais au mariage de la femme de ma vie. Avec un autre.
Natalie était en blanc, bien sûr, et tout simplement sublime. Sa beauté semblait me narguer. Elle avait toujours eu ce côté vulnérable, mélange de force et de douceur, mais ce jour-là, je lui trouvais un air évanescent, presque irréel.
Elle se mordit la lèvre. Je repensai à ces grasses matinées où nous faisions l’amour, après quoi elle enfilait ma chemise bleue, et nous descendions prendre le petit déjeuner. On lisait le journal, puis elle sortait son carnet de croquis et commençait à griffonner. Pendant qu’elle me dessinait, elle se mordait la lèvre comme maintenant.
Mais qu’est-ce qui m’avait pris de venir ?
Croyez-vous au coup de foudre ? Moi non plus. Je crois, en revanche, à une attirance profonde, pas seulement physique, au premier regard. Je crois qu’une fois – peut-être deux – dans sa vie, on se sent attiré par quelqu’un d’une manière viscérale, immédiate… plus puissante qu’un aimant. C’est ce qui m’était arrivé avec Natalie. Quelquefois, ça s’arrête là. Quelquefois, ça grandit, prend de l’ampleur et se mue en un raz de marée parti pour durer éternellement.
Et quelquefois, on se met le doigt dans l’œil jusqu’au coude.
J’avais pensé naïvement que nous deux, c’était pour toujours. Moi qui fuyais toute forme d’engagement, j’avais su d’emblée – enfin, au bout d’une semaine – que cette femme-là, je me réveillerais à ses côtés chaque jour que Dieu fait. Que je donnerais ma vie pour elle. Que je ne pourrais plus me passer d’elle, et qu’avec elle, le quotidien deviendrait inoubliable.
Pitoyable, n’est-ce pas ?
Le révérend au crâne rasé était en train de parler, mais le sang qui palpitait dans mes oreilles m’empêchait de suivre son discours. Je fixais Natalie. Je voulais qu’elle soit heureuse. Ce n’était pas un vœu pieux, un bobard qu’on se raconte. Car, pour être honnête, quand l’autre ne veut plus de nous, on aurait tendance à lui souhaiter tous les malheurs du monde, non ? Moi, je le pensais vraiment. Si j’avais été convaincu que Natalie serait plus heureuse sans moi, je l’aurais laissée partir, quitte à en souffrir comme un damné. Mais je n’étais pas convaincu, quoi qu’elle dise ou fasse. Ou alors je me cherchais des justifications, je me mentais à moi-même.
Natalie n’avait même pas regardé dans ma direction, mais je vis sa bouche se crisper. Elle savait que j’étais là. Ses yeux étaient rivés sur son futur époux. Qui, je l’avais appris récemment, se prénommait Todd. Je déteste ce prénom, Todd. Todd. À tous les coups, on le surnommait Toddy, Toddman ou le Toddster.
Todd avait les cheveux longs et une barbe de quatre jours… Certains trouvaient ça cool, et d’autres, comme moi, auraient plutôt eu envie de le baffer. Son regard glissa subrepticement sur l’assistance avant de s’arrêter, eh bien, oui, sur moi. L’espace d’une seconde, il parut me jauger, puis décida que je n’étais pas digne d’intérêt.
Pourquoi Natalie avait-elle renoué avec lui ?

Challenge Trillers et Polars
2014-2015
 
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catégorie "Même pas peur" :  10/25

16 octobre 2014

Le Petit Prince - Antoine de Saint Exupéry

 Lu dans le cadre du Challenge
 
"Ecoutons un livre"
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le petit prince_GPh 114701523 
le petit prince_folio le petit prince_ecoutez lire

Musidisc - 1954 - 34 min - Lu par Gérard Philipe

Deesse - 45 min - Lu par Mouloudji et Eric Rémy

Folio - mars 2007 - 120 pages

Ecoutez lire - avril 2006 - 2h10 - Lu par Bernard Giraudeau

Présentation : 
Héros de l'aviation qui disparut en 1944, Antoine de Saint-Exupéry a laissé à la postérité plusieurs livres qui, à l'image de Vol de nuit et de Terre des hommes, ont fasciné plusieurs générations. Mais le plus célèbre, en tout cas celui qui fait l'unanimité chez les adultes comme chez les enfants, est de toute évidence Le Petit Prince. Ce sommet du conte humaniste, nul mieux que Gérard Philipe ne pouvait le confier à la cire. Aujourd'hui réédité en CD, Le Petit Prince garde toute sa force poétique.

Auteur : Antoine  de Saint-Exupéry, né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944 en mer, au large de Marseille. Mort pour la France, il est un écrivain, poète, aviateur et reporter français.

Lecteurs : Gérard Philipe dans le rôle du récitant, Georges Poujouly dans le rôle du petit prince, Pierre Larquey dans le rôle de l'allumeur de réverbères, Michel Roux dans le rôle du serpent, Jacques Grello dans le rôle du renard, et Sylvie Pelayo dans le rôle de la rose.

Mon avis : (écouté en octobre 2014)
C'est l'adaptation phonographique de 1954, avec Gérard Philipe dans le rôle du récitant, Georges Poujouly dans le rôle du Petit Prince, Pierre Larquey dans le rôle de l'allumeur de réverbères, Michel Roux dans le rôle du serpent, Jacques Grello dans le rôle du renard, et Sylvie Pelayo dans le rôle de la rose.
J'ai choisi cette version car nous avions à la maison le vinyle de ce conte et enfant, je l'ai écouté des dizaines et des dizaines de fois. J'ai été un peu déçue car le CD ne propose qu'une sélection de 34 minutes, il n'y a donc qu'un extrait du texte original, les visites de toutes les planètes ont été coupées, seule celle de l'allumeur de réverbère est présente...

En début de semaine, j'ai trouvé à la bibliothèque la version lu par Mouloudji et même si c'est également une version non complète, j'ai apprécié de retrouver l'essentiel du Petit Prince avec le tour des planètes du businessman, du géographe, du vaniteux, du buveur, du roi et de l'allumeur de réverbère et en bonus la flûte de pan de Gheorghe Zamfir pour les interludes.

Une histoire que j'aime redécouvrir, cela fait du bien de retrouver son âme d'enfant. La poésie de ce conte universel me bouleverse toujours. Mais je préfère la version papier avec les belles aquarelles de l'auteur...

Lecteurs : Mouloudji dans le rôle du récitant, Eric Rémy dans le rôle du petit prince, Jean Carmet dans le rôle de l'allumeur de réverbères, Pascal Mazotti dans le rôle du serpent, Claude Piéplu dans le rôle du renard, et Danièle Lebrun dans le rôle de la fleur, Romain Bouteille  dans le rôle du businessman, Raoul De Godewarsvelde dans le rôle du buveur, Michel Célie dans le rôle du géographe, Robert Lefebvre dans le rôle du roi et Bernard Dimey dans le rôle du vaniteux.

Extrait : (chapitre II)
J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu’à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans. Quelque chose s’était cassé dans mon moteur. Et comme je n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C’était pour moi une question de vie ou de mort. J’avais à peine de l’eau à boire pour huit jours. 
Le premier soir je me suis donc endormi sur le sol à mille milles de toute terre habitée. 
J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé. Elle disait : 
– S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! 
– Hein ! 
– Dessine-moi un mouton… 
J’ai sauté sur mes pieds comme si j’avais été frappé par la foudre. J’ai bien frotté mes yeux. J’ai bien regardé. Et j’ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement. 
Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j’ai réussi à faire de lui. Mais mon dessin, bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle. Ce n’est pas ma faute. J’avais été découragé dans ma carrière de peintre par les grandes personnes, à l’âge de six ans, et je n’avais rien appris à dessiner, sauf les boas fermés et les boas ouverts. 
Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d’étonnement. N’oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toute région habitée. Or mon petit bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de 
faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Il n’avait en rien l’apparence d’un enfant perdu au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée. 
Quand je réussis enfin à parler, je lui dis : – Mais… qu’est-ce que tu fais là ? 
Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse : 
– S’il vous plaît… dessine-moi un mouton… 
Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir. Aussi absurde que cela me semblât à mille milles de tous les endroits habités et en danger de mort, je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe.
Mais je me rappelai alors que j’avais surtout étudié la géographie, l’histoire, le calcul et la grammaire et je dis au petit bonhomme (avec un peu de mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner. Il me répondit : 
– Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton. 
Comme je n’avais jamais dessiné un mouton je refis, pour lui, l’un des deux seuls dessins dont j’étais capable. Celui du boa fermé. Et je fus stupéfait d’entendre le petit bonhomme me répondre : 
– Non ! Non ! je ne veux pas d’un éléphant dans un boa. Un boa c’est très dangereux, et un éléphant c’est très encombrant. 
Chez moi c’est tout petit. J’ai besoin d’un mouton. Dessine-moi un mouton. 
Alors j’ai dessiné. 

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Il regarda attentivement, puis : 
– Non ! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre. 
Je dessinai : 

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Mon ami sourit gentiment, avec indulgence : 
– Tu vois bien… ce n’est pas un mouton, c’est un bélier. Il a des cornes… 
Je refis donc encore mon dessin : 

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Mais il fut refusé, comme les précédents : 
– Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps. 
Alors, faute de patience, comme j’avais hâte de commencer le démontage de mon moteur, je griffonnai ce dessin-ci.

image009

Et je lançai : 
– Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans. 
Mais je fus bien surpris de voir s’illuminer le visage de mon jeune juge : 
– C’est tout à fait comme ça que je le voulais ! 
Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe à ce mouton ? 
– Pourquoi ? 
– Parce que chez moi c’est tout petit… 
– Ça suffira sûrement. Je t’ai donné un tout petit mouton. 
Il pencha la tête vers le dessin : 
– Pas si petit que ça… Tiens ! Il s’est endormi… 
Et c’est ainsi que je fis la connaissance du Petit Prince.

 

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