
Audiolib - février 2012 - lu par Philippe Sollier
France Loisirs - février 2011 - 535 pages
Belfond - février 2012 - 460 pages
J'ai Lu - février 2013 - 509 pages
traduit de l'américain par Marieke Merand-Surtel
Titre original : Fear the worst, 2009
Quatrième de couverture :
Votre fille de 17 ans part de bon matin pour son petit boulot d'été.
Elle vous promet d'être de retour pour le dîner.
Mais elle ne rentrera pas.
Ni ce soir là, ni les suivants.
Votre pire cauchemar a commencé...
Pour Tim Blake, le père de Sydney, une seule mission : la retrouver à tout prix. Un coup de fil mystérieux, des individus menaçants, des meurtres... et la vie sans histoire de Tim bascule dans un engrenage incompréhensible et totalement terrifiant. Pourtant, galvanisé par son amour paternel, il ira jusqu'au bout, au risque de tout perdre...
Vendeur automobile divorcé depuis cinq ans et père de Sydney, une ado de 17 ans, Tim Blake mène une existence plutôt casanière. Un soir d’été, Syd ne rentre pas. Quand Tim appelle le motel où elle travaille comme réceptionniste, mauvaise surprise : personne ne la connaît.L’adolescente a-t-elle fugué ? Les semaines passent dans une terrible attente mais Tim ne peut envisager la mort de sa fille. Il se lance à sa recherche et comprendra bien vite que sa vie est basée sur des mensonges.
Auteur : D’origine américaine, Linwood Barclay vit à Toronto, au Canada, avec son épouse et leurs deux enfants.En 2008, après une carrière de journaliste, il décide de se consacrer à l’écriture. Cette nuit-là (2009) rencontre un succès international retentissant : best-seller en Angleterre et en Allemagne, et lauréat du ArthurEllis Award, nominé pour le Barry Award et le prix du meilleur roman de l’Association internationale desauteurs de thrillers, il sera traduit dans près de quarante langues.
Lecteur : Philippe Sollier, comédien de théâtre, voix-off au talent reconnu, vous l’avez vu dans les plus célèbres séries de la télévision française : Commissaire Moulin, Avocats et associés ou En cas d’urgence.
Mon avis : (écouté en mars 2013)
Après avoir découvert Linwood Barclay avec son dernier livre Contre toute attente, j'ai trouvé celui-ci en version audio et je me suis régalée.
Tout commence un matin au petit-déjeuner, avec Tim Blake et sa fille de 17 ans Sidney et une dispute sans gravité entre le père et la fille. Ensuite, tous les deux partent chacun de son côté pour leur journée de travail. Mais le soir, Sidney ne rentre pas à la maison et elle a disparu. Tim Blake ne veut pas imaginer l'impensable et il part à la recherche de sa fille. Il se rend sur le lieu de travail de sa fille, il interroge sans relâche les collègues, les voisins... La police mène également son enquête.
Cette histoire est rythmée, captivante entre de nombreuses pistes et de nombreuses péripéties, Tim Blake va vivre des journées difficiles...
Certaines péripéties sont parfois peu crédibles mais c'est secondaire, ce père est vraiment touchant, il se donne à fond pour retrouver sa fille sans avoir peur de s'attirer des ennuis. Il y a également de l'humour dans certaines scènes décrites.
Un livre audio que j'ai écouté en peu de jours, j'y suis entrée très facilement et il a bien occupé pour mon voyage du retour de vacances.
Extrait : (début du livre)
Le matin du jour où j'ai perdu ma fille, elle m'a demandé de lui faire des œufs brouillés.
— Tu veux du bacon avec ? ai-je crié en direction de l'étage, où Sydney se préparait pour aller travailler.
— Non, a-t-elle répondu de la salle de bains.
— Des toasts ?
— Non plus.
J'ai entendu le claquement du fer à lisser. Ce bruit indiquait généralement la fin de son rituel matinal.
— Du fromage dans tes œufs ?
— Non. Ou alors un peu, pourquoi pas ?
Je suis retourné dans la cuisine, j'ai ouvert le frigo, en ai sorti des œufs, un morceau de cheddar, du jus d'orange, et j'ai mis la cafetière électrique en route.
Susanne, mon ex-femme, qui venait d'emménager chez Bob, son nouveau compagnon, à Stratford, de l'autre côté du fleuve, aurait sans doute dit que je gâtais trop notre fille, qu'à dix-sept ans elle était assez grande pour se préparer son petit déjeuner. Mais l'avoir avec moi pour l'été était un tel plaisir que ça ne me dérangeait pas de la dorloter. L'an passé, je lui avais trouvé un job à la concession Honda de Milford où je suis vendeur, de ce côté-ci du fleuve. Mis à part quelques échanges virulents, partager notre quotidien avait été dans l'ensemble une expérience plutôt agréable. Cette année, toutefois, Sydney avait choisi de ne pas retourner chez Honda. Cohabiter avec moi lui suffisait. Que je garde un œil sur elle pendant qu'elle travaillait était une autre histoire.
— Tu as remarqué, avait-elle observé l'été précédent, que tu critiques chaque garçon à qui je parle, même une minute ?
— Une femme avertie en vaut deux, avais-je répliqué.
— Dwayne, par exemple, à l'atelier ?
— Il a mauvais caractère.
— Et Andy ?
— Tu plaisantes. Beaucoup trop vieux pour toi. Il a bien vingt-cinq ans.
Alors cette année, elle avait trouvé un autre emploi, toujours à Milford, afin de pouvoir vivre avec moi de juin au jour de la fête du Travail, début septembre. Elle s'était fait embaucher au Just Inn Time, un hôtel pour représentants de commerce ne restant qu'une nuit ou deux. Milford est une jolie ville, sans être une destination touristique. Dans une existence antérieure, l'hôtel avait été un Days Inn ou un Holiday Inn ou encore un Comfort Inn, mais la chaîne propriétaire, quelle qu'elle fût, avait repris ses billes et un indépendant l'avait remplacée.
Je n'avais guère été étonné quand Sydney m'avait appris qu'on lui avait donné un poste à la réception.
— Tu es intelligente, charmante, bien élevée…
— Je suis surtout une des rares à parler anglais, avait-elle riposté, coupant court à ma fierté paternelle.
Il fallait lui tirer les vers du nez pour la faire parler de son nouveau travail. « C'est juste un boulot », disait-elle. Au bout de trois jours, je l'ai surprise en pleine dispute au téléphone avec sa copine Patty Swain, elle voulait trouver autre chose, même si son salaire était correct puisqu'elle ne paierait pas d'impôts.
— Ce n'est pas déclaré ? lui ai-je demandé lorsqu'elle a raccroché. Tu es payée au noir ?
— Tu écoutes mes coups de fil ou quoi ?
J'ai préféré la laisser tranquille. Qu'elle règle ses problèmes elle-même.
J'ai attendu que Sydney descende l'escalier pour verser les deux œufs battus avec du cheddar râpé dans la poêle beurrée. L'idée m'est alors venue de lui faire le même genre de surprise que lorsqu'elle était petite. J'ai pris une moitié de coquille d'œuf vide et, à l'aide d'un crayon à mine tendre, j'ai dessiné un visage dessus. Un sourire tout en dents, une demi-lune pour le nez, et deux yeux menaçants. Après avoir tiré un trait de la bouche jusque derrière la coquille, j'ai écrit : SOURIS, BON SANG !
Elle est entrée dans la cuisine d'un pas traînant, comme un prisonnier en route pour l'échafaud, puis elle s'est affalée sur sa chaise, le regard baissé, les cheveux sur les yeux, les bras inertes le long du corps. Une énorme paire de lunettes de soleil, que je ne lui connaissais pas, était perchée au sommet de son crâne.
J'ai fait glisser les œufs, devenus fermes en quelques secondes, sur une assiette que j'ai déposée devant elle.
— Votre Altesse, ai-je déclaré par-dessus le son de l'émission Today qui s'échappait du petit téléviseur de la cuisine.
Levant lentement la tête, Sydney a d'abord regardé l'assiette, avant de s'arrêter sur le petit bonhomme qui la fixait.
— Oh, mon Dieu, a-t-elle soufflé.
Puis elle a tourné la salière coiffée de la demi-coquille pour lire ce qui se trouvait à l'arrière.
— Souris toi-même, a-t-elle riposté avec une inflexion espiègle dans la voix.
— Tu as de nouvelles lunettes de soleil ?
D'un air absent, comme si elle avait oublié qu'elle venait de les poser là, elle a touché une des branches, les a vaguement ajustées sur sa tête.
— Oui.
J'ai remarqué la griffe Versace inscrite en lettres minuscules dessus.
— Très chouette, ai-je commenté.
Syd a hoché la tête avec lassitude.
— Tu es rentrée tard ? ai-je poursuivi.
— Pas tellement.
— Minuit, ça l'est.
Elle savait que nier l'heure de son retour ne servirait à rien. Je ne fermais jamais l'œil avant de l'entendre franchir le seuil de notre maison de Hill Street et verrouiller la porte derrière elle. Je supposais qu'elle était sortie avec Patty Swain, qui, bien qu'également âgée de dix-sept ans, donnait l'impression d'avoir un peu plus d'expérience que Syd dans les domaines qui empêchent les pères de dormir la nuit. J'aurais été naïf de croire Patty Swain encore novice en matière d'alcool, de sexe ou de drogue.
Cela dit, Syd n'était pas un ange non plus. Je l'avais surprise une fois avec un joint, sans compter ce jour où, alors qu'elle avait quinze ans, elle était rentrée de la boutique Abercrombie & Fitch de Stamford avec un nouveau T-shirt, incapable d'expliquer à sa mère l'absence de ticket de caisse. Ç'avait bardé.
Voilà peut-être pourquoi ces lunettes de soleil me titillaient.
— Elles t'ont coûté cher ? ai-je demandé.
— Pas tant que ça.
— Et comment va Patty ?
En fait, je voulais surtout m'assurer que Syd était bien sortie avec elle. Même si leur amitié ne remontait qu'à un an, elles passaient tellement de temps ensemble qu'on aurait dit qu'elles se connaissaient depuis le jardin d'enfants. J'aimais bien Patty, elle avait un franc-parler rafraîchissant, mais j'aurais parfois préféré que Syd traîne un peu moins avec elle.
— Nickel, répondit-elle.
À la télévision, Matt Lauer1 nous mettait en garde contre la radioactivité potentielle des plans de travail en granit. Chaque jour apportait son nouveau sujet d'inquiétude.
Sydney a pioché dans ses œufs.
— Mmm, a-t-elle fait avant de relever les yeux vers le poste. Tiens, c'est Bob.
J'ai suivi son regard. Il s'agissait d'un spot publicitaire de la chaîne locale. Un grand type avec un début de calvitie et un sourire éclatant se tenait devant un océan de voitures, les bras étendus, tel Moïse fendant les eaux de la mer Rouge.
« Venez dare-dare chez Bob Motors ! Vous n'avez pas de reprise ? Aucun problème ! Vous n'avez pas d'acompte ? Aucune importance ! Vous n'avez pas de permis de conduire ? Bon, ça, c'est un peu embarrassant ! Mais si vous recherchez une voiture, et si vous voulez une bonne affaire, venez vous éclater dans l'une de nos trois… »
J'ai coupé le son.
— Il est crétin sur les bords, a dit Sydney de l'homme avec lequel vivait sa mère, mon ex-femme. Mais dans ces pubs il fait carrément Supercrétin. Qu'est-ce qu'on mange ce soir ?
Le petit déjeuner ne se terminait jamais sans que nous discutions du dîner.
— Si on se faisait livrer un truc ?
Avant que je puisse répondre, elle a ajouté :
— Une pizza ?
— Je crois que je vais préparer quelque chose, ai-je objecté.
Syd n'a pas cherché à cacher sa déception.
La pub de Bob passée, j'ai remis le son du téléviseur. Al Roker2 se mêlait à la foule habituelle du Rockefeller Center, où la plupart des gens agitaient des panneaux souhaitant un bon anniversaire à des parents postés devant l'émission.
J'ai observé ma fille manger son petit déjeuner. Être père, du moins pour moi, c'est aussi être constamment fier. Sydney devenait vraiment ravissante. Cheveux blonds aux épaules, long cou gracile, teint de porcelaine, traits affirmés. Sa mère a des racines norvégiennes, d'où ce côté scandinave.
Comme si elle sentait mon regard sur elle, Syd a demandé :
— Tu crois que je pourrais être mannequin ?
— Mannequin ?
— Inutile de prendre cet air choqué.
— Je ne suis pas choqué, ai-je riposté, sur la défensive. Simplement, c'est la première fois que tu m'en parles.
— Ça ne m'avait jamais traversé l'esprit. C'est une idée de Bob.
1. Journaliste présentateur de l'émission Today sur NBC. (Toutes les notes sont de la traductrice).
2. Présentateur météo et animateur sur NBC.

Déjà lu du même auteur :
Contre toute attente
Challenge Thriller

catégorie "Même pas peur" : 31/12

40/50 : Connecticut