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A propos de livres...
challenge
1 septembre 2012

L'enfant aux cailloux – Sophie Loubière

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
un_mot_des_titres 

Le mot : ENFANT

L_enfant_aux_cailloux Fleuve Noir – avril 2011 – 334 pages

Quatrième de couverture :
Elsa Préau est une retraitée bien ordinaire. De ces vieilles dames trop seules et qui s'ennuient tellement - surtout le dimanche - qu'elles finissent par observer ce qui se passe chez leurs voisins. Elsa, justement, connaît tout des habitudes de la famille qui vient de s'installer à côté de chez elle. Et très vite, elle est persuadée que quelque chose ne va pas. Les deux enfants ont beau être en parfaite santé, un autre petit garçon apparaît de temps en temps - triste, maigre, visiblement maltraité. Un enfant qui semble l'appeler à l'aide. Un enfant qui lui en rappelle un autre... Armée de son courage et de ses certitudes, Elsa n'a plus qu'une obsession : aider ce petit garçon qui n'apparaît ni dans le registre de l'école, ni dans le livret de famille des voisins. Mais que peut-elle contre les services sociaux et la police qui lui affirment que cet enfant n'existe pas ? Et qui est vraiment Elsa Préau ? Une dame âgée qui n'a plus toute sa tête ? Une grand-mère souffrant de solitude comme le croit son fils ? Ou une femme lucide qui saura croire à ce qu'elle voit ? Sophie Loubière, en reine du roman psychologique, brosse un bouleversant portrait de femme en proie à la violence ordinaire et touche en plein
cœur.

Auteur de cinq romans, de nouvelles policières et d'un livre pour la jeunesse, Sophie Loubière publie son premier polar dans la collection "Le Poulpe" Elle s'est fait un nom dans le milieu de l'édition grâce à une émission littéraire unique en son genre (Parking de nuit, France Inter) et à ses chroniques à France Info (Info polar).

Mon avis : (lu en août 2012)
Elsa Préau est une ancienne directrice d'école retraitée bien ordinaire. Vivant seule, elle regarde souvent par la fenêtre et aperçoit de temps en temps dans le jardin de ses nouveaux voisins un petit garçon triste et sale qui semble lui demander de l'aide. Ayant eu des ennuis psychiatrique personne, même son propre fils, ne semble croire la vieille dame... Est-ce la réalité ou la folie ?
Je n'en dirais pas plus pour ne pas en dévoiler trop...

C'est une histoire captivante, pleine de suspense qui m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière page. Un thriller psychologique très réussi et une très belle découverte.

Autres avis : Canel, Enna, Liliba

Extrait : (début du livre)
Le jeu du vent et du soleil amusait les rideaux. Depuis sa chaise, le petit garçon eut un sourire. Il lui semblait qu'un être invisible, sensible aux caresses de ce dimanche d'été, jouait à cache-cache derrière le tissu en jacquard. Les yeux clos, l'enfant aurait juré entendre des gloussements de plaisir sous le motif de médaillon.
- Gérard !
Dos droit, les paumes de chaque côté de l'assiette, le garçonnet détourna le regard de la fenêtre donnant sur le jardin. Des bouquets de glaïeuls, de lis et de dahlias distillaient un parfum exaltant. Leurs couleurs éblouissantes formaient des taches de lumière dans la pénombre de la pièce. Les petits pois roulaient dans la sauce du poulet, balayés par les lames des couteaux, indifférents à la conversation de ce déjeuner.
Gérard repris sa mastication, nez en l'air, martelant les pieds de sa chaise à coups de talon. Il ne s'intéressait guère aux sujets abordés par son oncle, ses parents et grands-parents : il était question de revendications salariales motivées par la hausse des prix de l'alimentation, du plus petit que le plus petit des maillots de bains du monde, d'un essai nucléaire américain réalisé voilà quelques jours sur l'atoll de Bikini dans le Pacifique et d'un procès à Nuremberg.

 Challenge Thriller 
challenge_thriller_polars
 catégorie "Même pas peur" : 4/12

  Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

logo_Petit_BAC_2012

"Objet"

 

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4 août 2012

Promenons-nous dans les bois – Bill Bryson

promenons_nous_dans_les_bois Payot – avril 2012 – 346 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Karine Chaunac

Titre original : A walk in the woods, 1997

Quatrième de couverture :
Rentré aux États-Unis au milieu des années 1990 après avoir longtemps vécu en Angleterre, le désopilant Bill Bryson nous avait raconté les péripéties de son quotidien dans American Rigolos (Payot, 2001). Outre observer la faune de ses concitoyens, il a voulu redécouvrir aussi son pays par un retour à la nature. Alors il s’est courageusement attaqué à l’Appalachian Trail, un sentier qui serpente à travers les montagnes sur 3 500 kilomètres, du Maine à la Géorgie.
Pour compagnon dans des paysages autrement plus tourmentés que son Iowa natal, Bill s’est choisi son vieux copain d’école, Stephen Katz, qu’il nous avait présenté dans Ma fabuleuse enfance dans l’Amérique des années 1950 (Payot, 2009). Le problème, c’est que Katz n’aime rien tant que regarder la série X-Files dans les motels. L’autre problème, c’est qu’en se promenant dans les bois on risque, comme dans la série, de croiser de drôles de créatures qui n’ont pas l’humour de l’auteur – des ours ou, pis, des randonneurs, sans oublier les petites plantes toxiques qui vous rendent plus vert qu’un Martien.
La littérature de voyage à la Bryson a pour immense avantage de ne pas endormir le lecteur en chemin. « Jamais un bouquin ne m’a fait autant rire ! » s’est exclamé Robert Redford après en avoir acquis les droits cinématographiques pour devenir Bill à l’écran aux côtés de Katz, alias Paul Newman. Le décès de ce dernier a repoussé le projet, mais Redford a récemment déclaré ne pas y avoir renoncé… 

Auteur : Né en 1951, Bill Bryson est un auteur américain de récits de voyages humoristiques, ainsi que de livres traitant de la langue anglaise et de sujets scientifiques. Il a vécu la majorité de sa vie d'adulte au Royaume-Uni.  

Mon avis : (lu en août 2012)
Je n'aurais jamais emprunté ce livre s'il ne m'avait pas été conseillé par ma Bibliothécaire préférée...
Avec beaucoup d'humour, l'auteur nous raconte sa longue randonnée avec son ami Stephen Katz sur le mythique sentier des Appalaches qui fait environ 3500 km de la Georgie au Maine en passant par tous les sommets. Ils sont deux quadragénaires pas spécialement préparés et leurs péripéties sont souvent hilarantes. C'est également un livre documentaire car il y a beaucoup de passages racontant l'histoire de sentier de randonnée qu'est l'Appalachian Trail. C'est très intéressant mais parfois cela devient lassant car les mésaventures et les rencontres de Bill et Stephen sont bien plus amusantes.
Je le conseille également pour le Challenge 50 états 50 billets car il y a le choix pour les états évoqués dans ce livre : Georgie, Caroline du Sud, Caroline du Nord, Virginie, Pennsylvanie, Maine, New-Hampshire...  

Extrait : (début du livre)
Peu après avoir déménagé ma petite famille dans une bourgade modeste du New Hampshire, je suis tombé sur un chemin qui démarrait à la lisière de la ville pour disparaître dans les bois. Une pancarte indiquait qu'il ne s'agissait pas de n'importe quelle piste mais du célèbre sentier des Appalaches, ou AT pour «Appalachian Trail», qui longe la côte Est des États-Unis sur plus de 3 500 kilomètres à travers la paisible - et ô combien prometteuse - chaîne de montagnes du même nom.
C'est l'ancêtre des chemins de grande randonnée. La section qui traverse la Virginie fait à elle seule deux fois la longueur du Pennine Way, un itinéraire anglais qui mène du Derbyshire à la frontière écossaise. L'AT serpente de la Géorgie au Maine, à travers quatorze États, par-delà de plaisants mamelons rebondis dont les appellations mêmes - Blue Ridge, Smokies, Cumberlands, Catskills, Green Mountains, White Mountains - semblent une invitation à l'errance. Qui peut prononcer les mots de «Great Smoky Mountains» ou «Shenandoah Valley» sans sentir le besoin irrépressible, comme l'a évoqué au XIXe siècle le naturaliste John Muir, «de jeter une miche de pain et une livre de thé dans une vieille besace puis de sauter par-dessus la barrière du jardin» ?
Et voici que ce sentier se présentait à moi, à l'improviste, étirant ses courbes dangereusement séduisantes dans ce coin agréable de Nouvelle-Angleterre où je venais juste de m'installer. Cela paraissait absolument extraordinaire : je pouvais claquer la porte de chez moi et m'enfoncer dans les forêts de Géorgie sur 2 900 kilomètres ou partir en sens inverse et grimper les flancs escarpés et rocailleux des White Mountains jusqu'à la proue légendaire du mont Katahdin, à 700 kilomètres au nord. Et tout cela dans un environnement sauvage dont peu ont fait l'expérience. Au fond de moi, une petite voix murmurait : «Ça a l'air génial. Vas-y !»
J'ai échafaudé quelques bonnes raisons de me lancer dans l'aventure. Cela me remettrait en forme après des années à me traîner comme une larve. Cela me serait bénéfique - je ne savais pas en quoi, mais j'en étais sûr - d'apprendre à me débrouiller seul dans la nature.
Quand des types en pantalons de camouflage et chapeaux de chasse se mettraient à raconter leurs terrifiants exploits au comptoir du Four Aces, je ne me sentirais plus aussi benêt. Je voulais moi aussi un peu de la suffisance du gars buriné qui promène un regard d'acier sur l'horizon lointain et dit lentement, avec un reniflement viril : «Ouaip ! J'ai chié dans les bois. Et pas qu'une fois.»

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32/50 : Virginie

28 juillet 2012

Le Turquetto – Metin Arditi

le_turquetto Actes Sud – août 2011 – 288 pages

Quatrième de couverture :
Se pourrait-il qu’un tableau célèbre – dont la signature présente une anomalie chromatique – soit l’unique oeuvre qui nous reste d’un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne : un élève prodige de Titien, que lui-même appelait “le Turquetto” (le petit Turc) ?
Metin Arditi s’est intéressé à ce personnage. Né de parents juifs en terre musulmane (à Constantinople, aux environs de 1519), ce fils d’un employé du marché aux esclaves s’exile très jeune à Venise pour y parfaire et pratiquer son art. Sous une identité d’emprunt, il fréquente les ateliers de Titien avant de faire carrière et de donner aux congrégations de Venise une oeuvre admirable nourrie de tradition biblique, de calligraphie ottomane et d’art sacré byzantin. Il est au sommet de sa gloire lorsqu’une liaison le dévoile et l’amène à comparaître devant les tribunaux de Venise…
Metin Arditi dépeint à plaisir le foisonnement du Grand Bazar de Constantinople, les révoltes du jeune garçon avide de dessin et d’images, son soudain départ... Puis le lecteur retrouve le Turquetto à l’âge mûr, marié et reconnu, artiste pris dans les subtilités des rivalités vénitiennes, en cette faste période de la Renaissance où s’accomplissent son ascension puis sa chute.
Rythmé, coloré, tout en tableaux miniature, le livre de Metin Arditi convoque les thèmes de la filiation, des rapports de l’art avec le pouvoir, et de la synthèse des influences religieuses qui est la marque particulière du Turquetto.
Né en Turquie, familier de l’Italie comme de la Grèce, Metin Arditi est à la confluence de plusieurs langues, traditions et sources d’inspiration. Sa rencontre avec le Turquetto ne doit rien au hasard, ni à l’histoire de l’art. Car pour incarner ce peintre d’exception, il fallait d’abord toute l’empathie – et le regard – d’un romancier à sa mesure.

Auteur : Né à Ankara, Metin Arditi vit à Genève. Ingénieur en génie atomique, il a enseigné à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Chez Actes Sud, il est l'auteur de Dernière lettre à Théo (2005), La Pension Marguerite (2005), L'Imprévisible (2006), Victoria-Hall et La Fille des Louganis (2007), Loin des bras (2009)

Mon avis : (lu en juillet 2012)
C'est Anne (du blog Des mots et des notes) et son interview radio qui m'a vraiment donnée envie de découvrir ce livre. D'autant plus que j'avais déjà lu trois livres de Metin Arditi. Le sujet, la peinture, m'intéressait également.
Dès le début du livre, dans une note au lecteur, Metin Arditi évoque un tableau présent au Louvre, L'Homme au gant attribué à Le Titien et dont la signature « TICIANUS » pose des interrogations, en effet le T initiale et les autres lettres n'ont pas tout à fait la même couleur, il semblerait que la signature a été faite en deux temps et par deux mains différentes...
Et l'histoire commence en 1531 à Constantinople, Elie est un jeune juif de douze ans, sa mère est morte en le mettant au monde. Elie a un vrai don pour le dessin mais sa religion lui interdit de « représenter Dieu et ses œuvres ». Il apprend auprès d'un musulman Djebal la calligraphie et à fabriquer des encres. Dans cette ville cosmopolite, Elie rencontre Efhymios grec et pope dans l'église Saint-Sauveur qui lui parle de Venise la patrie des peintres. A la mort de son père, Elie décide de quitter Constantinople et d'embarquer pour Venise. Quarante-trois ans plus tard, nous retrouvons Elie, en cachant ses origines, il a été l'élève de Le Titien, il est devenu Le Turquetto « le petit Turc », l'un des peintres à la mode de Venise...
Ce livre est passionnant, le destin du Turquetto imaginé par Metin Arditi est incroyable. Il est également question de religions, d'art, de Venise et d'histoire. Les descriptions détaillées des tableaux du Turquetto sont si magnifiques que j'avais  l'impression de les voir vraiment.
Ce livre est une très belle découverte que je regrette de n'avoir pas lu plus tôt !

le_titien_jeune_homme 
L'homme au gant

 Pour voir les détails de la signature, il faut aller voir le vrai tableau au Louvre...

 

Extrait : (début du livre)
- Elie ! Ton père s'est arrêté !
Cette manie qu'avait Arsinée de crier, alors qu'il était sous ses yeux !
Il se tourna vers son père. Le front baigné de transpiration, celui-ci pressait sur sa vessie et urinait en pleine rue, comme les portefaix et les mendiants... Depuis qu'ils avaient pris le chemin du Bazar, c'était la troisième fois.
Elie baissa les yeux, vit de petits jets rosâtres s'échapper de la verge de son père, par intermittence, et observa les gouttelettes se perdre dans la terre battue. Soudain, il leva son regard. Ses yeux se firent durs comme deux billes noires, ses traits se tendirent et durant une dizaine de secondes il scruta son père avec férocité. Il vit un homme maigre, voûté, mal soigné...
Il le dessinerait de face. Et il tricherait. Comme chaque fois qu'il faisait un portrait de lui. Il ajouterait de la force dans le regard, ou rehausserait le port de tête, ou donnerait un peu de dignité à la posture.
Comme presque tous les dessins d'Elie, celui-ci serait "pour la pile". Elie s'asseyait en tailleur, fermait les yeux, cachait son visage de ses mains et, tout à l'intérieur de lui-même, s'imaginait en train de dessiner. Une mine de plomb à la main, il traçait un premier trait, par exemple un ovale de visage ou une ligne d'épaule, puis un deuxième, comme s'il dessinait vraiment, et ainsi de suite jusqu'à ce que le dessin soit en place. Il le regardait alors avec intensité, ajoutait ici une ombre, là un dégradé, fronçait un regard, marquait une tension sur un muscle, exactement comme si tout ce qu'il faisait était réel. Après quoi il regardait le dessin en y mettant toutes ses forces, s'en imprégnait jusqu'au plus infime détail, et le déposait sur le haut d'une pile, imaginaire elle aussi, dans un coin précis de la pièce minuscule qu'il partageait avec son père.
Le plus étrange, lorsqu'il dessinait pour la pile, touchait à la violence des émotions qui le traversaient. Dans de tels instants, un sentiment de suprématie le portait tout entier. Rien ne lui semblait impossible. Il travaillait à la plume, au pinceau, ou à la mine d'argent, utilisait mille couleurs, donnait des effets d'ombre ou de clair-obscur, en un mot, il dessinait selon son bon vouloir. Il était, enfin, maître de sa vie.
- Toi, reprit Arsinée, il faut toujours tout te répéter ! Et regarde-moi quand je te parle !
D'un coup l'envie le prit de l'énerver, et il se remit à marcher.
- Elie !
Une voix de moineau en train de piailler... Il haussa les épaules et s'arrêta. De toute façon, il n'allait pas tarder à la faire enrager.
- Pardonnez-moi, dit à cet instant son père en se tournant vers Arsinée et Roza, la Géorgienne qu'ils allaient vendre.
- Sami... fit Arsinée en secouant la tête comme pour un reproche, tu aurais dû rester à la maison.

 

  logo_bibli_VLS_20

 Déjà lu du même auteur : 

la_fille_des_Louganis La fille des Louganis la_pension_Marguerite  La pension Marguerite loin_des_bras Loin des bras

 

Challenge 7% 
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
49/49 
 

Challenge Voisins, voisines
voisin_voisines2012
Suisse

26 juillet 2012

Room - Emma Donoghue

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                     jaquette                                                                                   couverture originale

Stock - août 2011 - 408 pages

traduit de l'anglais (Canada) par Virginie Buhl

Titre original : Room, 2011

Quatrième de couverture :
« Room appartient à cette espère si rare, celle des vraies œuvres d’art. Vous dire qu’il ne ressemble à aucun autre livre est pour moi le plus beau des compliments. Il suffit de décrire sa puissance, sa beauté sombre et pleine de révélations. » Michael Cunningham

Sur le point de fêter ses cinq ans, Jack a les préoccupations des petits garçons de son âge. Ou presque. 
Il ne pense qu’à jouer et à essayer de comprendre le monde qui l’entoure, comptant sur sa mère pour répondre à toutes ses questions. Cette mère occupe dans sa vie une place immense, d’autant plus qu’il habite seul avec elle dans une pièce unique, depuis sa naissance.
 Il y a bien les visites du Grand Méchant Nick, mais Ma fait tout pour éviter à Jack le moindre contact avec ce personnage. Jusqu’au jour où elle réalise que l’enfant grandit, et qu’elle ne va pouvoir continuer longtemps à entretenir l’illusion d’une vie ordinaire. Elle va alors tout risquer pour permettre à Jack de s’enfuir. 
Mais l’enfant va-t-il réussir à trouver des repères loin de leur univers ? Quel accueil lui réservera le monde extérieur, lui l’enfant né de la captivité d’une femme ?
Room interroge la capacité de survie qui existe en chacun de nous, tout en célébrant les pouvoir du récit et du langage. Mais l’auteur résume magnifiquement son principal objet de réflexion : « Le drame essentiel de la parentalité : comment l’on passe d’un instant à l’autre du rôle de celui qui console à celui qui persécute, tout comme les enfants passent leur temps à illuminer notre vie et à nous rendre fous. J’ai essayé de saisir cette étrangeté et ce paradoxe. Devenir parent suscite les émotions les plus folles qu’on puisse ressentir. »

Auteur : Emma Donoghue est l’auteur de plusieurs romans, parmi lesquels Room, qui a été dans la shortlist du Booker Prize. Née en 1969 à Dublin, elle vit aujourd’hui au Canada. Elle est la mère de deux enfants.  

 

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Cela fait quelques temps que j’ai ce livre dans ma Liste à Lire, en particulier depuis le Salon du Livre de Paris où j’ai eu l’occasion d’assister à une conférence sur le thème Ce qui n'est pas un fait divers est un roman où Emma Donoghue était présente. Elle m’avait donnée envie de découvrir son livre.
Jack est le narrateur de cette histoire, c’est un petit garçon de 5 ans plein d’énergie, intelligent et imaginatif. Depuis sa naissance, il vit seul avec sa Maman dans une petite pièce. Il ne connait rien de Dehors à part ce qu’il voit à la télévision. Ainsi Dora l'exploratrice est devenue sa grande copine. Il donne des noms à tous les objets qui l'entourent, ainsi il s'adresse à Monsieur Lit, Madame Table, Monsieur Tapis. Jack a pris ses habitudes, ses rituels, sa Maman a fait le maximum pour le protéger, l’élever, l’éduquer et bien sûr l’aimer. Puis le jour de la libération arrive et la vie après n’est pas si simple… Pour la maman c’est la joie et le soulagement mais pour Jack c’est à la fois excitant et angoissant.
J’ai mis quelques pages à m’habituer à la façon de parler de Jack et très vite je me suis plongée dans cette histoire sans plus pouvoir lâcher le livre. Emma Donoghue a choisi un sujet difficile mais elle a su parfaitement écrire un livre passionnant et très touchant. Le point de vue de Jack est tour  à tour amusant, bouleversant et émouvant. Un livre fort que je n’oublierai pas et qui ne laisse pas indifférent. 

Site du livre : http://www.roomthebook.com

Autres avis : Leiloona, Clara, Valérie, Enna

Extrait : (page 25)
- Tu sais quoi ? » Elle se relève. « Il faut qu'on inscrive le repère de ta taille maintenant que tu as cinq ans. »
Je saute en l'air, superhaut.
D'habitude, j'ai pas le droit de dessiner nulle part dans la Chambre ni sur ses mobiliers. Quand j'avais 2 ans, j'ai gribouillé sur le pied de Monsieur Lit, celui qui est contre Petit Dressing, alors quand on fait le ménage, Maman tapote le gribouillis et dit : « Regarde, on doit vivre avec ça pour toujours. » Mais la taille, c'est pas pareil. Il y a des tout-tout petits chiffres à côté de Madame Porte, un 4 noir, un 3 noir et en dessous un 2 rouge qui était la couleur de Petit Stylo, avant, sauf qu'après il marchait plus. Et tout en bas, on voit un 1 rouge.
« Tiens-toi bien droit », dit maman. Le stylo me chatouille en haut de la tête.
Quand je m'écarte, il y a un 5 noir juste un peu au-dessus du 4. Le 5 c'est mon chiffre plus préféré parce que j'ai cinq doigts à chaque main et aussi aux pieds, comme Maman : on est pareils tout crachés. 

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Challenge 7% 
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
48/49 
 

Challenge Voisins, voisines
voisin_voisines2012
Irlande

Challenge God Save The Livre
 Challenge_anglais

24 juillet 2012

Sunset Park – Paul Auster

sunset_park Actes Sud – septembre 2011 – 316 pages

Edition Theleme - mars 2012 – CD mp3

traduit de l'américain par Pierre Furlan

Titre original : Sunset Park, 2010

Quatrième de couverture :
Parce qu’il s’est toujours senti coupable de la mort accidentelle de son demi-frère, Miles s’est banni de sa propre histoire. Il a quitté sa famille, abandonné ses études, et travaille, en Floride, à débarrasser les maisons désertées par les victimes des subprimes. Amoureux d’une fille trop jeune, passible de détournement de mineure, Miles fait bientôt l’objet d’un chantage et est obligé – encore une fois – de partir. Il trouve alors refuge à Brooklyn où son fidèle ami Bing Nathan squatte une maison délabrée, en compagnie de deux jeunes femmes, elles aussi condamnées à la marge par l’impossibilité d’exprimer ou de faire valoir leurs talents respectifs. Désormais Miles se trouve géographiquement plus proche de son père, éditeur indépendant qui tente de traverser la crise financière, de sauver sa maison d’édition et de préserver son couple. Confronté à l’écroulement des certitudes de toute une génération, il n’attend qu’une occasion pour renouer avec son fils afin de panser des blessures dont il ignore qu’elles sont inguérissables…
Avec ce roman sur l’extinction des possibles dans une société aussi pathétiquement désorientée qu’elle est démissionnaire, Paul Auster rend hommage à une humanité blessée en quête de sa place dans un monde interdit de mémoire et qui a substitué la violence à l’espoir.

Auteur : Né à Newark, New Jersey le 03 février 1947, figure centrale de la scène culturelle new-yorkaise, Paul Auster commence à écrire des l'âge de 13 ans pour s'imposer vingt plus tard comme une référence de la littérature post-moderne. Diplômé en arts, il se rend à Paris dans les années 1970 où il se plonge dans la littérature européenne et gagne sa vie en traduisant Sartre, Simenon ou Mallarmé. Cette expérience aura une influence considérable sur l'œuvre du jeune écrivain parfois qualifié de 'plus français des écrivains américains'. Son premier ouvrage majeure est une autobiographie, 'L' invention de la solitude', écrite aussitôt après la mort de son père. Devenu célèbre grâce à la fameuse 'Trilogie américaine' et au roman 'Moon Palace', l'écrivain y déploie ses thèmes de prédilections : le rapport en fiction et réalité, la solitude, ou en encore la quête d'identité. Auster écrit également pour le cinéma : on lui doit par exemple l'écriture du scénario de 'Smoke' en 1995 et la réalisation d'un film en 2006, adaptation de son roman 'La Vie intérieure de Martin Frost'. Écrivain aux influences multiples, juives, européennes et bien sûr américaines, Paul Auster a su conquérir le monde entier par on œuvre dense et profonde.

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Ce livre est dans ma PAL depuis quelques temps et je me décide enfin à l'y sortir pour honorer le Challenge Paul Auster organisé par Mrs Pepys auquel je me suis inscrite il y a bientôt 1 an et qui se termine dans quelques jours.
Miles est le personnage principal de ce roman. Après la mort de son demi-frère dont il se sent coupable, il a quitté New-York et sa famille, abandonné ses brillantes études. Il a parti sur les routes des États-Unis et sept ans plus tard, il vit en Floride. Il travaille à vider les maisons abandonnées par les victimes des subprimes.
Il y a quelques mois, il a rencontré Pilar une jeune lycéenne mineur d'origine cubaine victime d'un chantage, il est obligé de fuir la Floride et il revient à New-York, à Brooklyn dans le quartier de Sunset Park dans une petite maison transformée en squat. Il y retrouve un ancien camarade, Bing Nathan, qui vit en communauté avec deux jeunes filles Ellen Brice et Alice Bergstrom.
A travers le destin de ces différents personnages Paul Auster nous fait le portrait d'une Amérique en pleine crise sociale ,politique et économique.
Tous ses personnages sont vraiment attachants. Il est question d'amour, de relations parents / enfants, de solidarité face aux difficultés.
Un très beau roman, fort mais sombre.  

Autres avis : Jostein, Keisha

Extrait : (début du livre)
Depuis presque un an, maintenant, il prend des photos d’objets abandonnés. Il y a au moins deux chantiers par jour, parfois jusqu’à six ou sept, et chaque fois que ses acolytes et lui pénètrent dans une nouvelle maison, ils se retrouvent face aux objets, aux innombrables objets jetés au rebut que les familles ont laissés en partant. Les absents ont tous fui précipitamment dans la honte et la confusion, et il est certain que, quel que soit le lieu où ils vivent à présent (s’ils ont trouvé un endroit où vivre et ne sont pas en train de camper dans les rues), leur nouveau logement est plus petit que la maison qu’ils ont perdue. Chacune de ces maisons est une histoire d’échec – de faillite, de cessation de paiement, de dette et de saisie – et il s’est chargé personnellement de relever les dernières traces encore perceptibles de ces vies éparpillées afin de prouver que les familles disparues ont jadis vécu là, que les fantômes de gens qu’il ne verra ni ne connaîtra jamais restent présents dans les débris qui jonchent leur maison vide.
On appelle son travail de l’enlèvement de rebuts ; il fait partie d’une équipe de quatre hommes employés par la Dunbar Realty Corporation, laquelle sous-traite ses services de “préservation de domicile” pour les banques locales qui, désormais, possèdent les propriétés en question. Les vastes terres plates du Sud de la Floride regorgent de ces constructions orphelines, et comme les banques ont intérêt à les revendre au plus vite, les logements vidés doivent être nettoyés, réparés et mis en état d’être montrés à des acheteurs éventuels. Dans un monde en train de s’écrouler, un monde de ruine économique et de misère implacable toujours plus étendue, l’enlèvement des rebuts est l’une des rares activités en plein essor dans cette région. Il a de la chance d’avoir trouvé ce travail, ça ne fait pas de doute. Il ignore combien de temps encore il va pouvoir le supporter, mais la rémunération est correcte et, dans un pays où les emplois se font de plus en plus rares, c’est sans conteste une bonne place.
Au début, il était stupéfait par le désordre et la crasse, l’état d’abandon. Rares sont les fois où il pénètre dans une maison que ses anciens propriétaires ont laissée impeccable. Le plus souvent, une éruption de violence ou de rage, un déchaînement de vandalisme irraisonné se sera produit au moment du départ : depuis les robinets ouverts au-dessus de lavabos et les baignoires qui débordent jusqu’aux murs défoncés à coups de masse, couverts de graffitis obscènes ou criblés d’impacts de balles, sans parler des tuyaux en cuivre arrachés, des moquettes tachées d’eau de Javel et des tas de merde déposés sur le plancher du séjour. Il est possible qu’il s’agisse là de cas extrêmes, d’actes impulsifs déclenchés par la rage d’être dépossédé, de messages de désespoir répugnants mais compréhensibles ; et s’il n’est pas toujours saisi par le dégoût quand il entre dans une maison, jamais cependant il n’ouvre une porte sans un sentiment de crainte. Inévitablement, la première chose contre laquelle il doit lutter, c’est l’odeur, la violence de l’air fétide qui assaille ses narines, les relents omniprésents où se mêlent moisi, lait aigre, litière de chat, cuvettes de w.-c. maculées d’ordure et nourriture en train de pourrir sur le plan de travail de la cuisine. Même laisser l’air frais s’engouffrer par les fenêtres ouvertes ne parvient pas à chasser ces odeurs ; même tout enlever avec la plus grande minutie et la plus grande attention n’arrive pas à effacer la puanteur de la défaite.

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Challenge Paul Auster
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Challenge New York en littérature
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30/50 : New York

Challenge 7% 
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
47/49 
 

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22 juillet 2012

Au lieu-dit Noir-Etang –Thomas H. Cook

au_lieu_dit_Noir_Etang Seuil - janvier 2012 - 354 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Loubat-Delranc

Titre original : The Chatham School Affair, 1996

Quatrième de couverture :
Août 1926. Chatham, Nouvelle-Angleterre, à quelques encablures du cap Cod : son église, son port de pêche et son école de garçons, fondée par Arthur Griswald, qui la dirige avec droiture et vertu. L'arrivée de la belle Mlle Channing, venue d'Afrique pour enseigner les arts plastiques à Chatham School, paraît anodine en soi, mais un an plus tard, dans cette petite ville paisible, il y aura eu plusieurs morts. Henry, le fils adolescent de M Griswald, est vite fasciné par celle qui va lui enseigner le dessin et lui faire découvrir qu'il faut " vivre ses passions jusqu'au bout ". Du coup, l'idéal de vie digne et conventionnelle que prône son père lui semble être un carcan. Henry assiste, complice muet et narrateur peu fiable, à la naissance d'un amour tragique entre Mlle Channing et M Reed, le professeur de lettres qui vit au bord du Noir-Etang avec sa femme et sa fille. Il voit en eux " deux figures romantiques, des versions modernes de Catherine et de Heathcliff ". Mais l'adultère est mal vu à l'époque, et après le drame qui entraine la chute de Chatham School, le lecteur ne peut que se demander, tout comme le procureur : " Que s'est-il réellement passé au Noir-Etang ce jour-là ? "
Utilisant avec une subtilité machiavélique la palette des apparences, des dits et des non-dits, Thomas H. Cook allie à une tragédie passionnelle digne des classiques du XIXe siècle un suspense d’une ambiguïté insoutenable.

Auteur : Né en 1947, Thomas Cook a été professeur d'histoire et secrétaire de rédaction au magazine Atlanta. Il vit à New York et au cap Cod. Un prestigieux Edgar Award a récompensé Au lieu-dit Noir-Etang en 1996 aux Etats-Unis, et Les Feuilles mortes a reçu le Barry Award en 2006.

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Ayant beaucoup aimé Les feuilles mortes et Les leçons du Mal , j'étais très impatiente de découvrir le dernier livre paru en France de Thomas H. Cook. Il a été publié en 1996 au États-Unis, il est donc antérieur aux deux autres. Je n'ai pas été déçu au contraire, ce livre est un coup de cœur.
Tout d'abord, j'aime beaucoup le mystérieux du titre et surtout la couverture avec son phare.
Chatham, petite ville sans histoire de Nouvelle-Angleterre, Henry le fils du directeur de Chatham School se souvient du jour de l'arrivée de Mlle Channing, la nouvelle professeur d’arts plastiques en août 1926. Henry qui est le narrateur de cette histoire, longtemps après cette année scolaire qui marquera à jamais sa vie, il vit toujours à Chatham, en solitaire. 

Mlle Channing est une artiste, son père un grand voyageur l'a élevé avec des principes très novateurs pour l'époque, « vivre selon ses passions », privilégier la liberté, son développement personnel...
Elle est logée dans un cottage isolé, au lieu-dit Noir-Etang où non loin de là vit M. Reed, professeur de littérature, avec sa femme et sa petite fille. Chaque jour, ils font ensemble le trajet entre le collège et leurs domiciles. Henry est le témoin privilégié du rapprochement qui s'opère peu à peu entre Mlle Channing et M. Reed, mais du haut de ses quinze ans il imagine certaines choses...
Dès le début, le lecteur comprend que cette histoire se terminera par un drame et tout au long du récit l'auteur nous en dévoile peu à peu des indices. Que s'est-il vraiment passé au "lieu-dit Noir -Étang" ?
Le style de ce livre est magnifique, il est écrit comme un roman classique, c'est également le portrait d'une époque et les lieux y sont superbement décrits.
La psychologie des personnages est très intéressante, autant pour les personnages principaux que sont Mlle Channing, M. Reed et Henry mais aussi pour le père d'Henry et directeur de Chatham School.
La construction du livre donne tout le suspens et même après le dénouement de l'histoire, le lecteur a droit à de nouvelles surprises dans les toutes dernières pages.  
Un vrai coup cœur pour moi que je vous invite à découvrir.

Autres avis : Anna Blume, Clara, Mimi, JosteinCanelConstance, Theoma

Extrait : (début du livre)
Mon père avait une phrase préférée. Il l'avait empruntée à Milton, et aimait la citer aux garçons de Chatham School. Planté devant eux le jour de la rentrée des classes, les mains bien enfoncées dans les poches de son pantalon, il ménageait un silence, leur faisant face, l'air grave. "Prenez garde à vos actes, déclamait-il alors, car le mal contre lui-même se retourne." Il ne pouvait imaginer à quel point la suite des évènements le contredirait, ni à quel point j'en aurais éminemment conscience.
Parfois, en ces tristes journées d'hiver si fréquentes en Nouvelle-Angleterre où le vent malmène autant les arbres que les arbustes, où la pluie tambourine contre les toits et les vitres, je me sens de nouveau happé par l'univers de mon père, par ma jeunesse, par la petite ville qu'il aimait tant et où je vis toujours. Je regarde par la fenêtre de mon bureau et revois la grand-rue de Chatham telle qu'elle était alors : une poignée de petits commerces, un cortège fantomatique d'automobiles aux phares montés sur des pare-chocs inclinés. Dans mon esprit, les morts retrouvent la vie, reprennent leur enveloppe charnelle. Je vois Mme Albertson livrer son panier de palourdes au marché Kessler, M. Lawrence faire des embardées avec le scooter des neiges qu'il a construit de ses propres mains, des skis à l'avant, deux parties des chenilles d'un tank de la Première Guerre mondiale à l'arrière, le tout accroché au châssis cabossé d'un vieux roadster. En passant, il me fait signe, agitant sa main gantée dans l'air intemporel.
Me présentant une nouvelle fois sur le seuil de mon passé, je retrouve mes quinze ans, tous mes cheveux et une peau dépourvue de taches de vieillesse, le ciel loin de moi et de l'enfer de mes préoccupations. Je pressens même que, par essence, la vie a du bon.
Puis, de but en blanc, je repense à elle. Pas à la jeune femme que j'ai connue il y a si longtemps, mais à la petite fille qui contemple au loin la mer d'un bleu étincelant, son père, à côté d'elle, lui disant ce que tous les pères disent depuis toujours à leurs enfants : que l'avenir leur tend les bras, que c'est un pré d'herbe tendre qui n'abrite aucune sombre forêt. Je la revois dans mon cottage, ce jour-là, je réentends sa voix, ses paroles tintent encore à mon oreille, distantes clochettes, porteuses de la foi qu'elle eut brièvement en la vie. Ne te prive pas, Henry. Il y en a pour tout le monde.

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Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Sélection policier
Jury Septembre

Déjà lu du même auteur : 

les_feuilles_mortes_p Les feuilles mortes les_le_ons_du_mal_p Les leçons du Mal 

 

50__tats
30/50 : Georgie
(Thomas H. Cook a étudié et enseigné en Georgie)

 Challenge Thriller 
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 catégorie "Même pas peur" : 3/12

  Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

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"Couleur"





20 juillet 2012

L'Insoutenable légèreté de l'être - Milan Kundera

l_insoutenable_legerete_de_l_etre Milan_Kundera_L_insoutenable_legerete_de_l_etre l_insoutenable_legerete_de_l_etre_folio1990

Gallimard – avril 1984 – 393 pages

Folio – octobre 1989 – 476 pages

Folio – janvier 1990

traduit du tchèque par François Kérel

Titre original : Nesnesitelná lehkost bytí, 1982

Quatrième de couverture :
Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge ?
Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune.
Qu'est-il resté de Tomas ?
Une inscription : il voulait le Royaume de Dieu sur la terre.
Qu'est-il resté de Beethoven ?
Un homme morose à l'invraisemblable crinière, qui prononce d'une voix sombre : Es muss sein ! " Qu'est-il resté de Franz ?
Une inscription : Après un long égarement, le retour.
Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli.

Auteur : Né à Brno en Tchécoslovaquie en 1929, Milan Kundera a enseigné l'histoire du cinéma à l'Académie de musique et d'art dramatique, puis à l'Institut des hautes études cinématographiques de Prague. Après l'invasion de la Tchécoslovaquie par les Soviétiques, il perd son emploi, et ses ouvrages (La plaisanterie, 1965; Risibles amours, 1968...) sont interdits. Il émigre en France en 1975 où il enseigne la littérature comparée à l'université de Rennes puis à l’École des hautes études en sciences sociales. En 1981, il obtient la nationalité française. En 1984, L'insoutenable légèreté de l'être lui apporte une reconnaissance internationale. Suivent une poignée de chefs-d’œuvre parmi lesquels L'art du roman (1986), L'immortalité (1990), Les testaments trahis (1993), La lenteur (1995), L'identité (1997) ou encore L'ignorance (2003).   

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Ce qui m'a incité à lire ce livre c'est d'une part le Baby Challenge - Contemporain Livraddict et ensuite ma sœur qui m'a gentiment prêté le livre. 
L'Insoutenable Légèreté de l'être est le cinquième roman de Milan Kundera, il a été écrit en 1982 et publié en France pour la première fois en 1984.
Le côté philosophique de cette lecture me faisait un peu peur, j'ai donc profité d'un voyage de 3 heures de train pour l'entamer. Finalement, il se lit plutôt facilement grâce à des chapitres assez courts.
Il faut situer l'histoire à Prague en 1968, c'est en Tchécoslovaquie le Printemps de Prague, puis le pays sera envahi par l'URSS. Les personnages principaux sont Tomas et Tereza. Tomas aime beaucoup Tereza mais ne peut pas s'empêcher d'avoir des aventures avec d'autres femmes. Tereza est jalouse mais ne l'exprime pas ouvertement. Il y a également deux autres personnages Sabina, artiste et l'une des maîtresses de Tomas, et Franz homme marié, amant de Sabina...
Le cours de la narration est interrompu par des interrogations, des réflexions de l'auteur sur l'homme, l'amour, l'infidélité.
J'ai été gêné par la construction du livre, où beaucoup de choses se mélangent : le présent, le passé, le récit, les rêves, les interrogations, les réflexions. Par moment, j'avais du mal à suivre...
Impossible de dire si j'ai aimé ou pas aimé ce livre...
J'ai aimé découvrir les conditions de vie sous l'occupation soviétique, ainsi Tomas chirurgien est obligé d'abandonner son métier pour ne pas renier ses convictions, il deviendra laveur de carreaux.
Je n'ai pas aimé dans cette histoire les perpétuels aller-retour entre présent et passé.
Malgré tout, je suis contente d'avoir pu découvrir ce classique de la littérature.

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Une adaptation cinématographique de L'Insoutenable Légèreté de l'être a été réalisée en 1988, par Philip Kaufman avec Daniel Day-Lewis, Juliette Binoche, Lena Olin.

Extrait : (début du livre)
L’éternel retour est une idée mystérieuse, et Nietzsche, avec cette idée, a mis bien des philosophes dans l’embarras : penser qu’un jour tout va se répéter comme on l’a déjà vécu et que cette répétition va encore indéfiniment se répéter ! Que veut dire ce mythe insensé ? 
Le mythe de l’éternel retour nous dit, par la négation, que la vie qui va disparaître une fois pour toutes et ne reviendra pas est semblable à une ombre, qu’elle est sans poids, qu’elle est morte dès aujourd’hui, et qu’aussi atroce, aussi belle, aussi splendide fût-elle, cette beauté, cette horreur, cette splendeur n’ont aucun sens. Il ne faut pas en tenir compte, pas plus que d’une guerre entre deux royaumes africains du XIVe siècle, qui n’a rien changé à la face du monde, bien que trois cent mille Noirs y aient trouvé la mort dans d’indescriptibles supplices. 
Mais est-ce que ça va changer quelque chose à cette guerre entre deux royaumes africains du XIVe siècle de se répéter un nombre incalculable de fois dans l’éternel retour ?
Oui, certainement : cela va devenir un bloc qui se dresse et perdure, et sa sottise sera sans rémission.
Si la Révolution française devait éternellement se répéter, l’historiographie française serait moins fière de Robespierre. Mais comme elle parle d’une chose qui ne reviendra pas, les années sanglantes ne sont plus que des mots, des théories, des discussions, elles sont plus légères qu’un duvet, elles ne font pas peur. Il y a une énorme différence entre un Robespierre qui n’est apparu qu’une seule fois dans l’histoire et un Robespierre qui reviendrait éternellement couper la tête aux Français.
Disons donc que l’idée de l’éternel retour désigne une perspective où les choses ne nous semblent pas telles que nous les connaissons : elles nous apparaissent sans la circonstance atténuante de leur fugacité. Cette circonstance atténuante nous empêche en effet de prononcer un verdict quelconque. Peut-on condamner ce qui est éphémère ? 
Les nuages orangés du couchant éclairent toute chose du charme de la nostalgie ; même la guillotine.
Il n’y a pas si longtemps, je me suis pris moi-même sur le fait : ça me semblait incroyable mais, en feuilletant un livre sur Hitler, j’étais ému devant certaines des ses photos ; elles me rappelaient le temps de mon enfance ; je l’ai vécu pendant la guerre ; plusieurs membres de ma famille ont trouvé la mort dans des camps de concentration nazis ; mais qu’était leur mort auprès de cette photographie d’Hitler qui me rappelait un temps révolu de ma vie, un temps qui ne reviendrait pas ?
Cette réconciliation avec Hitler trahit la profonde perversion morale inhérente à un monde fondé essentiellement sur l’inexistence du retour, car dans ce monde-là tout est d’avance pardonné et tout y est donc cyniquement permis.  

Challenge Voisins, voisines
voisin_voisines2012
République Tchèque
(Tchécoslovaquie)

littraturecontemporaines
Baby Challenge - Contemporain Livraddict : 16/20

 

 

15 juillet 2012

La fille de l'hiver - Eowyn Ivey

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
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Le mot : FILLE

La_fille_de_l_hiver Fleuve Noir – janvier 2012 - 432 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Chapman

Titre original : The Snow Child, 2012

Quatrième de couverture :
L’Alaska, ses forêts impénétrables, ses étendues enneigées. Son silence. Sa solitude. 
Depuis la mort de leur bébé, le mariage de Mabel et Jack n'a plus jamais été le même. Partir vivre sur ces terres inhospitalières paraissait alors une bonne idée. Seulement, le chagrin et le désir d'enfant les ont suivis là-bas et la rudesse du climat, le travail éreintant aux champs les enferment chacun dans leur douleur. 
Jusqu'à ce soir de début d'hiver où, dans un moment d'insouciance, le couple sculpte un bonhomme de neige à qui ils donnent les traits d'une petite fille. Le lendemain matin, celui-ci a fondu et de minuscules empreintes de pas partent en direction de la forêt… 
Peu de temps après, une petite fille apparaît près de leur cabane, parfois suivie d'un renard roux tout aussi farouche qu'elle. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Est-elle une hallucination ou un miracle ? Et si cette petite fille était la clé de ce bonheur qu'ils n'attendaient plus ? 
Inspiré d'un conte traditionnel russe, La fille de l'hiver est un roman à la fois moderne et intemporel où le réalisme des descriptions n'enlève rien à la poésie d'une histoire merveilleuse… dans tous les sens du terme.

Auteur : Eowyn Ivey a grandi en Alaska où elle vit toujours avec son mari et leurs deux filles. Cette ancienne journaliste, devenue libraire, aime à se définir comme une entremetteuse, qui présente des livres aux lecteurs. La fille de l'hiver est son premier roman, inspiré d'un conte russe, mais aussi de ses expériences personnelles et de son cadre de vie.

 

Mon avis : (lu en juillet 2012)
L’auteur s’est inspiré d’un conte traditionnel russe pour écrire cette belle histoire. Après la perte d'un enfant à la naissance et l'impossibilité de donner la vie, Mabel et Jack sont partis s'installer en Alaska. Leur douleur les incite à se réfugier dans le travail et la solitude.
Pourtant aux premiers jours de l’hiver, un jour de première neige, le couple s'amuse à faire un bonhomme de neige au forme d'une petite fille. Le lendemain, tout a fondu, les moufles et l'écharpe ont disparu... Peu temps après, ils leur semble apercevoir une petite fille à la lisière de la forêt... Où est le rêve ? Où est la réalité ? Cette histoire est vraiment troublante... Je n'en dévoilerai pas plus...
Mabel et Jack ont également des voisins qui veillent sur eux, dans cet endroit hostile, la solidarité est importante. George et Ester sont parents de trois grands garçons, ils sont exubérants et originaux .
J'ai beaucoup aimé les superbes descriptions en toutes saisons des grands espaces et des paysages de l'Alaska. Elles sont si précises et évocatrices que je n'avais aucun mal à les imaginer.
Une très belle découverte !

 

Autres avis : Valérie, Kathel, ClaraEmmyne

Extrait : (début du livre)
Mabel avait su d'avance ce qui l'attendrait. C'était le but recherché après tout. Aucune voix d'enfant, ni cris de joie ni pleurs. Aucun bruit de jeux en provenance de la rue, aucun frottement de petits pieds sur le bois de marches polies par les ans, aucun cliquetis de jouets traînant sur le carrelage de la cuisine. Tous ces échos retentissants de son échec et de ses regrets, elle les avait volontairement laissés loin derrière elle, pour mieux embrasser le silence.
Un silence qu'elle avait imaginé aussi paisible en Alaska que la neige soufflant dans l'immensité d'une nuit pleine de promesses. Hélas, ce n'était pas ce qu'elle avait trouvé. Quand elle faisait le ménage, les crins de son balai crissaient sur le plancher telles les dents pointues d'une furie qui lui grignoterait le cœur. Quand elle faisait la vaisselle, les assiettes et les bols s'entrechoquaient comme s'ils allaient se briser. Le seul son qui n'émana pas d'elle fut un brusque «croa croa» provenant du dehors. Mabel essora sa lavette et regarda par la fenêtre juste à temps pour voir un corbeau voleter de branche en branche dans les bouleaux dépouillés de leurs feuilles. Il n'y avait pas d'enfants jouant à se poursuivre sur le tapis d'automne en s'appelant à tue-tête ; il n'y avait même pas d'enfant solitaire sur une balançoire.

*

Il y en avait eu un. Une toute petite chose, née immobile et silencieuse. Dix années s'étaient écoulées depuis, mais aujourd'hui encore il lui arrivait de revivre ce moment et de regretter de ne pas avoir posé sa main sur le bras de Jack, de ne pas l'avoir arrêté. Si seulement... Elle aurait pris la tête du bébé dans le creux de sa main et coupé quelques mèches de ses minuscules cheveux afin de les conserver dans un médaillon autour de son cou. Elle aurait contemplé son petit visage et su si c'était un garçon ou une fille, puis elle se serait tenue au côté de Jack pendant qu'il l'inhumait dans la terre hivernale de Pennsylvanie. Elle aurait marqué sa tombe... Si seulement elle s'était autorisé ce deuil.
C'était un enfant, après tout, même s'il ressemblait davantage à un petit être échangé par une fée. Visage chiffonné, menton miniature, oreilles pointues ; elle en avait vu assez pour le pleurer ; elle aurait pu l'aimer tel qu'il était.

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50__tats
29/50 : Alaska (2)

 

15 juillet 2012

Les Filles de l’ouragan – Joyce Maynard

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
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Le mot : FILLE

les_filles_de_l_ouragan Philippe Rey – janvier 2012 – 330 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Simone Arous

Titre original : The good daughters, 2010

Quatrième de couverture :
Elles sont nées le même jour, dans le même hôpital, dans des familles on ne peut plus différentes. Ruth est une artiste, une romantique, avec une vie imaginative riche et passionnée. Dana est une scientifique, une réaliste, qui ne croit que ce qu’elle voit, entend ou touche. Et pourtant ces deux femmes si dissemblables se battent de la même manière pour exister dans un monde auquel elles ne se sentent pas vraiment appartenir. Situé dans le New Hampshire rural et raconté alternativement par Ruth et Dana, Les Filles de l’ouragan suit les itinéraires personnels de deux « sœurs de naissance », des années 1950 à aujourd’hui. Avec la virtuosité qu’on lui connaît, Joyce Maynard raconte les voies étranges où s’entrecroisent les vies de ces deux femmes, de l’enfance et l’adolescence à l’âge adulte - les premières amours, la découverte du sexe, le mariage et la maternité, la mort des parents, le divorce, la perte d’un foyer et celle d’un être aimé - et jusqu’au moment inéluctable où un secret longtemps enfoui se révèle et bouleverse leur existence. C’est un roman sur la culture des fraises et la conscription pour le Vietnam ; sur l’élevage des chèvres et les rêves vains de fortune vite gagnée ; sur l’amour de la terre et l’amour d’un père ; sur des individus qui, sans cesser de se chérir, peuvent soudain se blesser profondément. Les Filles de l’ouragan est surtout une histoire sur les liens qui constituent une famille, un foyer, sur la force dévastatrice de l’amour qui s’achève, et l’apaisement qu’apporte le pardon.

Auteur de plusieurs romans et essais (dont Long week-end), collaboratrice de multiples journaux, radios et magazines, Joyce Maynard, 57 ans, vit désormais entre la Californie et le Guatemala. Surnommée lors de ses débuts fracassants en 1972 la Françoise Sagan américaine, elle est également connue pour sa relation avec J.D. Salinger alors qu’elle avait 18 ans, relation douloureuse sur laquelle elle est revenue dans son autobiographie vingt ans plus tard (Et devant moi, le monde).

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Au cœur d’une Amérique rurale, des années 50 à nos jours, c’est l’histoire de Ruth et Dana des « sœurs d’anniversaire ». Elles sont nées toutes les deux un 4 Juillet 1950 dans un petit village du New Hampshire. Et elles appartiennent à deux familles très différentes.
Ruth est la dernière d’une famille de cinq filles, ses parents sont agriculteurs  depuis plusieurs générations. Très tôt, elle se découvre un sens artistique et un attachement sans faille  pour la terre familiale. Sa mère est plutôt distante avec elle, contrairement à son père dont elle est très proche.Dana vit dans une famille bohème. Sa mère est artiste peintre, son père fourmille d’idée et enchaîne projets sur projets dans l’espoir de faire fortune. Leurs vies très différentes ne vont cesser de se croiser durant toutes ses années.
Le lecteur comprend assez vite le secret qui entoure Ruth et Dana et c’est parfois énervant de voir que ni l’une ou ni l’autre ne l’ont pas compris plus tôt !
Une lecture très agréable avec des personnages aussi attachants qu’originaux. Une belle découverte de l'Amérique rurale.

Extrait : (page 17)
Ruth
La Grande Perche

Mon père me disait que j'étais un bébé de l'ouragan. Cela ne signifiait pas que j'étais née au cours d'un ouragan. Le jour de ma naissance, le 4 juillet 1950, se situe bien avant la saison des ouragans.
Il voulait dire que j'avais été conçue pendant un ouragan. Ou dans son sillage.
« Arrête ça, Edwin », intervenait ma mère chaque fois qu'elle le surprenait à me raconter cette histoire. Pour ma mère, Connie, tout ce qui avait à voir avec le sexe ou ses conséquences (à savoir ma naissance, ou du moins le fait de relier ma naissance à l'acte sexuel) ne pouvait être un sujet de discussion.
Mais quand elle n'était pas là, il me racontait cette nuit où il avait été appelé pour dégager la route d'un arbre abattu par la tempête, il me décrivait la pluie battante, le vent impétueux. «Je n'ai pas été comme mes frères faire la guerre en France, disait-il, mais j'ai eu l'impression de livrer une bataille, en luttant contre ces bourrasques qui soufflaient à cent cinquante kilomètres à l'heure. Et là il se passe une chose bizarre. Craint-on vraiment pour sa vie dans des moments pareils ? Mais c'est à de tels moments que l'on se sait vivant.»
Il me racontait cette pluie qui s'abattait si violemment sur la cabine du camion qu'il n'y voyait plus rien, comme son cœur battait fort alors qu'il progressait dans l'obscurité, et ensuite - exposé au déluge, il coupait l'arbre et dégageait les grosses branches sur le bord de la route, ses bottes lourdes de pluie s'enfonçaient dans la boue, ses bras tremblaient.
« Le bruit du vent avait quelque chose d'humain, se souvenait-il, comme le gémissement d'une femme. »
Plus tard, me remémorant la façon dont mon père me racontait cette histoire, je me rendis compte que les mots qu'il utilisait pour décrire la tempête auraient aussi bien pu évoquer un couple faisant l'amour. Il imitait le bruit du vent, et je me jetais contre sa poitrine pour qu'il me protège de ses bras puissants. Je frémissais rien qu'à l'idée de ce qu'avait dû être cette nuit.
Pour une raison que j'ignorais, mon père se plaisait à me la raconter - pas à mes sœurs ni à notre mère, mais à moi, son unique public. Bon, il y avait peut-être une raison. J'étais sa fille de l'ouragan. Sans la tempête, aimait-il à dire, je ne serais pas là.
J'étais née neuf mois plus tard, au jour près, à la maternité du Bellersville Hospital, en pleine Fête nationale, juste après la fin des premières moissons et alors que les fraises étaient à leur apogée.

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Déjà lu du même auteur :

 long_week_end Long week-end 

50__tats
29/50 : New Hampshire (2)

5 juillet 2012

La Sirène - Camilla Läckberg

la_sir_ne Actes Sud – juin 2012 – 416 pages

traduit du suédois par Lena Grumbach

Titre original : Sjöjungfrun, 2008

Quatrième de couverture :
Un homme a mystérieusement disparu à Fjällbacka. Toutes les recherches lancées au commissariat de Tanumshede par Patrik Hedström et ses collègues s'avèrent vaines. Impossible de dire s'il est mort, s'il a été enlevé ou s'il s'est volontairement volatilisé. Trois mois plus tard, son corps est retrouvé figé dans la glace. L'affaire se complique lorsque la police découvre que l'une des proches connaissances de la victime, l'écrivain Christian Thydell, reçoit des lettres de menace depuis plus d'un an. Lui ne les a jamais prises au sérieux, mais son amie Erica, qui l'a aidé à faire ses premiers pas en littérature, soupçonne un danger bien réel. Sans rien dire à Patrik, et bien qu'elle soit enceinte de jumeaux, elle décide de mener l'enquête de son côté. A la veille du lancement de La Sirène, le roman qui doit le consacrer, Christian reçoit une nouvelle missive. Quelqu'un le déteste profondément et semble déterminé à mettre ses menaces à exécution. Dans cette passionnante enquête, sixième volet de la série consacrée à Erica Falck, Camilla Läckberg reprend avec bonheur tous les ingrédients qui font le charme et le succès de ses livres. Ses fidèles lecteurs découvriront son roman le plus abouti à ce jour.

Auteur : Née en 1974, Camilla Läckberg est l'auteur d'une série de romans policiers mettant en scène le personnage d'Erica Falck. Ses ouvrages caracolent tous en tête des ventes en Suède comme à l'étranger La Princesse des glaces (2008), Le Prédicateur (2009), Le Tailleur de pierre (2009), L'Oiseau de mauvais augure (2010), L'Enfant allemand (2011).

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Après Cyanure qui m’avait vraiment déçu, quel plaisir de retrouver Fjällbacka et la suite des aventures d'Erika Falk.
Erika est de nouveau enceinte, elle attend maintenant des jumeaux ou jumelles… Elle a conseillé Christian Thydell dans l'écriture de son premier roman « La Sirène ». Ce dernier reçoit depuis plus d'un an des lettres de menace... Erica décide alors de mener « en cachette » son enquête.
En parallèle, après plus de trois mois de disparition inexpliquée, le corps de Magnus Kjellner est retrouvé sous la glace. On apprend vite que Magnus et Christian se connaissaient bien, c'est Patrik Hedström qui mène l'enquête... Je n'en raconterai pas plus...

Un polar sombre, une intrigue palpitante, bien construite, des surprises, du suspens... Un livre réussi !
Je me suis régalée et comme d'habitude, je vais prendre mon mal en patience avant de découvrir la prochaine aventure d'autant plus qu'un évènement dans les dernières pages du livre, nous donne encore plus envie de lire la suite rapidement...
Il y a encore au moins deux épisodes pas encore traduits en français. Je suis vraiment devenue une inconditionnelle de cette série suédoise !

Extrait : (début du livre)
Prologue
Il avait toujours su que tôt ou tard la vérité finirait par éclater. Une telle abomination ne pourrait être étouffée. Chaque mot l’avait replongé dans l’innommable, dans l’ignominie qu’il avait essayé de refouler pendant toutes ces années.
Il ne pouvait plus fuir. Marchant d’un bon pas, il sentit l’air matinal remplir ses poumons. Son cœur battait à tout rompre. Il ne voulait pas y aller, et pourtant il le fallait. Il avait décidé de laisser faire le hasard. S’il y avait quelqu’un, il parlerait. S’il n’y avait personne, il irait au bureau, comme si rien ne s’était passé.
Il frappa et on lui ouvrit la porte. Les yeux plissés dans la faible lumière, il entra. La personne devant lui n’était pas celle qu’il pensait trouver.
Ses longs cheveux dansaient dans son dos lorsqu’il la suivit dans la pièce. Il se mit à parler, à poser des questions. Les pensées tourbillonnaient dans sa tête. Rien ne semblait cadrer. Ça clochait, et pourtant, non.
Subitement, il se tut. Quelque chose venait de l’atteindre au ventre, si brutalement que ses paroles furent coupées net. Il regarda. Vit le sang suinter du couteau qu’on retirait de la plaie. Puis un autre coup, la douleur de nouveau. Et l’instrument tranchant qui vrillait ses entrailles.
Il comprit que tout était fini. Que ça se terminerait ici, même s’il lui restait tant de choses à faire, à voir, à vivre. Il y avait malgré tout une sorte de justice. Il n’avait pas mérité la vie heureuse qui avait été la sienne, tout l’amour qu’il avait reçu. Pas après ce qu’il avait commis.
Une fois le couteau immobilisé, les sens anesthésiés par la douleur, la mer fit son apparition. Le mouvement d’un bateau qui tangue. Puis l’eau froide l’engloutit, il ne sentit plus rien.
La dernière image qui se présenta à lui fut ses cheveux. Longs et sombres.

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