Mentine T 02 : Cette fois c'est l'internat ! - Jo Witek
Lu en partenariat avec les éditions Flammarion Jeunesse
Flammarion Jeunesse - août 2015 - 270 pages
Illustrations de Margaux Motin
Quatrième de couverture :
Exclue.
Cette sentence est tombée en novembre, à quelques jours de mon anniversaire. J'allais avoir treize ans, j'étais déscolarisé et sur le champ de bataille de ma vie, une survivante : Johanna Estamplade, ma seule amie !
A la rentrée, tout se passe mal pour Mentine, sa meilleure amie Lola révèle qu'elle est surdouée. Révoltée, elle finit par se faire exclure de son établissement. Une seule solution : l'internat.
Auteur : Au départ comédienne et conteuse, Jo Witek se dirige assez vite vers l’écriture. D’abord pour le cinéma, en tant que scénariste et lectrice, puis pour la presse écrite et la littérature. Depuis 2009 elle écrit particulièrement pour les ados, des documentaires et des romans – En un tour de main et Récit intégral (ou presque) d’une coupe de cheveux ratée. Elle est l'auteur de Peur Express, Rêves en noir, Un hiver en enfer, Ma vie en chantier et Un jour j'irai chercher mon prince en skate. Elle réside aujourd’hui à Pézenas.
Mon avis : (lu en septembre 2015)
Je n'avais pas lu le premier tome des aventures de Mentine, cela ne m'a pas empêchée de lire celui-ci avec beaucoup de plaisir.
Mentine est à la veille de ses treize ans et elle n'a pas le moral... Elle est en train d'imaginer le discours qu'on lirait à son enterrement... Quel drôle de comportement... mais Mentine adore jouer à cela lorsqu'elle déprime ! Ce début d'histoire est particulier... mais Mentine est une fille spéciale : elle vient de se faire renvoyer de son collège pour « son comportement agressif et blessant envers ses camarades et professeurs ». Cela commence par une dispute avec celle que Mentine considérait comme sa meilleure amie, Lola. Celle-ci s'est mise avec Téo, le plus beau garçon de la classe, et elle lui a raconté le secret de Mentine... Cette dernière cache depuis qu'elle est scolarisée qu'elle est une EIP (Enfant Intellectuellement Précoce). Mentine est tellement furieuse qu'elle se jette sur Lola et lui saute à la gorge comme un furie... Ensuite, c'est tout le collège qui est contre elle, on la traite de tricheuse et seule Johanna est restée son amie...
Après son renvoi, ses parents décident de l'envoyer en Suisse dans un internat où ils espèrent que Mentine s'épanouiera et apprendra à accepter son QI exceptionnel !
Ce livre est destiné à l'âge collégien, l'histoire est rythmée, pleine d'humour même si les problèmes de Mentine ne le sont pas. Elle est également joliment illustrée par Margaux Motin.
Merci Brigitte, Alicia et les éditions Flammarion Jeunesse pour cette jolie découverte.
Extrait : (début du livre)
Mentine n’avait même pas treize ans. Fauchée en pleine jeunesse, cette brillante adolescente nous a quittés sans prévenir. Elle était si jolie, comme disait la chanson, si vive, si passionnée, drôle et insolente ; la société ne l’a pas supporté. Les élèves du collège Jules-Ferry non plus. Eh oui, chers amis, pour survivre dans la terrible jungle de la puberté, au cœur même de la pousse des poils, des seins, des désirs sauvages et des boutons d’acné, un tour de poitrine de 90 B est plus utile qu’un QI de 150 ! C’est ce drame que nous raconte la courte et fulgurante histoire de Mentine Green. À cinq ans déjà, elle savait lire, à huit, elle s’intéressait aux nébuleuses, au système solaire interne et externe, aux trous noirs et de ver. À onze ans, elle dévorait en masse des cupcakes, ainsi que des romans gothiques de 800 pages. À douze, elle se passionnait pour les sciences naturelles, observant à la loupe les dessous masculins dans les catalogues de sa grand-mère. Oui, elle était de la race des grandes figures de l’humanité ! De la trempe de ceux qui s’interrogent en permanence sur tout et n’importe quoi. Du côté de ceux qui cherchent, trouvent et gagnent des prix Nobel. Pourtant, elle a tout foiré. Un beau massacre. Mentine n’a pas supporté d’être étiquetée EIP, HQI, HP1 , et encore moins « boulette », « grosse tronche », « p’tit génie », « Einstein en string ». Inclassable, déclassée, bannie, moquée, elle a préféré en finir sans obtenir les réponses à ses ultimes questions : « comment penser l’infini ? » et « pourquoi Téo Mallant ne veut-il pas sortir avec moi ? ». Pauvre enfant, elle a vécu son haut potentiel intellectuel comme un cadeau empoisonné ! Elle laisse derrière elle un sentiment de gâchis, celui de la société qui ne sait plus se réjouir des talents hors norme. Adieu, Mentine Green, tu ne manqueras à personne, sauf peut-être à ta famille, à ta meilleure amie et à quelques admirateurs anonymes…
— Mentine, ça va refroidir ! À table ! Je ne le répéterai pas.
— GRRRR ! Ma mère a le don d’interrompre mes oraisons funèbres. Comme si elle devinait que j’étais en train de m’imaginer morte et que cela lui était insupportable. Ce qui est normal en soi, mais je trouve tout aussi normal de penser à la mort à mon âge. Rien de plus naturel. Personnellement, j’adore faire ça quand je déprime. Imaginer les discours qu’on lirait à mon enterrement. Je ne suis pas mauvaise en la matière. D’ailleurs, je suis certaine que vous étiez sur le point de pleurer vous aussi, n’est-ce pas ? Allez, avouez ! Il n’y a pas de honte à se laisser berner par de beaux discours. C’est la force des mots qui permet de rendre le monde moins moche qu’il en a l’air. Ou parfois l’inverse. Vous l’aurez compris, à ce moment de ma vie, j’étais au fond du trou. J’avais douze ans, onze mois et vingt-sept jours et mes parents venaient d’apprendre que leur chère fille – au QI de vingt points supérieur à celui de Barack Obama –, se faisait renvoyer du collège pour « son comportement agressif et blessant envers ses camarades et professeurs ». Un lynchage complet. Tous contre moi ! Nous y étions. J’étais bannie de la société. Je dois avouer que je l’avais bien cherché, mais mon comportement « agressif et blessant » n’était en réalité qu’une esquive aux coups bas, aux humiliations qu’on m’avait fait subir en ce premier trimestre de troisième. Un trimestre pourri. Le pire de ma vie. Je n’ai pas le choix, il va falloir que je vous le raconte, si je veux que vous compreniez comment j’ai débarqué dans un internat pour grosses tronches, à des centaines de kilomètres de ma famille et, surtout, en plein milieu de l’année scolaire. Bon, je me lance…
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