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A propos de livres...
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14 juin 2010

Étranger à Berlin – Paul Dowswell

Livre lu dans le cadre du Partenariat spécial Jeunesse
avec
Blog-O-Book et les Éditions Naïve

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Etranger___Berlin___Paul_Dowswell Naïve – août 2009 - 429 pages

traduit de l’anglais par Nathalie Peronny

Présentation de l'éditeur :
Le garçon sortit une boîte d'allumettes pour en craquer une. A la lueur vacillante de la flamme, une porte fermée apparut. La clé était suspendue à côté à un clou, au bout d'un ruban rouge. Il trifouilla quelques secondes dans la serrure, et la porte s'ouvrit. Un courant d'air glacé envahit la contre-allée. Les jeunes franchirent l'ouverture pour se retrouver dans ce qui se révéla être une petite cour sordide baignée par le clair de lune. Des herbes folles poussaient entre les pavés fendus et dans les craquelures des murs en brique. Il y avait des latrines en plein air, plusieurs caisses, trois poubelles remplies à ras bord et une minuscule porte en bois. Quelqu'un actionna la poignée frénétiquement - fermé à clé. Dans leur dos explosaient des cris, des bruits de tables et de chaises fracassées. Les jeunes qui s'étaient laissé piéger au moment de la ruée vers la sortie résistaient en se battant. Des filles hurlaient. " C'est le mur ou rien ", déclara Peter.

Quand ses parents meurent, en 1941, Piotr, jeune garçon polonais, est placé dans un orphelinat à Varsovie. Il est rapidement repéré : sa grande taille, ses cheveux blonds et ses yeux bleus font de lui un modèle accompli du type aryen prôné par Hitler...
Un haut dignitaire nazi souhaite l'adopter : Piotr, rebaptisé Peter, est accueilli dans sa nouvelle famille à Berlin. Mais Peter sent bien que pour les autres, il reste un étranger. Tous ses efforts tendent à convaincre son entourage du contraire, quitte à faire parfois quelques compromis ... C'est alors qu'il rencontre Lena... et qu'il découvre grâce à elle le vrai visage du nazisme. Il est temps pour lui de choisir son camp. Et de prendre des risques...

Un roman d'aventures qui pose la délicate question de l'engagement.

Auteur : D’abord chercheur, puis éditeur, Paul Dowswell est l’auteur d’une cinquantaine de livres, dont certains sont traduits dans le monde entier. Deux de ses livres ont figuré sur les listes finales des sélections du Blue Peter Book Award, célèbre prix consacré à la littérature jeunesse.

Mon avis : (lu en mai 2010)
Ce livre est un superbe roman destiné aussi bien aux adolescents (à partir de 14 ans) qu'aux adultes. Il a été construit autour de faits historiques, l'auteur nous plonge au cœur du Reich de 1941 à 1943.
En 1941, Piotr est un jeune orphelin polonais de 13 ans. Il est de type aryen « On dirait le gamin de l'affiche de la Hitlerjugend ». Rebaptisé Peter, il va être adopté par un couple de Berlin, les Kaltenbach, qui ont également trois filles. Au début, il est content d'avoir une belle chambre et d'être bien nourri, il va tout faire pour oublier lui-même et aux autres ses origines polonaises. Il entre chez les Hitlerjugend mais il garde cependant son esprit critique et peu à peu il réalise l'absurdité et la cruauté du national-socialisme. Il découvre également la réalité du travail du professeur Kaltenbach à l'Institut scientifique.
Peter va rencontrer Lena et tomber amoureux, sa famille est appréciée et respectée par le Parti, mais ce n'est qu'une apparence car ce sont des opposants qui viennent en aide à des familles juives qui se cachent. Peter va choisir son camp et sa guerre.

Piotr ou Peter est un personnage très attachant, son parcours est original et malgré son jeune âge il ne va pas subir les évènements mais il aura une vrai prise de conscience sur la réalité du régime hitlérien.

L'histoire est passionnante et captivante, nous découvrons l'Allemagne de l'intérieur, l'endoctrinement des jeunes, les menaces d'être dénoncé à la Gestapo pour des faits anodins, mais aussi la résistance interne : l'existence de caves secrètes où l'on écoute du jazz mais aussi ceux qui prennent le risque d'aider des familles juives à se cacher...

Ce livre est un superbe roman historique à lire et à faire lire.

Avis du Fiston (15 ans) : Même si le sujet du livre n'est pas facile, il se lit assez facilement. Dès le début, j'ai été pris par l'histoire de Peter. J'ai beaucoup apprécié de suivre la vie de tous les jours et les activités d'un garçon de mon âge dans le contexte historique de la Seconde Guerre Mondiale côté allemand. Ce livre m'a appris beaucoup de choses sur la guerre de 1939-1945 que je n'avais jamais vu en cours d'Histoire.

Merci à Blog-O-Book et aux Éditions Naïve pour nous avoir permis de découvrir ce remarquable roman dans le cadre de ce Partenariat spécial Jeunesse.

Extrait : (début du livre)
Varsovie
2 août 1941
Piotr Bruck grelottait en attendant son tour avec une vingtaine d'autres garçons dénudés dans le long couloir exposé aux courants d'air. Il avait maladroitement roulé ses vêtements en boule et les pressait contre sa poitrine pour se tenir chaud. Le ciel était couvert, en cette journée d'été, et la pluie tombait sans discontinuer depuis le petit matin. Le jeune garçon maigre qui se tenait juste devant lui avait la chair de poule jusqu'aux épaules. Lui aussi tremblait, de froid ou de peur. A l'extrémité de la file d'attente se trouvaient deux hommes en blouse blanche assis à une table. Ils examinaient brièvement chacun des garçons à l'aide d'instruments étranges. Certains étaient ensuite envoyés vers une pièce située à gauche de la table. D'autres, sans plus d'explications, étaient dirigés vers la porte de droite.
Piotr, comme le reste du groupe, avait reçu l'ordre de se taire et de ne pas regarder autour de lui. Il s'efforçait donc de garder les yeux rivés droit devant. La peur qui l'habitait était si forte qu'il se sentait presque détaché de son propre corps. Le moindre mouvement lui semblait foncé, artificiel. Le seul détail qui le ramenait à la réalité était sa vessie douloureuse. Piotr savait qu'il était inutile de demander la permission d'aller aux toilettes. Quand les soldats avaient débarqué à l'orphelinat pour arracher les garçons de leurs lits et les entasser dans une camionnette, il leur avait déjà demandé. Mais cela lui avait uniquement valu une gifle au-dessus de l'oreille pour avoir osé parler sans autorisation.

Ces hommes étaient déjà passés une première fois à l'orphelinat deux semaines auparavant. Depuis, ils étaient revenus souvent. Ils emmenaient parfois des garçons, parfois des filles. Dans le dortoir surpeuplé de Piotr, certains se réjouissaient de ces départs à répétition. « Ça nous laisse plus à manger, plus de place pour dormir, où est le problème ? » avait déclaré l'un de ses voisins de lit. Seuls quelques-uns en revenaient chaque fois. Les rares qui acceptaient de parler révélaient du bout des lèvres qu'on les avait mesurés et pris en photo.

Un peu plus loin, au fond du couloir, se tenait un petit groupe de soldats en uniforme noir – celui orné d'insignes en forme d'éclairs au niveau du col. Certains avaient des chiens, de féroces bergers allemands tirant avec nervosité sur les chaînes qui leur servaient de laisses. Piotr avait déjà vu des hommes de ce genre. Ils étaient venus dans son village pendant les combats. Lui-même avait vu de ses yeux de quoi ils étaient capables.

Un autre homme les observait. Il portait le même insigne en forme d'éclair que les soldats, mais épinglé à la poche-poitrine de sa blouse blanche. Il se tenait juste devant Piotr, grand, impressionnant, les mains derrière le dos, à superviser l'étrange procédure. Au bout d'un moment, il se retourna et Piotr vit qu'il était équipé d'un petit fouet d'équitation. Ses cheveux sombres et raides lui retombaient mollement sur le sommet du crâne, mais il était rasé sur les côtés, à l'allemande, sept ou huit bons centimètres au-dessus des oreilles.

A mesure que les garçons défilaient, il les observait derrière ses lunettes cerclées de noir et marquait son refus ou son approbation d'un simple signe de tête. La plupart des candidats étaient blonds, comme Piotr, mais certains avaient les cheveux légèrement plus foncés.

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10 juin 2010

La douane volante – François Place

la_douane_volante Gallimard jeunesse – janvier 2010 – 334 pages

Présentation de l'éditeur :
Bretagne, 1914. La guerre menace. Une nuit, la charrette de la mort s'arrête devant la maison de Gwen le Tousseux, le jeune orphelin. C'est lui que vient chercher l'Ankou, pour l'emmener au pays dont on ne revient jamais... Quand Gwen se réveille, il est passé de l'autre côté, dans un monde comme surgi du passé. Dans ce pays étrange, effrayant mais fascinant, dominé par la douane volante, il va vivre des aventures extraordinaires. Gwen l'Egaré parviendra-t-il à retrouver sa terre natale ou son destin sera-t-il à jamais lié à Jorn, le redoutable officier de la douane volante? Une fresque magnifique, entre roman fantastique et récit initiatique, dans laquelle François Place révèle toute la dimension de son talent d'écrivain. Avec Gwen le Tousseux, laissez-vous emporter au-delà des frontières du réel et du temps.

Auteur : François Place est né le 26 avril 1957 à Ezanville, dans le Val d'Oise. Il suit les cours d'expression visuelle à l'Ecole Estienne, avant de se lancer dans l’illustration. En tant que dessinateur, il a travaillé dans les domaines de l'audiovisuel, la presse d'entreprise, l'édition et la publicité. Ses premières illustrations de livres pour enfants paraissent en 1983 et il se met à écrire ses premiers textes. Il révèle son talent d'auteur en 1992 avec la parution de l'ouvrage "Les derniers géants", livre qui sera récompensé par de nombreux prix. Il a reçu depuis le Grand Prix de la foire de Bologne pour l' "Atlas des Géographes d'Orbae" ainsi qu'un prix spécial des Librairie Sorcières.

Mon avis : (lu en juin 2010)
J’ai lu ce livre en premier lieu parce qu’il se passe en Bretagne, enfin au début… et parce qu’il m’a été conseillé à mon Café Lecture préféré !
Ce n’est pas le genre de lecture sur lequel je me jette avec avidité, car je ne suis vraiment pas fan de fantastique. Mais comme c’est un roman « jeunesse » et qu’il ne fait que 300 pages, je me suis laissée tenter.

Au début de l'histoire, Gwen le Tousseux a quatorze ans, au retour de sa première campagne de pêche il est soigné par le vieux Braz, un rebouteux. Celui-ci va l'initier aux plantes. Peu de temps après, le vieux Braz meurt et laisse à Gwen sa maison et sa montre. Il est alors jalousé par le village et mis à l'écart. Un soir, il est lâchement attaqué et on lui vole la montre. Gwen est alors emmené dans une charrette noire tirée par un cheval noir dans un pays imaginaire le pays des Douze Provinces où règne la Douane Volante. C'est un monde d'où il est impossible de sortir. Il va rencontrer l'officier
Jorn qui va vouloir exploiter le don de rebouteux dont Gwen semble avoir également hérité du vieux Braz. Il va adopter un drôle d'oiseau, un pibil siffleur qui va l'aider à développer son don. Il va également rencontrer un chirurgien, puis étudiera pour devenir médecin... Pendant ce temps là, en France c'est la Première Guerre Mondiale.
J’ai eu un peu de mal au début à être intéressée par l’histoire puis je me suis laissé prendre au jeu et finalement j’ai passé un bon moment en lisant ce livre. J’ai bien aimé l’évolution du personnage de Gwen qui au cours du livre passe de l’enfance à l’âge adulte. Il est questions de médecine, on retrouve certains éléments des légendes bretonnes, l'atmosphère est souvent sombre, humide et froide. L'auteur dit s'être inspiré des tableaux de Jan Van Goyen, peintre hollandais du XVIIème siècle.

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L’illustration de la couverture a été faite également par François Place.

Extrait : (début du livre)
La Bretagne, c'est ce grand bout de granit qui termine la France, à l'extrême pointe du continent : Finis Terrae, disent les savants. L'océan vient s'y fracasser. Les gens qui vivent là ont toujours eu de l'eau salée dans les veines. Moi, je n'avait pas quatorze ans quand j'ai embarqué pour ma première campagne de pêche. C'était au plus fort de l'hiver, et peu importe la coque de noix sur laquelle j'ai frotté mes sabots, peu importent les jours et les nuits à vider le poisson, les mains plongées dans l'eau glacée, peu importe la méchanceté crasse de ce maudit équipage et son capitaine à moitié fou, peu importe, finalement, puisque j'en suis revenu vivant. Tremblant comme une feuille et claquant des dents, mais vivant. Sitôt débarqué, on m'a couché sur un lit d'algues au fond d'une carriole, avec pour toute compagnie un tas de poissons aux yeux ronds, et roule ! Mes poumons cherchaient l'air comme une vieille baudruche crevée.

Il faisait nuit quand on m'a déposé à la sauvette devant la porte de la ferme. Une nuit froide, criblée d'étoiles. Ma mère n'y croyait pas, de me voir revenir dans cet état. Un bon à rien, aurait dit mon père. Ça, il faut dire que je n'étais plus bon à grand-chose. J'étais parti petit et souffreteux, les épaules guère plus larges que celles d'une sardine, et voilà que je revenais chez moi en tirant des traites sur ce maigre capital, avec une échéance à court thème, mon état ne laissant aucun doute sur mes faibles chances de passer l'hiver.

2 mai 2010

Au rebond – Jean-Philippe Blondel

au_rebond Actes Sud Junior - janvier 2009 – 99 pages

Quatrième de couverture :
Au rebond "Quand je suis sorti du gymnase, il faisait beau. Le soleil tapait fort. Mon cœur aussi. Des rouages s'étaient enclenchés dans mon cerveau et j'avais commencé à gamberger. Qu'est-ce qu'on est censé faire quand un camarade s'évapore ? Qu'est-ce qu'on est censé faire quand un copain coupe tout contact, du jour au lendemain ? " Forcer le destin. " C'est ma mère qui a prononcé ces mots-là, le soir même, après m'avoir cuisiné sur mon silence."

 

Auteur : Jean-Philippe Blondel est né en 1964, il est marié, il a deux enfants et il enseigne l'anglais dans un lycée de province depuis bientôt vingt ans. Il a aussi un vice – il aime lire. Pire encore, il aime écrire. Il a publié plusieurs romans comme Accès direct à la plage (2003), 1979 (2003), Juke-box (2004), Un minuscule inventaire(2005), Passage du gué (2006), This is not a love song (2007). Au rebond est son deuxième livre pour la jeunesse après Un endroit pour vivre (2007).

 

Mon avis : (lu en mai 2010)
Alex, le narrateur, vit seul avec sa mère infirmière dans une cité. Son «vrai pote» Christian, qui fait partie de la même équipe de basket, habite une maison dans un quartier résidentiel. Son père est également souvent absent car en voyages d'affaires. Et du jour au lendemain, Christian disparaît, ne donne plus signe de vie. Qu'est-ce qu'on est censé faire quand un camarade s'évapore ? Qu'est-ce qu'on est censé faire quand un copain coupe tout contact, du jour au lendemain ? La mère d'Alex va lui dire de Forcer le destin. Et Alex va suivre ce conseil et découvrir ce qu'il se passe chez Christian et avec l'assistance de sa mère, il va l'aider. Ainsi par la même occasion, Alex va faire évoluer le cours de sa vie et trouver sa route future. Ce court et bon roman nous raconte une histoire d'amitié et de solidarité. Les personnages sont attachants et l'on peut savourer cette histoire pleine d'optimisme dès 13 ans !

Extrait : (début du livre)
D'abord, il y a le souffle. Le souffle et les battements du cœur dans les oreilles. Le bruit sourd et répétitif, la ligne de basse d'un morceau de rock, un rythme lancinant. Et puis le souffle, oui. Juste le souffle. Détaché. Couvrant les autres sons. Couvrant le son mat de la balle qui rebondit sur le parquet. Même celui des baskets qui crissent au gré des déplacements des joueurs. Celui des appels mi-angoissés, mi-énervés de mes coéquipiers et de l'entraîneur, sur le banc, au bord du terrain. Je n'entends que mon souffle. Je ne ressens que la balle. Elle va et vient. Elle passe de ma main au sol, elle heurte le parquet et puis revient me caresser la paume. C'est un mouvement qui m'hypnotise. C'est un mouvement qui me berce. Je sens aussi les gouttes de sueur dans mon dos et sur mes tempes. Je déteste être en sueur. La seule exception, c'est ici, dans le gymnase, le mercredi et le samedi après midi, lors des matchs de basket. Le souffle, le bruit de la balle, le cœur qui tambourine, je cherche des yeux mes partenaires. Je suis hors de moi. Je ne sais pas vraiment l'expliquer. C'est comme si je me détachais de mon corps et que l'intégrais un autre espace. Je ne souffre pas de douleurs dans les jambes, ni de celles qui devraient me vriller les épaules après le choc de tout à l'heure. Je suis là, les deux pieds arrimés au sol et le corps pourtant presque aérien, je maîtrise la balle, le temps et l'espace, et les autres patientent, ils attendent de savoir qui sera choisi.

Christian se démarque. C'est à lui que je fais une passe. Je sais qu'il va courir plus vite que les autres vers le panier adverse et qu'il va marquer. Christian ne manque jamais aucun panier en mouvement. Moi non plus, d'ailleurs. Les seuls tirs que je rate, ce sont les lancers francs. Trop de pression. Trop d'attente de la part des autres. Trop peur de décevoir. Alors je déçois.

20 mars 2010

La gare de Rachid – Pascal Garnier

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Syros – avril 2000 – 55 pages

Syros - avril 2003 -

Quatrième de couverture :

Depuis qu'il a quitté son pays, Rachid est balayeur dans une grande gare parisienne. Cette gare, c'est sa vie jusqu'au jour où on le licencie. « Sa journée terminée, il ne reviendrait plus à la gare... C'était impensable, comme s'il venait d'apprendre sa propre mort. Il descendit lentement les marches en se tenant à la rampe. L'air n'y était pourtant pas bien propre mais c'était son air, celui qu'il respirait tous les jours depuis tellement d'années... Alors, quelque chose se redressa en lui, quelque chose qui ne voulait pas mourir de crise économique ».

Auteur : Né en 1949, nouvelliste et romancier, Pascal Garnier a construit une œuvre partagée entre la littérature sombre (aux marges du roman noir) et la littérature pour la jeunesse.
Il a publié une cinquantaine de livres. Il est décédé le 5 mars 2010.

Mon avis : (lu en mars 2010)

Pour participer à l'hommage proposé par Stephie, je cherchais un titre de Pascal Garnier à lire sur un site de vente de livres en ligne, et je reconnais la couverture de « La gare de Rachid », livre que j'avais en réserve pour offrir à un anniversaire ou... Je ne l'avais jamais lu et je me suis dis que c'était vraiment l'occasion de la faire. C'est un livre jeunesse destiné aux 13 ans et plus. L'illustration de la couverture et de la quatrième de couverture (pour l'édition d'avril 2000 ) est également l'œuvre de Pascal Garnier.

Un jour Rachid a quitté son pays, il est arrivé dans une gare parisienne avec une phrase en français « S'il vous plaît monsieur, je cherche du travail... ». Il réussi alors à obtenir un travail de balayeur dans cette gare parisienne. Depuis ce jour, cette gare est sa vie, il en connait tous les recoins. Malheureusement, un jour on le licencie « Non, il n'avait pas fait de faute de professionnelle, oui il avait toujours été un bon employé, personne n'avait jamais eu à se plaindre de lui. Mais le personnel coûte cher, les charges sociales, etc. Et puis, avec les nouvelles machines, un seul technicien de surface fera le travail de dix balayeurs et plus efficacement ! » Et malgré tout, Radid continue comme si de rien n'était à balayer sa gare. Mais ses maigres économies s'épuisent peu à peu. Rachid quitte son hôtel pour s'installer dans un wagon abandonné...

C'est un texte sur l'immigration, beau et émouvant. Pascal Garnier retrace la vie de ce balayeur algérien avec beaucoup de pudeur, de sensibilité et de poésie. Au début il nous conte la réalité puis l'histoire bascule dans comme dans un rêve.

Extrait : (début du livre)

L'arrivée du train de 9h51 en provenance de Marseille fit s'envoler une poignée de pigeons gris qui s'éparpillèrent en applaudissant du bout des ailes dans le ciel rouillé de la gare. Appuyé sur son balai, Rachid les regarda se poser un à un sur les poutrelles métalliques qui s'entrecroisaient au-dessus du réseau compliqué des rails. La verrière était si poussiéreuse que, quelle que soit la saison, il faisait toujours le même temps, blanc-jaune le jour, bleu électrique la nuit. Ni ces pigeons ni Rachid ne connaissaient d'autre ciel que celui de la gare et ça suffisait largement. Rachid n'aurait pas pu dire depuis combien de temps il travaillait ici, ses souvenirs n'arrivaient pas à remonter si loin. Il avait bien quelques images de ciel bleu sans limite, sans nuage au-dessus d'une mer aussi bleue et aussi plate qui traînaient tout au fond de lui mais tout cela était rangé dans un coin de sa tête où il ne mettait plus les pieds depuis bien longtemps. C'était dans un autre pays, dans un autre temps, presque dans une autre vie. Sa vraie vie, celle de tous les jours, avait commencé juste à la descente de ce train de 9h51 en provenance de Marseille. Comme elle lui avait paru grande cette gare, immense, plus grande que tout ce qu'il avait connu de grand jusqu'alors, c'est-à-dire la mosquée de son village et on aurait pu en mettre au moins dix là-dedans.

Lu dans le cadre de l'hommage

hommage_pascal_garnier

Déjà lu du même auteur :

lune_captive_dans_un_oeil_mort Lune captive dans un œil mort   la_th_orie_du_panda La Théorie du panda

19 février 2010

Hunger Games – Suzanne Collins

Lu dans le cadre du Challenge : coeur_vs3

hunger_games Pocket Jeunesse – octobre 2009 – 382 pages

Quatrième de couverture :

Les Hunger Games ont commencé.
Le vainqueur deviendra riche et célèbre.
Les autres mourront...
Dans un futur sombre, sur les ruines des États-Unis, un jeu télévisé est créé pour contrôler le peuple par la terreur. Douze garçons et douze filles tirés au sort participent à cette sinistre téléréalité, que tout le monde est forcé de regarder en direct. Une seule règle dans l'arène : survivre, à tout prix.
Quand sa petite soeur est appelée pour participer aux Hunger Games, Katniss n'hésite pas une seconde. Elle prend sa place, consciente du danger. À seize ans, Katniss a déjà été confrontée plusieurs fois à la mort. Chez elle, survivre est comme une seconde nature...

Auteur : Suzanne Collins est née en 1963. C'est une auteur Américaine qui a commencé sa carrière en 1991 avec des émissions de télé pour enfants. Elle est aussi l'auteur de plusieurs romans pour la jeunesse dont la trilogie Hunger Games. Un film est en préparation. Ses autres séries n'ont pas encore été traduites. Aujourd'hui elle vit dans le Connecticut avec sa famille.

Mon avis : (lu en février 2010)

Livre lu dans le cadre du Challenge Coup de cœur de la blogosphère proposé par Gawou et Clarabel.

Ce livre pour ados mais aussi pour adultes nous emmène dans un univers fantastique. Ce n'est pas le genre de lecture que j'aime vraiment mais la quasi unanimité d’avis positif m’a encouragée à le lire. J'ai été prise par l'histoire et je reconnais avoir été conquise.

L'histoire se déroule dans le futur, sur les ruines des États-Unis. Pour maintenir l'ordre et la peur sur la nouvelle nation, chaque année, 24 enfants sont tirés au sort dans les douze districts. Ils vont devoir s'affronter dans une arène jusqu'à la mort devant les caméras et les yeux du peuple. Dans le district Douze, Prim petite fille de 12 ans est tirée au sort, sa grande sœur Katniss se porte volontaire pour prendre sa place. Peeta est le garçon tiré au sort, un jour où Katniss mourrait de faim, il lui avait donné du pain. Ils vont d’abord suivre un programme d’entraînement avant d’être jeter dans l’arène…

Les personnages sont vraiment attachants, l'histoire a beaucoup de rythme, la tension est omniprésente et le lecteur est non seulement un voyeur d'une téléréalité cruelle et odieuse mais aussi un témoin d'un système injuste et révoltant.

Extrait : (début du livre)

A mon réveil, l’autre côté du lit est tout froid. Je tâtonne, je cherche la chaleur de Prim, mais je n’attrape que la grosse toile du matelas. Elle a dû faire un mauvais rêve et grimper dans le lit de maman. Normal : c’est le jour de la Moisson.

Je me dresse sur un coude. Il y a suffisamment de lumière dans la chambre à coucher pour que je les voies. Ma petite sœur Prim, pelotonnée contre ma mère, leurs joues collées l’une à l’autre. Dans son sommeil, maman paraît plus jeune, moins usée. Le visage de Prim est frais comme la rosée, aussi adorable que la primevère qui lui donne son nom. Ma mère aussi était très belle, autrefois. A ce qu’on dit.

Couché sur les genoux de Prim, protecteur, se tient le chat le plus laid du monde. Il a le nez aplati, il lui manque la moitié d’une oreille et ses yeux sont couleur de vieille courge. Prim a insisté pour le baptiser Buttercup – Bouton d’Or –, sous prétexte que son poil jaunâtre lui rappelait cette fleur. Il me déteste. En tout cas, il ne me fait pas confiance. Même si ça remonte à plusieurs années, je crois qu’il n’a pas oublié que j’ai tenté de le noyer quand Prim l’a rapporté à la maison. Un chaton famélique, au ventre ballonné, infesté de puces. Je n’avais vraiment pas besoin d’une bouche de plus à nourrir. Mais Prim a tellement supplié, pleuré, que j’ai dû céder. Il n’a pas si mal grandi. Ma mère l’a débarrassé de sa vermine, et c’est un excellent chasseur. Il lui arrive même de nous faire cadeau d’un rat. Parfois, quand je vide une prise, je jette les entrailles à Buttercup. Il a cessé de cracher dans ma direction.

Des entrailles. Pas de crachats. C’est le grand amour.

Je balance mes jambes hors du lit et me glisse dans mes bottes de chasse. Le cuir souple épouse la forme de mes pieds. J’enfile un pantalon, une chemise, je fourre ma longue natte brune dans une casquette et j’attrape ma gibecière. Sur la table, sous un bol en bois qui le protège des rats affamés et des chats, m’attend un très joli petit fromage de chèvre, enveloppé dans des feuilles de basilic. C’est mon cadeau de la part de Prim pour le jour de la Moisson. Je le range dans ma poche en me glissant dehors.

coeur_vs3 proposé par Gawou et Clarabel.

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3 février 2010

Sans un cri - Siobhan Dowd

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sans_un_cri traduit de l'anglais par Cécile Dutheil de La Rochère

Gallimard - avril 2007 – 357 pages

Présentation de l'éditeur :

Dans le petit village irlandais de Coolbar, Shell tente d'être un lycéenne comme le autres. Mais élever Trix et Jimmy, ses petits frères et sœurs, tout en les protégeant d'un père alcoolique et violent, n'est pas un quotidien ordinaire pour une jeune fille de quinze ans.
Pourtant, Shell ressent profondément la joie d'exister. D'où lui vient cette force incroyable qui la sauve, même quand l'Irlande entière la montre du doigt ?
Un roman singulier et fort, touché par la grâce. Comparée aux plus grands écrivains irlandais, Siohban Dowd signe une histoire poignante, tirée de faits divers réels.

Biographie de l'auteur :

Siobhan Dowd est née à Londres de parents irlandais. Elle a obtenu un diplôme de lettres classiques à l'université d'Oxford. Pendant sept ans, elle a vécu à New York où son travail sur la censure au sein de l'association d'écrivains PEN a été remarqué. Dans ce cadre, elle s'est rendue en Indonésie et au Guatemala pour enquêter sur l'application des droits de l'homme pour les écrivains. De retour en Angleterre, elle poursuit cette mission sociale en permettant à des écrivains d'aller dans les écoles défavorisées et les prisons. Siobhan Dowd vivait en Grande-Bretagne, à Oxford, avec son mari et retournait souvent en Irlande. Pour Sans un cri, son premier roman, la presse anglo-saxonne l'a comparée aux plus grands écrivains irlandais actuels. Elle est décédée en 2007 à l'âge de 47 ans.

Mon avis : (lu en février 2010)

Ce livre dans une collection pour adolescent est surtout destiné à de grands adolescents et aux adultes. Il raconte une histoire inspirée de faits réels. 1984. Un village dans le Sud de l’Irlande. Shell, une adolescente de 15 ans, sa mère est morte il y a un an et elle assume la responsabilité de ses jeunes frère et sœur Jimmy et Trix. Son père a été déboussolé par la mort de sa femme. Il ne travaille plus, il passe ses journées à faire des collectes pour les pauvres (dont il détourne une bonne partie de l’argent), il boit et est parfois violent. Dans le regard du père Rose, jeune prêtre nouvellement arrivé au village, Shell croit y voir Jésus, elle le considère comme un allié. Shell se laisse naïvement séduire par Declan Ronan lycéen et Don Juan en même temps elle se brouille avec sa seule amie Brixie. Lorsque Shell découvre qu'elle est enceinte, Ducan a quitté l'Irlande, il est parti aux États-Unis. Shell devient alors le centre d'un énorme scandale.

L'histoire est sombre et triste mais Shell est vraiment très touchante, elle est, malgré tout, une jeune fille pleine de vie qui vit au jour le jour avec ses rêves, le souvenir de sa mère et l'amour de ses frère et sœur.

Avec une écriture pleine de retenue et de sensibilité pour explorer la vie intérieure d’une adolescente confrontée à des responsabilités d’adulte.

Extrait : (page 18)
Toute la journée, Shell flotta sur le nuage du père Rose. Elle vit son visage - ou était-ce celui de Jésus ? -apparaître sous les épluchures de pommes de terre dans la cuvette. Elle le vit briller dans le miroir quand la lumière faiblissait, et scintiller dans l'obscurité quand elle sombrait dans le sommeil...
Le lendemain, les trois enfants se levèrent tôt pour aller ramasser les pierres dans le champ du fond. C'était une corvée que papa leur avait imposée au début de l'hiver, sans jamais leur donner d'explication. Peut-être avait-il l'intention de labourer le champ plus tard... en tout cas il ne leur en avait rien dit. Ils avaient déjà réussi à former un cairn important, qui grossissait de jour en jour du côté nord-est. Et presque tous les matins, ils y allaient, telles trois petites sentinelles grimpant la colline sous la lumière pâle, le dos courbé sous le poids de leurs ustensiles.
Ce matin, Shell prit le vieux fourre-tout qu'ils utilisaient pour transporter les pierres. Elle avait froid et elle avait faim. Il pleuvait comme vache qui pisse.
- Papa, demanda-t-elle, pourquoi est-ce qu'il faut qu'on retire les pierres ?
Il était assis dans son fauteuil près du feu, tenant mollement le tisonnier, le regard perdu dans les flammes comme si celles-ci détenaient la clé de l'énigme de la vie.
- Comment ça ? répondit-il en levant brutalement le regard.
- Pourquoi est-ce qu'il faut qu'on retire les pierres ?
- Parce que je vous l'ai demandé. Ça ne suffit pas ?

25 janvier 2010

Les Monts de l'Éléphant – Jean-François Chabas

les_Monts_de_l_El_phant École des Loisirs – février 2009 – 161 pages

Quatrième de couverture : Henri de Lespagne, 47 ans, est issu d'une famille des beaux quartiers, ravagée par l'orgueil et l'argent. Une famille qui s'est coupée du reste du monde et a pourri. Après s'en être détaché, il y a longtemps, il est devenu veilleur de nuit dans une tour où Sok Kateka, femme étrange, fait le ménage. En khmer, Kateka signifie " Promesse "...

Auteur : Jean-François Chabas est né en région parisienne en 1967. Après une adolescence mouvementée, il a exercé trente-six métiers avant de se consacrer exclusivement à l’écriture. Il vit en Provence, après avoir exploré entre autres le Pays basque et les Alpes. Il a publié plus de vingt romans pour la jeunesse et obtenu pour eux de nombreux prix, il fait son entrée en « littérature adulte » début 2004 avec un roman sur la mafia albanaise, "Les violettes".

Mon avis : (lu en janvier 2010)

C'est le premier livre que je lis de cet auteur. Ce sont les blogs de Clarabel et Sylvie qui m'ont donnée envie de découvrir ce livre.

« Il faut que je te raconte l'histoire de Promesse. » la première phrase nous annonce la couleur, mais avant de connaître Promesse, le narrateur, Henri 47 ans nous raconte avec beaucoup de détachement son enfance et sa famille durant plus de 100 pages... Henri est le petit dernier d'une famille de quatre enfants dans un milieu très riche. La famille de sa mère possédait des parts importante dans l'industrie de l'acier et celle de son père était propriétaire dans l'immobilier à Paris, en Belgique et au Luxembourg. Ils habitent un bel appartement avenue Kléber. Mais l'apparence est trompeuse, la famille ne va pas bien : le père est atteint d'une maladie mentale la dysmorphophobie que le pousse à se replier sur lui-même, la mère est une maniaque de l'ordre et est obnubilée par son argenterie, sa vaisselle et son mobilier de valeur. Sébastien le frère aîné est sarcastique, dès à 18 ans il deviendra délinquant, Paul « avait la musique dans l'âme » mais « n'était pas doué du tout, c'est un euphémisme. En nous écorchant les oreilles, il n'a pas contribué à rendre nos enfances faciles. » Ensuite il y a Charlotte « ma petite grande sœur chérie » discrète et courageuse et enfin Henri dit l'Hurluberlu « parce que j'étais toujours un peu ailleurs » « Je rêvais d'aventures, avec une application têtue, avec constance ». A travers l'enfance et l'adolescence, nous assistons à la chute de cette famille aux principes formatés. Avec les désastres de sa famille devant lui, Henri va se mettre à penser différemment, il ne veut pas les imiter. Sans diplôme, il devient coursier puis gardien de nuit dans un immeuble de bureau, c’est là, qu’Henri va rencontrer Promesse une femme de ménage qui rit tout le temps. Son vrai nom est Sok Kateka, elle est khmère et son histoire personnelle est bouleversante. Une histoire très touchante et drôle à la fois, destinée aussi bien aux adultes qu’aux ados. A découvrir !

Extrait : (page 32)

Tu sais, les familles... c'est un drôle de truc, les familles. Tu les regardes de loin et tu vois un groupe à peu près uni, tu te dis que les membres se ressemblent forcément, puisqu'ils sont du même sang, qu'ils grandissent ou vieillissent côte à côte... Et puis tu regardes de plus près les individualités, et tu te rends compte qu'ils peuvent différer les uns des autres à peu près autant qu'une carpe miroir, une crosse d'évêque et une pompe à vélo.
Une famille, ce n'est pas un puzzle. C'est plutôt une tas de bidules et de machins balancés ensemble dans une caisse, et plus ou moins forcés d'y cohabiter. Il y a une question de chance. Je veux dire que tu peux tomber sur des parents aimants, merveilleux, et qu'avec tes frères et sœurs, c'est aussi un peu la roulette. Nous connaissons tous des familles où on se hait, d'autres où on s'adore. Certaines où des clans se forment. Certaines dont les membres choisissent un mouton noir, un paratonnerre qui reçoit toutes les rancœurs, les jalousies et les hargnes recuites. Sébastien aurait pu être celui-là.

Tu imagines, un braqueur de dix-huit ans chez nous. Mais ça ne s'est pas du tout passé de cette façon. Pour chacun d'entre nous, il y a eu tant d'autres évènements qui ont suivi.

Non, tu sais, je me demande encore quelle sorte de famille nous étions. Aimante, ou pas ? Moche ? Arrogante ? Loufoque ? Divisée ? Je ne sais pas. A quarante-sept ans, je ne sais pas ce que c'est exactement qu'une famille.

22 décembre 2009

Le Palais Japonais - José Mauro de Vasconcelos

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traduit de l'anglais par Cécile Tricoire

Hachette jeunesse – octobre 1999 – 118 pages

Hachette jeunesse – octobre 2002 – 121 pages

Quatrième de couverture :

A Sao Paulo, tout le monde connaît la place de la République. Mais le Palais japonais, lui, n'apparaît qu'à ceux qui le méritent... Pedro est un de ces heureux élus. Tandis qu'il s'approche de l'entrée, un enfant court à sa rencontre et l'appelle. Pedro comprend alors qu'il est attendu depuis longtemps. Le Palais va enfin pouvoir lui livrer ses secrets...

Auteur : José Mauro de Vasconcelos (26 février 1920 à Rio de Janeiro - 25 juillet 1984 à São Paulo) est un écrivain brésilien. Écrivain aux origines indiennes et portugaises, il est l'auteur de Mon bel oranger, Allons réveiller le soleil et Le Palais Japonais, inspiré de son enfance difficile et devenu un classique de la littérature enfantine, ainsi que d'une quinzaine de romans et de récits. Sportif et voyageur, il a pratiqué de nombreux métiers, notamment dans le monde du cinéma et de la télévision.

 

Mon avis : (lu en décembre 2009)

A l'origine, ce livre a été écrit en 1969, il emprunte sa forme au conte traditionnel, mais l'histoire se déroule au Brésil, à Sao Paulo en plein cœur de la modernité.

Pedro est un artiste peintre, triste et sans inspiration, il mène sa vie tant bien que mal jusqu'au jour où il fait une rencontre sur la place de la République à São Paulo qui va changer sa vie... il trouvera le chemin du Palais japonais, où il rencontrera le petit Prince, qui donnera du sens à sa vie et lui permettra de retrouver son inspiration.

Ce conte empreint à la fois de sagesse et de gravité nous entraine dans un monde magique et merveilleux. L'histoire est belle, pleine de poésie. J'ai été envahie par l'émotion en lisant ce livre qui aborde le thème de la mort avec beaucoup de délicatesse.

Extrait : (début du livre)

S'il pleuvait, il se recroquevillait un peu plus dans sa tristesse et n'avait plus envie de rien faire... On aurait dit que la paresse se collait à la pointe de chacun de ses doigts engourdis et que son âme était suspendue comme un hamac aux crochets de l'indifférence. Il restait des heures et des heures le visage derrière l'unique carreau de l'unique fenêtre de sa modeste chambre. Le visage collé contre la vitre à regarder la pluie se répandre en gouttelettes sur les feuilles du jardin abandonné. Il trouvait beau, dans son humble contemplation, qu'une même terre donne naissance à deux arbres différents. Et que des fleurs aussi voisines soient si différentes dans leur forme et leur couleur.

Si le jour devenait gris, chagrin et froid, il sortait de chez lui les mains dans les poches, le col de sa veste relevé cachant ses joues maigres. Ses cheveux lisses d'un blond cendré tombaient sur son front, encadrant ses traits fins, ses yeux presque bleutés. Il n'avait envie de rien. Il marchait au long des rues, se mêlait à la foule, pour s'y fondre comme s'il n'était plus rien, pour n'être plus rien. S'il avait de l'argent, il mangeait un peu mieux. S'il ne lui restait que quelques sous, il prenait un simple café au lait et deux tartines sans beurre, c'est ce qu'il y avait de moins cher. Ou encore il gardait l'estomac vide jusqu'à ce qu'il rencontre une personne de sa connaissance, un ami qui lui prête un peu d'argent. Sans rien demander, c'était plus sûr pour ne pas avoir à rembourser.

Pour la chambre de la pension, il avait parfois un peu de retard. Mais s'il lui arrivait de faire une bonne affaire, il payait plusieurs mois à l'avance. La propriétaire avait pitié de lui, comme d'un petit animal dans son cocon, qui ne dérangeait personne et souriait comme seuls les anges devaient sourire.

A l'atelier la chance le protégeait encore plus. Parce que M.Matias, le vieux Portugais, lui prédisait qu'un jour ou l'autre il serait un grand artiste et que ses tableaux vaudraient très cher. C'est pourquoi ça ne le gênait pas de recevoir un dessin ou un tableau en guise de loyer. « Un jour de plus, un jour de moins !... » Et pour sa gentillesse, il recevait en plus ce grand sourire qui illuminait le visage du jeune homme.

Mais aujourd'hui il faisait très beau. Le mois d'avril était arrivé avec son équilibre enchanteur. Roi de tout le bleu du ciel, apportant le premier baiser du froid. De quoi mettre un peu de courage au cœur. Comme ça, oui. L'envie lui revenait d'aller à l'atelier, de travailler un peu en sifflotant un air, toujours le même durant des heures, tant il était absorbé.

Il achevait de s'habiller et tentait de mettre ses cheveux en place en se peignant. Avant même d'arriver dans la rue, ils glisseraient de nouveau sur son front, pensant que là était leur vraie place. Il ouvrit la porte de la chambre et décida de sortir. Avant de la refermer, il jeta un coup d'oeil pour voir s' « ils » le suivaient.

« Ils », les fantômes de son enfance. Quand il emmenait derrière lui le petit train et la petite pirogue, c'était bien. Il marchait dans la rue, traversait au feu avec prudence pour qu'il n'arrive rien à ses petits fantômes imaginaires qui le suivaient en s'abritant à l'ombre de sa tendresse. Pedro était comme ça. Oui, comme ça.

16 décembre 2009

Si même les arbres meurent – Jeanne Benameur

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Édition Thierry Magnier – septembre 2000 – 111 pages

Présentation de l'éditeur :

Seuls dans un couloir d’hôpital, un frère et une soeur attendent que leur mère quitte la chambre de son mari. Cet homme, leur père, est dans le coma entre la vie et la mort. Cette femme est toute entière à sa douleur.
Spectateurs impuissants de cette souffrance d’adulte, les deux enfants s’inventent un univers à leur démesure. Peuplé d’histoires de héros qui ne meurent jamais, de pères plus forts que la mort...

L’issue de ces insupportables jours d’attente leur apprendra que seul l’amour ne meurt jamais...

Auteur : Née en 1952, en Algérie d'un père tunisien et d'une mère italienne, Jeanne Benameur vit en France depuis l'âge de 5 ans. Elle débute sa carrière d'écrivain avec des livres de jeunesse comme 'Samira de quatre routes' ou 'Adil coeur rebelle', avant d'ouvrir son registre à la littérature pour adulte. Longtemps enseignante, elle se consacre désormais à l'écriture. Ses livres : Les Demeurées (2000), Si même les arbres meurent (2000), Un jour mes princes sont venus (2001), Les Mains libres (2004), Présent ? (2006), Laver les ombres (2008)

Mon avis : (lu en décembre 2009)

Mathieu et Céline sont dans la salle d’attente de l’hôpital. Leur papa vient d'avoir un accident d'alpinisme et il est dans le coma. Leur maman, Dominique est effondrée. Chaque jour, Dominique vient au chevet de son mari et les enfants arpentent les couloirs de l'hôpital, ils s'inventent un monde imaginaire où leur papa est "Grand aigle" qui se bat pour vaincre les danger de la montagne, Mathieu est Aigle Brun, Céline Petite Montagne. Ils se réfugient et s'isolent dans leurs histoires imaginaires et refusent le monde extérieur comme l’école, les copains, l’institutrice.

Ce livre est à la fois bouleversant et poétique. Il aborde le thème de la mort d'un proche avec beaucoup de simplicité et de pudeur. Il se lit très facilement, les phrases sont courtes et simples. C'est un livre qui peut être lu aussi bien par des collégiens que des adultes. A découvrir sans modération.

Extrait : (page 11)

L'infirmière de garde vient de passer à nouveau. A nouveau elle s'est sentie saisie à la vue des deux enfants. Pris en bloc. Dans quelque chose qu'elle a du mal à nommer. Non, ce n'est pas du chagrin. Elle préférerait. Le chagrin, elle connaît. Elle en voit des gens de toutes sortes, de tous milieux, faire connaissance brutalement avec le chagrin.

Ça effondre. Ça pulvérise à l'intérieur. Comme une falaise rongée par des années de vagues et qui, tout à coup, laisse partir un gros bloc de rocher ; et puis un autre, et un autre encore. La falaise se ruine. Un nuage de poussière, de calcaire, dans un grand fracas. Elle s'écroule. Il a suffit d'une tempête : coups de vent plus forts, vagues plus mordantes.

C'est ça les chagrins qu'elle reconnaît ici, Paula. Elle voit venir la fissure chez ces gens qui attendent, qui attendent de savoir ce que la vie décide dans le corps de ceux qu'ils chérissent.

Parfois, le soir ou le matin, quand elle rentre chez elle, elle se sent ravinée elle aussi par toutes ces vagues de souffrance qu'elle a vues à l'œuvre. Et elle pense alors qu'elle fait un drôle de métier.

Mais chez ces deux enfants, il n'y a rien de tel. Ils sont dressés dans une autre attente. Comme tenus de l'intérieur. Et tout entiers pris là-dedans. Elle se demande s'ils l'entendent vraiment, s'ils la voient. Plusieurs fois, elle leur a proposé un chocolat chaud de la machine, tout près. La petite fille secoue la tête. Le garçon articule « Non merci, madame », d'une voix très nette et lointaine à la fois. L'infirmière se sent de trop auprès d'eux. D'habitude, on aime sa présence. Elle rassure.

Elle retourne à sa petite salle de garde, se refait un café, jette un coup d'œil sur ses fiches. Leur père ne s'en sortira pas. Ou tellement diminué. Elle revoit leur mère avançant à pas pressés, maladroits, à côté du chariot, les yeux rivés aux paupières closes de son époux, la main effleurant l'autre main, n'osant presque plus toucher. Elle prend un magazine qu'elle feuillette, n'arrive pas à lire.

Les deux enfants sont là, dans la salle d'attente. Elle ne sait pas quoi faire. C'est elle qui a le cœur gros tout à coup. Fichu métier !

10 décembre 2009

Cochon rouge – Erik L'Homme

Partenariat Spécial Jeunesse Blog-O-Book et Folio Junior

cochonrouge Folio Junior – novembre 2009 – 75 pages

Présentation : En Terre de Feu, à l’extrême sud du continent américain, Esteban, 12 ans, rêve de devenir «gaucho» pour surveiller les troupeaux de moutons. Il travaille pour Alexandre MacLennan, dit Cochon Rouge, un homme à la cruauté légendaire, qui porte autour du cou les oreilles des Indiens qu’il a massacrés. De son côté, Saïka, jeune Indienne selk’nam, rejoint le Nord avec son clan. Mais Helesh, jaloux de son amour pour un autre garçon il informe Cochon rouge de leur itinéraire. Arrivé au bord de la mer, le clan tombe sur des hommes armés. Schiuno, qui s’est éloigné, voit les siens se faire massacrer sous ses yeux.
Le jeune homme trouve refuge auprès du clan de Täapelt, un chef ami bien décidé à venger la tuerie. Mais ce dernier échoue moins qu’il n’y paraît : son attaque a déstabilisé Cochon rouge, qui sombre peu à peu dans l’alcoolisme et la folie. Cochon Rouge, c’est l’histoire du massacre des Selk’nam, raconté à huit voix.

Auteur : Erik L’Homme naît en 1967. Il grandit dans la Drôme provençale. Après de longues études universitaires, il part sur la piste de l’homme sauvage entre la Chine et l’Inde. À peine rentré, il embarque pour les Philippines, à la recherche d’un trésor. Revenu en France, il rédige une thèse d’Histoire et civilisation, avant de se lancer dans l’écriture du Livre des étoiles, trilogie qui deviendra célèbre.

Mon avis : (lu en novembre 2009)

Aproposdelivres :

J'ai trouvé très sympathique de pouvoir avoir l'avis de mes fils à propos d'une lecture commune. Mais cela n'a  pas été simple... Il a d'abord fallu qu'ils acceptent de lire le livre sans trop tarder puis d'écrire un billet...

Ce livre nous parle d'un lieu : La Terre de Feu, d'une époque : le XIXème siècle, de personnes : les autochtones, les indiens Selknam et les colonisateurs n'hésitant pas à massacrer les indiens pour obtenir leurs terres. La première partie de ce livre est l'histoire d'un massacre d'indiens Selknam vu par 8 narrateurs différents, cette histoire est inspirée de faits réels. Dans la deuxième partie du livre l'auteur imagine quelques légendes oubliées autour des indiens Selknam.

J'ai trouvé original la façon de raconter ce massacre et j'ai trouvé de la poésie dans les "légendes oubliées", mais ce livre m'a surtout donné envie d'en connaître un peu plus sur les indiens d'Amérique du Sud car en effet lorsque l'on parle des indiens d'Amérique jusqu'à maintenant je ne pensais qu'à ceux d'Amérique du Nord.

Pour en savoir plus sur les indiens Selk'nam : voir Wikipédia et Les indiens Selk'nam

P'tit Aproposdelivres n°1 (16 ans) :

J’avais déjà lu du même auteur, la trilogie « Le livre des étoiles » que j’avais bien aimée. Ce livre est très différent. C’est un très bon livre dénonçant les chasses à l'homme, celles des populations autochtones de la Terre de Feu au XIXème siècle. Ce livre dénonce aussi l'idée que des êtres humains puissent être réduits au rang de «gibier». Pour autant, l'auteur ne stigmatise pas les hommes par groupe : les hommes blancs n'ont pas le monopole de la perfidie... J'ai bien aimé l'approche de cette histoire avec des points de vue différents grâce aux huit protagonistes. J'ai beaucoup aimé la seconde partie et les mythologies originales des indiens Selknam.

P'tit Aproposdelivres n°2 (14 ans) :

J'ai trouvé ce livre facile à lire. J'ai trouvé très intéressante l'histoire de ces Indiens d'Amérique du Sud et je regrette que le livre soit si court, j'aurais aimé que l'histoire soit plus fouillée. J'ai quand même été gêné par le récit à plusieurs voix, je mettais un peu de temps avant de comprendre qui racontait. J'ai été moins intéressé par la seconde partie.

P'tit Aproposdelivres n°3 (11 ans) : Il n’a pas pu lire le livre à temps car il lit en ce moment Un conte de Noël de Charles Dickens pour le collège. Peut-être le lira-t-il plus tard...

Merci aux éditions Folio Junior de nous avoir fait découvrir ce livre.

Partenariat Spécial Jeunesse logobob01 et  folio_junior_logo

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