D'après une histoire vraie - Delphine de Vigan
Audiolib - novembre 2015 - 8h56 - Lu par Marianne Epin
Jean-Claude Lattès - août 2015 - 484 pages
Prix Renaudot 2015
Prix Goncourt des Lycéens 2015
Quatrième de couverture :
« Tu sais parfois, je me demande s’il n’y a pas quelqu’un qui prend possession de toi. »
« Ce livre est le récit de ma rencontre avec L.
L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais croiser. »
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s’aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction.
Auteur : Née en 1966 à Boulogne-Billancourt, Delphine de Vigan est l’auteur de, notamment, No et moi (prix des Libraires 2008), Les Heures souterraines (finaliste du Prix Goncourt 2009), Rien ne s’oppose à la nuit (Prix du Roman Fnac, Prix du Roman France Télévision, Prix Renaudot des Lycéens et Prix des lectrices de Elle 2011) et D’après une histoire vraie (Prix Renaudot 2015). Ses livres sont traduits dans le monde entier.
Lecteur : Marianne Epin, (Prix Gérard Philipe 1985), formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique dans la classe d’Antoine Vitez, a joué 5 ans à la Comédie Française et interprété les grands rôles du répertoire classique et contemporain avec les plus grands metteurs en scène. Elle alterne théâtre, cinéma et télévision. Récemment,elle a joué Tous les Algériens sont des mécaniciens, pendant 2 ans, aux côtés de Fellag. Elle a déjà enregistré pour Audiolib, Les heures souterraines, Rien ne s'oppose à la nuit et Purge.
C'est l'histoire d'une auteur après le succès d'un livre qui l'a dépassé et qui a fini par l'épuiser. L'auteur est en mal d'inspiration, elle n'arrive plus à écrire pas même son courrier personnel ou professionnel... Fragile, elle rencontre une femme nommée L. qui s'impose peu à peu dans sa vie, l'isole de ses proches, de ses amis. Elle cherche à influencer son écriture et l'incite à écrire un livre "
Autres avis : Enna, Sylire, Leiloona, Meuraïe
Extrait : (début du livre)
Quelques mois après la parution de mon dernier roman, j’ai cessé d’écrire. Pendant presque trois années, je n’ai pas écrit une ligne. Les expressions figées doivent parfois s’entendre au pied de la lettre : je n’ai pas écrit une lettre administrative, pas un carton de remerciement, pas une carte postale de vacances, pas une liste de courses. Rien qui demande un quelconque effort de rédaction, qui obéisse à quelque préoccupation de forme. Pas une ligne, pas un mot. La vue d’un bloc, d’un carnet, d’une fiche bristol me donnait mal au cœur.
Peu à peu, le geste lui-même est devenu occasionnel, hésitant, ne s’exécutait plus sans appréhension. Le simple fait de tenir un stylo m’est apparu de plus en plus difficile.
Plus tard, j’ai été prise de panique dès que j’ouvrais un document Word.
Je cherchais la bonne position, l’orientation optimale de l’écran, j’étirais mes jambes sous la table. Et puis je restais là, immobile, des heures durant, les yeux rivés sur l’écran.
Plus tard encore, mes mains se sont mises à trembler dès que je les approchais du clavier.
J’ai refusé sans distinction toutes les propositions qui m’ont été adressées : articles, nouvelles de l’été, préfaces et autres participations à des ouvrages collectifs. Le simple mot écrire dans une lettre ou un message suffisait à me nouer l’estomac.
Écrire, je ne pouvais plus.
Écrire, c’était non.
Je sais aujourd’hui que différentes rumeurs ont circulé dans mon entourage, dans le milieu littéraire et sur les réseaux sociaux. Je sais qu’il a été dit que je n’écrirais plus, que j’étais parvenue au bout de quelque chose, que les feux de paille, ou de papier, toujours, finissent par s’éteindre. L’homme que j’aime s’est imaginé qu’à son contact j’avais perdu l’élan, ou bien la faille nourricière, et que par conséquent je ne tarderais pas à le quitter.