En kit - Laure Naimski
Lu en partenariat avec les éditions Belfond
Belfond - février 2014 - 176 pages
Quatrième de couverture :
Parce que Samuel l'a quittée, Hélène plante sa tente au milieu de son salon et s'y met à l'abri avec son chat d'Artagnan. Mais elle n'est pas au bout de ses peines : double toit ou pas, l'extérieur s'incruste...
Entre une mère hôtesse de l'air qui change d'amant comme de coiffeuse, un père juif rescapé de la Shoah, très pratiquant mais pas toujours moralement nickel, et les ouvriers sans papiers qui circulent devant ses fenêtres, Hélène n'a pas une seconde à elle.
Par touches cocasses ou graves, Laure Naimski dessine le monde un peu piqué d'une femme au bord de la crise de nerfs. Une fable tendue, caustique et désopilante sur la précarité et l'incohérence contemporaines.
Auteur : Laure Naimski est née en région parisienne en 1971, En Kit est son premier roman.
Mon avis : (lu en avril 2014)
Parce que son compagnon l'a quitté, Hélène, une jeune femme ayant la trentaine, se replie sur elle-même. Elle plante une tente au milieu de son salon (n'hésitant pas à planter les sardine dans le parquet !) et s'y installe avec son chat d'Artagnan... Ce comportement assez enfantile est l'un des reflets de la dépression dans laquelle se trouve la jeune femme...
Le livre se lit assez facilement mais j'avoue ne pas avoir accroché... Certaines situations sont cocasses mais c'est le comportement infantile d'Hélène qui m'a dérangée et exaspérée. Elle tire sur les pigeons au pistolet à eau, plusieurs fois elle se taillade les poignets (pas trop profond) et appelle les pompiers pour qu'on s'occupe d'elle, elle ne travaille pas et ne fait rien pour essayer de trouver un travail, elle préfère abuser de la sénilité de sa vieille voisine qui perd la tête pour se procurer de quoi manger...
Je n'ai pas su voir dans ce livre ce qu'annonce la quatrième de couverture, « une fable tendue, caustique et désopilante », je suis restée sans doute trop premier degré...
Merci Marie et les éditions Belfond pour l'envoi de ce livre.
Extrait : (début du livre)
3 h 56. C'est l'heure à laquelle je suis née. Un dimanche. Je viens d'avoir trente-quatre ans et je vis sous une tente. Une vieille canadienne que je suis descendue chercher à la cave et qui pue le renfermé. J'ai planté les sardines qui restent dans le plancher du salon en tapant dessus avec un marteau parce que Samuel et moi avons perdu le maillet dans les Pyrénées un été. Les lames ont éclaté, mais ça a quand même tenu bon.
Je me souviens quand le drame s'est produit. Samuel vient de claquer l'extra. Il tire sur sa cigarette, souffle la fumée et dit : J'ai quelqu'un. Quelqu'un ? Ma voix s'étrangle. Quelqu'un d'autre si tu préfères. Il catapulte la bille et puis après je ne sais plus. Je sors sonnée du bistrot et rentre à la maison avec l'idée de me foutre en l'air. Je m'effondre au pied de la baignoire, recroquevillée, la joue collée à la faïence, cachée comme un animal avec une balle dans le flanc. L'angoisse lancinante me coupe le souffle pendant des heures. Je n'ai pas de tranquillisant pour atténuer la douleur.
Après tout c'est sans doute mieux ainsi. Samuel boit comme un trou et fume comme un pompier. Son espérance de vie en est diminuée, et il m'aurait, par-dessus le marché, sûrement fait des enfants malformés ou trisomiques.
J'ai orienté la tente la tête au nord pour éviter les trop fortes variations lumineuses. Ça joue sur mon humeur et je suis, je l'avoue, quelqu'un qui a besoin d'une certaine stabilité. Le matin, la lumière du jour transperce le double toit et me réveille. Je ne me lève pas. Non. Je reste allongée sur mon sac de couchage. Efficacité prouvée jusqu'à zéro degré précise l'étiquette. De toute manière l'été est caniculaire. Pour l'hiver prochain, je suis tranquille. Samuel a installé un thermostat juste avant de me plaquer. Ça fait déjà deux mois.
Le matelas pneumatique n'est pas à nous. Le nôtre, Samuel l'a troué avec un mégot mal éteint dans le Limousin un été. On a bien essayé de le réparer. Mais ça n'a jamais tenu. Puisque son mari s'est suicidé l'hiver dernier, juste avant Noël, la concierge n'a plus l'usage du sien et elle me l'a prêté. Je me souviens que son mari faisait toujours des blagues vaseuses et jouait Joyeux anniversaire en faisant péter ses dessous-de-bras avec ses paumes. Il s'est tiré une balle dans la tête. Ou c'est peut-être dans la bouche. Je ne sais pas. Il avait toujours des taches de vin sur ses marcels. Il en portait souvent. Sans doute pour pouvoir jouer Joyeux anniversaire avec ses dessous-de-bras. Des manches, ça l'aurait gêné.