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A propos de livres...
23 juillet 2013

Le canapé rouge - Michèle Lesbre

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Sabine Wespieser - août 2007 - 148 pages

Folio - avril 2009 - 144 pages

Quatrième de couverture : 
Dans le transsibérien qui la conduit à Irkoutsk, tandis que défilent les paysages, Anne songe à l'amitié qui la lie à une vieille dame, Clémence Barrot, laissée à Paris. Elle lisait à cette ancienne modiste la vie de femmes libres et courageuses telle Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne... Et partageait avec elle des souvenirs tendres et douloureux : ceux des amours passées… 
Le dixième livre de Michèle Lesbre est un roman lumineux sur le désir, un texte limpide sur le bonheur de vivre.

Auteur : Michèle Lesbre vit à Paris. Elle a publié notamment La Belle Inutile (1991), Un homme assis (1993), Une simple chute (1997), Que la nuit demeure (1999), Nina par hasard et VictorDojlida, une vie dans l’ombre (2001), Boléro (2003), Un certain Felloni (2004), La Petite Trotteuse (2005), Le canapé rouge (2008), Sur le sable (2009), Disparitions bucoliques avec Gianni Burattoni (2010), Mais d’où venez-vous ? avec Sylvie Granotier (2010) et Un lac immense et blanc (2011).

Mon avis : (lu en juillet 2013)
Anne la narratrice est dans un train en direction du lac Baïkal, elle est partie retrouver Gyl un homme qu'elle a aimé et dont elle est sans nouvelles. Durant ce long voyage, elle observe aussi bien les paysages que ses compagnons de voyage. Elle laisse également vagabonder son esprit en pensant à sa voisine d'appartement Clémence Barrot. C'est une vieille dame qui vit dans le souvenir de Paul son grand amour assassiné durant la Seconde Guerre Mondiale. Clémence a été modiste, Anne vient la voir régulièrement pour lui faire la lecture et pour bavarder autour de la littérature, des souvenirs... A son retour, Anne compte bien retrouver Clémence sur son canapé rouge pour lui raconter son voyage.
Jolie histoire, j'ai préféré les échanges entre Clémence et Anne que le voyage en Sibérie où je me suis un peu perdue...

Extrait : (début du livre)
Sur un chemin de terre, un homme roulait une cigarette, debout, près d'un side-car vert, scarabée géant, compagnon de solitude. L'homme et sa machine, ensemble. De loin je reconnaissais tous les gestes, Gyl aussi roulait ses cigarettes. Il retenait la pincée de tabac au creux de la main, l'effritait du bout des doigts, la répartissait dans la pliure de la feuille, enfermait le tout après un léger coup de langue sur le bord du papier gommé. L'odeur de miel et de foin flottait, même si j'étais derrière la vitre du compartiment et l'homme à une dizaine de mètres. J'entendais presque le bruissement du tabac, j'imaginais les doigts agiles, le geste machinal, la tête ailleurs. Moment suspendu, rituel, intime. Il n'avait pas un regard pour le train qui reprenait de la vitesse et je pensais que c'était ça aussi le voyage, me réveiller quelque part en Sibérie, mais où ? Voir un homme se rouler une cigarette, le perdre de vue très vite, me souvenir de lui toujours.
Aujourd'hui encore, il m'arrive de penser à la brève apparition de cet inconnu surpris dans son intimité, à d'autres aussi qui de façon mystérieuse se sont installés dans ma mémoire, comme des témoins silencieux de mes errances.
C'était un moment de ma vie où la présence obsédante du monde, l'impuissance de tous les discours et celle de théories usées tourmentaient mes jours et mes nuits. Il me semblait n'avoir prise sur rien, le temps voulait m'engloutir, il m'engloutissait, du moins avais-je cette impression d'une lente et inexorable fin de tous nos espoirs. Je n'étais pas seule à percevoir cette insidieuse érosion des certitudes qui avaient emballé notre jeunesse, mais ce qui m'effrayait c'était le sentiment, que partageaient quelques-uns de mes amis, de ne rien pouvoir d'autre que de m'abîmer dans ce constat. J'avais lu dans un roman à propos de la mort des théories, On se demande jusqu'à quel point on les avait prises au sérieux. J'en voulais à l'auteur pour sa cruelle hypothèse. Ce monde rêvé, cette belle utopie : être soi, pleinement soi, mais aussi transformer la société tout entière, pouvaient-ils n'être qu'enfantillages ? Nous consolaient-ils seulement d'être les héritiers orphelins des dérives commises à l'Est et ailleurs, que certains de nos aînés avaient fait semblant d'ignorer ?
Gyl, lui, ne voulait pas renoncer à tout ce qui avait donné du sens à sa vie jusque-là, bâtir un monde idéal. Sur un coup de tête, il était allé vivre au bord du lac Baïkal, peindre, faire du théâtre avec les habitants, monter des pièces de Vampilov qui avait exercé toute sa carrière à Irkoutsk. Ce choix m'inquiétait, mais je comprenais à quel point il était symbolique et désespéré à la fois. Inutile de le retenir, rien ni personne ne l'avait jamais retenu. Les premiers six mois, il écrivait souvent, racontait qu'il avait le temps d'aller pêcher l'omoul dans le lac, de fabriquer des cerfs-volants pour les enfants.
Puis, le silence.
Après des semaines sans nouvelles, j'avais décidé de faire le même voyage, dans le même train. Nos quotidiens s'étaient séparés depuis longtemps, mais nous avions beaucoup partagé. L'idée d'un quelconque danger le concernant me plongeait dans une indicible angoisse. L'homme debout près de sa machine était peut-être un signe, je me rapprochais de Gyl. Ces gestes familiers pouvaient en être la preuve, j'avais besoin de m'en convaincre.

  Challenge Petit BAC 2013
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"Couleur"

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Commentaires
B
Je connais pas du tout cet auteur. Merci de m'en parler. Je vais voir si je trouve ce canapé rouge.
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S
Même ressenti que toi...
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N
Ça ne me branche pas trop, je passe mon tour.
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M
Comme toi, je n'ai pas été convaincue par le voyage en Sibérie.
Répondre
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