La Maison des absents - Tana French
Calmann Lévy - mars 2013 - 512 pages
traduit de l'anglais (Irlande) par François Thibaux
Titre original : Broken Harbour, 2012
Quatrième de couverture :
Broken Harbour, un lotissement fantôme à quelques encablures de Dublin ; un chantier laissé à l’abandon, où de braves gens ont englouti leurs économies avant que les promoteurs et les banques fassent faillite.
Autrefois, cette petite ville accueillait l’été les ouvriers dublinois, quand quelques jours au bord de la mer d’Irlande dans une caravane de location suffisaient à faire d’eux des princes. Depuis, le désespoir a grignoté l’air et contaminé les esprits. Dans une maison sur le rivage, Patrick Spain et ses enfants sont morts, sa femme Jenny a été grièvement blessée.
Or, l’enquête policière n’aboutit pas à une conclusion simple. Si la maison est immaculée, les murs sont percés de trous, on y a dissimulé des caméras partout. La scène du crime ne raconte pas qu’un fait divers tragique. Il y avait bien un mystère, chez les Spain…
Dans ce roman emblématique de l’Irlande actuelle, salué comme son meilleur à ce jour, Tana French déploie tout son art du suspense pour raconter le naufrage d’une famille et d’un pays tout entier.
Auteur : Née aux États-Unis, établie de longue date en Irlande, Tana French a fait une entrée remarquable sur la scène littéraire en 2007 en raflant tous les prix de la littérature policière, dont le Edgar Award, pour son premier roman, La Mort dans les bois. Ses romans suivants, Comme deux gouttes d’eau et Les Lieux infidèles, ont confirmé son immense talent et son succès international.
Mon avis : (lu en juin 2013)
A Broken Harbour, banlieue de Dublin, dans un lotissement encore en partie en chantier, un couple et ses deux enfants ont été agressés dans leur maison. Seule la mère est encore vivante.
Patrick et Jenny étaient un couple très amoureux et aux petits soins pour leurs deux jeunes enfants, apparemment une famille sans histoire. Ils avaient acheté une belle maison au bord de la mer, dans un quartier de rêve. Tout allait bien, mais avec la crise le promoteur disparaissait laissant le quartier en chantier, Patrick, perdait son travail... Que s'est-t-il passé ? Comment le bonheur de cette famille a-t-il basculé ? Sur fond de réalité sociale avec la crise et le chômage, l'inspecteur Mickey Kennedy et son jeune coéquipier Richie Curran vont mener une enquête pas si simple que cela. Quelques personnages proches du couple sont également suspectés.
Et en parallèle, l'inspecteur Kennedy doit s'occuper de sa jeune sœur instable.
Le lecteur suit avec précision et détails tout le travail de la police du premier jour à la résolution de l'affaire. Une intrigue très bien construite, un vrai suspense, de nombreuses pistes, une analyse fine des personnages et un dénouement implacable.
Merci à Babelio et aux éditions Calmann Lévy pour cette belle découverte.
Extrait : (début du livre)
Disons-le tout net : j'étais l'homme idéal pour cette affaire. Vous seriez sidérés par le nombre de gus qui se seraient débinés en courant s'ils avaient eu le choix. Et le choix, je l'ai eu, du moins au début. Deux collègues m'ont déclaré tout de go : « Plutôt toi que moi, mec. » Cela ne m’a pas perturbé une seconde. J’en ai même eu de la peine pour eux.
Certains ne raffolent pas des enquêtes de hautes volée, dont les enjeux les effaient. Trop d'embrouilles avec les médias, affirment-ils, trop de dégâts si on foire. Ce genre de pessimisme, très peu pour moi. Si l'on consacre son énergie à imaginer les conséquences d'un échec, on est déjà à mi-chemin du désastre. Je me focalise sur les aspects positifs ; et là, du positif, il y en a : même si on prétend être au-dessus de ça, chacun sait que les grandes affaires amènent les grandes promotions. Donnez-moi celles qui feront la une et gardez vos dealers dégommés à coups de canif. Si vous avez peur que ça chauffe, restez flic en tenue.
Certains ne supportent pas la mort de gosses. C'est leur droit. Permettez-moi quand même de poser la question : dans ce cas, que font-ils à la brigade criminelle ? Je suis sûr que le département de la propriété intellectuelle serait ravi d'accueillir leurs culs délicats. J'ai vu des nourrissons réduits en bouillie, des noyés, des filles violées puis massacrées, une décapitation causée par un fusil à pompe qui avait laissé des lambeaux de cervelle sur les murs. Cela ne m'empêche pas de dormir, si le boulot est fait. Quelqu'un doit s'en charger. Si c'est moi, au moins, il sera nickel.
Déjà lu du même auteur :
Challenge Voisins, voisines
Irlande
Challenge God Save The Livre
catégorie "Même pas peur" : 48/12