Le ciel tout autour – Amanda Eyre Ward
Buchet Chastel - mars 2005 - 322 pages
J'ai Lu - août 2006 - 253 pages
" La nuit allongée dans sa cellule, la télé éteinte, les bruits enfin calmés, elle repense à ce soir-là, sur la véranda. Elle tente de se convaincre qu'elle l'a vraiment vécu. Elle compte les minutes qu'il lui reste à vivre. Le 25 août est dans soixante-deux jours 89 280 minutes. "
Karen a vingt-neuf ans et elle attend son exécution dans le couloir de la mort d'une prison du Texas où les touristes affluent pour l'événement.
Célia, la veuve d'un des hommes que Karen a assassinés, ne parvient pas à se remettre de la mort de son mari. Cinq ans après, elle ne pardonne pas mais décide d'écrire à la coupable...
Franny, jeune médecin originaire du Texas, quitte New York pour rejoindre sa région natale et trouver peut-être un sens à sa vie.
Trois destins entremêlés dans un roman qui évoque l'univers carcéral féminin avec émotion et humanité. Inoubliable.
Mon avis : (lu en septembre 2012)
C’est la blogosphère qui m’a donné envie de découvrir ce livre. La thématique n’est pas très gaie, car l’histoire se passe en partie dans le Couloir de la mort de la prison de femmes de Gatestown au Texas. Il y a trois femmes, trois voix, trois destins.
Karen est une tueuse en série, depuis cinq ans, elle attend son exécution, celle-ci est programmée pour le 25 août, dans 62 jours. Karen est atteinte du sida et elle partage son quotidien avec d'autres condamnées à mort.
Celia est la veuve d'une des victimes de Karen, bibliothécaire depuis la disparition de son mari, elle vit mécaniquement, dans la colère, dans la dépression, se refusant un avenir possible.
Franny est la nièce du médecin de la prison. Après le décès des ses parents alors qu'elle avait six ans, c'est son oncle qui l'a élevée. Elle est devenue médecin à New-York et après la mort d'Anna, une jeune patiente dont elle s'occupait, elle est en plein doute sur sa vie, son métier, son couple.
Tout au long du livre, lecteur voit évoluer ces trois femmes, découvre la réalité carcérale et est appelé à réfléchir sur le pardon, sur la peine de mort et les exécutions aux États-Unis.
Dans ce livre, il se dégage beaucoup d'humanité, les personnages sont très attachants et émouvants. Une très belle découverte.
Autre avis : Sandrine
Extrait : (début du livre)
Le mercredi, elles se préparent pour la fiancée de Satan, qui doit arriver après le déjeuner. Elles commandent une lampe et une radio à l'intendance, sur le compte de Tiffany. Karen fait le lit dans la cellule vide et met des draps propres. Toutes les femmes du Couloir de la Mort, qui utilisaient la cellule comme espace de rangement, en ont retiré leurs affaires personnelles pour permettre à la Fiancée de Satan de repartir du bon pied.
Tout en secouant le drap avant de bien le lisser sur le matelas, Karen se souvient du soulagement qui l'avait envahie lorsqu'elle avait découvert sa cellule : vide, propre, sentant l'ammoniaque. C'était il y a près de cinq ans.
Tiffany prend deux livres sur l'étagère, Femmes meurtrières et La Gymnastique de Jane Fonda. Elle les pose à côté du lit de la nouvelle. « Voilà », dit-elle.
Quatre heures et demie du matin. Le petit déjeuner est terminé ; la longue matinée va s'étirer jusqu'au repas de midi. Tiffany se tient devant la cellule vide, un bras maigre passé autour de son ventre, l'autre contre son menton. « Je devrais peut-être lui dessiner quelque chose ? C'est tellement triste, cette cellule.
- Laisse tomber, dit Karen.
- Mais c'est sinistre », insiste Tiffany. Elle secoue la tête, et ses cheveux, coiffés à la Farrah Fawcett, se remettent parfaitement en place. Sous son survêtement, ses membres sont solides. Dans sa cellule, elle sautille, fait des abdos et des pompes. Tous les jours, à la promenade, elle arpente la petite cour grillagée, creusant un sillon en forme de huit dans la poussière. Elle croit à sa libération, et ne tient pas en place. Karen reconnaît cet espoir aigu, qui irrite comme un gravier dans la chaussure, quand on se rend compte du temps qui passe et de tout ce qui vous manque au-dehors. Lorsqu'on abandonne l'espoir, une paix sourde, engourdissante, prend le relais.
« Laisse tomber », répète Karen.
34/50 : Texas
Le mois américain