Veuf – Jean-Louis Fournier
Stock – octobre 2011 – 160 pages
Quatrième de couverture :
« Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre.
C’est bien triste.
Cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble. »
Auteur : Jean-Louis Fournier est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Grammaire française et impertinente, Il a jamais tué personne, mon papa, Le CV de Dieu, Poète et paysan… Il a reçu le prix Femina 2008 pour Où on va, papa ?
Mon avis : (lu en novembre 2011)
Ce livre est une merveilleuse déclaration d'amour de Jean-Louis Fournier pour sa femme Sylvie. Cette dernière est décédée le 12 novembre 2010, Jean-Louis a perdu sa moitié et il évoque leur quarante ans de vie commune avec son ton à la fois tendre et drôle.
« Tu as été ma plus belle qualité, j'espère ne pas avoir été ton plus gros défaut. »
Ce livre est à la fois triste et émouvant, il nous parle de son quotidien, de sa solitude, du silence de la maison, du manque qu'il ressent...
« Depuis que tu es partie, j'ai pu compter jusqu'à sept millions neuf cent quarante-huit mille huit cents. Tu as eu le temps d'aller te cacher loin. Je cherche partout. Je ne trouve pas, je désespère. La partie de cache-cache dure trop longtemps. Allez, tu as gagné, tu peux sortir de ta cachette. Je n'ai plus envie de jouer. Sors de ta cachette, tu as gagné. Sors de ta cachette, je t'en supplie, j'ai perdu, j'ai tout perdu. »
Mais au détour d'une phrase, il sait nous fait rire lorsqu'il évoque le questionnaire de satisfaction du crématorium ou les courriers et les publicités que sa femme continue à recevoir quelques mois après sa mort...
« J'ai reçu un questionnaire du crématorium du Père-Lachaise, ils veulent savoir si j'ai été satisfait des prestations. Je dois mettre des croix dans des petites cases, de « insatisfaisant » à « très bien ». On demande aussi mes observations et mes suggestions. Tout est passé en revue, l'accueil, la courtoisie, le choix des textes, le choix des musiques. Il y a aussi un service traiteur. A la rubrique « suggestion », je vais proposer un barbecue géant. »
Un livre plein de sensibilité et d'émotion, à découvrir sans hésiter !
Extrait : (début du livre)
Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre.
C’est bien triste.
Cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble.
Sylvie est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant.
Elle ne voulait pas déranger, elle m'a dérangé au-delà de tout.
Cette année, l'hiver a commencé plus tôt, le 12 novembre. Je crois qu'il va durer très longtemps et être particulièrement rigoureux.
Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement. Les pompiers sont arrivés, ils n'ont pas réussi à ranimer le feu, elle s'était éteinte.
Elle n'aimait pas parler d'elle encore moins qu'on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu'elle est partie.
Déjà lu du même auteur :
L'arithmétique appliquée et impertinente
La grammaire française et impertinente
Il a jamais tué personne, mon papa
Challenge 4%
Rentrée Littéraire 2011
23/28