La Bonté : mode d'emploi – Nick Hornby
Plon – octobre 2001 – 300 pages
10/18 – février 2003 – 281 pages
10/18 – mai 2006 – 281 pages
10/18 – mai 2010 – 281 pages
traduit de l'anglais par Isabelle Chapman
Quatrième de couverture :
"Hornby change de genre : ce quatrième roman est écrit à la première personne au féminin. Et ça marche formidablement bien: en quadra anglaise, cet homme-là a tout bon. Non seulement il arrive à se glisser dans notre cerveau, mais, plus fin et plus fort, il épingle les tics masculins qui donnent à n'importe quelles femmes sensées des envies de meurtres. La Bonté: mode d'emploi narre l'histoire de Kate, juste quelqu'un de bien, comme dit la chanson, médecin pour tenter de soulager les maux de ses prochains. Problème, ces derniers temps, ses patients la gonflent sérieusement. Son mari, ses enfants, son amant aussi. Bref, un jour de blues, elles annonce à son époux son intention de divorcer. Que n'avait-elle dit là ? Les premiers ronchonnements d'usage passés, David décide de tenir bon. Sur le papier ça a l'air bien. Dans la vraie vie, c'est le drame."
Olivia de Lamberterie, Elle
Auteur : Nick Hornby est né en 1957. Il est devenu un auteur culte outre-Manche avec ses romans : Haute fidélité, A propos d'un gamin, La Bonté : mode d'emploi, Vous descendez ? (finaliste pour le Whitbread Award), Slam et Juliet, Naked. Il a également écrit des ouvrages de non-fiction, Carton jaune, qui obtient le William Hill Sports Book of the Year Award, et 31 songs, finaliste pour le National book Critics Circle Award. En 1999, Nick Hornby s'est vu remettre l'E.M. Forster Award de l'Académie américaine des Arts et Lettres et remporte en 2002 le W.H. Smith Award For Fiction. Il a signé récemment le scénario du film Une Education, réalisé par Lone Sherfig et nominé aux Oscars. Nick Hornby vit et travaille à Highbury, au nord de Londres.
Mon avis : (lu en mai 2011)
Katie a la quarantaine, elle est devenue médecin généraliste car elle avait « envie de faire quelque chose de bon – bon comme Bonté – plutôt qu'un métier passionnant ou rentable, ou glamour. » Elle est mariée et fidèle depuis quinze ans à David et ils ont deux enfants. Mais un jour, fatiguée par son métier, par sa vie de couple et de famille non satisfaisante, elle annonce depuis un parking et par téléphone à son mari qu'elle veut divorcer. David ne prend pas au sérieux cette demande et refuse le divorce.
David va bientôt faire la rencontre de D.J. GoodNews, il le guéri d'un lumbago lui en imposant les mains. A son contact, David qui était quelqu'un de grincheux et râleur cherche à devenir quelqu'un de Bon, il se met à penser à son prochain, à organiser des projets caritatifs... Katie ne comprend pas vraiment cette soudaine bonté qui bouleverse la vie de la famille. En effet, D.J. GoodNews occupe maintenant la chambre d'ami, les enfants sont convaincus de se séparer de certains de leurs jouets ou d'inviter des camarades d'école peu aimés...
En poussant les convictions de David à l'extrême, Nick Hornby se livre est une critique de notre société de consommation et des gens bien pensants en créant des situations plutôt cocasses. Un livre qui nous interroge aussi sur nos projets de vie...
Extrait : (début du livre)
Je me trouve au milieu d’un parking à Leeds au moment où j’annonce à mon mari que je ne veux plus être sa femme. David n’est même pas dans la voiture avec moi. Il est à la maison avec les enfants et je lui téléphone sur mon portable pour lui rappeler de faire un mot pour Molly. Le reste, eh bien… le reste m’échappe. Une erreur, c’est sûr. Même si je suis apparemment, et à ma grande stupéfaction, le style de personne capable de dire à son mari qu’elle le quitte, je ne pensais pas être capable de dire une chose pareille au téléphone, au milieu d’un parking. Comme quoi on se fait des idées fausses sur soi-même. Je peux affirmer que j’ai une bonne mémoire des noms, par exemple, puisque j’en ai retenu des milliers et n’en ai oublié qu’un ou deux. Mais mettre fin à son mariage, les gens font ça une bonne fois pour toutes, ou pas du tout. Et si je choisis de la faire sur un portable dans un parking de Leeds, je ne peux pas ensuite prétendre que ce n’est pas mon genre, pas plus que Lee Harvey Oswald n’aurait pu prétendre que ce n’était pas son genre d’assassiner un président. Il faut parfois accepter d’être jugé sur une seule de nos actions.
Plus tard, dans la chambre d’hôtel, alors que je cherche en vain le sommeil – ce qui est en quelque sorte une consolation, car si j’incarne désormais la femme qui brise son ménage au milieu d’un parking, j’ai quand même la décence d’avoir du mal à m’endormir -, je me repasse la bande-son de notre conversation en essayant de comprendre comment nous avons pu à partir d’ici (le rendez-vous de dentiste de Molly) en arriver là (le divorce) en trois minutes. Dix tout au plus. Et interminablement jusqu’à trois heures du matin je me demande comment nous avons pu passer de cela (notre rencontre dans une soirée à la fac en 1976) à ceci (le divorce) en vingt-quatre ans.
Pour tout vous dire, si la seconde partie de cette séance d’introspection se prolonge, c’est parce que vingt-quatre ans, c’est très long, et que les souvenirs affluent, par fragments, dérisoires détails narratifs qui n’ont rien à voir avec l’intrigue principale. Si l’on adaptait au cinéma mes pensées sur mon mariage, les critiques parleraient de délayages, d’absence de tension dramatique, d’histoire sans intérêt : un homme et une femme se rencontrent, tombent amoureux, font des enfants, commencent à se disputer, deviennent gros et grincheux (lui surtout), et s’embêtent, deviennent tristes et grincheux (elle surtout), et se séparent. Je ne discuterai pas ce synopsis. Notre cas est banal.
Déjà lu du même auteur :
Slam
Juliet, Naked
Haute fidélité
Lu dans le cadre du Nick Hornby's Challenge
Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
Grande-Bretagne