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20 avril 2011

Derniers fragments d’un long voyage – Christiane Singer

Lu durant le Read-A-Thon Avril 2011RAT_9_10_04_2011

derniers_fragment_d_un_long_voyage Albin Michel – avril 2007 – 135 pages

Quatrième de couverture :
Le 1er septembre, un jeune médecin annonce à Christiane Singer qu'elle a encore six mois au plus devant elle. Le 1er mars, Christiane Singer clôt le carnet de bord de ce long voyage. " Le voyage - ce voyage-là du moins - est pour moi terminé. A partir de demain, mieux : à partir de cet instant, tout est neuf. Je poursuis mon chemin. Demain, comme tous les jours d'ici ou d'ailleurs, sur ce versant ou sur l'autre, est désormais mon jour de naissance. "

Auteur : Née à Marseille en 1943, romancière et essayiste au charisme étonnant, Christiane Singer place la dimension intérieure et spirituelle propre à chacun et l'éthique de soi au coeur de son oeuvre. Ses parents étant originaires d'Europe Centrale, elle vit en Suisse et en Allemagne avant de s'établir près de Vienne. Lectrice à l'Université de Bâle et chargée de cours à celle de Fribourg, Christiane Singer suit également l'enseignement de Graf Karlfried Dürckheim, un des disciples de Jung. De sensibilité chrétienne, elle se fait connaître dès l'âge de 22 ans avec son livre 'Les Cahiers d'une hypocrite' qui paraît en 1965. Auteur d'une vingtaine d'ouvrages, elle gagne le prix des libraires en 1978 pour 'La Mort viennoise' qui prend pour sujet la peste qui a ravagé Vienne en 1679. Le prix Camus récompense 'Histoire d'âme' en 1988 et 'La Divine tragédie' sorti en 2006 est salué par la critique. Atteinte d'un cancer qui lui ôtera la vie, Christiane Singer rédige le récit 'Derniers fragments d'un long voyage' qui, à travers la douloureuse épreuve de la maladie, conte un bouleversant hymne à la vie. Décédée à Vienne, Autriche le 04 avril 2007.

Mon avis : (lu en avril 2011)
C'est un collègue de travail qui m'a prêté ce livre qu'il avait beaucoup aimé. Je ne connaissais pas cette auteur, j'ai trouvé ce livre bouleversant et très courageux.
L'histoire est difficile, car l'auteur Christiane apprend qu'elle va mourir, un jeune médecin le lui dit « Vous avez encore six mois au plus devant vous », elle décide donc raconter ces six mois.

Ce récit n'a rien de triste ou de déprimant, c'est une magnifique leçon de courage et de force spirituelle. Christiane parle avec beaucoup de pudeur de sa douleur physique, on retient surtout son immense message d'amour et d'espoir. Elle parle de sa foi, des ses proches qui sont des forces pour supporter ces moments douloureux.
Six mois plus tard, elle écrira : « Derniers fragments d'un long voyage. Voilà. Le carnet de bord est clos. Le voyage – ce voyage-là du moins – est pour moi terminé. A partir de demain, mieux : à partir de cet instant, tout est neuf. Je poursuis mon chemin. »

Un témoignage magnifique et fort qui ne laisse pas indifférent.

Extrait : (début du livre)
28 août 2006
Ces jours qui viennent vont sans doute me révéler l'origine médicale de mon mauvais état. A l'avenant ! Il y a un soulagement à savoir à quoi s'en tenir sur un plan restreint du moins.
Voilà trois semaines que je cherche ce carnet. Aujourd’hui comme posé par d'invisibles mains, le voilà derrière mon lit ! Quelles retrouvailles !
Ce qu'il y a à vivre, il va falloir le vivre.

Un jour plus tard
J'ai eu l'aventure de connaître après une minuscule anesthésie une heure d'amnésie une heure d'amnésie totale : de l'instant où Giorgio est venu me chercher à l'hôpital jusqu'à celui où je me suis effondrée sur mon lit à Rastenberg : un vide total. Il m'a tout raconté en détail : j'ai même fait les courses et rempli mon grand panier avec une conscience aiguë et précise, parlé gaiement à la caissière.
L'étrange sensation qu'un temps viendra où toute notre existence disparaîtra dans pareille fissure.
Ensuite j'ai somnolé indéfiniment. Beaucoup d'âmes amicales m'ont appelée, se préoccupant de moi.
Chaque fois que je me levais, je tombais aussitôt d'épuisement. M. m'a conseillé de faire une vraie soupe de bœuf et de boire le liquide ; je l'ai fait avec l'aide de V. et j'ai senti les forces revenir ; mémoire des temps bénis, de ces maladies enfantines qu'on nous accordait encore le temps de traverser avec, à nos côtés, une mère qui connaissait les gestes pour guérir.
Giorgio me dit ce soir que cette mininarcose m'a délivrée d'une programmation triste et que je lui parais libre.

1er septembre, trois jours plus tard
après une cascade d'évènements
La journée qui a suivi a été lugubre. Je n'ai fait que me faire pitié. Comme si je n'avais jamais eu de pratique bouddhiste de toute ma vie ! J'adhère à ma vie comme si je n'avais jamais connu la moindre distance. Mon potentiel de ressentiment me sidère.
Et alors ?
Entre-temps hospitalisée à Krems, je rencontre un maître dans ma voisine de chambre. Au dernier stade d'un cancer généralisé, elle a une énergie extraordinaire.
Aïe ! Aïe ! Aïe !

15h25
Verdict :
« Vous sacrifierez un coq à Esculape ! » lança joyeusement Socrate lorsqu'on lui annonça le verdict : sa condamnation à mort. (Il était d'usage alors pour une guérison inespérée de sacrifier un coq à Esculape.) Je ne raffole pas de l'idée de considérer la Vie en soi comme une maladie dont il faille guérir. Mais impossible de ne pas trouver du panache – une indéniable grandezza – à la repartie du vieux philosophe.

« Vous avez encore six mois au plus devant vous », me dit le jeune médecin. Ou s'adresse-t-il plutôt au cliché d'un mètre carré qu'il tient en main ? Une fois que ces mots ont été prononcés, toute la brume se trouve dissoute. C'est un climat qui me convient. Je ne veux pas me prendre en pitié, j'ai été si richement dotée. Ma vie est pleine à ras bord.
Encore six mois au plus devant vous !

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