Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A propos de livres...
20 mars 2011

Le grand Quoi : Autobiographie de Valentino Achak Deng – Dave Eggers

Lu dans le cadre du partenariat Livraddict et Folio

le_grand_quoi le_grand_quoi_p

Gallimard – août 2009 – 626 pages

Folio – janvier 2011 – 690 pages

Prix Médicis étranger 2009

Quatrième de couverture :
Valentino n'a pas huit ans lorsqu'il est contraint de fuir Marial Bai, son village natal, traqué par les miliciens armés par Khartoum. Comme des milliers d'autres gosses, le jeune Soudanais va parcourir à pied des centaines de kilomètres pour échapper au sort des enfants soldats et des esclaves. Valentino passera ensuite plus de dix ans dans des camps de réfugiés en Éthiopie et au Kenya, avant d'obtenir un visa pour l'Amérique. Dans une nouvelle jungle, urbaine cette fois, il découvrira une face inattendue du racisme. À mi-chemin entre le roman picaresque et le récit d'apprentissage, ce livre est avant tout le fruit d'un échange. Eggersl'Américain a écouté Valentinol'Africain se raconter. Sa plume impertinente fait mouche et insuffle à cette autobiographie une dimension épique, qui rappelle celle de Mark Twain.

Auteur : Romancier et nouvelliste, Dave Eggersest né en 1970. Après des études à l'université de l'Illinois, il fonde en 1998, à San Francisco, la McSweeney's, une maison d'édition indépendante qui publie, outre des livres, une revue du même nom. Aujourd'hui considéré comme l'un des protagonistes les plus importants du renouveau de la littérature américaine, il est l'auteur de romans et de recueils de nouvelles parmi lesquels Suive qui peut (2003) et Pourquoi nous avons faim (2007). Le grand Quoi a été récompensé par le prix Médicis étranger 2009, à l'unanimité.

Mon avis : (lu en mars 2011)
Dès la préface, Valentino Achak Deng fait un résumé du livre et annonce son contenu. C'est un livre où se mêlent fiction et réalité, mais qui témoigne parfaitement sur ce qu'il a vécu pendant toutes ces années.

Au début du livre, Valentino se fait cambrioler par deux Afro-américains, il est ligoté et assiste impuissant au pillage de son appartement. Alors, pour passer le temps, il commence à raconter sa vie. Il n'a pas encore huit ans, lorsque Valentino Achak fuit son village du Sud Soudan, seul à pied, avec un groupe de jeunes garçons pour échapper à la guerre, au sort des enfants soldats ou esclaves. Il est trop tôt confronté à la faim, aux mines, aux bombardements, à la mort « Au Soudan, mourir est un jeu d'enfant. Surtout pour un enfant. » Après des jours et des jours de marche dans le désert il arrive en Éthiopie dans le camp de Pinyudo: au début les conditions sont très dures car ils n'ont rien, mais l'ONU va aider le camp, il y aura bientôt une école... Malheureusement, trois ans plus tard, le gouvernement éthiopien est renversé et les Soudanais sont chassés, ils doivent repasser la frontière, c'est une nouvelle longue marche vers le Kenya et le camp de Kakuma. Valentino y restera dix ans, il continue a étudier et espère pouvoir partir aux États-Unis.

Le titre de ce livre est mystérieux, il vient de d'une légende qui lui a été racontée quand il était petit :
« Lorsque Dieu a créé la terre, il nous fit d'abord, nous le peuple des Monyjang. Il fit du premier homme la plus grande et la plus forte créature de la terre. Il lui donna une femme magnifique, la plus belle sur terre. Quand Dieu en eut terminé et que les Monyjang furent sur terre à attendre ses instructions, Dieu s'adressa à l'homme : « Maintenant que tu es là, sur la plus sacrée et la plus fertile des terres je peux te donner encore une chose. Une créature : une vache. Dieu donna donc à l'homme le bétail, un troupeau magnifique, exactement comme le souhaitaient les Monyjang. L'homme et la femme l'ont remercié du cadeau : ils savaient que les bêtes leur procureraient du lait et de la viande ainsi que la prospérité. Mais Dieu n'en n'avait pas fini. Il ajouta : « Choisis entre ce troupeau, qui est mon cadeau, et le Grand Quoi. »Le premier homme leva la tête vers Dieu et demanda ce que pouvait bien être ce grand Quoi. Dieu répondit à l'homme : « je ne peux pas te le dire mais il faut que tu choisisses entre le bétail et le Quoi ». L'homme et la femme avaient le troupeau sous les yeux. Ils savaient qu'avec ces bêtes il vivraient bien. Que pouvaient-ils espérer de plus ? L'homme et la femme trouvaient stupide d'abandonner ce troupeau pour le Quoi. L'homme opta pour le bétail. Dieu testait l'homme pour voir s'il se rendait compte de qui lui avait été donné, s'il savait se satisfaire de cette générosité plutôt que de l'échanger avec une énigme. »

Qu'est ce que le grand Quoi ? et Quel sera le destin de Valentino ?, ces questions vont le hanter tout au long du roman.

 J'ai eu du mal à en entrer dans ce livre durant les 150 premières pages, j'étais gênée par les perpétuels allers-retours entre le présent aux États-Unis et le passé au Soudan puis en Éthiopie et au Kenya. Ensuite, le récit du passé en Afrique m'a passionnée car je ne connaissais rien de la guerre civile au Soudan, dans les informations on nous parlait du Darfour... Mais ce conflit est d'actualité puisque le Sud-Soudan doit accéder à l'indépendance vis-à-vis de la République du Soudan le 9 juillet 2011 (à la suite d'un référendum d'autodétermination qui a eu lieu du 9 au 15 janvier 2011). Valentino Achak Deng est très attachant, il a un courage fou, malgré tous les malheurs du monde dont il est une des victimes, il se relève avec obstination et sagesse pour aller de l'avant, pour aider les autres.

Le grand Quoi a reçu le prix Médicis étranger 2009 et les droits de ce livre sont reversés à la Fondation Valentino Achak Deng, qui distribue des fonds aux réfugiés soudanais d’Amérique, qui finance la reconstruction du Sud-Soudan, en particulier Marial Bai.
Il existe le site www.valentinoachakdeng.com

Un grand merci à Livraddict et aux éditions Folio pour m'avoir permis de découvrir ce témoignage très fort et très poignant sur les "Enfants perdus" du Soudan.

Extrait : (Préface)
Ce livre est le récit romancé de ma vie : depuis le moment où j’ai été séparé de ma famille à Marial Bai, jusqu’aux treize années passées dans des camps de réfugiés en Éthiopie et au Kenya, et à ma rencontre avec les foisonnantes cultures occidentales, à Atlanta et ailleurs.

En le lisant, vous en saurez davantage sur les deux millions et demi de personnes qui ont péri pendant la guerre civile soudaine. Je n’étais qu’un gamin quand le conflit a éclaté. Individu sans défense, j’ai survécu en parcourant à pied des territoires désolés, subissant les bombardements de l’aviation soudanaise, évitant les mines, traqué par les bêtes sauvages et des tueurs. Je me suis nourri de fruits, de racines, de feuilles inconnus, j'ai goûté aux carcasses d'animaux et je suis resté parfois plusieurs jours sans manger. J'ai vécu des épreuves inimaginables. Je me suis haï et j'ai essayé de mettre fin à mes jours. Beaucoup de mes amis et des milliers de mes compatriotes n'ont pas survécu.

Ce livre est né de mon désir et de celui de l'auteur de transmettre aux lecteurs, pour les aider à comprendre, les atrocités commises par les autorités soudanaises avant et pendant la guerre civile. Dans ce but, au cours de ces dernières années, j'ai raconté mon histoire à l'auteur. S'appuyant sur mon récit oral et utilisant comme trame les principaux épisodes de mon existence, il en a tiré ce roman. On peut le qualifier ainsi car de nombreux passages relèvent de la fiction. Ce livre ne prétend pas raconter l'histoire de la guerre civile au Soudan, ni celle du peuple soudanais ou de mes frères d'infortunes, plus connus sous le surnom d'Enfants perdus : juste l'histoire d'un homme, narrée de façon subjective. Et même si elle est romancée, je précise que le monde que j'ai connu est de celui que dépeignent ces pages. Nous vivons une époque où les situations effrayantes relatées ici pourraient se reproduire ; de fait, la plupart se sont reproduites.

Même aux heures les plus sombres, je pensais qu'un jour viendrait où je partagerais mes expériences avec vous, lecteurs, pour éviter que ces atrocités ne se répètent. Ce livre est une forme de combat ; une façon de rester vigilant et de poursuivre la lutte. Lutter pour renforcer ma foi, mon espoir et ma croyance en l'humanité. Merci de lire ce livre. Et que Dieu vous garde.

Valentino Achak Deng
Atlanta, 2006

Publicité
Publicité
Commentaires
A propos de livres...
Publicité
A propos de livres...
Newsletter
55 abonnés
Albums Photos
Visiteurs
Depuis la création 1 382 247
Publicité