Le confident – Hélène Grémillon
Plon – août 2010 – 301 pages
Quatrième de couverture :
Au milieu des mots de condoléances qu'elle reçoit à la mort de sa mère, Camille découvre une étrange lettre envoyée par un expéditeur inconnu. Elle croit à une erreur mais, les semaines suivantes, une nouvelle lettre arrive, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés. Peu à peu, Camille comprend que cette correspondance recèle un terrible secret qui la concerne. Machination diabolique sur fond de Seconde Guerre mondiale, ce roman mêle récit historique et suspens psychologique dans un scénario implacable.
Auteur : Après une maîtrise de lettres et un DEA d'histoire, Hélène Grémillon s'est lancée dans le journalisme et la réalisation. Auteur de plusieurs courts-métrages et du clip de la chanson « la Jupe en laine » pour Julien Clerc. Elle a 32 ans. Le Confident est son premier roman.
Mon avis : (lu en mars 2011)
Ce sont les nombreux articles positifs de la blogosphèrequim'ont encouragée à découvrir ce premier roman.
Dès les première pages, j'ai beaucoup aimé ce livre, j'ai été pris par l'histoire.
Tout commence lorsque Camille découvre parmi toutes les lettres de condoléances reçues à la suite du décès de sa mère une enveloppe plus épaisse et plus lourde que les autres. Il s'agit d'une lettre longue et étrange envoyée par un expéditeur inconnu, un certain Louis. D'autres lettres vont suivre chaque mardi racontant petit à petit une histoire d'amour, puis de haine entre deux femmes et autour d'un enfant et d'un homme, à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale.
C'est un roman à plusieurs voix autour d'un secret de famille, tout se dévoile très progressivement, le récit est captivant et très bien construit.
Les personnages de cette histoire sont vraiment très touchants, il est essentiellement question de maternité et de mensonges ou non dits qui vont gâcher et briser plusieurs vies.
Un très beau livre, très touchant et bouleversant.
Quelques billets qui m'ont donnée envie de découvrir ce livre : Canel, Stephie, Sandrine et Blog-O-Book
Extrait : (début du livre)
Un jour, j’ai reçu une lettre, une longue lettre pas signée. C’était un évènement, car dans ma vie je n’ai jamais reçu beaucoup de courrier. Ma boîte aux lettres se bornant à m’annoncer que la-mer-est-chaude ou que la-neige-est-bonne, je ne l’ouvrais pas souvent. Une fois par semaine, deux fois les semaines sombres, où j’attendais d’elles, comme du téléphone, comme de mes trajets dans le métro, comme de fermer les yeux jusqu’à dix puis de les rouvrir, qu’elles bouleversent ma vie.
Et puis ma mère est morte. Alors là, j’ai été comblée, pour bouleverser une vie, la mort d’une mère, on peut difficilement mieux faire.
Je n’avais jamais lu de lettres de condoléances. A la mort de mon père, ma mère m’avait épargné cette funèbre lecture. Elle m’avait seulement montré la convocation à la remise de médaille. Je me souviens encore de cette foutue cérémonie, j’avais treize ans depuis trois jours : un grand type me serre la main, il me sourit mais c’est un rictus que je reçois à la place, il a la gueule de travers et quand il parle, c’est pire.
- Il est infiniment déplorable que la mort ait été l’issue d’un tel acte de bravoure. Votre père, mademoiselle, était un homme courageux.
- Vous dites cette phrase à tous les orphelins de votre guerre ? Vous pensez qu’un sentiment de fierté fera diversion à leur chagrin. C’est très charitable de votre part, mais laissez tomber, je n’ai pas de chagrin. Et puis mon père n’était pas un homme courageux. Même la grande quantité d’alcool qu’il ingurgitait tous les jours ne l’y aidait pas. Alors disons que vous vous trompez d’homme et n’en parlons plus.
- Au risque de vous étonner, je maintiens, mademoiselle Werner, que c’est bien du sergent Werner – votre père – dont je vous parle. Il s’est porté volontaire pour ouvrir la voie, le champ était miné et il se savait. Que vous le vouliez ou non, votre père s’est illustré et vous devez prendre cette médaille.
- Mon père ne s’est pas « illustré », stupide grande gueule de travers, il s’est suicidé et il faut que vous le disiez à ma mère. Je ne veux pas être la seule à le savoir, je veux pouvoir en parler avec elle et avec Pierre aussi. Le suicide d’un père, ça ne peut pas être un secret.
Je m’invente souvent des conversations pour dire les choses que je pense, c’est trop tard, mais ça me soulage. En vrai, je ne suis pas allée à cette cérémonie pour la mémoire des soldats de la guerre d’Indochine et, en vrai, je l’ai dit une seule fois ailleurs que dans ma tête que mon père s’est suicidé, c’était à ma mère, dans la cuisine, un samedi.
Livre 36/42 pour le Challenge du 6% littéraire