Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent... – Eric-Emmanuel Schmitt
suivi de Kiki van Beethoven
Albin Michel – septembre 2010 – 198 pages
Quatrième de couverture :
Lors d'une exposition de masques, Beethoven revient dans la vie d'Eric-Emmanuel Schmitt : surpris, il se rappelle l'avoir aimé passionnément pendant son adolescence. Pourquoi ne l'écoute-t-il plus ? Pourquoi n'a-t-il plus eu besoin de sa passion, sa véhémence, sa noblesse ? Réfléchissant à partir de sa propre vie, Schmitt médite sur notre époque qui ne croit ni en Dieu ni en l'homme, où l'individu se sent broyé et inutile. Il ausculte notre temps désespéré que l'idéal de grandeur a quitté
Un essai brillant et intime, fait d'émotions, de surprises et d'émerveillements où Schmitt élucide ce génie, créateur d'une ''messe pour l'humanité'', un homme infirme, seul, malheureux, accablé par le sort, qui écrit pourtant une oeuvre énergique couronnée par un hymne à la joie. Comment peut-on avoir le sens du tragique et se montrer optimiste ? Tel sera le défi pour notre siècle ; tel est le message de Beethoven : il nous propose une philosophie et une morale humaniste dont nous avons un urgent besoin.
Auteur : Dramaturge, essayiste, romancier, scénariste à succès, Eric-Emmanuel Schmitt est l'un des auteurs les plus célèbres en France et dans le monde (traduit dans 42 pays). Son dernier livre, Concerto à la mémoire d'un ange, a été un des best-sellers du printemps 2010.
Mon avis : (lu en octobre 2010)
Ce livre fait partie de la série "Le bruit qui pense",(en hommage à la phrase de Victor Hugo : "La musique, c’est du bruit qui pense"). Cette série a été créée par Éric-Emmanuel Schmitt en 2005 avec le titre "Ma vie avec Mozart",et il prévoit de la poursuivre avec Bach et Schubert.
Ce livre se divise en deux parties. Tout d'abord « Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent...» et son CD avec six œuvres de Beethoven. Dans cet essai l'auteur nous évoque les différentes émotions qu'il a eu grâce à la musique de Beethoven. Tout en lisant Éric-Emmanuel Schmitt, on écoute la musique, et on comprend encore mieux ce que l'auteur nous raconte.
Et le titre du livre qui ne laisse personne indifférent... "Quand je pense que Beethoven est mort alors que d’autres crétins vivent", c’est une phrase que prononçait Mme Vo Than Loc le professeur de piano d'Éric-Emmanuel Schmitt.
Dans la deuxième partie, Éric-Emmanuel nous raconte l'histoire Kiki, femme ayant la soixantaine, elle va, grâce à un masque de Beethoven découvert dans une brocante, changer sa vie ainsi que celle de ses trois amies. Il est question de jeunesse perdue, d'émotions et de secrets ensevelis. Une histoire drôle et émouvante.
A noter que Kiki van Beethoven sera créée sous forme de comédie monologue à partir du 21 septembre 2010, au théâtre de la Bruyère, dans une mise en scène de Christophe Lindon, interprétée par Danielle Lebrun.
Extrait : (début du livre)
Entre Beethoven et moi, ce fut une histoire brève mais forte.
Il apparut dans ma vie lorsque j’avais quinze ans puis la quitta quand j’atteignais les vingt. Pendant cette période, il s’installa, poussa les meubles, cala ses disques à côté de mon électrophone, empila ses partitions sur le piano droit, enseigna à mes doigts ses pages les plus passionnées, m’arracha des larmes avec ses symphonies et devint le maître de mes doigts ses pages les plus passionnées, m’arracha des larmes avec ses symphonies et devint le maître de mes émotions, m’en insufflant de nouvelles, bouleversantes. Afin de marquer son territoire dans ma chambre d’adolescent, il introduisit, par l’entremise d’une tante qui revenait d’Allemagne, son buste en résine peinte, sculpture tourmentée qu’il me conseilla de placer sur ma table de nuit, sous le portrait de Mozart épinglé au mur. Ce fut la seule fois où je lui résistai ; par je ne sais quelle prudence – sans doute la crainte de ne pas m’endormir auprès de ce front où saillaient les tumultes du génie -, je laissai trôner son effigie dans l’ombre de la bibliothèque paternelle, à plusieurs murs de distance.
Intensément présent pendant cinq années, il s’éclipsa les décennies suivantes. Son départ coïncida avec la fin de ma longue adolescence. Il fuit quand je désertai la maison familiale. Au loin, le Beethoven ! Absent, anéanti ! Je n’y pensais plus, je ne l’interprétais plus, je ne l’écoutais plus.