Cosmétique de l'ennemi – Amélie Nothomb
Lu dans le cadre du Baby Challenge Contemporain 2011
Baby Challenge - Contemporain Livraddict : 9/20 déjà lus
Médaille en chocolat
Albin Michel – août 2001 – 140 pages
Livre de Poche – mai 2003 – 120 pages
Livre de Poche – mai 2003 – 120 pages
Digital publishing – 2007 - CD
Quatrième de couverture :
« Sans le vouloir, j'avais commis le crime parfait : personne ne m'avait vu venir, à part la victime. La preuve, c'est que je suis toujours en liberté. »
C'est dans le hall d'un aéroport que tout a commencé. Il savait que ce serait lui. La victime parfaite. Le coupable désigné d'avance. Il lui a suffi de parler. Et d'attendre que le piège se referme.
C'est dans le hall d'un aéroport que tout s'est terminé. De toute façon, le hasard n'existe pas.
Auteur : Née à Kobe (Japon) en 1967, issue d'une illustre famille bruxelloise, Amélie Nothomb découvre la Chine, New York, et l'Asie du Sud-Est lors des déplacements professionnels de son père, un ambassadeur belge. Née au Japon, elle reste profondément marquée par la culture nippone qu'elle porte dans son coeur et transpose dans ses écrits. Elle retourne en Belgique à l'âge de 17 ans et suit des études gréco-latines. En 1992, son roman 'Hygiène de l'assassin' est accueilli avec un énorme succès et se voit adapté sur grand écran. Frustrée de ne pas être restée au Japon, l'auteur y retourne et retranscrit cette expérience plus que déroutante dans 'Stupeur et tremblements', couronné Grand prix de l'Académie française en 1999. Ce livre marque une période de retrait médiatique pour l'écrivain qui aime provoquer, puis est adapté au cinéma en 2003. Se définissant elle-même comme une 'graphomane malade de l'écriture', elle sort un roman par an. Dans le 'Robert des noms propres', Amélie Nothomb romance la vie de son amie la chanteuse Robert. Son dix-huitième roman, 'Le voyage d'Hiver', est publié en 2009. Adulée, critiquée, marginale, Amélie Nothomb reste fidèle à ses idées, laisse vagabonder sa plume au gré des pages blanches et couche sur le papier des récits toujours plus originaux les uns que les autres.
Mon avis : (lu en octobre 2010)
Voilà un livre qui se lit d’une traite, l’action se situe dans un aéroport. Jérôme Angust attend son avion qui est annoncé avec un retard indéterminé. Son voisin Textor Texel commence a engager la conversation et commence à lui raconter sa vie. Le lecteur assiste au dialogue entre ses deux hommes et s’interroge, qui est ce Textor Texel ? Pourquoi a-t-il besoin de raconter sa vie à un inconnu ? Petit à petit, nous allons découvrir la psychologie des personnages et c’est après des rebondissements inattendus que nous comprendrons le fin mot de l’histoire dans les toutes dernières pages. Un livre typique de l’univers d’Amélie Nothomb.
Extrait : (début du livre)
Cosmétique, l’homme se lissa les cheveux avec le plat de la main. Il fallait qu’il fût présentable afin de rencontrer sa victime dans les règles de l’art.
Les nerfs de Jérôme Angust étaient déjà à vif quand la voix de l’hôtesse annonça que l’avion, en raison de problèmes techniques, serait retardé pour une durée indéterminée.
« Il ne manquait plus que ça », pensa-t-il.
Il détestait les aéroports et la perspective de rester dans cette salle d’attente pendant un laps de temps pas même précisé l’exaspérait. Il sortit un livre de son sac et s’y plongea rageusement.
- Bonjour, monsieur, lui dit quelqu’un avec cérémonie.
Il souleva à peine le nez et rendit un bonjour de machinale politesse.
L’homme s’assit à côté de lui.
- C’est assommant, n’est-ce pas, ces retards d’avion ?
- Oui, marmonna-t-il.
- Si au moins on savait combien d’heures on allait devoir attendre, on pourrait s’organiser.
Jérôme Angust approuva de la tête.
- C’est bien, votre livre ? demanda l’inconnu.
« Allons bon, pensa Jérôme, faut-il en plus qu’un raseur vienne me tenir la jambe ? »
- Hm hm, répondit-il, l’air de dire : « Fichez-moi la paix. »
- Vous avez de la chance. Moi, je suis incapable de lire dans un lieu public.
« Et du coup, il vient embêter ceux qui en sont capables », soupira intérieurement Angust.
- Je déteste les aéroports, reprit l’homme. (« Moi aussi, de plus en plus », songea Jérôme.) Les naïfs croient que l’on y croise des voyageurs. Quelle erreur romantique ! Savez-vous quelle espèce de gens l’on voit ici ?
- Des importuns ? grinça celui qui continuait à simuler la lecture.
- Non, dit l’autre qui ne prit pas cela pour lui. Ce sont des cadres en voyage d’affaires. Le voyage d’affaires est à ce point la négation du voyage qu’il ne devrait pas porter ce nom. Cette activité devrait s’appeler « déplacement de commerçant ». Vous ne trouvez pas que cela serait plus correct ?
- Je suis en voyage d’affaires, articula Angust, pensant que l’inconnu allait s’excuser pour sa gaffe.
- Inutile de la préciser, monsieur, cela se voit.
« Et grossier, en plus ! » fulmina Jérôme.