Mauvaise fille – Justine Lévy
Stock – septembre 2009 – 197 pages
Quatrième de couverture :
"Maman est morte, je suis maman, voilà, c'est simple, c'est aussi simple que ça, c'est notre histoire à toutes les trois. Tu en mets du temps à raconter les histoires, je me disais quand elle me racontait une histoire dans mon lit. Là c'est allé vite, si vite, le regard de maman dans le regard de ma fille, c'est là qu'elle est, c'est là que je la retrouve, et dans ses gestes aussi, dans les gestes impatients, un peu brusques, de ma petite fille doublement aimée. Maman vit en Angèle qui court sur une pelouse interdite. Maman me parle et me sourit quand Angèle lance son regard de défi aux adultes qui la rattrapent et la grondent. Maman est là quand Angèle tombe et se relève aussitôt, les dents serrées, pour ne pas pleurer. Elle est dans le cri qu'elle ne pousse pas, dans sa petite grimace d'enfant crâne qui ne compose pas. Partout, dans mon enfant, ma mère a laissé son empreinte."
Auteur : Justine Lévy est l'auteur du Rendez-vous et de Rien de grave.
Mon avis : (lu en septembre 2010)
C’est le premier livre que je lis de Justine Lévy. C’est une histoire de mères et de filles.
Louise attend son premier enfant et sa mère Alice est en train de mourir dans une chambre d’hôpital. Louise se sent coupable d'attendre cette enfant au moment où la vie de sa mère s'achève. Elle doute de sa capacité à devenir elle-même une mère. En effet, Alice n'a pas été un modèle de mère idéale. Mauvaise fille est en fait une auto-fiction. En effet, Justine Lévy avait des relations difficiles avec sa mère Isabelle Doutreluigne.
Ce livre se lit plutôt facilement, des passages graves côtoient des passages plus insouciants et parfois drôles. Ce livre est touchant et plein de sensibilité. J'ai été intéressée par ces rapports mère-fille.
Extrait : (début du livre)
Elle croit que je suis sa mère. Ça me fait peur, cette confiance qu'elle met en moi. C'est pas normal, je me dis. Elle le croit vraiment, que je suis sa mère. Elle ne sait pas que je suis cinglée, mauvaise, une catastrophe ambulante, un bloc de culpabilité, une punition. Je peux faire ce qui me chante, la mal aimer, la mal élever, la maltraiter même si je veux, je peux jeter ses doudous, la gifler, la gronder sans raison, faire la sourde oreille quand elle pleure, oublier l'heure du biberon, la changer ou ne pas la changer, elle m'aimera pareil, elle n'a pas le choix, elle m'aimera. Non, mon petit amour, mon petit ange, pardon mon bébé, pardon, mais c'est fou cette foi que tu as en moi, il ne faut pas, c'est dangereux, c'est comme ça que je l'ai aimée moi aussi, j'ai cru comme toi que maman était ma maman, qu'il suffisait d'être mère pour être une maman, j'aimerais tant que tu comprennes, je voudrais tant pouvoir te dire.
D'ailleurs, comment sait-elle ? Je ne suis même pas si souvent avec elle. Il y a la nounou, son papa, la mère de son papa, et moi bien sûr, mais maladroite, précautionneuse, presque timide, ma fille m'impressionne, elle me fixe, j'ai envie de mettre des lunettes noires quand je m'en occupe, elle a l'air si sérieux, elle me juge, je dois suinter la peur, la peur et la mère en même temps, c'est sûrement une question d'odeur, je change pourtant de parfum tous les jours, aucun ne me plaît, aucun ne me va, je transpire, ça doit être hormonal, un sale mélange d'hormones et de peur, je cocotte à mort, et elle sent pourtant que je suis sa mère, elle l'enfant, moi la mère, elle ne sourit pas quand elle me voit mais elle pleure quand je m'en vais, n'est-ce pas un peu notre histoire maman et moi ?
Après deux semaines de papa papa, j'étais découragée, jalouse, j'en voulais à la terre entière, je n'en pouvais plus – et puis un matin c'est venu, ma fille m'a dit maman, et c'était comme une caresse, un miracle, Maman n'est pas morte pour rien je me suis dit. Maman gagne toujours à la fin.