Seul le silence – RJ Ellory
Sonatine – août 2008 – 504 pages
LGF – août 2009 – 601 pages
traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabrice Pointeau
Quatrième de couverture :
Joseph Vaughan, écrivain à succès, tient en joue un tueur en série, dans l’ombre duquel il vit depuis bientôt trente ans. Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée. La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près. Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d’enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable, dont l’identité ne sera révélée que dans les toutes dernières pages.
Plus encore qu’un roman de serial killer à la mécanique parfaite et au suspense constant, Seul le silence marque une date dans l’histoire du thriller. Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, sans concession aucune, R. J.Ellory évoque autant William Styron que Norman Mailer par la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu’il met en jeu.
Auteur : R. J. Ellory est né en 1965. Après avoir connu l'orphelinat et la prison, il devient guitariste dans un groupe de rock, avant de se tourner vers la photographie. Seul le silence est son premier roman publié en France.
Mon avis : (lu en août 2010)
Voici un livre que je voulais lire depuis longtemps. Et cette lecture a été à la hauteur de mes attentes.
C’est l’histoire de la vie de Joseph Vaughan, il perd son père à l’âge de 12 ans, il est donc élevé seul par sa mère à Augusta Falls, une petite ville de Géorgie. Son institutrice, Alexandra Webber, décèle chez lui le potentiel d’un futur écrivain. Tout bascule le jour où une petite fille est sauvagement assassinée. C’est la première victime d’une série de meurtres de petites filles. Avec ses copains, Joseph crée le groupe des Anges gardiens, ils se promettent de toujours veiller sur leurs petites voisines. Mais les meurtres continuent à se perpétuer.
Des années plus tard, Joseph est devenu écrivain et il vit à New York, il va malheureusement croiser à nouveau la route de l’assassin. Il va vouloir alors venger les petites filles qu’il n’a pas su protéger et retrouver cet assassin insaisissable depuis trente ans…
Tout est dans l’ambiance et l’atmosphère de ce livre si superbement écrit.
L’intrigue efficace nous incite à garder le livre en mains et l'on découvre seulement à la fin qui est ce terrible meurtrier. Mais pour RJ Ellory l’essentiel n’est pas l’intrigue policière, mais l’histoire de Joseph, son jeune héros, écrivain en devenir, meurtri par la vie et bouleversé par les morts de ces petites filles. Tout lecteur ne peut que ressentir pour Joseph beaucoup d’empathie. Et l’on découvre également de superbes descriptions de l’Amérique rurale, mais aussi de New York.
Une très belle découverte d’un très grand roman.
Extrait : (début du livre)
Prologue
Coups de feu, comme des os se cassant.
New York : sa clameur infinie, ses rythmes métalliques âpres et le martèlement des pas, staccato incessant ; ses métros et cireurs de chaussures, carrefours embouteillés et taxis jaunes ; ses querelles d’amoureux ; son histoire, sa passion, sa promesse et ses prières.
New York avala le bruit des coups de feu sans effort, comme s’il n’avait pas plus d’importance qu’un simple battement de cœur solitaire.
Personne ne l’entendit parmi une telle abondance de vie.
Peut-être à cause de tous les autres bruits.
Peut-être parce que personne n’écoutait.
Même la poussière, prise dans le clair de lune filtrant par la fenêtre du deuxième étage de l’hôtel, soudain déplacée sous l’effet des coups de feu, reprit son chemin errant mais régulier.
Rien ne s’était produit, car c’était New York, et de telles morts solitaires et insoupçonnées étaient légion, presque indigènes, brièvement remémorées, oubliées sans effort.
La ville continuait de vaquer à ses occupations. Un nouveau jour commencerait bientôt, et rien d’aussi insignifiant que la mort ne possédait le pouvoir de les différer.
C’était juste une vie, après tout, ni plus ni moins.