Quand souffle le vent du nord – Daniel Glattauer
400ème livre commenté !
Grasset – avril 2010 – 352 pages
Livre de Poche - mars 2011 - 348 pages
traduit de l'allemand par Anne-Sophie Anglaret
Quatrième de couverture :
Un message anodin peut-il bouleverser votre vie ?
Leo Leike reçoit par erreur un mail d'une inconnue, Emmi Rothner. Poliment, il le lui signale. Elle s'excuse et, peu à peu, un dialogue s'engage, une relation se noue. Au fils des mails, ils éprouvent l'un pour l'autre un intérêt grandissant.
Leo écrit : « Vous êtes comme une deuxième voix en moi qui m'accompagne au quotidien. »
Emmi admet : « Quand vous ne m'écrivez pas pendant trois jours, je ressens un manque. »
Emmi est mariée, Leo se remet à grand-peine d'un chagrin d'amour. De plus en plus attirés l'un par l'autre, Emmi et Leo repousse néanmoins le moment fatidique de la rencontre...
Auteur : Daniel Glattauer, né à Vienne en 1960, écrit depuis 1989 des chroniques politiques et judiciaires pour le grand journal autrichien Der Standard, Quand souffle le vent du nord, son premier livre traduit en français, est son plus grand succès.
Mon avis : (lu en mai 2010)
Avant de lire ce livre, j'ai vu beaucoup de bonnes critiques sur la blogosphère et c'est sa présentation au Café Lecture mensuel auquel je participe qui m'a donné l'occasion de le découvrir avec beaucoup de plaisir. Ce livre a été publié en 2006 en Autriche, il a été traduit en France seulement 4 ans plus tard. L'histoire est simple, mais le style est original. En effet il s'agit d'un échange de mails entre un homme Leo et une femme Emmi. Tout a commencé lorsqu'Emmi a envoyé par erreur un mail à Leo Leike pour résilier un abonnement à la revue Like. Ils vont tous les deux se lancer dans une conversation virtuelle régulière. Leo vient d'être quitté par sa compagne, Emmi est marié avec deux enfants. Au début, ils ne se dévoilent pas trop mais essayent de deviner qui est l'autre. Plus leur relation virtuelle avance, plus ils se sentent attirés l'un par l'autre et deviennent peu à peu « accros » à leurs rendez-vous virtuels. Un jour, ils décident de se donner rendez-vous dans un café très fréquenté de la ville, pour voir s'ils pourraient se reconnaître. Bien sûr ils s'interdisent de s'aborder. Et... je n'en dirai pas plus pour garder toute la saveur du livre !
Ce livre se lit très facilement et je me suis laissée prendre au jeu et je n'ai pas pu lâcher le livre avant de l'avoir terminé... A découvrir !
Il existe une suite à ce livre, « Alle sieben Wellen », sortie en février 2009 en allemand mais pas encore traduite en français...
Extrait : (début du livre)
5 janvier
Objet : Résiliation
J'aimerais résilier mon abonnement. Puis-je m'y prendre ainsi ? Cordialement, E. Rothner.
18 jours plus tard
Objet : Résiliation
Je veux résilier mon abonnement. Est-il possible de le faire par mail ? Merci de me répondre au plus vite.
Cordialement, E. Rothner.
33 jours plus tard
Objet : Résiliation
Chère Madame, cher Monsieur des publications Like, si votre mépris souverain envers mes tentatives de résiliation a pour but d'écouler plus d'exemplaires de votre produit, d'un niveau hélas toujours plus mauvais, je dois malheureusement vous faire part de ma décision : je ne paierai plus !
Cordialement, E. Rothner.
8 minutes plus tard
RÉP :
Vous avez la mauvaise adresse. Je suis un particulier. Mon adresse : woerter@leike.com. Celle dont vous avez besoin : woerter@like.com. Vous êtes déjà la troisième personne à m'envoyer une demande de résiliation. Le magazine doit être devenu vraiment mauvais.
Cinq minutes plus tard
RE :
Oh, pardon ! Et merci pour ces explications. Bien à vous, E.R.
Neuf mois plus tard
Pas d'objet
Joyeux Noël et bonne année de la part d'Emmi Rothner.
Deux minutes plus tard
RÉP :
Chère Emmi Rothner, nous ne nous connaissons pour ainsi dire pas du tout. Cependant, je vous remercie pour votre sincère et si original mail groupé ! Il faut que vous le sachiez : j'aime les mails groupés destinés à un groupe auquel je n'appartiens pas. Sincères salutations, Leo Leike.
18 minutes plus tard
RE :
Veuillez excuser mon harcèlement épistolaire, Monsieur " sincères salutations " Leike. Vous vous êtes glissé par erreur dans mon fichier clients car, il y a quelques mois, j'ai utilisé sans le vouloir votre adresse mail pour résilier un abonnement. Je vais l'effacer tout de suite.
PS : Si pour souhaiter " un joyeux Noël et une bonne année " vous trouvez une formule plus originale que " joyeux Noël et bonne année ", n'hésitez pas à me le faire savoir. En attendant : joyeux Noël et bonne année ! E. Rothner.
Six minutes plus tard
RÉP :
Je vous souhaite d'agréables fêtes et espère de tout cœur que cette nouvelle année qui commence comptera parmi vos 80 meilleures. Et si entre-temps vous vous abonnez aux ennuis, n'hésitez pas à m'envoyer - par erreur - une demande de résiliation. Leo Leike.
Trois minutes plus tard
RE :
Suis impressionnée ! Bises, E.R.
38 jours plus tard
Objet : Pas un euro !
Très chère direction de Like, je me suis séparée de votre magazine trois fois par écrit et deux fois par téléphone (auprès d'une certaine Mme Hahn). Puisque vous persistez malgré tout à m'envoyer ce journal, je considère que cela vous fait plaisir. Quant à la demande de paiement de 186 euros, je serai ravie de la conserver en souvenir de Like quand, enfin, je ne recevrai plus aucun numéro. Mais ne comptez pas sur moi pour payer le moindre euro. Avec l'expression de ma considération distinguée, E. Rothner.
Deux heures plus tard
RÉP :
Chère madame Rothner, le faites-vous exprès ? Ou êtes-vous abonnée aux ennuis ? Sincères salutations, Leo Leike.
15 minutes plus tard
RE :
Cher monsieur Leike, je suis confuse. Je souffre malheureusement d'une maladie chronique du " Ei ", c'est-à-dire du " E " avant le " I ". Quand j'écris vite et qu'un " I " doit suivre, un " E " se glisse toujours dans mon mot. A tel point que mes majeurs se font la guerre sur le clavier. Le gauche veut toujours aller plus vite que le droit. Il faut dire que je suis une gauchère contrariée. La main gauche ne me l'a pas pardonné. Le bout de son majeur glisse toujours un " E " dans le mot avant que la main droite ne puisse placer un " I ". Veuillez excuser ce harcèlement, cela n'arrivera (probablement) plus. Bonne fin de soirée, E. Rothner.
Quatre minutes plus tard
RÉP :
Chère madame Rothner, puis-je vous poser une question ? Et en voici une deuxième : combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire le mail qui expose votre maladie du " Ei " ? Bises, Leo Leike.
Trois minutes plus tard
RE :
Deux questions pour vous répondre : combien de temps selon vos estimations ? Et pourquoi cette question ?
Huit minutes plus tard
RÉP :
Selon mes estimations, cela ne vous a pas pris plus de vingt secondes. Si c'est le cas, je vous félicite : en si peu de temps, vous avez réussi un message impeccable. Il m'a fait sourire. Et ce soir, rien ni personne d'autre n'y serait arrivé. En ce qui concerne votre deuxième question, pourquoi je vous demande cela : je travaille actuellement sur le langage dans les mails. Et maintenant je vous repose ma question : pas plus de vingt secondes, je me trompe ?
Trois minutes plus tard
RE :
Tiens tiens, vous travaillez sur les mails. Ça a l'air passionnant, et j'ai maintenant un peu l'impression d'être un cobaye. Mais tant pis. Avez-vous un site internet ? Si non, en voulez-vous un ? Si oui, en voulez-vous un plus joli ? Je travaille en effet sur les sites internet. (Jusqu'ici, il m'a fallu exactement dix secondes, je me suis interrompue mais c'était pour une discussion professionnelle, ça va toujours très vite.)
Vous vous êtes malheureusement complètement trompé dans vos estimations en ce qui concerne mon banal mail sur la maladie du " E " avant le " I ". Il m'a bien coûté trois minutes de mon temps. Et à quoi cela a-t-il servi ? Il y a quand même quelque chose qui m'intéresse : pourquoi avez-vous supposé qu'il ne m'avait fallu que vingt secondes pour écrire mon mail ? Et, avant de vous laisser à jamais en paix (à moins que les publications Like ne m'envoient encore une demande de paiement), je voudrais savoir autre chose. Vous écrivez : " puis-je vous poser une question ? Et en voici une deuxième : combien de temps vous a-t-il fallu… etc. ? " J'ai deux questions là-dessus. La première : combien de temps vous a-t-il fallu pour trouver cette blague ? La seconde : c'est ça votre humour ?
Une demi-heure plus tard
RÉP :
Chère et inconnue madame Rothner, je vous répondrai demain. Là, j'éteins mon ordinateur. Bonne soirée, bonne nuit, ça dépend. Leo Leike.