Seule Venise - Claudie Gallay
Éditions du Rouergue – mars 2004 – 304 pages
Actes Sud – décembre 2005 – 302 pages
Éditions du Rouergue – mai 2009 – 236 pages
Présentation de l'éditeur :
A quarante ans, quittée par son compagnon, elle vide son compte en banque et part à Venise, pour ne pas sombrer. C'est l'hiver, les touristes ont déserté la ville et seuls les locataires de la pension où elle loge l'arrachent à sa solitude. Il y a là un aristocrate russe en fauteuil roulant, une jeune danseuse et son amant. Il y a aussi, dans la ville, un libraire amoureux des mots et de sa cité qui, peu à peu, fera renaître en elle l'attente du désir et de l'autre.
Dans une langue ajustée aux émotions et à la détresse de son personnage, Claudie Gallay dépeint la transformation intérieure d'une femme à la recherche d'un nouveau souffle de vie. Et médite, dans le décor d'une Venise troublante et révélatrice, sur l'enjeu de la création et sur la force du sentiment amoureux
Auteur : Née en 1961, Claudie Gallay vit dans le Vaucluse. Elle est institutrice dans la campagne d'Orange, deux jours par semaine. Elle passe le reste de son temps à écrire dans son village natal, Saint-Savin, où elle puise toute son inspiration. Elle a publié plusieurs romans aux éditions du Rouergue : L'Office des vivants (2000), Mon amour ma vie (2002), Seule Venise (2004) et Dans l'or du temps (2006), Les déferlantes (2008).
Mon avis : (lu en novembre 2009)
J'ai découvert Claudie Gallay avec les déferlantes qui a été pour moi un vrai coup de coeur et depuis j'ai lu presque tous ses livres. « Seule Venise » (livre que je me suis offert) est dans ma PAL depuis très longtemps car j'ai toujours des livres de la bibliothèque plus pressés à lire...
Je profite donc du challenge « Les coups de cœurs de la blogosphère » et la proposition de Gil de découvrir l'auteur Claudie Gallay pour sortir de ma PAL « Seule Venise » et enfin le lire.
Ce livre est à la fois l'histoire de la narratrice femme de 40 ans qui vient d'être quittée et qui part sur un coup de tête à Venise et un hommage à cette ville mystérieuse et envoûtante. La narratrice loge dans une pension tenue par Luigi, elle y rencontre un prince russe en chaise roulante et un couple d'amoureux, Carla et Valentino. Elle se perd dans les rues de Venise pour la découvrir, elle va rencontrer un libraire, qui lui donne le goût des livres et lui fait découvrir les côtés cachés de Venise. On est sous le charme des descriptions précises et magnifiques de la Venise envoûtante en hiver, humide, désertée par les touristes et où l'on rencontre les vrais vénitiens. On ressent à la fois la mer, l'histoire, le vent et le froid. Ce roman est plein de mélancolie mais il va accomplir son rôle de guérison.
Pour imaginer Venise que je ne connais pas, je me suis souvenue d'un film vu il n'y a quelques mois sur Arte « Vacances à Venise » de David Lean avec Katharine Hepburn (film de 1955). Et en refermant le livre, j'éprouve une véritable envie de partir en voyage à Venise, de préférence à une époque sans touriste... Un très beau livre.
Extrait : (page 39)
Le matin, je marche. Je me perds. À midi, je rejoins les quais. Je déjeune dans une trattoria avec vue sur la lagune, l'île du Lido au loin et sur la droite, le palais des Doges. Il n'y a personne. Pas de touristes. C'est l'hiver.
Luigi m'a dit profitez-en, quand la bora va se mettre à souffler vous ne pourrez plus aller là-bas.
La bora, le vent des fous.
Un vent d'est qui descend des plateaux et vient se finir là, sur les bords de l'Adriatique.
Un vent voyageur.
La bora.
Début d'après-midi. Une brume légère tombe sur la ville, la lumière devient blanche, elle recouvre tout, elle trahit les formes, les ombres. Elle trompe les distances.
Un homme qui promène son chien m'explique qu'en face, sur l'île de la Cuidecca, il y a une prison pour femmes. Il dit que l'été, quand il fait très chaud, il les entend crier. Il dit aussi que les marins s'approchent pour entendre ces cris-là. Que certains en deviennent fous. Qu'ils ne veulent plus quitter Venise à cause de ces cris.
- Au printemps dernier, le Belem a accosté ici, Riva Degli Schiavoni.
- Le Belem ?
- Un voilier magnifique. Il fait le tour du monde.
Il me montre l'endroit. Il dit que c'est quelque chose de merveilleux la vue de ce trois-mâts à Venise. Dans cette lumière, avec toutes les hommes en salut sur le pont.
Extrait : "Toujours, des hommes et des femmes se sont rencontrés à Venise. Toujours, des hommes et des femmes se sont aimés. Ont bravé le vent.
Je vous regarde.
Je ne vous connais pas. Je vous rencontre.
- Vous rougissez.
Je détourne la tête.
Vous souriez.
C'est à cause de ça.
Votre sourire. Et votre voix. J'ai aimé votre voix comme on aime un corps.
On regarde ailleurs. L'eau découvre les marches, le bois pourissant des pieux.
Avec les lumières, on voit à l'intérieur des palais. Les lustres éclairés.
- Les vénitiens sont là. Ils seront là jusqu'à la fin.
Vous aussi vous êtes là, je dis, mais pas suffisamment fort. Vous n'entendez pas."
Lu dans le cadre du challenge proposition de Gil