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A propos de livres...
31 décembre 2009

Mes coups de cœurs en 2009

En ce dernier jour de l'année, voici l'occasion de faire un bilan de mes coups de cœurs de lectures en 2009 :

Ce n'est vraiment pas facile de faire un choix parmi tous les livres lus...

Romans francophones :

Le poids des secrets - Aki Shimazaki

tsubaki hamaguri tsubame Wasurenagusa hotaru_

    Tsubaki    -    Hamaguri   –  Tsubame  - Wasurenagusa  - Hotaru   

le_choeur_des_femmes Le Chœur des femmes – Martin Winkler

l_ancre_des_reves L'ancre des rêves - Gaëlle Nohant

les_naufrag_s Les Naufragés de l'île de Tromelin – Irène Frain

la_grand_m_re_de_jade La grand-mère de Jade - Frédérique Deghelt

la_petite_cloche_gr_le La petite cloche au son grêle – Paul Vacca

Romans étrangers :

l_ombre_du_vent L’ombre du vent – Carlos Ruiz Zafon

et_que_le_vaste_monde Et que le vaste monde poursuive sa course folle - Colum McCann

le_cercle_litt_raire Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffer, Annie Barrows

les_invit_s_de_l__le Les invités de l'île ou La Maison dans les dunes – Vonne van der Meer

le_bateau_du_soir Le bateau du soir – Vonne van der Meer

Romans policiers :

Un auteur : Thierry Jonquet

  Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

Les orpailleurs  Mon vieux

Du passé faisons table rase Ad vitam aeternam

Mémoire en cage  Moloch  Mygale

Le secret du rabbin

Millenium_1 Millénium 1 : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes - Stieg Larsson

mill_nium2 Millénium 2 : La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette - Stieg Larsson

mill_nium3 Millénium 3 : La reine dans le palais des courants d'air – Stieg Larsson

Bandes Dessinées :

Maus Maus : un survivant raconte - Art Spiegelman

tout_seul Tout seul – Christophe Chabouté

Romans ados :

le_crime_parfait Le crime parfait – Frank Cottrell Boyce

le_temps_des_miracles Le temps des miracles – Anne-Laure Bondoux 

papa_et_maman_sont_dans_un_bateau Papa et maman sont dans un bateau – Marie-Aude Murail

Et maintenant... à l'année prochaine !

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31 décembre 2009

Franz et Clara – Philippe Labro

franz_et_Clara_ franz_et_clara

Albin Michel – avril 2006 – 187 pages

Folio – septembre 2007 – 179 pages

Quatrième de couverture :

Pour moi, l'âge n'a aucune importance. Depuis la nuit des temps, les hommes et les femmes s'aiment d'amour, quelle que soit la différence. Il n'y a pas d'amour impossible. Philippe Labro

Auteur : Né à Montauban le 27 août 1936, dès ses 18 ans, Philippe Labro affûte sa plume alors qu'il étudie aux États-Unis et traverse le pays au cours de multiples voyages. De retour en France, Europe 1, Marie France et France Soir l'engagent comme reporter. Sa carrière décolle et on le retrouve à la présentation du journal télévisé de 13 heures sur Antenne 2 en 1982 et 1983. Il devient directeur général des programmes de RTL en 1985 puis vice-président de la station onze ans plus tard. Convaincu des bénéfices de l'alliance entre le journalisme et la littérature, Philippe Labro s'inspire de ses expériences et de ses observations sur la vie pour écrire des œuvres souvent autobiographiques. De son service militaire en Algérie (1960) naît le roman 'Des feux mal éteints', publié en 1967 et l'auteur reçoit, en 1986, le prix Interallié pour 'L' Etudiant étranger'. Viennent alors 'Un été dans l'Ouest' (1988), 'Quinze ans' (1992), 'La Traversée' (1996) ou encore 'Manuella' (1999). Les succès s'enchaînent mais l'écrivain sombre dans une dépression d'un an et demi et lutte pour survivre. Son combat fait l'objet d'un livre, 'Tomber sept fois, se relever huit' et en 2002 sort 'Je connais gens de toutes sortes', un ouvrage qui réunit des portraits divers. De Jack Nicholson à Jean-Jacques Goldman, ce livre est un recueil de vies. Professionnel adepte du changement, il s'essaie à la réalisation avec 'Tout peut arriver' en 1969. Journaliste, écrivain et cinéaste, Philippe Labro concilie ses activités avec brio et puise sa force de caractère dans ses faiblesses.

 

Mon avis : (lu en décembre 2009)

Ce livre est un surprenant roman d'amour qui se lit très facilement et rapidement. La première partie, nous raconte l'histoire de Franz, il a 12 ans mais il est intellectuellement plus âgé et Clara, 20 ans avec le cœur brisé. Au fil de leurs rencontres, chaque jour lorsqu'ils partagent leurs déjeuners sur un même banc au bord du lac, une tendresse grandit entre les deux. La seconde partie, ce sont les retrouvailles de Franz et Clara dix ans plus tard. Les deux personnages sont vraiment attachants et j'ai vraiment regretté que la seconde partie soit si courte.

Extrait : (début du livre) Prologue

Tout à l'heure, en levant les yeux du livre que j'étais en train de lire, j'ai vu, par la baie vitrée ouverte sur la forêt, un papillon blanc traverser l'espace. Il tournoyait.

Un papillon ne vole jamais droit, trop léger, il ne parvient pas à maintenir une ligne continue. Il faisait donc un peu n'importe quoi, comme tous les papillons, il s'agitait de haut en bas, de gauche à droite. Cependant, nous savons bien qu'aucune espèce, volante ou pas, ne fais véritablement jamais « n'importe quoi ». Chacune évolue selon un dessein préétabli et respecte un projet, et ce papillon en avait un : il allait quelque part, à la recherche de quoi, au juste ? Mais peut-être aussi, ne recherchait-il rien, et ne faisait-il que passer, représentation parfaite de l'éphémère de toutes choses.

Pas moins fragile qu'un flocon de neige qui tombe sur de la neige, ou que le pétale d'une fleur de cerisier vacillant sous l'effet du vent, au-dessus du lit d'une rivière. Pas moins fragile, mais pas moins évident : chaque instant de la vie se fixe en nous, au moment même où il nous échappe.

Je me suis demandé si cette créature blanche sur le fond vert de la forêt pourrait apparaître à nouveau, si le papillon reviendrait dans mon champ de vision, s'il caresserait l'air une deuxième fois. Il ne l'a pas fait. J'ai pensé que la brièveté de son passage était égale à celle de cette période de mon existence lorsque j'ai rencontré un être, plus jeune que moi, qui n'était plus tout à fait un enfant, certainement pas un homme, et que l'on ne pouvait qualifier d'adolescent. Franz, le garçon sur le banc, avec un petit sac en papier kraft posé à ses côtés.

30 décembre 2009

Challenges 2010

Après les deux premiers challenges auxquels je me suis inscrite mi-novembre et qui sont en cours :

coeur_vs31er challenge : Les coups de coeur de la blogosphère

livre n°1 :   Seule Venise - Claudie Gallay  proposé par Gil

livre n°2 :  Elle s'appelait Sarah - Tatiana de Rosnay proposé par Suffy

livre n°3 : L'attrape-cœurs - J. D. Salinger proposé par Anneso

livre n°4 : Mon enfant de Berlin -Anne Wiazemsky  proposé par Clarabel

livre n°5 :  Ravel - Jean Echenoz proposé par Denis

livre n°6 : Le cœur est un chasseur solitaire - Carson McCullers proposé par Brize

livre n°7 :  Le club des incorrigibles optimistes - Jean-Michel Guenassia proposé par Clarabel

livre n°8 : A l'ouest - Olivier Adam proposé par Amy

livre n°9 : La mécanique du cœur - Mathias Malzieu proposé par Lael

livre n°10 : Hunger games - Suzanne Collins proposé par Clarabel et Gawou

challenge_100_ans_article_300x225 2ème challenge : 100 ans de littérature américaine

livre n°1 :  Jours de fête à l'hospice - John Updike

livre n°2 :  L'attrape-cœurs - J. D. Salinger

livre n°3 :  La couleur pourpre – Alice Walker

livre n°4 :  Le cœur est un chasseur solitaire - Carson McCullers

livre n°5 :  Un été prodigue – Barbara Kingsolver 

En cette fin d'année, je me suis inscrite à de nouveaux challenges :

a_lire_et_a_manger 3ème challenge : A lire et à manger

Ce challenge est organisé par Chiffonette et il s'agit de lire un roman culinaire et d'en adapter une recette...

Je n'ai pas encore choisi le livre pour ce Challenge... peut-être Une gourmandise de Muriel Barbery qui se trouve dans ma PAL (perso).

logo_challenge_ABC 4ème challenge : Challenge ABC 2010

Challenge organisé par Miss Giny et Ankya, il s'agit de lire 26 livres avec un auteur pour chaque lettre de l'alphabet... certaines lettres sont difficiles à trouver !

Voici ma liste qui peut encore un peu évoluer :

A – Aslam Nadeem - La veine attente

B – Benameur Jeanne – Présent ?

C – Conroy Pat – Le prince des marées

D - Decoin Didier - Les 3 vies de Babe Ozouf

E – Echenoz Jean – Ravel

F – Follett Ken – Un monde sans fin

ou Francis Scott Fitzgerald - L'étrange histoire de Benjamin Button

G – Gavalda Anna - L'échappée belle

H – Heuré Gilles - L'homme de cinq heures

I – Indridason Arnaldur – Hypothermie (à paraître)

J – Johnson Maureen – 13 petites enveloppes bleues

K – Kingsolver Barbara - Un été prodigue

L – Läckberg Camilla – Le tailleur de pierre

M – Mankell Henning

N – Nesbo Jo

O - Ovaldé Véronique - Ce que je sais de Véra Candida

P – Perez-Reverte Arturo – Le cimetière des bateaux sans noms ou Le peintre des batailles

Q – Queffelec Yann - Les noces barbares

R – Radge Anne B. – La ferme des Neshov (à paraître)

S – Saubade Valérie - Happy Birthday grand-mère

T – Tropper Jonathan - Perte et fracas

U – Unger Lisa

V – de Vigan Delphine - Les heures souterraines 

W – Winkler Martin - Les Trois Médecins

X - Xinran - Chinoises

Y - ?

Z – Zweig Stefan - Le voyage dans le passé

logo_coup_de_coeur_polar_oiseaux_coeur 5ème challenge : Coup de coeur polar 2009

Challenge organisé par Fersenette, chaque participant fait une liste de ses 3 coups de coeur polar en 2009, puis il lira un des coups de coeur proposé qu'il ne connaît pas.

Mes trois polars coups de coeur pour 2009 sont :

1 - Millénium 1, 2 et 3 de Stieg Larsson (Suède)

2 - Hiver arctique de Arnaldur Indridason (Islande)

3 - La princesse de glace de Camilla Läckberg (Suède)

29 décembre 2009

Loving Frank – Nancy Horan

loving_frank Buchet-Chastel – septembre 2009 – 539 pages

traduit de l'américain par Virginie Buhl

prix Fenimore Cooper de la meilleure fiction historique

Quatrième de couverture :

Au début du XXe siècle, la bonne société de Chicago resta foudroyée par le soufre d'un scandale sans précédent.
Pour l'amour éperdu d'un homme, une femme osa l'impensable et commit l'irréparable. Elle en paya le prix toute sa vie. Elle s'appelait Mamah Borthwick Cheney. Lui n'était autre que Frank Lloyd Wright, l'enfant génial et rebelle de l'architecture américaine à qui Mamah et son mari Edwin Cheney avaient demandé, en 1903, de construire leur nouvelle maison. En 1909, tombée entre-temps follement amoureuse du célèbre architecte, Mamah choqua une époque pudibonde et dévote en quittant son mari et ses deux jeunes enfants pour suivre Frank Lloyd Wright en Europe. Ce dernier, tout aussi épris, laissait derrière lui une Amérique stupéfaite, une épouse et six enfants... Enchaînés par la passion, mais hantés par une culpabilité intolérable, ils firent la une de la presse américaine durant leurs séjours en Allemagne, en Italie et à Paris, lors de la grande crue de 1910...
Mais aucun journal à sensation n'aurait pu prévoir ce qui adviendrait à ce couple maudit de retour aux États-Unis, en 1914. La violence du dénouement verra - au-delà du déchirement des familles Cheney et Wright - le monde pétrifié.
Pour la première fois nous est contée l'histoire de l'émancipation très en avance sur son temps de Mamah Borthwick, et de son amour pour l'un des plus grands maîtres de l'architecture moderne.

Auteur : Nancy Horan est écrivain et journaliste. Loving Frank est son premier roman. Elle vit en famille sur l’île de Puget dans l’état de Washington.

Mon avis : (lu en décembre 2009)

Ce livre est une fiction historique qui commence en 1903 aux États-Unis. Il raconte l'histoire d'amour entre Franck Lloyd Wright et Mamah Borthwick. Franck est un architecte américain connu, il est marié et a six enfants. En 1903, Edwin et Mamah Cheney font appel à lui pour construire leur maison à Chicago. Edwin et Mamah ont trois enfants. C'est à cette occasion que Frank et Mamah se rencontrent et tombent amoureux l'un de l'autre. En 1909, malgré l'Amérique puritaine et la presse à scandale, Mamah n'hésite pas à suivre Frank en Europe où ils pourront vivre plus tranquillement leur amour. En Europe, Mamah Borthwick cherche également à se réaliser par elle-même, elle va rencontrer Ellen Key féministe suédoise et devenir sa traductrice américaine officielle. Mais la presse les oblige à rentrer aux États-Unis en 1914, dans Taliesin leur nouvelle maison du Wisconsin. Ils ont fait l'un et l'autre preuve de liberté préférant sacrifier leurs familles pour se réaliser personnellement. Mais ce ne sera pas facile d'être à la une de la presse à scandale et d'être rejeté par une société très conventionnelle. L'amour de Franck et Mamah nous transporte et nous bouleverse, leur histoire est émouvante et attachante. J'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir, les personnages sont passionnants et j'ai beaucoup aimé découvrir cette période de début du siècle XXème siècle. J'ai été bouleversée par un épilogue inattendu et tragique.

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Franck Lloyd Wright et Mamah Borthwick

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la maison de Taliesin dans le Wisconsin

Extrait :  (page 37)

Le sourire aux lèvres, Frank se leva pour scruter le contenu du carton. « Qu’y a-t-il d’autre là-dedans ?
- Oh, une partie de mes vieilleries. Des papiers… »
Il se rassit et la regarda : « Racontez, je veux tout savoir. »
Racontez, je veux tout savoir. Il aurait aussi bien pu dire : Enlevez votre robe.
L’un après l’autre, elle avait sorti tous les objets de la boîte. Elle lui avait montré son mémoire de maîtrise et la photographie de sa remise de diplôme. Elle lui avait parlé des années qu’elle avait passées à Port Huron comme professeur d’anglais et de français au lycée, avec Mattie, son amie de l’université. Elle lui avait montré des photos de sa famille, devant leur demeure d’Oak Park Avenue.

«Ce doit être vous, là.

- Mm-mmh. Voici ma sœur Jessie. C'était l'aînée. » en désignant la jeune adolescente qui souriait du haut de ses seize ans, Mamah sentit une tristesse familière lui serrer le cœur. « Et Lizzie. Elle n'a guère changé, n'est-ce pas ? La deuxième des trois sœurs. »

Frank avait reporté son attention sur la fillette aux cheveux noirs qui prenait la pose avec une si belle assurance, un maillet de croquet dans une main, une jambe crânement croisée devant l'autre. « Quel âge aviez-vous ?

- Douze ans.

- Quel cran pour une petite fille !

- Oui, je pense que c'était mon âge d'or. J'étais plus intelligente que je ne l'avais jamais été jusqu'alors ou ne le suis depuis. Rien n'était en demi-teintes. J'idolâtrais mon père. J'aimais follement mon chien. J'adorais lire. »

23 décembre 2009

En pause... et c'est Noël !

Je pars quelques jours en vacances...

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Que Noël apporte à chacun Paix, Amour, Fraternité et Santé !

Joyeux Noël

@@@@@

Quand Noël S'en Vient - Anne Sylvestre

Refrain : Quand Noël s'approche
Quand Noël S'en Vient
Dans un tourbillon de cloches
Dans une odeur de sapin
Soudain les lumières changent
On se sent le cœur nouveau
Tous les enfants sont des anges
Tous les sourires sont beaux


Quand l'hiver nous pousse
A nous tenir au chaud
Quand les maisons douces
Ferment leurs carreaux
Quand on se protège
Contre le vent froid
Que tombe la neige
Ou n'tombe pas

Refrain

Que tout se prépare
A grandes précautions
Et pas de retard
Les filles les garçons
Il y a des surprises
Un peu dans tous les coins
Mais ça s'éternise
Que c'est loin...

Refrain

Au fond des cuisines
On n'a pas de repos
Une odeur divine
Monte des gâteaux
On fait des merveilles
Avec un simple four
Et jusqu'à la veille
Du grand jour...

Refrain

Il faut qu'on se mette
A frotter la maison
Et que les fenêtres
Allument leurs lampions
Que chacun revête

Ce qu'il y a de mieux
Et brille la fête
Dans les yeux...


Refrain

Que ça carillonne
Du soir au matin
Que surtout personne
N'oublie ses voisins
Dans la maison chaude
Quand viendra minuit
Que la part du pauvre
Soit servie

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22 décembre 2009

Le Palais Japonais - José Mauro de Vasconcelos

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traduit de l'anglais par Cécile Tricoire

Hachette jeunesse – octobre 1999 – 118 pages

Hachette jeunesse – octobre 2002 – 121 pages

Quatrième de couverture :

A Sao Paulo, tout le monde connaît la place de la République. Mais le Palais japonais, lui, n'apparaît qu'à ceux qui le méritent... Pedro est un de ces heureux élus. Tandis qu'il s'approche de l'entrée, un enfant court à sa rencontre et l'appelle. Pedro comprend alors qu'il est attendu depuis longtemps. Le Palais va enfin pouvoir lui livrer ses secrets...

Auteur : José Mauro de Vasconcelos (26 février 1920 à Rio de Janeiro - 25 juillet 1984 à São Paulo) est un écrivain brésilien. Écrivain aux origines indiennes et portugaises, il est l'auteur de Mon bel oranger, Allons réveiller le soleil et Le Palais Japonais, inspiré de son enfance difficile et devenu un classique de la littérature enfantine, ainsi que d'une quinzaine de romans et de récits. Sportif et voyageur, il a pratiqué de nombreux métiers, notamment dans le monde du cinéma et de la télévision.

 

Mon avis : (lu en décembre 2009)

A l'origine, ce livre a été écrit en 1969, il emprunte sa forme au conte traditionnel, mais l'histoire se déroule au Brésil, à Sao Paulo en plein cœur de la modernité.

Pedro est un artiste peintre, triste et sans inspiration, il mène sa vie tant bien que mal jusqu'au jour où il fait une rencontre sur la place de la République à São Paulo qui va changer sa vie... il trouvera le chemin du Palais japonais, où il rencontrera le petit Prince, qui donnera du sens à sa vie et lui permettra de retrouver son inspiration.

Ce conte empreint à la fois de sagesse et de gravité nous entraine dans un monde magique et merveilleux. L'histoire est belle, pleine de poésie. J'ai été envahie par l'émotion en lisant ce livre qui aborde le thème de la mort avec beaucoup de délicatesse.

Extrait : (début du livre)

S'il pleuvait, il se recroquevillait un peu plus dans sa tristesse et n'avait plus envie de rien faire... On aurait dit que la paresse se collait à la pointe de chacun de ses doigts engourdis et que son âme était suspendue comme un hamac aux crochets de l'indifférence. Il restait des heures et des heures le visage derrière l'unique carreau de l'unique fenêtre de sa modeste chambre. Le visage collé contre la vitre à regarder la pluie se répandre en gouttelettes sur les feuilles du jardin abandonné. Il trouvait beau, dans son humble contemplation, qu'une même terre donne naissance à deux arbres différents. Et que des fleurs aussi voisines soient si différentes dans leur forme et leur couleur.

Si le jour devenait gris, chagrin et froid, il sortait de chez lui les mains dans les poches, le col de sa veste relevé cachant ses joues maigres. Ses cheveux lisses d'un blond cendré tombaient sur son front, encadrant ses traits fins, ses yeux presque bleutés. Il n'avait envie de rien. Il marchait au long des rues, se mêlait à la foule, pour s'y fondre comme s'il n'était plus rien, pour n'être plus rien. S'il avait de l'argent, il mangeait un peu mieux. S'il ne lui restait que quelques sous, il prenait un simple café au lait et deux tartines sans beurre, c'est ce qu'il y avait de moins cher. Ou encore il gardait l'estomac vide jusqu'à ce qu'il rencontre une personne de sa connaissance, un ami qui lui prête un peu d'argent. Sans rien demander, c'était plus sûr pour ne pas avoir à rembourser.

Pour la chambre de la pension, il avait parfois un peu de retard. Mais s'il lui arrivait de faire une bonne affaire, il payait plusieurs mois à l'avance. La propriétaire avait pitié de lui, comme d'un petit animal dans son cocon, qui ne dérangeait personne et souriait comme seuls les anges devaient sourire.

A l'atelier la chance le protégeait encore plus. Parce que M.Matias, le vieux Portugais, lui prédisait qu'un jour ou l'autre il serait un grand artiste et que ses tableaux vaudraient très cher. C'est pourquoi ça ne le gênait pas de recevoir un dessin ou un tableau en guise de loyer. « Un jour de plus, un jour de moins !... » Et pour sa gentillesse, il recevait en plus ce grand sourire qui illuminait le visage du jeune homme.

Mais aujourd'hui il faisait très beau. Le mois d'avril était arrivé avec son équilibre enchanteur. Roi de tout le bleu du ciel, apportant le premier baiser du froid. De quoi mettre un peu de courage au cœur. Comme ça, oui. L'envie lui revenait d'aller à l'atelier, de travailler un peu en sifflotant un air, toujours le même durant des heures, tant il était absorbé.

Il achevait de s'habiller et tentait de mettre ses cheveux en place en se peignant. Avant même d'arriver dans la rue, ils glisseraient de nouveau sur son front, pensant que là était leur vraie place. Il ouvrit la porte de la chambre et décida de sortir. Avant de la refermer, il jeta un coup d'oeil pour voir s' « ils » le suivaient.

« Ils », les fantômes de son enfance. Quand il emmenait derrière lui le petit train et la petite pirogue, c'était bien. Il marchait dans la rue, traversait au feu avec prudence pour qu'il n'arrive rien à ses petits fantômes imaginaires qui le suivaient en s'abritant à l'ombre de sa tendresse. Pedro était comme ça. Oui, comme ça.

21 décembre 2009

Testament d'un paysan en voie de disparition – Paul Bedel et Catherine Ecole-Boivin

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Préface de Claudie Gallay

Presse de la Renaissance – octobre 2009 – 250 pages

Quatrième de couverture :

« Je suis heureux avec rien, avec rien de ce qui s'achète mais aussi avec rien de ce qui se voit... »

Et si Paul Bedel, paysan de la pointe de la Hague reste par choix à la traîne du progrès, vous racontait sa vie d'agriculteur ? S'il vous révélait ses " houoles ", ses coins pour pêcher le homard ? S'il vous présentait ses vaches, Echalote, qui " sentait l'oignon " ou Copine, " toujours sympa avec tout le monde "? S'il vous parlait " des choses qui n'arrivent qu'aux vivants ", de ses coups de gueule, de ses coups de vie? Avec le succès du livre Paul dans les pas du père et du film Paul dans sa vie, Paul Bedel est devenu le passeur d'un monde en voie de disparition. Chaque année, des centaines de personnes lui rendent visite pour l'entendre témoigner de ce choix de vie, celui d'une existence toute simple. Avec ce Testament, Paul Bedel vous invite vous aussi à boire une tasse de café accompagnée de petits-beurre, sur une table en bois patinée par les ans, et à l'écouter. En refermant ce livre, vous aurez le sentiment d'avoir rencontré un homme bon, serein et clairvoyant. L'impression de la terre, son silence et sa liberté.

Auteurs :

Paul Bedel pensait que sa vie n'avait servi a rien, puisqu'il n'a pas eu d'enfants. Mais à 79 ans aujourd'hui, il est invité à des dizaines de conférences et a accueilli plus de 7 000 visiteurs chez lui, à la Hague.

Catherine Ecole-Boivin, originaire de la Hague, vit à Nantes. Elle est historienne et mémorialiste. Testament d'un paysan en voie de disparition est son onzième ouvrage consacré aux paysages humains de sa région.

Mon avis : (lu en décembre 2009)

C'est avec le film « Paul dans sa vie » que j'ai fait connaissance pour la première fois avec Paul ce paysan atypique de la Pointe de La Hague.

Dans le livre, je l'ai retrouvé égal à lui-même. Il est maintenant à la retraite et il raconte ses souvenirs à Catherine Ecole-Boivin. Il nous parle du temps qui passe, de sa vie de paysan, de ses vaches, une vie de travail dans un environnement magnifique entre terre et mer, de son plaisir d'aller à la pêche dans ses rochers. Il nous confie aussi certains de ses secrets... Il nous parle de son pays d'Auderville à la pointe de La Hague.

C'est plein de poésie et Paul est un homme d'une grande gentillesse, plein de bon sens, de malice, terriblement sensible et attachant. Je vous encourage vraiment à lire ce livre et surtout à voir le film « Paul dans sa vie » réalisé en 2006 par Rémi Mauger.

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Description : Paul Bedel aura bientôt soixante-quinze ans. Il est vieux garçon, paysan, pêcheur et bedeau. Il vit dans une ferme d'un autre âge avec ses deux sœurs cadettes, célibataires elles aussi. Cette année, ils raccrochent : «Ça va faire un vide dans le paysage...». Leur territoire, c'est le cap de la Hague. L'air y est vif, les vents imprévisibles, le granit rugueux, l'horizon immense. Ici, Paul a résisté aux sirènes de la modernité, soucieux de préserver et cultiver son lien à la nature. Au XXIe siècle, il nous l'offre en héritage.

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C'est grâce au film "Paul dans sa vie" que j'ai voulu découvrir le nord Cotentin en août 2008.

Extrait : Le temps

J’suis un paysan sans histoire, un matériel d’avant guerre, né le 15 mars 1930 «à la ferme», dans une petite commune de la Hague, au bout de la terre d’Auderville.

Je m’appelle Paul Bedel.

Jeune sacristain, quand je sonnais le trépas, je souriais sans penser à mon dernier moment. Je tirais à bras, ça tirait dur. C’est long, quand t’es seul pendu au bout d’une corde ! Pauvre Gusto ! Le corps suivait, je rendais hommage à ma manière au bonhomme ou à la bonne femme s’envolant pour le paradis. Ça pouvait durer jusqu’à une demi-heure, suivant le niveau social de la personne morte. Ça et le travail de la terre, ça m’a fait les muscles et les os. Maintenant qu’on est au tout-électrique, j’actionne trois manettes et j’annonce. Chacun dorénavant a le droit au même temps de cloches. Notre campanile en possède deux. C’est pas plus mal, le même temps pour tous, puisque, dans le cimetière, t’es plutôt dans le bas niveau pour tout le monde.

À vrai dire, aujourd’hui je gagne quelques minutes sur ma retraite de paysan, car je suis très occupé. Mes heures sont comptées de par tous les bouts de par où je me trouve, dans mes activités comme dans ma vieillesse.

Trois tours de chaque bitoniau, et les cloches sonnent seules. J’écoute si elles démarrent, elles carillonnent faux parfois. Puis je referme la sacristie, je glisse la clé dans mon paletot, je me signe à genoux.

Dehors, je prends un coup de vouêtie (vent frais), je replace ma gapette sur mes oreilles. Mes pas crissent sur le gravier blanc du cimetière. Je me dépêche, brimbalant ma silhouette crochue d’avoir trop porté sur mon dos.

Je déboule dans ma rue.

Un petit regard vers la mer, une bonne brise court sur l’eau. Un petit coup d'œil sur ma girouette en forme de vache sur mon étable, je hume l’air à la manière de mes ancêtres, de l’homme qui sait parce qu’il a regardé. Les vents n’ont pas changé.

Un bonjour pincé à une vaésaine (voisine) qui promène son pulvérisateur, son chien. Il pisse sur notre bel hortensia dont maintenant les feuilles ont cuit. Heureusement elle ne vient que le week-end ! En semaine, la pauvre plante tente de reprendre le dessus.

Je rentre à la maison, le téléphone sonne déjà ! Un des paroissiens m’appelle pour me demander :

— Paul, c’est qui qu’est mort ?

Invariablement je réponds :

— Ben c’est pas moi !

Actuellement, cette petite blague me donne encore bien du plaisir, t’as pas idée. Si tu réponds au téléphone encore haletant d’avoir galopé jusqu’à l’église, tu te dis que t’es encore vivant. Et l’autre, au bout du fil, te rouspète :

— Veux-tu être sérieux, Paul ! J’sais que c’est pas toi qu’es mort puisque tu me réponds, bougre d’innochent !

Certain que dans la vie vaut mieux être un nigaud vivant qu’un nigaud mort ! Seulement dans les autres communes, Paul sonne pas le trépas.

Parfois je reçois des coups de fil peu réjouissants. La roue tourne pour les êtres aimés.

Pour moi qui arrive à échéance, ce sera un autre jour.

Extrait : L’horloge

Notre horloge «Marchand d’Equeurdreville», poids en fonte bien lourds, est née avant moi, j’ai pas connu sa naissance mais elle a accompagné la mienne. La matrone du village, l’accoucheuse, a regardé ses aiguilles au moment où je suis venu au monde, dans la maison où je vis encore. Notre vieille caisse vient des anciens, des arrière-grands-parents, même plus vieux peut-être. Elle a réglé ma vie et marche à l’heure solaire. Françoise, ma soeur née en 1937, la remonte chaque semaine en râlant la même phrase :

— Vieille garce, dire que la semaine est passée !

En marquant notre temps elle rythme notre semaine de huit jours, celle venant de dégringoler et on repart pour une autre. Le temps, ça passe, ça décline, en revanche ça paraît quand même moins à l’heure solaire. Notre horloge en dit long sur l’échéance de nos existences qui nous poursuit comme un huissier de justice. Elle possède un petit décalage, très léger, j’ai bricolé le rivelin, le filin usé, rendu mou avec les années. J’ai entortillé un vilain nœud. Elle déconnait trop, ça nous mettait en avance !

Et chez nous, nous aimons prendre notre temps.

Il y a quinze ans, elle a connu un événement grave. Quand je l’ai vue sur la table, éventrée, en morceaux, j’ai pensé :

— T’es raide, ma pauvre vieille !

Certainement qu’on ne choisit pas sa mort, l’horloge n’avait pas choisi sa panne, l’usure à l’évidence. Quelqu’un de ma famille l’a prise chez lui sous son bras. Il a joué au dentiste avec elle, faut dire qu’il est doué pour réparer.

Le rouage, comme les mâchoires des vieux, avait perdu une dent, un cran de cuivre indispensable à son mécanisme. Ce cran mâchouillé l’empêchait de se réenclencher, alors il lui a rectifié le dentier. Un bon coup de lime et hop ! elle est repartie comme en quarante. Je la jalouse un peu depuis, mes mauvaises dents broyées m’obligent à mâcher du côté droit, je devrais aller chez le dentiste, mais j’ignore si des fois ça vaut le coup de réparer une bagnole en fin de course comme moi, enfin bref, je ne mâche plus que d’un côté. L’horloge, elle, depuis son séjour chez son chirurgien d’occasion, a toujours ses deux mâchoires intactes.

Les vieilles garces, on le sait, ont la peau dure !

Durant quelques jours, lors de sa réparation, on a été privés du tic et tac. Maman n’arrivait plus à tricoter, le tic-tac des secondes lui manquait, elle sautait les points de son tricot depuis si longtemps rodé à son mécanisme. Lorsqu’on vidait la maison pour les cllos, nos champs, et qu’on partait bosser tous les trois, mes deux sœurs et moi, la pauvre maman se sentait abandonnée dans ce silence. À notre retour elle nous demandait avec impatience :

— Mais quand est-ce qu’elle revient, la vieille ?

L’horloge, pour elle, ça lui faisait une compagnie, un bruit de fond dans la maison.

L’horloge, une fois revenue, a hérité d’un faible décalage, un mal pour un bien car maintenant, naturellement, elle s’est mise à l’heure terrestre. À croire qu’elle sait compter. On entrevoit un léger écart, c’est perceptible depuis des décennies. Cet écart dont on parle parfois dans les émissions des savants.

D’ailleurs, il y a soixante-dix ans le soleil se levait un peu plus décalé par rapport à la Vierge qui, elle, n’a pas bougé, placée sur notre cheminée. Le soleil passe par le même carreau de fenêtre mais avec deux centimètres de différence. Je l’ai observé.

Notre grosse caisse se prend pour la pendule universelle et joue de la musique. Elle sonne les demi-heures en tintant d’un coup, et les heures par autant de dong que le nombre d’heures. Pour les heures, elle recommence son tintamarre une minute après avoir sonné la première fois, comme ça quand tu dors, si t’as pas compris l’heure qu’il est, elle te le rappelle : dong, dong, dong, dong, dong, avec pour finir un léger couinement de cinq heures. De ton lit, tu as beau l’engueuler, elle recommence son tintamarre, tu n’as plus qu’à te mettre le traversin sur les oreilles.

19 décembre 2009

Loin des bras – Metin Arditi

loin_des_bras Actes Sud – août 2009 – 423 pages

Présentation de l'éditeur :

L'Institut Alderson, pensionnat suisse pour gosses de riches, traverse des jours difficiles et pourrait changer de propriétaire. Aussi le petit cénacle des professeurs vit-il des jours angoissés. Ici chacun panse une blessure ou dissimule un secret : un deuil, le vice du jeu, le déshonneur d'avoir été "collabo", la lâcheté déguisée en pacifisme, l'opprobre antisémite, des amours "contre nature", le sentiment d'avoir été abandonné... Dans ce refuge de solitudes et de destins brisés, la paroi des silences se fendille peu à peu, laissant à nu des êtres qui doutent autant d'aimer les autres que de s'aimer eux-mêmes. En courts chapitres extrêmement prenants, Metin Arditi raconte ces quelques mois de crise. Il pousse chacun de ses personnages à assumer ses faiblesses. Metin Arditi est un conteur hors pair et son roman est de ceux qui captivent. Le théâtre, la danse, la littérature nourrissent un récit bondissant, aux ramifications multiples, qui pourtant jamais ne s'écarte de sa magistrale orchestration.

Auteur : Né à Ankara, Metin Arditi vit à Genève. Ingénieur en génie atomique, il a enseigné à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Chez Actes Sud, il est l'auteur de Dernière lettre à Théo (2005), La Pension Marguerite (2005), L'Imprévisible (2006), Victoria-Hall et La Fille des Louganis (2007).

Mon avis : (lu en décembre 2009)

J'avais déjà lu avec beaucoup de plaisir « La pension Marguerite » et «La Fille des Louganis» du même auteur. Ce livre se lit facilement car il est construit avec de nombreux chapitres courts. C'est un livre sur la solitude.

Cela se passe en 1959 dans un pensionnat de garçons en Suisse. « Ici, c'est la foire aux voiles déchirées. Chacun a subi la tempête. C'est d'ailleurs ce qui nous rassemble. Les élèves, les professeurs, le personnel, Mme Alderson... » Les élèves sont des enfants de riches : « des enfants qui, à sept, huit, dix ans, croisent à peine leurs parents... qui des mois durant ne reçoivent aucune caresse... Qui restent à l'Institut des huit, dix, onze ans ! Ces garçons resteront des mal-aimés toute leur vie.» Les professeurs aussi ont des fêlures ou cachent un secret. Madame Alderson est la veuve de Georges le fondateur de l'Institut, elle vit avec sa sœur jumelle Gisèle qui s'occupe de l'économat du pensionnat. Irène Kowalski est la veuve d'un scientifique nazi, McAlistair est un diplômé de Yale qui a passé 2 ans dans une prison militaire car il avait refusé de se battre contre les Japonais. Berthier est un collabo qui a fait 4 mois de cachot à Grasse à la Libération et dont la femme est en hôpital psychiatrique pour dépression. Brunet est un homosexuel amateur de photographie : il prend des photos du lac, à heures fixes et de quatre lieux fixes. Il vit encore chez sa mère. Gülgül est d'origine turque, il est le professeur de gymnastique et de danse. Vera, italienne, est venue remplacer une amie et reprendre goût à la vie après la perte accidentelle de son fils Lorenzo... La faillite menace l’Institut et un Groupe américain est candidat à un rachat. Les professeurs sont inquiets pour leur futur. Comme des séquences cinématographiques, on va suivre la vie de l'Institut du 4 septembre au 16 décembre 1959. Au début, j'ai ressenti un certain malaise en lisant ce livre, mais plus l'histoire se poursuivait et plus j'ai été captivé par cette galerie de personnages que sont les professeurs et les élèves. Une très belle lecture.

Extrait : (début du livre)

1

Vendredi 4 septembre 1959.

— Je comprends, fit Mme Alderson.

Un flot de paroles continua de s’écouler du récepteur et, durant une seconde ou deux, elle se sentit désorientée. Puis elle se reprit et lança d’un ton sec :

— Je vous l’ai dit, je comprends. Au revoir, madame !

Après quoi elle resta de longues secondes l’appareil à la main, les yeux dans le vague.

Elle se faisait des illusions, Mme Marra. Son fils était nul. Nul en français. Nul en maths. Nul en tout. A une année de la maturité, elle pouvait le changer d’internat tant qu’elle voulait, ce n’était pas ça qui allait faire de lui un génie. Malgré tout, sa décision de le retirer arrivait à un très mauvais moment. Quatre désistements en une semaine, cela tournait au cauchemar.

Mme Alderson soupira et ferma les yeux. Du temps de Georges, les choses se seraient passées autrement. Mais voilà, Georges était mort. Tout le problème était là… Elle rouvrit les yeux et son regard tomba sur les murs du salon. Ils étaient couverts de livres rares, des traités de sciences naturelles (la passion de Georges), tous reliés dans des tons rouges, écarlates ou cramoisis, qui donnaient à la minuscule pièce tendue de rose un climat chaleureux et savant. Le Salon rose, comme chacun l’appelait. Le cœur de l’Institut. Mme Alderson y avait convaincu, grondé, mis au pas… Des victoires par centaines.

“Confier votre fils à l’Institut est un acte de courage, j’en suis consciente… Un sacrifice que vous faites pour son bien… Une confiance placée en sa capacité de devenir quelqu’un… Je le rappelle sans cesse à nos élèves : Vos parents misent sur vous. D’ailleurs, ajoutait-elle, notre devise le dit bien…” Elle laissait alors passer un silence, regardait dans les yeux l’un ou l’autre des parents, et d’une voix calme prononçait la devise de l’Institut comme on abat une carte gagnante : Tu deviendras.

Elle était imbattable. Vingt-cinq ans à la tête de l’Institut lui avaient appris à repérer les travers petits et grands de ceux avec lesquels sa vie se confondait. Élèves, professeurs, personnel de maison, tout le monde la craignait.

A première vue, cela pouvait surprendre. Très petite et très laide, Mme Alderson avait une bouche trop mince, un nez osseux, une denture irrégulière et une bosse à hauteur de l’omoplate, sur le côté gauche. Mais ses yeux pétillants, d’un bleu roi magnifique, et une vivacité d’esprit hors du commun lui donnaient un charme dont elle faisait un usage froid et maîtrisé. Elle aimait être au centre des attentions. Avec ses tenues aux couleurs éclatantes et son regard sans cesse sur le qui-vive, on aurait dit un oiseau exotique.

Je m’inquiète bêtement, se dit-elle. Bien sûr que tout ira bien.

Elle tourna la tête et ce qu’elle vit acheva de la rassurer. Une merveille de parc planté d’arbres fruitiers (des pommiers et des poiriers surtout) descendait en pente douce jusqu’au lac. Situé sur sa partie haute, le bâtiment principal, où elle se trouvait, avait grande allure. Elle le savait. Deux étages de classes, surmontés de deux étages de dortoirs flanqués d’une tour. Un vrai petit château.

L’Institut était là, bien réel, une école exceptionnelle, reconnue dans le monde entier.

Elle avait un jour fait le calcul (elle aimait faire les comptes, de tête et très vite, cela lui donnait un sentiment de maîtrise) : en vingt et un ans, avec Georges, ils avaient refusé six cent douze inscriptions. Sans compter les refus pour les cours d’été, réputés dans toute l’Europe. Lorsqu’elle plaçait ce chiffre dans une discussion avec des parents, elle savait qu’elle marquait un point.

Mais c’était du temps de son mari. Lorsque l’Institut ne désemplissait pas. Ils avaient eu des années à quatre-vingt-quinze ! De 1952 à 1955, il avait fallu ajouter un cinquième lit à chacun des dortoirs, louer un appartement dans le vieux Lutry (où McAlistair, le professeur d’anglais, avait accepté de chaperonner six grands) et loger trois autres élèves chez les Nadelmann, dans les combles… Quelle ambiance ! L’Institut était alors une mine d’or.

Ils avaient construit le bâtiment central en 1934, sur la partie haute d’un hectare d’anciennes vignes situées à dix minutes de Lausanne, entre lac et route cantonale, qu’ils avaient payé cinquante centimes du mètre carré. Maintenant, les terrains se vendaient cent fois le prix. Au bord de l’eau, on en demandait jusqu’à soixante francs. L’addition de la tour, sur le flanc est, en 1947, avait permis de répondre à l’afflux d’après-guerre. L’Europe s’enrichissait, tout était facile…

Mme Alderson repensa aux désistements. Ils étaient révoltants. La mort de Georges n’avait pas changé l’Institut ! Les études étaient toujours aussi exigeantes ! Les cours donnés par des enseignants compétents ! Engagés ! Plusieurs d’entre eux prenaient leurs repas avec les élèves, l’ambiance était studieuse ! Et les sports ? Tous pratiqués au niveau compétition !

Chaque activité de l’Institut visait l’excellence. “La capacité d’un enfant à se dépasser est illimitée”, disait Georges.

Elle sourit. Georges et ses obsessions nietzschéennes… Il n’empêche… C’était un éducateur génial.

Mais voilà. Georges était mort trois ans plus tôt. L’année qui avait suivi, l’Institut était passé à quatre-vingt-deux élèves. L’année d’après à soixante-quinze. Puis à soixante-dix. Ils en étaient à soixante-six.

Elle aurait voulu annoncer la défection de Marra à sa soeur, histoire de partager le fardeau. Celle-ci était dans la lingerie, deux étages plus haut, occupée à ranger les draps pour la rentrée, maintenant qu’ils avaient renvoyé la lingère, et la perspective de monter deux volées d’escalier découragea Mme Alderson. Son dos la tiraillait et les élancements se faisaient sentir jusque dans les jambes.

Vingt fois, cinquante fois par jour, elle rêvait de pouvoir se redresser. De mettre son dos à plat, droit comme une planche, et de respirer à pleins poumons, de courir, à toute vitesse, comme lorsqu’elle était petite fille et qu’elle se disait, tant elle était joyeuse : “Je vais éclater.”

18 décembre 2009

Il neige toujours...

Suite de celles d'hier les photos de ce matin...

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Un petit tour en ville, au bord de l'eau...

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17 décembre 2009

Il neige...

Quelques photos prises dans le jardin ce matin...

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et ... cette après-midi

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