Vernon Subutex - tome 1 - Virginie Despentes
Lecture Commune
avec Enna, Sandrine
Audiolib - janvier 2016 - 11h09 - Lu par Jacques Frantz
Grasset - janvier 2015 - 400 pages
Livre de Poche - mars 2016 - 432 pages (à paraître)
Auteur : Virginie Despentes est l’auteure, notamment, de Baise-moi (1993, adapté au cinéma et coréalisé avec Coralie Trinh Thi), Les jolies choses (1998), Teen Spirit (2002), Bye bye Blondie (2004, adapté au cinéma par l’auteur), King Kong Théorie (2006), Apocalypse bébé (2010, prix Renaudot).
Lecteur : De formation dramatique, Jacques Frantz travailla au conservatoire avec Antoine Vitez. Son parcours théâtral le fit se nourrir auprès des plus grands : Gildas Bourdet ou Roger Planchon, entre autres. Son parcours télévisuel (avec Serge Moati, Simon Brook, Denis Malleval, Henri Helman) et cinématographique (d’Yves Robert,Coline Serreau à Claude Chabrol ou Claude Berri, sans oublier Francis Weber,Luc Besson, Lars von Trier, ou récemment Pascal Chaumeil, dans L’Arnacoeur) ainsi qu’une longue pratique des enregistrements radio ont toujours attisé sapassion pour les textes.
Mon avis : (écouté en février 2016)
C'était ma première rencontre avec Virginie Despentes et cette rencontre est mitigée.
Extrait : (début du livre)
Les fenêtres de l'immeuble d'en face sont déjà éclairées. Les silhouettes des femmes de ménage s'agitent dans le vaste open space de ce qui doit être une agence de communication. Elles commencent à six heures. D'habitude, Vernon se réveille un peu avant qu'elles arrivent. Il a envie d'un café serré, d'une cigarette à filtre jaune, il aimerait se griller une tranche de pain et déjeuner en parcourant les gros titres du Parisien sur son ordinateur.
Il n'a pas acheté de café depuis des semaines. Les cigarettes qu'il roule le matin en éventrant les mégots de la veille sont si fines que c'est comme tirer sur du papier. Il n'y a rien à manger dans ses placards. Mais il a conservé son abonnement à Internet. Le prélèvement se fait le jour où tombe l'allocation logement. Depuis quelques mois elle est versée directement au propriétaire, mais c'est quand même passé, jusque-là. Pourvu que ça dure.
Son abonnement de téléphone portable a été suspendu, il ne se casse plus la tête à acheter des forfaits. Face à la débâcle, Vernon garde une ligne de conduite : il fait le mec qui ne remarque rien de particulier. Il a contemplé les choses s'affaisser au ralenti, puis l'effondrement s'est accéléré. Mais Vernon n'a cédé ni sur l'indifférence, ni sur l'élégance.
Il a d'abord été radié du RSA. Il a reçu par courrier une copie du rapport le concernant, rédigé par sa conseillère. Il s'entendait bien avec elle. Ils se sont rencontrés régulièrement pendant près de trois ans, dans le box étroit où elle faisait mourir des plantes vertes. La trentaine, pimpante, fausse rousse, dodue, grosse poitrine, madame Bodard parlait volontiers de ses deux garçons, qui lui donnaient des soucis, elle les emmenait régulièrement voir un pédiatre, dans l'espoir qu'il annonce une hyperactivité justifiant un traitement sédatif. Mais le médecin les trouvait en pleine forme et la renvoyait dans ses cordes. Madame Bodard lui avait raconté avoir vu AC/DC et Guns N'Roses en concert, avec ses parents, quand elle était petite. Aujourd'hui elle préférait Camille et Benjamin Biolay, et Vernon s'était gardé de tout commentaire désobligeant. Ils avaient longuement parlé de son cas : il avait été disquaire entre vingt et quarante-cinq ans. Dans son domaine, les offres d'emploi étaient plus rares que s'il avait travaillé dans l'extraction du charbon. Madame Bodard avait suggéré une reconversion. AFPA, GRETA, CFA, ils avaient consulté ensemble les stages qui lui étaient ouverts, et ils s'étaient quittés en bons termes, d'accord pour se retrouver et refaire le point. Trois ans plus tard, sa candidature pour préparer un BEP de services administratifs n'avait pas été retenue. De son côté, il estimait avoir fait ce qu'il avait à faire, il était devenu expert en dossiers et les préparait avec une belle efficacité. Il avait acquis à la longue la sensation que son job consistait à traîner sur Internet à la recherche de cases auxquelles son profil correspondrait, puis à envoyer des CV lui permettant d'obtenir en retour des preuves de refus. Qui voudrait former un quasi-quinquagénaire ? Il s'était bien dégoté un stage dans une salle de concert en banlieue, un autre dans une salle de cinéma art et essai - mais à part sortir un peu, se tenir au courant des problèmes de RER et rencontrer du monde, tout cela lui procurait avant tout une pénible impression de gâchis.
Le monde selon Garp - John Irving
Lecture Commune
avec Valérie, Sandrine
Seuil - mars 1980 - 582 pages
Points - 1981 - 608 pages
Points - février 1995 - 647 pages
Points - décembre 1998 - 680 pages
Points - novembre 2006 - 678 pages (édition limitée)
traduit de l'anglais (États-Unis) par
Titre original : The World According To Garp, 1978
Quatrième de couverture :
Jenny Fields ne veut pas d’homme dans sa vie mais elle désire un enfant. Ainsi naît Garp. Il grandit dans un collège où sa mère est infirmière. Puis ils décident tous deux d’écrire, et Jenny devient une icône du féminisme. Garp, heureux mari et père, vit pourtant dans la peur : dans son univers dominé par les femmes, la violence des hommes n’est jamais loin… Un livre culte, à l’imagination débridée, facétieuse satire de notre monde.
Auteur : John Irving est né en 1942 et a grandi à Exeter (New Hampshire). La publication de son quatrième roman, Le Monde selon Garp, lui a assuré une renommée et une reconnaissance internationales. Depuis, l’auteur accumule les succès auprès du public et de la critique. À moi seul bien des personnages est son treizième roman. Marié et père de trois garçons, John Irving partage son temps entre le Vermont et le Canada.
Mon avis : (lu en août 2013)
Je croyais avoir déjà lu ce livre avant d'accepter cette lecture commune avec Valérie, Sandrine et Lucie. Mais j'ai vite compris que cette lecture était la première. Ce roman raconte la vie de l'écrivain S.T. Garp, depuis avant sa conception jusqu'à après sa mort avec le destin de tous ses proches. Sa mère Jenny Fields est est infirmière dans un hôpital de guerre lorsqu'elle profite de l'érection d'un soldat mourant pour avoir un enfant sans s'encombrer d'un homme... Elle lui donnera le nom du soldat S.T Garp (sergent technicien Garp). Sa famille étant choquée par la naissance illégitime de Garp, Jenny devient infirmière à plein temps au collège de Steering et élève seule son fils. Ce dernier fera ses études et découvrira la lutte au collège. Pour séduire Helen, la fille de son entraîneur de lutte, Garp décidera de devenir écrivain... Voici un tout petit aperçu du début du livre où l'on comprend vite que John Irving ne manque vraiment pas d'imagination...
Je me suis laissé happer par l'histoire et le destin étonnant de Jenny Fields féministe avant l'heure, par Garp et ses mésaventures cocasses et souvent inattendues. Les personnages sont très nombreux et souvent décalés. Cette histoire est très dense et j'ai parfois trouvé quelques longueurs. En particulier les passages avec les écrits de Garp lui-même. On y retrouve les thèmes chers à John Irving.
Ce n'est pas le livre que j'ai préféré de John Irving, mais je suis contente d'avoir pu le découvrir.
Le livre a été adapté au cinéma en 1982 par George Roy Hill avec Robin Williams dans le rôle de Garp. J'avais déjà vu ce film en DVD sans en garder un grand souvenir, hier, j'ai pris le temps de le revisionner et l'esprit du livre y est assez bien rendu même si de nombreux passages ont été passés sous silence comme par exemple ses nombreuses expériences sexuelles avant son mariage, son séjour à Vienne...
Arte diffuse ce film mercredi 4 septembre à 20h50 (Rediffusions : ven 06.09 à 2h10 et dim 08.09 à 1h30)
Allons découvrir maintenant les avis de Valérie, Sandrine.
Note : ♥♥♥♥♥
Extrait : (début du livre)
La mère de Garp, Jenny Fields, fut arrêtée en 1942 à Boston, pour avoir blessé un homme dans un cinéma. Cela se passait peu de temps après le bombardement de Pearl Harbor par les Japonais, et les gens manifestaient une grande tolérance envers les militaires, parce que, bruquement, tout le monde était militaire, mais Jenny Fields, pour sa part, restait inébranlable dans l'intolérance que lui inspirait la conduite des hommes et des militaires en particulier. Dans le cinéma, elle avait dû changer trois fois de place, mais, le soldat s'étant chaque fois rapproché un peu plus, elle avait fini par se retrouver le dos contre le mur moisi, avec, entre elle et l'écran, un stupide pilier qui lui bouchait pratiquement la vue ; aussi avait-elle pris la décision de ne plus bouger. Le soldat, quant à lui, se déplaça une nouvelle fois et vint s'asseoir près d'ell.
Jenny avait vingt-deux ans. Elle avait plaqué l'université peu après avoir commencé ses études, puis était entrée dans une école d'infirmières, où elle avait terminé à la tête de sa classe. Elle était heureuse d'être infirmière. C'était une jeune femme à l'allure athlétique et aux joues perpétuellement enluminées ; elle avait des cheveux noirs et lustrés, et ce que sa mère appelait une démarche virile (elle balançait les bras en marchant) ; sa croupe et ses hanches étaient si fermes et si sveltes que, de dos, elle ressemblait à un jeune garçon. Jenny estimait, pour sa part, qu'elle avait les seins trop gros ; son buste provocant lui donnait, selon elle, l'air d'une fille "facile et vulgaire".
Déjà lu du même auteur :
Une prière pour Owen
La veuve de papier
Dernière nuit à Twisted River
A moi seul bien des personnages
43/50 : Iowa
Challenge Petit BAC 2013
"Géographie"
Pavé de l'été
n°3
La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert - Joël Dicker
Lecture Commune
avec Sandrine
Editions de Fallois - septembre 2012 - 670 pages
Grand Prix du Roman de l'Académie Française
Prix Goncourt des Lycéens 2012
Quatrième de couverture :
À New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois. Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ? Sous ses airs de thriller à l’américaine, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.
Auteur : Joël Dicker est né à Genève en 1985. La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est son deuxième roman. Il y dépeint une Amérique qu’il connaît bien pour y avoir beaucoup voyagé et longuement séjourné.
Mon avis : (lu en février 2013)
Cela fait un bon moment que je voulais découvrir ce livre, mais sa taille me l'a fait souvent remettre dans ma PAL. C'est la proposition de Sandrine d'en faire lecture commune qui m'a enfin décidé et je ne le regrette pas !
Harry Quebert est un célèbre écrivain américain, les restes d'une jeune fille Nola, disparue il y a trente-trois ans, sont retrouvés dans son jardin. Il est arrêté et accusé du meurtre de Nola. Son ancien élève, Marcus Goldman, se refuse de croire Harry coupable et il va donc mener sa propre enquête pour découvrir la vérité. Le lecteur découvre Aurora et ses habitants, l'ambiance d'une petite ville américaine. Marcus Goldman est lui-même écrivain après un premier succès de librairie, depuis dix-huit mois, il souffre du syndrome de la page blanche. Cette enquête sera l'occasion de retrouver l'inspiration et d'écrire un nouveau livre.
Dès le début, ce livre soulève de nombreuses questions, et il m'a été impossible de le lâcher, j'avais vraiment hâte de découvrir la Vérité ! Quelle relation existait-il entre Harry et Nola ? Qui est coupable ? Que c'est-il vraiment passé dans la soirée du 30 août 1975 ?
Un livre très original, un livre tiroir, il y a plusieurs histoires en une, le passé, le présent, l'histoire d'Harry Quebert, de Marcus Goldman, de Nola, de... La forme est également originale, les chapitres du livre sont numérotés dans l'ordre décroissant, chaque chapitre est introduit par un conseil d'Harry à Marcus pour comment devenir écrivain...
J'ai beaucoup aimé ce livre même si en fin de livre le lecteur découvre qu'il s'est fait totalement manipulé ou berné par l'auteur... Le seul petit reproche est pour la longueur du livre... il y avait certainement moyen de le raccourcir.
Un roman à découvrir pour son originalité, son efficacité et le sens du suspense de son auteur !
Allons voir maintenant l'avis de Sandrine !
Extrait : (page 19)
Au début de l'année 2008, soit environ un an et demi après être devenu, grâce à mon premier roman, la nouvelle coqueluche des lettres américaines, je fus frappé d'une terrible crise de page blanche, syndrome qui, paraît-il, n'est pas rare chez les écrivains ayant connu un succès immédiat et fracassant. La maladie n'était pas venue d'un coup : elle s'était installée en moi lentement. C'était comme si mon cerveau, atteint, s'était figé peu à peu. A l'apparition des premiers symptômes, je n'avais pas voulu y prêter attention : je m'étais dit que l'inspiration reviendrait le lendemain, ou le jour d'après, ou le suivant peut-être. Mais les jours, les semaines et les mois avaient passé et l'inspiration n'était jamais revenue.
Ma descente aux enfers s'était décomposée en trois phases. La première, indispensable à toute bonne chute vertigineuse, avait été une ascension fulgurante : mon premier roman s'était vendu à deux millions d'exemplaires, me propulsant, à l'âge de vingt-huit ans, au rang d'écrivain à succès. C'était l'automne 2006 et en quelques semaines mon nom devint un nom : on me vit partout, à la télévision, dans les journaux, en couverture des magazines. Mon visage s'affichait sur d'immenses panneaux publicitaires dans les stations de métro. Les critiques les plus sévères des grands quotidiens de la côte Est étaient unanimes : le jeune Marcus Goldman allait devenir un très grand écrivain.
Un livre, un seul, et je me voyais désormais ouvrir les portes d'une nouvelle vie : celle des jeunes vedettes millionnaires. Je déménageai de chez mes parents à Newark pour m'installer dans un appartement cossu du Village, je troquai ma Ford de troisième main pour une Range Rover noire flambant neuve aux vitres teintées, je me mis à fréquenter les restaurants huppés, je m'attachai les services d'un agent littéraire qui gérait mon emploi du temps et venait regarder le base-ball sur un écran géant dans mon nouveau chez-moi. Je louai, à deux pas de Central Park, un bureau dans lequel une secrétaire un peu amoureuse et prénommée Denise triait mon courrier, préparait mon café et classait mes documents importants.
Durant les six premiers mois qui suivirent la sortie du livre, je m'étais contenté de profiter de la douceur de ma nouvelle existence. Le matin, je passais à mon bureau pour parcourir les éventuels articles à mon sujet et lire les dizaines de lettres d'admirateurs que je recevais quotidiennement et que Denise rangeait ensuite dans des grands classeurs. Puis, content de moi-même et jugeant que j'avais assez travaillé, je m'en allais flâner dans les rues de Manhattan, où les passants bruissaient à mon passage. Je consacrais le reste de mes journées à profiter des nouveaux droits que la célébrité m'octroyait : droit de m'acheter tout ce dont j'avais envie, droit aux loges VIP du Madison Square Garden pour suivre les matchs des Rangers, droit de marcher sur des tapis rouges avec des stars de la musique dont j'avais, plus jeune, acheté tous les disques, droit de sortir avec Lydia Gloor, l'actrice principale de la série télé du moment et que tout le monde s'arrachait. J'étais un écrivain célèbre j j'avais l'impression d'exercer le plus beau métier au monde. Et, certain que mon succès durerait toujours, je ne m'étais pas soucié des premiers avertissements de mon agent et de mon éditeur qui me pressaient de me remettre au travail et de commencer à écrire mon second roman.
catégorie "Même pas peur" : 29/12
36/42
Challenge Goncourt des Lycéens
chez Enna
Challenge Petit BAC 2013
"Prénom"
Challenge Voisins, voisines
Suisse
Le cercle - Bernard Minier
Lecture Commune
avec Sandrine
Lu en partenariat avec XO éditions
XO édition - octobre 2012 – 572 pages
Quatrième de couverture :
Un coup de fil surgi du passé, un e-mail énigmatique, qui signe peut-être le retour du plus retors des serial-killers, précipitent le commandant Martin Servaz dans une enquête dangereuse, la plus personnelle de sa vie.
Un professeur de civilisation antique assassiné, un éleveur de chiens dévoré par ses animaux…
Pourquoi la mort s’acharne-t-elle sur Marsac, petite ville universitaire du Sud-Ouest, et son cercle d’étudiants réunissant l’élite de la région ?
Confronté à un univers terrifiant de perversité, Servaz va rouvrir d’anciennes et terribles blessures et faire l’apprentissage de la peur, pour lui-même comme pour les siens.
Après le succès de Glacé, déjà traduit dans de nombreux pays, Bernard Minier, le maître des atmosphères sombres et oppressantes, nous entraîne dans une nouvelle intrigue à couper le souffle, qui renouvelle les lois du genre.
Auteur : BERNARD MINIER est né à Béziers et a grandi dans le Sud-Ouest. Après Glacé, prix du meilleur roman francophone du festival Polar 2011 de Cognac, Le Cercle est son deuxième roman.
Mon avis : (lu en décembre 2012)
Lorsque Mélanie pour XO éditions m'a proposé de découvrir le nouveau livre de Bernard Minier, je n'ai pas hésité, j'étais impatiente de retrouver le commandant Martin Servaz et son équipe.
Dix-huit mois après sa première enquête dans une vallée étroite et enneigée des Pyrénées, la nouvelle enquête du commandant Servaz nous entraîne à Marsac une petite ville universitaire. Tout commence avec le meurtre de Claire Diemar une professeur de khâgne. A Toulouse, Servaz reçoit alors un appel téléphonique, une voix surgit du passé. Il s'agit de Marianne, son amour de jeunesse, qu'il n'a pas revu depuis leurs études. Elle l'appelle au secours car tout accuse son fils Hugo pour le meurtre de son professeur...
Une intrigue bien menée, des fausses pistes et le lecteur ne peut lâcher le livre... La conclusion de cette enquête a été pour moi une surprise.
Le lecteur va apprendre à connaître un peu mieux Servaz, son passé, sa fille Margot. Ses adjoints Esperandieu et Samira sont toujours à ses côtés et Julian Hirtmann toujours en cavale semble avoir réapparu. Irène Ziegler est moins présente dans cette enquête, elle est là en coulisse, en soutien.
Le côté anecdotique de cette histoire, c'est l'enquête qui se déroule en juin 2010, et en parallèle c'est la coupe du monde de Football en Afrique du Sud, Servaz est complètement étranger à l'engouement qu'entraîne cette compétition. En quelques mois c'est le troisième livre que je lis avec une compétition de football en parallèle (Le guerrier solitaire - Henning Mankell et Discordance - Anna Jörgensdotter)...
En terminant cette lecture, je devine bien que cela ne sera pas la dernière enquête de Servaz et comme je me suis attachée à Martin Servaz et ses comparses, j'ai hâte de connaître la suite de leurs aventures.
Merci à Mélanie et XO éditions de m'avoir permis de découvrir ce livre.
Extrait : (début du livre)
SON ESPRIT N'ÉTAIT qu'un cri.
Une plainte.
Dans sa tête, elle criait de désespoir, elle hurlait sa rage, sa souffrance, sa solitude... - tout ce qui, mois après mois, l'avait dépouillée de son humanité.
Elle suppliait aussi.
Pitié, pitié, pitié, pitié... laissez-moi sortir d'ici, je vous en supplie...
Dans sa tête, elle criait et elle suppliait et elle pleurait. Dans sa tête seulement : en réalité, aucun son ne sortait de sa gorge. Elle s'était réveillée quasi muette un beau matin. Muette... Elle qui avait toujours aimé s'exprimer, elle à qui les mots venaient si facilement, les mots et les rires...
Dans l'obscurité, elle changea de position pour soulager la tension de ses muscles. Elle était assise par terre, adossée au mur de pierre, à même le sol de terre battue. Elle s'y allongeait, parfois. Ou bien elle rejoignait son matelas pouilleux dans un coin. Elle passait le plus clair de son temps à dormir, couchée en chien de fusil. Quand elle se levait, elle faisait des étirements ou bien elle marchait un peu - quatre pas et retour, pas plus : son cachot mesurait deux mètres sur deux. Il y faisait agréablement chaud ; elle savait depuis longtemps qu'il devait y avoir une chaufferie de l'autre côté de la porte, à cause de la chaleur mais aussi des bruits : bourdonnements, chuintements, cliquetis. Elle ne portait aucun vêtement. Nue comme un petit animal. Depuis des mois, des années peut-être. Elle faisait ses besoins dans un seau et elle recevait deux repas par jour, sauf lorsqu'il s'absentait : elle pouvait alors passer plusieurs jours seule, sans manger ni boire, et la faim, la soif et la peur de mourir la taraudaient. Il y avait deux judas dans la porte : un tout en bas, par où passaient les repas, un autre au milieu, par où il l'observait. Même fermés, ces judas laissaient deux minces rayons lumineux trouer l'obscurité de son cachot. Ses yeux s'étaient depuis longtemps accoutumés à ces demi-ténèbres, ils distinguaient des détails sur le sol, sur les murs que nul autre qu'elle n'aurait pu voir.
Au début, elle avait exploré sa cage, guetté le moindre bruit. Elle avait cherché le moyen de s'évader, la faille dans son système, le plus petit relâchement de sa part. Puis elle avait cessé de s'en préoccuper. Il n'y avait pas de faille, il n'y avait pas d'espoir. Elle ne se souvenait plus combien de semaines, de mois s'étaient écoulés depuis son enlèvement. Depuis sa vie d'avant. Une fois par semaine environ, peut-être plus, peut-être moins, il lui ordonnait de passer le bras par le judas et lui faisait une injection intraveineuse. C'était douloureux, parce qu'il était maladroit et le liquide épais. Elle perdait connaissance presque aussitôt et, quand elle se réveillait, elle était assise dans la salle à manger, là-haut, dans le lourd fauteuil à haut dossier, les jambes et le torse attachés à son siège. Lavée, parfumée et habillée... Même ses cheveux fleuraient bon le shampooing, même sa bouche d'ordinaire pâteuse et son haleine qu'elle soupçonnait pestilentielle le reste du temps embaumaient le dentifrice et le menthol. Un feu clair pétillait dans l'âtre, des bougies étaient allumées sur la table de bois sombre qui brillait comme un lac, et un fumet délicieux s'élevait des assiettes. Il y avait toujours de la musique classique qui montait de la chaîne stéréo. Comme un animal conditionné, dès qu'elle entendait la musique, qu'elle voyait la lueur des flammes, qu'elle sentait les vêtements propres sur sa peau, elle se mettait littéralement à saliver. Il faut dire qu'avant de l'endormir et de la sortir de son cachot, il la faisait toujours jeûner pendant vingt-quatre heures.
Sélection policier
Jury Février
catégorie "Même pas peur" : 15/12
22/28
Déjà lu du même auteur :
Les yeux au ciel - Karine Reysset
Lecture Commune
avec Enna, Sandrine et Géraldine
Editions de l'Olivier – mars 2011 -
Pocket – avril 2012 – 188 pages
Quatrième de couverture :
À l'occasion de l'anniversaire du grand-père, toute la famille se retrouve dans la vieille demeure située au bord de la mer, en Bretagne. Six jours durant, les conflits et les angoisses de chacun vont ressurgir: Lena, l'aînée ne parvient plus à s'occuper de ses enfants ; Merlin que personne ne considère comme un adulte ; ou encore Achille, le demi-frère, jamais vraiment accepté dans la famille... Petit à petit, un drame enfoui se révèle : une fillette disparue il y a plus de trente ans.
Auteur : Karine Reysset est née en 1974. Elle est l'auteur de Comme une mère (Points, 2009). Les Yeux au ciel est son cinquième roman.
Mon avis : (lu en décembre 2012)
Tout d'abord, je remercie Clara chez qui j'ai gagné ce livre en partenariat avec Pocket. Et j'ai profité de la proposition de Lecture Commune d'Enna pour le sortir de ma PAL perso.
En ce mois de décembre, c'est plutôt agréable de se projeter en plein été, en Bretagne au bord de la mer dans une maison de famille... Voilà le cadre de cette histoire, toute une famille se retrouve pour les 70 ans de Noé le grand-père, il y a Marianne, sa seconde épouse ses quatre enfants et ses six petits-enfants.
Tour à tour, chaque membre de la famille est narrateur du livre, se dévoile et laisse parler ses sentiments profonds.
Il y a Achille le fils aîné, fruit du premier mariage de Noé, il sent qu'il n'a jamais été accepté par la famille, il est venu des États-Unis avec ses triplés. Léna est fatiguée par sa vie de couple, ses deux enfants en bas âge Zoé et Théo. Merlin éternel adolescent, ancien drogué, il aspire à créer une famille où il voudrait intégrer sa fille Scarlett, jeune adolescente, qui a été élevée par ses grands-parents. Enfin Stella la cadette, homosexuelle, elle est hésitante face à la grossesse de sa compagne.
L'écriture est agréable, l'intention de cette histoire est intéressante malheureusement je suis restée un peu sur ma faim. Cette réunion de famille a fait ressortir certains non dits, certaines blessures... mais sans résoudre quoi que ce soit, l'auteur nous laisse un peu en plan sans envisager un semblant de solution ou d'espoir.
Et maintenant, allons voir ce qu'en ont pensé Enna, Sandrine et Géraldine
Extrait : (début du livre)
Michael Jackson venait de mourir, et ça ne lui faisait rien. Derrière la fenêtre à petits carreaux entrouverte, le cèdre bleu effleurait le toit, les fils électriques. Il faudrait l’élaguer. Il y avait tant de choses à faire, toujours, des choses ordinaires. Assise sur son lit, Lena tenait un body d’une main, une robe à pois de l’autre. Autour d’elle, des piles plus ou moins droites de vêtements, quatre exactement. Une pour Zoé, une pour Théo, une pour Vincent, et une pour elle, évidemment. Il ne fallait pas qu’elle s’oublie. Cela ne risquait pas avec les pensées qui l’assaillaient, des mauvaises pensées. S’il n’y avait eu que ça. Ces derniers mois, elle avait des bouffées, des pulsions, des crises, elle ne savait comment les nommer. Puis elle avait envie de pleurer – souvent même elle pleurait – et de sauter par la fenêtre. Pourtant, elle n’était pas malheureuse, n’avait aucune raison de l’être.
Lena consulta sa liste. Elle tenait ça de Marianne. Comment sa mère s’en était-elle sortie ? Ils étaient trois à la maison, plus Achille l’été, les cousins cousines, les copains les copines qu’elle prenait en vacances. Avec seulement deux enfants, Lena avait l’impression de se noyer dans un verre d’eau. Elle sombrait, et personne ne s’en rendait compte. Elle devait courir après le petit, il bravait le danger à chaque seconde comme s’il cherchait à user ses nerfs, éprouver sa terreur. Elle ne le quittait pas des yeux, et avec sa fille, c’était pareil.
Vincent l’appela (elle se sentit prise en faute, les bagages étaient-ils prêts ?). Il préférait rouler de nuit, c’était plus pratique avec les enfants. Elle lui répondit « oui, presque » d’une voix faussement enjouée.
Un jour ou l’autre, un malheur arriverait, il ne faudrait pas s’étonner. Quelquefois elle s’imaginait lâcher son dernier-né dans l’escalier, le laisser se noyer dans son bain. Marianne, elle, ne râlait jamais, jamais elle n’avait ne serait-ce que soupiré. Lena s’entendait parfois crier, et après elle se griffait les bras, elle les aimait tellement. « Vous me tuez, mes amours, à petit feu », chuchota-t-elle. Son mari voyait quelqu’un, elle en était convaincue. Dans un sens, ça l’arrangeait. Elle avait installé un futon à côté du lit à barreaux de Théo. Son corps éprouvé requérait du repos, ses plaies devaient cicatriser. Elles se nichaient surtout dans sa tête, elle en avait conscience.
Elle avait été soulagée d’avoir un fils. Contrairement à Vincent, elle ne voulait pas de troisième enfant. « On ne fait pas un élevage », l’avait-elle prévenu. Elle songeait à prendre rendez-vous afin que sa décision soit irréversible. Mais elle était velléitaire, et pour l’instant elle n’avait rien fait (ni pour le cèdre, ni pour le reste).
Il allait lui falloir déplacer des montagnes pour gagner la mer. Elle testerait le point où sa résistance céderait, où ses nerfs menaceraient de lâcher comme des élastiques trop usés. Mais son père était âgé, elle devait prendre soin de lui.
Dix minutes plus tard, le ciel virait au rose. La tempête était passée, elle pouvait se remettre au travail.
Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
"Partie du corps"
La légende de nos pères – Sorj Chalandon
Lecture Commune
avec Valérie, Sandrine et Canel
Grasset – août 2009 – 253 pages
Livre de Poche – août 2011 – 253 pages
Quatrième de couverture :
« J'ai laissé partir mon père sans écouter ce qu'il avait à me dire, le combattant qu'il avait été, le Résistant, le héros. J'ai tardé à le questionner, à moissonner sa mémoire. Il est mort en inconnu dans son coin de silence. Pour retrouver sa trace, j'ai rencontré Beuzaboc, un vieux soldat de l'ombre, lui aussi. J'ai accepté d'écrire son histoire, sans imaginer qu'elle allait nous précipiter lui et moi en enfer... » S.C.
Auteur : Sorj Chalandon, 55 ans, a été journaliste à Libération. Il a couvert des événements comme la guerre du Liban, le Tchad, le drame de Bhopal, la Somalie, l'Afghanistan, la guerre Iran-Irak ou la guerre du Golfe, mais aussi les faits de notre quotidien. Ses reportages sur l'Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le prix Albert Londres en 1988. Il a publié Le petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, Prix Médicis) et Mon Traître (2008).
Mon avis : (lu en août 2012)
Lorsque Valérie a proposé cette Lecture Commune, je n’ai pas hésité un instant de découvrir un peu plus l’œuvre de Sorj Chalandon avec ce livre. Je suis encore plus ravie de la faire également avec Canel et Sandrine !
Marcel Frémaux est un biographe familial, "Toute vie mérite d'être racontée" dit ses publicités. Il écoute ses clients se confier à lui et il rédige leurs souvenirs puis fait imprimer un livre pour offrir à leurs proches. En novembre 2002, il est contacté par Lupuline Beuzaboc, elle « voulait faire un cadeau à son père, lui offrir le récit de sa vie d'homme. »
Après plusieurs rendez-vous avec la fille, Marcel Frémaux rencontre le père, Tescelin Beuzaboc, pour la première fois le 21 juin 2003. Son premier souvenir, son « premier acte de résistance », c'est avec deux camarades, le 11 novembre 1940, le dépôt de fleurs sur la tombe d'Albert Osborne un soldat britannique mort au combat en 1915 pendant la Grande Guerre. Puis de rendez-vous en rendez-vous, deux fois par semaine, Tescelin raconte ses souvenirs, Marcel Frémaux les met en forme. Les souvenirs de Tescelin rappellent à Marcel ceux de son père Pierre Frémaux. Discret et pudique il n'a jamais parlé de son passé de Résistant à son fils et il est mort en gardant pour lui ses souvenirs. Son travail de biographe permet à Marcel d'interroger Tescelin comme il l'aurait fait pour son propre père. Et le lecteur va découvrir que raconter ses mémoires n'est pas si simple, il aura quelques surprises...
C'est une histoire magnifique et touchante sur la mémoire, sur relation d'un père et d'une fille, sur l'image qu'un enfant peut avoir de son père.
J'aime beaucoup le style tout en retenue de Sorj Chalandon, une écriture simple, juste, des phrases finement ciselées. Les descriptions des lieux, des personnages, de l'atmosphère sont tellement évocatrices que je peux m'imaginer Lupuline et ses nombreux souliers rouges ou l'appartement de Tescelin en ces jours de canicule...
Ce livre est encore une très belle découverte et un coup de cœur pour cet auteur.
Allons voir maintenant les avis de Valérie, Sandrine et Canel.
Extrait : (début du livre)
A l'enterrement de mon père, il y avait neuf personnes et trois drapeaux. Nous étions le 17 novembre 1983, j'avais vingt-sept ans. Lupuline était là aussi, mais je regardais les les drapeaux. Des étendards sans vent, harassés, presque gris. Le premier ployait sous ses médailles comme un vieux soldat. Le deuxième était un fanion tricolore, sans franges ni galons, frappé de l'inscription Corps franc - Vengeance. Sur le troisième, il y avait une étoile noire et une panthère rouge à l'affût.
La main de maman frôlait la mienne. Lucas mon frère était bras croisés, face à la terre ouverte. Il avait dix ans de plus que moi, il était aveugle. Et moi je surveillais le ciel en espérant la pluie. Mon père avait toujours aimé l'orage. D'ailleurs il ne disait pas " la pluie ", mais " le temps ". L'absence de nuages le désolait. Le soleil le frappait d'inquiétude. Avec les beaux jours, il faisait comme moi, là, devant sa tombe. Il regardait le ciel en demandant au temps où il était passé.
A son enterrement, mon père était comme mort depuis déjà huit ans. L'accident de Lucas l'avait bouleversé, puis affaibli, puis tué. Il disait qu'il avait le cancer du chagrin. Il est entré à l'hôpital. Il en est sorti. Il ne voulait plus des blouses blanches, de cette odeur silencieuse, ni plus rien dans la bouche, ni plus rien dans les fesses, ni plus rien dans les veines. Il était autre chose que souffrant, il était fatigué. Fatigué de nous, de son passé, de la vie. Alors il est rentré à la maison en avril 1975, et puis il s'est couché.
Mon père est mort le jour de son anniversaire. Dans le placard de la salle à manger, maman avait caché le cadeau de ses soixanteseize ans. Une pipe d'écume à tête de zouave, empaquetée dans un papier bleu. Personne n'y a touché, jamais. Aujourd'hui, elle est dans ma bibliothèque, entre deux livres, dans son emballage en ruban de fête.
D'abord, mon père avait souhaité donner son corps à la science. Son corps entier et qu'il n'en reste rien. Ma mère avait protesté faiblement devant lui. Puis elle avait pleuré. Il l'avait su. Il devinait son moindre souffle. Alors il avait parlé d'incinération, de cendres dispersées sur une pelouse du souvenir, en banlieue de tombes. Maman avait eu cette même tristesse. Et puis un jour, elle lui a avoué. Elle voulait un pan de terre à lui, et donc à elle. Un endroit où se souvenir, puis revenir, et puis dormir enfin pour que l'on y revienne. Mon père avait pris ma mère dans ses bras. Jamais, il ne le faisait. J'étais encore enfant. Je sortais de la cuisine. Je suis tombé sur eux, dans un coin du couloir. " Tu veux que nous soyons réunis, c'est ça ? " disait-il. Et elle hochait la tête. Unis, réunis, c'était ça. C'était à tout jamais. Ce serait donc un enterrement. " La cohorte des hypocrites ", avait dit mon père. C'est pour elle, et pour nous qu'il y prendrait sa place.
Mon père s'appelait Pierre, mais c'est Brumaire que les gars avaient fait graver sur la plaque. Elle attendait à côté du trou, posée sur la terre, retournée, noire, luisante de neuf. Il n'y avait pas eu de prêtre, il n'y aurait pas de croix. Juste un bloc de granit gris, brut et inégal, qui semblait avoir été arraché à la roche.
La chambre mortuaire - Jean-Luc Bizien
Lecture Commune
avec Valérie et Karine
10/18 – février 2009 – 428 pages
Quatrième de couverture :
Étrange personnage que le docteur Simon Bloomberg ! Dans son hôtel particulier de la rue Mazarine à la façade presque aveugle, conçu comme une pyramide égyptienne, cet aliéniste au regard pénétrant et à la réputation sulfureuse traite ses patients selon des méthodes avant-gardistes qui font scandale. Lorsque la jeune Anglaise Sarah Englewood entre à son service, elle tombe immédiatement sous le charme de ce scientifique hors du commun, fascinée par le mystère qui l'entoure. Pourquoi ne voit-on jamais sa femme, une archéologue de renom dont les trouvailles encombrent chaque recoin de la maison ? Et pourquoi une des pièces est-elle interdite d'accès ? Tandis qu'une série de meurtres inexpliqués défraient la chronique parisienne, une relation trouble se noue entre l'intrépide Anglaise et l'ombrageux médecin...
Auteur : Né en 1963 à Phnom Penh (Cambodge), Jean-Luc Bizien a vécu une grande partie de son enfance à l'étranger. Il a exercé pendant une quinzaine d'années la double profession d'auteur et d'enseignant avant de se consacrer totalement à l'écriture. Jean-Luc Bizien s'épanouit dans les jeux de rôles et la littérature SF : il a obtenu en 1994 le prix Cassus Belli du meilleur jeu de rôles pour Chimères et a publié de nombreux livres pour la jeunesse, dont une trilogie médiévale parue chez Bayard Jeunesse. En 2002, il a obtenu le prix du roman d'aventures pour La Mort en prime time et le prix Fantastic'Arts pour WonderlandZ. Il est aussi l'auteur du Masque de la bête et de La Muraille (Éditions du Masque) et de Marie Joly, parue aux Éditions Sabine Wespieser.
Mon avis : (lu en mai 2012)
Voilà un livre qui nous emporte à Paris à la fin du XIXème siècle, au départ ce livre m'a fait penser à la série des enquêtes de Victor Legris de Claude Izner puisque l'époque et le lieu sont les mêmes.
Sarah Englewood est une jeune anglaise qui vient d'arriver à Paris, elle a été engagée comme gouvernante par Simon Bloomberg, un aliéniste. C'est un médecin controversé par ses collègues, ils jugent ses méthodes innovantes dangereuses. Au début du livre, Simon Bloomberg est perturbé par la disparition de sa femme Elzbiéta, égyptologue, elle a quitté la maison sans donner de nouvelles.
Sarah est une très jolie jeune femme curieuse et qui s'intéresse aussi bien au travail de son employeur, qu'aux mystères de cette drôle de maison, elle s'interroge également sur la série de meurtres inexpliqués vu dans le journal. Et le lecteur va suivre en parallèle ce qui se passe dans la maison de la rue Mazarine et l'enquête difficile du commissaire Desnoyers.
Les deux héros principaux sont complétés par une belle galerie de personnages secondaires comme les employés de maison de l’aliéniste : Ulysse, un géant au grand cœur ; Marceline, la gentille cuisinière, et Jéromine une bonne inquiétante mais aussi les enquêteurs, Léonce Desnoyers et Raoul Mesnard.
La maison de Simon Bloomberg située rue Mazarine est au centre du livre, elle est assez étrange, inspirée des pyramides égyptiennes, elle a été conçue comme un labyrinthe avec de nombreux couloirs. C'est un lieu austère, décoré de bibelots en tout genre et de trésors archéologiques. Il y a également une cage avec des chimpanzés. Et il s'y passe des choses plutôt troublantes. Malgré les nombreuses descriptions des différentes parties de cette maison, je n'ai pas réussi à m'imaginer son vrai plan...
Un roman policier réussi, l'intrigue est originale et bien construite qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. J'ai soupçonné de nombreux coupables avant d'avoir la solution de l'auteur...
Il existe une suite à ce livre avec « La Main de Gloire ».
Un Grand Merci à Valérie qui m'a offert ce livre lors du Swap Mettez de la couleur dans votre PAL : le dernier organisé par elle-même et qui m'a proposée cette lecture commune.
Extrait : (page 21)
Paris est un océan de goudron ce soir.
Au cœur des ténèbres, la Seine s'étire paresseusement, reptile ventru à la formidable musculature. En cette morne soirée, Paris ne vit plus, Paris s'est éteint. Quelques épaves, l'esprit engourdi par l'absinthe ou la drogue, hantent encore ses ruelles. Les plus chanceux atteindront leur domicile sans heurts. Les autres tomberont sous les coups des crocheteurs, ou seront happés par les roues d'un fiacre jaillissant de nulle part. Des chiens trop maigres les regardent passer. Leurs yeux chassieux s'interrogent un instant : faudra-t-il disputer le territoire, défendre les déchets trouvés sur les pavés luisants ? Mais déjà les danseurs de l'aube s'éloignent. Leurs pieds lourds battent le pavé. L'écho va s'amenuisant. Le calme et le silence retombent.
L'ombre est de nouveau maîtresse.
Quelque part au milieu des toits, une étincelle persiste. Son halo pâle révèle le vasistas clos d'une pièce mansardée, étroite et longue. Un réduit fleurant la négligence et la solitude. Sur les lattes fatiguées, qui n'ont pas connu la caresse de la cire depuis des lustres, un matelas est posé. Un large coffre de bois, semblable à ceux qui envahissaient les cabines des capitaines corsaires déverse des vêtements froissés. C'est un capharnaüm chamarré, où de tristes fripes côtoient des habits de spectacle aux couleurs violentes. Les draps défaits de la couche, maculés de larges traces de sueur, auxquelles viennent s'ajouter les témoignages en fleurs rêches sur la toile de plaisirs vécus sous ces combles malodorants, accentuent l'arrière-goût de lassitude planant sur les lieux.
Les revenants – Laura Kasischke
Lecture Commune
avec Enna et Mrs B
Christian Bourgeois éditions – septembre 2011 – 587 pages
traduit de l'anglais (États-Unis) par Éric Chédaille
Titre original : The Raising, 2011
Quatrième couverture :
« Les Revenants est une perle rare: un roman littéraire servi par une prose splendide, aussi efficace que les grandes fresques que l'on dévore d'une traite, un défilé de créatures et de situations angoissantes. C'est comme si Les raisins de la colère avaient été réécrits par H.P. Lovecraft. » Chicago Tribune
« L'écriture de Kasischke agit comme celle d'un bon poème : elle nous laisse entrevoir la possibilité d'un autre monde et nous y transporte... Ses mots nous projettent sur une autre facette de l'existence, tout en reflets. » New York Times Book Review
« La menace plane sur chacune de ses histoires, sans que l'issue soit jamais celle que l'on pressentait. À coups de symboles discrets, de descriptions à l'acuité troublante, Laura Kasischke épand du rouge sang sur la blancheur immaculée des apparences, et la tension monte, sans que l'on puisse jamais la conjurer. » Sabine Audrerie, La Croix
Auteur : Laura Kasischke a étudié à l'Université du Michigan, elle a gagné de nombreux prix littéraires pour ses ouvrages de poésie ainsi que le Hopwood Awards ; elle a également reçu la Bourse MacDowell.
Ses romans La Vie devant ses yeux et A suspicious river ont été adaptés au cinéma.
Elle vit dans le Michigan, et enseigne l'art du roman au collège de Ann Arbor.
Mon avis : (lu en avril 2012)
J'ai reçu ce livre offert par Sophie lors du Swap Yello(w)range exotic organisé par Valérie et celle-ci ayant offert ce même livre à Enna lors de l'inoubliable Swap Eros & Thanatos organisé par Canel... Une lecture commune s'imposait !
Cette histoire se déroule sur le campus universitaire de Godwin Honors Hall dans le Michigan. Nicole Werner, une étudiante, est morte dans un accident de voiture alors que son petit ami Craig était au volant.
Un an après ce drame, Craig revient à l’Université, il est tenu responsable de cet accident mais faute de preuves, il n’a pas été condamné. Malgré cela, Craig est toujours perturbé et fragile, il n’arrive plus à se souvenir du moment du drame et par moment il a l’impression de voir le fantôme de Nicole.
Dès le début du livre, le lecteur découvre de nombreux personnages dont les portraits que nous présente Laura Kasischke vont évoluer durant le l’histoire, ils sont tous plus ou moins liés et nous le découvrirons peu à peu au fil des pages. Il y a Perry, un garçon sympathique, le camarade de chambre de Craig, venant du même lycée que Nicole. Shelly qui travaille au département musique de l'université. Elle est la première arrivée sur l'accident de voiture, elle a appelé les secours mais son témoignage ne correspond pas à la version officielle rapportée dans la presse. Mira est une jeune professeure d'anthropologie dont la spécialité est la mort. Josie était la camarade de chambre de Nicole, en plus de ses cours, elle travaille quelques heures pour Shelly.
L'originalité de ce livre est dans sa construction, ce sont de courts chapitres qui ne suivent pas un ordre chronologique, l'auteure passe d'un personnage à l'autre avant ou après le drame, l'intrigue se construit donc à la manière d'un puzzle. Laura Kasischke « ballade » le lecteur, les personnages cachent leur vraie nature, de nombreuses pistes s'offrent à nous... Nous découvrons l'univers spécial des communautés universitaires américaines, des bizutages...
On imagine assez facilement une adaptation cinématographique de ce livre.
J’ai lu ce livre en deux jours de vacances et j’avais vraiment du mal à le lâcher. J'ai vraiment été conquise par ce livre et cette auteure que je ne connaissais pas et dont je compte découvrir d'autres livres.
Un grand Merci à Sophie qui m'a offert ce livre lors du Swap Yello(w)range exotic organisé par Valérie.
Allons voir maintenant les avis d'Enna et Mrs B.
Extrait : Prologue
La scène de l'accident était exempte de sang et empreinte d'une grande beauté.
Telle fut la première pensée qui vint à l'esprit de Shelly au moment où elle arrêtait sa voiture.
Une grande beauté.
La pleine lune était accrochée dans la ramure humide et nue d'un frêne. L'astre déversait ses rayons sur la fille, dont les cheveux blonds étaient déployés en éventail autour du visage. Elle gisait sur le côté, jambes jointes, genoux fléchis. On eût dit qu'elle avait sauté, peut-être de cet arbre en surplomb ou bien du haut du ciel, pour se poser au sol avec une grâce inconcevable. Sa robe noire était étendue autour d'elle comme une ombre. Le garçon, qui s'était extrait du véhicule accidenté, franchit un fossé rempli d'eau noire pour venir s'agenouiller à côté d'elle.
Il parut sur le point de la prendre dans ses bras. Il lui parlait, il dégageait les cheveux qui lui barraient les yeux, il la regardait. Selon Shelly, il n'avait pas l'air affolé. Il semblait stupéfait et transi d'amour. Il venait de glisser les bras sous elle, pour la serrer contre lui ou la soulever de terre, quand Shelly se ressaisit et actionna le klaxon de sa voiture. Deux fois. Trois fois. Trop loin pour l'entendre même si elle avait crié à tue-tête, il entendit cependant les coups d'avertisseur et releva la tête. Surpris. Désorienté. Comme s'il pensait que la fille et lui étaient les deux dernières créatures sur terre.
Bien qu'il fût fort éloigné de Shelly et séparé d'elle par le fossé rempli d'eau de pluie, il paraissait attendre qu'elle lui dît ce qu'il convenait de faire. Elle y parvint, comme s'ils pouvaient communiquer sans avoir à s'embarrasser de parler. Comme s'ils pouvaient lire dans leurs pensées respectives.
Par la suite, elle repenserait à cela. Peut-être ne lui avait-elle pas parlé du tout, ou bien peut-être avait-elle crié sans s'en rendre compte. Quoi qu'il en soit, elle parvint à lui signifier, posément, afin d'être bien comprise : « Si elle est blessée, il ne faut pas la déplacer. Il faut attendre les secours. »
C'était vraiment la seule chose qu'elle connaissait concernant accidents et blessures. Elle avait été mariée quelques années à un médecin. Ce détail lui était resté en mémoire.
« Les secours ? » interrogea le garçon. Dans le souvenir de Shelly, sa voix était parfaitement audible, toute proche. Comment cela aurait-il été possible ?
« Je les ai appelés, dit-elle. Avec mon portable. Dès que j'ai vu ce qui est arrivé. »
Il eut un hochement de tête. Il avait compris.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il. C'était qui ? Cette voiture tous phares éteints ? Pourquoi est-ce que...
- Je ne sais pas. Vous avez quitté la route.
- À l'aide », dit-il alors - un simple énoncé plutôt qu'une plainte, mais avec un accent à déchirer le cœur. Un nuage passa devant la lune, de sorte que Shelly ne le vit plus.
« Hé ! » appela-t-elle, mais il ne répondit pas.
Elle coupa le moteur, ouvrit sa portière. Ayant ôté ses chaussures, elle s'engagea prudemment dans le fossé.
« J'arrive, lança-t-elle. Restez là où vous êtes. Ne bougez pas votre amie. Ne bougez pas. »
L'eau était d'une tiédeur surprenante. La boue était molle sous la plante de ses pieds. Elle ne glissa qu'une fois, en remontant sur la rive opposée - et ce dut être à cet instant qu'elle se coupa la main sur un morceau de chrome arraché à la voiture accidentée, retournée à trois mètres de là sur la chaussée, ou bien sur un éclat de verre du pare-brise. Elle ne sentit rien sur le moment. Ce n'est qu'après que les deux ambulances furent reparties, sirènes et gyrophares en marche, qu'elle remarqua du sang sur ses mains et comprit que c'était le sien.
Quand elle parvint en haut du talus et arriva auprès des deux jeunes gens, le nuage était passé et elle put les distinguer de nouveau clairement.
Le garçon était maintenant allongé à côté de la fille, un bras passé autour de sa taille, la tête reposant sur la blonde chevelure, et le clair de lune les avait changés en statues.
Deux marbres. Parfaits. Lavés par la pluie. Classiques.
Shelly resta quelques instants à les contempler, ainsi étendus à ses pieds. Elle avait le sentiment d'être tombée par hasard sur quelque chose de très secret, sur elle ne savait quel symbole onirique, un arcane du subconscient subitement révélé, quelque rite sacré nullement destiné à des yeux humains, mais auquel elle eût été mystérieusement conviée.
Challenge 7%
Rentrée Littéraire 2011
43/49
A l'hôtel Bertram – Agatha Christie
Lecture Commune Agatha Christie
avec Valérie et Enna
Le Masque – 1967 – 251 pages
Éditions Librairie des Champs-Elysée – 1979 – 251 pages
Le Masque – juillet 1984 – 278 pages
Le Masque - août 1984 - 251 pages
Le Masque - juin 1989 - 251 pages
Livre de Poche – janvier 1992 – 278 pages
Le Masque – novembre 1999 – 280 pages
Livre de Poche – octobre 2003 – 251 pages
traduit de l'anglais par Claire Durivaux
Titre original : At Bertram’s Hotel, 1965
Quatrième de couverture :
Ah ! les muffins de l'hôtel Bertram... Ils n'ont pas leur pareil. Non plus que le thé, le personnel stylé et les clients, ladies respectables, ecclésiastiques et officiers en retraite qui viennent y retrouver l'atmosphère d'antan... Vraiment l'hôtel Bertram est plus victorien que nature, et Miss Marple se réjouit d'y passer une semaine. Et pourtant, quelques détails la troublent : cette jeune fille, Elvira, qui s'est amourachée d'un pilote de course peu recommandable, sa mère, une aventurière décidée, et ce pauvre chanoine Pennyfather qui disparaît... Il est bien étourdi, mais tout de même... Décidément, tout n'est peut-être pas aussi paisible et feutré qu'il y paraît... à l'hôtel Bertram.
Auteur : Agatha Christie (1890-1976) est la reine incontestée et inégalée du roman policier classique. Née à Torquay, son premier roman La mystérieuse affaire de Styles est publié en 1920 et voit la naissance d’un écrivain et d’un personnage : Hercule Poirot. Très vite, sa renommée est mondiale. Elle est à la tête d’une prodigieuse production littéraire et reste aujourd’hui l’un des auteurs les plus lus à travers le monde, toutes générations confondues.
Mon avis : (lu en décembre 2011)
Miss Marple est en vacances à l'hôtel Bertram situé au cœur du West End de Londres. « L'hôtel Bertram se trouve là depuis longtemps. Durant la guerre, les maisons sur sa droite, furent démolies, ainsi que celles, un peu plus loin, sur sa gauche, mais le Bertram fut épargné. » Il fait partie des vestiges du passé, tout y respire une atmosphère édouardienne, l'ambiance y est feutrée. La réputation y est excellente. « La clientèle du Bertram se recrutait, depuis toujours, dans la hiérarchie ecclésiastique, parmi les ladies douairières de l'aristocratie, arrivant de la campagne et les jeunes filles qui sortant d'institutions coûteuses, retournaient chez leurs parents pour les vacances. »
C'est vraiment l'hôtel Bertram le personnage central de cette enquête d'Agatha Christie. L'intrigue met beaucoup de temps à s'installer, beaucoup d'évènements autour des clients de l'Hôtel se mélangent et c'est seulement à la page 184 (pour un livre de 250 pages) que ce produit le premier meurtre ! Miss Marple est seulement présente comme (très bonne) observatrice, ce n'est pas elle qui mène l'enquête. Mais sa contribution en tant que témoin va être décisive...
Ce n'est peut-être pas la meilleure enquête d'Agatha Christie mais j'ai apprécié l'ambiance anglaise, les descriptions de la vie de cet Hôtel où le thé et les muffins n'ont pas leur pareil !
Allons voir maintenant, qu'elles sont les lectures d'Agatha Chrisitie de Valérie et d'Enna.
Extrait : (début du livre)
Le cœur du West-End abrite de nombreuses petites rues calmes, inconnues de presque tous, sauf des chauffeurs de taxis qui les traversent avec facilité, et arrivent à Park Lane, Barkeley Square ou South Audley Street.
Si, en venant du parc, vous tournez dans une ruelle sans prétention, et tournez à nouveau une ou deux fois, à gauche puis à droite, vous aboutirez dans une rue tranquille, où se dresse l'hôtel Bertram. L'hôtel Bertram se trouve là depuis longtemps. Durant la guerre, les maisons sur sa droite, furent démolies, ainsi que celles, un peu plus loin, sur sa gauche, mais le Bertram fut épargné. Toutefois, il ne put éviter d'être meurtri et marqué de cicatrices (comme diraient les agents immobiliers), mais grâce à une somme d'argent raisonnable, il fut restauré et reprit son aspect original. En 1955, il était précisément le même qu'en 1939, imposant sans ostentation et discrètement coûteux.
La clientèle du Bertram se recrutait, depuis toujours, dans la hiérarchie ecclésiastique, parmi les ladies douairières de l'aristocratie, arrivant de la campagne et les jeunes filles qui sortant d'institutions coûteuses, retournaient chez leurs parents pour les vacances. « Il y a si peu d'endroits où une jeune fille seule soit en sécurité à Londres, mais bien sûr, le Bertram est tout à fait convenable, nous y sommes allées durant des années. »
Déjà lu du même auteur : Dix petits nègres
Le crime de l'Orient-Express
Un cadavre dans la bibliothèque
Le Noël d'Hercule Poirot
Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
Grande-Bretagne
Lu dans le cadre du Challenge Agatha Christie
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Dans les coulisses du Musée – Kate Atkinson
Lecture Commune
avec Valérie
Éditions de Fallois – septembre 1996 – 348 pages
Livre de Poche – septembre 1998 – 410 pages
traduit de l'anglais par Jean Bourdier
Titre original : Behind the scenes at the Museum, 1995
Quatrième de couverture :
Dès l'instant précis de sa conception, une nuit de 1951, la petite Ruby Lennox a commencé à voir, à comprendre, à sentir. En particulier, elle sait qu'on se serait bien passé d'elle... Et la voilà qui entreprend de nous raconter, avec un humour et une lucidité féroces, dévastateurs, son histoire, celle de ses parents George et Bunty, petits boutiquiers d'York, de ses sœurs, de toute une famille anglaise moyenne - mais assurément pas ordinaire. Mieux encore : Ruby remonte dans le passé. Si bien qu'à l'Angleterre des années cinquante et soixante se mêlent les images de tout le siècle, de deux guerres mondiales qui ont bouleversé des destinées. Dès sa parution en Angleterre, ce premier roman de Kate Atkinson a été salué comme un chef-d'œuvre, pour la subtilité de sa construction, la verve irrésistible de son écriture. Il a obtenu le prix Whitbread 1996, battant au dernier tour Salman Rushdie. En France, la rédaction de Lire l'a élu meilleur livre de l'année.
Auteur : Kate Atkinson est entrée dans la littérature par la grande porte, en 1996, avec un roman fascinant qui ne ressemblait à rien de connu, Dans les coulisses du musée, qui obtint le Prix Whitbread en Grande-Bretagne et le Prix du Meilleur Livre de l’année en France (« Lire »). Elle a publié depuis quatre autres romans : Dans les replis du temps (1998), Sous l’aile du bizarre (2000), La Souris bleue (2004) qui a obtenu le Prix Westminster du roman anglais, Les choses s’arrangent, mais ça ne va pas mieux (2006), et un recueil de nouvelles : C’est pas la fin du monde (2003). Best-seller en Grande-Bretagne, elle a connu en France des critiques élogieuses et un large public. Elle vit actuellement à Édimbourg.
Mon avis : (lu en décembre 2011)
J'ai ce livre dans ma PAL depuis un certain temps aussi lorsqu'il y a quelques jours, Valérie m'a proposée une lecture commune c'était l'occasion parfaite de le lire.
Ce livre captivant nous plonge dans le quotidien d'une famille modeste anglaise à travers le regard de Ruby, la petite dernière. Année par année, Ruby nous raconte sa vie et celle de sa famille depuis le jour de sa conception, avec de l'humour mais aussi de l'émotion.
Ruby observe sa famille et nous raconte ce qu'elle comprend ou perçoit de la part des uns ou des autres. Elle a un ton direct, sans concession. Le lecteur est captivé, il n'a de cesse de découvrir la suite de cette histoire de famille qui cache quelques secrets...
Je me suis immergée avec beaucoup de plaisir dans cette histoire de famille où il y a de nombreux personnages de différentes générations et sans oublier des flash-back dans les annexes de chaque chapitre.
C'est le deuxième livre que je lis de Kate Atkinson et je l'ai autant apprécié que le premier, je regrette mêm de ne pas l'avoir sorti de ma PAL plus tôt !
Allons voir maintenant ce qu'a pensé Valérie de ce livre.
Extrait : (début du livre)
Ça y est j’existe ! Je suis conçue alors que minuit sonne à la pendule posée sur la cheminée, dans la pièce de l'autre côté du vestibule. La pendule a appartenu autrefois à mon arrière-grand-mère (une femme nommée Alice) et c'est sa sonnerie fatiguée qui salue mon entrée dans le monde. Ma fabrication commence au premier coup de minuit et s’achève au dernier, au moment où mon père se retire de ma mère, roule de côté et se retrouve subitement plongé dans un sommeil sans rêve grâce aux cinq pintes de bière John Smith qu’il a bues au Bol-de-Punch, avec ses amis Walter et Bernard Belling. Lorsque j’ai été arrachée au néant, ma mère faisait semblent de dormir – comme elle le fait souvent en ces circonstances. Mais mon père a la santé et il ne se laisse pas décourager pour autant.
Mon père s'appelle George, et il a dix bonnes années de plus que ma mère, qui ronfle maintenant, le nez dans l'oreiller voisin. Ma mère a pour nom Berenice, mais tout le monde l'a toujours appelée Bunty.
« Bunty » ne me semble pas un nom très adulte. Ne serait-il pas préférable pour moi d'avoir une mère avec un autre prénom ? Un prénom tout simple comme Jane, ou très maternel comme Mary ? Ou bien quelque chose de romantique, quelque chose faisant un peu moins penser aux illustrés pour adolescentes sportives – Aurore, par exemple, ou Camille ? Trop tard maintenant. Le nom de Bunty va, bien sûr, être « Maman » pour les quelques années à venir, mais, au bout d'un certain temps, il ne restera plus aucune dénomination maternelle (maman, m'man, man, mama, ma, mmm) paraissant appropriée, et je renoncerai plus ou moins à l'appeler de quelque nom que ce soit. Pauvre Bunty !
Déjà lu du même auteur :
A quand les bonnes nouvelles ?
Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
Grande-Bretagne, Écosse
Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman