01 novembre 2016

La mort nomade – Ian Manook

Lu en partenariat avec Albin Michel 

ppm_medias__image__2016__9782226325846-x Albin Michel – septembre 2016 – 432 pages

Quatrième de couverture :
Usé par des années de lutte stérile contre le crime, l'incorruptible commissaire Yeruldelgger a quitté la police d'Oulan-Bator. Plantant sa yourte dans les immensités du désert de Gobi, il a décidé de renouer avec les traditions de ses ancêtres. Mais sa retraite sera de courte durée. Deux étranges cavalières vont le plonger bien malgré lui dans une aventure sanglante qui les dépasse tous. Eventrée par les pelleteuses des multinationales, spoliée par les affairistes, ruinée par la corruption, la Mongolie des nomades et des chamanes semble avoir vendu son âme au diable !
Des steppes arides au coeur de Manhattan, du Canada à l'Australie, Manook fait souffler sur le polar un vent plus noir et plus sauvage que jamais. 

Auteur : Ian Manook a sûrement été le seul beatnick à traverser d'Est en Ouest tous les États-Unis en trois jours pour assister au festival de Woodstock et s'apercevoir en arrivant en Californie qu'il s'ouvrait le même jour sur la côte Est, à quelques kilomètres à peine de son point de départ. C'est dire s'il a la tête ailleurs. Et l'esprit voyageur ! Journaliste, éditeur, publicitaire et désormais romancier, Yeruldelgger est son premier roman, et le premier opus d'une série autour du personnage éponyme qui nous conduit des steppes oubliées de Mongolie aux bas-fonds inquiétants d'Oulan-Bator.

Mon avis : (lu en octobre 2016)
C'est la troisième 
et dernière aventure de Yeruldelger. Pour ma part, je n'ai pas lu la seconde par manque de temps... Ce dernier a quitté la police d'Oulan-Bator, il s'est réfugié dans sa yourte au milieu de l'immensité du désert de Gobi pour renouer avec les traditions de ses ancêtres. Et voilà que deux étranges cavalières viennent le déranger dans sa retraite...
J'ai moins aimé cette épisode que premier, car au début j'étais perdu par la multitude de personnages, de meurtres, d'évènements un peu partout autour de la Terre : dans les steppes arides de la Mongolie, au cœur de Manhattan, au Canada, en Australie... Puis peu à peu le puzzle se met en place et je comprends mieux l'intrigue de cette histoire centrée sur la corruption et les multinationales qui exploitent sans état d'âme les mines de la Mongolie, n'hésitant pas à défigurer un pays pour des profits. Les morts sont nombreux, la violence est là sans oublier les rebondissements et les traditions de Mongolie...
J'aime toujours beaucoup le personnage de Yeruldelger avec ses défauts, ses qualités et sa complexité, je lirai donc certainement un jour l'épisode 2.

Merci Aurore et les éditions Albin Michel pour cette lecture palpitante et dépaysante

 

Extrait : (début du livre)
Le petit combi russe bleu tout-terrain crapahutait, en équilibre instable, vers la ligne de crête. En dodelinant dangereusement, sa carcasse peinturlurée écrasait sous ses pneus ramollis des cailloux chauds qui fusaient en cognant sous le châssis. La pente et les soubresauts décidaient de sa trajectoire plus que les efforts du chauffeur, cramponné de ses mains d’ogre au fin volant de bakélite ivoire.
– On va finir par verser et rouler jusque dans la vallée si tu continues comme ça. Et c’est moi qui suis à la place du mort.
Al éclaboussait de Chinggis tiède son T-shirt Yes We Khan à chaque couinement des ressorts à lame de la suspension malmenée.
– Si on verse, tout le monde meurt, philosopha Zorig, son corps de géant voûté pour tenir dans l’habitacle, les genoux dans le volant et la tête contre le pare-brise. Mais ça n’arrivera pas. Ces engins-là c’est comme des tiques. Ça suce la route et ça ne la lâche plus. 
– Sauf le jour où tu nous as fait basculer dans le lac Airag, au sud de Khyargas, rappela Naaran, cramponné au skaï de la banquette arrière, la tête cognant contre la tôle de métal brut.
– Ce jour-là, c’était les freins.
– Et la ravine, dans le Khangai Nuruu ? insista Erwan, brinquebalé par les chahuts cahotiques du van. C’était les freins aussi peut-être ?
– Ce jour-là c’était les pneus ! bouda Zorig.
– Et la sortie de piste sur la route de Tchor ? Tu te souviens, la longue piste bien droite et toute plate, c’était quoi déjà ?
– …
– C’était pas les éléphants, par hasard ?
Tous éclatèrent de rire, sauf Zorig, vexé, qui s’abîma dans sa conduite erratique.
– Ce jour-là, tu nous as bien jetés dans un dévers pour éviter un éléphant, non ?
– Et alors, je me suis trompé, ça arrive, non ? Je sais bien qu’il n’y a pas d’éléphants dans la steppe. Je ne suis pas aussi con que ça. Ça devait être autre chose, un yack, ou un chameau, je ne sais plus. J’étais fatigué.
– Fatigué ? Ivre, oui ! Rétamé, cuivré comme une bassine à myrtilles, plein comme une vessie de yack ! Tu devrais me laisser le volant, s’inquiéta Naaran.
– Jamais de la vie. C’est mon UAZ. C’est moi qui le conduis.
– Zorig, s’il n’y a rien de praticable de l’autre côté de cette crête, on ne pourra jamais faire demi-tour, pas même marche arrière.
– On pourra. Il passe partout. Et puis il y a toujours quelque chose après les choses.
C’était une sentence à la Zorig. Une affirmation non discutable à laquelle le futur donnait quelquefois raison. Al, Naaran et Erwan cherchèrent une réplique pour le principe, mais ce qu’ils découvrirent en atteignant la crête les laissa sans voix. Zorig stoppa le van dans un soubresaut qui faillit les faire glisser dans le ravin et colla son visage de colosse contre le pare-brise constellé d’impacts.
– Magnifique, siffla-t-il entre ses dents.
– Macabre, oui, murmura Al.
– Morbide, corrigea Naaran depuis le siège arrière.
– C’est quoi la différence ? s’enquit Erwan en glissant la tête entre les épaules de Zorig et d’Al pour mieux voir.
– Macabre évoque une mort dans des circonstances tragiques, alors que morbide n’a rien à voir avec la mort. C’est juste quelque chose de malsain et d’anormal, expliqua Al.
– Alors c’est plutôt morbicabre, trancha Zorig.
– Et beau.
– Morbicabre et beau, approuvèrent les autres en descendant du van.
Devant eux, l’homme nu était allongé sur le dos, comme enroulé sur un rocher. Son corps, cambré au-delà du probable, épousait très exactement la forme de la pierre presque ronde. Jusqu’à sa nuque. Jusqu’à ses bras désarticulés aux épaules et tendus au-delà de sa tête renversée, lestés par une lourde pierre au bout d’une corde nouée à ses poignets. D’un côté ses pieds étaient attachés à la base du gros rocher et de l’autre cette pierre immobile pendait dans le vide et l’étirait, cintré, sur le rocher lisse.
– Il est mort ? demanda Erwan sans oser s’approcher.
– Qui a fait ça ? gronda Zorig.
– Je n’en sais rien. Une sorte de crime rituel peut-être…
– Je ne parle pas de ce mec, je parle de mes dessins !

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12/18

Déjà lu du même auteur :

9782356418470-T Yeruldelgger 

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16 avril 2015

Yeruldelgger - Ian Manook

  Lu dans le cadre du Challenge
 
"Écoutons un livre"
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LOGOTYPE-2015 

9782356418470-T

Audiolib - janvier 2015 - 15h32 - Lu par Martin Spinayer

 

Quatrième de couverture :
Le corps enfoui d’une enfant, découvert dans la steppe par des nomades mongols, réveille chez le commissaire Yeruldelgger le cauchemar de l’assassinat jamais élucidé de sa propre fille. Peu à peu, ce qui pourrait lier ces deux crimes avec d’autres plus atroces encore, va le forcer à affronter la terrible vérité. Il n’y a pas que les tombes qui soient sauvages en Mongolie. Pour certains hommes, le trafic des précieuses « terres rares » vaut largement le prix de plusieurs vies. Innocentes ou pas. Dans ce thriller d’une maîtrise époustouflante, Ian Manook nous entraine sur un rythme effréné des déserts balayés par les vents de l’Asie Centrale jusqu’à l’enfer des bas-fonds d’Oulan-Bator. Il y avait la Suède de Mankell, l’Islande d’Indridason, l’Écosse de Rankin, il y a désormais la Mongolie de Ian Manook !
Une interprétation à « coeur battant » qui entraîne l’auditeur dans une histoire pleine de méandres, bouleversante, en immersion totale.

Auteur : Patrick Manoukian, alias Ian Manook, a sûrement été le seul beatnick à traverser d'Est en Ouest tous les États-Unis pour assister au festival de Woodstock et s'apercevoir en arrivant en Californie qu'il s'ouvrait le même jour sur la côte Est, à quelques kilomètres de son point de départ. C'est dire s'il a la tête ailleurs et l'esprit voyageur. Journaliste, éditeur, publicitaire et désormais romancier, Yeruldelgger est son premier roman mais certainement pas le dernier, puisqu’il inaugure une série mettant en scène le commissaire éponyme.

Lecteur : Martin Spinhayer est un comédien belge de théâtre, de télévision et de doublage.Acteur de l’ombre des studios, il se consacre à tous les aspects vocaux dumétier, passant des personnages les plus sombres aux plus extravagants.Son timbre grave lui a permis d’incarner la voix française, notamment,de John Goodman et Jeremy Irons. 

Mon avis : (écouté en avril 2015)
Cela faisait quelques temps que je voulais découvrir ce roman policier et j'étais donc ravi de découvrir qu'il faisait parti de la sélection du Prix Audiolib. Voilà un roman noir écrit par un français et dont l'action se déroule en Mongolie. 
Tout commence avec la découverte des corps de trois chinois émasculés dans un entrepôt à Oulan-Bator puis celle du corps d'un enfant enseveli avec son petit vélo dans la steppe. Le commissaire Yeruldelgger doit résoudre ses deux enquêtes avec son équipe. 

L'histoire est palpitante et le cadre magnifique. Le lecteur suit une enquête pleine de noirceur, de surprises et de rebondissements et en même temps découvre la Mongolie, ses paysages, ses coutumes, sa réalité économique, sociale.
La quatrième de couverture évoque Mankell et la Suède ou Indradison et l'Islande, pour ma part je trouve ce roman plus proche de Tony Hillerman et Jim Chee. Ici la tradition Mongole et ses valeurs que l'on retrouve encore dans la steppe s'affronte à la modernité, la corruption et les trafics d'Oulan-Bator.

Dans la version audio, l'entretien avec l'auteur complète toujours très bien notre lecture. 
Je continuerai sans hésitation de découvrir les prochaines aventures de Yeruldelgger.

 

Extrait : (début du livre)
Yeruldelgger observait l’objet sans comprendre. D’abord il avait regardé, incrédule, toute l’immensité des steppes de Delgerkhaan. Elles les entouraient comme des océans d’herbe folle sous la houle irisée du vent. Un long moment, silencieux, il avait cherché à se convaincre qu’il était bien là où il se trouvait, et il y était bien. Au cœur de distances infinies, au sud de la province du Khentii et à des centaines de kilomètres de ce qui pourrait un tant soit peu justifier la présence incongrue d’un tel objet.
Le policier du district se tenait respectueusement à un mètre derrière lui. La famille de nomades qui l’avaient alerté, à quelques mètres en face. Tous le regardaient, attendant qu’il apporte une explication satisfaisante à la présence de l’objet saillant de terre, de travers par rapport à l’horizon. Yeruldelgger avait respiré profondément, malaxé son visage fatigué dans ses larges paumes, puis il s’était accroupi devant l’objet pour mieux l’observer.
Il était vidé, épuisé, comme essoré par cette vie de flic qu’il ne maîtrisait plus vraiment. Ce matin à six heures on l’envoyait enquêter sur trois cadavres découpés au cutter dans le local des cadres d’une usine chinoise dans la banlieue d’Oulan-Bator, et cinq heures plus tard il était dans la steppe à ne même pas comprendre pourquoi on l’avait envoyé jusque-là. Il aurait de loin préféré rester en ville pour enquêter sur les cadavres des Chinois avec son équipe. Il savait par expérience et par goût de l’adrénaline que la première heure sur une scène de crime était déterminante. Il n’aimait pas trop ne pas y être, même s’il avait toute confiance en l’inspecteur Oyun qu’il avait laissée en charge. Elle savait y faire et le tiendrait au courant si nécessaire.
Le policier du district n’avait pas osé s’accroupir à côté de lui. Il restait debout, à moitié penché, les genoux pliés et le dos cassé en deux. Mais à la différence de Yeruldelgger, il ne cherchait pas à comprendre. Il attendait juste que le commissaire de la capitale le fasse. Les nomades, eux, s’étaient accroupis en même temps que lui. 
Le père était peut-être un grand-père, le visage plissé par la lumière du soleil sous son chapeau traditionnel pointu. Il portait un vieux deel de tissu satiné vert, tout brodé de jaune, et des bottes de cavalier en cuir. La femme était habillée d’un manteau bleu clair et soyeux serré par une large ceinture de satin rose. Elle était beaucoup plus jeune que l’homme. Les trois enfants se suivaient en rang d’oignons, rouge, jaune et vert : deux garçons et une petite dernière. Le commissaire jugea qu’il y avait à peine un an de différence de l’un à l’autre. Toute la famille affichait un air réjoui et de grands sourires qui tranchaient sur leurs visages à la peau rugueuse et rougie par les vents des steppes, le sable des déserts et les brûlures de la neige. Yeruldelgger avait été un gamin des steppes comme eux dans une de ses premières vies.
– Alors, commissaire ? osa le policier du district.
– Alors c’est une pédale. Une pédale de petite taille. Je suppose que tu as déjà vu une pédale, policier ?
– Oui, commissaire. Mon fils a un vélo.
– À la bonne heure, soupira Yeruldelgger, alors tu sais ce que c’est qu’une pédale !
– Oui, commissaire.
En face d’eux, la famille de nomades accroupis en rang d’oignons écoutait leur échange en souriant. Derrière, on apercevait leur yourte blanche, et tout autour la steppe verdoyante ondulée par le vent à perte de vue jusqu’à l’horizon bleu des premières collines. On ne distinguait même pas la piste étroite par laquelle le petit tout-terrain russe les avait bringuebalés jusqu’à la yourte.
Yeruldelgger posa ses puissantes mains bien à plat sur ses cuisses, à la manière des sumos japonais, et rentra la tête dans les épaules pour se forcer à contenir la colère qui montait.
– Et c’est pour ça que tu m’as fait venir ?
– Oui, commissaire…
– Tu m’as fait faire trois heures de piste depuis Oulan-Bator pour une pédale qui sort de terre ?
– Non, commissaire, c’est pour la main !
– La main ? Quelle main ?
– La main sous la pédale, commissaire.
– Quoi ? Il y a une main sous cette pédale ?

Challenge Petit Bac 2015 
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Titre : 1 mot (3)

Challenge Trillers et Polars
2014-2015
 
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catégorie "Même pas peur" :  17/25 

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15 avril 2014

Là où naissent les nuages - Annelise Heurtier

 Lu en partenariat avec Casterman

la ou naissent les nuages Casterman - avril 2014 - 208 pages

Quatrième de couverture :
Fille unique de parents très aimants, mais très occupés, Amélia, 16 ans, s'est réfugiée dans la gourmandise. Elle traîne son corps adolescent et ses kilos en trop comme une punition. Mais l'arrivée d'une lettre étrange venue de Mongolie va bouleverser la banalité un peu mélancolique de son quotidien...

Auteur : Annelise Heurtier est née en 1979. Parallèlement à un début de carrière éloignée du milieu des lettres (une prépa HEC suivie d'une école de commerce la conduisent à travailler dans le marketing et le management), elle commence à écrire des textes à destination de la jeunesse. Son premier roman est rapidement publié aux éditions du Rouergue. Aujourd'hui, Annelise Heurtier habite à Tahiti où elle vit avec son compagnon et ses deux enfants. 

Mon avis : (lu en avril 2014)
Amélia, 16 ans, est une adolescente assez gâtée, fille unique dans un milieu aisé. Ayant quelques kilos en trop, elle n'est pas à l'aise dans son corps et manque de confiance en elle. Elle a la chance de pouvoir faire un grand voyage pour la Mongolie dans une association qui aide des enfants. Au début, elle devait faire ce voyage avec son père mais celui-ci est obligé de rester à Paris et c'est toute seule qu'elle part pour l'inconnu...
Ce voyage va la transformer. Elle va découvrir la misère du pays, des enfants qui se contentent de peu, en comparaison sa vie parisienne va lui paraître bien futile et douillette.
Amélia est la narratrice du livre, le lecteur suit dans le récit de son voyage : son évolution, ses réflexions, ses sentiments. 
Un récit émouvant et instructif.
Petit bémol dans l'intrigue sur le "rebondissement" final qui n'apporte rien à l'histoire mais qui fait un peu "cliché"...
Je trouve très belle l'illustration de la couverture du livre.

Merci Brigitte et les éditions Casterman 

Autres avis : Gambadou, CanelSaxaoul

Extrait : (début du livre)
Je détestais ça.
Je détestais que l'on me regarde comme ça.
Du bout des doigts, la fille de la boulangère me tendait le petit sac en papier, le sourire dégoulinant de mépris. Elle avait les ongles chargés d'une épaisse couche de vernis pailleté, sauf celui de l'index, qui se singularisait grâce au palmier miniature qu'on y avait habilement dessiné.
J'ai croisé le reflet d'un visage dans la glace. A côté d'un éventail de sucettes multicolores, il y avait une fille yeux rouges paupières gonflées cheveux ébouriffés saloperie d'humidité.
Moi.
Je me suis contentée de placer la monnaie sur le comptoir et je lui ai quasiment arraché le sac brun, déjà auréolé de gras par les trois pains au chocolat. Je suis sortie et j'ai commencé à marcher sur le trottoir mouillé. Un pas devant l'autre. Je me foutais complètement de ce qu'elle pouvait penser, avec sa manucure de dinde. Un pas et puis l'autre. Ce n'est pas elle qui venait de découvrir le garçon de ses rêves en train d'embrasser (dévorer) sa meilleure amie contre la grille du lycée.

 Challenge Petit Bac 2014
91121022
"Couleur" (5)

 

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