La ronde des désirs impossibles - Paola Calvetti
Lu en partenariat avec Albin Michel
Albin Michel - avril 2014 - 272 pages
traduit de l'italien par Sophie Royère
Titre original : Olivia ovvero la lista dei sogni possibli, 2012
Quatrième de couverture :
« Je m'appelle Olivia, j'ai trente-trois ans, onze mois et douze jours. Assez vieille pour avoir été déçue mille fois, mais assez jeune pour me laisser encore surprendre. »
Quand, à 9h06 précises, Olivia apprend qu'elle est licenciée, elle hésite entre tuer sa boss (la « Witch ») ou penser très fort à sa grand-mère adorée qui lui a appris à conjurer le sort. Dans le petit bar-tabac où elle se réfugie, elle observe les clients en se remémorant sa vie, ses moments de bonheur. Le même jour, Diego, un jeune avocat, décide de prendre un nouveau départ. Comme Olivia, il a perdu un être cher ; comme elle, il prend la résolution de se libérer du passé. Diego et Olivia ignorent tout l'un de l'autre. Pourtant, ils se connaissent... mais ils ne le savent pas encore.
Après L'amour est à la lettre A, Paola Calvetti nous entraîne dans une comédie sentimentale pleine d'humour, de poésie et d'optimisme, l'émouvante aventure de deux solitudes qui se rencontrent.
Auteur : Paola Calvetti est née à Milan, où elle vit et travaille. Longtemps journaliste à La Repubblica, elle a écrit de nombreux scénarios pour la télévision italienne. Directrice de la communication du théâtre de la Scala de Milan entre 1993 et 1997, elle est l'auteur de plusieurs romans dont L'Amour est à la lettre A et L'Amour secret.
Mon avis : (lu en mai 2014)
J'avais déjà lu du même auteur "L'amour est à la lettre A" que j'avais bien aimé, c'est également la couverture colorée de ce nouveau livre m'a donnée envie de le découvrir.
Sans le savoir, lorsqu'ils étaient enfants, Olivia et Diego se sont croisés. De nombreuses années plus tard, nous allons les retrouver tous deux durant une journée. C'est le jour où Olivia vient d'être licenciée, elle a quitté son lieu de travail avec ses affaires. Incapable de rentrer chez elle, elle finit par se réfugier dans un café. Au bord des larmes, elle commande et se met à penser à sa grand-mère qui lui manque beaucoup, à observer les différents clients durant toute la journée. Elle se raconte au lecteur, elle aime faire des listes, immortaliser des souvenirs avec un polaroïd... Quelques pages nous racontant Diego s'intercalent au milieu des réflexions d'Olivia. Diego un jeune avocat qui est hanté depuis son enfance par la disparition de son grand frère musicien alors âgé de 18 ans. Ses parents étant décédés depuis peu, il a pris la décision de liquider ce passé pour avancer vers l'avenir.
Rapidement le lecteur imagine qu'Olivia et Diego vont se rencontrer...
Une lecture sympathique avec deux personnages attachants, un côté nostalgique, une ambiance et pour le lecteur l'entente de cette rencontre ou pas... Où ? Quand ? Comment ?
Merci Soizic et les éditions Albin Michel pour ce partenariat.
Extrait : (page 13)
Il est 10h23 et depuis soixante-dix-sept minutes environ, je suis sans emploi.
Oh, n'allez pas vous imaginer la petite blonde new-yorkaise filmée par les télés du monde entier au moment où elle quitte l'immeuble de Lehman Brothers avec son carton d'affaires entre les bras. Quand ça lui est arrivé, on était au mois de septembre, le soleil brillait sur Manhattan, et avec ses cheveux lisses, son visage maquillé, ses tongs aux pieds et presque rien sur elle, cette fille était le summum du chic. Elle est devenue une icône, le symbole d'une époque, alors que moi, j'ai les lèvres gercées, les pieds congelés et les cheveux qui frisent comme des feuilles de scarole.
Pourtant, moi aussi j'ai été licenciée, et j'aurais mieux fait de porter des bottes en caoutchouc. Dans mon trousseau d'accumulatrice qui ne jette rien - on ne sait jamais, ça pourrait redevenir tendance -, j'en ai en cuir, en daim, à talons et sans talons, même si elles sont toutes marron ou noires. Dès que l'automne approche, c'est-à-dire au moins une fois par an, je me promets d'acheter des bottes en caoutchouc. Si je l'avais fait, je serais quand même là à traînailler dans un bar-tabac, mais je n'aurais pas les chaussettes collées aux pieds dans des bottes en daim franchement inadaptées à une journée aussi spéciale.
Challenge Voisins Voisines 2014
Italie
Déjà lu du même auteur :
Come Prima - Alfred
Delcourt - octobre 2013 - 224 pages
Fauve d'or d'Angoulême - Prix du meilleur album 2014
Quatrième de couverture :
Début des années 60. Suite à la mort de leur père, deux frères, Fabio et Giovanni, sillonnent les routes au volant d'une Fiat 500. Leur voyage, émaillé de disputes et de silences, de souvenirs et de rencontres, les conduira jusqu'à leur Italie natale, quittée depuis des années. Par bribes, le portrait de leur père se recompose et les amène à mettre en lumière leurs relations tumultueuses...
Auteur : Lionel Papagalli, dit Alfred, né à Grenoble le 19 mai 1976, est un auteur de bande dessinée français. Il a gagné le Fauve d'or (prix du meilleur album) au festival d’Angoulême en 2014, pour l'album Come Prima.
Mon avis : (lu en mars 2014)
Après une quinzaine d'années de séparation, deux frères, Fabio et Giovanni se retrouvent. Leur père est mort, ils vont faire ensemble la route jusqu'au petit village d'Italie où ils sont nés. Ce voyage en Fiat 500 sera l'occasion de s'expliquer, de se souvenirs de leur enfance, de faire des rencontres... Et peu à peu le lecteur va découvrir l'histoire de chacun des deux frères et celle du père.
L'histoire est touchante, le récit est lent, bien mené, avec quelques touches d'humour.
Le dessin est très expressif, certaines planches n'ont aucun dialogue. L'auteur a choisi deux façon de dessiner, l'une pour le présent et l'autre pour évoquer le passé. C'est ce dessin tout en aplats de couleur que j'ai préféré.
Une jolie découverte.
Extrait :
13 jours - Valentina Giambanco
Lu en partenariat avec Albin Michel
Albin Michel - février 2014 - 542 pages
Quatrième de couverture :
L’assassin lui a donné 13 jours.
13 jours pour tenter de comprendre.
13 jours avant de plonger dans les ténèbres…
À Seattle, personne n’a oublié le mystère de la Hoh River : trois gamins enlevés, cachés dans les bois. Seuls deux d’entre eux avaient réapparu, incapables de se souvenir de ce qui leur était arrivé.
Vingt-cinq ans plus tard, un couple et ses deux fils sont sauvagement assassinés. Au-dessus de la porte de la chambre, le tueur a laissé un message : 13 jours.
Très vite convaincue que les deux affaires sont liées, puisque le père de famille qui vient d’être assassiné était l’un des trois enfants kidnappés, la police manque pourtant de preuves. Pour sa première grande enquête, l’inspecteur Alice Madison devra se fier à son instinct. Au cœur des forêts, le cauchemar va recommencer. Dans 13 jours.
Un premier roman sombre et obsédant, best-seller en Grande-Bretagne, qui a imposé Valentina Giambanco sur la scène du thriller britannique.
traduit de l'anglais par Isabelle Maillet
Titre original : The gift of darkness, 2013
Auteur : Valentina Giambanco est née en Italie. Elle est monteuse pour le cinéma et a travaillé sur de nombreux films à succès, anglais et américains. L'Offrande des ténèbres est son premier roman.
Mon avis : (lu en mars 2014)
Une famille de quatre personnes est retrouvée sauvagement assassinée. Les quelques indices trouvées sur place semblent accuser John Cameron un proche des victimes. C'est l'inspecteur Brown qui s'occupe de l'enquête avec Alice Madison, toute jeune inspecteur, comme équipière. Vingt cinq ans plus tôt, près de la Hoh River, le père de famille assassiné, James Sinclair, avait été enlevé en compagnie de deux autres camarades du même âge. L'un des trois enfants n’a jamais été retrouvé et les deux autres n'avaient jamais pu raconté ce qui s’était passé... Ces deux histoires ont-elles un rapport ?
Le lecteur découvre assez vite qui est le coupable mais reste à découvrir le mobile du quadruple assassinats, le mode opératoire et son lien avec le passé...
Un roman policier parfaitement construit, avec beaucoup de rythme. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Alice Madison qui a un passé douloureux, une forte détermination à résoudre son enquête et qui n'a pas encore dévoilée toutes ses facettes. Pourvu qu'elle revienne dans un nouveau livre.
Merci Marlène et les éditions Albin Michel pour cette belle découverte.
Extrait : (page 13)
Certains soirs, l’odeur de la mer monte jusqu’à University Hill.
Alice Madison baissa sa vitre de quelques centimètres pour humer l’air iodé. La nuit était glacée, et le brouillard de décembre formait entre les maisons et les arbres dénudés de grandes nappes humides qui stagnaient au ras du sol. Il ne restait que deux semaines avant Noël, et les étudiants assez aisés pour vivre de ce côté de la colline avaient déjà regagné leurs foyers disséminés dans tout l’État de Washington.
Sur le tableau de bord, l’horloge indiquait 4 h 15. L’inspecteur Brown, silhouette sombre assise sur le siège passager, avait bien résumé la soirée des heures plus tôt.
« Une fois qu’on a avalé des litres de café et dit tout ce qu’il y avait à dire, planquer revient à essayer de tuer le temps, alors qu’on donnerait cher pour faire autre chose, ailleurs, avec quelqu’un d’autre. »
Ce qui décrit assez bien notre collaboration, pensa-t-elle.
Son souffle embuait la vitre. Il avait fallu choisir : avoir froid ou supporter les relents de sueur et d’ennui dégagés par les corps après des heures d’attente. Elle préférait avoir froid.
Quand Brown se retourna pour jeter un coup d’œil à l’autre bout de la rue, elle perçut l’odeur de son after-shave, fraîche et plutôt plaisante. Alice devinait son coéquipier profondément contrarié : leurs chances de voir leur mission aboutir étaient quasiment nulles.
Gary Stevens – blanc, vingt-trois ans, pas de casier – était le suspect numéro un dans leur enquête sur le meurtre d’une étudiante du campus âgée de dix-neuf ans. La police avait découvert Janice Hiller affaissée près du radiateur auquel elle était menottée. Tuée d’un coup porté à la tête. Une tasse de café à moitié vide était encore posée à côté de sa main droite.
Le jour où elle avait intégré la Brigade criminelle de Seattle, quatre semaines plus tôt, Alice Madison s’était rendue au cimetière proche de Burien où étaient enterrés ses grands-parents. Après avoir déposé un bouquet de roses blanches sur leur tombe, elle s’était recueillie un long moment dans la solitude du lieu. Où qu’ils soient, ils devaient savoir au plus profond de leur cœur que, si elle était devenue ce qu’elle était aujourd’hui, c’était grâce à eux : leur amour était une bénédiction qu’elle portait comme un bijou précieux, à même la peau, bien caché. Ce soir-là, de retour chez elle, elle avait avalé un dîner léger – jamais de surgelés, jamais de conserves – et dormi dix heures d’affilée.
Depuis son arrivée, Brown ne se montrait pas spécialement froid envers elle, il ne lui refusait pas non plus son aide à l’occasion, mais il faisait preuve d’un certain détachement. C’était un excellent flic, sans doute l’un des meilleurs. Tous deux ne seraient jamais amis, elle en avait bien conscience, mais en même temps elle se sentait prête à lui confier sa vie. Peut-être était-ce suffisant.
Challenge Voisins Voisines 2014
Italie
Challenge Petit Bac 2014
Moment/Temps (5)
Challenge Trillers et Polars
catégorie "Même pas peur" : 23/25
Au vent mauvais - Rascal et Thierry Murat
Futuropolis - mars 2013 - 112 pages
Quatrième de couverture :
Je regardais le monde défiler à grande vitesse.
Ce monde que je n'avais vu qu'en mode pause à travers une fenêtre flanquée de trois barreaux.
Auteurs : Thierry Murat a 45 ans. Il vit dans les Landes. Après des études d’arts appliqués à Poitiers, il devient graphiste et se passionne pour l’illustration. 2002 : parution de son premier livre jeunesse, Kontrol 42 (Éditions du Rouergue). Cinq autres titres suivront dont Dieux, Pensées en suspension et autres points (Éditions l’Édune).
Parallèlement, il se lance dans la bande dessinée.
2004 : Elle ne pleure pas elle chante, avec Amélie Sarn et Corbeyran (Delcourt).
2006 : Ysoline, sur un scénario de Rascal (Delcourt).
2008 : Le Poisson-chat avec Arnaud Floc’h (Delcourt).
2011 : Les Larmes de l'assassin, librement adapté du roman d'Anne-Laure Bondoux (Futuropolis)
2013 : Au vent mauvais, avec Rascal (Futuropolis)
Thierry Murat travaille actuellement sur une adaptation en bande dessinée du Vieil homme et la mer, d'Ernest Hemingway
Rascal est né en Belgique, le 24 juin 1959. Après avoir travaillé dans la publicité, réalisé des affiches pour le théâtre, et fait plusieurs métiers, il décide de se consacrer aux livres pour enfants. Il est à la fois auteur et illustrateur mais écrit le plus souvent des histoires pour d'autres artistes. Rascal a reçu le Prix Québec-Wallonie-Bruxelles de littérature de jeunesse en 1997 et Grand prix triennal en littérature de Jeunesse de la Communauté française 2009-2012.
Mon avis : (lu en janvier 2014)
Abel Mérian vient de sortir de prison après sept ans sous les barreaux, il n'a comme seul bagage un sac Tati et les vêtements qu'il porte sur lui. Personne ne l'attend. Lui attendait ce jour de libération pour aller récupérer son butin qu'il a bien caché avant d'être arrêté. Cela va lui permettre de profiter sans soucis de la liberté retrouvée... Mais une surprise l'attend, la vieille usine où était sa planque a disparue, elle a été transformée en un Musée d'Art Moderne et le magot a certainement été coulé dans les fondations... C'est donc abattu et déprimé sans trop savoir que faire qu'Abel se promène dans le musée et découvre sous une banquette un portable oublié. Il sonne, c'est sa propriétaire, une jeune femme qui part en Italie qui lui demande de lui renvoyer par la poste... Abel décide de faire mieux, il vole une voiture et part direction l'Italie pour remettre le téléphone en main propre à sa propriétaire...
C'est comme un road-movie émouvant, sombre, mélancolique parfois même drôle. Un voyage sans but mais avec l'espoir de pouvoir redémarrer une nouvelle vie.
Un dessin sobre, des couleurs délavées, pas de dialogue, et comme une voix off qui raconte cette histoire.
Une très jolie découverte.
Extrait : (début du livre)
Déjà lu du même dessinateur :
Alter Ego - Renders, Lapière, Zuga, Erbetta, Reynes, Beneteau
Dupuis - avril 2011 - 64 pages
Résumé de l'album :
Camille, jeune française vivant à Singapour, entretient des relations difficiles avec sa mère, Suzanne Rochant, chercheuse de haut vol en psychologie et neurosciences, trop souvent absente. Mais voici que Suzanne meurt brutalement dans des circonstances tragiques. Peu après, Camille débarque dans une bourgade d'Angola à la recherche d'un homme qui pourrait être son père, qu'elle n'a jamais connu. Elle est porteuse pour lui d'une lettre trouvée dans le testament de sa mère. Mais la vérité qui l'attend n'est pas exactement celle qu'elle pressentait...
Dupuis - avril 2011 - 64 pages
Résumé de l'album :
Fouad, infirmier belge, travaille comme bénévole en mission humanitaire au fin fond de la Colombie, lorsqu'il est témoin d'un enlèvement. Cet événement suspect suscite en lui les pires craintes: si la « WW2A », (la « World war to aids »), la richissime fondation humanitaire qui l'emploie, cachait derrière sa campagne d'éradication du Sida un projet bien moins avouable : utiliser à leur insu des populations du tiers monde comme cobayes pour des expérimentations pharmaceutiques...? Fouad pourrait faire celui qui n'a rien vu. Il y aurait sans doute intérêt. Mais, ce n'est pas son genre... d'autant qu'il ressent une profonde sympathie pour Zélie, la jeune femme enlevée...
Dupuis - octobre 2011 - 64 pages
Résumé de l'album :
Jonas et Jason sont des frères dotés de pouvoirs parapsychiques hors du commun. Ils sont employés par une organisation secrète pour localiser des personnes précises autour de la planète. Jonas l'insouciant est persuadé qu'ils agissent pour le bien de ces personnes, mais Jason semble avoir la conscience moins tranquille. Parviendra-t-il à cacher son secret à un frère capable de lire dans ses pensées...?
Dupuis - septembre 2011 - 64 pages
Résumé de l'album : Noah a tout pour lui : beau, intelligent, fortuné, arrogant et cynique. On le serait à moins : il est le fils de l'homme le plus puissant de la planète, le Président des États-Unis. Pour l'heure, il est pourtant dans un état critique, entre la vie et la mort, suite à une tentative de suicide. Comment en est-il arrivé là ? Quel est son lien avec cette jolie jeune femme noire qu'un médium lui a décrit comme la femme de sa vie ?
Auteurs :
Né en 1963 à Bruxelles, licencié en Philologie Classique (UCL) et diplômé en réalisation (IAD, Louvain-la-Neuve), Pierre-Paul Renders vit à Hennuyères avec son épouse et leurs trois enfants. En sortant de l'IAD, il fonde avec cinq condisciples une maison de production (AA Les Films Belges) pour réaliser leur premier long métrage collectif à sketches, d'un surréalisme bien belge, "Les Sept Péchés Capitaux" (1992) pour lequel il commettra le court métrage "La Tendresse". Après un détour par la télévision et le documentaire (principalement pour Médecins sans Frontières), il réalise, sur un scénario de Philippe Blasband, un 1er long métrage, atypique et inclassable, "Thomas est amoureux" (2001) primé à Venise, Montréal, Angers, Gérardmer, Paris, Espoo, Buenos Aires... En collaboration avec Denis Lapière, il se lance alors dans l'écriture de "Comme tout le monde", un scénario qui donnera lieu en parallèle à une comédie sociologico-sentimentale (2006, avec Khalid Maadour, Caroline Dhavernas, Thierry Lhermitte, Chantal Lauby...) et à une épaisse BD (dessinée par Rudy Spiessert et parue en 2007 chez Dupuis). En 2006, il imagine le concept de la série "Alter Ego" et la propose à Denis Lapière et aux éditions Dupuis. Depuis 2004, il supervise des exercices d'écriture et de réalisation pour étudiants à l'IAD. Il anime également des stages pour acteurs face à la caméra et pratique occasionnellement le script-doctoring. Depuis 1990, il est aussi chroniqueur BD pour le Journal du Médecin. Ces dernières années, il est devenu accro aux jeux de plateaux, où il peut épancher le trop plein de son tempérament désespérément ludique.
Né le 8 août 1958 à Namur, Denis Lapière s'intéresse professionnellement à la BD en gérant une librairie spécialisée avant de se tourner vers le scénario, en 1987, pour Éric Maltaite ("Mono Jim" dans L'ÉCHO DES SAVANES), Jean-Philippe Stassen ("Bahamas", puis "Bull White" chez Albin Michel), Michel Constant (la série "Mauro Caldi" au Miroir, puis chez Alpen) et Peter Pluut ("Jerry et Line" chez Dargaud). Avec Olivier Wozniak, il lance en 1989 "Alice et Léopold" dans SPIROU, puis "Charly" avec Magda, et assure avec Alain Sikorski la reprise de "Tif et Tondu". La collection "Aire Libre" accueille en 1992 son "Bar du Vieux Français", illustré par Stassen. Il y reviendra quelques années plus tard en compagnie de Paul Gillon pour évoquer l'histoire d'un producteur de cinéma traversant le siècle dernier dans un nouveau diptyque, "La Dernière des salles obscures". Alternant avec habileté séries pour la jeunesse et production plus adulte, il s'associe dans le premier domaine avec Pierre Bailly et Vincent Mathy pour conter les aventures quotidiennes du jeune "Ludo" et de son héros préféré de BD, "Castar", une étonnante production graphique à quatre mains. Écrite pour Gilles Mezzomo et la collection "Repérages", il aborde le polar avec "Luka" et montre son talent de constructeur d'énigmes pour un public plus averti. Pour la collection "Aire Libre", il écrit également le superbe "Un peu de fumée bleue" qu'illustre Pellejero. En 2000, il renouvelle le genre du "whodunit", toujours avec Alain Sikorski, en signant "La Clé du mystère", une nouvelle grande série policière "tous publics". Et en janvier 2001, avec la complicité de Christian Durieux au dessin, il dynamite le mythe du gosse des rues, avec "Oscar", nouvelle série d'aventures pleine de trouvailles et de fraîcheur.
Mathieu Reynès naît en région parisienne en 1977, mais passe toute son enfance sur la côte Basque. Après quelques années d'études scientifiques à Bordeaux, il s'oriente vers le dessin animé et l'animation 3D en intégrant le CNBDI d'Angoulême, d'abord en tant qu'étudiant puis comme formateur. Après quelques années, il décide de se consacrer essentiellement à la bande dessinée. Son premier album, "Banana Fight", sort aux éditions Paquet en 2002 avec Frédéric Brrémaud au scénario. Le duo réalise ensuite ensemble 2 tomes de la série 'Sexy Gun' aux éditions Soleil, 3 tomes de 'Lola Bogota' aux éditions Bamboo. S"en suivent plusieurs séries humoristiques également aux éditions Bamboo, toutes co-scénarisées avec Brrémaud : "Les Tennismen" (dessin de Bertolucci, 1 tome paru), "Les Informaticiens" (dessin de Toulon; 4 tomes parus), "Toutou & Cie" (dessiné par Soffritt, 2 tomes parus) et "Les Maîtres Nageurs" (3 tomes parus) qu'il dessine lui-même. En 2007, Mathieu Reynès se lance dans l'aventure "Alter Ego" aux côtés de Denis Lapière et Pierre-Paul Renders. Parallèlement, il signe le scénario de "La Mémoire de l'Eau" avec Valérie Vernay au dessin, album à paraître en 2012 aux éditions Dupuis.
Benjamin Benéteau est né en Vendée, le 28 février 1985. À l'âge de 4 ans, il déménage avec toute sa famille à l'autre bout du monde, sous le soleil de Tahiti, en Polynésie Française. Il y passera toute son enfance et son adolescence, et bien que tenté par des études scientifiques, il se passionne de plus en plus pour le dessin. Le baccalauréat en poche, il décide de quitter Tahiti pour un tout autre climat : la Belgique. Il s'installe à Bruxelles en 2002 pour suivre les cours de l'option BD de l'Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc. Diplômé trois ans plus tard, il commence à développer ses propres projets de bande dessinée avec un ami scénariste. En janvier 2008, grâce à l'organisateur de la Fête de la BD d'Andenne, il est mis en contact avec Mathieu Reynès qui cherche quelqu'un pour travailler sur les décors réalistes de ce qui semble être un gros projet encore mystérieux. Le courant passe directement, Benjamin signe son premier contrat et se lance dans l'aventure Alter Ego...
Luca Erbetta est né à Gênes le 27 avril 1979. Il a passé son diplôme au Lycée Artistique Ego Bianchi de Cuneo. Il a ensuite étudié un an dans une école d’Arts Plastiques à Nice.Après avoir collaboré avec le magazine italien de moto Tuttomoto comme dessinateur, il publie en France 1881, sa première BD, en collaboration avec le scénariste Luca Blengino (Éditions Semic). De 2005 à 2008, il a travaillé sur la série Watch (Editions Delcourt), pour un total 6 tomes. Avec Luca Blengino, il est aussi co-scénariste En 2008, il rejoint l'équipe, toujours plus cosmopolite, du projet Alter Ego, où il travaille en tandem de dessinateurs avec Efa. En 2010, aux USA pour l’Editeur Image, il a dessiné l’histoire en quatre chapitres The Writer, dans la série Sam & Twitch.
Emil Zuga est né en 1975 à Alfortville. Il fut très jeune fasciné par la déferlante d'animation japonaise du début des années 80. Sa passion pour les robots géants l'a sans doute orienté vers des études scientifiques, qui se sont conclues par un DEA en ingénierie des systèmes robotisés. Après quelques années à travailler pour l'industrie militaire, il s'en est allé faire de l'informatique dans le domaine du jeu. Mais durant tout ce temps, il a continué de gribouiller et n'a cessé de rêver à la bande dessinée. Ce rêve devient réalité grâce à sa rencontre avec Mathieu Reynès qui, ayant repéré ses essais graphiques sur Internet, le met en contact avec les créateurs d'Alter Ego. L'aventure de la BD commence pour lui par la grande porte: l'album "Jonas" sera est premier travail publié.
Efa est né à Sabadell, en Espagne. À l'âge de 16 ans, il arrête ses études pour profiter... de la vie. En 1995 il réalise avec des amis son premier fanzine: Realitat Virtual. A partir de à, il travaille dans un studio de dessins animés et en parallèle comme illustrateur free-lance. Il entre en bande dessinée grâce à une collaboration avec Toni Termens au scénario qui donnera en 2001 la série Les Icariades (3 tomes et une intégrale parus chez Paquet). En 2002, il se lance dans une série en solo; Rodiguez (2 tomes parus chez Paquet également). En 2004, il publie (toujours chez Paquet) L'Âme du vin, album intimiste qu'il a scénarisé et dessiné. Entre 2007 et 2009, il dessine et colorie la série Kia Ora (3 tomes chez Vents d'Ouest, sur un scénario d'Olivier Jouvray et Virginie Ollagnier). En 2008, il rejoint l'équipe d'Alter Ego où il retrouve Mathieu Reynes qu'il avait croisé chez Paquet.
Mon avis : (lu en novembre 2013)
Cette série de Bandes Dessinées m'a été conseillée à la Bibliothèque. Cette série est originale dans sa conception car elle est constituée de 6 albums qui correspondent à six personnages différents qui donnent six points de vue d'une même histoire. Et l'on peut lire les différents albums dans l'ordre que l'on veut... A la fin de chaque histoire, une page nous propose de "continuer l'aventure..." avec 5 "teaser" vers les 5 autres albums.
Pour ma part, j'ai commencé avec Camille, l'album présenté par Emilie à la Bibliothèque. Puis la fois suivante, j'ai emprunté les 3 albums présents dans les rayonnages Fouad, Jonas et Noah.
Il me reste à emprunter les deux derniers albums Darius et Park
Deux scénaristes, cinq dessinateurs et une coloriste (Albertine Ralenti) ont travaillé en commun sur le projet Alter ego.
Il est question de médecine, de découvertes, de complots, d'organisation humanitaire, de médium...
Chaque album nous donne un bout de l'intrigue mais également pleins de questions sans réponse et petit à petit le lecteur reconstitue le puzzle de ce thriller... Cette BD nous fait voyager dans le monde entier, Angola, Colombie, Singapour, Belgique, Etats-Unie...
C'est distrayant et captivant. Les résumés des albums lus sont suffisement explicites pour que je n'en rajoute pas plus...
Et dès la lecture des derniers albums, je complèterai ce billet.
En écrivant ce billet, j'ai découvert qu'il existe un 7ème album qui conclue la saison 1 et une deuxième saison en cours de parution avec 3 albums + 1 album.
D'acier - Silvia Avallone
Lu en partenariat avec les éditions J'ai Lu
Liana Levi - avril 2011 - 387 pages
Liana Levi Piccolo - mai 2012 - 400 pages
J'ai Lu - mai 2013 - 411 pages
traduit de l'italien par Françoise Brun
Titre original : Acciaio, 2010
Prix des lecteurs de L'EXPRESS en 2011
Quatrième de couverture :
Il y a la Méditerranée, la lumière, l'île d'Elbe au loin. Mais ce n'est pas un lieu de vacances. C'est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Depuis les balcons uniformes, on a vue sur la mer, sur les jeux des enfants qui ont fait de la plage leur cour de récréation. La plage, une scène idéale pour la jeunesse de Piombino. Entre drague et petites combines, les garçons se rêvent en chefs de bandes, les filles en starlettes de la télévision. De quoi oublier les conditions de travail à l'aciérie, les mères accablées, les pères démissionnaires, le délitement environnant... Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, rêvent d'évasion et parient sur une amitié inconditionnelle pour s'emparer de l'avenir.
Auteur : Silvia Avallone, avant d'étudier la philosophie à Bologne, a vécu en Toscane, à Piombino, la ville industrielle qui sert de toile de fond à D'acier. A 25 ans à peine, ce premier roman la propulse en tête des meilleures ventes en Italie (350 000 exemplaires). Célébré par la critique, traduit dans 12 pays. en cours d'adaptation au cinéma. D'acier a été finaliste du prix Strega et couronné par le prix Campiello Opera Prima.
Mon avis : (lu en septembre 2013)
Cela fait longtemps que j'avais envie de lire ce livre et lorsque les éditions J'ai Lu me l'ont proposé en partenariat, j'étais ravie de pouvoir enfin le découvrir...
Eté 2001, Piombino en Toscane en Italie, une cité industrielle italienne où les HLM ne sont pas loin de l'aciérie voisine qui crache des fumées noires, la mer n'est pas loin mais la plage ressemble plus à un terrain vague et en face, l'Ile d'Elbe inaccessible qui fait rêver Anna et Francesca âgées de quatorze ans. Adolescentes, elles sont les reines du quartier, elles jouent aux "grandes", se maquillent avec générosité, rêvent des garçons, tantôt innocentes, tantôt provoquantes... Elles sont inséparables, comme des sœurs. Mais à la maison, Anna et Francesca ont des relations difficiles avec leurs pères qu'elles surnomment "les babouins", Enrico est violent, Arturo est démissionnaire. Autour, d'elles gravitent d'autres personnages, Rosa et Sandra, les mères, Nino, Massi les garçons, une camarades de classe, Lisa et sa sœur Donata, Alessio le frère d'Anna...
Le lecteur découvre qu'à Piombino, la vie n'est pas facile, le contexte social est difficile, le chômage crée la misère... C'est un roman réaliste, très prenant qui décrit avec beaucoup de précision le quotidien de cette cité ouvrière italienne.
Une adaptation cinématographique a été réalisée en 2012 par Stefano Mordini avec Vittoria Puccini , Michele Riondino , Luca Guastini. Date de sortie en France: 05 juin 2013.
Merci Silvana et les éditions J'ai Lu pour m'avoir permis de découvrir ce livre très touchant.
Autres avis : Clara, Canel, Lecturissime
Note : ♥♥♥♥♥
Extrait : (début du livre)
Dans le cercle flou de la lentille, la silhouette bougeait à peine, sans tête.
Une portion de peau zoomée à contre-jour.
Ce corps, d'une année sur l'autre, avait changé, peu à peu, sous les vêtements. Et maintenant il explosait, dans les jumelles, dans l'été.
De loin, l'oeil grignotait les détails : la bride du maillot, le triangle du bas, un filament d'algue sur la hanche. Les muscles tendus au-dessus du genou, la courbe du mollet, la cheville où le sable colle. L'oeil s'ouvrait plus grand, devenait rouge, à sonder cette lentille.
Le corps adolescent bondit hors champ et se jeta dans l'eau.
Un instant après, objectif repositionné, mise au point faite, il reparut, avec cette chevelure blonde magnifique. Et ce rire si violent que même à cette distance, même juste à le voir, ça t'électrisait. Comme si tu y pénétrais réellement, entre ces dents blanches. Et les fossettes sur les joues, et la cavité entre les omoplates, et le creux du nombril et tout le reste.
Elle s'amusait comme à son âge, ignorant qu'on l'observait. Sa bouche était ouverte. Qu'est-ce qu'elle peut bien dire ? Et à qui ? Elle piqua une tête dans une vague, émergea de l'eau, le soutien-gorge tout de travers. Une piqûre de moustique sur l'épaule. La pupille de l'homme se rétrécissait, se dilatait, comme sous l'effet d'une drogue.
Enrico regardait sa fille, tellement plus forte que lui. Du balcon, après le déjeuner, quand il n'était pas d'équipe chez Lucchini, il espionnait Francesca. Il la suivait, l'observait, à travers les lentilles de ses jumelles de pêche. Francesca trottinait avec sa copine Anna sur le sable mouillé, elles se poursuivaient, se touchaient, s'attrapaient par les cheveux, et lui, là-haut, figé, il transpirait, son cigare toscan à la main. Lui, le géant, en débardeur ruisselant de sueur, l'oeil écarquillé, planté là dans la chaleur effroyable.
Il la surveillait, comme il disait, depuis qu'elle s'était mise à aller à la plage avec certains individus, des garçons plus âgés qui ne lui inspiraient aucune confiance. Ils fumaient, et des pétards aussi, sûrement. Quand il en parlait à sa femme, de ces marginaux que fréquentait sa fille, il se mettait à crier comme un malade. Ils fument des pétards, ils prennent de la cocaïne, ils revendent des médocs, sûrement qu'ils veulent s'envoyer ma fille! Ça, il ne le disait pas explicitement. Il tapait du poing sur la table ou dans le mur.
Mais l'habitude d'espionner Francesca, il l'avait prise avant: depuis que le corps de sa petite s'était comme débarrassé de ses écailles pour acquérir peu à peu une peau et une odeur précises, nouvelles, primitives peut-être. Tout à coup, de la petite Francesca, avaient jailli un petit cul et une paire de nichons insolents. Le bassin s'était cambré, dessinant les galbes du buste et du ventre. De tout ça, il était le père.
En ce moment il regardait sa fille se démener au bout de ses jumelles, se jeter en avant de toutes ses forces pour attraper un ballon. Ses cheveux trempés qui collaient à son dos et ses hanches, sa peau incrustée de sel.
Les ados jouaient au volley en cercle, autour d'elle. Elle, Francesca, tout élan et mouvement, dans un même et unique tumulte de cris et d'éclaboussures à la lisière de l'eau. Mais Enrico ne s'intéressait pas au jeu. Enrico pensait au maillot de sa fille : nom de Dieu, on voit tout. Ça devrait être interdit, des maillots pareils. Si un seul de ces salauds se hasarde à me la tripoter, je descends sur la plage avec ma matraque.
"Qu'est-ce que tu fais ?"
Enrico se retourna vers sa femme qui, debout au milieu de la cuisine, le regardait avec une expression mortifiée. Oui, Rosa se sentait mortifiée, diminuée, de voir son mari ainsi, les jumelles à la main à trois heures de l'après-midi.
"Je surveille ma fille, si tu permets."
Ça n'était pas toujours facile non plus de soutenir le regard de cette femme. L'accusation constante, plantée là, dans les yeux de son épouse. Enrico fronça les sourcils, avala sa salive.
"C'est le minimum quand même...
- Tu es ridicule ", siffla-t-elle.
Il regarda Rosa, comme un objet qui vous encombre et vous met en rogne, pas plus.
"Tu trouves ridicule de garder un oeil sur ma fille, par les temps qui courent ? Tu vois pas avec qui elle traîne à la plage ? C'est qui, ces types, hein ?"
Cet homme-là, quand il sortait de ses gonds - et c'était souvent -, son visage se congestionnait, les veines de son cou gonflaient à faire peur.
Il n'avait pas autant de colère en lui, à vingt ans, avant de se laisser pousser la barbe et de prendre tous ces kilos. C'était un beau garçon, qui venait d'être engagé chez Lucchini, et qui depuis l'enfance s'était forgé les muscles à travailler la terre. Il s'était transformé en géant dans les champs de tomates, et plus tard à pelleter le charbon. Un homme comme tant d'autres, monté de la campagne à la ville, son baluchon sur l'épaule.
"Tu vois pas ce qu'elle fait, à son âge... Et comment elle est fagotée, merde !"
Challenge Voisins, voisines
Italie
Challenge Petit BAC 2013
"Couleur"
Le bruit de tes pas - Valentina D'Urbano
Sortie en Librairies : 5 Septembre 2013
Lu en partenariat avec les éditions Philippe Rey
Philippe Rey - septembre 2013 - 238 pages
traduit de l'italien par Nathalie Bauer
Titre original : Il rumore dei tuoi passi, 2012
Quatrième de couverture :
« La Forteresse », 1974 : une banlieue faite de poussière et de béton, royaume de l’exclusion. C’est là que grandissent Beatrice et Alfredo : elle, issue d’une famille pauvre mais unie, qui tente de se construire une vie digne ; lui, élevé avec ses deux frères par un père alcoolique et brutal. Presque malgré eux, ils deviennent bientôt inséparables au point de s’attirer le surnom de « jumeaux ».
Mais ce lien, qui les place au-dessus de leurs camarades, tels des héros antiques, est à la fois leur force et leur faiblesse. Car, parallèlement à la société italienne, touchée par la violence des années de plomb, leur caractère, leur corps et leurs aspirations évoluent. Chez Beatrice, qui rêve de rédemption et d’exil, l’amitié initiale se transforme peu à peu en amour sauvage, exclusif. Chez Alfredo, fragile et influençable, le désespoir s’accentue.
Drames familiaux, désœuvrement, alcool et drogue, tout semble se liguer pour détruire les deux jeunes gens. Et, quand l’héroïne s’insinue dans la vie d’Alfredo, Beatrice, tenace, ne ménage pas ses forces pour le sauver, refusant de comprendre que la partie est perdue.
Le bruit de tes pas est le récit de ces quinze années d’amitié et d’amour indéfectibles. Un premier roman âpre d’une sobre poésie, une voix qui perdure longtemps dans l’esprit de son lecteur.
Auteur : Née en 1985 dans une banlieue de Rome, Valentina d’Urbano est illustratrice de livres pour la jeunesse, Le bruit de tes pas est son premier roman.
Mon avis : (lu en août 2013)
Le livre s'ouvre le 24 juin 1987 sur l’enterrement d’Alfredo, il avait vingt ans. Avec Beatrice, la narratrice du livre, ils étaient surnommés « les jumeaux ». Dans cette histoire, Beatrice va revenir sur leur enfance à deux, puis leur adolescence. Ils vivent en Italie dans une banlieue bétonnée « La Forteresse » dans les années 70. Beatrice vit avec ses parents et son frère Francesco dans une famille unie. Depuis la mort de sa femme, le père d’Alfredo, est alcoolique et violent. Il bat ses trois fils. Presque tous les jours, Alfredo quitte son appartement et se réfugie à l'étage du dessus chez Beatrice où il est toujours accueilli comme le fils de la maison. Enfants, ils sont comme deux jumeaux, ils s'aiment fraternellement, Bea protège Alfredo et ce dernier prend soin d’elle. Puis vient l'adolescence, et leurs rapports changent, ils continuent à s'aimer mais veulent aussi l'un et l'autre s'émanciper.
Dans ce roman, nous découvrons, une époque, un quartier délaissé qui vit presque en autarcie mais surtout la colère de Beatrice.
Elle est en colère de ne pas avoir su dire à Alfredo tout ce qu'elle éprouvait pour lui. Elle est en colère de n’avoir pas su rendre Alfredo heureux, pour qu'il ait envie de vivre. Elle est en colère de subir son quartier, de continuer à y être très attachée tout en sachant qu'y rester la condamne à la misère.
Ce livre lui permet de faire sortir sa colère, de l'exprimer. Beatrice est une battante, elle ne va pas sombrer dans le désespoir au contraire, sa colère lui donne la rage de vivre, la rage de quitter ce quartier sans avenir, de se construire un futur.
Ce livre coup de poing avec une écriture sobre et percutante est un vrai coup de cœur pour moi.
Merci Anaïs et les éditions Philippe Rey pour cette très belle découverte.
Note : ♥♥♥♥♥
Extrait : (début du livre)
24 juin 1987
Les jumeaux, voilà comment les gens nous appelaient.
Ils disaient qu'on était identiques, même si on ne se ressemblait pas.
Ils disaient qu'on était devenus le portrait craché l'un de l'autre à force de se côtoyer, deux gouttes d'eau. J'étais devant l'église.
Les graviers blancs se faufilaient dans mes sandales, me torturaient les pieds. Mais je n'y faisais pas attention, je continuais mon chemin jusqu'à l'ombre du parvis.
Vue de loin, l'église du quartier est un énorme blockhaus gris maladroitement encastré entre les immeubles. On dirait qu'on l'a fichée, enfoncée dans un trou trop étroit. Pourtant elle est là depuis des années et, de près, on la voit pour ce qu'elle est : quinze mètres de béton et des petits vitraux apparemment noirs, une porte renforcée, au sommet une croix tordue et toute rouillée qui tient comme par miracle.
On l'appelle la Pagode.
Ici, tout a un surnom. L'église, c'est la Pagode. Le quartier, c'est la Forteresse.
Et nous, on était les jumeaux.
Aujourd'hui aussi on nous a appelés comme ça. Il y avait un tas de gens dans l'église, ils murmuraient tous la même chose. Je ne me suis pas retournée, j'ai parcouru d'un pas lent la nef au sol brillant, et ils se sont écartés devant moi. Ils me regardaient à la dérobée, parce qu'autrement c'est mal.
J'ai eu l'impression d'être importante, au centre de l'attention, et j'ai trouvé absurde que cela m'arrive ainsi. Il me semblait que tous les yeux étaient pointés sur moi, même si les gens avaient l'air hébété, l'air de ne pas savoir quoi faire.
Ne vous inquiétez pas, avais-je envie de leur dire. Personne ne sait jamais quoi faire dans ces cas-là.
J'ai déposé le tournesol sur le cercueil et un baiser à l'endroit qui correspondait probablement à sa tête.
Puis j'ai rebroussé chemin du même pas lent et suis sortie.
Vu du parvis, le tournesol paraissait assez lourd pour tout écraser.
Les gens nous appelaient les jumeaux. Maintenant j'ignore comment ils m'appelleront.
Peut-être, enfin, par mon prénom, Béatrice. Un prénom particulier, insolite par ici.
Ma mère l'avait entendu prononcer à la télévision dans un film qui parlait d'une princesse.
Qui sait, l'idée de la princesse lui a plu, sans doute - je ne lui ai jamais posé la question.
La journée est belle. Un ciel encore bleu surplombe la Forteresse.
Je suis retournée à l'église et j'y suis restée jusqu'à la fin, assise au premier rang. J'ai écouté la messe, me suis levée aux bons moments, ai fait semblant de prier comme les autres.
Malgré la fatigue, l'envie de dormir et la nausée, j'ai simulé la dignité.
Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013
5/6
Challenge Voisins, voisines
Italie
N'aie pas peur si je t'enlace - Fulvio Ervas
Liana Levi - février 2013 - 267 pages
traduit de l'italien par Marianne Faurobert
Titre original : Se ti abbraccio non aver paura, 2012
Quatrième de couverture :
Un voyage de trente-huit mille kilomètres, qui commencera par la traversée des Etats-Unis en Harley Davidson. C'est cela que Franco Antonello souhaite pour le dix-huitième anniversaire de son fils, diagnostiqué autiste à l'âge de trois ans. Andrea est un ouragan imprévisible. Lorsqu'il marche, c'est sur la pointe des pieds. Les objets, il les aime rangés dans un ordre méticuleux. Quand il veut savoir qui il a en face de lui, il l'enlace afin de sentir ce que l'autre a dans le ventre et pour cette raison ses parents ont inscrit sur ses T-shirts : N'aie pas peur si je t'enlace. Pourtant ce voyage se fera, à travers les Etats-Unis et jusqu'en Amérique latine, mille fois plus inattendu que prévu. Sous le regard étonné et teinté d'humour du père, Andrea caressera les crocodiles, communiquera avec les chamans indiens, embrassera les jeunes filles et enseignera à son père à se laisser aller à la vie. Il fera de cette expérience une aventure épique, difficile et grisante, imprévisible et captivante. Comme lui, qui dit vouloir devenir, malgré tout, un terrien.
Auteur : Fulvio Ervas vit à Trévise et est l'auteur de plusieurs romans noirs. Il a raconté l'histoire de Franco et Andrea dans N'aie pas peur si je t'enlace.
Mon avis : (lu en juillet 2013)
Ce livre raconte l'histoire vraie du grand voyage à travers les États-Unis puis l'Amérique Latine de Franco Antonello avec Andrea son fils qui vient d'avoir 18 ans et qui est autiste. L'auteur, Fulvio Ervas, a dialogué avec Franco pendant plus d'un an avant d'en faire ce livre poignant et authentique.
« N'aie pas peur si je t'enlace », ce titre est à la fois très beau et mystérieux. Il traduit le comportement d'Andrea lorsqu'il veut « ressentir » quelqu'un. Il a besoin de toucher ou d'enlacer la personne.
Andrea s'exprime peu oralement, il prononce quelques mots, sans vraiment faire de phrases. Mais avec un ordinateur, il arrive à écrire des phrases. J'ai beaucoup aimé les échanges questions réponses tapés sur l'ordinateur entre Franco et Andrea. C'est intéressant de voir tout au long du voyage comment l'autisme et le comportement d'Andrea sont perçus.
Un témoignage passionnant et touchant où alternent le récit du voyage et ses anecdotes avec les réflexions et interrogations sur la vie d'un enfant autiste. L'amour entre le père et le fils est fort et superbe. Grâce à cet incroyable voyage, Andrea et Franco auront fait un grand pas dans leur vie.
J'ai aimé la carte au début du livre nous permettant facilement de suivre le périple d'Andrea et Franco étape par étape à travers 11 états des États-Unis, puis le Mexique, le Guatemala, le Belize, le Costa Rica, le Panama et enfin le Brésil.
N'hésitez pas à aller voir les Photos du voyage d'Andrea
Extrait : (début du livre)
Certains voyages commencent bien avant le jour du départ.
Parfois longtemps avant.
Il y a quinze ans je vivais tranquille, serein, auprès de mes proches, dans un monde familier. Voilà tout à coup
qu’Andrea me bouscule, me retourne les poches, change les serrures des portes. Tout est bouleversé.
Il aura suffi de quelques mots : « Votre fils est probablement autiste. »
Ma première réaction a été l’incrédulité : c’est impossible, ce doit être une erreur de diagnostic. Puis je me suis rappelé certains détails, des petites choses qui m’avaient paru insignifiantes. Je m’étais trompé.
Alors éclate un orage, deux ouragans, sept typhons.
Dès lors on est dans la tourmente.
Après le diagnostic je suis entré dans un bar et j’ai demandé un verre d’eau, plate.
– Vous désirez autre chose ?
La serveuse a dû remarquer ma stupeur.
– Vous avez une idée de ce qu’est l’autisme ?
– Non.
– Moi non plus.
J’ai contemplé mon verre, je l’ai bu lentement comme si l’eau pouvait laver mes pensées, drainer le problème jusqu’à mes reins et l’expulser loin de moi. Mais ça ne marche pas comme ça.
– Et comment ça marche ? ai-je demandé à Barnard.
Au village, tout le monde, y compris moi, appelait le médecin de famille « Barnard (1) » à cause de sa hantise des maladies du cœur, des coronaires et d’autres pathologies dont je ne me souciais pas à l’époque. Quand on va bien, le corps tout entier va bien et le cœur avec.
– La vie tient sous une courbe en cloche : au centre, les troubles ordinaires, et sur les côtés des extravagances de toutes sortes, voilà comment ça marche. Au milieu, la vie se dilue, et sur les côtés elle est trop dense.
– Je ne comprends pas.
– La vie n’est pas parfaite, mais elle a sa propre force.
Il avait raison. La biologie a sa propre force et fait grandir les enfants, même ceux qui souffrent d’autisme.
Certains estiment que vivre avec un enfant autiste revient à se soumettre à une forme de tyrannie. À l’idée de ce qu’il adviendrait du monde s’il tombait sous le contrôle d’Andrea, j’ai envie de rire.
Pour commencer, les semaines auraient une couleur. La semaine du rouge, libre cours au commerce des carottes,
des oranges et des tomates, subventions réservées à leurs producteurs et blocage total de la circulation des camions transportant brocolis, choux et petits pois. Mais dès qu’arrive la semaine du vert, les magasins se remplissent des légumes précédemment interdits, les cageots d’oranges sont réexpédiés en Sicile et les carottes réintroduites, une à une, dans la terre. À l’endroit exact d’où elles avaient été retirées, bien sûr, impossible de replanter des carottes françaises dans un champ à Ferrare.
Il n’y aurait pas de semaine du violet, tant pis pour les amateurs de prunes et d’aubergines.
Il n’existerait pas de moitié plein ni de moitié vide, ce qui résoudrait l’éternel dilemme : bouteilles et contenants
devraient être soit pleins, soit vides, et les stylos, tous avec la pointe sortie ou tous avec la pointe rentrée, sinon les uns s’abîment et pas les autres. Voilà un risque qui serait évité.
Il conviendrait de ne pas porter de tricots ni de gilets à fermeture éclair en négligeant de remonter celle-ci tout à
fait. Fermetures soit baissées, soit remontées, s’il vous plaît. Inutile d’ergoter sans fin pour savoir s’il fait froid ou s’il fait chaud. Un minimum d’esprit de décision ne nuit pas.
Qu’on n’aille pas s’imaginer qu’on peut manger une pizza en la divisant en portions, en partant d’un point quelconque, mettons, et en les détachant à son gré : d’abord on mange le blanc de la mozzarella, puis le vert du basilic, et à la fin, seulement à la fin, la pâte avec le rouge de la sauce tomate.
Trois cent soixante-cinq jours par an, ce serait la journée du chocolat. Une obligation pas si désagréable.
Qu’aucun propriétaire de thermostat, ou d’appareil en tenant lieu, n’espère d’indulgence. Éteint ou ouvert au
maximum : les demi-saisons sont ruineuses.
Les clochers seraient équipés d’un distributeur de bulles de savon, tous les vendredis, bulles à la volée pour annoncer la fin de la semaine, ainsi que les lundis, pour en fêter le début ; feux d’artifi ce le jour de l’an, aux solstices et aux équinoxes, et chaque fois que les finances le permettent.
Une tyrannie aux idées claires.
Un tyran fragile, qui a tant besoin de liberté. C’est pourquoi nous le laissons aller seul à l’école. Ce sont ses vingt
minutes d’oxygène, dix à l’aller et dix au retour. Vous n’avez pas peur ? nous demande-t-on. Si, bien sûr. Tous les jours.
Mais Andrea affiche un de ces sourires, quand il met son sac sur l’épaule, puis quand il rentre à la maison, que ça
vaut toutes les inquiétudes. Parce que être libre, ce n’est pas seulement respirer et sentir son cœur battre, ça ne suffit pas.
Certes, la liberté n’est jamais donnée et il nous a fallu signer des décharges, un garçon autiste qui va tout seul à
l’école, c’est un vrai problème : pour les enseignants, pour les agents de police, pour la communauté, pour tous les automobilistes européens et les touristes lituaniens de passage.
(1) Christian Neethling Barnard, médecin sud-africain, a réalisé la première transplantation cardiaque en 1967.
Challenge Petit BAC 2013
"Sentiment"
La mer, le matin – Margaret Mazzantini
Robert Laffont – août 2012 – 132 pages
traduit de l'italien par Delphine Gachet
Titre original : Mare al mattino, 2011
Quatrième de couverture :
« Elle ne pensait qu'à ça. Ramener sa vie à ce point précis.
Le point où elle s'était interrompue.
Il s'agissait de réunir deux morceaux de terre, deux morceaux de temps.
Au milieu il y avait la mer.
Elle posait des figues ouvertes en deux sur ses yeux pour retrouver cette saveur douce et granuleuse. Elle voyait rouge à travers les fruits. Elle cherchait le cœur de ce monde qu'elle avait dû abandonner. »
Deux mères et deux fils que la Méditerranée sépare.
Deux rives, deux pays, deux histoires que l'Histoire avec un grand H relie pourtant.
Auteur : Née à Dublin, fille d’un peintre irlandais et d’un écrivain italien, Margaret Mazzantini a quarante-cinq ans. Actrice, romancière et scénariste, elle consacre aujourd’hui sa vie à l’écriture et à sa famille. Après Antenora, Écoute-moi (2004) et Venir au monde, La Mer, le matin est son quatrième roman.
Mon avis : (lu en octobre 2012)
C'est l'histoire des destins croisés de Jamila et Farid, une mère et son petit garçon, ils sont Libyens et fuient leur pays à cause de la guerre civile et Angelina et Vito, une mère et un fils italiens, Angelina est née à Tripoli et y a vécu jusqu'à l'âge de onze ans, à cette époque, Kadhafi après son coup d’État a expulsé tous les colons italiens. Angelina a toujours rêvé de retourner en Libye. Le seul trait d'union entre l'Italie et la Libye c'est la Méditerranée.
Farid qui rêvait de voir la mer va s 'embarquer avec sa mère sur un bateau de réfugiés. Angelina, avec Vito et sa mère Santa, va faire le voyage inverse et revenir sur les terres de son enfance. C'est l'histoire de réfugiés, déracinés, meurtris qui trouvent en la mer une confidente, un espoir...
Je trouve superbe la couverture de ce livre qui raconte une histoire pleine de poésie, mais qui nous donne également à réfléchir...
Extrait : (début du livre)
Farid n'a jamais vu la mer, il n'a jamais mis les pieds dans l'eau.
Il se l'est imaginée des illiers de fois. Piquée d'étoiles comme le manteau d'un pacha. Bleue comme le mur bleu de la ville morte.
Il a cherché les coquillages fossiles enfouis depuis des millions d'années, au temps où la mer recouvrait le désert. Il a poursuivi les poissons lézards qui nagent sous le sable. Il a vu le lac salé, le lac amer et les dromadaires couleur d'argent qui avancent tels des navires de pirates usés. Il habite dans l'une des toutes dernières oasis du Sahara.
Ses ancêtres appartenaient à une tribu de Bédouins nomades. Ils s'arrêtaient dans les oueds, ces lits de fleuve recouverts de végétation, et ils montaient leurs tentes. Les chèvres allaient paître, les femmes cuisinaient sur les pierres brûlantes. Ils n'avaient jamais quitté le désert. Ils se méfiaient un peu des gens de la côte, marchands, corsaires. Le désert était leur maison, ouverte, sans limites. Le désert était leur mer de sable. Tacheté de dunes comme le pelage d'un jaguar. Ils ne possédaient rien. Rien que des traces de pas que le sable bientôt effaçait. Le soleil faisait glisser les ombres. Ils étaient habitués à résister à la soif, à se dessécher comme des dattes, sans mourir. Un dromadaire leur ouvrait la voie, une ombre longue et tordue. Ils disparaissaient au milieu des dunes.
14/14
Challenge Voisins, voisines
Italie
Belle Famille - Arthur Dreyfus
Gallimard – janvier 2012 – 244 pages
Quatrième de couverture :
« Madec se dirigea vers la cuisine pour chercher un couteau à pointe fine. Comme s'il était surveillé, il s'interdit la lumière. L'obscurité ne faisait pas disparaître les formes, mais les couleurs. Est-ce ainsi que voyaient les gens dans les vieux films ? L'enfant ouvrit le tiroir à ustensiles. »
Ensuite un peu de bruit, et beaucoup de silence.
Auteur : Arthur Dreyfus est né en 1986. Belle Famille est son deuxième roman.
Mon avis : (lu en août 2012)
Je suis très déçue par ce livre dont je n'avais jamais entendu parler avant de le recevoir pour le Jury Elle 2013. En le commençant, je savait seulement que l'auteur s'était inspiré de l'affaire Maddie Mc Cann et qu'Arthur Dreyfus avait 26 ans.
J'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre... Cette histoire m'a dérangée, elle est malsaine. Le titre se veut-il ironique ? Je suis gênée par l’ironie et le cynisme de l’auteur autour de ce fait divers douloureux et non résolu…
Le lecteur sait au bout d'une centaine de page, le sort de Madec imaginé par l'auteur car il assiste à la disparition de l'enfant et devient spectateur de ce qui se passe après... Ensuite, il suit en parallèle le quotidien des parents et de leurs proches, de l'enquêteur italien et du principal suspect comme dans un épisode de l'inspecteur Colombo...
Les personnages sont caricaturaux, la mère est machiavélique, le père démissionnaire et inconsistant, les frères insupportables. Tony, l'oncle de Madec est un personnage cynique, il s'est autoproclamé porte-parole de la famille Macant et débarque dans l’histoire après la disparition de Madec pour créer un buzz médiatique. Seuls le petit Madec, enfant incompris, fait pitié et Ron le principal suspect est touchant.
J'ai peiné à lire ce livre que j'ai trouvé plein de longueurs inutiles l’auteur délaye sa prose… que de longueur… Il a fallut que je me force pour terminer ce livre, si cela n’avait pas été pour le Jury Elle je l’aurai vite abandonné !
Autres avis : Clara, Constance, Canel, Mimi, Jostein, Anna Blume
Extrait : (début du livre)
Granville est située au bord de la Manche à l'extrémité de la région naturelle du Cotentin, elle ferme par le nord la baie du Mont-Saint-Michel et par le sud la côte des havres. Jadis la ville était fameuse pour son port morutier, devenu le premier port coquillier de France. On pourrait dire sans risque de se tromper qu'au moins le mitan du quinze millier de Granvillais tire bénéfice, de près ou de loin, du négoce des fruits de mer. Malgré cela, la plupart d'entre eux rechignent encore à se sustenter de coquillages (peut-être par peur de mordre la main qui les alimente). On ne compte plus les visiteurs de passage qui se sont frottés à cette énigme - dont la simple évocation suscite immédiatement, et pour une raison inconnue, de la gêne, un malaise, voire de l'animosité.
De pente très faible, l'estran de la côte granvillaise permet à des marées de plus de quatorze mètres de monter. Au début du siècle, et à plusieurs reprises, des enfants partis à la chasse aux palourdes ont laissé leurs familles en deuil. Si de tels drames ne sont plus à déplorer depuis quelques décennies, les propagandes maternelles n'ont fait que s'accroître, au point d'engendrer des générations hantées par un même cauchemar immense et salé. A l'école municipale, la leçon de Sergine Frêle sur le mouvement des marées prend chaque année la forme et la solennité d'un avertissement.
Sélection roman
Jury Septembre