the Visitor
Réalisé par Thomas McCarthy
Avec Richard Jenkins, Haaz Sleiman, Danai Jekesai Gurira, Hiam Abbass
Grand Prix du Festival de Deauville
Long-métrage américain . Genre : Comédie dramatique
Durée : 01h45min Année de production : 2007
Date de sortie cinéma : 29 octobre 2008 en France
Film déjà disponible en DVD depuis le : 7 mai 2009
Synopsis : Professeur d'économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine, a perdu son goût pour l'enseignement et mène désormais une vie routinière. Il tente de combler le vide de son existence en apprenant le piano, mais sans grand succès...
Lorsque l'Université l'envoie à Manhattan pour assister à une conférence, Walter constate qu'un jeune couple s'est installé dans l'appartement qu'il possède là-bas : victimes d'une escroquerie immobilière, Tarek, d'origine syrienne, et sa petite amie sénégalaise Zainab n'ont nulle part ailleurs où aller. D'abord un rien réticent, Walter accepte de laisser les deux jeunes gens habiter avec lui.
Touché par sa gentillesse, Tarek, musicien doué, insiste pour lui apprendre à jouer du djembe. Peu à peu, Walter retrouve une certaine joie de vivre et découvre le milieu des clubs de jazz et des passionnés de percussions. Tandis que les deux hommes deviennent amis, les différences d'âge, de culture et de caractère s'estompent.
Mais lorsque Tarek, immigré clandestin, est arrêté par la police dans le métro, puis menacé d'expulsion, Walter n'a d'autre choix que de tout mettre en oeuvre pour venir en aide à son ami...
Réalisateur : Comédien de formation, Thomas McCarthy multiplie les petites apparitions au cinéma et à la télévision. On peut l'apercevoir dans des rôles réguliers pour les séries 'Boston Public' et 'The Wire', ou dans 'Syriana', 'Mémoire de nos pères' ou 'Good Night, and Good Luck'. Il passe à la réalisation en 2003 pour 'The Station Agent', vainqueur du prix du Public à Sundance. McCarthy montre le cercle d'amis d'un nain comme une famille de substitution, et l'humanisme dépeint séduit. C'est dans cette même veine que l'on peut appréhender sa deuxième réalisation 'The Visitor', qui voit la confrontation d'un professeur d'université désabusé avec deux immigrés clandestins qui occupent par erreur son appartement. Auteur prometteur du cinéma indépendant américain, Thomas McCarthy réussit à se départir de sa carrière d'acteur pour bâtir une œuvre en parallèle.
Mon avis : (vu en juillet 2010)
J'ai beaucoup aimé ce film qui raconte l'histoire d'un homme qui retrouve goût à la vie, grâce à une rencontre inédite. Walter Vale est âgé de soixante ans, il est professeur d'économie dans une université du Connecticut, mais il a perdu le goût de l'enseignement. Son Université l'envoie à New-York pour une conférence et lorsqu'il arrive dans son appartement new-yorkais, Walter découvre qu'il est déjà occupé par deux étudiants étrangers clandestins victimes d'une arnaque immobilière. Au début, il leur demande de partir puis finalement les laissent habiter chez lui. Ce jeune couple dynamique Tarek et Zainab va mettre de la joie dans la vie de Walter. Tarek va lui donner des cours de djembé. Une belle histoire d'amitié va naître et lorsque Tarek sera arrêté par la police dans le métro,Walter va se démener face à l'administration américaine pour l'aider. Ce film aborde le thème de l'immigration et nous donne une vision des États-Unis après le 11 septembre 2001. Ce film est bouleversant et les personnages sont terriblement attachants et les acteurs jouent avec beaucoup de justesse. La ville de New-York est également très présente dans le film.
Un grand merci à Papillon (Journal d'une lectrice) pour l'envoi de ce DVD lors du Swap in' Follies co-organisé par Amanda et Manu.
L'illusionniste - Sylvain Chomet
Film d’animation réalisé par Sylvain Chomet d’après un scénario de Jacques Tati
Sortie en France au cinéma le 16 juin 2010
Résumé :
À la fin des années 50, une révolution agite l’univers du music-hall : le succès phénoménal du rock, dont les jeunes vedettes attirent les foules, tandis que les numéros traditionnels - acrobates, jongleurs, ventriloques - sont jugés démodés. Notre héros, l’illusionniste, ne peut que constater qu’il appartient désormais à une catégorie d’artistes en voie de disparition. Les propositions de contrats se faisant de plus en plus rares, il est contraint de quitter les grandes salles parisiennes et part avec ses colombes et son lapin tenter sa chance à Londres. Mais la situation est la même au Royaume-Uni : il se résigne alors à se produire dans des petits théâtres, des garden-parties, des cafés, puis dans le pub d’un village de la côte ouest de l’Écosse, où il rencontre Alice, une jeune fille qui va changer sa vie à jamais.
L’illusionniste présente ses tours devant les villageois enthousiastes, ravis de célébrer ainsi l’arrivée de l’électricité sur leur île isolée. Alice, stupéfaite, croit à la réalité des petits miracles du prestidigitateur. Elle le suit jusqu’à Edimbourg et s’occupe de son appartement pendant qu’il travaille dans un petit théâtre. Enchanté par son enthousiasme, l’illusionniste la remercie en faisant apparaître comme par magie des cadeaux de plus en plus somptueux. Prêt à tout pour ne pas la décevoir, il ne peut se résoudre à lui avouer que les problèmes de la vie ne se résolvent pas d’un coup de baguette magique… et court à la ruine pour continuer à lui acheter ce qui lui fait envie. Mais Alice devient adulte et rencontre l’amour…
L’illusionniste comprend qu’il est temps que le numéro créé pour elle s’achève : il laisse son ultime spectatrice vivre sa vraie vie de femme, loin de ses tours de passe-passe, et part en la sachant heureuse.
Auteur : Né en 1963, diplômé de l'atelier BD d'Angoulême à 24 ans, Sylvain Chomet avait déjà crée sa première bd Le secret des libellules (Futurpolis) en collaboration avec Nicolas de Crécy l'année précédente.
Fort de cette expérience, il s'en va de l'autre côté de la Manche à London city où il travaillera à la réalisation de spots publicitaires. Revenu en France, il est en étroite collaboration avec les éditions Glénat et Casterman pour les bandes dessinées Le pont dans la vase et Léon la came. S'exilant de l'autre côté de l'atlantique cette fois, au Canada, il y termine un court-métrage : La Vieille Dame Et Les Pigeons en 1996.
En 2003, il signe son premier long-métrage : Les Triplettes De Belleville.
En 2004, il participe à la réalisation de Paris, Je T'Aime avec bien d'autres (Olivier Assayas, Les Frères Coen, Wes Craven ou Gus Van Sant...)
Dès 2010, il signe son deuxième long-métrage, L'Illusionniste d’après une histoire originale de Jacques Tati. ("Les Vacances de Mr Hulot", "Playtime").
Auteur : Jacques Tati fut d'abord Jaques Tatischeff - ascendance russe - né en 1907. Grand sportif, ses coéquipiers apprécient son talent à mimer les matches de rugby, ce qui lui donne l'idée de présenter un numéro comique sur ce thème. Il commence cette carrière dans des décors qui auraient convenu à Monsieur Hulot.
Sa chance fut le gala organisé en 1934 pour fêter le Ruban Bleu du paquebot " Le Normandie ". Maurice Chevalier et Mistinguett sont à l'affiche, mais ce soir-là c'est lui qui a la vedette. Jacques Tati rêve de cinéma. Les burlesques américains le fascinent. Il réalise en 1947 Jour De Fête dont la programmation sera d'abord refusée. Pourtant, un soir, les spectateurs d'un cinéma de Neuilly ont la surprise de le voir en supplément de programme.
Jacques Tati est révélé, lançé. A l'étranger, on proclame la découverte d'une nouvelle veine comique. En dépit d'un succès commercial exceptionnel, Tati refuse des offres importantes. Il désire faire autre chose.
En 1951, il tourne Les Vacances De Monsieur Hulot puis Mon Oncle en 1956 qui reçoit le Prix du Jury au Festival de C
Tous ces voyages conduisent Jacques Tati d'aéroport en aéroport, de capitale en capitale, de building en building. C'est alors qu'une idée naît, celle de Playtime qu'il réalise en 1967. La folie du monde de l'automobile lui inspire ensuite Trafic en 1971.
A la suite de ces deux échecs commerciaux, Jacques Tati pense abandonner le cinéma. Mais un 25 Décembre sur son écran de télévision, il voit la retransmission d'un goûter de Noël. Alors qu'on présente une corbeille remplie de bonbons où les enfants puisent à pleines poignées, seule une fillette ouvre sa petite main franche et montre son bonbon, elle est servie ! C'est pour cette petite fille honnête que Tati décide de réaliser Parade. En raison de difficultés financières, il est contraint de le tourner à l'étranger - en Suède. Il réalise ainsi à 66 ans un film synthèse qui présente une particularité technique puisqu'il est tourné en vidéo : une première dans le cinéma français. Il est décédé le 4 novembre 1982.
Mon avis : (film vu au cinéma en juin 2010)
L’histoire de ce film est très belle : Lors de la création de son film LES TRIPETTES DE BELLEVILLE (2003), Sylvain Chomet a voulu faire une référence à Jacques Tati. En effet, les Triplettes regardent la télévision et elles voient un extrait du film JOUR DE FÊTE de Jacques Tati, avec le facteur à vélo.
Le producteur a donc contacté Sophie Tatischeff, la fille de Jacques Tati, pour obtenir l’autorisation, en lui montrant les premières images du film d’animation de Sylvain Chomet, c’est à cette occasion qu’elle lui parle d’un scénario jamais tourné par son père. L’Illusionniste a été écrit par Tati entre 1956 et 1959. Jacques Tati ne l’a jamais tourné, le trouvant trop sérieux.
Sylvain Chomet rend un vrai hommage à Jacques Tati, il a su parfaitement adapter le scénario de Jacques Tati. Sylvain Chomet a donné à l’Illusionniste la même démarche, la même silhouette et les mêmes mimiques que Monsieur Hulot. Le dialogue quasi inexistant est également un point commun entre Sylvain Chomet et Jacques Tati.
C’est l’histoire de la rencontre de l’Illusionniste, un artiste de music-hall vieillissant, et d’une jeune fille, Alice qui a encore la naïveté d’un enfant. Ils se rencontrent dans un village reculé d’Ecosse et elle décide de le suivre. Il naît de leur rencontre des moments magiques et tendres comme ceux qui peuvent exister entre un père et sa fille.
Dans ce film d’animation à l’ancienne, on retrouve l’esprit des Triplettes de Belleville, le graphisme est magnifique, les aquarelles sont superbes. Ce film est un concentré de poésie, de tendresse, d’émotion sans oublier l’humour.
J’ai vu ce film avec deux de mes fils (15 ans et 12 ans), ils ont beaucoup aimé ! (Comme moi, ils aiment beaucoup Les Triplettes de Belleville et les films de Jacques Tati (Mon Oncle et les Vacances de Monsieur Hulot)
Pour en savoir encore plus, voir le site du film
Extrait : Quelques photos
Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements... - Macha Makeieff et Stéphane Goudet
Livre lu en partenariat avec les Éditions Naïve
Éditions Naïve - avril 2009 – 304 pages
Mot de l'éditeur :
Sous la direction de Macha Makeïeff et Stéphane Goudet, des artistes de différents horizons témoignent de leur attachement à l’œuvre de Jacques Tati ( Pierre Étaix, David Lynch, Olivier Assayas, Jean-Claude Carrière, Sempé, Philippe Delerm, Jean-Philippe Toussaint…). Si le livre reproduit les objets, souvenirs, photogrammes des films rassemblés dans l’exposition que la Cinémathèque française consacre au cinéaste, il est, au-delà d’un catalogue, une création graphique, un objet ludique qui réussit à restituer l’esprit et la fantaisie si singulière de Tati.
Auteurs :
Née à Marseille en 1953, fondatrice, avec son acolyte Jérôme Deschamps, de la Compagnie Deschamps, Macha Makeïeff est une artiste complète, auteur, metteur en scène mais aussi costumière et décoratrice. Formée au Conservatoire d'art dramatique de Marseille, puis à la Sorbonne où elle étudie l'histoire de l'art, elle choisit la voie de la mise en scène grâce à sa rencontre avec Jérôme Deschamps au début des années 1970. La communion de leurs esprits est évidente et fait naître une langue nouvelle, celle des Deschiens. Intarissable, elle monte pièce sur pièce - plus de vingt-cinq pièces en moins de trente ans -, souvent présentées dans le cadre du Festival d'Avignon (' En avant', 'Les Petits Pas', 'Les Pieds dans l'eau') et jouées sur des scènes renommées. Ainsi 'Les Etourdis' est représentée au théâtre national de Chaillot tandis que 'L' Affaire de la rue de Lourcine' plante son décor sur la scène de l'Odéon. Makeïeff théorise son approche du théâtre et publie des essais comme 'Poétique du désastre' sorti en 1998. Multipliant les projets, l'artiste se plonge avec son complice dans la réalisation cinématographique avec 'Tam Tam', 'C' est dimanche' ou le film d'animation 'La Véritable Histoire du Chat Botté', sorti en 2009. Son travail investit également galeries et musées : l'exposition 'Le Grand Ordinaire et le petit ménager' qui se tient à la Villette dans la Grande Halle, en 1992, est suivie de 'Vestiaire et défilé' à la Fondation Cartier. Directrice du théâtre de Nîmes de 2002 à 2008, Macha Makeïeff s'investit de manière totale dans son art jusqu'à créer une véritable identité visuelle, décrite dans l'ouvrage 'Bréviaire pour une fin de siècle'. En 2009, elle est la co-commissaire et scénographe de l'exposition “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements” à la Cinémathèque.
Stéphane Goudet est un exploitant, critique de cinéma et universitaire français. Il est directeur du cinéma Le Méliès à Montreuil depuis 2002. Il a participé en tant que critique à la revue Positif. Il est enfin maître de conférences en cinéma à l'Université Paris I et est auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma et notamment Jacques Tati, sur lequel il a écrit une thèse en 2000. Il est membre du « Club des 13 ».
Jacques Tatischeff :
Né à Le Pecq le 09 octobre 1908, d'un père russe et d'une mère française, il commence son observation du monde extérieur dès l'école. Amateur de sport, il pratique la boxe et le rugby et se produit à ses débuts dans des cabarets et des music-halls. A partir de 1936, il travaille pour le cinéma en scénarisant et en jouant dans des courts métrages. En 1947, il remplace le réalisateur René Clément sur 'L' Ecole des facteurs'. Véritable pied à l'étrier, ce film lui permet de tourner et de produire 'Jour de fête' (1947) qui remporte le prix de la Mise en scène à la Biennale de Venise deux ans après sa sortie. Tati entame alors un combat contre une société moderne qui fait d'une déshumanisation inhérente le lot de chacun. Il crée pour cela un personnage burlesque et rêveur : Hulot. Il sera le personnage principal des 'Vacances de monsieur Hulot' (1952), 'Mon oncle' (1958), 'Playtime' (1968) et 'Trafic' (1971). Malheureusement, l'échec financier de 'Playtime' mine ses dernières productions. Ses œuvres seront néanmoins récompensées par un césar d'honneur en 1977. Il est décédé à Paris le 04 novembre 1982.
Mon avis : (lu en mai 2010)
J'ai eu la chance de voir avec mon fils, l'Exposition “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements” qui a eu lieu du 8 avril au 2 août 2009 à la Cinémathèque Française.
Ce livre est non seulement le catalogue de l'exposition mais aussi une mine de renseignements sur Jacques Tati et son œuvre. Dès la réception de ce livre, j'ai commencé à le feuilleter, à retrouver ce que j'avais vu à l'exposition mais à découvrir également beaucoup d'autres images... puis mon fils m'a emprunté le livre et il est devenu son livre de chevet pendant plus d'une semaine !
Jacques Tati évoque pour moi mon enfance, en effet mon père aimait beaucoup ses films et me les a fait découvrir. Avant de nous emmener voir les films de Jacques Tati au cinéma, mon père nous les racontait et nous mimait la partie de tennis, les Arpel enfermés dans leur garage à cause de leur petit chien... Et lorsque que nous allions en famille au cinéma, nous restions deux séances de suite pour mieux apprécier le film et ne rater aucun des gags !
Ce livre est constitué d'une première partie avec des notes et des croquis faits lors de la conception de l'exposition, dans la deuxième partie, on retrouve beaucoup d'images vues à l'exposition en 15 sensations (ou chapitres) décrivant le monde de Jacques Tati et en troisième partie, il y a des témoignages d'artistes variés sur Jacques Tati. Des auteurs, des architectes, des cinéastres et certaines personnes qui ont travaillé avec lui nous raconte des anecdoctes ou comment ils ressentent le cinéma de Jacques Tati.
Presque un an après l'Exposition “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements”, j'ai eu beaucoup de plaisir à revivre les émotions que j'avais eu lors de ma visite. Et nous avons pu partager ce que nous avions vu avec le reste de la famille.
Un grand Merci à Camille et aux Éditions Naïve de m'avoir permis de découvrir ce très Beau Livre.
Avis de P'tit Aproposdelivres2 (15 ans) :
Ce livre est très amusant et très complet, on y retrouve bien l'expo. Il est plein de petits détails et de photos. On découvre également Tati vu par d'autres (des auteurs, des cinéastes et des architectes). J'ai trouvé cela très intéressant et j'ai beaucoup aimé ce livre.
Extrait : (début du livre)
Le monde selon Tati
Serge Toubiana
Ceux qui évoquent le cinéma de Jacques Tati, parce qu'ils ont connu ou approché de près le cinéaste, ou parce qu'ils connaissent parfaitement son œuvre, parlent de sa manière de travailler, de son obsession à trouver et mettre en scène des gags visuels toujours ancrés dans la vie quotidienne. Donc, le travail, le travail, toujours le travail. Tati a passé sa vie à travailler. Mais le résultat de son travail est tout le contraire : la fête (Jour de fête, son premier long métrage), les vacances (Les Vacances de monsieur Hulot), la famille sous l'angle le plus fantaisiste (Mon Oncle), les jeux de quiproquo et le déséquilibre à l'échelle d'une ville, voire du monde: Play Time. Et ainsi de suite avec Trafic et Parade. Sur l'écran le monde défile et parade, tandis que derrière Tati est au travail. Cet homme a travaillé à nous (spectateurs) rendre fainéants, à nous faire aimer par-dessus tout la vie buissonnière. Rien que pour cela, il a droit à notre estime et à notre admiration éternelles.
L'autre idée qui me vient à l'esprit c'est que Tati a filmé quelque chose d'essentiel au cours du XXe siècle : il a filmé la campagne, la vie à la campagne (période Jour de fête), puis il a filmé la vie pavillonnaire (Mon Oncle), l'aspiration au confort petit-bourgeois de l'après-guerre et la découverte du formica, et il a surtout filmé et capté de manière ultrasensible, tel un sismographe de génie, le passage de la campagne à la ville, cette grande transhumance des hommes et des objets, d'un monde ancien vers un monde moderne. Le vélo du facteur a laissé place à la voiture et aux ennuis qu'inéluctablement elle génère, les encombrements. Tout est bouleversé, les gestes et les parcours, les ambiances et les costumes. Et bien sûr l'architecture. La villa Arpel de Mon Oncle a laissé place aux buildings ultramodernes de Play Time, génial film d'anticipation. À eux seuls les mots n'arrivent pas à décrire cette mutation.
C'est la raison pour laquelle les films de Tati ne parlent pas. Ils sont. Ils bruitent. Ils observent. Et ils fixent du regard, d'un regard précis et entomologiste, le monde des humains fait de un plus un plus un, dans ses affolements et ses paniques, devant les inéluctables transformations de la vie matérielle. Monsieur Hulot est un homme parmi les hommes. Mais il est aussi la quintessence de l'homme: maladroit, désarticulé, mutique, lunaire, gentil (mais en est-on certain ?), guère sexué. L'Homme au cours du XXe siècle a changé : Tati en a saisi les étapes et les mutations.
Cette multitude de «légers décalages» dont parle le génial Sempé constitue l'univers graphique et plastique de Jacques Tati. Tout part du dessin, de la forme, avant de s'incarner. Le geste premier est abstrait, puis prend de la chair et s'évertue à saisir le mouvement. Il y a de la pensée, à tous les stades de l'élaboration de l'œuvre, car Tati est un cinéaste intelligent et conceptuel. Avec Tati nous en sommes toujours, ou nous y revenons, à l'art primitif du cinématographe. Plus exactement: passage par l'art forain, le cirque, la scène, puis la mise en scène. En six films, Tati fait œuvre. Son œuvre. Elle est unique et généreuse. Matricielle. Elle scintille de mille feux avec un fond de mélancolie, de tristesse russe. Comment ne pas aimer Tati ? Cet amour se transmet de génération en génération. Tati c'est notre oncle à nous, celui qu'on n'a pas eu : l'excentrique de la famille.
Lorsque Macha Makeïeff et Stéphane Goudet sont venus me voir il y a deux ans pour me parler d'une exposition consacrée à Tati, j'ai dit oui dans la seconde. Exposer Tati à la Cinémathèque française relève de l'évidence. Encore faut-il faire preuve d'imagination. Avec Macha Makeïeff je me sens rassuré. Le monde selon Tati, je sais qu'elle le connaît et qu'elle saura nous le faire re-connaître et re-voir. Un monde de féerie, de poésie et d'humour. Un monde fait sur mesure pour l'homme. Plus précisément, pour la part d'enfance qui continue de vivre en lui.
Films de Jacques Tati en DVD :
Play Time Mon Oncle / My Oncle Les vacances de Monsieur Hulot
Sept ans après Les triplettes de Belleville, Sylvain Chomet sortira son nouveau film d’animation L’illusionniste, adapté d’un scénario inédit de Jacques Tati, le 16 juin 2010, distribué par Pathé.
Film : Le hérisson
Réalisé par Mona Achache avec Josiane Balasko, Garance Le Guillermic, Togo Igawa
Mon avis : J'ai trouvé ce film très beau et plein de sensibilité, ayant j'ai lu « L'élégance du hérisson » en janvier 2007 je ne me rappelais pas de tout et j'ai redécouvert cette histoire à travers le film. Je n'ai pas été déçu par cette adaptation : j'ai trouvé Josiane Balasko formidable dans le rôle de Renée, la jeune actrice Garance Le Guillermic dans le rôle de Paloma est vraiment excellente et extrêmement touchante sans oublier Togo Igawa dans le rôle de Kakuro Ozu. Le film terminé, je n'ai plus qu'une seule envie relire « L'élégance du hérisson » !
Exposition “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements”
J'ai été voir l’Exposition “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements” à la Cinémathèque Française qui se tient du 8 avril au 2 août 2009 avec mon fils de 14 ans. Mon père m’avait fait découvrir et aimer le cinéma de Jacques Tati et j’ai fait de même avec mes enfants.
La Cinémathèque Française est en elle-même un bâtiment original conçu par Frank Gehry
Cette exposition est construite autour des six longs métrages de Jacques Tati, on y retrouve des éléments de chacun des films, décors, accessoires, messages…
On débute la visite dans un couloir austère qui rappelle la modernité uniforme de Playtime, on découvrira une grande maquette de la villa Arpel dans Mon Oncle, on s’arrêtera à côté des cabines de bains des Vacances de Monsieur Hulot pour écouter la mer, on terminera par un manège avec cheval bleu et la bicyclette de François le facteur dans Jour de Fête.
On découvre aussi les dessins de nombreux artistes qui ont travaillé avec Tati, notamment sur les affiches des films, que ce soit Pierre Etaix, Sempé ou Cabu par exemple.
Avec les travaux des dessinateurs, nous découvrons quelques pages du story-board de L’Illusionniste, le prochain film de Sylvain Chomet, le réalisateur des Triplettes de Belleville, c’est l’adaptation d’un scénario inédit de Jacques Tati.
Tout au long de l’exposition on visionne également des courts extraits de films qui nous expliquent les thèmes chers à Jacques Tati et surtout nous font bien rire !
Exposition : “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements”
du 8 avril au 2 août 2009
à la Cinémathèque Française – 51 rue de Bercy Paris 12ème
renseignements plus complets : ici
1er juillet 2009 : Les Vacances de Monsieur Hulot restauré sort au cinéma