30 septembre 2016

Pour l'amour d'une île - Armelle Guilcher

pour l'amour d'une ile_b pour l'amour des iles

Nouvelles Plumes - 2014 - 336 pages

Pocket - janvier 2016 - 400 pages

Quatrième de couverture :
Elle s'appelle Marine. Un prénom qui évoque sa passion, la mer. Cette mer qui entoure la petite île bretonne où elle est née et a grandi, jusqu'à la mort brutale de ses parents. 

Devenue médecin, Marine décide de retourner sur l'île perdue dans les brumes, au milieu des écueils qu'elle aime tant. 
Mais les mois passent et elle ne parvient pas à amadouer les habitants pour le moins distants. Les patients restent rares et l'hostilité est palpable. Une hostilité qui semble trouver sa source dans l'histoire familale, ne laissant au " nouveau docteur ", au bord du découragement, d'autres choix que de raviver le passé pour comprendre. Au risque de rouvrir des blessures enfouies.

Auteur : Retraitée, Armelle Guilcher vit et écrit en Bretagne. Pour l'amour d'une île est son premier roman.

Mon avis : (lu en août 2016)
J'ai lu ce livre cet été avec beaucoup de plaisir, le lieux principal de cette histoire est une petite île bretonne et l'auteur a su parfaitement nous la décrire dans tous ses états, sous le soleil, dans la tourmente des tempêtes... 
1971. Marine le Guellec , jeune médecin s'installe sur l'île bretonne où elle est née. Elle va remplacer le docteur Le Guen qui aspire à la retraite. Mais rien est simple, car elle se trouve face à l'hostilité des habitants qui évitent alors de fréquenter son cabinet.
1960. Le lecteur revient sur l'enfance de Marie. Après la mort de ses parents, elle a été élevée avec Yves, son frère aîné, par son grand-père François qui a voulu protéger ses petits-enfants. Marie va comprendre que 
l'hostilité à son égard est dû à son histoire familiale et quelques secrets de famille...
J'ai beaucoup aimé cette histoire, dont les personnages sont attachants et donc l'intrigue se dévoile peu à peu. J'ai eu du mal à quitter cette petite île bretonne... Heureusement, c'étaient les vacances et le bord de mer était proche...

Extrait : (début du livre)
À la fin de ses études de médecine, Marine décide de retourner vivre sur la petite île bretonne où elle a grandi jusqu'à la mort de ses parents. Mais dans le froid venteux de novembre, l'installation se révèle difficile : les habitants désertent son cabinet et affichent ouvertement leur hostilité. Marine comprend que le secret de cette haine est caché dans le passé de sa famille.
La traversée s'était effectuée dans des conditions plutôt idéales pour la saison. En dépit d'un temps maussade, la mer était calme.

On était fin novembre.
Ce n'était pas la période rêvée pour venir s'établir sur cette île hostile, perdue dans les brumes, au milieu des écueils. À peine arrivée, elle allait devoir affronter les tempêtes de l'hiver, les plus rudes, celles qui vous mettent l'angoisse au cœur, avec en supplément l'appréhension de démarrer une carrière de médecin en se heurtant à la défiance probable des habitants à son égard.
Marine n'avait pas choisi son moment. Son installation était programmée au début de l'été et puis des circonstances imprévues (la maladie de François, son grand-père) avaient bouleversé ses plans. Il n'existait sur l'île aucune structure hospitalière susceptible de recevoir le vieillard en cas d'aggravation de son état et, dans ce contexte, ne sachant comment évoluerait la santé de son aïeul, Marine avait préféré se montrer prudente en demeurant sur le continent. Finalement, le vieil homme s'était éteint sans avoir assouvi son rêve : retourner vivre sur son île en compagnie de sa petite-fille.
La douleur ressentie par Marine à la mort de son grand-père avait été immense. Elle avait d'ailleurs failli abandonner tous ses projets. Et puis les blessures se refermant, elle s'était persuadée que François lui-même n'aurait pas souhaité une pareille conclusion, après tant d'années d'efforts et de persévérance pour mener ses études à leur terme. Elle avait donc confirmé au docteur Le Guen qu'elle reprenait sa clientèle, juste le temps pour elle d'expédier quelques affaires courantes. Ce qu'elle appelait « affaires courantes » était le règlement de la succession de son grand-père. Il n'avait pour toute richesse que sa petite maison du continent, au bord de la falaise, et Marine ne voulait en aucun cas s'en séparer malgré les exhortations de son frère Yves, toujours à la recherche de plus de moyens pour entretenir dans un confort que lui-même n'avait jamais connu, sa femme et ses deux petites-filles, des gamines pleurnichardes et capricieuses.
Elle avait alors proposé à Yves de lui racheter sa part et celui-ci avait ironisé : « Avec quel argent ? Ce n'est pas ta clientèle de marins ivrognes et miséreux qui va t'enrichir. »
— Ma clientèle miséreuse assurera ma subsistance, n'aie aucune inquiétude à ce sujet. Et puisque tu négliges la maison de grand-père, tu ne discuteras pas de son prix en prétendant qu'elle vaut plus cher que ce que je t'en offre.
Effectivement, Yves avait accepté le montant fixé. Et c'est le notaire de famille qui, après avoir établi les documents, lui prêta la somme nécessaire au rachat de la résidence familiale.
— J'aurai peut-être quelques difficultés à vous rembourser mais j'honorerai ma dette.
— J'ai confiance en toi, avait répondu le notaire. En souvenir de François, mon ami, je ne peux me résoudre à ce que cette demeure, obtenue grâce à un labeur de tous les instants, parte entre les mains du premier venu. Pour lui et pour toi. Et je suis peiné qu'Yves s'en dessaisisse avec une si grande désinvolture.

 

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22 août 2016

De terre et de mer - Sophie Van der Linden

Lu en partenariat avec Babelio et les éditions Buchet Chastel

de terre et de mer Buchet Chastel - août 2016 - 144 pages

Quatrième de couverture : 
Au début du siècle dernier, Henri, un jeune artiste, parvient sur l’île de B. après un long voyage.
Venu rendre visite à la femme qui s’est détournée de lui, il y séjournera vingt-quatre heures, le temps pour lui de déambuler dans ce paysage envoûtant, et d’y faire des rencontres singulières.
Jusqu’à la chute finale, le lecteur chemine à la suite du héros dans cette atmosphère vibrante, rendue par une écriture impressionniste aux multiples résonances.

De terre et de mer est le troisième roman de Sophie Van der Linden. Après La Fabrique du monde, L’Incertitude de l’aube, l’auteur confirme encore son talent et dépeint avec acuité l’expression des sensations et des sentiments.

Auteur : Née en 1973, Sophie Van der Linden vit à Conflans-Sainte-Honorine. Elle a publié des ouvrages de référence sur la littérature pour la jeunesse, dont elle est spécialiste. Elle a déjà publié deux romans (La Fabrique du monde et L'Incertitude de l'aube)

Mon avis : (lu en août 2016)
Début du vingtième siècle, Henri, jeune artiste peintre, arrive sur l’île de B. pour rendre visite à Youna, la jeune femme qu'il aime et qui ne répond plus à ses lettres. Il a entrepris ce long voyage pour avoir une explication. Sur l'île, la jeune femme s'est installée dans la maison de sa grand-tante et a repris son activité d'herboriste. Elle a conquis son indépendance et la liberté et rien ne l'empêchera de la garder. Econduit, Henri devra passer la nuit dehors et avant de reprendre le bateau du retour, il fera quelques rencontres...
Dans ce livre, tous nos sens sont en éveil, à travers l'œil du peintre, la description de cette petit île est pleine de couleurs et de nuances comme sur un tableau, les odeurs de la végétation, de la mer, les bruits de la nuit... 
La couverture du livre est superbe, c'est un tableau de Jean-Baptiste Corot qui illustre parfaitement l'atmosphère de ce court roman. Voilà une jolie balade pleine de poésie de 24 heures sur cette petite île avec des rencontres improbables, amusantes ou marquantes et surtout une conclusion magnifique. J'ai beaucoup aimé !

Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour cette très belle découverte

Extrait : (début du livre)
Les nuages n’étaient plus ici ceux, charnus et lourds, de la campagne de Paris. Mobiles, gracieux et diffus, ils semblaient, comme lui, attirés par la mer, pourtant encore lointaine. Depuis que son train avait quitté la halte Bel-Air sur ce dernier embranchement progressant vers le nord, Henri scrutait le paysage et guettait l’irruption de l’aplat bleu qui signalerait aussi bien l’arrivée imminente du train à sa destination que le début d’un autre voyage, celui pour l’île de B.

Enfin, ce n’était pas un voyage, tout juste une traversée. Et courte encore, une demiheure sans doute. Mais Henri n’avait jamais que peu vogué.
Son regard s’accrochait à la cime des arbres, s’attardait sur les mamelons, piquait  dans les vallons, s’envolait dans les masses d’air frais que ce temps encore un peu instable ne manquait pas d’insuffler au calme paisible d’un ciel estival.

Le train parvint à R. sans qu’Henri eût aperçu la moindre perspective marine. Rien de bleu ne perça à l’horizon de ce diorama désarticulé qu’est le paysage fuyant sous l’oeil du voyageur ferroviaire.
De la gare, il gagna le port en traversant la ville. Débouchant d’une rue sombre et humide, comme le sont toutes les rues de cette cité granitique, encombrée par les charrettes à chevaux convoyant la production
maraîchère de l’arrière-pays, il vit enfin la mer, sans pouvoir cependant s’attarder à sa contemplation tant il était soucieux d’attraper le dernier sloup qui le déposerait sur l’île à une heure raisonnable pour rendre
visite.
Une fois le point d’embarcation repéré, il rejoignit une courte file de passagers. Lorsque vint son tour, Henri, dans la fatigue de son long voyage, dans l’encombrement de son bagage et de son bouquet de fleurs acheté à la hâte lors d’une correspondance, dans son impatience et, surtout, dans son trouble inexplicable, causé par le carillon de l’église sonnant quatre heures, posa un pied sur l’embarcation somme toute légère d’un mouvement qu’il aurait voulu leste mais qui, dans ce désordre, y imprima un bruit sourd et une franche oscillation. Les passagers ayant déjà pris place à bord durent se cramponner subitement pour ne point perdre l’équilibre. S’ils ne prononcèrent mot, ces îliens, pour la plupart, en eurent toutefois en réserve pour cet étranger sans usage ni manière.
De l’air ! Cet air-là ! Comme il m’a manqué en vérité. Henri oublia l’incident lorsqu’il put enfin lever le nez, humer les ressacs iodés de l’eau du port claquant le quai, et se tourner vers le large s’offrant maintenant à son regard. Il avait vécu son enfance et le début de sa jeunesse sur la côte.
Pourtant, ses origines paysannes l’avaient toujours maintenu éloigné de la navigation. La mer n’en demeurait pas moins pour lui une source de joie et d’apaisement.

Déjà lu du même auteur :

 9782283026472-5ae6f La fabrique du monde

 

challenge12016br
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