Lu en partenariat avec les éditions Denoël
Denoël - janvier 2016 - 304 pages
Quatrième de couverture :
Patagonie. Dans la steppe balayée de vents glacés, un tout petit garçon est poursuivi par trois cavaliers. Rattrapé, lancé de l’un à l’autre dans une course folle, il est jeté dans un buisson d’épineux.
Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l'a frappée une fois de trop. Elle mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien.
Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer. Rafael parviendra-t-il à desserrer l’étau de terreur et de violence qui l’enchaîne à cette famille ?
Auteur : Sandrine Collette est née en 1970. Elle partage sa vie entre l'université de Nanterre et ses chevaux dans le Morvan. Six fourmis blanches est son troisième roman.
Mon avis : (lu en janvier 2016)
Cette histoire se déroule en Argentine, en Patagonie, dans une steppe infinie, balayée par des vents glacés. Dès les premières pages, Rafael, un petit garçon est poursuivi à cheval par ses bourreaux puis jeté dans un buisson plein d'épines... C'est le sort qui lui réservent tous les jours ses trois frères, Mauro et Joaquim, les aînés jumeaux et Steban. Rafael ne peut compter que sur lui-même pour supporter ce traitement car la mère n'intervient pas et laisse faire. Tout est dur dans cette petite ferme, la mère qui a tout pris en main le jour où son mari ivrogne les a abandonné. L'élevage des moutons et des boeufs demande beaucoup de travail que les quatre garçons exécutent sans rechigner. Rafael est devenu leur défouloir et celui-ci a compris qu'il n'aura d'aide de personne et que seuls son cheval et son chien pourront lui témoigner de l'affection.
Une fois par mois, la mère va en ville pour boire et jouer au poker et un jour, elle perd aux cartes l'un de ses garçons... Cela va changer la vie de toute la famille...
Cette histoire met un peu de temps à démarrer, la monotonie de la vie dans cette ferme du bout du monde est pesante puis le récit s'emballe et le lecteur n'en croit pas ses yeux...
J'ai beaucoup aimé ce roman fort, hors du temps, violent dont on ne sort pas indemne !
C'est ma deuxième lecture de cette auteur et je ne vais pas hésiter à lire ces premiers livres.
Merci Clélia et les éditions Denoël pour cette belle découverte !
Extrait : (début du livre)
Patagonie argentine. La steppe
Parce qu’il était le plus jeune, ses frères avaient pris l’habitude de le poursuivre à cheval autour de la maison, quand la mère ne les voyait pas. Dès que les jumeaux avaient eu assez de force pour l’attraper par le col et le soulever au galop de leurs criollos, c’était devenu leur passe-temps favori. Ils comptaient les points, à celui qui le traînerait jusqu’au coin de la grange, qui dépasserait les vieux bâtiments en bois gris — puis l’arbre mort, puis le bosquet de genêts — avant de le lâcher dans la poussière.
Chaque fois, le petit les voyait venir. Il entendait leurs exclamations, bien fort exprès pour l’affoler, le bruit des chevaux qui s’élancent ; les fers caillassant le sol et se rapprochant à lui faire trembler le ventre, comme si la terre trépidait sous ses pieds, et sûr cela les amusait, eux les frères perchés en haut de leurs selles, avec leurs rires aigus qui couvraient le fracas des sabots.
Il se figeait, un bras en l’air, ce bras qui tenait le bâton avec lequel il jouait à faire des vagues dans l’abreuvoir, et tant pis si l’eau était sale. Il s’immobilisait comme le font les mulots dans la steppe, lorsque le bruissement d’ailes des busards au-dessus d’eux les alerte trop tard, lui aussi l’œil effaré et priant pour que ses oreilles, son cerveau, son instinct le trompent ; mais toujours ils étaient sur lui en quelques foulées, rapaces piquant vers leur proie, penchés sur leurs chevaux fous. Planté au milieu de la cour arrière, le petit n’avait pas le temps de regagner la cuisine où la mère touillait, écrasait, dépeçait : quand cela avait commencé, il savait à peine courir. Une ou deux fois, il avait essayé de l’appeler, devinant la silhouette sévère derrière les carreaux, qui hachait la viande ou coupait les légumes comme si elle avait dû les abattre, appliquée et rageuse, mais elle ne l’entendait pas, ne le voyait pas, même le jour où il avait réussi à taper à la vitre avant d’être enlevé par Mauro — ou peut-être s’en désintéressait-elle si fort qu’il préférait ne pas y penser. La seule chose qu’elle faisait, à vrai dire, c’était lui mettre une rouste après, en criant qu’elle en avait assez qu’il mouille sa culotte. Et les frères se moquaient en le regardant, et ils braillaient : Le pisseur ! Le pisseur ! tandis qu’elle l’obligeait à courir cul nu derrière elle pour aller se changer, jetant son pantalon souillé dans la panière à linge d’un geste excédé.
Déjà lu du même auteur :
Six fourmis blanches

Phrase (1)
Lu en partenariat avec les éditions Albin Michel
Albin Michel - octobre 2015 - 512 pages
traduit de l'anglais (États-Unis) par Cécile Deniard
Titre original : Touch & go, 2013
Quatrième de couverture :
Les Denbe semblaient sortir des pages des magazines glamour : un mariage modèle, une belle situation, une ravissante fille de quinze ans, une demeure somptueuse dans la banlieue chic de Boston… une vie de rêve.
Jusqu’au jour où ils disparaissent tous les trois. Pas d’effraction, pas de témoin, pas de motifs, pas de demande de rançon. Juste quelques traces de pas et des débris de cartouches de Taser sur le sol de leur maison. Pour la détective privée Tessa Leoni, l’enlèvement ne fait aucun doute. Mais que pouvait bien cacher une existence en apparence aussi lisse ?
Nº1 sur la liste des best-sellers du new York Times, le nouveau thriller de Lisa Gardner nous plonge dans l’intimité fascinante et terrible d’une famille au-dessus de tout soupçon.
Auteur : Les suspenses de Lisa Gardner sont des best-sellers aux États-Unis et en Grande Bretagne. Sauver sa peau (2009) a connu un vrai succès en France. Grand Prix des lectrices de ELLE Policier pour La Maison d'à côté en 2010, Lisa Gardner est devenue en quelques années l'une des reines incontournables du suspense. Best-seller aux États-Unis, Famille parfaiteest resté plusieurs mois sur la liste des meilleures ventes.
Lisa vit aux États-Unis, dans un petit hameau des montagnes du New Hampshire.
Mon avis : (lu en décembre 2015)
Je ne suis pas une habituée de cette auteur américaine mais c'est surtout parce que je n'ai eu pas l'occasion de la lire.
Justin Denbe, un riche entrepreneur en BTP, est kidnappé avec sa femme et sa fille a^gée de 15 ans. Un kidnapping fait par des pros car sur les lieux il y a peu de traces, aucun témoin, aucun mobile, aucune demande de rançon... L'enquête est menée conjointement par le FBI et par Tessa Leoni, une détective privée dont la société de BTP de Justin Denbe à fait appel et par Wyatt, adjoint du shérif du comté de North Country du New Hampshire.
Le lecteur suit tour à tour l'enquête et ce qui se passe entre la famille et ses ravisseurs grâce au récit de Libby, la mère de famille.
Le récit de Libby est effrayant et captivant, la partie enquête est plus brouillonne et donc plus difficile à suivre. J'y ai trouvé quelques longueurs mais le rythme de l'enquête s'accélérant, j'ai dévoré la fin du livre.
Il est vrai qu'au bout d'une centaine de pages de ce livre, j'avais déjà découvert le coupable... mais la suite de l'intrigue m'a bien détrompée avec de nombreuses fausses pistes et rebondissement. Et ce n'est vraiment qu'avec l'épilogue que j'ai découvert que ma première impression était bien la bonne.
Merci Aurore et les éditions Albin Michel pour ce partenariat.
Autre avis : Canel
Extrait : (début du livre)
Voilà une chose que j’ai apprise quand j’avais onze ans : la douleur a un goût. La question, c’est de savoir celui qu’elle a pour vous.
Ce soir, ma douleur a un goût d’orange. Je suis attablée avec mon mari dans un box du Scampo, dans le quartier de Beacon Hill à Boston. Sans bruit, des serveurs discrets viennent remplir nos flûtes de champagne. Deuxième fois pour lui. Troisième fois pour moi. La nappe en lin blanc disparaît sous les petits pains maison et un assortiment d’antipasti. Viendront ensuite, dans des assiettes à la présentation soignée, des pâtes fraîches aux petits pois et à la pancetta grillée dans une sauce à la crème légère. Le plat préféré de Justin. Il l’a découvert il y a vingt ans lors d’un voyage d’affaires en Italie et, depuis cette époque, il le commande dans les bons restaurants italiens.
Je prends ma flûte. Je bois une gorgée de champagne. Je repose le verre.
En face de moi, Justin sourit et des rides lui plissent le coin des yeux. Ses cheveux châtains coupés court grisonnent aux tempes, mais ça lui va bien. Il a cette allure rude et indémodable des hommes qui vivent au grand air. Quand nous entrons dans un bar, les femmes le regardent. Les hommes aussi, intrigués par ce nouveau venu, manifestement un mâle dominant, capable de porter de vieilles chaussures de chantier avec une chemise Brooks Brothers à deux cents dollars et que l’ensemble soit du meilleur effet.
« Tu ne manges pas ? me demande-t-il.
– Je me réserve pour les pâtes. »
Il sourit encore et je repense à des plages de sable blanc, à l’odeur iodée de l’air marin. Je me souviens de la douceur des draps de coton entortillés autour de mes jambes nues lorsque nous avions passé la deuxième matinée de notre lune de miel encore enfermés dans notre bungalow. Justin m’avait donné à manger des oranges fraîchement pelées de sa main et j’en avais délicatement léché le jus poisseux sur ses doigts calleux.
Déjà lu du même auteur :
La maison d'à côté
Challenge 4%

23/24
Lu en partenariat avec Audiolib

Audiolib - octobre 2015 - 16h15 - Lu par Emmanuel Dekoninck
Actes Noirs - août 2015 - 482 pages
traduit du suédois par Hege Roel-Rousson
Titre original : Det som inte dödar oss, 2015
Quatrième de couverture :
Elle est une hackeuse de génie. Une justicière impitoyable qui n’obéit qu’à ses propres lois.
Il est journaliste d’investigation. Un reporter de la vieille école, persuadé qu’on peut changer le monde avec un article. La revue Millénium, c’est toute sa vie. Quand il apprend qu’un chercheur de pointe dans le domaine de l’intelligence artificielle détient peut-être des informations explosives sur les services de renseignements américains, Mikael Blomkvist se dit qu’il tient le scoop dont Millénium et sa carrière ont tant besoin. Au même moment, Lisbeth Salander tente de pénétrer les serveurs de la NSA…
Dix ans après la publication en Suède du premier volume de Millénium, David Lagercrantz livre un thriller d’une actualité brûlante et signe les retrouvailles des personnages cultes créés par Stieg Larsson. La saga continue.
Auteur : Né en 1962, David Lagercrantz est un écrivain et journaliste suédois habitant à Stockholm. Auteur de plusieurs livres, il affirme notamment sa notoriété sur la scène littéraire suédoise en 2009 avec la parution de Syndafall i Wilmslow (La Chute de l'homme à Wilmslow), un roman centré sur le personnage du mathématicien britannique Alan Turing (à paraître en 2016).
Lecteur : Interprète de théâtre de grand talent, apprécié à Bruxelles et à Paris, metteur en scène et également compositeur, Emmanuel Dekoninck vit en Belgique. Il a déjà enregistré pour Audiolib, entre autres, Millénium et 1Q84.
Mon avis : (lu en décembre 2015)
Deuxième lecture de ce tome 4, écrit par un nouvel auteur, en lecture audio cette fois-ci. Même lecteur que pour les 3 tomes précédents : Emmanuel Dekoninck et c'est toujours une grande réussite. A lui seul, il arrive à donner une voix à chacun des personnages. C'est impressionnant et très confortable à l'écoute.
Comme à chaque fois, que je relis un livre en audio, je découvre des détails que je n'avais pas remarqué lors de ma première lecture et je redécouvre le livre autrement, dans ce cas, connaissant l'ensemble de l'intrigue, j'ai pu plus me concentrer sur les personnages.
Le journal Millenium a quelques difficultés, Mickael Blomkvist, devenu "ringard", espère avoir un scoop pour faire mentir ses détracteurs. Le professeur Frans Balder, chercheur éminent dans le domaine de l'intelligence artificielle, le contacte en pleine nuit pour des révélations. Mais lorsque Blomkvist arrive chez le professeur, celui-ci vient d'être assassiné, laissant comme témoin August, son fils autiste. Lisbeth avait déjà rencontré et travaillé pour le professeur Frans Balder, et Mickael Blomkvist tente de la contacter. Toujours aussi très douée en informatique, Lisbeth travaille à pénétrer les serveurs de la NSA, l'Agence de Sécurité Nationale des Etats-Unis... Je ne vais pas en raconter plus sur l'intrigue, Lisbeth va se dévoiler un peu plus, même si elle garde encore quelques secrets sur son passé.
Merci Morgane et les éditions Audiolib pour cette lecture captivante
Extrait : (début du livre)
Prologue
Un an plus tôt à l'aube
Cette histoire commence par un rêve, un rêve qui n’a rien d’extraordinaire. Juste une main qui frappe régulièrement et inlassablement contre un matelas dans l’ancienne chambre de Lundagatan.
Pourtant, c’est à cause de ce rêve que Lisbeth Salander sort de son lit au petit matin, s’installe devant son ordinateur, et commence la traque.
1er - 21 Novembre
La NSA, National Security Agency, est un organisme fédéral placé sous l’autorité du département de la Défense des États-Unis. Son siège se trouve à Fort Meade dans le Maryland, au bord de l’autoroute Patuxent.
Depuis sa fondation en 1952, la NSA s’occupe du renseignement d’origine électromagnétique – aujourd’hui principalement Internet et l’activité téléphonique. Les pouvoirs de l’organisme n’ont cessé d’être élargis, il intercepte désormais plus de vingt millions de messages et conversations par jour.
Début novembre
Frans Balder s’était toujours considéré comme un père minable.
Le petit August avait déjà huit ans, et jusqu’à ce jour Frans n’avait jamais essayé d’endosser son rôle de père. Même à cet instant, il eût été faux de prétendre qu’il se sentait à l’aise face à ses responsabilités. Mais il estimait que c’était son devoir. Son fils avait la vie dure chez son ex-femme et l’enfoiré qui lui tenait lieu de fiancé, Lasse Westman.
Frans Balder avait donc lâché son poste dans la Silicon Valley et pris l’avion pour regagner son pays. Il se trouvait à présent à l’aéroport d’Arlanda et attendait un taxi. Il se sentait un peu perdu. La météo était infernale. Pluie et tempête lui fouettaient le visage et il se demandait pour la énième fois s’il avait fait le bon choix.
De tous les crétins égocentriques du monde, c’était lui qui allait se retrouver papa à plein temps. Un peu tordu, quand même… Autant aller travailler dans un zoo. Il ne connaissait rien aux enfants et pas grand-chose à la vie en général. Et le plus curieux dans l’histoire, c’est que personne ne lui avait rien demandé. Aucune mère ou grand-mère n’avait téléphoné pour le sommer d’assumer enfin ses responsabilités.
Il avait pris la décision seul et s’apprêtait à débarquer chez son ex-femme pour récupérer son fils, sans prévenir et en dépit du jugement relatif à la garde. Ça allait foutre la pagaille, évidemment. Il aurait certainement droit à une sacrée rouste de la part de cet abruti de Lasse. Tant pis.
Il s’engouffra dans le taxi. Le chauffeur était une femme qui mâchait frénétiquement son chewing-gum tout en essayant de lui faire la conversation. Peine perdue : même en temps normal, Frans Balder n’était pas du genre bavard.
Impassible, sur la banquette arrière, il songeait à son fils et à tout ce qui s’était passé ces derniers temps. August n’était pas l’unique ni même la principale raison de sa démission de chez Solifon. Frans était à un tournant de sa vie et, l’espace d’un instant, il se demanda s’il aurait le courage, finalement.
Déjà écouté :
Millénium 1
Millénium 2
Millenium 3
Editions de la Martinière - octobre 2015 - 428 pages
traduit de l'anglais par Pierre Brévignon
Titre original : The Murder Bag, 2014
Quatrième de couverture : Ils sont sept. Ils se connaissent depuis vingt ans, tous anciens élèves de la très prestigieuse école de Potter's Field. Des hommes venus des meilleures familles, riches et privilégiés. Mais quelqu'un a décidé de les égorger, un à un. Quel secret effroyable les lie ? Sur quel mensonge ont-ils construit leur vie ? L'inspecteur Max Wolfe va mener l'enquête, depuis les bas-fonds de Londres jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir. Au péril de sa vie.
Auteur : Né dans le Comté d'Essex, en Angleterre, Tony Parsons abandonne ses études à l'âge de 16 ans et se lance dans la littérature. C'est à la distillerie Gordon's qu'il commence à écrire son premier roman. Il en conservera une allergie pour le gin toute sa vie... Devenu journaliste, spécialisé dans le punk rock, il traîne avec les Sex Pistols, enchaîne femmes, drogues et nuits sans sommeil. Dix ans plus tard, changement de vie : il connaît un immense succès mondial avec Man and Boy (Un homme et son fils, Presses de la cité, 2001), publié dans 39 langues, vendu à plus de deux millions d'exemplaires, lauréat du British Book Award. En 2014, il publie son premier roman policier, Des garçons bien élevés, qui prend la tête des meilleures ventes à sa sortie. Son second roman mettant en scène Max Wolfe vient de paraître en Angleterre.
Mon avis : (lu en novembre 2015)
En 1988, une jeune femme est violée par sept jeunes tortionnaires.
Vingt ans plus tard, sept anciens étudiants de la prestigieuse école privée britannique Potter's Field se font égorger les uns après les autres…
Max Wolfe commence sa carrière d'inspecteur, il vient d'être affecté au service des homicides, c'est lui qui va mener l'enquête et tenter de découvrir qui est le justicier. Il est aussi le père d'une petite fille de 5 ans, Scout, qu'il élève seul, dans la famille, il y a aussi le petit chien Stan.
Une intrigue assez classique avec le lecteur qui en connaît un peu plus que les enquêteurs. L'intrigue est parfois un peu brouillonne puisque de nombreux meurtres ont lieu, et l'on découvre peu à peu les caractères des différentes victimes...
J'ai mis du temps à lire ce roman policier, est-ce parce que je l'avais en cours de lecture mi-novembre et que j'avais la tête ailleurs, mais je n'ai pas été transporté par ce livre. Seul bon point pour le personnage de Max que j'ai trouvé attachant, un policier parmi les autres avec ses doutes, ses faiblesses qui sait faire passer sa petite fille avant son enquête.
Extrait : (début du livre)
Ils en avaient déjà fini avec elle. Gisant sur le matelas, à plat ventre, elle semblait déjà morte.
Une meute de garçons dans le sous-sol. Des garçons forts comme des hommes, cruels comme des enfants. Ils avaient pris tout ce qu'ils voulaient et, maintenant, il ne restait plus rien.
Elle ne sentait plus leurs voix au-dessus de son visage, pesant sur elle, contre son oreille. Elles venaient désormais de la longue table où ils fumaient, riaient et se congratulaient.
Tout à l'heure, elle portait un tee-shirt. Si seulement elle pouvait le récupérer. Elle parvint à rassembler assez de forces pour le retrouver, l'enfiler et se laisser glisser au bas du matelas. Pas question de rester dans cette pièce. Elle se mit à ramper vers l'escalier du sous-sol.
Les voix à table se turent. Le bang, pensa-t-elle. Le bang les ralentit, les abrutit, les endort. Béni soit le bang.
Sa bouche était pleine de sang, son visage lui faisait mal. Tout lui faisait mal. Le sang coulait de son nez, emplissait sa gorge, l'étouffait, l'obligeait à ravaler un haut-le-coeur.
Elle s'immobilisa, s'étrangla, reprit sa progression.
Challenge 4%

21/24
Lu en partenariat avec les éditions Albin Michel
Albin Michel - septembre 2015 - 457 pages
traduit du suédois par Caroline Berg
Titre original : Svart Stig, 2006
Quatrième de couverture :
Au nord de la Suède, au bord d’un lac gelé, un pêcheur découvre dans une cabane abandonnée le cadavre torturé d’une femme. La belle Inna Wattrang était la porte-parole de Mauri Kallis, un célèbre industriel à la tête d’une multinationale minière dont l’ascension et la réussite fascinent le pays. Les indices sont minces et les deux inspecteurs de la PJ de Kiruna font appel à l’ex-avocate Rebecka Martinsson, devenue procureur auxiliaire, pour tenter d’élucider les relations troubles qui semblent unir Kallis à son employée. Mais derrière le meurtre d’Inna se profile un univers de mensonges, de haines et de faux-semblants où le Mal se tient à l’affut comme un corbeau noir…
Secrets de famille, perversions, argent sale… avec cette nouvelle enquête de Rebecka Martinsson, Asa Larson, prix du Meilleur roman policier suédois pour Le Sang versé, sonne le renouveau du polar scandinave.
Auteur : Åsa Larsson a grandi à Kiruna, 145 km au-dessus du cercle polaire Arctique ; où se déroulent également ses romans. Avocate comme son héroïne, elle se consacre désormais à l'écriture. Les cinq tomes de la série autour de Rebecka Martinsson sont en cours de traduction dans 30 pays.
Mon avis : (lu en octobre 2015)
Ce livre est le troisième tome des enquêtes de Rebecka Martinsson. Il n'est pas nécessaire d'avoir lu les deux premiers épisodes pour suivre cette enquête. A la fin de l'épisode précédent, nous avions laissé Rebecka dans un sale état... Pour se remettre, elle a quitté son travail d'avocate et elle vient de reprendre le travail comme procureur auxiliaire. Elle va aider les policiers Anna-Maria Mella et Sven-Erik Stålnacke à mener une enquête autour de Mauri Kallis, un célèbre industriel. En effet, le cadavre de sa porte-parole, la belle Inna Wattrang, a été retrouvé dans une cabane de pêcheur au bord d’un lac gelé du nord de la Suède.
Cette enquête est un vrai puzzle, le lecteur suit plusieurs personnages : suspects, proches des suspects, enquêteurs, dans le présent mais également dans le passé, en Suède mais également en Ouganda, c'est parfois un peu brouillon mais le rythme est là, et je me suis prise au jeu de réunir toutes ces informations pour assembler le puzzle.
J'ai pourtant été un peu surprise par la conclusion du livre qui m'a laissé pleine d'interrogations sur la fin de l'enquête... Dans la page de remerciement, il est question d'un quatrième épisode, sans doute y trouverai-je les réponses à mes questions...
Merci Aurore et les éditions Albin Michel pour ce partenariat.
Extrait : (page )
SUR LE LAC de Torneträsk, en cette saison qui n’existe qu’en pays sami et qui se situe entre l’interminable hiver polaire et le printemps tardif, la glace a plus d’un mètre d’épaisseur. Sur le plan d’eau long de soixante-dix kilomètres, s’égrènent des cabanes d’environ quatre mètres carrés, montées sur patins, que les habitants de Kiruna appellent arches et qu’ils attellent derrière leurs motoneiges à la fin de l’hiver pour y venir en villégiature.
Au milieu du plancher se trouve une trappe sous laquelle ils creusent un trou dans l’épaisse couche de glace. Un tube de PVC est relié à la trappe, empêchant le vent glacial de s’engouffrer dans la cabane. Les propriétaires de ces arches s’asseyent au bord de ce trou et ils pêchent, munis d’une canne courte.
Leif Pudas pêchait donc tranquillement en caleçon dans son arche. Il était huit heures et demie du soir. Il avait décapsulé quelques bières, vu qu’on était samedi. Le poêle à pétrole ronronnait. Il faisait bien chaud, plus de 25°. La pêche était bonne aussi, il avait attrapé quinze truites de montagne, petites mais quand même. Il avait aussi mis de côté une lotte pour le chat de sa sœur.
Lorsque lui vint l’envie de pisser, il ne s’en agaça pas, de toute façon il avait trop chaud et il avait besoin de se rafraîchir un peu. Il enfila ses bottes de motoneige et sortit dans le froid et l’obscurité, toujours en caleçon.
Quand il ouvrit la porte, le vent faillit la lui arracher des mains.
La journée avait pourtant été calme et ensoleillée, mais le temps change vite en montagne. La tempête s’acharnait sur la porte tel un chien enragé. Soudain le vent s’arrêta de souffler, il gronda, sembla rassembler ses forces et puis il revint furieusement à l’attaque, au point que Leif Pudas se demanda si les gonds allaient résister. Il dut s’accrocher des deux mains à la poignée pour refermer la porte derrière lui. Il se dit qu’il aurait peut-être dû s’habiller. Et puis merde, il ne fallait pas trois heures pour pisser un coup.
Les rafales étaient chargées de neige. Pas une neige fine et douce, non, une neige à congères, froide et tranchante comme du diamant. Elle courait au ras du sol comme un chat à neuf queues, lui fouettant la peau à un rythme régulier et impitoyable.
Leif Pudas courut se mettre à l’abri derrière son arche et se mit à uriner. Il était protégé du vent mais pas du froid glacial. Ses couilles se rétractèrent en deux petites boules dures comme du bois. Il parvint à pisser quand même, s’attendant quasiment à ce que son urine gèle avant d’atteindre la surface du lac et se transforme en un arc de glace jaune.
Alors qu’il finissait, il entendit un rugissement et, tout à coup, sa cabane se mit à glisser, le heurtant par-derrière. Il faillit tomber. La seconde suivante elle filait à toute allure sur la glace.
Il mit une longue seconde à comprendre ce qui s’était passé. La tempête venait d’emporter son arche. Il regarda le carré de lumière chaude et orangée de la fenêtre s’éloigner dans la nuit polaire.
Challenge 2%

9/12
Challenge Voisins Voisines 2015

Suède
Déjà lu du même auteur :
Le sang versé
Mirobole éditions - avril 2015 - 346 pages
traduit du danois par Frédéric Fourreau
Titre original : Sort sensommer, 2006
Quatrième de couverture :
Septembre touche à sa fin dans la ville portuaire d’Århus au Danemark. Un soir, Anna, une jeune mère célibataire, ne rentre pas de son jogging quotidien dans les bois. Au matin, on trouve son corps sur un lit de feuilles mortes au milieu d’une clairière, la gorge tranchée, un bouquet de ciguë séchée étalé sur la poitrine… Une mauvaise rencontre ? Mais bientôt le commissaire Daniel Trokic et son équipe découvrent un lien entre Anna et un brillant chercheur en psychiatrie disparu huit semaines plus tôt.
De fausses pistes en rebondissements, la police criminelle d’Århus n'est pas au bout de ses peines…
Inger Wolf livre avec ce polar rythmé, Grand prix du thriller danois, une formidable autopsie des folies humaines.
Auteur : Après avoir travaillé comme traductrice, Inger Wolf, aujourd’hui 40 ans, a publié son premier thriller en 2006 et a aussitôt remporté le Danish Detective Academy’s Debutant Award. Elle est traduite dans les pays nordiques mais aussi en Allemagne, aux Pays-Bas et en Espagne.
Mon avis : (lu en octobre 2015)
Cela faisait quelques temps que j'avais envie de découvrir cette auteur danoise. Ce livre est son troisième roman traduit en France, mais j'ai découvert en écrivant ce billet que c'était le premier qu'Inger Wolf avait écrit...
Århus au Danemark, c'est la fin septembre et le corps d'une jeune femme est retrouvé dans les bois. Elle est nue, égorgée avec un bouquet de fleurs sur la poitrine. Est-ce un simple viol ? Pourquoi cette mise en scène ? Voilà quelques questions que vont se poser les enquêteurs : le commissaire Daniel Trokic, danois d'origine croate, Jasper son bras droit, Lisa spécialiste en informatique qui vient de rejoindre la Criminelle. Le lecteur suit l'enquête au plus près de la police. L'intrigue est bien construite, rythmée, avec comme il se doit ses fausses pistes et ses rebondissements. Dans l'enquête, rien n'est spectaculaire, tout est crédible, les enquêteurs sont attachants. J'ai beaucoup aimé ce roman policier et je lirai certainement sans tarder les deux autres déjà traduits en français.
Extrait : (début du livre)
Les fleurs vénéneuses immaculées s’étalaient en éventail sur la poitrine nue de la jeune femme. Dans la lumière de l’aube, des gouttes de rosée luisaient à la surface des tiges tachetées de rouge qui frémissaient sous l’effet de la brise. Un peu plus loin, un setter irlandais sortit sa truffe du tas de feuilles mortes où elle était enfouie, releva sa tête brune et se mit à renifler l’air du sous-bois. Tout à coup, une odeur attira son attention et il en remonta lentement la piste. La jeune femme gisait nue au milieu de la clairière qui s’étirait entre le bois de hêtres et une plantation de jeunes sapins. Elle reposait sur un lit de feuilles mortes, de fougères, de bolets et de balsamine flétrie. Ses bras et ses jambes étaient étendus de part et d’autre de son corps et ses yeux fixaient le ciel, comme si elle faisait un rêve éveillé. Le chien la flaira en promenant son museau sur son ventre. Soudain, il se figea. Son maître venait de l’appeler. Il tourna le regard vers le sentier, puis de nouveau vers la femme, indécis, et finit par aboyer.
La clairière qui s’étendait devant le commissaire de la police criminelle Daniel Trokic baignait dans une humidité glaciale. À chaque expiration, son souffle se transformait en un petit nuage au contact de l’air. Un silence de cathédrale s’était abattu sur la forêt dès l’instant où il avait franchi au volant de sa Peugeot la barrière rouge qui, d’ordinaire, préservait ces lieux des bruits de moteurs de la civilisation. Le son étouffé des basses du groupe de métal Rammstein s’échappait par sa vitre à demi baissée et se mêlait à la brume. Pourtant, aucun des hommes présents sur place ne lui fit la moindre remarque à ce propos au moment où il les rejoignit sur la scène de crime après s’être faufilé sous la bandelette en plastique bicolore. Soit parce qu’ils n’avaient pas prêté attention à la musique, soit parce qu’ils l’avaient trouvée de circonstance. Il eut l’impression de débarquer dans un endroit vierge et sauvage où aucun être humain n’avait encore mis les pieds. Cette nuit-là, il avait fait un rêve étrangement prémonitoire. À propos d’une forêt envahie par des lapins gris cendré. Un rêve désagréable et récurrent auquel il avait été arraché par la sonnerie de son téléphone lorsque l’officier de garde l’avait appelé pour l’informer qu’on venait de découvrir un cadavre. Torben Bach, le médecin légiste, portait des gants en latex et des couvre-chaussures en plastique bleu ciel, de même que les deux techniciens de la police scientifique chargés de prendre des clichés et de procéder aux relevés.
« Qui est-ce ? leur demanda Trokic.
— On l’ignore pour l’instant, répondit l’un des techniciens. On n’a trouvé aucune pièce d’identité sur elle. »
Près de Trokic, une jeune femme reposait sur le dos, ses cheveux blonds étalés telle une auréole autour de son visage. Ses yeux – l’un marron, l’autre bleu – fixaient un point perdu dans les profondeurs du bois, éteints et exsangues, comme recouverts d’une mince pellicule laiteuse. Trokic eut envie d’étendre une couverture sur elle.
Cependant, ce qui lui sauta aux yeux en contemplant la défunte, ce fut la poignée de fleurs blanchâtres – rassemblées de façon trop désordonnée pour former un véritable bouquet – qui avait été déposée sur sa poitrine. Cette mise en scène lui parut pitoyable et grotesque à la fois. Était-elle censée représenter une mariée ?
Challenge Voisins Voisines 2015

Danemark
Actes Noirs - août 2015 - 482 pages
traduit du suédois par Hege Roel-Rousson
Titre original : Det som inte dödar oss, 2015
Quatrième de couverture :
Elle est une hackeuse de génie. Une justicière impitoyable qui n’obéit qu’à ses propres lois.
Il est journaliste d’investigation. Un reporter de la vieille école, persuadé qu’on peut changer le monde avec un article. La revue Millénium, c’est toute sa vie. Quand il apprend qu’un chercheur de pointe dans le domaine de l’intelligence artificielle détient peut-être des informations explosives sur les services de renseignements américains, Mikael Blomkvist se dit qu’il tient le scoop dont Millénium et sa carrière ont tant besoin. Au même moment, Lisbeth Salander tente de pénétrer les serveurs de la NSA…
Dix ans après la publication en Suède du premier volume de Millénium, David Lagercrantz livre un thriller d’une actualité brûlante et signe les retrouvailles des personnages cultes créés par Stieg Larsson. La saga continue.
Auteur : Né en 1962, David Lagercrantz est un écrivain et journaliste suédois habitant à Stockholm. Auteur de plusieurs livres, il affirme notamment sa notoriété sur la scène littéraire suédoise en 2009 avec la parution de Syndafall i Wilmslow (La Chute de l'homme à Wilmslow), un roman centré sur le personnage du mathématicien britannique Alan Turing (à paraître en 2016).
Mon avis : (lu en septembre 2015)
Comme beaucoup, je suis une "fan" de la série Millenium et lorsque j'ai appris qu'un tome 4 sortait écrit par un nouvel auteur, j'ai eu très envie de le découvrir. Je voulais retrouver les personnages cultes créés par Stieg Larsson, Mikael Blomkvist et surtout Lisbeth Salander. Je ne suis pas dupe que ce nouveau tome est une opération commerciale, même si la part des recettes revenant à la famille serait entièrement reversée au magazine antifasciste Expo, créé par Stieg Larsson...
J'ai fait abstraction de ses polémiques et je me suis plongée dans cette histoire qui est à la hauteur de l'auteur original. Lisbeth et Mikael n'ont pas changé, l'intrigue bien construite est ancrée dans le présent. Le journal Millenium a quelques difficultés, Mickael Blomkvist espère avoir un scoop pour faire mentir ses détracteurs. Le professeur Frans Balder, chercheur éminent dans le domaine de l'intelligence artificielle, le contacte en pleine nuit pour des révélations. Mais lorsque Blomkvist arrive chez le professeur, celui-ci vient d'être assassiné, laissant comme témoin August, son fils autiste. Lisbeth n'est pas loin... elle a été en contact avec le professeur Frans Balder, toujours aussi forte en informatique, elle tente de pénétrer les serveurs de la NSA, l'Agence de Sécurité Nationale des Etats-Unis...
Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue, mais j'ai dévoré cette histoire avec beaucoup de plaisir. Lisbeth se dévoile un peu plus, mais elle garde encore quelques secrets sur son passé. Il semble que le nouvel auteur laisse déjà une porte ouverte pour un tome 5... Si cela se révèle vrai, je serai ravie de le découvrir.
Extrait : (début du livre)
Prologue
Un an plus tôt à l'aube
Cette histoire commence par un rêve, un rêve qui n’a rien d’extraordinaire. Juste une main qui frappe régulièrement et inlassablement contre un matelas dans l’ancienne chambre de Lundagatan.
Pourtant, c’est à cause de ce rêve que Lisbeth Salander sort de son lit au petit matin, s’installe devant son ordinateur, et commence la traque.
1er - 21 Novembre
La NSA, National Security Agency, est un organisme fédéral placé sous l’autorité du département de la Défense des États-Unis. Son siège se trouve à Fort Meade dans le Maryland, au bord de l’autoroute Patuxent.
Depuis sa fondation en 1952, la NSA s’occupe du renseignement d’origine électromagnétique – aujourd’hui principalement Internet et l’activité téléphonique. Les pouvoirs de l’organisme n’ont cessé d’être élargis, il intercepte désormais plus de vingt millions de messages et conversations par jour.
Début novembre
Frans Balder s’était toujours considéré comme un père minable.
Le petit August avait déjà huit ans, et jusqu’à ce jour Frans n’avait jamais essayé d’endosser son rôle de père. Même à cet instant, il eût été faux de prétendre qu’il se sentait à l’aise face à ses responsabilités. Mais il estimait que c’était son devoir. Son fils avait la vie dure chez son ex-femme et l’enfoiré qui lui tenait lieu de fiancé, Lasse Westman.
Frans Balder avait donc lâché son poste dans la Silicon Valley et pris l’avion pour regagner son pays. Il se trouvait à présent à l’aéroport d’Arlanda et attendait un taxi. Il se sentait un peu perdu. La météo était infernale. Pluie et tempête lui fouettaient le visage et il se demandait pour la énième fois s’il avait fait le bon choix.
De tous les crétins égocentriques du monde, c’était lui qui allait se retrouver papa à plein temps. Un peu tordu, quand même… Autant aller travailler dans un zoo. Il ne connaissait rien aux enfants et pas grand-chose à la vie en général. Et le plus curieux dans l’histoire, c’est que personne ne lui avait rien demandé. Aucune mère ou grand-mère n’avait téléphoné pour le sommer d’assumer enfin ses responsabilités.
Il avait pris la décision seul et s’apprêtait à débarquer chez son ex-femme pour récupérer son fils, sans prévenir et en dépit du jugement relatif à la garde. Ça allait foutre la pagaille, évidemment. Il aurait certainement droit à une sacrée rouste de la part de cet abruti de Lasse. Tant pis.
Il s’engouffra dans le taxi. Le chauffeur était une femme qui mâchait frénétiquement son chewing-gum tout en essayant de lui faire la conversation. Peine perdue : même en temps normal, Frans Balder n’était pas du genre bavard.
Impassible, sur la banquette arrière, il songeait à son fils et à tout ce qui s’était passé ces derniers temps. August n’était pas l’unique ni même la principale raison de sa démission de chez Solifon. Frans était à un tournant de sa vie et, l’espace d’un instant, il se demanda s’il aurait le courage, finalement.
Challenge 1%

4/6
Challenge Voisins Voisines 2015

Suède
Les trois premiers tomes par Stieg Larsson :
Millénium 1 : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes
Millénium 2 : La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette
Millénium 3 : La reine dans le palais des courants d'air
Déjà écouté :
Millénium 1
Millénium 2
Millenium 3
Métailié - février 2015 - 260 pages
traduit de l'islandais par Eric Boury
Titre original : Reykjavíkurnætur, 2012
Quatrième de couverture :
Erlendur le solitaire vient d'entrer dans la police, et les rues de Reykjavik dans lesquelles il patrouille de nuit sont agitées : accidents de la circulation, contrebande, vols, violences domestiques...
Des gamins trouvent en jouant dans un fossé le cadavre d'un clochard qu'il croisait régulièrement dans ses rondes. On conclut à l'accident et l'affaire est classée. Pourtant le destin de cet homme hante Erlendur et l'entraîne toujours plus loin dans les bas-fonds étranges et sombres de la ville. On découvre ici ce qui va faire l'essence de ce personnage taciturne : son intuition, son obstination à connaître la vérité, sa discrétion tenace pour résister aux pressions contre vents et marées, tout ce qui va séduire le commissaire Marion Briem.
En racontant la première affaire d'Erlendur, le policier que les lecteurs connaissent depuis les premiers livres de l'auteur, Arnaldur Indridason dépasse le thriller et écrit aussi un excellent roman contemporain sur la douleur et la nostalgie. De roman en roman, il perfectionne son écriture et la profondeur de son approche des hommes. Un livre remarquable.
Auteur : Arnaldur Indridason est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l'auteur de romans noirs couronnés de nombreux prix prestigieux, publiés dans 37 pays.
Mon avis : (lu en juillet 2015)
Après mon excursion en Islande avec la lecture de Temps glacières de Fred Vargas, j'ai eu envie de lire le dernier livre d'Arnaldur Indridason. Cet épisode concerne les débuts d'Erlendur dans la police, il n'est pas encore commissaire mais un simple policier qui patrouille la nuit dans les rues de Reykjavik.
Un clochard, Hannibal, a été retrouvé noyé dans les tourbières non loin d'un pipeline où il avait trouvé refuge. L'enquête est vite faite, elle conclue à un accident et l'affaire est classée. Mais la mort d'Hannibal obsède Erlendur. Lors de ses rondes de nuits, il l'avait croisé plusieurs fois et une fois, ce dernier avait même laissé entendre que quelqu'un avait tenté d'incendier la cave où il habitait. Erlendur ne veut pas croire à un simple accident, il décide officieusement de mener sa propre enquête... Le lecteur découvre non seulement cette première enquête d'Erlendur, mais aussi le quotidien de ces simples flics avec les accidents de circulation, les bagarres, les états d'ivresse et les violences conjugales...
Je ne me suis pas rendue compte tout de suite qu'Erlendur n'avait qu'une vingtaine d'année, il est déjà aux prises avec ses démons et ses fantômes... Son caractère et ses intuitions sont déjà plein de promesses. Ce voyage au coeur de Reykjavik est réussi malgré des nuits froides et sombres.
Extrait : (début du livre)
Les garçons tapotèrent l'anorak vert qui tournoya à la surface de l'eau, puis décrivit un arc de cercle avant de couler. S'aidant de leurs bâtons, ils le firent remonter et furent saisis d'effroi.
Ils vivaient dans le quartier de Hvassaleiti et habitaient les immeubles bordant le boulevard Miklabraut jusqu'au terrain vague de Kringlumyri. La partie nord de ce périmètre était une friche envahie d'angélique et de rumex à longues feuilles. La partie sud était quant à elle une tourbière encore toute lacérée d'entailles d'où les gens de Reykjavik avaient extrait des tonnes de tourbe pour se chauffer pendant la Grande Guerre. Le conflit mondial ayant entraîné une pénurie de combustible en Islande, on avait drainé le marais, tracé des chemins de terre et entrepris la plus importante extraction de tourbe de l'histoire. Cette activité avait occupé des centaines d'ouvriers qui extrayaient le combustible et le faisaient sécher avant de le livrer par tombereaux en ville.
A la fin de la guerre, avec la reprise des importations de charbon et de pétrole, on avait cessé de se chauffer à la tourbe. Les fosses, désormais emplies d'eau brunâtre, étaient restées en l'état pendant longtemps. Quand la ville s'était étendue vers l'est au cours des années 60 et 70, avec la construction des quartiers de Hvassaleiti et de Storagerdi, ces anciennes tourbières étaient devenues le terrain de jeu des enfants. Ces derniers confectionnaient des radeaux, naviguaient sur les mares les plus vastes et faisaient du vélo sur les nombreuses pistes cyclables aménagées sur les collines alentour. Quand le froid de l'hiver arrivait, ces mares se prêtaient parfaitement à la pratique du patin à glace.
Les trois garçons venaient de fabriquer un radeau tout neuf avec des planches glanées sur un chantier, qu'ils avaient soigneusement clouées à deux poutres transversales et enveloppées de plastique isolant. Le plancher de l'embarcation était constitué de bois de coffrage. Ils se propulsaient grâce à de longs bâtons qu'ils enfonçaient dans l'eau opaque, jamais bien profonde. Ils portaient des bottes en caoutchouc pour garder les pieds au sec. Il y avait souvent des gamins qui tombaient et se retrouvaient trempés jusqu'aux os, grelottant, mais tremblant surtout à l'idée de rentrer chez eux comme des naufragés et de se faire gronder par leurs parents.
Ils avaient avancé en douceur vers le boulevard Kringlumyrarbraut, veillant à rie pas trop tanguer pour que l'eau ne vienne pas submerger leur embarcation et ne les fasse pas tomber dans la mare. C'était tout un art, semblable à celui du funambule, qui nécessitait à la fois adresse et esprit d'équipe, mais avant tout du sang-froid. S'ils s'installaient trop près des bords, ils risquaient de chavirer. Les trois copains avaient donc pris tout leur temps pour trouver le point d'équilibre avant de quitter la rive.
La navigation se déroulait parfaitement. Satisfaits de ce nouveau radeau qui voguait joliment, ils avaient effectué quelques allers-retours sur la partie la plus profonde. La circulation ronronnait sur le boulevard Miklabraut, au nord de l'ancienne tourbière dont la limite sud était traversée par des canalisations d'eau chaude qui remontaient vers les grands réservoirs posés au sommet de la colline d'Öskjuhlid. Ce lieu constituait pour eux un autre terrain de jeu où ils trouvaient parfois des petites balles dures de la taille d'un oeuf. Ils s'étaient interrogés sur leur nature. Le père d'un des gamins leur avait dit que c'étaient des balles de golf, ajoutant que certains venaient sans doute pratiquer ce sport dans la zone déserte aux abords du pipeline. Cet endroit baptisé Golfskalatjörn, entre la colline d'Oskjuhlid et la tourbière de Kringlumyri, avait autrefois été le golf de Reykjavik. Cela dit, il doutait que les balles que les gamins avaient trouvées datent de cette époque.
Challenge Voisins Voisines 2015

Islande
Déjà lu du même auteur :
La Cité des jarres
La Femme en vert
La Voix
L'Homme du lac
Hiver Arctique
Hypothermie
La rivière noire
Bettý
La muraille de lave
Etranges rivages
La cité des jarres
Le Duel
Flammarion - mars 2015 - 497 pages
Quatrième de couverture :
"Adamsberg attrapa son téléphone, écarta une pile de dossiers et posa les pieds sur sa table, s'inclinant dans son fauteuil. Il avait à peine fermé l'oeil cette nuit, une de ses soeurs ayant contracté une pneumonie, dieu sait comment. La femme du 33 bis ? demanda-t-il. Veines ouvertes dans la baignoire ? Pourquoi tu m'emmerdes avec ça à 9 heures du matin, Bourlin ? D'après les rapports internes, il s'agit d'un suicide avéré. Tu as des doutes ? Adamsberg aimait bien le commissaire Bourlin. Grand mangeur grand fumeur grand buveur, en éruption perpétuelle, vivant à plein régime en rasant les gouffres, dur comme pierre et bouclé comme un jeune agneau, c'était un résistant à respecter, qui serait encore à son poste à cent ans. Le juge Vermillon, le nouveau magistrat zélé, est sur moi comme une tique, dit Bourlin. Tu sais ce que ça fait, les tiques ?".
Auteur : Fred Vargas est née en 1957, il s'agit là de son nom de plume pour l'écriture de romans policiers. Passionnée d'archéologie, pendant toute sa scolarité, elle ne cesse d'effectuer des fouilles. Elle suit des études d'histoire, s'intéresse premièrement à la Préhistoire puis choisit d'orienter son parcourt sur le Moyen-Âge. Fred Vargas a quasiment créé un genre romanesque : le Rompol. Avec 13 romans à son actif, tous parus aux Éditions Viviane Hamy, elle a été primée à plusieurs reprises notamment pour Pars vite et reviens tard qui se voit récompensé du Grand Prix des Lectrices de ELLE en 2002, du Prix des libraires et du Deutscher Krimipreis (Allemagne). Fred Vargas a su créer des personnages étonnants et attachants. Le plus célèbre des commissaires vargassiens, Jean-Baptiste Adamsberg, et son acolyte, Adrien Danglard, constituent des personnages récurrents des ouvrages de l'auteur. Les livres de Fred Vargas sont traduits dans une quarantaine de pays et sont adaptés au cinéma ou la télévision.
Mon avis : (lu en juillet 2015)
Étant une inconditionnelle de Fred Vargas, lorsque j’ai appris qu’elle sortait un nouveau livre, après plus de quatre années d'absence, j’étais vraiment impatiente de le découvrir. J’ai eu l’occasion de voir l’émission de La Grande Librairie où Fred Vargas était invitée et la promotion sur son livre a été plutôt bizarre... J'avais donc un peu peur de découvrir cette nouvelle aventure d'Adamsberg. J'avais tort, car cette enquête difficile d'Adamsberg et son équipe est très réussie.
Cela commence par plusieurs morts maquillés en suicide avec la présence d'un mystérieux dessin laissé à côté de chaque victime par un tueur en série... Adamsberg explore alors deux pistes : les premières victimes ont participé, dix ans auparavant, à un voyage en Islande où ils ont été prisonniers de la brume sur une petite île pendant plusieurs jours, elles sont également membres de la société des "amis de Robespierre" et participent à des reconstitutions en costumes des séances des assemblées pendant l'époque de la Terreur. Adamsberg hésite, son équipe est partagée et un soupçon de rébellion apparaît... Tout est là pour captiver et pour tenir en haleine le lecteur !
Extrait : (début du livre)
Plus que vingt mètres, vingt petits mètres à parcourir avant d'atteindre la boîte aux lettres, c'était plus difficile que prévu. C'est ridicule, se dit-elle, il n'existe pas de petits mètres ou de grands mètres. Il y a des mètres et voilà tout. Il est curieux qu'aux portes de la mort, et depuis cette place éminente, on persiste à songer à de futiles âneries, alors qu'on suppose qu'on énoncera quelque formule d'importance, qui s'inscrira au fer rouge dans les annales de la sagesse de l'humanité. Formule qui sera colportée ensuite, de-ci de-là : « Savez-vous quelles furent les dernières paroles d'Alice Gauthier ? »
Si elle n'avait rien à déclarer de mémorable, elle avait néanmoins un message décisif à porter, qui s'inscrirait dans les annales ignobles de l'humanité, infiniment plus vastes que celles de la sagesse. Elle regarda la lettre qui tremblait dans sa main.
Allons, seize petits mètres. Depuis la porte de son immeuble, Noémie la surveillait, prête à intervenir au premier vacillement. Noémie avait tout tenté pour empêcher sa patiente de s'aventurer seule dans la rue, mais le très impérieux caractère d'Alice Gauthier l'avait vaincue.
— Pour que vous lisiez l'adresse par-dessus mon épaule ?
Noémie avait été offensée, ce n'était pas son genre.
— C'est le genre de tout le monde, Noémie. Un de mes amis – un vieux truand par ailleurs –, me disait toujours : « Si tu veux garder un secret, eh bien garde-le. » Moi, j'en ai gardé un longtemps, mais il m'embarrasserait pour grimper au ciel. Encore que, même ainsi, mon ciel n'est pas gagné. Débarrassez-moi le plancher, Noémie, et laissez-moi aller.
Avance bon sang, Alice, ou Noémie va courir vers toi. Elle s'appuya sur son déambulateur, se poussa sur neuf mètres, huit grands mètres au moins. Dépasser la pharmacie, puis la laverie, puis la banque, et elle y serait, à la petite boîte postale jaune. Alors qu'elle commençait à sourire de son succès proche, sa vue se brouilla et elle lâcha prise, s'effondrant aux pieds d'une femme en rouge qui la reçut dans ses bras en poussant un cri. Son sac se répandit au sol, la lettre s'échappa de sa main.
La pharmacienne accourut, interrogeant, palpant, s'activant, tandis que la femme en rouge rangeait dans le sac à main les objets éparpillés, puis le déposait à ses côtés. Son rôle éphémère s'achevait déjà, les secours étaient en route, elle n'avait plus rien à faire là, elle se remit debout et recula. Elle aurait aimé se rendre encore utile, exister un peu plus sur la scène de l'accident, donner au moins son nom aux pompiers qui débarquaient en force, mais non, la pharmacienne avait tout pris en main, avec l'aide d'une femme affolée qui disait être la garde-malade : elle criait, pleurait un peu, Mme Gauthier avait absolument refusé qu'elle l'accompagne, elle habitait à un jet de pierre, au 33 bis, elle n'avait commis aucune négligence. On chargeait la femme sur un brancard. Allons ma fille, cela ne te regarde plus.
Si, pensa-t-elle en reprenant son chemin, si, elle avait vraiment fait quelque chose. En retenant la femme dans sa chute, elle avait évité que sa tête ne frappe le trottoir. Peut-être lui avait-elle sauvé la vie, qui pouvait prétendre le contraire ?
Déjà lu du même auteur :
Ceux qui vont mourir te saluent
L'Homme aux cercles bleus
Debout les morts
Un peu plus loin sur la droite
Sans feu ni lieu
L'Homme à l'envers
Pars vite et reviens tard
Sous les vents de Neptune
Dans les bois éternels
Un lieu incertain
Les Quatre fleuves (BD)
L'Armée furieuse
Lu en partenariat avec Albin Michel
Albin Michel - avril 2015 - 368 pages
traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Titre original : I grunden utan skuld
Quatrième de couverture :
L’angoisse monte à Sandhamn : une jeune fille a disparu au cours de la nuit. Sous une pluie battante d’automne, l’inspecteur Thomas Andreasson et ses collègues ratissent l’île, en vain : Lina Rosén reste introuvable et l’enquête conclut à une noyade accidentelle.
Quelques mois plus tard, Nora Linde décide de prendre quelques jours de vacances au cœur de l’hiver à Sandhamn avec ses deux petits garçons. Son mari la trompe et elle a besoin du calme de l’île pour réfléchir. Mais, en jouant dans la forêt, Adam et Simon font une macabre découverte : des restes humains enfouis dans un sac sous la neige. Est-il possible que ce soit le cadavre de Lina ? Et quelle est cette ombre, tapie dans la nuit, sous les fenêtres des Rosén ? Pourquoi ?
Malgré l’absence de pistes, Thomas et son amie Nora ont un étrange pressentiment : l’assassin de Lina rôde encore et n’en a pas fini avec sa sinistre mission.
C’est avec cette nouvelle enquête de l’inspecteur Thomas Andreasson et de Nora Linde que Viveca Sten s’est imposée comme la Nº1 des ventes en Suède.
Auteur : Viveca Sten vit près de Stockholm avec son mari et leurs trois enfants. Après une brillante carrière juridique, elle s'est lancée dans l'écriture. Sa série, qui met en scène l’inspecteur Andreasson et l’avocate Nora Linde sur l’île de Sandhamn, compte déjà 5 tomes. Succès phénoménal en Suède et dans le monde, elle est publiée dans une quinzaine de pays et vient d’être adaptée en série pour la télévision. Diffusées en France sur Arte sous le nom Meurtres à Sandhamn, les deux premières saisons ont atteint plus d’un million de téléspectateurs. Comme ses héros, l'auteur possède une vieille maison familiale sur l'île de Sandhamn et y a passé tous les étés de sa jeunesse.
Mon avis : (lu en juin 2015)
J'ai passé un très bon moment en découvrant cette nouvelle aventure de l’inspecteur Thomas Andreasson et de Nora Linde.
Durant l'automne, une jeune fille disparaît sur l'île de Sandhamn. L'inspecteur Thomas Andreasson participe aux recherches mais sans succès. Quelques mois plus tard, Nora Linda, l'amie d'enfance de Thomas,vient se reposer sur l'île avec ses deux fils. Et lors d'une promenade en forêt, les enfants découvrent un morceau du corps de la jeune fille, qui a été assassinée... En parallèle, le lecteur est plongé dans le passé de l'île à travers un carnet intime trouvé dans la maison léguée par tante Signe.
L'intrigue est bien mené et à côté de l'enquête le lecteur découvre le quotidien de l'île et de nos deux personnages principaux de la série.
Au fil des différents tomes de la série, je me sens de plus en plus proche de Nora et Thomas et j'attends avec impatience la suite de leurs aventures.
Merci Arthur et les éditions Albin Michel pour ce partenariat.
Extrait : (début du livre)
MARIANNE S’ARRÊTA dans le vestibule. Les chaussures étaient en vrac. Machinalement, elle se pencha pour les ranger par paires, bien alignées. Elle découvrit alors qu’il manquait les Timberland claires de Lina.
Leur absence l’effraya. Pourquoi Lina n’était-elle pas rentrée cette nuit ?
Pensive, elle ramassa un bonnet lancé dans un coin. Sa fille laissait traîner ses affaires partout, en désordre. Elle aurait au moins pu prévenir qu’elle ne dormirait pas à la maison.
Et s’il lui était arrivé quelque chose ?
Glacée par cette idée, Marianne retint son souffle.
Et si elle s’était blessée en tombant de vélo ? En cette saison, un accident était vite arrivé. Les étroits chemins de gravier étaient glissants en automne. Elle avait dit à Lina d’être prudente quand elle était partie voir les Hammarsten à Trouville.
Malgré elle, l’inquiétude l’envahit. Le cœur lui manquait, elle avait des palpitations, tout se mettait à tourner devant ses yeux.
Du calme. Respire.
Les jambes en coton, elle gagna l’agréable cuisine rustique et se laissa tomber sur une chaise. L’été précédent, elle avait repeint les chaises au soleil, près du ponton. Lina l’avait aidée. Elle avait taché son bikini, ça les avait amusées.
Marianne alla prendre un verre dans le placard au-dessus de l’évier pour boire un peu d’eau. Sa respiration se fit plus régulière. Lina devait être restée chez les Hammarsten. Forcément. Où serait-elle passée, sinon ?
Le ronronnement familier de la cafetière sur le plan de travail la rassura. Elle allait boire une tasse de café, bien tranquillement. Après, il serait dans les huit heures, et Hanna Hammarsten téléphonerait pour confirmer que Lina avait passé la nuit chez eux sans prévenir.
Comme font les filles de son âge.
Et elles en riraient ensemble de bon cœur, comme deux mamans complices à propos du comportement prévisible de leurs ados.
Elle aurait un petit sourire gêné de s’être ainsi rongé les sangs, et Lina trouverait qu’elle la couvait comme une mère poule.
« Arrête de t’inquiéter, maman. Change de disque. Je ne suis plus un bébé, tu vois ? »
Hanna la comprendrait très bien. Toutes les mères s’inquiétaient. Surtout quand elles avaient des filles. Cela faisait partie du jeu.
Elle pensait en avoir fini avec les veilles et les nuits agitées maintenant que Lina était grande. Quelle erreur ! Aujourd’hui, quand elle n’arrivait pas à s’endormir avant le retour de Lina, elle regrettait l’époque où elle était petite, où ce qui pouvait lui arriver de pire, c’était de se réveiller après avoir fait un cauchemar. On y remédiait par un câlin et éventuellement un biberon de bouillie. Si cela ne suffisait pas, restait à la porter dans le grand lit, où elle ne tardait pas à se rendormir. On y gagnait des petits coups de pieds dans le dos toute la nuit, mais ce n’était rien comparé à l’anxiété qui la rongeait ces dernières années.
Le café était prêt.
Elle regarda à nouveau l’heure. Huit heures moins le quart. Elle attendrait huit heures pour appeler. Pas une minute de plus. Ça restait assez matinal, mais elle ne serait pas capable d’attendre davantage.
Sa tasse favorite, un gros mug en porcelaine bleue, l’attendait sur le devant du placard. Le seul fait de le voir la rassura. Tout était comme d’habitude. Deux morceaux de sucre, un bon nuage de lait, et son café était prêt. Fort et sucré, comme elle l’aimait. Voilà, ça allait beaucoup mieux.
Déjà lu du même auteur :
La Reine de la Baltique
Du sang sur la Baltique
Challenge Petit Bac 2015

Prénom ()
Challenge Voisins Voisines 2015

Suède
Challenge Trillers et Polars
2014-2015

catégorie "Même pas peur" : 20/25