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A propos de livres...
4 septembre 2016

La suture - Sophie Daull

Lu en partenariat avec les éditions Philippe Rey

la suture Philippe Rey - août 2016 - 208 pages

Quatrième de couverture : 
Alors qu’elle vient de perdre Camille, sa fille de seize ans, Sophie Daull se penche sur le passé de sa mère, Nicole, une femme mystérieuse, disparue elle aussi, il y a trente ans. Munie de maigres indices – quelques lettres et photos tenant dans une boîte à chaussures –, elle entreprend de déchiffrer les lieux et paysages où Nicole a vécu, les visages qu’elle a connus, et tente de reconstituer ainsi une existence troublante.
À larges aiguillées joyeuses, poétiques ou bancales, l’auteure va coudre passé et présent, fiction et réalité, grand-mère et petite-fille, dans ce roman en forme d’enquête généalogique, qui vagabonde dans la France de l’après-guerre jusqu’aux années 80.
Se dessine ainsi la figure de Nicole, dont la frêle beauté et la timidité intriguent, porteuse d’une énigme qu’elle semble elle-même ignorer, chahutée depuis l’enfance par les rudesses d’une vie sans ménagement. Nicole, que le lecteur débusquera avec émotion derrière ses larges lunettes et la fumée de ses Gitanes…

Auteur : Sophie Daull est née dans l'est de la France. Comédienne, elle vit à Montreuil et travaille partout. Camille, mon envolée est son premier roman.

Mon avis : (lu en août 2016)
J'avais été bouleversée par le premier livre de Sophie Daull, j'étais donc curieuse de découvrir son deuxième livre. Après la perte brutale de Camille, sa fille, l'auteur se tourne vers le passé de sa mère, Nicole, décédée également trop tôt. L'auteur a en sa possession peu d'indices : quelques photos, des lettres, des bulletins de salaire... Elle va donc enquêter et partir sur les traces de sa mère à Coulommier, Le Blanc (Indre), Contrexéville et Belfort...
J'ai apprécié cette lecture, cette quête d'une fille qui cherche à mieux connaître sa mère. J'ai pensé au livre
Les gens dans l'enveloppe - Isabelle Monnin que j'avais découvert l'année dernière, mais ici l'auteur est plus impliquée dans l'histoire puisqu'elle enquête sur ses origines. Ce livre est l'occasion de faire revivre sa mère dans son souvenir. Régulièrement, Sophie Daull évoque Camille, la petite-fille qui n'a jamais connu sa grand-mère... Sophie Daull lui confie ses pensées, ses interrogations dans sa quête.
Une écriture agréable et une quête émouvante.

Merci Arnaud et les éditions Philippe Rey pour ce livre plein de sensibilité.

Extrait : (début du livre)
Ma mère avait 26 ans quand je suis née, 45 quand elle est morte, moi 19.
Elle n'a donc jamais connu ma fille, qui est née quand elle en aurait eu 58, j'en avais 32.
Ma fille est morte à 16 ans, quand j'en avais 48, ma mère en aurait eu 74.
Si l'on considère que ces deux disparitions furent, selon la formule consacrée, brutales, qu'elle est la probabilité que ces deux mortes bavardent au ciel ?
Voltigeante arithmétique.
On dirait un énoncé de problème de maths, avec des trains qui déraillent et des robinets qui fuient. Sauf que là, ce sont des vies qui fuient et des destins qui déraillent.

De cette mathématique du fracas et de la perte, je vais poser une équation à deux inconnues : le passé de ma mère, le futur de ma fille. Brouillons éternels. Clairement, ces deux inconnues le resteront pour toujours.

Je vais reprendre le fil générationnel que la mort a trouvé marrant de couper entre ses dents, telle une couturière capricieuse et impatiente, et je vais raccommoder les trous, faufiler des pièces aux coudes et genoux de ce grand squelette prématurément décharné. Je vais les coudre ensemble.

Déjà lu du même auteur : 
105626639 Camille, mon envolée 

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22 août 2016

De terre et de mer - Sophie Van der Linden

Lu en partenariat avec Babelio et les éditions Buchet Chastel

de terre et de mer Buchet Chastel - août 2016 - 144 pages

Quatrième de couverture : 
Au début du siècle dernier, Henri, un jeune artiste, parvient sur l’île de B. après un long voyage.
Venu rendre visite à la femme qui s’est détournée de lui, il y séjournera vingt-quatre heures, le temps pour lui de déambuler dans ce paysage envoûtant, et d’y faire des rencontres singulières.
Jusqu’à la chute finale, le lecteur chemine à la suite du héros dans cette atmosphère vibrante, rendue par une écriture impressionniste aux multiples résonances.

De terre et de mer est le troisième roman de Sophie Van der Linden. Après La Fabrique du monde, L’Incertitude de l’aube, l’auteur confirme encore son talent et dépeint avec acuité l’expression des sensations et des sentiments.

Auteur : Née en 1973, Sophie Van der Linden vit à Conflans-Sainte-Honorine. Elle a publié des ouvrages de référence sur la littérature pour la jeunesse, dont elle est spécialiste. Elle a déjà publié deux romans (La Fabrique du monde et L'Incertitude de l'aube)

Mon avis : (lu en août 2016)
Début du vingtième siècle, Henri, jeune artiste peintre, arrive sur l’île de B. pour rendre visite à Youna, la jeune femme qu'il aime et qui ne répond plus à ses lettres. Il a entrepris ce long voyage pour avoir une explication. Sur l'île, la jeune femme s'est installée dans la maison de sa grand-tante et a repris son activité d'herboriste. Elle a conquis son indépendance et la liberté et rien ne l'empêchera de la garder. Econduit, Henri devra passer la nuit dehors et avant de reprendre le bateau du retour, il fera quelques rencontres...
Dans ce livre, tous nos sens sont en éveil, à travers l'œil du peintre, la description de cette petit île est pleine de couleurs et de nuances comme sur un tableau, les odeurs de la végétation, de la mer, les bruits de la nuit... 
La couverture du livre est superbe, c'est un tableau de Jean-Baptiste Corot qui illustre parfaitement l'atmosphère de ce court roman. Voilà une jolie balade pleine de poésie de 24 heures sur cette petite île avec des rencontres improbables, amusantes ou marquantes et surtout une conclusion magnifique. J'ai beaucoup aimé !

Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour cette très belle découverte

Extrait : (début du livre)
Les nuages n’étaient plus ici ceux, charnus et lourds, de la campagne de Paris. Mobiles, gracieux et diffus, ils semblaient, comme lui, attirés par la mer, pourtant encore lointaine. Depuis que son train avait quitté la halte Bel-Air sur ce dernier embranchement progressant vers le nord, Henri scrutait le paysage et guettait l’irruption de l’aplat bleu qui signalerait aussi bien l’arrivée imminente du train à sa destination que le début d’un autre voyage, celui pour l’île de B.

Enfin, ce n’était pas un voyage, tout juste une traversée. Et courte encore, une demiheure sans doute. Mais Henri n’avait jamais que peu vogué.
Son regard s’accrochait à la cime des arbres, s’attardait sur les mamelons, piquait  dans les vallons, s’envolait dans les masses d’air frais que ce temps encore un peu instable ne manquait pas d’insuffler au calme paisible d’un ciel estival.

Le train parvint à R. sans qu’Henri eût aperçu la moindre perspective marine. Rien de bleu ne perça à l’horizon de ce diorama désarticulé qu’est le paysage fuyant sous l’oeil du voyageur ferroviaire.
De la gare, il gagna le port en traversant la ville. Débouchant d’une rue sombre et humide, comme le sont toutes les rues de cette cité granitique, encombrée par les charrettes à chevaux convoyant la production
maraîchère de l’arrière-pays, il vit enfin la mer, sans pouvoir cependant s’attarder à sa contemplation tant il était soucieux d’attraper le dernier sloup qui le déposerait sur l’île à une heure raisonnable pour rendre
visite.
Une fois le point d’embarcation repéré, il rejoignit une courte file de passagers. Lorsque vint son tour, Henri, dans la fatigue de son long voyage, dans l’encombrement de son bagage et de son bouquet de fleurs acheté à la hâte lors d’une correspondance, dans son impatience et, surtout, dans son trouble inexplicable, causé par le carillon de l’église sonnant quatre heures, posa un pied sur l’embarcation somme toute légère d’un mouvement qu’il aurait voulu leste mais qui, dans ce désordre, y imprima un bruit sourd et une franche oscillation. Les passagers ayant déjà pris place à bord durent se cramponner subitement pour ne point perdre l’équilibre. S’ils ne prononcèrent mot, ces îliens, pour la plupart, en eurent toutefois en réserve pour cet étranger sans usage ni manière.
De l’air ! Cet air-là ! Comme il m’a manqué en vérité. Henri oublia l’incident lorsqu’il put enfin lever le nez, humer les ressacs iodés de l’eau du port claquant le quai, et se tourner vers le large s’offrant maintenant à son regard. Il avait vécu son enfance et le début de sa jeunesse sur la côte.
Pourtant, ses origines paysannes l’avaient toujours maintenu éloigné de la navigation. La mer n’en demeurait pas moins pour lui une source de joie et d’apaisement.

Déjà lu du même auteur :

 9782283026472-5ae6f La fabrique du monde

 

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20 juillet 2016

La fête est finie - Olivier Maulin

Lu en partenariat avec les éditions Denoël

B26714 Denoël - juin 2016 - 240 pages

Auteur : Olivier Maulin vit et travaille à Paris. Il a écrit plusieurs romans, dont En attendant le roi du monde, prix Ouest-France/Etonnants Voyageurs 2006. La fête est finie est son neuvième roman.

Mon avis : (lu en juillet 2016)
Mon avis sur ce livre est mitigé. J'ai bien aimé le début, puis au milieu du livre, j'ai eu une certaine lassitude et ensuite j'ai mis plusieurs jours à terminer cette lecture et j'ai eu beaucoup de mal à écrire ce billet.
Victor et Picot sont deux amis qui s'improvisent vigiles de nuit pour un besoin alimentaire. Ils vont chercher à la SPA les deux chiens nécessaires pour ce travail de vigile. Ils doivent surveiller un parc de camping-car à Lagny-sur-Marne. Le début de la nuit se passe plutôt bien, puis la fatigue étant là, ils décident d'être éveillés à tour de rôle, l'autre utilisant un des camping-car de luxe pour y faire une petite sieste... Finalement, ils s'endorment tous les deux, le véhicule est volé par une famille de roms et à au réveil de nos deux amis, ils se retrouvent vers Strasbourg. Les deux vigiles reprennent possession du véhicule mais ayant peur d'être accusé de vol, ils préfèrent se réfugier dans un petit camping discret où ils vont faire de nombreuses rencontres...
Une galerie de personnages hauts en couleur, un hymne à la nature, à l'écologie, de l'humour, des situations improbables...
Mais pour ma part, à mi-lecture, je me suis lassée : la cocasserie et les délires de l'auteur ont pris trop de place dans l'histoire et ont occulté le message écologique du livre. 

Merci Laïla et les éditions Denoël pour ce partenariat.

Extrait : (début du livre)
Bach, je n’avais rien contre. Je veux dire : Bach, de temps en temps, je n’avais rien contre. Mais toute la sainte journée à fond les ballons, ça commençait franchement à me taper sur les nerfs ! Le Victor, il était capable de rester douze heures allongé sur le sofa sans bouger, à enquiller les disques. Seul un bras se dépliait parfois pour changer de CD ou écraser une cigarette dans le cendrier posé par terre. Et puis ça se repliait lentement et ça ne bougeait plus pendant une heure et demie. Deux ou trois fois, j’en étais arrivé à le pincer dans le gras du bide pour vérifier qu’il n’était pas claboté. Tout en gardant les yeux fermés, il soulevait alors lourdement son poing droit et me le montrait de l’index de sa main gauche. Dans le langage élaboré de la grosse outre, ça signifiait : attention, risque de pain dans la gueule ! C’était strictement interdit de le déranger quand il écoutait Bach, c’est-à-dire tout le temps.
À vrai dire, je n’avais jamais vu pareille loque humaine. Au physique, il ressemblait à Georges le solitaire, la dernière tortue des Galápagos. Au moral, il était à mi-chemin entre le flan et le potiron. En un sens, il était fascinant ; à lui tout seul, il donnait tort à la science. La grande activité de sa journée, pour ne pas dire la seule, c’était la préparation de son petit déjeuner. Allumer la machine à café, changer le filtre, beurrer les tartines... c’est là qu’il dépensait ses calories. Ensuite, la journée était pour ainsi dire finie ; il se collait sur son sofa et en avant pour le marathon : cantates, motets, oratorios, fugues, concertos, suites, partitas, préludes, sonates, tout y passait ! Et même les messes et les passions ! Et il chialait, le veau, fallait voir comment ! Des grosses larmes qui roulaient sur ses joues et son cou. Parfois, il secouait la tête, il s’agitait, faisait mine de se relever ; et puis il se laissait retomber en soupirant, comme terrassé. « Putain, c’est trop beau, Bach », disait-il.
C’était sa contribution à la critique musicale. C’est en piquant un disque au hasard qu’il l’avait découvert. Ça avait immédiatement collé entre Bach et lui. Il était tombé en extase sur les Motets et avait décidé de monter sa petite collection. C’est un autre avantage de Bach : très facile à voler ! Les rayons rap, électro, heavy metal, étaient bourrés de vigiles suspicieux. Chez Bach, on vous foutait la paix. Il allait donc faire son marché une fois par semaine, nourrissant sa passion. À présent, il comparait les versions, trouvait celle-ci plus émouvante, celle-là un peu forcée, telle autre un poil lyrique. Il n’avait jamais eu l’idée de taper « Bach » sur Internet, n’avait aucune idée de l’époque à laquelle le bonhomme avait vécu, mais sur la musique, pardon ! Un spécialiste ! Du genre à repérer une fausse note ! Tiens, le troisième violon, il n’aurait pas fait un la au lieu d’un si ? Bref, il avait pris le melon par-dessus le marché.
Évidemment, c’était difficile pour moi de me plaindre vu que cela faisait trois semaines que je m’étais incrusté chez lui. Je n’avais pas d’autre choix que de la fermer ou de prendre la porte. Du coup, pour me venger, je l’appelais Totor la grosse outre, Totor la grosse légume, Totor l’esthète de con ! Enfin je l’appelais comme ça dans ma tête, rapport au gros poing poilu.
— Si t’aimes pas Bach, t’as qu’à te casser ! me disait Totor. 
— Je dis pas que j’aime pas Bach, Totor, il faut me comprendre, je dis que douze heures de suite ça fait un peu longuet, tu piges la différence ? 
— Quand on aime Bach, on l’aime pendant douze heures. Sinon, c’est qu’on l’aime pas et on a qu’à dégager. La logique du gros Totor !

les_lumi_res_du_ciel Les lumières du ciel

17 juillet 2016

146298 - Rachel Corenblit

9782330053758 (1) Actes Sud Junior - septembre 2015 - 66 pages

Quatrième de couverture :
146298. Une suite de chiffres tatoués sur le bras de sa grand-mère. Elle les a vus toute sa vie sans leur donner plus de sens. Puis un jour, en classe, elle comprend. D'abord en colère face à ce secret de famille trop longtemps caché, elle parvient enfin à convaincre sa grand-mère de lui parler, de faire le tri dans sa mémoire défaillante : la rafle, le voyage, le camp, la faim... Les vies de la jeune fille et de la vieille femme se croisent et s'entremêlent pour se mettre au diapason.

Auteur : Après des études de philosophie, Rachel Corenblit se tourne vers l'enseignement en 1997. Elle exerce aujourd'hui à Toulouse en tant que professeur des écoles. Elle est l'auteur de plusieurs romans.

Mon avis : (lu en juillet 2016)
Bizarre cette couverture avec des bonhommes d'un baby-foot... Où est le rapport avec cette histoire ? Peut-être que pour certain le début de cette suite de chiffres 1.4.6.2... pourrait évoquer une position de joueurs de foot sur un terrain... Cette histoire n'a aucun rapport avec le baby-foot ou avec le football ! C'est beaucoup plus sérieux !
Elsa est une adolescente qui a décidé de ce faire tatouer. Un tatouage particulier qui lui tient à coeur, un tatouage identique à celui de sa grand-mère. Ce tatouage, elle l'a toujours vu sur le bras de sa grand-mère et c'est seulement tardivement qu'Elsa en a compris la signification, en classe, lors d'un cours d'histoire...
Cette histoire alterne entre le présent et le passé, l'écriture est simple et le récit est fort et poignant.
Une très belle découverte.

Extrait : 
La fille met des gants. Elle applique la feuille, appuie dessus avec le plat de sa main et la retire lentement. Je regarde.
Mon avant-bras.
C'est là.
Le motif apparaît. Les chiffres.
La succession froide que je connais par cœur.
Ce que ce tatouage va révéler a toujours existé.

2 juillet 2016

Dans les prairies étoilées - Marie-Sabine Roger

dans les prairies étoilées Edition du Rouergue - mai 2016 - 256 pages 

Quatrième de couverture : 
Merlin, auteur d'une série BD à succès, perd son vieux copain Laurent, qui lui a inspiré son héros, Jim Oregon. Comment continuer à le faire vivre dans ses dessins, d'autant que dans son « testament », Laurent lui impose deux contraintes pour l'album à venir…. Marie-Sabine Roger s'amuse allègrement à jongler entre deux mondes, celui de la réalité et de la BD, et donne naissance comme toujours à une tribu de personnages tout en couleurs. Par l'auteur notamment de « La Tête en friche », « Bon rétablissement » et « Trente-six chandelles. »

Auteur : Marie-Sabine Roger est l'auteur de La tête en friche (adapté au cinéma par Jean Becker, avec Gérard Depardieu et Gisèle Casadesus), Vivement l'avenir (prix des Hebdos en région et prix Handi-Livres), Bon rétablissement (prix des lecteurs de L'Express, adapté au cinéma par Jean Becker, avec Gérard Lanvin), et Trente-six chandelles.

Mon avis : (lu en juin 2016)
Merlin est dessinateur documentariste, il dessine des planches d'aquarelle consacrées aux oiseaux, et il est également auteur de BD. Sa série Wild Oregon « est une utopie maussade, ou une dystopie joyeuse, selon que l'on voit le verre vide ou plein… », Merlin s'est inspiré de son vieil ami Laurent pour créer Jim Oregon, le personnage principal de sa BD, un justicier solitaire...
Avec Prune, sa compagne, ils viennent de s'installer dans une vieille maison à rénover à la campagne. Merlin est un homme heureux.
Et voilà que Laurent décède brutalement et Merlin est déstabilisé car ce dernier lui a laissé un testament un peu particulier, deux demandes à propos du personnage de Jim Oregon. Il ne sait que faire car il perd sa liberté de créateur. Sa vie réelle semble être envahie par ses personnages fictifs. 

Avec des personnages attachants ou caricaturaux, des situations humoristiques, une réflexion sur la création littéraire et artistique... Voilà un livre vraiment réussi et très plaisant à lire.

Extrait : (début du livre)
Nous venions de trouver la maison depuis six mois à peine, Prune et moi.
LA maison.
Celle que nous avions cherchée sur Internet des jours et nuits durant – Prune, surtout, pour être honnête, car la perverse envie de se ruiner en impôts locaux venait plus d’elle que de moi.
Notre Maison. Home Sweet Home. Celle pour laquelle nous avions traversé maintes fois la France vers le Sud-Ouest en rêvant d’une chaumière de dessin animé pour finalement nous retrouver, après huit heures de route et un mauvais sandwich, devant de vieilles bicoques sans aucun intérêt, avant de retourner chez nous, déçus, désabusés, le poil terne et la croupe basse.
Jusqu’à ce jour de mai où, le long d’une route solitaire de campagne, après deux heures de départementales désertes et de chemins communaux pourris – alors que, tel David Vincent dans la série Les Envahisseurs, nous cherchions un raccourci que jamais nous ne trouvâmes – nous dénichâmes enfin la perle rare, au bout d’un chemin sans issue.
C’était une ancienne ferme bâtie tout en longueur, avec beaucoup de cachet, comme dit dans l’annonce, qui promettait également sans vergogne des dépendances aménageables (deux granges aux toits plus creusés que l’échine d’un âne usé par une vie de charge). L’ensemble était jugé « habitable en l’état », ce qui n’était pas faux, si on décidait de ne tenir aucun compte de branchements électriques suicidaires, d’une plomberie fantaisiste (dont nous ne savions pas encore à quel point elle l’était), de sanitaires antiques, d’une fosse septique qui datait des Romains, de tapisseries des années soixante-dix à motifs hallucinogènes, et d’une mare boueuse à curer en urgence, que la dame de l’agence s’obstinait à qualifier d’« étang ».
Mais les maisons ont ceci de commun avec nous, les humains, qu’elles nous attirent, nous repoussent, ou nous laissent indifférents. Et parfois, c’est le coup de foudre, qui ne correspond jamais, ou presque, à nos critères. On pourrait dire pareil des histoires d’amour.
S’il en était autrement, Prune n’aurait pas parié un centime sur moi – dessinateur documentariste, métier en voie de disparition, et illustrateur BD à mes heures perdues, de loin les plus nombreuses et les seules rentables. Et de mon côté, je n’aurais pas jeté un seul regard sur ce drôle d’oiseau maigre qui avait passé trente ans à vendre de vieux zinzins sur les marchés aux puces et faisait du yoga en écoutant Pink Floyd.
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12 juin 2016

La Déesse des petites victoires - Yannick Grannec

Lu en partenariat avec Babelio et les éditions Le Livre Qui Parle

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la déesse audio

Le Livre Qui Parle - août 2015 - 11h02 - Lu par Flora Brunier

Editions Anne Carrière - août 2012 - 468 pages

Prix des libraires 2013

Anna Roth, jeune documentaliste à Princeton, a une mission : rencontrer Adèle, la veuve de Kurt Gödel, l’un des plus grands mathématiciens du XXe siècle, afin de récupérer les documents laissés par le grand mathématicien. Par petites touches, Adèle dévoile peu à peu l’histoire d’amour improbable, l’horreur nazie, le génie et les folies de son mari Kurt Gödel. Adèle, petite danseuse de cabaret sans culture, sans éducation, vivait tous les jours aux côtés de cet homme hermétique et froid, dans un monde d’universitaires, un cercle d’amis tous férus de sciences, dont le plus célèbre était Albert Einstein ! Yannick Grannec nous raconte une histoire fascinante, sait rendre la force de cet amour absolu pour un surdoué et mène également une réflexion sur le génie, la connaissance et la folie.

Auteur :  Yannick Grannec est designer industriel de formation, graphiste de métier et passionnée de mathématiques. La Déesse des petites victoires est son premier roman.

Lecteur : Après une maîtrise d’anglais-allemand et un premier prix d’art dramatique, Flora Brunier intègre l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Saint-Étienne. Elle travaille ensuite à la Comédie-Française sous la direction de Jean-Claude Berutti, au Théâtre de la Ville avec Nadia Xerri-L, puis sous la direction de Jérôme Wacquiez, Gilles Bouillon, Hugues Chabalier et Morgane Gauvin, sur des auteurs aussi bien classiques (Molière, Shakespeare) que contemporains (Crimp, Vinaver).
Elle enregistre régulièrement des pièces radiophoniques pour France Culture et France Inter, et prête sa voix et sa plume à l’émission « Karambolage » sur Arte. Elle est également traductrice de l’anglais et de l’allemand vers le français.

Mon avis : (écouté en juin 2016)
Je gardais un très bon souvenir de ce roman découvert lors de mon expérience de jury du Grand Prix Elle 2013. Ce livre n'avait pas fait parti de la sélection finale, le jury du mois lui avait préféré "Certaines n’avaient jamais vu la mer - Julie Otsuka"... J'étais donc curieuse de la relire sous forme audio.

J'ai retrouvé le même plaisir que lors de ma première lecture.
C'est la rencontre entre Anna Roth, une jeune documentaliste, et Adèle, la veuve du mathématicien Kurt Gödel. Anna a pour mission de récupérer les archives de Kurt Gödel auprès de sa veuve, Adèle est une vieille dame impotente qui sait qu'elle va bientôt mourir. 
Le lecteur suit en parallèle les rencontres entre Anna et Adèle et le récit de la vie d'Adèle depuis 1928 à Vienne lorsqu'elle remarque pour la première fois Kurt jusqu'à 1978 et la mort de son mari.
La vie de Kurt Gödel est passionnante, c'est une traversée historique du XXème siècle : la crise, la montée du nazisme en Europe, l'exil les scientifiques, l'installation en Amérique, à Princeton, où Adèle et Kurt Gödel croiseront de nombreux intellectuels comme Einstein, Oppenheimer, Pauli, von Neumann, puis la montée du McCarthysme... Le couple Adèle et Kurt est également fascinant, elle s'est sacrifiée pour son mari dont le génie était proportionnel à sa folie...
Les rencontres entre Anna et Adèle sont atendrissantes, toutes deux vont apprendre à se connaître et l'une et l'autre vont évoluer.

Merci Babelio et les éditions Le Livre Qui Parle pour cette belle redécouverte.

Extrait : (début du livre)
Octobre 1980. 
Maison de retraite « Pin Run », Doleystown, USA

À l'exacte frontière du couloir et de la chambre, Anna attendait que l'infirmière plaide sa cause. La jeune femme se concentrait sur chaque bruit, tentant de museler son angoisse : conversations effilochées ; éclats de voix ; murmure des télévisions ; chuintement des portes qui s'ouvrent sans cesse ; claquements des chariots métalliques.
Son dos protestait, mais elle hésitait encore à poser son sac. Elle avança d'un pas pour se placer au centre du carreau de linoléum marquant le seuil de la chambre. Elle s'obligea à fixer la vieille dame qui ne faisait pas moins d'efforts pour lisser consciencieusement la bordure de son drap. Son regard remonta jusqu'aux bras adipeux. La visiteuse ne pouvait détacher les yeux de cette main constellée de taches. Elle toucha la fiche cartonnée rangée dans sa poche. Elle y avait rédigé un argumentaire solide en capitales bien lisibles.
La soignante caressa les doigts de sa patiente, ajusta son bonnet et cala ses oreillers.
- Madame Gödel, vous avez trop peu de visites pour vous permettre d'en refuser. Recevez-la. Faites-la tourner en bourrique. Ça vous donnera un peu d'exercice !
En sortant, l'infirmière offrit un sourire compatissant à Anna. Il faut savoir s'y prendre avec elle. Bonne chance, ma jolie. Elle ne l'aiderait pas davantage. La jeune femme hésita. Elle s'était pourtant préparée à cet entretien : elle exposerait les points forts de sa démonstration en prenant soin d'articuler chaque mot, avec entrain. Sous le regard peu amène de la grabataire, elle se ravisa. Elle se devait de rester neutre, de disparaître derrière la tenue passe-muraille choisie ce matin-là : jupe écossaise dans les beiges, twin-set assorti. Elle n'avait désormais qu'une seule certitude : madame Gödel n'était pas de ces vieilles dames qu'on réduit à leur prénom parce qu'elles vont bientôt mourir. Anna ne sortirait pas sa fiche.
- Je suis très honorée de vous rencontrer, madame Gödel. Je m'appelle Anna Roth.
- Roth ? Vous êtes juive ?
Anna sourit au plantureux accent viennois, refusant de se laisser intimider.
- Cela a de l'importance pour vous ?
- Aucune. J'aime apprendre d'où viennent les gens. Je voyage par procuration maintenant que...
La malade tenta de se redresser avec un rictus de douleur. Dans un élan, Anna voulut l'aider.
Un regard polaire l'en dissuada.
- Alors comme ça, vous êtes de l'Institut ? Vous êtes bien jeunette pour moisir dans cette maison de retraite pour scientifiques. Abrégez ! Nous savons toutes deux ce qui vous amène.
- Nous pouvons vous faire une proposition.
- Quelle bande d'imbéciles ! Comme si c'était une question d'argent !
Anna sentit la panique monter. Surtout, ne réponds pas. Elle osait à peine respirer malgré la nausée provoquée par les odeurs de désinfectant et de mauvais café. Elle n'avait jamais aimé ni les vieux ni les hôpitaux. Fuyant son regard, la vieille dame tortillait des cheveux invisibles sous son bonnet de laine. 
« Partez, mademoiselle. Vous n'êtes pas à votre place ici. »

 

Déjà lu du même auteur :

la_d_esse_des_petites La déesse des petites victoires

4 juin 2016

Le gardien de nos frères - Ariane Bois

le gardien de nos frères Belfond - janvier 2016 - 385 pages

Quatrième de couverture :
Rien ne prédestinait Simon et Léna à se rencontrer. Lui appartient à la bourgeoisie juive parisienne, patriote, laïque et assimilée ; il a été maquisard et blessé au combat. Elle est issue d'un milieu de petits commerçants polonais et a réussi à survivre au Ghetto de Varsovie. 
En 1945, la guerre leur a tout pris. Chacun de leur côté, ils vont accepter une mission très particulière : rechercher des enfants juifs cachés par leurs parents dans des familles, des orphelinats ou des couvents, quand il s'avère que ceux-ci ne rentreront pas des camps. Simon parce que son petit frère Elie a disparu dans des conditions mystérieuses ; Léna car elle espère ainsi redonner du sens à sa vie. Et cela va les entraîner bien au-delà de ce qu'ils auraient pu imaginer. 
C'est l'histoire de deux jeunes révoltés qui, dans une France exsangue, vont se reconstruire grâce à la force de l'amour. De Paris à Toulouse, d'Israël à New-York, un roman d'aventure porté par le souffle de l'Histoire. 

Auteur : Grand reporter et critique littéraire, Ariane Bois a déjà publié trois romans, Et le jour pour eux sera comme la nuit (2009), Le Monde d'Hannah (2011), et Sans oublier (2014, prix Charles-Exbrayat). Tous trois ont été salués unanimement par la critique, par quatre prix littéraires, et traduits à l'étranger. 

Mon avis : (lu en mai 2016)
Voilà un livre entre roman et essai historique qui aborde des faits peu connus de l'Après Guerre, en particulier le retour dans leur famille d'origine des enfants juifs cachés.
L'auteur a fait un très gros travail de documentation dont elle donne ses sources en fin de livre.
Simon Mandel est juif, à l'âge de 16 ans, il s'est engagé dans la Résistance. A son retour, après la Libération, il retrouve l'appartement familiale occupé, tous les meubles ont disparu… Il réussit à chasser l'occupant indélicat et à récupérer quelques objets chez des voisins pour réorganiser son quotidien. Puis il attend ceux qui vont revenir...
Mais ni ses parents, ni ses soeur et frère aînés ne reviendront. Simon n'a plus qu'une seule raison de vivre retrouver Elie, son petit frère, qui a disparu dans le Sud de la France...

Avec d'autres jeunes gens issus des EI (Eclaireurs Israelites), Simon va devenir dépisteur. Il s'agit de rechercher des enfants juifs cachés durant la Guerre dans des institutions religieuses ou des familles, pour leur permettrent de retrouver leurs familles d'origine. C'est un vrai travail de fourmi, souvent difficile, que Simon effectuera en compagnie de Lena. Cette dernière est une jeune femme qui a fui la Pologne après avoir connu le ghetto de Varsovie.
C'est un roman passionnant, instructif et qui fait réfléchir. Une très belle découverte.

Extrait :

Déjà lu du même auteur : 

21 avril 2016

No et moi - Delphine de Vigan

Lu en partenariat avec Audiolib

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Audiolib - mars 2016 - 5h10 - Lu par Lola Naymark

Jean-Claude Lattès - 22 août 2007 - 285 pages

Livre de Poche - mars 2009 - 248 pages

Prix des Libraires 2008

Quatrième de couverture : 
Elle avait l’air si jeune. En même temps il m’avait semblé qu’elle connaissait vraiment la vie, ou plutôt qu’elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur.
Adolescente surdouée, Lou Bertignac rêve d’amour, observe les gens, collectionne les mots, multiplie les expériences domestiques et les théories fantaisistes.
Jusqu’au jour où elle rencontre No, une jeune fi lle à peine plus âgée qu’elle.
No, ses vêtements sales, son visage fatigué, No dont la solitude et l’errance questionnent le monde. Pour la sauver, Lou se lance alors dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Mais nul n’est à l’abri…
No et moi, paru en 2007 a été traduit dans vingt-cinq langues et adapté à l’écran par Zabou Breitman.

Auteur : Née en 1966 à Boulogne-Billancourt, Delphine de Vigan est l’auteur de, notamment, No et moi (prix des Libraires 2008), Les Heures souterraines (finaliste du Prix Goncourt 2009), Rien ne s’oppose à la nuit(Prix du Roman Fnac, Prix du Roman France Télévision, Prix Renaudot des Lycéens et Prix des lectrices de Elle 2011) et D’après une histoire vraie (Prix Renaudot 2015). Ses livres sont traduits dans le monde entier.

Lecteur : Parallèlement à des études de philosophie, Lola Naymark se forme à la Classe Libre du Cours Florent. Révélée en 2003 par le film Brodeuses d'Éléonore Faucher, elle alterne les projets pour la télévision et le cinéma (Brève de comptoir de Jean-Michel Ribes, Au fil d’Ariane de Robert Guédiguian) et le théâtre (Les Liaisons Dangereuses, mis-en-scène par John Malkovich).     

Mon avis : (écouté en avril 2016)
C'est avec ce livre que j'ai découvert Delphine de Vigan et cela reste mon préféré. J'ai beaucoup aimé cette relecture en livre audio.
Lou, la narratrice, est une adolescente surdouée. A 13 ans, elle est en Seconde et se définit comme « Lou Bertignac, meilleure élève de la classe, asociale et muette ». Elle va devoir préparer un exposé et lorsque le professeur lui demande le sujet de l'exposé, elle répond au hasard : — Les sans-abri. 
Lou va donc rencontrer No, une adolescente âgée de 18 ans, en rupture avec sa famille et sans abri. C'est la rencontre improbable de deux mondes. Les deux jeunes filles sont très différentes, mais toutes deux vont s'apprivoiser. 
Lou est très attachante, elle est idéaliste et elle pense qu'elle peut changer les choses. No est rejetée par la société, c'est une rebelle mais elle va accepter cette amitié. Lou va sortir grandi de cette rencontre et elle va apprendre à rencontrer les autres même s'ils sont différents.

Merci Audrey et les éditions Audiolib pour cette relecture toujours aussi émouvante

Extrait : (début du livre)
— Mademoiselle Bertignac, je ne vois pas votre nom sur la liste des exposés.
De loin Monsieur Marin m’observe, le sourcil levé, les mains posées sur son bureau. C’était compter sans son radar longue portée. J’espérais le sursis, c’est le flagrant délit. Vingt-cinq paires d’yeux tournées vers moi attendent ma réponse. Le cerveau pris en faute. Axelle Vernoux et Léa Germain pouffent en silence derrière leurs mains, une dizaine de bracelets tintent de plaisir à leurs poignets. Si je pouvais m’enfoncer cent kilomètres sous terre, du côté de la lithosphère, ça m’arrangerait un peu. J’ai horreur des exposés, j’ai horreur de prendre la parole devant la classe, une faille sismique s’est ouverte sous mes pieds, mais rien ne bouge, rien ne s’effondre, je préférerais m’évanouir là, tout de suite, foudroyée, je tomberais raide de ma petite hauteur, les Converse en éventail, les bras en croix, Monsieur Marin écrirait à la craie sur le tableau noir : ci-gît Lou Bertignac, meilleure élève de la classe, asociale et muette.
— … J’allais m’inscrire.
— Très bien. Quel est votre sujet ?
— Les sans-abri.
— C’est un peu général, pouvez-vous préciser ? 

Lucas me sourit. Ses yeux sont immenses, je pourrais me noyer à l’intérieur, disparaître, ou laisser le silence engloutir Monsieur Marin et toute la classe avec lui, je pourrais prendre mon sac Eastpack et sortir sans un mot, comme Lucas sait le faire, je pourrais m’excuser et avouer que je n’en ai pas la moindre idée, j’ai dit ça au hasard, je vais y réfléchir, et puis j’irais voir Monsieur Marin à la fin du cours pour lui expliquer que je ne peux pas, un exposé devant toute la classe c’est tout simplement au-dessus de mes forces, je suis désolée, je fournirais un certificat médical s’il le faut, inaptitude pathologique aux exposés en tout genre, avec le tampon et tout, je serais dispensée. Mais Lucas me regarde et je vois bien qu’il attend que je m’en sorte, il est avec moi, il se dit qu’une fille dans mon genre ne peut pas se ridiculiser devant trente élèves, son poing est serré, un peu plus il le brandirait au-dessus de lui, comme les supporters de foot encouragent les joueurs, mais soudain le silence pèse, on se croirait dans une église.

— Je vais retracer l’itinéraire d’une jeune femme sans abri, sa vie, enfin… son histoire. Je veux dire… comment elle se retrouve dans la rue.
Ça frémit dans les rangs, on chuchote.
— Très bien. C’est un beau sujet. On recense chaque année de plus en plus de femmes en errance, et de plus en plus jeunes. Quelles sources documentaires pensez-vous utiliser, mademoiselle Bertignac ?
Je n’ai rien à perdre. Ou tellement que ça ne se compte pas sur les doigts d’une main, ni même de dix, ça relève de l’infiniment grand.
— Le… le témoignage. Je vais interviewer une jeune femme SDF. Je l’ai rencontrée hier, elle a accepté.
Silence recueilli.

 

Déjà lu du même auteur :

 

 

14 avril 2016

Un bonheur si fragile - tome 4 : Les amours - Michel David

un bonheur Kennes Editions - février 2016 - 529 pages

Quatrième de couverture :
1921. Son mari décédé, Corinne se retrouve seule pour exploiter la terre familiale. Encore une fois, elle fera face à l'adversité avec le caractère qu'on lui connaît. Heureusement, Philippe et Norbert s'investissent davantage ; Madeleine, elle, réalise le rêve de sa mère en devenant institutrice alors qu'Elise est attirée par la vie au couvent. De leur côté, Gonzague et Henri Boisvert sont toujours aussi détestables. Si le premier est de plus en plus bourru avec l'âge, le second rêve d'un bel héritage. Il y a aussi les amours : Philippe s'entiche de la petite Cécile Melançon, tandis que Madeleine reçoit la grande demande de Léopold. Voyant les projets de ses enfants prendre forme, Corinne se sent de plus en plus seule. Les voisins célibataires sauteront-ils sur l'occasion pour se rapprocher de la jeune veuve ? Corinne trouvera-t-elle enfin le bonheur tant espéré ?

Auteur : Michel David est né à Montréal, le 28 août 1944, où il passe son enfance, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, qui n'est pas alors totalement urbanisé. Après plus de 33 ans de carrière dans l'enseignement du français, Michel David prend sa retraite en 1999, mais continue l'écriture d'ouvrages pédagogiques, et se consacre à la sculpture sur bois, puis... à l'écriture de sagas, sept jours par semaine, plusieurs heures par jour.

Mon avis : (lu en avril 2016)
Quel plaisir de retrouver Corinne et sa famille et le village Saint-Paul-des-Prés pour la conclusion de cette saga familiale et roman du terroir qui se déroule au Québec au début du XXème siècle. 
1921, Corinne est veuve depuis 2 ans, elle tient la ferme et sa maison grâce à l'aide de ses enfants. Philippe (19 ans) et Norbert (16 ans) travaillent à 100% sur les terres familiales avec Léopold, l'homme engagé. Les plus jeunes aident au train et s'occupent de la basse-cour sans oublier les tâches ménagères. Madeleine devenue institutrice dans le rang de Saint Jean, est une aide précieuse pour Corinne. Elle va bientôt se marier avec Leopold. Philippe qui a toujours le difficile caractère de son père fréquente Cécile Melançon, une jeune fille qui sait ce qu'elle veut et sait le remettre à sa place lorsqu'il dérape.
Corinne est toujours aussi attachante, c'est une femme de caractère qui reste toujours positive malgré tous les coups durs de la vie, et elle a eu son compte... Elle va de l'avant, après avoir beaucoup fait pour les autres et en particulier ses enfants, dans ce dernier épisode, elle voit ses enfants prêts à faire leur vie sans elle, elle va enfin pouvoir penser à elle et ses vieux jours. Et pourquoi pas sortir de sa solitude amoureuse et se trouver un homme ? Elle mérite vraiment d'être heureuse...
Au village, il y a également de l'animation...
Dommage que cette histoire soit déjà finie... Avec cette série, j'ai passé des moments de lectures vraiment agréables et instructifs, car l'auteur évoque également le contexte historique de l'époque.

Extrait :

Un bonheur si fragile T4 - Les amours

Déjà lu du même auteur :

105625593 (1) Un bonheur si fragile - tome 1 : L'engagement  

r_1870 (1) Un bonheur si fragile - tome 2 : Le drame 

un bonheur si fragile_3 Un bonheur si fragile - tome 3 : Les épreuves

6 avril 2016

D'après une histoire vraie - Delphine de Vigan

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9782367620442-001-T d'après une histoire vraie

Audiolib - novembre 2015 - 8h56 - Lu par Marianne Epin

Jean-Claude Lattès - août 2015 - 484 pages

Prix Renaudot 2015

Prix Goncourt des Lycéens 2015

Quatrième de couverture :
« Tu sais parfois, je me demande s’il n’y a pas quelqu’un qui prend possession de toi. »
« Ce livre est le récit de ma rencontre avec L.
L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais croiser. »
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s’aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction.

Auteur : Née en 1966 à Boulogne-Billancourt, Delphine de Vigan est l’auteur de, notamment, No et moi (prix des Libraires 2008), Les Heures souterraines (finaliste du Prix Goncourt 2009), Rien ne s’oppose à la nuit (Prix du Roman Fnac, Prix du Roman France Télévision, Prix Renaudot des Lycéens et Prix des lectrices de Elle 2011) et D’après une histoire vraie (Prix Renaudot 2015). Ses livres sont traduits dans le monde entier.

Lecteur : Marianne Epin, (Prix Gérard Philipe 1985), formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique dans la classe d’Antoine Vitez, a joué 5 ans à la Comédie Française et interprété les grands rôles du répertoire classique et contemporain avec les plus grands metteurs en scène. Elle alterne théâtre, cinéma et télévision. Récemment,elle a joué Tous les Algériens sont des mécaniciens, pendant 2 ans, aux côtés de Fellag. Elle a déjà enregistré pour Audiolib, Les heures souterraines, Rien ne s'oppose à la nuit et Purge.

Mon avis : (écouté en mars 2016)
C'est l'histoire d'une auteur après le succès d'un livre qui l'a dépassé et qui a fini par l'épuiser. L'auteur est en mal d'inspiration, elle n'arrive plus à écrire pas même son courrier personnel ou professionnel... Fragile, elle rencontre une femme nommée L. qui s'impose peu à peu dans sa vie, l'isole de ses proches, de ses amis. Elle cherche à influencer son écriture et l'incite à écrire un livre "
inspiré de faits réels...", car c'est dans l'air du temps et c'est ce qu'attend les lecteurs. L'ambiance est oppressante, le lecteur découvre une histoire de manipulation vue de l'intérieur. Mais qui manipule qui ? L. ? Delphine ? Delphine de Vigan ?
La conclusion est assez déstabilisante car le titre "D'après une histoire vraie" prend tout son sens, car dans ce roman, bien difficile de savoir où est le vrai ? Où est la fiction ?
J'ai aimé cette conclusion, mais dans l'ensemble, j'ai trouvé certaines longueurs dans le livre.
L'écoute audio a été agréable et la confusion entre l'initiale L. et le pronom elle, est très réussie à l'orale, la version audio est donc un plus pour cette histoire.

Autres avis : Enna, SylireLeiloonaMeuraïe

Extrait : (début du livre)
Quelques mois après la parution de mon dernier roman, j’ai cessé d’écrire. Pendant presque trois années, je n’ai pas écrit une ligne. Les expressions figées doivent parfois s’entendre au pied de la lettre : je n’ai pas écrit une lettre administrative, pas un carton de remerciement, pas une carte postale de vacances, pas une liste de courses. Rien qui demande un quelconque effort de rédaction, qui obéisse à quelque préoccupation de forme. Pas une ligne, pas un mot. La vue d’un bloc, d’un carnet, d’une fiche bristol me donnait mal au cœur.
Peu à peu, le geste lui-même est devenu occasionnel, hésitant, ne s’exécutait plus sans appréhension. Le simple fait de tenir un stylo m’est apparu de plus en plus difficile.
Plus tard, j’ai été prise de panique dès que j’ouvrais un document Word.
Je cherchais la bonne position, l’orientation optimale de l’écran, j’étirais mes jambes sous la table. Et puis je restais là, immobile, des heures durant, les yeux rivés sur l’écran.
Plus tard encore, mes mains se sont mises à trembler dès que je les approchais du clavier.
J’ai refusé sans distinction toutes les propositions qui m’ont été adressées : articles, nouvelles de l’été, préfaces et autres participations à des ouvrages collectifs. Le simple mot écrire dans une lettre ou un message suffisait à me nouer l’estomac.
Écrire, je ne pouvais plus.
Écrire, c’était non.

Je sais aujourd’hui que différentes rumeurs ont circulé dans mon entourage, dans le milieu littéraire et sur les réseaux sociaux. Je sais qu’il a été dit que je n’écrirais plus, que j’étais parvenue au bout de quelque chose, que les feux de paille, ou de papier, toujours, finissent par s’éteindre. L’homme que j’aime s’est imaginé qu’à son contact j’avais perdu l’élan, ou bien la faille nourricière, et que par conséquent je ne tarderais pas à le quitter.

Challenge 6%
rl2015
32/36
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