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A propos de livres...
1 octobre 2011

Et rester vivant – Jean-Philippe Blondel

5317 Buchet – Chastel – septembre 2011 – 246 pages

Quatrième de couverture :
Le narrateur a vingt-deux ans. Il a perdu sa mère, son frère, dans un accident de voiture. L'histoire commence, il vient de perdre son père dans un accident de voiture... Seul désormais, il décide de vendre l'appartement familial et de partir avec ses deux plus proches amis : Laure et Samuel. Direction : Morro Bay, Californie. Morro Bay : une obsession nourrie depuis des années par la chanson de Lloyd Cole. La Californie : le pays mythique qui a marqué une génération. "Et rester vivant" raconte ce voyage initiatique. Entre fous rires et douleur. Découvertes, rencontres et retours sur le passe. Pour la première fois, Jean-Philippe Blondel se raconte. On retrouve sa douceur; on découvre son incroyable capacité de résistance. Et ce texte, qui fait définitivement le deuil, rend surtout un véritable hommage à la vie.

Auteur : Jean-Philippe Blondel est né en 1964, il est marié, il a deux enfants et il enseigne l'anglais au lycée de Sainte-Savine (Aube) depuis vingt ans. Il a aussi un vice – il aime lire. Pire encore, il aime écrire. Il a publié plusieurs romans comme Accès direct à la plage (2003), 1979 (2003), Juke-box (2004), Un minuscule inventaire(2005), Passage du gué (2006), This is not a love song (2007), Le baby-sitter (2010), G229 (2011). Il est également auteur de livre pour la jeunesse avec Un endroit pour vivre (2007), Au rebond (2009), Blog (2010), (R)eplay (2011).

Mon avis : (lu en septembre 2011)
Voilà un livre très différent des livres précédents de Jean-Philippe Blondel. Même si le mot roman est apposé sur première la page, l’auteur ne cache pas que ce livre est autobiographique. Il nous raconte quelques mois de l’année de ses vingt-deux ans.
Alors que quatre ans plus tôt, sa mère et son frère sont morts dans un accident de voiture, l’auteur est réveillé à la veille d’une opération pour ses dents de sagesse et on lui annonce que son père est mort. Le voilà tout seul, orphelin, il éclate de rire. Réaction nerveuse… Son ex-petite amie Laure et son meilleur ami Samuel vont être là pour l’entourer et l’aider dans toutes les démarches qu’implique une telle situation. Que faire ? Il vide la maison de son père, la vend, il est riche, il est libre…
A l’époque, l’auteur se passait en boucle la chanson
Rich du chanteur Lloyd Cole « Il parle d’un homme qui passe sa vie à Morro Bay, en Californie ». Pour continuer à vivre, Jean-Philippe se raccroche à des détails insignifiants. Comme sur un coup de tête, il décide de partir pour Morro Bay, en Californie en compagnie de Laure et Samuel. Et c’est parti pour un road trip sur les routes de Californie avec des rencontres comme Diana Blackley, Rose et son piano, Miguel…
Tout au long du voyage, certains détails lui rappellent son enfance et à travers quelques souvenirs Jean-Philippe Blondel évoque ses proches disparus.
Ayant une histoire proche de celle de l'auteur,
j’ai été très touchée par ce livre plein de douceur et de couleurs. Ce livre m'a fait beaucoup de bien. En particulier, j’ai beaucoup aimé son rapport aux couleurs. Au début le monde autour de Jean-Philippe n’a plus de couleur, « pendant des jours et des jours, c’est blanc, noir, blanc – je reste surexposé. » « Les couleurs se sont évaporées ». Les premières couleurs réapparaissent à son arrivée à San Francisco avec le feu d’artifice de la fête nationale « Du rouge et du bleu ». Plus le voyage avance, plus les couleurs apparaissent. Il y aura le jaune avec la veste « couleur or moutarde » de Diana, le rose d’un lever de soleil aux portes du désert de la Mort au Red Rose Motel, le orange du Grand Canyon, le colibri multicolore…  A l'approche de la fin du voyage, « Les couleurs, elles sont toutes là désormais. » « Je baigne dans les couleurs. Je baigne dans les couleurs. ».
Ce livre est un très bel hommage de l'auteur à ces proches, il se lit avec beaucoup d’émotion mais sans aucun pathos.

Extrait : (début du livre)
Bien sûr, ça m'a déjà traversé l'esprit, d'écrire sur cette période-là.
J'ai tourné autour. J'ai effleuré.
Mais je me disais que si je me mettais vraiment à raconter ce qui s'était passé, personne ne me croirait.
Parce qu'il y a des limites à la fiction, mine de rien.
Bref, je ne l'ai jamais fait.

Je n'ai pas changé d'avis.
Je ne cherche pas l'adhésion. C'est un combat perdu d'avance.
Simplement, hier soir, j'ai reçu ce drôle de message électronique. Il émanait d'un collègue écrivain que je connais à peine mais dont je lis avec plaisir les rares romans – il est du genre dilettante, dans l'écriture de livres, un tous les quatre ou cinq ans, ça semble lui suffire. Il s'appelle Laurent Sagalovitsch.
Il habite sur la côte Pacifique du Canada. Hier, il devait s'ennuyer un peu.
Alors il a surfé sur Internet, comme nous le faisons tous parfois, par pur désoeuvrement. Il est allé sur le site de Lloyd Cole, un chanteur anglais dont il avait beaucoup écouté les disques dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, mais qui se fait plus discret depuis le passage au IIIe millénaire.
Là, en trainant sur la page des commentaires laissés par les inconditionnels, il est tombé sur un mot de moi. Il y a quatre ou cinq ans, un soir d'ivresse, j'ai laissé sur le site un message pour le chanteur. J'y expliquais qu'un jour, il faudrait quand même que j'écrive ce qui s'était passé cet été-là, quand nous étions partis, Laure, Samuel et moi, direction la Californie et Morro Bay, juste parce que Lloyd Cole parle de cette ville dans un morceau intitulé Rich, que j'écoutais en boucle à l'époque. Je terminais en précisant que le problème (« tu vois, Lloyd »), c'est que si je raconte ça, personne ne me croira.
Le lendemain matin, je me souvenais vaguement avoir laissé des traces dans le courrier des fans, mais tout cela était très brumeux. Deux jours après, j'avais tout oublié.

Sagalovitsch était très intrigué. Il voulait en savoir plus. C'était quoi, exactement, cette histoire de Laure, de Samuel, de Morro Bay et de Rich ? Je lui ai fait une réponse laconique. Quelques lignes sur l'époque – quand nous allions au cinéma voir les films de Carax et de Jarmusch, que nous écoutions les Smiths et Style Council, que nous lisions les premiers romans d'Echenoz.
Sagalovitsch n'a pas été dupe. De Vancouver, il m'a adressé une seule ligne en retour : « Ne noie pas le poisson. »

Déjà lu du même auteur :

juke_box Juke Box  au_rebond Au rebond

le_baby_sitter  Le Baby-sitter G229 G229  blog Blog

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24 septembre 2011

Le premier été – Anne Percin

le_premier__t_ Éditions du Rouergue – août 2011 – 162 pages

Quatrième de couverture :
Deux sœurs se retrouvent une fin d’été en Haute-Saône, afin de vider la maison de leurs grands-parents décédés. Depuis longtemps, Catherine, la benjamine, se tient loin de ce village… Pourtant, chaque coin de rue ou visage croisé font surgir en elle des souvenirs précis et douloureux. Sa sœur aînée a fondé une famille, elle, non. Devenue libraire, c’est une femme solitaire.
A l’adolescence déjà, elle passait ses heures dans les livres. Mais pour ce qu’elle a vécu ici, l’été de ces seize ans, l’été de sa lecture du Grand Meaulnes, « il n’y a pas eu de mots. Il n’y en a jamais eu, ni avant, ni après. » Quinze années ont passé, et personne n’a jamais su quel secret la tenaillait depuis tout ce temps, le drame dont elle a
peut-êtreété coupable.
C’est une histoire d’innocence et de cruauté que nous raconte Anne Percin. Belle et implacable à la fois, comme tous les crève-cœurs de l’enfance.

Auteur : Née en 1970 à Epinal, Anne Percin grandit à Strasbourg qu'elle quitte à 25 ans pour Paris, où elle commence à enseigner le français en collège. Marquée dans l'enfance par la lecture de Colette, elle cherche à revenir vivre à la campagne, un rêve accompli en 2003 où elle s'installe en Bourgogne avec son compagnon, l'écrivain Christophe Spielberger et leur enfant. Elle vit actuellement en Saône et Loire. Son premier roman pour adultes, Bonheur fantôme (la brune, 2009) a reçu le Prix Jean Monnet des jeunes lycéens européens.

Mon avis : (lu en septembre 2011)
Difficile de faire un billet sur ce livre sans en dire trop…
Le livre commence sur « une croix, plantée à la sortie du village. », « C’est juste un lieu, une borne, un espace délimité pour fixer le souvenir du drame qui s’est joué là, il y a quinze ans. Un drame auquel je n’ai pas assisté. Un drame dont je ne suis peut-être pas responsable. »
Catherine, la narratrice et sa sœur aînée Angélique sont de retour au village de Haute-Saône où vivaient leurs grands-parents et où elles venaient tous les étés durant les vacances. Elles sont venues vider la maison après le décès des grands-parents. C’est l’occasion pour les deux sœurs d’évoquer leurs souvenirs d’enfance et d’adolescence dans cette maison, dans ce village où elles se joignaient aux jeunes des lieux ou de la colo pour des après-midi à la piscine ou des soirées de bal…

Mais Catherine a un souvenir amer de l’été de ses seize ans et quinze ans après elle avoue à sa sœur un terrible secret dont elle n’a jamais parlé à personne. Un secret qui la ronge depuis tout ce temps…
Je n’en dirai pas plus sur l’intrigue car Anne Percin prend le temps de planter le décor, de décrire l’atmosphère de cet été particulier, avant d’aborder lentement le cœur de l’intrigue.

C’est un roman sur l’adolescence à la fois bouleversant et dérangeant. Dans cette histoire, il y a également des clins d’œil musicaux : les deux sœurs sont des lectrices de Podium et cela permet de dater l’époque, ainsi « c’était l’été où Étienne Daho chantait Tombé pour la France »… Je suis de la même époque !
J’ai beaucoup aimé ce livre car j’ai été cueillie par l’histoire et à aucun moment, je n’ai pu imaginer le drame annoncé…

Extrait : (début du livre)
C’est une croix, plantée à la sortie du village. Je l’ai encore vue ce matin, en allant à la déchetterie. Elle est toujours là, au bord de la route. Longtemps, je n’ai pas osé tourner la tête de ce côté-là de la départementale. Lorsqu’on arrivait au village, je fixais les champs, la montagne un peu plus loin, le ciel, la vieille publicité Dubo, Dubon, Dubonnet peinte en bleu sur le pignon d’une maison.
Cette fois, je me suis arrêtée tout près d’elle, sans sortir toutefois de la voiture, laissant le moteur tourner.
J’ai regardé les fleurs, toujours les mêmes à en juger par leur usure. Ce sont des fleurs en plastique aux couleurs fanées qui tirent toutes vers le rose, exactement comme les photos qui restent trop longtemps au soleil, à croire que le rose est la couleur originelle de toute chose. On devine ce qu’elles ont été : des bouquets serrés de faux lys, d’orchidées, de freesias, le tout en nylon, noué contre le bois de la croix. Certains pétales sont déchirés, mangés par des bêtes ou par l’humidité.
La croix est surmontée d’un toit fait de deux planchettes. Le tout est couvert de mousse. Au sommet, pend une pochette en plastique qui a contenu une photographie. Le plastique a moisi, la photo est probablement décolorée comme les fleurs. Je n’ai pas eu le courage de l’extraire de la pochette. Je connais le visage qu’elle montre, mais le regarder est au-dessus de mes forces. Je préfère penser qu’elle est trop délavée pour qu’il soit reconnaissable.
Des coquelicots poussent dans les ornières, derrière la croix.
Ce n’est pas une tombe. Pas plus que ne le sont, sur les bords des nationales, les silhouettes noires découpées dans le métal, sur les sites des accidents meurtriers. C’est vide, ça ne contient rien, ça ne protège rien. C’est juste un lieu, une borne, un espace délimité pour fixer le souvenir du drame qui s’est joué là, il y a quinze ans. Un drame auquel je n’ai pas assisté. Un drame dont je ne suis
peut-être pas responsable.

 

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21 septembre 2011

Une pièce montée – Blandine Le Callet

Lu dans le cadre Swap à 2 PAL swap___2__lLecture commune avec Mrs Pepys
et Astrid

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Stock – janvier 2006 – 320 pages

Livre de poche - avril 2007 – 252 pages

Quatrième de couverture :
" La pièce montée arrive, sur un plateau immense porté par deux serveurs. Vincent voit osciller au rythme de leur marche cette tour de Babel en choux à la crème, surmontée du traditionnel couple de mariés. Il se dit : C'est moi, ce petit bonhomme, tout en haut. C'est moi. Il se demande qui a pu inventer un gâteau aussi ridicule. Cette pyramide grotesque ponctuée de petits grains de sucre argentés, de feuilles de pain azyme vert pistache et de roses en pâte d'amande, cette monstruosité pâtissière sur son socle de nougatine. Et ce couple de mariés perché au sommet, qu'est-ce qu'il symbolise, au juste ? Les épreuves surmontées à deux ? L'ascension périlleuse jusqu'au septième ciel ? La prétention de ceux qui s'imaginent que l'amour va durer
toujours ? "

Auteur : Blandine Le Callet est née en 1969. Une pièce montée est son premier roman.

Mon avis : (lu en septembre 2011)
Avec ce livre se termine nos lectures communes initiées avec le Swap à 2 PAL organisé par Lili Galipette et partagé avec plaisir avec mrs pepys. Ce livre était en commun dans nos PAL respectives avant le début du Swap.
Bérengère et Vincent vont se marier. Bérengère est une jeune fille bon chic bon genre, qui veut un grand mariage. Un mariage devant monsieur le maire et monsieur le curé, avec beaucoup d'invités une belle réception et des belles photos.

Ce livre raconte ce mariage à travers le récit de neuf personnes participant à la fête. Chacun raconte sa journée et ses impressions. Il y a Pauline, 8 ans, nièce de la future mariée et demoiselle d’honneur. Elle trouve injuste que Lucie soit toujours mis derrière sur les photos.
Bertrand, le prêtre, il est fatigué et en proie à des doutes quant à son rôle et sa vocation de prêtre.
Madeleine la grand-mère de la mariée ne supporte pas que ses filles soit toujours derrière elle et l'infantilise. Hélène, la belle sœur, qui se pose des questions sur l'avenir de son couple.
Marie, la sœur de la mariée, la rebelle de la famille, 28 ans et toujours pas mariée. Elle redoute de se retrouver à la table des célibataires.
Vincent, le marié, est pris d’angoisse et de stress prénuptial.
Damien, le dragueur, il fréquente de nombreux mariages et joue à séduire la plus laide de l'assemblée... Il fait un concours avec son copain Yann.

Et pour terminer, Bérangère, la mariée, qui s’occupe plus de la bonne ordonnance de la journée qui doit être parfaite plutôt que de son nouveau mari.
Voilà une galerie de personnages hauts en couleurs qui participent à des scènes amusantes ou attendrissantes. Le lecteur passe sans cesse du rire aux larmes. L'auteur dénonce ainsi le superficiel et l'hypocrisie du paraître. Je me suis beaucoup amusée à lire ce livre.

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Librement adapté du livre, un film a été réalisé par Denys Granier-Deferre en 2009 avec Clémence Poésy, Jérémie Renier, Jean-Pierre Marielle, Danielle Darieux, Christophe Alévêque, Léa Drucker, Julie Depardieu, Julie Gayet, Charlotte de Turckheim, Dominique Lavanant.

Après la lecture du livre, j'ai vu le film qui est plus que « librement adapté », c'est une caricature du livre... On a perdu toute la sensibilité du livre, j'ai été très déçue.

Allons voir maintenant l'avis de Mrs Pepys et d'Astrid.

Extrait : (début du livre)
Pauline
Elle a bien cru qu'on n'y arriverait jamais. Le voyage a été terrible. Elle n'aime pas la nouvelle voiture de papa, à cause de l'odeur du cuir. Elle a failli être malade. Mais on s'habitue, au bout d'un moment.
Les parents n'ont pas arrêté de se disputer. Pas une grosse dispute. Jamais de grosse dispute. Très peu de mots, quelques phrases, sans crier. Ça a duré des heures, tout le temps du voyage, en fait. Elle n'est pas idiote ; elle sait que la dispute a commencé bien avant le départ de Sceaux. On peut dire que ça fait plusieurs semaines, et même plusieurs mois.
De temps en temps, ils font semblant de ne pas se disputer : on va se promener au parc en famille. Pendant deux heures, papa joue avec eux, et maman prend des photos. Ils rient fort, ils sont gais. Ils croient que ça suffit pour qu'elle ne se rende compte de rien. Mais il ne faut pas croire : elle n'est pas idiote.
Elle est très sage. Il faut toujours obéir aux adultes, qui savent ce qui est bien. Parfois, elle trouve que c'est pénible, et même qu'on l'oblige à faire des choses sans intérêt. Mais elle a confiance : les adultes ont toujours raison. Elle obéit sans discuter. D'abord, parce qu'elle veut faire plaisir à maman, qui est tellement contrariée lorsque les enfants sont insupportables. Surtout, parce qu'elle aime bien qu'on ne fasse pas attention à elle, qu'on l'oublie dans son coin. C'est beaucoup plus simple d'être une petite fille sans histoire : on est toujours content d'elle, et on la laisse tranquille.
Tout à l'heure, elle s'est blottie sur la banquette arrière ; elle a attendu que son envie de vomir disparaisse, et elle a écouté la dispute de ses parents, en faisant semblant de dormir. Elle sait que papa a des soucis, et qu'il doit beaucoup travailler parce qu'il a des responsabilités. C'est pour ça qu'il n'est pas souvent à la maison. Mais elle a de la chance d'avoir un papa qui gagne de l'argent. Dans le monde, il y a beaucoup d'enfants malheureux. Il y en a même qui n'ont rien à manger ; il faut penser à eux quand on n'arrive pas à finir son assiette de bœuf bourguignon.
Aujourd'hui est un jour important car elle sera demoiselle d'honneur pour la première fois. Enfin, il y a eu d'autres fois, mais elle était trop petite et elle ne s'en souvient pas. Elle sera demoiselle d'honneur avec Clémence et Hadrien, et tous les cousins. Et il y aura aussi des enfants de l'autre famille. En tout, ils seront douze enfants. Une fois, elle a entendu maman dire à papa "C'est ridicule !" et elle n'a pas compris pourquoi. Après maman a changé d'avis et elle leur a dit que ce serait très mignon, tous ces enfants autour de la mariée.

 

 

 

 

16 septembre 2011

Skoda – Olivier Sillig

skoda Buchet-Chastel – août 2011 – 110 pages

Quatrième de couverture :
Un homme reprend conscience. Autour de lui, ses camarades d’infortune gisent. Tous sont morts. L’histoire se passe aujourd’hui dans un pays qui n’est pas nommé. L’homme s’éloigne. A quelques mètres, une voiture, une Skoda, est à l’arrêt. Elle aussi était dans la cible du raid aérien. Un homme et une femme sont affalés à l’intérieur. Morts. Seul un tout petit bébé respire encore. Après quelques hésitations, l’homme prend l’enfant avec lui et part sur la route. Une fable sur la guerre dans notre monde. En Europe ou ailleurs. L’absurdité et l’horreur du quotidien. Contrebalancées par la beauté du lien qui se crée entre l’homme et l’enfant. La vie contre la mort.

Auteur : Né en 1951, Olivier Sillig est romancier et cinéaste. A publié plusieurs romans, dont Bzjeurd. Il vit à Lausanne.

Mon avis : (lu en août)
A la suite de l’article de Stephie, j’ai eu envie de découvrir ce livre. Et j'ai beaucoup aimé !
Après le passage d’un raid aérien, un jeune soldat se retrouve tout seul vivant, ses compagnons étendus autour de lui sont tous morts. Non loin de là une voiture dont tous les occupants sont morts sauf un bébé âgé de quelques semaines, endormi au sein de sa mère. Stjepan ne sait pas si c’est un garçon ou une fille et décide de le prénommer Skoda, comme la voiture. Il l’emporte avec lui et suit la route, à la recherche d'un toit et de nourriture. Le pays est en guerre, il n’est jamais nommé. Stjepan et Skoda vont faire plusieurs rencontres à la fois violente et douce…

Le style est simple, épuré, des phrases courtes, beaucoup de poésie dans l’atmosphère des lieux, des sons. Jai été particulièrement sensible aux descriptions dépeintes comme sur un tableau, l’auteur insiste sur les couleurs « Le ciel est de plus en plus bleu, un bleu plus froid, plus limpide. »
« Puis cela devient bleu, un bleu comme celui du soir, en un peu plus jaune, mais pas vert, pense Stjepan qui connaît bien les couleurs. »
« Le ciel vire gentiment au bleu, un bleu un peu plus jaune que le soir, les étoilent s’éteignent, le paysage passe d’abord par un vert nuit - Stjepan connaît le nom des couleurs -, puis par un vert plus clair, plus délavé, avec un peu de rose, un peu de brume, puis du jaune, puis le jour. »

Une histoire très forte qui mélange violence et douceur. A lire absolument ! 

Extrait : (début du livre)
Après le coucher du soleil, le bruit des cigales couvre tout. La chaleur, au lieu de descendre, écrasante, s'inverse rapidement et monte du sol, étouffante. Partout, à perte de vue, c'est la garrigue ; de la bruyère, rase mais dense, parsemée d'herbes aromatiques sauvages et vivaces ; quelques arbres, petits et trapus, essentiellement des arbousiers ou des chênes de différentes espèces. Il y a une route. C'est une piste de terre battue. Stjepan est juste au-dessus, étendu de tout son long sur le ventre. Dans un geste apparemment machinal, sa main se promène sur le sommet de son crâne. Ses cheveux et sa barbe sont courts, le barbier de la troupe les a récemment rasés. Ses doigts suivent un sillon assez long, large de presque un centimètre, mou, humide et chaud, mais parfaitement indolore. Ensuite ils descendent vers le visage et s’arrêtent sur le nez. Mais Stjepan ne sent rien, son odorat est encore tout envahi par le parfum du serpolet. Ce parfum domine les odeurs, comme un chant des cigales domine les sons. Stjepan ouvre les yeux. Il voit rouge écarlate, sur ses doigts. C’est du sang. Il se met mollement sur le dos. Il fixe le ciel, maintenant plus bleu. Après un instant de flottement, il s’assied et regarde autour de lui.

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Suisse

Challenge 1%
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
6/7

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Objet"

9 septembre 2011

Le libraire – Régis de Sá Moreira

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Au Diable Vauvert – septembre 2004 – 190 pages

Livre de Poche – septembre 2006 – 190 pages

Quatrième de couverture :
Vous l'avez lu ? Oui, dit le libraire. Moi aussi, répondit le jeune homme. Le libraire lui sourit. Le jeune homme prit confiance : Mais je l'ai offert à quelqu'un... à qui je n'aurais pas dû l'offrir. C'est difficile d'être sûr de ces choses-là, répondit le libraire. Oui, dit le jeune homme. Ne désespérez pas, dit encore le libraire. Certains livres sont à retardement...


Auteur : Régis de Sâ Moreira est né en 1973. Après Pas de temps à perdre et Zéro tués (Au diable vauvert), Le Libraire est son troisième roman.

Mon avis : (lu en août 2011)
Voici un livre que j'ai pris à la bibliothèque de mon lieu de vacances pour deux raisons... Il ne me restait plus que deux jours de vacances, il me fallait un livre facile et court à lire et le titre répondait parfaitement au Challenge le nez dans les livres proposé par George.
Voilà un livre où se mêle l'absurde, la poésie et où l'on découvre un libraire et une librairie pas comme les autres... Il y a le poudoupoudoupoudou de la porte d'entrée.
« La librairie était ouverte jour et nuit, tous les jours de l'année, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre... car l'idée d'un client à la recherche désespérée d'un livre se retrouvant devant une porte fermée l'angoissait. » Le libraire ne met sur les étagères de la librairie seulement les livres qu'il a déjà lu...
Le libraire a 5 frères et 5 sœurs, et lorsqu'une page d'un livre lui fait penser à l'un d'eux, il arrache la page et la glisse dans une enveloppe pour lui envoyer sans explication supplémentaire. Le livre incomplet était déposé dans la salle sans étagère. (*)
Après la visite de chaque client, le libraire se prépare une tisane en choisissant le parfum en fonction du client verveine, thym, tilleul-romarin, réglisse, ortie...
Tous les jours, il a la visite du facteur et celle d'un témoin de Jéhovah. Ses clients sont variés et parfois aussi loufoque que le libraire...
Ce livre est à la fois déroutant et touchant... Je n'ai pas compris la présence du prologue et de l'épilogue, mais j'ai aimé découvrir ce libraire et cette librairie hors du temps et de l'espace...

(*) Mais je ne cautionne pas du tout le fait d'arracher des pages d'un livre ! 

Extrait : (page 17)
A des milliers de kilomètres de l'endroit où vous vous trouvez, dans un pays, une ville, une librairie parmi tant d'autres, un libraire ouvrit les yeux.
Il venait d'entendre le poudoupoudoupoudou de la porte d'entrée de sa librairie.
Il rangea un peu son bureau, puis attendit.

Le bureau du libraire était caché derrière deux étagères disposées en angle. Il estimait que les clients qui entraient dans une librairie souhaitaient avant tout voir des livres.
Ce n'était pas, pour la plupart, un libraire qu'ils cherchaient.
Le libraire aimait l'idée de clients se retrouvant seuls devant un océan, une marée plus exactement, de livres, sans personne pour les observer.
Il aimait l'idée que les livres existent sans lui.
Il se demandait s'il n'aimait pas aussi l'idée de ne pas exister.

Le libraire était assez mélancolique, c'est vrai, mais il s'en accommodait.
Il ne voyait pas très bien comment garder un moral d'acier au milieu de tous ces livres, de toutes ces vies. Il enviait, dans ses pires moments, les vendeurs de voitures.
Sans trop y croire.
Car le libraire enviait surtout, non pas les auteurs, mais les personnages des livres qu'il lisait. Et il n'avait jamais lu de livre où le héros était un vendeur de voitures.
Ou alors très temporairement.
Et pourtant, Dieu savait, se disait le libraire, que le libraire en avait lu des livres.
Évidemment, Dieu savait aussi que le libraire n'en avait pas lu tant que ça où les héros étaient libraires.

Challenge le nez dans les livres
challenge_le_nez_dans_les_livres

La Lectrice : 1/2

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
logo_challenge_Petit_BAC
"Métier"

 

 

 

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7 septembre 2011

N'ayez pas peur, nous sommes là – Janine Boissard

n_ayez_pas_peur_je_suis_l_ Flammarion – mars 2011 – 329 pages

Quatrième de couverture :
Elle s'appelle Ninon Montoire, a trente ans, est sapeur-pompier. Accidents de la route, bus scolaire en perdition, secours d'urgence aux blessés, aide aux personnes esseulées, risques de pollution, feux difficiles à maîtriser... dans son métier tout peut arriver. Jour et nuit, durant ses gardes à la caserne, elle se bat, parfois au péril de sa vie, pour tous ceux que frappent le malheur, la maladie, l'adversité, s'efforçant de maintenir la petite flamme de l'espoir, quelle que soit la gravité de la situation. "L'espoir, dit-elle, un pompier n'a que ce mot au coeur." A la maison, les jours de repos, elle trouve avec Sophie, cinq ans, sa petite fille, gaieté et tendresse. Et avec Agnès, sa mère, douceur et compréhension. L'amour ? Ninon a décidé de ne plus y croire. Mais le "soldat du feu" ne se doute pas que, bientôt, il l'embrasera à nouveau. Cet incendie-là sera-t-il le plus dur à maîtriser ?

Auteur : Janine Boissard est née et a fait ses études à Paris.
En 1977, elle publie sa célèbre saga "L'Esprit de famille" (six volumes en tout, de 1977 à 1984). L'évolution de la société, les chambardements dans la famille, les problèmes de couple, ceux de l'adolescence, ceux de la femme moderne face au monde du travail sont ses thèmes favoris. En 1996, elle publie "Une Femme en blanc", un formidable succès en librairie, traduit en Allemagne et en Italie; sans oublier la série télévisée en six épisodes, diffusée en 1997. Janine Boissard a publié à ce jour une trentaine de livres, dont Loup y es-tu ? (2009), Malek (2008), Allez, France ! (2007). Décorée des Palmes Académiques pour son action auprès de la jeunesse, elle vit de sa plume depuis vingt ans. L'écriture est, dit-elle, "à la fois ma passion, un métier exigeant et ma façon de respirer".

Mon avis : (lu en août 2011)
Janine Boissard est une auteur de mon adoslescence, je l'ai découverte avec sa série « L'Esprit de famille ». Depuis j'ai lu beaucoup de ses livres.
Dans ce nouveau livre, l'histoire évoque le quotidien des sapeurs-pompiers, nous suivons la vie de Ninon Montoire, trente ans, mère célibataire de Sophie. Chaque jour, dans son métier elle se bat pour sauver les autres.
C'est un livre qui se lit facilement, on apprend beaucoup sur les pompiers mais l'intrigue sentimentale est très prévisible, sa construction ressemble à celle des livres précédents de l'auteur.

Présent sur le blog du même auteur :

Malek Malek allez_france_p Allez, France ! loup_y_es_tu Loup y es-tu ? 

27 août 2011

Dépasser son ombre - Anthony Fagnot

Lu dans le cadre du partenariat bibliofolie_2011_logo_1501 et Éditions Dubuisson

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Publiart – décembre 2004 -

Éditions Dubuisson – avril 2011 – 410 pages

Quatrième de couverture :
Partir... Qui n'a jamais pensé à partir, loin du stress et de la folie des Hommes. Le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle s'est imposé à moi, comme une évidence. Je suis parti seul, au pied des montagnes françaises, un matin de printemps. Enfin, je n'étais pas vraiment seul. Comme j'ai un peu peur des ours, j'avais décidé d'emmener le mien. On ne sait jamais. Comme vous, peut-être, je suis un adulte. Mais ce compagnon est un petit bout de ce que je suis resté d'enfant. Et croyez-moi, ensemble, nous avons vu des choses qui tiennent de la magie. La vraie, celle qui écarquille les yeux. Si le cœur vous en dit, on vous emmène avec nous. Ouvrir ce livre, c'est déjà un peu se mettre en chemin. Alors bon voyage...

Auteur : Après avoir suivi des études littéraires à Amiens, Antony Fagnot entre dans la police en avril 1997. D'abord Gardien de la Paix, une formation interne lui permet de devenir Agent de la Police Scientifique à St-Maur-des-Fossés puis à Alfortville. Ce jeune homme passionné et rêveur exerce son métier avec amour, même s'il est très tôt confronté à des situations difficiles. Il va alors développer un appétit insatiable de la vie, de ses « petits bonheurs » qui nous échappent trop souvent, et se mettre en quête d'authenticité. L'envie de se rapprocher des valeurs essentielles ne va plus le quitter, avec une idée en tête : partir loin des contraintes et des chaînes de notre Société. À la recherche de lui-même, à la rencontre des autres. Il décide donc de partir pour 31 jours de marche, seul, sur le chemin de St-Jacques-de-Compostelle. Une aventure humaine extraordinaire, que le jeune auteur souhaite partager au travers de ce livre. L'ouvrage est récompensé par des prix littéraires, dont la médaille d'argent de la société « Arts-Sciences-Lettres » de l'Académie Française.

Mon avis : (lu en août 2011)
Lorsque ce livre a été proposé pour un partenariat par Bibliofolie, j'avais très envie de le découvrir. J'ai déjà lu plusieurs livres autour du thème de la route de Saint-Jacques-de-Compostelle et chaque voyage est différent et passionnant... "Dépasser son ombre" ne fait pas exception pas à la règle. Et ne voulant pas lâcher le livre, je l'ai dévoré en un après-midi et une soirée !

Anthony nous raconte sa route vers Saint-Jacques-de-Compostelle au jour le jour (un chapitre par jour) avec beaucoup d'humour et de poésie. Il nous parle de ses rencontres avec d'autres marcheurs qui partagent avec lui le voyage, leurs histoires, leurs douleurs... Anthony n'est pas parti seul, il a comme compagnon un petit ourson en peluche que ses parents lui avaient offert pour son premier Noël, 28 ans plus tôt et qu'il n'a jamais quitté. La veille de son départ, il se sent coupable de devoir l'abandonner et décide donc de l'emmener comme ambassadeur auprès des vrais ours qu'il pourrait rencontrer dans les montagnes des Pyrénées...
Anthony n'est pas parti pour Saint-Jacques-de-Compostelle pour des raisons religieuses, mais pour échapper à son quotidien et réfléchir sur sa vie. N'ayant pu prendre un congé de seulement quarante jours, il va commencer son chemin à Saint-Jean-Pied-de-Port aux pieds des Pyrénées début mai 2004. Trente et un jours plus tard, il arrivera émerveillé et transformé à Santiago.
J'ai beaucoup aimé ce livre, Anthony nous embarque à sa suite sur le Chemin, tous nos sens sont en éveil : les odeurs, les paysages, les émotions, ses rencontres sont décrites avec beaucoup simplicité et d'humour. Un livre inoubliable.
A la fin du livre, il y a quelques photographies des pélerins rencontrés par Anthony en compagnie du petit ourson bleu. Et pour cette nouvelle édition, quelques pages écrites en janvier 2007 donnent aux lecteurs des nouvelles des différents pèlerins, devenus amis, rencontrés sur le Chemin et Anthony nous parle également de l'après Chemin de Compostelle, son retour à la vie normale. Chaque jour, il repense au Chemin, il n'hésite pas à le partager avec ceux qu'il rencontre...
La dernière page est plus triste, en effet, Anthony est décédé le 8 avril 2009, sa famille continue à le faire vivre en partageant avec les lecteurs la magie du chemin qu'il a tant aimé. Son chemin d'Homme... et comme Anthony l'a écrit « La fin d'un chemin n'est rien d'autre que le commencement d'un autre... »

Un grand MERCI à Bibliofolie et aux Éditions Dubuisson pour m'avoir permis de découvrir ce superbe témoignage qui m'a beaucoup touché.

Site (2007) et blog (2009) dédiés au livre et à l'auteur.

Extrait : (Avant-propos)
En fait, à bien y réfléchir, je ne me rappelle plus exactement l’élément précis qui m’a poussé à partir. De plus, je le reconnais humblement, je suis un peu paresseux, et une telle aventure nécessitant inévitablement un peu de courage, il a fallu que la décision soit guidée par un sentiment d’une force gigantesque. La routine, sans doute, professionnelle et personnelle. Cette platitude monochrome m’avait plongé dans une sédentarité dont la banalité n’avait d’égal que le manque de saveur. Plus d’une fois je me suis senti à deux doigts de « tout plaquer », comme on dit. Beaucoup d’entre nous y pensent, me semble-t-il, sans jamais l’oser.
Prendre quelques affaires, un peu d’argent et un aller simple pour n’importe quelle destination où il n’y a pas de chaînes, d’horaires, de codes et de ces contraintes en tous genres. Mais voilà, comme un arbre, j’ai des racines, profondes et essentielles. Elles sont quatre. Deux grandes m’ont fait naître et deux adorables petites ont grandi avec moi.
Alors pour elles, il faut continuer. Par amour pour cette famille incroyablement unie et qui m’a toujours soutenu dans les nombreux moments difficiles, et que je ne me vois pas quitter. Et pourtant…

D'autres livres ou film sur Saint-Jacques de Compostelle :

en_avant_route En avant, route ! - Alix de Saint-André

Le pèlerin de Compostelle - Paulo Coehlo

st_jacques_la_mecque Un film : Saint-Jacques... La Mecque - Coline Serreau

 

 

27 juillet 2011

A l'ouest – Olivier Adam

Lu dans le cadre Swap à 2 PAL swap___2__lLecture commune avec Mrs Pepys

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Édition de l'Olivier – mars 2001 – 140 pages

Pocket – septembre 2002 – 140 pages

Pocket – octobre 2007 – 140 pages

Quatrième de couverture :
Antoine a presque dix-neuf ans. Fragile, rêveur, indocile, il sèche le lycée, erre dans le centre commercial de son quartier, et ne fait rien de sa vie. Il cherche l'amour... et les coups. ...
Camille veille sur son grand frère autant qu'elle le peut, et calme ses angoisses en se réfugiant dans la prière. Quant à Marie, leur mère, elle fait ce qu'elle peut. Mais c'est elle, qui, un beau matin, déclenche l'explosion et les conduit à l'ouest. Pas le point cardinal, non, mais cet état second où rien n'a plus vraiment d'importance...

Auteur : Olivier Adam est né en 1974. Après avoir grandi en banlieue et vécu à Paris, il s’est installé à Saint-Malo. Il est l’auteur de nombreux livres dont Passer l’hiver (Goncourt de la nouvelle 2004), Falaises, À l’abri de rien (prix France Télévisons 2007 et prix Jean-Amila-Meckert 2008), Des vents contraires (Prix RTL/Lire 2009).

Mon avis : (lu en juillet 2011)
Dans ce livre nous suivons la vie d'une famille à la dérive : Marie vit dans banlieue parisienne avec ses deux enfants, Antoine et Camille. Antoine a bientôt dix-neuf ans, il fume des joint, boit de l'alcool et sèche les cours du lycée, le soir il traîne dans le quartier. Il voudrait trouver l'amour, mais ne gagne que des coups. Camille a quatre ans de moins que son frère, et elle se fait du soucis pour lui et pour sa mère. Elle se réfugie dans la prière. Au collège, elle est silencieuse, elle s'isole, elle se fait discrète pour ne pas se faire remarquer. Marie est épuisée par sa vie monotone et terne qui se résume à métro, boulot, dodo... Un jour, où ses enfants sont partis un week-end chez leur père, Marie décide sur un coup de tête, de quitter son quotidien pour la maison de son enfance, au bord de la mer...
Comme souvent, Olivier Adam nous raconte une histoire de désespérance. Ici c'est l'histoire de trois personnages qui se sentent perdus, qui ne savent plus où ils en sont. Il se dégage du livre un certain malaise et beaucoup de mélancolie. Ces trois personnages sont attachants et touchants, ils ont chacun leurs problèmes, leurs angoisses. Ils se sont isolés malgré eux.
Ce n'est peut-être pas le meilleur livre d'Olivier Adam que j'ai lu mais j'y ai retrouvé avec plaisir son style et l'atmosphère des bords de mer qu'il sait si bien décrire.

Et maintenant, allons voir ce que Mrs Pepys a pensé de ce livre.

Extrait : (début du livre)
Tout est noir dans la chambre. Les volets sont clos, les rideaux tirés. On ne voit pas le désordre. Les bouteilles, les cendres sur la moquette, les disques éparpillés. Le radio-réveil clignote. Les chiffres s'affichent en vert. Tout à l'heure, comme chaque matin, Marie se tenait derrière la porte. La radio s'est mise en route. Elle a fait demi-tour, rassurée. Antoine a entendu les pas de sa mère dans les escaliers. La porte a claqué. Puis au-dehors, le bruit encore flou de ses talons qui s'éloignent. Antoine a grogné, a envoyé valdinguer l'appareil. Il s'est retourné, enroulé dans ses draps. S'est rendormi.

Maintenant, le silence est tout à fait installé. A peine, au loin, le moteur des voitures, le bus qui ralentit, s'immobilise, ouvre et referme ses portes, repart, le cri des enfants traînant des cartables trop lourds, portant des tenues trop chaudes, la voix d'une femme (Kevin fais attention tu vas te salir), une poubelle que l'on rentre et dont les roues claquent contre le trottoir. La vie du lotissement. Tout ça très menu dans la douleur du crâne.
Antoine se frotte les yeux, s'étire, repousse les draps. Il tend la main vers la droite, tâtonne et rencontre un paquet de cigarettes. Il l'écarte, cherche du bout des doigts le petit cône de papier, le briquet. Joint du matin, chagrin. Joint du soir, espoir. Il l'allume, tire une bouffée. Il reste ainsi à fumer dans le noir quelques minutes. Il se gratte les cheveux, s'étire, enfile un tee-shirt qui sent la sueur. Écrase son mégot au fond d'un verre. Se lève et gagne la salle de bains. Il pisse, puis passe de l'eau sur son visage et sur ses cheveux. Il se regarde dans la glace, tente un sourire. Essaie de détailler les diverses imperfections de sa peau. Ses yeux s'égarent dans la blancheur des murs carrelés. Ses mains tiennent le lavabo. Il se dandine d'avant en arrière. Il ne regarde rien, ne pense à rien. Il reste là cinq minutes. Puis semble revenir à lui, d'un bref clignement de paupière.


Déjà lu du même auteur : 
a_l_abris_de_rien_p A l'abri de rien    falaises Falaises  
 Des_vents_contraires
Des vents contraires  je_vais_bien_ne_t_en_fait_pas_p Je vais bien, ne t'en fais pas
 le_coeur_r_gulier  Un cœur régulier    kyoto_limited_Express  Kyoto Limited Express 

24 juillet 2011

Je n’ai pas dansé depuis longtemps – Hugo Boris

Lu dans le cadre du partenariat Logo_News_Book et Pocket

je_n_ai_pas_dans__depuis_longtemps_ je_n_ai_pas_dans__depuis_longtemps

Belfond – janvier 2010 – 391 pages

Pocket – juillet 2011 – 448 pages

Quatrième de couverture :
Pour Ivan, le soleil se lève et se couche seize fois par jour. Quatre cent jours en orbite, à bord de la station Mir. Un record. Il sera bientôt un héros aux yeux de l'Union soviétique et de sa famille.
Mais sous l'effet de l'apesanteur, son corps change. Avec ses compagnons de bord, il est à fleur de peau. Dans cet environnement où la moindre erreur est fatale, il se met à désirer la Terre plus que tout.
L'Empire soviétique s'effondre. Il ne sait plus s'il pourra rentrer. Depuis combien de temps n'a-t-il pas dansé avec Oksana ?

Auteur : Hugo Boris est né à Paris en 1979. Son premier roman, Le baiser dans la nuque (2005), a été récompensé par le festival de Chambéry et par le prix Emmanuel-Roblès, remis par les membres du jury Goncourt. La délégation norvégienne, son deuxième roman (2007), a reçu le premier prix littéraire des Hebdos en Région. Je n'ai pas dansé depuis longtemps, paru en 2010, a été distingué par le prix Amerigo Vespucci. Diplômé de sciences politiques et de l'École nationale supérieure Louis-Lumière, il travaille dans une école de cinéma le jour et écrit la nuit.

Mon avis : (lu en juillet 2011)
Tout commence en février 1991, à la veille du départ d'Ivan pour un long séjour à bord de la station MIR. Avant de quitter sa famille, sa femme Oksana et ses fils Pacha et Guennadi pour Baïkonour, Ivan s'occupe de passer en revue tout l'appartement pour éviter à sa femme des problèmes domestiques en son absence. En effet, il part pour 400 jours en orbite dans la station MIR, pour réaliser le record du plus long séjour en apesanteur. Nous allons embarquer avec Ivan dans Soyouz et l'accompagner pour ce voyage et ce séjour peu ordinaire. Il partagera cette aventure pendant six mois avec Viktor et Nikolaï, puis avec Georgyi et Nikita et enfin avec Sacha et Bogdan. Ivan aura par moment des instants de cafards, de peurs, de doutes...
L'auteur décrit avec beaucoup de précision la vie à bord de la station MIR, les réactions physiologiques du corps des cosmonautes, les réactions psychologiques liées à ce huis clos... Et sur Terre, l'Histoire de l'Union Soviétique s'écrit...
En marge du livre, nous décomptons au fil des pages les presque sept mille orbites réalisées par Ivan. Cette histoire est passionnante et palpitante et pas un instant je ne me suis ennuyée... Il se passe toujours quelque chose à près de 400 kilomètres d'altitude autour de la Terre !

Merci à New Books et aux éditions Pocket pour m’avoir permis de découvrir ce livre.

Mir
Station MIR

Extrait : (page 286)
Il ne la regardait plus que distraitement, comme il aurait regardé sans le voir un visage familier. Il la contemple enfin, cette corne africaine couleur de sang caillé. L'aplat de latérite rouge affronté au bleu profond de la mer. Les miettes de nuages là-dessus, leurs ombres jetés par milliers de mille. Depuis combien de temps fixait-il le gravillon pris dans l'épaisseur du hublot au lieu de regarder à travers la vitre ?
Son œil glisse sur les filaments de plancton, les barres sableuses, les circonvolutions brunes des déserts salés.
Le dessin éphémère de l'eau dans les forêts d'Amérique du Sud lui serre lecœur. Le Soleil dévoile les fleuves et leurs bras morts en les faisant étinceler. Leur surface brille un instant, puis s'éteint, aussitôt relayée par d'autres nappes d'argent bruni, d'autres lacets, d'autres chemins d'eau jusqu'alors invisibles.
Il la dévisage d'un regard oblique, comme s'il venait d'ailleurs et l'observait pour la première fois. Alors c'est cela, ma planète ? Le mot vibre bizarrement, comme l'un de ceux dont il a perdu le sens et dont il n'entend plus que la creuse sonorité.

6 juillet 2011

Quinze kilomètres trois – Martine Laval

 

quinze_kilometres_trois Liana Levi – mai 2011 – 57 pages

Quatrième de couverture :
Quinze kilomètres trois. La distance qui les sépare du Cap Blanc-Nez. Cette échappée, c'est leur secret, aux petites. Ce matin, elles fuient l'ennui des jours, un avenir sans promesse. Elles s'en vont, légères. Dans le paysage à la fois brutal et magnifique de la Côte d'Opale, Martine Laval suit les deux adolescentes, espionne leur désœuvrement et fait entendre d'autres voix - une prof, un cousin, une voisine. Tous cherchent à comprendre le pacte qui les emmène à la falaise.

Auteur : Martine Laval, critique littéraire à Télérama et animatrice du blog "Lectures buissonnières", est née à Calais.

Mon avis : (lu en juillet 2011)
J’avais aperçu ce petit livre chez Bellesahi et c’est tout d’abord la couverture du livre qui m’avait attirée, un bord de mer ou un phare et je ne résiste pas…
C’est un triste fait divers qui a inspiré l’auteur pour écrire ce petit livre. Deux adolescentes de quatorze ans ont décidé « Mardi, elles se font la belle. » « Elles rêvent. Une escapade, leur premier pas vers l’aventure, la liberté ? » « Elles marchent. Leur bout du monde est à quinze kilomètres. Virgule trois. » Le premier chapitre, l’auteur raconte le fait divers à sa façon, comme si elle en était le témoin. Puis différents personnages racontent ce fait divers à leur manière, une prof, une autre fille, un cousin, une lectrice et pour terminer… le paysage…
Le paysage et l’atmosphère du lieu sont très présents dans ce livre, cette histoire se passe sur la Côte d’Opale, au Cap Blanc-Nez. Et je n'en raconterai pas plus pour vous laisser découvrir ce livre touchant et poignant.

Les avis de Bellesahi, Cathulu et Clara

 

Extrait : (début du livre)
Je les vois.
Deux gamines. Elles n’ont pas de visages, pas de nom. Juste un bout de vie posé sur des guiboles de quatorze ans et quelques, quinze aux printemps. C’est loin, le printemps.
Elles ont dit : Mardi. Mardi, on le fait. Un signe de tête. Puis, rien. Elles s’en vont. Chacune retourne chez elles. Elles laissent là la grande place du village et le vide du dimanche.
Mardi, elles se font la belle. Elles s’offrent deux jours pour savourer leur trouvaille, leur secret. Le tenir au chaud, rien qu’à elles.
Elles se moquent de savoir si c’est un mensonge. Elles rêvent. Une escapade, leur premier pas vers l’aventure, la liberté ? Elles ne disent pas escapade, aventure, liberté, des mots comme ça. Elles sourient, en douce, en dedans. Apaisées.
Je les cherche. Je ne les entends pas. Je les sens. Je vais les cueillir mardi matin devant le collège, et les suivre. Prendre la route avec elles. Leur donner quelques pages, une histoire. Elles le méritent bien, ces petites.

Extrait : Le paysage
Je suis le vent. J’habite ici, en haut, en bas, sur la falaise, sur la plage. Je tourne, je file, je donne de la voix, je crie, je rugis. Grave, aigu. Je siffle, je souffle, j’affole, je m’amuse. Je suis le vent. J’ordonne les choses. Aucun arbre dans mon sillage. Aucun obstacle. Je suis le roi. Je m’engouffre dans des ventres de béton et de ferraille, je nettoie, je règne. Je suis libre. Je roule sur la lande rase, frôle des béances, déshabille les herbes, et m’envole. Les mouettes m’accompagnent dans ma danse folle. Ensemble, nous dessinons des arabesques. Personne ne m’aime. Je suis le vent. Je les agace.

Je suis le ciel. Je flotte sur la lande, sur la mer. J’enlace le paysage. Je protège la fin du  monde. J’ai l’humeur changeante, j’aime les déluges, j’aime le calme. On me regarde. On me scrute. On attend de moi la paix. J’annonce l’hiver, jamais le printemps. Je dessine l’horizon et la faille. Je suis la lumière et l’infini. Je suis l’éternité, celle qui passe sans bouger.

Je suis la mer. Je suis laide et j’en suis fière. J’aime mes colères. Elles ont des couleurs. Vert acide, noir dense, jaune imprenable. Je joue. Je les marie. Je les décline. Je peaufine leurs nuances trompeuses. Personne ne m’aime. Je hurle. Je les appelle. Je les attire dans mes écumes lourdes. Je les tétanise. Ils suffoquent. Tous suffoquent. J’ai en moi l’immensité et le froid, la fureur et les ténèbres. Je suis le reflet de leurs âmes vides. Je les envahis. Je les avale. Je les bois. Ils me craignent, et viennent à moi. Je suis la sauvage. Je suis la cruelle. Je suis la mer, libératrice. L’inconsolable.

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