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A propos de livres...
11 septembre 2013

D'acier - Silvia Avallone

Lu en partenariat avec les éditions J'ai Lu

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Liana Levi - avril 2011 - 387 pages

Liana Levi Piccolo - mai 2012 - 400 pages

J'ai Lu - mai 2013 - 411 pages

traduit de l'italien par Françoise Brun

Titre original : Acciaio, 2010

Prix des lecteurs de L'EXPRESS en 2011

Quatrième de couverture : 
Il y a la Méditerranée, la lumière, l'île d'Elbe au loin. Mais ce n'est pas un lieu de vacances. C'est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Depuis les balcons uniformes, on a vue sur la mer, sur les jeux des enfants qui ont fait de la plage leur cour de récréation. La plage, une scène idéale pour la jeunesse de Piombino. Entre drague et petites combines, les garçons se rêvent en chefs de bandes, les filles en starlettes de la télévision. De quoi oublier les conditions de travail à l'aciérie, les mères accablées, les pères démissionnaires, le délitement environnant... Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, rêvent d'évasion et parient sur une amitié inconditionnelle pour s'emparer de l'avenir.

Auteur : Silvia Avallone, avant d'étudier la philosophie à Bologne, a vécu en Toscane, à Piombino, la ville industrielle qui sert de toile de fond à D'acier. A 25 ans à peine, ce premier roman la propulse en tête des meilleures ventes en Italie (350 000 exemplaires). Célébré par la critique, traduit dans 12 pays. en cours d'adaptation au cinéma. D'acier a été finaliste du prix Strega et couronné par le prix Campiello Opera Prima.

Mon avis : (lu en septembre 2013) 
Cela fait longtemps que j'avais envie de lire ce livre et lorsque les éditions J'ai Lu me l'ont proposé en partenariat, j'étais ravie de pouvoir enfin le découvrir... 
Eté 2001, Piombino en Toscane en Italie, une cité industrielle italienne où les HLM ne sont pas loin de l'aciérie voisine qui crache des fumées noires, la mer n'est pas loin mais la plage ressemble plus à un terrain vague et en face, l'Ile d'Elbe inaccessible qui fait rêver Anna et Francesca âgées de quatorze ans. Adolescentes, elles sont les reines du quartier, elles jouent aux "grandes", se maquillent avec générosité, rêvent des garçons, tantôt innocentes, tantôt provoquantes... Elles sont inséparables, comme des sœurs. Mais à la maison, Anna et Francesca ont des relations difficiles avec leurs pères qu'elles surnomment "les babouins", Enrico est violent, Arturo est démissionnaire. Autour, d'elles gravitent d'autres personnages, Rosa et Sandra, les mères, Nino, Massi les garçons, une camarades de classe, Lisa et sa sœur Donata, Alessio le frère d'Anna... 

Le lecteur découvre qu'à Piombino, la vie n'est pas facile, le contexte social est difficile, le chômage crée la misère... C'est un roman réaliste, très prenant qui décrit avec beaucoup de précision le quotidien de cette cité ouvrière italienne. 

Une adaptation cinématographique a été réalisée en 2012 par Stefano Mordini avec Vittoria Puccini , Michele Riondino , Luca Guastini. Date de sortie en France: 05 juin 2013.

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Merci Silvana et les éditions J'ai Lu pour m'avoir permis de découvrir ce livre très touchant.

Autres avis : Clara, Canel, Lecturissime

Note : ♥♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
Dans le cercle flou de la lentille, la silhouette bougeait à peine, sans tête. 

Une portion de peau zoomée à contre-jour. 
Ce corps, d'une année sur l'autre, avait changé, peu à peu, sous les vêtements. Et maintenant il explosait, dans les jumelles, dans l'été. 
De loin, l'oeil grignotait les détails : la bride du maillot, le triangle du bas, un filament d'algue sur la hanche. Les muscles tendus au-dessus du genou, la courbe du mollet, la cheville où le sable colle. L'oeil s'ouvrait plus grand, devenait rouge, à sonder cette lentille. 
Le corps adolescent bondit hors champ et se jeta dans l'eau. 
Un instant après, objectif repositionné, mise au point faite, il reparut, avec cette chevelure blonde magnifique. Et ce rire si violent que même à cette distance, même juste à le voir, ça t'électrisait. Comme si tu y pénétrais réellement, entre ces dents blanches. Et les fossettes sur les joues, et la cavité entre les omoplates, et le creux du nombril et tout le reste. 
Elle s'amusait comme à son âge, ignorant qu'on l'observait. Sa bouche était ouverte. Qu'est-ce qu'elle peut bien dire ? Et à qui ? Elle piqua une tête dans une vague, émergea de l'eau, le soutien-gorge tout de travers. Une piqûre de moustique sur l'épaule. La pupille de l'homme se rétrécissait, se dilatait, comme sous l'effet d'une drogue. 
Enrico regardait sa fille, tellement plus forte que lui. Du balcon, après le déjeuner, quand il n'était pas d'équipe chez Lucchini, il espionnait Francesca. Il la suivait, l'observait, à travers les lentilles de ses jumelles de pêche. Francesca trottinait avec sa copine Anna sur le sable mouillé, elles se poursuivaient, se touchaient, s'attrapaient par les cheveux, et lui, là-haut, figé, il transpirait, son cigare toscan à la main. Lui, le géant, en débardeur ruisselant de sueur, l'oeil écarquillé, planté là dans la chaleur effroyable. 
Il la surveillait, comme il disait, depuis qu'elle s'était mise à aller à la plage avec certains individus, des garçons plus âgés qui ne lui inspiraient aucune confiance. Ils fumaient, et des pétards aussi, sûrement. Quand il en parlait à sa femme, de ces marginaux que fréquentait sa fille, il se mettait à crier comme un malade. Ils fument des pétards, ils prennent de la cocaïne, ils revendent des médocs, sûrement qu'ils veulent s'envoyer ma fille! Ça, il ne le disait pas explicitement. Il tapait du poing sur la table ou dans le mur. 
Mais l'habitude d'espionner Francesca, il l'avait prise avant: depuis que le corps de sa petite s'était comme débarrassé de ses écailles pour acquérir peu à peu une peau et une odeur précises, nouvelles, primitives peut-être. Tout à coup, de la petite Francesca, avaient jailli un petit cul et une paire de nichons insolents. Le bassin s'était cambré, dessinant les galbes du buste et du ventre. De tout ça, il était le père. 
En ce moment il regardait sa fille se démener au bout de ses jumelles, se jeter en avant de toutes ses forces pour attraper un ballon. Ses cheveux trempés qui collaient à son dos et ses hanches, sa peau incrustée de sel. 
Les ados jouaient au volley en cercle, autour d'elle. Elle, Francesca, tout élan et mouvement, dans un même et unique tumulte de cris et d'éclaboussures à la lisière de l'eau. Mais Enrico ne s'intéressait pas au jeu. Enrico pensait au maillot de sa fille : nom de Dieu, on voit tout. Ça devrait être interdit, des maillots pareils. Si un seul de ces salauds se hasarde à me la tripoter, je descends sur la plage avec ma matraque. 
"Qu'est-ce que tu fais ?" 
Enrico se retourna vers sa femme qui, debout au milieu de la cuisine, le regardait avec une expression mortifiée. Oui, Rosa se sentait mortifiée, diminuée, de voir son mari ainsi, les jumelles à la main à trois heures de l'après-midi. 
"Je surveille ma fille, si tu permets." 
Ça n'était pas toujours facile non plus de soutenir le regard de cette femme. L'accusation constante, plantée là, dans les yeux de son épouse. Enrico fronça les sourcils, avala sa salive. 
"C'est le minimum quand même... 
- Tu es ridicule ", siffla-t-elle. 
Il regarda Rosa, comme un objet qui vous encombre et vous met en rogne, pas plus. 
"Tu trouves ridicule de garder un oeil sur ma fille, par les temps qui courent ? Tu vois pas avec qui elle traîne à la plage ? C'est qui, ces types, hein ?" 
Cet homme-là, quand il sortait de ses gonds - et c'était souvent -, son visage se congestionnait, les veines de son cou gonflaient à faire peur. 
Il n'avait pas autant de colère en lui, à vingt ans, avant de se laisser pousser la barbe et de prendre tous ces kilos. C'était un beau garçon, qui venait d'être engagé chez Lucchini, et qui depuis l'enfance s'était forgé les muscles à travailler la terre. Il s'était transformé en géant dans les champs de tomates, et plus tard à pelleter le charbon. Un homme comme tant d'autres, monté de la campagne à la ville, son baluchon sur l'épaule. 
"Tu vois pas ce qu'elle fait, à son âge... Et comment elle est fagotée, merde !" 

Challenge Voisins, voisines
 voisins_voisines_2013
Italie

   Challenge Petit BAC 2013
petit_bac_2013
"Couleur"

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4 septembre 2013

Le bruit de tes pas - Valentina D'Urbano

Sortie en Librairies : 5 Septembre 2013

Lu en partenariat avec les éditions Philippe Rey

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traduit de l'italien par Nathalie Bauer

Titre original : Il rumore dei tuoi passi, 2012

Quatrième de couverture :
« La Forteresse », 1974 : une banlieue faite de poussière et de béton, royaume de l’exclusion. C’est là que grandissent Beatrice et Alfredo : elle, issue d’une famille pauvre mais unie, qui tente de se construire une vie digne ; lui, élevé avec ses deux frères par un père alcoolique et brutal. Presque malgré eux, ils deviennent bientôt inséparables au point de s’attirer le surnom de « jumeaux ».
Mais ce lien, qui les place au-dessus de leurs camarades, tels des héros antiques, est à la fois leur force et leur faiblesse. Car, parallèlement à la société italienne, touchée par la violence des années de plomb, leur caractère, leur corps et leurs aspirations évoluent. Chez Beatrice, qui rêve de rédemption et d’exil, l’amitié initiale se transforme peu à peu en amour sauvage, exclusif. Chez Alfredo, fragile et influençable, le désespoir s’accentue.
Drames familiaux, désœuvrement, alcool et drogue, tout semble se liguer pour détruire les deux jeunes gens. Et, quand l’héroïne s’insinue dans la vie d’Alfredo, Beatrice, tenace, ne ménage pas ses forces pour le sauver, refusant de comprendre que la partie est perdue.
Le bruit de tes pas est le récit de ces quinze années d’amitié et d’amour indéfectibles. Un premier roman âpre d’une sobre poésie, une voix qui perdure longtemps dans l’esprit de son lecteur.

Auteur : Née en 1985 dans une banlieue de Rome, Valentina d’Urbano est illustratrice de livres pour la jeunesse, Le bruit de tes pas est son premier roman. 

Mon avis : (lu en août 2013)
Le livre s'ouvre le 24 juin 1987 sur l’enterrement d’Alfredo, il avait vingt ans. Avec Beatrice, la narratrice du livre, ils étaient surnommés  « les jumeaux ». Dans cette histoire, Beatrice va revenir sur leur enfance à deux, puis leur adolescence. Ils vivent en Italie dans une banlieue bétonnée « La Forteresse » dans les années 70. Beatrice vit avec ses parents et son frère Francesco dans une famille unie. Depuis la mort de sa femme, le père d’Alfredo, est alcoolique et violent. Il bat ses trois fils. Presque tous les jours, Alfredo quitte son appartement et se réfugie à l'étage du dessus chez Beatrice où il est toujours accueilli comme le fils de la maison. Enfants, ils sont comme deux jumeaux, ils s'aiment fraternellement, Bea protège Alfredo et ce dernier prend soin d’elle. Puis vient l'adolescence, et leurs rapports changent, ils continuent à s'aimer mais veulent aussi l'un et l'autre s'émanciper. 
Dans ce roman, nous découvrons, une époque, un quartier délaissé qui vit presque en autarcie mais surtout la colère de Beatrice. 
Elle est en colère de ne pas avoir su dire à Alfredo tout ce qu'elle éprouvait pour lui. Elle est en colère de n’avoir pas su rendre Alfredo heureux, pour qu'il ait envie de vivre. Elle est en colère de subir son quartier, de continuer à y être très attachée tout en sachant qu'y rester la condamne à la misère.
Ce livre lui permet de faire sortir sa colère, de l'exprimer. 
Beatrice est une battante, elle ne va pas sombrer dans le désespoir au contraire, sa colère lui donne la rage de vivre, la rage de quitter ce quartier sans avenir, de se construire un futur.
Ce livre coup de poing avec une écriture sobre et percutante est un vrai coup de 
cœur pour moi. 

Merci Anaïs et les éditions Philippe Rey pour cette très belle découverte.

Note : ♥♥♥♥♥

 

Extrait : (début du livre)
24 juin 1987
Les jumeaux, voilà comment les gens nous appelaient.
Ils disaient qu'on était identiques, même si on ne se ressemblait pas.
Ils disaient qu'on était devenus le portrait craché l'un de l'autre à force de se côtoyer, deux gouttes d'eau. J'étais devant l'église.
Les graviers blancs se faufilaient dans mes sandales, me torturaient les pieds. Mais je n'y faisais pas attention, je continuais mon chemin jusqu'à l'ombre du parvis.
Vue de loin, l'église du quartier est un énorme blockhaus gris maladroitement encastré entre les immeubles. On dirait qu'on l'a fichée, enfoncée dans un trou trop étroit. Pourtant elle est là depuis des années et, de près, on la voit pour ce qu'elle est : quinze mètres de béton et des petits vitraux apparemment noirs, une porte renforcée, au sommet une croix tordue et toute rouillée qui tient comme par miracle.
On l'appelle la Pagode.
Ici, tout a un surnom. L'église, c'est la Pagode. Le quartier, c'est la Forteresse.
Et nous, on était les jumeaux.
Aujourd'hui aussi on nous a appelés comme ça. Il y avait un tas de gens dans l'église, ils murmuraient tous la même chose. Je ne me suis pas retournée, j'ai parcouru d'un pas lent la nef au sol brillant, et ils se sont écartés devant moi. Ils me regardaient à la dérobée, parce qu'autrement c'est mal.
J'ai eu l'impression d'être importante, au centre de l'attention, et j'ai trouvé absurde que cela m'arrive ainsi. Il me semblait que tous les yeux étaient pointés sur moi, même si les gens avaient l'air hébété, l'air de ne pas savoir quoi faire.

Ne vous inquiétez pas, avais-je envie de leur dire. Personne ne sait jamais quoi faire dans ces cas-là.
J'ai déposé le tournesol sur le cercueil et un baiser à l'endroit qui correspondait probablement à sa tête.
Puis j'ai rebroussé chemin du même pas lent et suis sortie.
Vu du parvis, le tournesol paraissait assez lourd pour tout écraser.
Les gens nous appelaient les jumeaux. Maintenant j'ignore comment ils m'appelleront.
Peut-être, enfin, par mon prénom, Béatrice. Un prénom particulier, insolite par ici.
Ma mère l'avait entendu prononcer à la télévision dans un film qui parlait d'une princesse.
Qui sait, l'idée de la princesse lui a plu, sans doute - je ne lui ai jamais posé la question.
La journée est belle. Un ciel encore bleu surplombe la Forteresse.
Je suis retournée à l'église et j'y suis restée jusqu'à la fin, assise au premier rang. J'ai écouté la messe, me suis levée aux bons moments, ai fait semblant de prier comme les autres.
Malgré la fatigue, l'envie de dormir et la nausée, j'ai simulé la dignité.

 Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013
logorl2013
5/6

 Challenge Voisins, voisines
 voisins_voisines_2013
Italie

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Défi 1er roman

2 septembre 2013

Le monde selon Garp - John Irving

Lecture Commune 
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avec  Valérie, Sandrine

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Seuil - mars 1980 - 582 pages

Points - 1981 - 608 pages

Points - février 1995 - 647 pages

Points - décembre 1998 - 680 pages

Points - novembre 2006 - 678 pages (édition limitée)

traduit de l'anglais (États-Unis) par 

Titre original : The World According To Garp, 1978

Quatrième de couverture : 
Jenny Fields ne veut pas d’homme dans sa vie mais elle désire un enfant. Ainsi naît Garp. Il grandit dans un collège où sa mère est infirmière. Puis ils décident tous deux d’écrire, et Jenny devient une icône du féminisme. Garp, heureux mari et père, vit pourtant dans la peur : dans son univers dominé par les femmes, la violence des hommes n’est jamais loin… Un livre culte, à l’imagination débridée, facétieuse satire de notre monde.

Auteur : John Irving est né en 1942 et a grandi à Exeter (New Hampshire). La publication de son quatrième roman, Le Monde selon Garp, lui a assuré une renommée et une reconnaissance internationales. Depuis, l’auteur accumule les succès auprès du public et de la critique. À moi seul bien des personnages est son treizième roman. Marié et père de trois garçons, John Irving partage son temps entre le Vermont et le Canada.

Mon avis : (lu en août 2013) 
Je croyais avoir déjà lu ce livre avant d'accepter cette lecture commune avec Valérie, Sandrine et Lucie. Mais j'ai vite compris que cette lecture était la première. Ce roman raconte la vie de l'écrivain S.T. Garp, depuis avant sa conception jusqu'à après sa mort avec le destin de tous ses proches. Sa mère Jenny Fields est est infirmière dans un hôpital de guerre lorsqu'elle profite de l'érection d'un soldat mourant pour avoir un enfant sans s'encombrer d'un homme... Elle lui donnera le nom du soldat S.T Garp (sergent technicien Garp). Sa famille étant choquée par la naissance illégitime de Garp, Jenny devient infirmière à plein temps au collège de Steering et élève seule son fils. Ce dernier fera ses études et découvrira la lutte au collège. Pour séduire Helen, la fille de son entraîneur de lutte, Garp décidera de devenir écrivain... Voici un tout petit aperçu du début du livre où l'on comprend vite que John Irving ne manque vraiment pas d'imagination...  

Je me suis laissé happer par l'histoire et le destin étonnant de Jenny Fields féministe avant l'heure, par Garp et ses mésaventures cocasses et souvent inattendues. Les personnages sont très nombreux et souvent décalés. Cette histoire est très dense et j'ai parfois trouvé quelques longueurs. En particulier les passages avec les écrits de Garp lui-même. On y retrouve les thèmes chers à John Irving.
Ce n'est pas le livre que j'ai préféré de John Irving, mais je suis contente d'avoir pu le découvrir.

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Le livre a été adapté au cinéma en 1982 par George Roy Hill avec Robin Williams dans le rôle de Garp. J'avais déjà vu ce film en DVD sans en garder un grand souvenir, hier, j'ai pris le temps de le revisionner et l'esprit du livre y est assez bien rendu même si de nombreux passages ont été passés sous silence comme par exemple ses nombreuses expériences sexuelles avant son mariage, son séjour à Vienne...

Arte diffuse ce film mercredi 4 septembre à 20h50 (Rediffusions : ven 06.09 à 2h10 et dim 08.09 à 1h30)

Allons découvrir maintenant les avis de Valérie, Sandrine.

Note :  ♥♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
La mère de Garp, Jenny Fields, fut arrêtée en 1942 à Boston, pour avoir blessé un homme dans un cinéma. Cela se passait peu de temps après le bombardement de Pearl Harbor par les Japonais, et les gens manifestaient une grande tolérance envers les militaires, parce que, bruquement, tout le monde était militaire, mais Jenny Fields, pour sa part, restait inébranlable dans l'intolérance que lui inspirait la conduite des hommes et des militaires en particulier. Dans le cinéma, elle avait dû changer trois fois de place, mais, le soldat s'étant chaque fois rapproché un peu plus, elle avait fini par se retrouver le dos contre le mur moisi, avec, entre elle et l'écran, un stupide pilier qui lui bouchait pratiquement la vue ; aussi avait-elle pris la décision de ne plus bouger. Le soldat, quant à lui, se déplaça une nouvelle fois et vint s'asseoir près d'ell.

Jenny avait vingt-deux ans. Elle avait plaqué l'université peu après avoir commencé ses études, puis était entrée dans une école d'infirmières, où elle avait terminé à la tête de sa classe. Elle était heureuse d'être infirmière. C'était une jeune femme à l'allure athlétique et aux joues perpétuellement enluminées ; elle avait des cheveux noirs et lustrés, et ce que sa mère appelait une démarche virile (elle balançait les bras en marchant) ; sa croupe et ses hanches étaient si fermes et si sveltes que, de dos, elle ressemblait à un jeune garçon. Jenny estimait, pour sa part, qu'elle avait les seins trop gros ; son buste provocant lui donnait, selon elle, l'air d'une fille "facile et vulgaire".

 

Déjà lu du même auteur : 

un_pri_re_pour_owen Une prière pour Owen une_veuve_de_papier_points2000 La veuve de papier 

TH968 Dernière nuit à Twisted River 

__moi_seul_bien_des_personnages_cd A moi seul bien des personnages

 A Challenge for John Irving

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43/50 :  Iowa

Challenge Petit BAC 2013
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"Géographie"

Pavé de l'été
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n°3

1 septembre 2013

Ma soeur vit sur la cheminée - Annabel Pitcher

 Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
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Le mot : SOEUR

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Plon - octobre 2011 - 236 pages

Plon jeunesse - octobre 2011 - 235 pages

Pocket Jeunesse - octobre 2012 - 220 pages

Pocket - octobre 2012 - 222 pages

traduit de l'anglais Amélie de Maupeou

Titre original : My Sister Lives on the Mantelpiece, 2011

Quatrième de couverture : 
Rose, la grande soeur de Jamie, a été tuée dans un attentat terroriste à Londres. Cette tragédie a fait voler en éclats l'équilibre de sa famille : les parents se rejettent la responsabilité du drame ; Jasmine, la soeur jumelle de Rose, essaie d'exister tant bien que mal dans leurs yeux ; Jamie, lui, continue à rêver, à s'imaginer en superhéros, à jouer.
Même si la vie ne sera plus jamais la même, du haut de ses 10 ans, Jamie porte, comme un bouclier, son désir de vivre et sa candeur. Et c'est ce regard tendre, intelligent, pur et malicieux qui vaincra le désespoir.
Une voix d'enfant si émouvante et juste qu'elle distille une émotion irrésistible et devient un exemple de résilience extraordinaire.

Auteur : Annabel Pitcher a étudié la littérature à Oxford. Ma soeur vit sur la cheminée est son premier roman, écrit pendant un tour du monde, et traduit dans une dizaine de langues.

Mon avis : (lu en août 2013)
Ce livre a été publié en même temps en éditions adulte et jeunesse. James a 10 ans, il nous raconte l'histoire de sa famille en deuil. Il y a 5 ans, Rose l'une de ses soeurs aînées a été tuée à Londres dans un attentat terroriste. Après ce drame, la famille est totalement déstabilisée, le père devient alcoolique, la mère quitte la maison et part avec un homme du groupe de soutien, l'urne funéraire de Rose trône sur la cheminée. Les deux enfants restants
, Jasmine, soeur jumelle de Rose, et James, se sentent donc bien seuls et abandonnés. Lorsque le livre commence le père et ses deux enfants ont quitté Londres et vivent maintenant à Ambleside au nord de l'Angleterre. A l'école, James rencontre Sunya, sa voisine de classe, elle sera la seule à le soutenir lorsqu'il est en prise avec la cruauté de certains garçons de sa classe. A la maison, son compagnon de jeu c'est Roger son chat roux. Ce livre est terriblement émouvant, la souffrance de ces deux enfant et adolescente est révoltante. Les interrogations de James sont nombreuses, Jasmine qui n'a que 15 ans en a assez de l'absence de leur mère et du manque de réaction leur père. J'ai aimé cette histoire même si j'ai trouvé assez dérangeant comportement démissionnaire des parents... A plusieurs reprises, j'ai versé quelques larmes.

Extrait : (début du livre)
Ma soeur Rose vit sur notre cheminée. Enfin, juste en partie. Trois de ses doigts, son coude droit et sa rotule ont été enterrés dans un cimetière, à Londres. Maman et papa ont eu une grosse dispute après que la police a retrouvé dix morceaux de son corps. Maman voulait une tombe sur laquelle elle pourrait se rendre, papa voulait une crémation et répandre les cendres dans la mer. En tout cas, c'est ce que Jasmine m'a dit. Elle se souvient mieux que moi. Je n'avais que cinq ans quand c'est arrivé. Jasmine avait dix ans, elle était la jumelle de Rose. Elle l'est toujours d'après maman, qui a mis des lustres à accepter que Jasmine change quelque chose à ses cheveux ou à son style vestimentaire. Ils ont habillé Jas de la même manière pendant des années, après l'enterrement - des robes à fleurs, des gilets et ces chaussures plates à boucle que Rose adorait. Je suppose que c'est pour cette raison que maman est partie avec cet homme du groupe de soutien, il y a soixante et onze jours. A son quinzième anniversaire, Jas a coupé tous ses cheveux, elle les a teints en rose et elle s'est fait faire un piercing dans le nez. Elle ne ressemblait plus du tout à Rose et ça, les parents n'ont pas pu le supporter. Maman est partie le jour même et je n'ai plus eu de nouvelles depuis.
Ils ont eu chacun cinq morceaux. Maman a mis les siens dans un cercueil très chic, sous une pierre tombale blanche très chic sur laquelle est écrit Mon ange. Papa a brûlé la clavicule, les deux côtes, un bout de crâne et un petit orteil et il a mis les cendres dans une urne dorée. Chacun a donc eu ce qu'il voulait mais - surprise, surprise ! - ça ne les a pas rendus heureux. Maman dit que c'est trop déprimant d'aller au cimetière et papa essaie de répandre les cendres de Rose à chaque date anniversaire de sa mort, mais il change toujours d'avis à la dernière minute. C'est comme s'il se passait quelque chose au moment précis où il s'apprête à disperser Rose dans la mer. L'année où nous sommes allés dans le Devon, il y avait tous ces poissons argentés qui grouillaient, comme s'ils étaient impatients de manger ma soeur. Une autre fois, en Cornouailles, une mouette a lâché du guano sur l'urne pile au moment où papa allait l'ouvrir. J'ai commencé à rigoler mais Jas avait l'air triste, alors j'ai arrêté.
Nous avons quitté Londres pour prendre du recul par rapport à tout ça. Papa connaissait quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui l'a appelé au sujet d'un travail dans la région des lacs. Cela faisait des années qu'il ne travaillait plus, à Londres. Nous sommes en récession, ce qui veut dire que le pays n'a plus d'argent, alors on ne construit presque plus rien. Quand il a obtenu cet emploi à Ambleside, on a vendu notre appartement, loué un cottage et laissé maman à Londres. J'ai parié cinq euros avec Jas que maman viendrait nous dire au revoir. J'ai perdu, mais Jas ne m'a jamais réclamé l'argent. Dans la voiture, Jas a dit On joue aux espions, mais elle n'a même pas été capable de deviner Quelque chose qui commence avec un R alors que Roger était assis sur mes genoux en train de ronronner comme pour lui donner un indice.

Challenge Voisins, voisines

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Grande-Bretagne

  Challenge God Save The Livre 
Challenge_anglais

27 août 2013

Autumn Laing – Alex Miller

Lu dans le cadre de La Rentrée Littéraire 2013 Libfly
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traduit de l'anglais (Australie) par Françoise Pertat

Titre original : Autumn Laing, 2011

Quatrième de couverture :
« C’est ici que tout a commencé il y a cinquante-trois ans. »
C’est ici, dans la moiteur des environs de Melbourne, qu’Autumn Laing, née Gabrielle Louise Ballard, connut l’unique passion de son existence. 
Au crépuscule de sa vie, Autumn, solitaire et revêche, raconte comment la tendresse qui la liait à son mari, Arthur, homme de loi intègre fréquentant la bohème des années trente, fut balayée par sa relation avec Pat Donlon. Peintre génial, fascinant d’égoïsme, il révolutionna autant son quotidien que l’art de son pays. Entre eux, la passion est physique, l’amour incandescent, le désir dévastateur. Car face à la folie créatrice de l’artiste, la muse n’est rien qu’un souffle vite emporté, une image vite oubliée.
Après le magistral Lovesong, Alex Miller prouve qu’il est sans conteste l’un des plus grands prospecteurs des sentiments amoureux, en offrant une vision de l’amour avec ses zéniths et ses gouffres, son tumulte et ses silences.

Auteur : Alex Miller est né en 1936 à Londres. Australien d’adoption, il fut tour à tour garçon de ferme, magasinier, carillonneur, dresseur de chevaux, universitaire, dramaturge et enseignant, avant de publier en 1988 son premier livre. Auteur de dix romans, tous encensés par la critique, c’est avec Landscape of Farewell (2007), Lovesong (Phébus, 2012) et surtout Autumn Laing qu’il acquiert définitivement le statut d’écrivain majeur de son pays. Il reçoit en 2007 le Manning Clark Cultural Award pour sa contribution au rayonnement de la littérature australienne à l’étranger.

Mon avis : (lu en juillet 2013)
« Ils sont tous morts, et moi je suis vieille et décharnée. C’est ici que tout a commencé il y a cinquante-trois ans. » Voilà les premières phrases de ce livre. La narratrice, c'est Autumn Laing, elle a 85 ans et elle vit seule à Old Farm environs de Melbourne en Australie. Après avoir aperçu en ville, Edith Dolon qu'elle n'avait plus vu depuis plus de cinquante ans, Autumn est renvoyée vers son passé et elle se met à raconter ses souvenirs. Dans les années 30, Autumn et Arthur Laing s'occupaient de la promotion d'artistes australiens. En 1938, ils font la connaissance de Pat Dolon, un jeune peintre plein d'ambition. Pat est marié avec Edith. Entre Autumn et Pat une vraie complicité s'installe qui deviendra une passion. Autumn a dix de plus que Pat mais elle l'inspira l'artiste en herbe. Le lecteur suit en alternance le présent et le passé d'Autumn, il découvrira peu à peu la suite de cette passion.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre, sans doute car l'auteur prend son temps pour installer l'intrigue et les différents protagonistes. Ensuite, j'ai été embarquée par le récit de cette histoire d'amour, intéressée également par le côté artistique sans oublier la découverte des grands espaces australiens décrit formidablement par Alex Miller. 
Cette histoire est une fiction même si l'auteur ne se cache pas avoir été inspiré par la vie de Sunday Reed (Autumn Laing) et du peintre Sidney Nolan (Pat Dolon).

Merci à Libfly et Le Furet du Nord pour m'avoir permis de découvrir ce livre à l'occasion de l'opération On vous lit tout.

Note : ♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
Ils sont tous morts, et moi je suis vieille et décharnée. C’est ici que tout a commencé il y a cinquante-trois ans. Ici, où j’ai trouvé refuge à l’ombre de l’ancienne écurie aux planches gondolées et disjointes en cet après-midi de janvier étouffant. J’avais trente-deux ans. je m’y protège du soleil et de la fumée. L’odeur du papier brûlé m’a suivie. De la fumée bleue danse dans les lames de soleil qui découpent des formes dans l’obscurité, imitant en cela l’œuvre d’un certain peintre que nous admirions autrefois. Que de choses cachées et étouffées en cet endroit! La maison des morts, voilà le nom que je devrais lui donner. À l’ombre où est ma place. Ne riez pas. C’est une vieille angoisse chez moi, ce besoin de fouiller les immondices de la pointe de ma sandale, à les bousculer dans l’espoir (ou la terreur) d’y dénicher quelque chose. je ne suis plus une femme. vous allez vite comprendre pourquoi. La boucle de mon nu-pieds gauche s’est cassée la nuit dernière, alors que je tirais mon matelas sous la véranda en quête d’un peu de fraîcheur. La fraîcheur, je ne l’ai pas trouvée, par contre mon pied a buté contre la marche. je n’ai plus de force dans les jambes. Mes jambes! Du temps de ma peau lisse, je l’ai séduit en lui découvrant par intermittence mes cuisses nacrées, tandis que je l’observais, fou de désir de me toucher, pendant que moi je fondais. Rien ne pouvait nous arrêter à l’époque.

Hier, je l’ai croisée dans la rue. Et la nuit dernière, je n’ai pas fermé l’œil à cause d’elle. L’air me brûlait les poumons à deux heures du matin. J’ai alors envisagé de descendre jusqu’à la berge, pour m’étendre sur l’herbe sous les mimosas, afin d’y trouver du réconfort. Mais je n’en suis plus capable. La dernière fois que je suis allée au fleuve remonte au moins à quinze ans. Si je pouvais y retourner, je m’y étendrais nue, comme de son temps. Le corps blanc, immobile et froid au clair de lune, maintenant. Sur le dos (« toujours prête », selon l’expression consacrée de Pat), le cerveau en ébullition, à penser à ma vie et à la leur. Sa vie à lui et sa vie à elle. Il ne me reste guère plus que la peau et les os. Non, c’est drôle. C’est comme ça qu’il faut l’entendre. Riez donc si cela vous fait plaisir! je n’ai jamais reproché un rire à quiconque. Dieu seul sait combien les occasions sont rares.

Jusqu’à ma rencontre d’hier avec Edith, j’étais prête à devenir ce cadavre blanc sur la rive. C’est vrai, c’est ce que je voulais. Le moyen d’en finir, je l’ai au fond du tiroir de ma table de chevet. Mais au lieu de mourir la nuit dernière, j’ai rafistolé ma sandale avec le ruban de soie mauve entourant la boîte de chocolats bon marché offerte par cette femme minable venue me voir hier. Était-ce hier? Était-ce avant, ou après ma rencontre avec Edith? Peu importe. Elle – je parle de la femme aux chocolats, et non d’Edith – a garé sa voiture près de la porte principale, puis a contourné la propriété pour entrer par le portail de derrière et faire son apparition parmi les rhododendrons, telle une intime de notre ancien cercle. Elle m’a surprise, la chemise de nuit relevée jusqu’à la taille, à trois heures de l’après-midi, en train de me soigner les cors. Il me faudrait un gros chien. Ou un fusil. Un pied posé sur le rebord en brique, à l’autre bout du bassin à poissons (sans poissons), elle me souriait en me tendant son cadeau de pacotille. Toute vêtue de lin blanc immaculé. Énorme, elle transpirait à grosses gouttes. Le corps idéal pour dévaler la colline jusqu’au fleuve. C’est ce à quoi j’ai pensé en la regardant.

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25 août 2013

La femme à 1000° - Hallgrimur Helgason

Lu dans le cadre de La Rentrée Littéraire 2013 Libfly
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La_femme_a_1000_7036 Presse de la Cité - août 2013 - 633 pages

traduit de l'islandais par Jean-Christophe Salaün

Titre original : Konan við 1000°, 2011

Quatrième de couverture :
Herbjörg Maria Björnsson. Un nom imprononçable que vous n’êtes pas près d’oublier. 

Condamnée à vivre dans un garage avec pour seule compagnie son ordinateur portable, une provision de cigarettes et une grenade datant de la fin de la Seconde Guerre mondiale, une octogénaire islandaise atteinte d’un cancer en phase terminale revient sur sa vie en attendant la mort. Car Herra, comme on l’appelle, a beaucoup de choses à raconter. Petite-fille du premier président d’Islande, fille d’une paysanne et du seul nazi islandais avéré, elle a, au fil de son existence mouvementée, vécu la guerre et l’exil, connu beaucoup d’hommes, parfois célèbres, et vu la mort, de bien trop près. Avant de s’envoyer en l’air pour de bon, elle passe en revue son passé et celui de son pays, l’occasion pour elle de régler au passage quelques comptes. 
Dans ce roman inclassable et truculent qui, à la manière d'un collage, alterne humour, cynisme, tendresse, poésie et noirceur, Hallgrimur Helgason fait preuve d'une inventivité linguistique époustouflante. La Femme à 1000° navigue entre légèreté et profondeur au gré du récit de l'irrévérencieuse Herra, dont l'histoire est à l'image de celle de l'Islande, sa patrie, et de celle de l'Europe : mouvementée, sanglante et tragique.

Auteur : Hallgrímur Helgason, né en 1959 à Reykjavík, est écrivain, peintre, noveliste et traducteur. Il est l'auteur du roman policier 101 Reykjavik qui fut adapté au cinéma par Baltasar Kormákur sous le titre 101 Reykjavik en 2000. Il reçoit en 2002 le prix de littérature islandaise pour son livre L'auteur d'Islande.

Mon avis : (lu en juin 2013)
J'ai choisi de découvrir ce livre non pas grâce à la couverture du livre (pas très engageante...) mais pour son auteur islandais... Mais je n'avais pas vu le nombre de pages... 633 !
J'ai facilement lu le début du livre car les chapitres sont assez courts. Chaque chapitre est daté car l'histoire se déroule de 1929 année de naissance de Herra à 2009, c'est à dire de nos jours avec quelques incursions dans un passé encore plus lointain...
La narratrice, Herbjörg Maria Björnsson dit Herra a 80 ans, elle termine sa vie dans un garage. Elle a un cancer et elle attend la mort, elle a même déjà pris rendez-vous pour sa crémation. Elle est seule avec son ordinateur branché sur internet et les visites quotidiennes de deux aides à domicile. Elle nous raconte sa vie à travers de nombreuses anecdotes car sa famille et sa vie sont plus qu'originales ! En même temps, le lecteur découvre l'histoire de l'Islande.
Dans les 100 premières pages, le récit passe d'une année à l'autre dans un tel désordre que l'on a peine à suivre... Ensuite commence la période de la Seconde Guerre Mondiale de façon chronologique, et donc plus facile à suivre. Hella est née en Islande, elle vivra au Danemark, en Allemagne, en Pologne, à Paris, en Argentine... Elle est la petite-fils du premier président de la République d'Islande. Son père s'engage dans l'Armée Allemande. Hella aura quatre enfants, quatre maris...
J'ai globalement aimé ce roman même si j'y ai trouvé quelques longueurs, j'ai appris beaucoup de choses sur l'histoire de l'Islande. Avant la Seconde Guerre mondiale, l'Islande est sous domination du Danemark, en avril 1940 le Danemark est envahi par l'Allemagne nazie donc l'Islande se retrouve sous domination de l'Allemagne. Le Royaume Uni, craignant que les Allemands occupent l'Islande, s'installe d'autorité en Islande, puis en 1941 ce sont les Américains qui les remplacent, ils ne quitteront le pays qu'en 2006... En 1944, c'est la proclamation de l'Indépendance et la création de la République d'Islande. Sveinn Björnsson (le grand-père d'Hella) devient le premier président de la République. 
J'ai beaucoup aimé les chapitres datés de 2009, lorsque Herra raconte son quotidien dans son garage. Elle fume cigarettes sur cigarettes, elle a toujours avec elle une vieille grenade datant de la Seconde Guerre Mondiale. Connectée à internet, elle s'invente plusieurs profils et se fait passer pour Linda une ancienne miss Monde de 1988. Le ton est grinçant, plein d'humour noir. 

Merci à Libfly et Le Furet du Nord pour m'avoir permis de découvrir ce livre à l'occasion de l'opération On vous lit tout.

Note : ♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
Je vis ici, seule dans un garage, avec pour unique compagnon un ordinateur portable et une vieille grenade. Un vrai petit nid douillet. Mon lit est un lit d'hôpital ; je n'ai guère besoin d'autre mobilier, en dehors de toilettes, qu'il m'est toujours pénible de devoir utiliser. J'en ai pour des heures à les atteindre : d'abord, toute la longueur du lit, et encore tout autant pour arriver au petit coin. Via Dolorosa, c'est le nom que je donne à ce parcours qui me voit chanceler trois fois par jour comme un spectre perclus de rhumatismes. Bassin & cathéter sont mes rêves du moment, mais ma demande est bloquée dans les méandres administratifs. Chienne de vie.

Ici, il n'y a pas grand-chose à voir par la fenêtre. C'est sur l'écran d'ordinateur que le monde m'apparaît. Les messages vont et viennent, et ma page Facebook s'allonge, comme la vie. Les glaciers fondent, les présidents noircissent, et les gens pleurent leur voiture ou leur maison. L'avenir, lui attend patiemment près du tapis à bagages, regard en biais et sourire narquois. Oui, j'observe d'un oeil attentif sous mes draps blancs. Je gis là, cadavre sans besoins, à espérer la mort, ou que l'autre m'apporte ma dose à prolonger l'existence. Elles s'occupent de moi deux fois par jour, les filles de l'hospitalisation à domicile de la ville de Reykjavik. La jeune vierge qui vient le matin est une vraie princesse, mais la vieille peau de l'après-midi, aux mains froides et à l'haleine lourde, vide toujours mes cendriers d'un geste brusque.

 Challenge Petit BAC 2013
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Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013
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1/6

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Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche

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Islande

Challenge Voisins, voisines

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Islande

Challenge Cap au Nord
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22 août 2013

Nos étoiles contraires - John Green

Nos__toiles_contraires Nathan - février 2013 - 330 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Catherine Gibert

Titre original : The Fault in Our Stars, 2012

Présentation éditeur : 
Hazel, 16 ans, est atteinte d'un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l'évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu'elle s'y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d'autres jeunes malades. C'est là qu'elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature. Entre les deux adolescents, l'attirance est immédiate. Et malgré les réticences d'Hazel, qui a peur de s'impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d'amour commence… les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie.

Auteur : John Green est né en 1977. Il vit avec sa femme et son fils à Indianapolis, la capitale de l'Etat de l'Indiana, aux Etats-Unis. Il a reçu de nombreux prix pour ses romans, dont le Michael L Printz Award, prestigieux prix américain, pour son premier roman Qui es-tu Alaska ? John Green et son frère, Hank, sont les auteurs de Vlogbrothers, un des projets de vidéos en ligne les plus connus au monde.

Mon avis : (lu en juillet 2013)
Ce livre nous raconte une histoire d'amour entre deux ados. Cela pourrait sembler banal mais cela ne l'est pas ! La narratrice, Hazel a 16 ans, elle a un cancer et vit avec mais elle se sait également condamnée à courte échéance. Dans un groupe de paroles, elle fait la connaissance d'Augustus, un garçon en rémission et leur attirance est évidente. Mais une relation dans ces circonstances ce n'est pas simple... Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue plutôt originale et bien trouvée.
Entre rires et larmes, l'émotion est présente à tout instant et l'histoire est bouleversante. Belle découverte !

Extrait : (début du livre)
L'ANNÉE où j'ai eu dix-sept ans, vers la fin de l'hiver, ma mère a décrété que je faisais une dépression. Tout ça parce que je ne sortais quasiment pas de la maison, que je traînais au lit à longueur de journée, que je relisais le même livre en boucle, que je sautais des repas et que je passais le plus clair de mon immense temps libre à penser à la mort.
Quoi qu'on lise sur le cancer (brochures, sites Internet ou autres), on trouvera toujours la dépression parmi les effets secondaires. Pourtant, la dépression n'est pas un effet secondaire du cancer. C'est mourir qui provoque la dépression (et le cancer, et à peu près tout, d'ailleurs). Mais ma mère, persuadée que je devais être soignée, a pris rendez-vous chez mon médecin, le docteur Jim, qui a confirmé que je nageais en pleine dépression, une dépression tétanisante et tout ce qu'il y a de plus clinique. Conclusion, il fallait modifier mon traitement et je devais m'inscrire à un groupe de soutien hebdomadaire.
Le groupe était formé d'une brochette de guignols plus ou moins mal en point dont la composition changeait régulièrement. Pourquoi changeait-elle ? Un effet secondaire de la mort.
Inutile de préciser que ces séances étaient déprimantes au possible. Elles avaient lieu tous les mercredis dans la crypte en forme de croix d'une église épiscopale aux murs de pierre. On s'asseyait en cercle au centre de la croix, là où les deux morceaux de bois auraient dû se croiser : pile où le coeur de jésus aurait dû se trouver.
Je le savais parce que patrick, l'animateur, qui était aussi la seule personne du groupe à avoir plus de dix-huit ans, nous bassinait à chaque réunion avec le sacré coeur de jésus, au centre duquel nous, jeunes survivants du cancer, étions littéralement réunis.
Voilà comment ça se passait au coeur du coeur de dieu : groupe de six, sept ou dix nous arrivions à pied ou en chaise roulante, piochions dans un malheureux assortiment de biscuits et nous nous servions un verre de limonade, avant de prendre place dans le cercle de la vérité et d'écouter patrick leur débiter pour la millième fois le récit de sa misérable petite vie. il avait eu un cancer des testicules et aurait dû en mourir, sauf que patrick n'était pas mort. il était même un adulte bien vivant, qui se tenait devant nous dans la crypte d'une église de la 137e ville d'Amérique la plus agréable à vivre, divorcé, accro aux jeux vidéo, seul, vivotant du maigre revenu que lui rapportait l'exploitation de son passé de super cancéreux, futur détenteur d'un master ne risquant pas d'améliorer ses perspectives de carrière, et qui attendait, comme nous tous, que l'épée de Damoclès lui procure le soulagement auquel il avait échappé des années plus tôt quand le cancer lui avait ravi les couilles, mais avait épargné ce que seule une âme charitable qualifierait de vie.
ET TOI AUSSI, TU PEUX AVOIR CETTE CHANCE !

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43/50 : Indiana

 

16 août 2013

1Q84 Livre 1 Avril - Juin - Haruki Murakami

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Audiolib - janvier 2012 - lu par Maia Baran et Emmanuel Dekoninck

Belfond - août 2011 - 533 pages

10/18 - septembre 2012 - 550 pages

traduit du japonais par Hélène Morita

Titre original :  1Q84, book 1, 2009

Quatrième de couverture : 
Au Japon, en 1984.
C'est l'histoire de deux mondes, celui réel de 1984 et un monde parallèle tout aussi vivant, celui de 1Q84. Deux mondes imbriqués dans lesquels évoluent, en alternance, Aomamé et Tengo, 29 ans tous deux, qui ont fréquenté la même école lorsqu'ils avaient dix ans. A l'époque, les autres enfants se moquaient d'Aomamé à cause de son prénom, « Haricot de soja », et de l'appartenance de ses parents à la nouvelle religion des Témoins. Un jour, Tengo l'a défendue et Aomamé lui a serré la main. Un pacte secret conclu entre deux enfants, le signe d'un amour pur dont ils auront toujours la nostalgie.
En 1984, chacun mène sa vie, ses amours, ses activités.
Tueuse professionnelle, Aomamé se croit investie d'une mission : exécuter les hommes qui ont fait violence aux femmes. Aomamé a aussi une particularité : la faculté innée de retenir quantité de faits, d'événements, de dates en rapport avec l'Histoire.
Tengo est un génie des maths, apprenti-écrivain et nègre pour un éditeur qui lui demande de réécrire l'autobiographie d'une jeune fille échappée de la secte des Précurseurs. Il est aussi régulièrement pris de malaises lors desquels il revoit une scène dont il a été témoin à l'âge d'un an et demi.
Les deux jeunes gens sont destinés à se retrouver mais où ? Quand ? En 1984 ? Dans 1Q84 ? Dans cette vie ? Dans la mort ? 

Auteur : Né à Kyoto en 1949 et élevé à Kobe, Haruki Murakami a étudié le théâtre et le cinéma à l'université Waseda, avant d'ouvrir un club de jazz à Tokyo en 1974. Son premier roman Écoute le chant du vent (1979), un titre emprunté à Truman Capote, lui a valu le prix Gunzo et un succès immédiat. Suivront La Course au mouton sauvageLa Fin des tempsLa Ballade de l'impossibleDanse, Danse, Danse et L'éléphant s'évapore. Exilé en Grèce en 1988, en Italie, puis aux États-Unis, où il écrit sesChroniques de l'oiseau à ressort (2001) et Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil (2002), il rentre au Japon en 1995, écrit deux livres de non-fiction sur le séisme de Kobe et l'attentat de la secte Aum, un recueil de nouvelles, Après le tremblement de terre (2002), Les Amants du spoutnik (2003) et le superbe Kafka sur le rivage (2006). Plusieurs fois favori pour le Nobel de littérature, Haruki Murakami a reçu récemment le prestigieux Yomiuri Prize et le prix Kafka 2006. 

Mon avis : (lu en juillet 2013)
C'est le premier livre de Haruki Murakami que je lis. Ce titre assez bizarre fait référence à 1984 de George Orwell que je n'ai jamais lu...
Il y a dans cette histoire deux histoires et deux narrateurs en parallèle. Aomamé est une jeune femme célibataire, professeur d'arts martiaux, elle est également tueuse professionnelle. C'est une solitaire qui a eu des relations difficiles avec ses parents pendant son enfance. Tengo a trente ans, il est professeur de mathématiques en classes prépas. Sa deuxième passion c'est l'écriture. Un ami éditeur lui a demandé de réécrire le roman reçu de la part d'une jeune fille de 17 ans et nommée Fukaéri. Cette dernière est assez mystérieuse... Nous sommes plongés dans une histoire à la fois délirante et palpitante. En alternance le lecteur suis le récit de Tengo et d'Aomamé.
J'ai écouté avec beaucoup de facilité le début du livre puis l'histoire m'a un peu lassée, car n'évoluant pas beaucoup... Les passages fantastiques m'ont un peu déroutée et pas vraiment passionnée. J'ai donc mis pas mal de temps à terminer ce livre qui laisse l'intrigue un peu en plan pour nous inciter à lire la suite...
Ayant oublié de réserver les livres-audio des Livres 2 et 3, je ne compte donc pas lire la suite avant quelques mois en audio ou en papier...

 

Extrait : (début du livre)
La radio du taxi diffusait une émission de musique classique en stéréo. C’était la Sinfonietta de Janacek. Etait-ce un morceau approprié quand on est coincé dans des embouteillages ? Ce serait trop dire. D’ailleurs, le chauffeur lui-même ne semblait pas y prêter une oreille attentive. L’homme, d’un âge moyen, se contentait de contempler l’alignement sans fin des voitures devant lui, la bouche serrée, tel un vieux marin aguerri, debout à la proue de son bateau, appliqué à déchiffrer quelque sinistre pressentiment dans la jonction des courants marins. Aomamé, profondément enfoncée dans le siège arrière du véhicule, écoutait, les yeux mi-clos.
Combien y aurait-il d’auditeurs, à l’écoute des premières mesures de la Sinfonietta de Janacek, qui reconnaîtraient immédiatement ce morceau ? Disons : entre « très peu » et « presque aucun ». Mais Aomamé, elle, pour une raison ou une autre, en était capable.
Janacek avait composé cette courte symphonie en 1926. Le thème principal avait été conçu à l’origine pour une fanfare à l’occasion d’une rencontre sportive. Aomamé imaginait la Tchécoslovaquie de 1926. Après la Première Guerre mondiale, le pays s’était enfin libéré de la très longue domination des Habsbourg, les gens buvaient de la bière Pilsner dans les cafés, ils fabriquaient des mitrailleuses efficaces et raffinées, ils goûtaient la paix passagère qui visitait l’Europe centrale. Franz Kafka, encore méconnu, avait disparu deux ans auparavant. Bientôt apparaîtrait Hitler, qui ne ferait qu’une bouchée de ce joli petit pays. Mais, en ce temps-là, tout le monde ignorait que des événements aussi terribles allaient advenir. Ce que l’Histoire enseigne de plus important aux hommes pourrait se formuler ainsi : « A l’époque, personne ne savait ce qui allait arriver. »
En écoutant cette musique, Aomamé imaginait les vents qui balayaient sans obstacle les plaines de Bohême et laissait ses pensées vagabonder sur l’Histoire.
1926, c’était la mort de l’empereur Taishô, le commencement d’une ère nouvelle, l’ère Shôwa. Au Japon aussi, ce serait le début d’une époque sombre et terrible. Le modernisme et la démocratie avaient joué leur bref intermède. Celui-ci achevé, le fascisme imposerait sa loi.
L’histoire, comme le sport, était ce qui intéressait le plus Aomamé. Elle ne se lassait pas de lire de nombreux ouvrages historiques, alors qu’elle n’était guère portée sur les romans. En matière d’histoire, elle aimait avant tout que tous les événements soient bien reliés à une chronologie et à un lieu précis. Elle n’avait aucune difficulté à se souvenir des dates. Même quand elle ne l’avait pas apprise par coeur, la chronologie se dessinait automatiquement, du moment qu’elle avait saisi la cohésion d’ensemble des divers événements. Au collège et au lycée, Aomamé avait toujours les meilleures notes de la classe aux contrôles d’histoire, et elle trouvait étrange qu’un élève ait du mal à retenir la succession des dates, alors que c’était si facile d’y parvenir.
Aomamé était son vrai nom. Son grand-père paternel était originaire de la préfecture de Fukushima et là-bas, dans des petites villes ou villages des montagnes, un certain nombre de personnes portaient réellement ce nom d’ »Aomamé » – haricots de soja verts. Elle-même ne s’était jamais rendue dans cette région. Avant sa naissance, son père avait rompu avec sa famille. Il en allait de même avec sa lignée maternelle. Par conséquent, Aomamé n’avait jamais rencontré un seul de ses grands-parents. Elle n’avait pour ainsi dire pas voyagé, mais, en de rares occasions, elle avait consulté l’annuaire téléphonique de son hôtel pour chercher si des gens portaient ce patronyme. Jamais elle n’en avait trouvé nulle part, dans aucune ville, grande ou petite. Elle avait chaque fois l’impression d’être une naufragée solitaire jetée dans un immense océan.
Donner son nom était pénible. Dès qu’elle l’avait prononcé, son interlocuteur prenait un air surpris ou la considérait d’un oeil embarrassé. Mademoiselle Aomamé ? Oui, c’est bien ça. Et mon nom s’écrit A-o-m-a-m-é, comme les haricots de soja, bleu-vert, oui. Quand elle avait travaillé dans une entreprise et qu’elle avait dû avoir des cartes de visite, les tracasseries avaient été d’autant plus nombreuses. L’autre regardait longuement, d’un oeil méfiant, la carte qu’elle lui tendait. Comme si elle lui avait fait lire une lettre maléfique à brûle-pourpoint. Lorsqu’elle se présentait au téléphone, il y avait même des rires étouffés. Dans la salle d’attente de la mairie ou de l’hôpital, dès que son nom était appelé, les gens levaient le nez pour la regarder. Quelle tête pouvait bien avoir quelqu’un affublé d’un nom pareil ?
Parfois, les gens se trompaient et l’appelaient « Edamamé » – haricots de soja encore verts – ou même « Soramamé » – fèves. Chaque fois, elle rectifiait. « Non, ce n’est pas Edamamé (ou Soramamé). Bien sûr, ces noms se ressemblent… » Et la personne de s’excuser avec un petit rire. « Voyez-vous, c’est un nom tellement rare… » En trente ans, combien de fois lui avait-il fallu entendre la même chose ? Combien de plaisanteries stupides ?
Si je n’étais pas née avec un nom pareil, peut-être ma vie aurait-elle pris un tour différent. Si je m’étais appelée « Satô » ou « Tanaka » ou encore « Suzuki », un patronyme bien banal, j’aurais peut-être eu une existence plus tranquille et regardé les autres d’un oeil plus tolérant. Possible.
Aomamé, les yeux clos, écoutait la musique avec attention. Elle se laissait envahir par les belles vibrations produites par l’unisson des bois. Brusquement, quelque chose la frappa. La qualité de la musique était trop bonne pour une radio de taxi. Même à faible volume, le son était profond et les harmoniques clairement restitués. Elle ouvrit les yeux, se redressa et examina la stéréo encastrée dans le tableau de bord. L’appareil était tout noir, élégant et brillant. Elle ne pouvait voir le nom du fabricant mais comprenait bien que c’était un modèle de prix, avec ses multiples réglages et son affichage numérique vert en façade. Sans doute un appareil de première qualité. Pour un taxi ordinaire appartenant à une compagnie, une aussi belle installation stéréo, c’était étonnant.

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Ma 1ère lecture
d'un auteur : 7/13
 

 Challenge Petit BAC 2013
petit_bac_2013
"Chiffre/Nombre"

22 juin 2013

Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffer, Annie Barrows

Cercle_litt_raire_audiolib le_cercle_litt_raire_des_Amateurs_d_Epluchures_de_patates 7657026189_le_cercle_litteraire_des_amateurs_d_epluchures_d

Audiolib - novembre 2011 - lu par Cachou Kirsch et 4 comédiens

NIL – avril 2009 – 396 pages

10/18 - janvier 2011 - 410 pages

traduit de l'américain par Aline Azoulay

Titre original : The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society, 2008

Présentation de l'éditeur
Janvier 1946. Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivaine anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, un natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre son monde et celui de ses amis - un monde insoupçonné, délicieusement excentrique. Celui d'un club de lecture créé pendant la guerre pour échapper aux foudres d'une patrouille allemande un soir où, bravant le couvre-feu, ses membres venaient de déguster un cochon grillé (et une tourte aux épluchures de patates...) délices bien évidemment strictement prohibés par l'occupant. Jamais à court d'imagination, le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates déborde de charme, de drôlerie, de tendresse, d'humanité Juliet est conquise. Peu à peu, elle élargit sa correspondance avec plusieurs membres du Cercle et même d'autres habitants de Guernesey , découvrant l'histoire de l'île, les goûts (littéraires et autres) de chacun, l'impact de l'Occupation allemande sur leurs vies... Jusqu'au jour où elle comprend qu'elle tient avec le Cercle le sujet de son prochain roman. Alors elle répond à l'invitation chaleureuse de ses nouveaux amis et se rend à Guernesey. Ce qu'elle va trouver là-bas changera sa vie à jamais. 

Auteur : Mary Ann Shaffer est née en 1934 en Virginie-Occidentale. C'est lors d'un séjour à Londres, en 1976, qu'elle commence à s'intéresser à Guernesey. Sur un coup de tête, elle prend l'avion pour gagner cette petite île oubliée où elle reste coincée à cause d'un épais brouillard. Elle se plonge alors dans un ouvrage sur Jersey qu'elle dévore : ainsi naît fascination pour les îles anglo-normandes. Des années plus tard, encouragée à écrire un livre par son propre cercle littéraire, Mary Ann Shaffer pense naturellement à Guernesey. Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates est son premier roman, écrit avec sa nièce, Annie Barrows, elle-même auteur de livres pour enfants. Mary Ann Shaffer est malheureusement décédée en février 2008 peu de temps après avoir su que son livre allait être publié et traduit en plusieurs langues.

Lecteurs : 
Comédienne bruxelloise et sociologue de formation, Cachou Kirsch joue depuis 2003, sur les planches comme à l'écran... Elle est également chargée de production du Festival Esperanzah!, ainsi que musicienne. En 2007, elle a été nominée en tant qu'Espoir féminin aux Prix du Théâtre belge.

Nathalie HonsComédienne de théâtre, elle découvre le monde du doublage. Depuis elle ne l’a jamais quitté et prête sa voix à de nombreux personnages. Elle restitue avec beaucoup de justesse dans cette lecture le mélange de douce nostalgie et de véritable angoisse qui donne au roman de Tatiana de Rosnay sa tonalité si particulière.

Thierry Janssen : Né en 1972 et diplômé de l'IAD Théâtre en 1995, il est à la fois comédien, auteur et metteur en scène. Formé au clown et à la commedia dell'arte, il a travaillé entre autres avec Carlo Boso et Franco Dragone.

Philippe Résimont brûle les planches depuis plus de 20 ans dans desregistres très différents (Cyrano de Bergerac, Le Misanthrope, Ladies Night, Littoral). Il participe également à quelques aventures cinématographiques (Les convoyeurs attendent, Maternelle, Une nuit).

Nathalie Hugo : Cette comédienne de théâtre au riche parcours exerce également ses talents dans des comédies musicales, le doublage de films de cinéma ou de télévision et celui de dessins animés.

Mon avis : (écouté en juin 2013)
C'est une relecture qui me faisait très envie ayant beaucoup aimé ce livre lors de ma première lecture en 2009. Paradoxalement, j'ai eu un peu de mal à écouter ce livre audio. En effet, ce livre est constitué d'une succession d'échanges de lettres. Si je ne me concentrais pas au début de chaque lettre, je n'enregistrais pas "qui" écrivait "à qui" d'autant plus que les personnages sont nombreux. Le livre est lu par Cachou Kirsch en principale lectrices et quatre autres lecteurs (2 lecteurs, 2 lectrices) mais je n'arrivais pas à distinguer les uns des autres. 
J'ai donc souvent relu certains chapitres. Cela ne m'a pas gênée car c'est un livre que l'on ne veut pas quitter et ainsi, j'ai vraiment pris tout mon temps pour le savourer. J'ai donc redécouvert ce livre avec autant de plaisir que la première fois.

J'ai également choisi ce livre pour ce mois de juin puisque l'histoire se passe entre Londres et Guernesey (Ile Anglo-Normande). Mais je m'aperçoie que l'auteur n'est pas anglaise, mais américaine...

Extrait : ici

 

 

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41/50 :  Virginie Occidentale
Mary Ann Shaffer est née en Virginie-Occidentale

 Challenge Petit BAC 2013
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"Aliment/Boisson"

 

 

13 juin 2013

De pierre et cendre - Linda Newbery

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Phébus -avril 2008 - 400 pages

Livre de Poche - avril 2009 - 380 pages

traduit de l'anglais par Joseph Antoine

Titre original : Set in stone, 2006

Quatrième de couverture : 
Lorsque, par un soir brumeux de 1898, le jeune peintre Samuel Godwin pousse les grilles de la propriété de Fourwinds, il est immédiatement envoûté. Engagé pour enseigner l'art aux deux filles de Mr Farrow, il ignore encore que cette luxueuse demeure sera pour lui le décor de ses plus belles peintures. Intrigué par la personnalité ombrageuse du maître des lieux, séduit par les jeunes demoiselles, Marianne et Juliana, désarçonné par Charlotte Agnew, leur gouvernante et dame de compagnie, Samuel comprend vite que le raffinement du décor et des êtres dissimule de bien sombres mystères et que le vent souffle pour mieux balayer les cendres d'un passé scandaleux...

Auteur : Linda Newbery vit actuellement dans un village du Northamptonshire, conteuse de génie, elle signe ici un roman dans la plus pure tradition gothique et se révèle ainsi la digne héritière de W.W. Collins ou de Charlotte Brontë.

Mon avis : (lu en juin 2013)
J'ai découvert ce livre grâce à la blogosphère et le mois Anglais était l'occasion rêvé pour le sortir de ma PAL ! 
1898, dans la campagne anglaise, un père veuf, Mr Farrow, ses deux filles, Juliana et Marianne, et Charlotte Agnew leur dame de compagnie vivent dans un très beau manoir, Fourwinds . Le jeune peintre Samuel Godwin a été engagé comme professeur de dessin. Dès le début du livre et son arrivée à Fourwinds, le lecteur comprend que la famille cache de nombreux secrets... Un sculpteur et l'ancienne dame de compagnie ont été brutalement remerciés, les circonstance de la mort de la mère, pourquoi Marianne a-t-elle des crises de somnambulisme... Tout cela intrigue Charlotte et Samuel, ils vont mener chacun leur enquête. Dans le livre, le lecteur suit leurs voix en alternance et petit à petit les secrets du passé familial sont révélés.
C'est un livre très agréable à lire, avec une atmosphère prenante et mystérieuse, des paysages, des lieux superbes et menaçants, des personnages attachants ou cachant bien leurs jeux cela donne une histoire riche en rebondissements et en révélations. J'ai beaucoup aimé ! Un beau roman romantique et énigmatique que l'on dévore sans le lâcher !

Un grand merci à Canel pour ce livre offert lors du Swap Nouvel An 2013 organisé par Hérisson

Extrait : (page 14)
C'est en voyant la lune frissonner au-dessus des downs, que j'avais cédé à l'impulsion de finir mon voyage à pied. Quelle nuit superbe ! m'étais-je dit arrêté devant la gare, sous une lumière qui semblait un ruissellement argenté. Comment rester assis derrière une portière fermée par un rideau ? Je voulais profiter de cette bénédiction, pleinement et de tous mes sens - je voulais la vivre, la respirer, m'en imprégner.

Il avait été convenu avec mon nouvel employeur, Mr Farrow, qu'une voiture viendrait m'attendre à la gare, mais j'avais subi toute une série de contretemps. D'abord le train avait quitté Londres avec du retard. Ensuite j'avais raté ma correspondance. On avait dû penser finalement que je n'arriverais pas avant le lendemain. Et à cette heure, aucun moyen de transport n'était en vue. J'envisageais de passer le reste de la nuit dans une auberge, quand l'idée m'était venue de finir la route à pied. J'allai demander au chef de gare de mettre ma malle en consigne jusqu'au lendemain, et je lui expliquai que ma destination était Fourwinds, en lui montrant l'adresse.
- Quelque chose comme un mile en montant cette route, répondit-il. En haut de la colline, quand vous verrez le taillis, prenez le vieux sentier à gauche. Il vous conduira directement au portail.
Il semblait extrêmement préoccupé par ma requête concernant ma malle ; et c'est à contrecoeur qu'il entreprit de la traîner jusqu'au guichet.
- J'enverrai quelqu'un la chercher dans la matinée, lui dis-je.
Quand se furent éloignés les bruits de l'auberge et les lumières de la gare, je me retrouvai seul et fort minuscule sous l'immense étendue de ciel étoilé. Venu de Sydenham, dans la banlieue de Londres, où j'avais toujours vécu, j'avais rarement rencontré une telle solitude, un tel silence. Encore ne s'agissait-il pas vraiment de silence, car je percevais dans cette découverte des environs le bruit régulier de mon pas sur les pierres de la route. Une chouette hululait quelque part. Une créature invisible filait sur le bas-côté. Les herbes, en se touchant, laissaient échapper des soupirs. La large route s'accrochait à la colline comme un ventre gonflé d'une bête préhistorique lourdement endormie. Si puissante était la clarté de la lune qu'elle jetait à côté de moi un compagnon de route silencieux, de sorte que je n'étais pas tellement seul, en définitive, et que je tirais même un plaisir enfantin à la présence de cet autre moi dont le pas se réglait sur le mien. Je distinguais sans peine le tournant dessiné là-haut, et le taillis d'un noir d'encre qui marquait l'endroit où je devais bifurquer.

 

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Le Mois Anglais

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Ma 1ère lecture
d'un auteur : 6/13

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Année 2013 : 4/29

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