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A propos de livres...
2 janvier 2010

La vaine attente – Nadeem Aslam

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (1/26)

la_veine_attente Seuil – août 2009 – 386 pages

traduit de l'anglais par Claude Demanuelli

Présentation de l'éditeur :

Afghanistan, 2005, à l'ombre des monts de Tora Bora. Dans une maison aux murs ornés de fresques, aux plafonds recouverts de livres cloués, avec sa fabrique où l'on distillait autrefois des parfums, le vieux médecin anglais Marcus Caldwell pleure sa femme Qatrina et sa fille Zameen disparues, et désespère de retrouver son petit-fils Bihzad. Vers ce lieu, où l'amour régnait sous toutes ses formes, où les sens sont tous sollicités, convergent des êtres esseulés. La Russe Lara à la recherche de son frère, soldat de l'armée soviétique; l'Américain David, ancien agent de la CIA, sur les pas de Zameen et de son fils; Casa, jeune orphelin endoctriné par les talibans. Dans ce roman qui jette une lumière crue sur une région brutalisée, à travers les trajectoires de personnages aux destins liés qui apprennent à s'aimer et à faire revivre les êtres aimés, tout s'emboîte de façon inéluctable. A peine s'est-on réfugié dans la maison de Marcus que la sauvagerie du monde extérieur nous agresse. Nadeem Aslam met dans la balance la fragilité des liens humains, de la raison, de l'art, face à la domination de l'ignorance et de la cruauté étayées par une doctrine suffocante. La langue est chargée de parfums et de couleurs, la narration alterne sans répit entre passé et présent. Ce livre poignant et à niveau d'homme restera en mémoire par sa maîtrise impressionnante et l'émotion qu'il génère. On le referme le cœur battant.

Auteur : Nadeem Aslam est est né en 1966 au Pakistan. Sa famille se réfugie dans le nord de l'Angleterre lorsqu'il a 14 ans. L'auteur confirme ici le talent déjà remarqué dans son premier roman traduit en français, La Cité des amants perdus.

Traducteur : Claude Demanuelli, agrégée d'anglais, traduit depuis une vingtaine d'années les ouvrages, entre autres, de John Lanchester, Susan Minot, Zadie Smith, Muriel Spark, Rose Tremain, John Updike, Virginia Woolf, ainsi que nombre d'auteurs anglophones du sous-continent indien, parmi lesquels Arundhati Roy, Hari Kunzru, Shashi Tharoor, Nadeem Aslam et Kiran Desai.

Mon avis : (lu en janvier 2010)

Le récit se passe en Afghanistan, dans une petite ville Usha qui subit constamment la violence de la guerre depuis 1979 avec l'invasion soviétique. Nous sommes en 2005, Marcus Caldwell, un vieux docteur anglais vit dans une maison ornés de fresques persanes, aux plafonds couverts de livres cloués, et où autrefois on y distillait des parfums. Sa femme Qatrina est décédée en 2001 et sa fille Zameen a disparu. Il espère un jour retrouver sa fille et son petit-fils Bihzad. Dans cette maison, véritable Tour de Babel, le lecteur va rencontrer des personnages très différents comme Lara une Russe à la recherche d'un frère disparu, David un ancien agent de la CIA qui recherche Zameen. avec qui il a vécu, Casa un jeune mercenaire fanatisé par le djihad... L'auteur nous dévoile ainsi l'Afghanistan, pays meurtri par la guerre civile, pris en otages par des soldats venus du monde entier puis par le fanatisme religieux.

Dans ce livre se mêle à la fois de la poésie, de la violence, de l'amour, de la cruauté... Le lecteur est plongé directement dans la complexité de la situation de l'Afghanistan aujourd'hui où se côtoie à la fois le raffinement et la beauté à la cruauté et la barbarie. C'est un très beau livre mais pour les âmes sensibles il vaut mieux s'abstenir !

Extrait : (début du livre)

Son esprit est une demeure hantée.

La femme qui se nomme Lara lève les yeux, croyant avoir entendu un bruit. Repliant la lettre qu’elle vient de relire, elle s’approche de la fenêtre qui surplombe le jardin. Dehors, l’aube emplit le ciel de lumière, même si quelques étoiles sont encore visibles.

Au bout d’un moment, elle se détourne et se dirige vers le miroir circulaire appuyé contre le mur du fond. L’apportant jusqu’au centre de la pièce, elle le pose dos contre le sol, doucement, sans un bruit, par égard pour son hôte qui dort dans une pièce voisine. Indifférente à l’image qu’il lui renvoie d’elle-même, elle s’attarde sur le reflet du plafond qu’elle y voit dans la lumière pâle de l’avant-jour.

Le miroir est grand : à supposer que le verre soit de l’eau, elle pourrait plonger et disparaître sans en toucher les bords. Sur le vaste plafond, il y a des centaines de livres, chacun maintenu en place par un clou qui le transperce de part en part. Une pointe de fer enfoncée dans les pages de l’Histoire, dans celles de l’amour, celles du sacré. À genoux sur le sol poussiéreux à côté du miroir, elle essaie de déchiffrer les titres. Les mots sont inversés, mais la tâche se révèle plus facile que si elle restait des minutes entières la tête renversée à regarder le plafond.

Aucun bruit hormis celui de sa respiration régulière et, dehors, le bruissement de la brise agitant de ses robes ondoyantes le jardin envahi par les mauvaises herbes.

Elle fait glisser le miroir sur le sol, comme si elle passait à une autre section d’une bibliothèque.

Les livres sont tous là-haut, les gros comme ceux qui ne sont pas plus épais que les parois du coeur humain. De temps à autre l’un d’eux tombe de lui-même, à moins qu’on ne choisisse de déloger l’ouvrage voulu grâce au maniement judicieux d’une perche en bambou.

Originaire de la lointaine Saint-Pétersbourg, elle a accompli un long voyage pour arriver dans ce pays, celui qu’Alexandre le Grand a traversé sur sa licorne, cette terre de vergers légendaires et d’épaisses forêts de mûriers, de grenadiers qui ornent les frises de manuscrits persans écrits voilà plus de mille ans.

Son hôte s’appelle Marcus Caldwell. Anglais de naissance, il a passé la majeure partie de sa vie ici en Afghanistan, après avoir épousé une Afghane. Il a soixante-dix ans, et sa barbe blanche, ses gestes mesurés évoquent ceux d’un prophète, un prophète déchu. Elle n’est là que depuis quelques jours et ne sait rien ou presque de cette main gauche que Marcus a perdue. La coupe de chair qu’il pouvait former avec les paumes de ses mains est brisée en deux. Un jour, tard dans la soirée, elle l’a interrogé à ce propos, avec délicatesse, mais il s’est montré si réticent qu’elle n’a pas insisté. En tout état de cause, il n’est besoin d’aucune explication dans ce pays. Il ne serait guère surprenant qu’un jour les arbres et les vignes d’Afghanistan cessent de pousser, de peur que leurs racines en continuant de croître entrent en contact avec une mine enfouie à proximité.

Elle approche sa main de son visage pour respirer l’odeur du santal déposée sur ses doigts par le cadre du miroir. Le bois d’un santal sur pied ne sent rien, lui a dit Marcus l’autre jour, le parfum ne prenant corps qu’une fois l’arbre coupé.

À la manière de l’âme qui quitte l’enveloppe charnelle après la mort, songe-t-elle.

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (1/26)

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29 décembre 2009

Loving Frank – Nancy Horan

loving_frank Buchet-Chastel – septembre 2009 – 539 pages

traduit de l'américain par Virginie Buhl

prix Fenimore Cooper de la meilleure fiction historique

Quatrième de couverture :

Au début du XXe siècle, la bonne société de Chicago resta foudroyée par le soufre d'un scandale sans précédent.
Pour l'amour éperdu d'un homme, une femme osa l'impensable et commit l'irréparable. Elle en paya le prix toute sa vie. Elle s'appelait Mamah Borthwick Cheney. Lui n'était autre que Frank Lloyd Wright, l'enfant génial et rebelle de l'architecture américaine à qui Mamah et son mari Edwin Cheney avaient demandé, en 1903, de construire leur nouvelle maison. En 1909, tombée entre-temps follement amoureuse du célèbre architecte, Mamah choqua une époque pudibonde et dévote en quittant son mari et ses deux jeunes enfants pour suivre Frank Lloyd Wright en Europe. Ce dernier, tout aussi épris, laissait derrière lui une Amérique stupéfaite, une épouse et six enfants... Enchaînés par la passion, mais hantés par une culpabilité intolérable, ils firent la une de la presse américaine durant leurs séjours en Allemagne, en Italie et à Paris, lors de la grande crue de 1910...
Mais aucun journal à sensation n'aurait pu prévoir ce qui adviendrait à ce couple maudit de retour aux États-Unis, en 1914. La violence du dénouement verra - au-delà du déchirement des familles Cheney et Wright - le monde pétrifié.
Pour la première fois nous est contée l'histoire de l'émancipation très en avance sur son temps de Mamah Borthwick, et de son amour pour l'un des plus grands maîtres de l'architecture moderne.

Auteur : Nancy Horan est écrivain et journaliste. Loving Frank est son premier roman. Elle vit en famille sur l’île de Puget dans l’état de Washington.

Mon avis : (lu en décembre 2009)

Ce livre est une fiction historique qui commence en 1903 aux États-Unis. Il raconte l'histoire d'amour entre Franck Lloyd Wright et Mamah Borthwick. Franck est un architecte américain connu, il est marié et a six enfants. En 1903, Edwin et Mamah Cheney font appel à lui pour construire leur maison à Chicago. Edwin et Mamah ont trois enfants. C'est à cette occasion que Frank et Mamah se rencontrent et tombent amoureux l'un de l'autre. En 1909, malgré l'Amérique puritaine et la presse à scandale, Mamah n'hésite pas à suivre Frank en Europe où ils pourront vivre plus tranquillement leur amour. En Europe, Mamah Borthwick cherche également à se réaliser par elle-même, elle va rencontrer Ellen Key féministe suédoise et devenir sa traductrice américaine officielle. Mais la presse les oblige à rentrer aux États-Unis en 1914, dans Taliesin leur nouvelle maison du Wisconsin. Ils ont fait l'un et l'autre preuve de liberté préférant sacrifier leurs familles pour se réaliser personnellement. Mais ce ne sera pas facile d'être à la une de la presse à scandale et d'être rejeté par une société très conventionnelle. L'amour de Franck et Mamah nous transporte et nous bouleverse, leur histoire est émouvante et attachante. J'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir, les personnages sont passionnants et j'ai beaucoup aimé découvrir cette période de début du siècle XXème siècle. J'ai été bouleversée par un épilogue inattendu et tragique.

Frank_Lloyd_Wright_portrait_1906 mammah

Franck Lloyd Wright et Mamah Borthwick

taliesin29_frankloving

la maison de Taliesin dans le Wisconsin

Extrait :  (page 37)

Le sourire aux lèvres, Frank se leva pour scruter le contenu du carton. « Qu’y a-t-il d’autre là-dedans ?
- Oh, une partie de mes vieilleries. Des papiers… »
Il se rassit et la regarda : « Racontez, je veux tout savoir. »
Racontez, je veux tout savoir. Il aurait aussi bien pu dire : Enlevez votre robe.
L’un après l’autre, elle avait sorti tous les objets de la boîte. Elle lui avait montré son mémoire de maîtrise et la photographie de sa remise de diplôme. Elle lui avait parlé des années qu’elle avait passées à Port Huron comme professeur d’anglais et de français au lycée, avec Mattie, son amie de l’université. Elle lui avait montré des photos de sa famille, devant leur demeure d’Oak Park Avenue.

«Ce doit être vous, là.

- Mm-mmh. Voici ma sœur Jessie. C'était l'aînée. » en désignant la jeune adolescente qui souriait du haut de ses seize ans, Mamah sentit une tristesse familière lui serrer le cœur. « Et Lizzie. Elle n'a guère changé, n'est-ce pas ? La deuxième des trois sœurs. »

Frank avait reporté son attention sur la fillette aux cheveux noirs qui prenait la pose avec une si belle assurance, un maillet de croquet dans une main, une jambe crânement croisée devant l'autre. « Quel âge aviez-vous ?

- Douze ans.

- Quel cran pour une petite fille !

- Oui, je pense que c'était mon âge d'or. J'étais plus intelligente que je ne l'avais jamais été jusqu'alors ou ne le suis depuis. Rien n'était en demi-teintes. J'idolâtrais mon père. J'aimais follement mon chien. J'adorais lire. »

12 décembre 2009

Tout peut arriver – Jonathan Tropper

tout_peut_arriver_ tout_peut_arriver

Fleuve noir – janvier 2007 – 384 pages

10x18 – janvier 2008 – 375 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Nathalie Peronny

Présentation :

En apparence, Zach fait partie des nantis. Il vient de passer le cap de la trentaine, partage son lit avec Hope, la plus belle des fiancées, son appartement, avec Jed le millionnaire, et travaille dans une société de services. Mais si on creuse un peu, rien ne va plus. Du matin au soir, Zach pense à Tamara, la veuve de son meilleur ami. Son colocataire passe ses journées à fumer des joints dans le plus simple appareil, vautré devant la télé. Et son boulot consiste à rester suspendu au téléphone pour servir de réceptacle aux récriminations de ses clients... Tout ça avec le sourire, bien sûr ! Puis, un beau jour, Zach va devoir résoudre de vrais problèmes. Des déraillements de santé inquiétants, et surtout, la réapparition, après des années d'absence, d'un père extravagant... Pourtant, il devrait bien savoir d'expérience que tout peut arriver !

Auteur : Jonathan Tropper est né et a grandi à Riverdale, dans l'Etat de New York. Son premier roman, Plan B, a paru aux Etats-Unis en 2001. Il a écrit par la suite Le Livre de Joe, actuellement en cours d'adaptation pour le cinéma par les studios Warner, Tout peut arriver et Perte et fracas (Fleuve Noir, 2008). Jonathan Tropper vit aujourd'hui à Westchester (New York).

Mon avis : (lu en décembre 2009)

Après avoir lu et bien aimé Le livre de Joe, j'ai eu envie de découvrir d'autres livres du même auteur. J'ai donc lu très facilement l'histoire de Zach. Il appartient à une drôle de famille et ses aventures familiales, amoureuses, professionnelles... nous font passer un très bon moment où le rire est souvent de la partie. Tous les personnages sont attachants. Zach est sur le point de se fiancer avec Hope, une très jolie jeune fille héritière de parents aisées. Il se découvre un souci de santé qu'il préfère partager avec Tamara la veuve de son meilleur ami qu'avec sa fiancée, son père débarque chez lui après vingt ans de silence, il est près de craquer à son travail où la position d'intermédiaire auprès duquel tout le monde se plaint devient pour lui un calvaire. Cela bouleverse sa vie et ses certitudes et réveillent ses angoisses de trentenaire

Zach appartient à une drôle de famille et ses aventures familiales, amoureuses, professionnelles... nous font passer un très bon moment où le rire est souvent de la partie. Tous les personnages sont vraiment attachants.

Extrait : (chapitre 12)
Mais Hope, c'est la conquête du siècle, celle qui n'arrive qu'une fois dans votre vie. L'incarnation même de la perfection quej'avais toujours observée de loin, plein d'espoir, convaincu que c'était le genre de fille qui, au mieux, me prendrait comme confident pour me parler de son petit ami. Et moi, je subirais cette humiliation involontaire, parce qu'il existe une forme d'amour méconnue pratiquée par la classe moyenne sexuelle, c'est-à-dire par des types comme moi qui tolérons ce genre de relation à sens unique parce que nous sommes aveuglément optimistes, ou tout simplement idiots, et que nous avons besoin de nous rapprocher de ce type de femme, même de façon purement platonique, afin de nourrir la chose laide et difforme qui vit en nous, tels des bossus tapis dans leurs clochers et bien décidés à profiter de cette beauté par tous les moyens qui leur seront accordés. Mais pour moi, le rêve est devenu réalité : je me suis élevé au-dessus de ma caste sexuelle pour décrocher une femme d'un calibre a priori inaccessible et qui m'aime vraiment en retour, par dessus le marché. Il faudrait être cinglé pour compromettre une opportunité pareille.

Extrait : (chapitre 25)

Assis là sur le carrelage de la salle de bains, genou contre genou avec Tamara, je me retiens de ne pas éclater en sanglots quand Sophie se penche délicatement pour me déposer un baiser sur la main. Il y a une telle complétude, une telle perfection, dans le visage et la position de Tamara, dans la chair potelée de Sophie et dans ses yeux innocents. Leur univers tout entier est contenu dans cette minuscule salle de bains et, plus que tout au monde, je voudrais en faire partie, me joindre à la solitude si simple de leur existence. Je pourrais aimer Tamara et l'aider à élever Sophie, m'installer avec elle et abandonner ma vieille existence médiocre. En cet instant, cela paraît incroyablement possible, juste à portée de main, et je me dis que si je pouvais rester ici pour toujours et ne plus jamais repartir, alors tout s'arrangerait.

Extrait : (chapitre 27)
'Enfin quoi, regardez-moi, nom de Dieu ! Ma famille me déteste, je suis alcoolo, j'ai fait plus de quinze boulots différents dans ma vie et je n'ai même pas dix mille dollars sur mon compte en banque. S'il y en a un qui devrait avoir peur de vivre, c'est moi. Mais je continue, tous les jours. Je renfile mon costume, je repars et je fais de mon mieux. Certains jours, cela m'amène quelque part. D'autres, non. Mais au moins, je me couche chaque soir en me disant que le lendemain m'offre une nouvelle opportunité d'améliorer mon existence. Et vous savez quoi ? Je dors à poing fermés. Comme un putain de bébé. J'ai peut-être besoin d'une pilule pour bander mais vous deux, ce qu'il vous faudrait, c'est une pilule pour l'âme.' Il hoche la tête d'un air satisfait, content de sa trouvaille.

5 décembre 2009

La Terre des mensonges - Anne Birkefeldt Ragde

la_terre_des_mensonges Balland – juin 2009 – 370 pages

traduit du norvégien par Jean Renaud

Présentation de l'éditeur

Un registre de condoléances était ouvert, un stylo posé en travers de la première page. Une photo encadrée de la défunte la montrait en blouson sur une plage de galets, tenant à la main une racine d'arbre grise qui avait l'air d'un cygne.» Après la mort de leur mère, trois frères que tout sépare se retrouvent dans la ferme familiale. Tor, l'aîné, se consacre à l'élevage de porcs, Margido dirige une entreprise de pompes funèbres et Erlend est décorateur de vitrines à Copenhague. Les retrouvailles s'annoncent mouvementées : la tension atteint son paroxysme lorsque la question de l'héritage amène le père de famille à révéler un terrible secret.

Auteur : Née en 1957, elle a passé son enfance à Trondheim, ancienne professeur assistante de communication à l'Université de Trondheim, elle a écrit plus de quarante livres depuis 1986 aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Anne B. Ragde décrit les relations ambiguës entre les trois frères avec un talent remarquable et signe un roman passionnant à l'humour grinçant. La Terre des mensonges est le phénomène incontournable de la scène littéraire norvégienne (traduit dans plus de 15 langues, il a reçu en Norvège le très prestigieux prix Riksmal). II a été adapté au théâtre et à l'écran. Plus d'un million de téléspectateurs ont suivi cette saga familiale subtile et incroyablement bien menée. La suite paraîtra en 2010.

Mon avis : (lu en décembre 2009)

Un livre assez original qui nous raconte l'histoire de trois frères très différents les uns les autres qui se retrouvent à la suite de l'hospitalisation puis le décès de leur mère. Cela commence par la description détaillée et précise de la vie de chacun des frères. Ainsi, dès les premières lignes du livre le lecteur est confronté au suicide d'un adolescent et nous accompagnons Margido dans son travail de croque-mort. Cela annonce dès le début l'atmosphère froide et sombre de cette campagne norvégienne et de cette histoire. Le plus jeune frère, Erlend, est parti il y a 20 ans s’exiler à Copenhague, il exerce la profession de décorateur de vitrines et partage sa vie avec un homme prénommé Krumme, rédacteur en chef d’un grand hebdomadaire. Le second, Margido dirige une entreprise de pompes funèbres et derrière une façade stricte et austère, il dissimule sa solitude affective. Le frère aîné, Tor, est resté à la ferme familiale, il s'occupe d'un élevage de porcs. Ses relations un peu particulières avec ses animaux témoignent du mal-être dans lequel il est. Depuis longtemps, les trois frères n'ont plus de relations les uns avec les autres et la mort de leur mère sera l’occasion d’étranges retrouvailles entre les trois frères.

L'écriture est fluide, les personnages attachants et l'histoire nous tient en haleine. C'est aussi une chronique sociale et ethnologique avec un humour grinçant, je ne me suis pas ennuyée un instant ! Et l'éditeur nous annonce une suite pour 2010.

Extrait : (début du livre)

Lorsque le téléphone sonna à dix heures et demie un dimanche soir, il en savait bien sûr la raison. Il prit la télécommande et baissa le son, la télé diffusait un reportage sur Al-Qaïda.

- Allo, Margido Neshov à l'appareil.

Et il pensa : j'espère que c'est une personne âgée morte dans son lit, pas un accident de la route.

Il s'avéra que ce n'était ni l'un ni l'autre, mais un adolescent qui s'était pendu. C'était le père qui appelait, Lars Kotum. Margido savait bien où se trouvait la grosse ferme de Kotum, à Bynes.

En fond sonore quelqu'un poussait des cris de bestiaux, perçants. Des cris qui, d'une certaine façon, lui étaient familiers : ceux d'une mère. Il demanda au père s'il avait prévenu le juge de paix et le médecin. Non, le père l'avait appelé aussitôt, lui, Margido, il savait qui il était et quelle profession il exerçait.

- Il faut quand même que vous leur téléphoniez, peut-être préférez-vous que je le fasse ?

- Il ne s'est pas pendu... normalement. Il s'est plutôt... étranglé. C'est absolument horrible. Oui, téléphonez ! Et venez ! Je vous en supplie.

Il ne prit pas le fourgon noir, mais la Citroën. Il valait mieux que le juge fasse venir une ambulance de l'hôpital Saint-Olav.

2 décembre 2009

L'attrape-cœurs - Jerome David Salinger

 

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traduction de l'américain par Annie Saumont

Pocket – janvier 1994 – 252 pages

Pocket – mai 2002 – 252 pages

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traduction de l'américain par Sébastien Japrisot

Robert Laffont – septembre 1999 - 258 pages

Présentation :

Nous sommes en 1949 dans une pension de la côte est américaine. Holden Caulfield pourrait être un adolescent américain tout ce qu'il y a de plus ordinaire : une famille qui lui tape sur le système, une scolarité chaotique... des problèmes d'adolescence ordinaires. Expulsé, Holden s'enfuit trois jours avant le début des vacances de Noël. Il prend le train pour New York et, ayant trop peur de la réaction de ses parents, s'installe dans un hôtel. 'L'attrape-cœurs' relate les trois jours durant lesquels ce jeune garçon est livré à lui-même. A chaque pas, à chaque rencontre, ne trouvant toujours pas les réponses à ses questions, ne comprenant pas le monde qui l'entoure, complètement paumé, il se rapproche un peu plus d'une crise qui nous guette finalement tous.

Auteur : Jerome David Salinger est un écrivain américain, né le 1er janvier 1919 à New York. Il commence à se faire connaître en 1948 avec des nouvelles parues dans le New Yorker, mais il est surtout célèbre pour son roman L'Attrape-cœurs (titre original : The Catcher in the Rye). Traitant de l'adolescence et du passage à l'âge adulte, ce roman, devenu un classique du genre, connaît une popularité importante depuis sa publication en 1951. L'un des thèmes majeurs de Salinger est l'étude des esprits agiles et puissants de jeunes hommes perturbés et du pouvoir rédempteur des enfants dans la vie de tels hommes.
Salinger est également connu pour sa vie de reclus. Il n'a pas fait une seule apparition publique, donné une seule entrevue ou publié un seul écrit depuis quarante ans.

Mon avis : (lu en décembre 2009)

Livre lu dans le cadre des challenges « 100 ans de littérature américaine – Yes we can » et  « Les coups de cœurs de la blogosphère », proposition d’Anneso.

Ce livre est un classique de la littérature américaine, il est écrit à la première personne dans un style parlé et parfois familier. Il raconte l’errance de Holden Caulfield, jeune garçon new yorkais de 17 ans, il vient d’être renvoyé de son collège quelques jours avant Noël et décide de ne pas rentrer directement chez lui. Plutôt que d’avouer son renvoi, il préfère errer dans New-York fréquentant des bars glauques et des hôtels miteux. Avec ce livre, l’auteur décrit avec ironie et justesse la société américaine des années 1950 et il nous parle de l'adolescence avec ses révoltes et ses inquiétudes. Holden Caulfield est très touchant dans son malaise d’adolescent qui n’appartient plus au monde de l’enfance et pas encore à celui des adultes. Une très belle lecture.

Extrait : (début du livre)

Si vous avez réellement envie d'entendre cette histoire, la première chose que vous voudrez sans doute savoir c'est où je suis né, ce que fut mon enfance pourrie, et ce que faisaient mes parents et tout avant de m'avoir, enfin toute cette salade à la David Copperfield, mais à vous parler franchement, je ne me sens guère disposé à entrer dans tout ça. En premier lieu, ce genre de truc m'ennuie, et puis mes parents piqueraient une crise de nerfs si je racontais quelque chose de gentiment personnel à leur sujet. Ils sont très susceptibles là-dessus, surtout mon père. Ils sont gentils et tout - je ne dis pas - mais ils sont quand même bougrement susceptibles. D'ailleurs, je ne vais pas vous faire entièrement ma saleté d'autobiographie ni rien. Je vais seulement vous parler de ce truc idiot qui m'est arrivé au dernier Noël, juste avant que je tombe malade et qu'on m'envoie ici pour me retaper.

Lu dans le cadre du challenge coeur_vs3 proposition de AnneSo

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Livre lu dans le cadre du Challenge 100 ans de littérature américaine

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29 novembre 2009

Elle s'appelait Sarah – Tatiana de Rosnay

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Éditions Héloïse d'Ormesson – mars 2007 – 356 pages

LGF – avril 2008 – 403 pages

traduit de l'anglais par Agnès Michaux

Description de l'éditeur

Paris, mai 2002. Julia Jarmond, journaliste pour un magazine américain, est chargée de couvrir la commémoration de la rafle du Vel’ d’Hiv. Au cours de ses recherches, elle est confrontée au silence et à la honte qui entourent le sujet. Au fil des témoignages, elle découvre, avec horreur, le calvaire des familles juives raflées, et en particulier celui de Sarah. Contre l’avis des siens, Julia décide d’enquêter sur le destin de la fillette et de son frère. Soixante ans après, cela lui coûtera ce qu’elle a de plus cher.

Paris, le 16 juillet 1942 : la rafle du Vel’ d’Hiv’. La police française fait irruption dans un appartement du Marais. Le petit Michel, paniqué, se cache dans un placard, et sa grande sœur Sarah, dix ans, l’enferme et emporte la clef en lui promettant de revenir. Mais elle est arrêtée et emmenée avec ses parents...

Auteur : Née en 1961, Tatiana de Rosnay vit depuis vingt-cinq ans à Paris. Scénariste et journaliste, elle travaille notamment pour Elle et Psychologies. " Elle s'appelait Sarah ", son neuvième roman, est le premier qu'elle écrit en anglais, sa langue maternelle. Quatorze pays en ont déjà acquis les droits.

Mon avis : (lu en novembre 2009)

Livre lu dans le cadre du challenge « Les coups de cœurs de la blogosphère », proposition de Suffy.

Il est difficile de parler de ce livre si bouleversant. Il est à la fois dur et magnifique. Il nous raconte l'histoire de Sarah qui avait 10 ans en juillet 1942 et qui fut victime de la rafle du Vel d'Hiv et en parallèle celle de Julia, journaliste américaine, vivant à Paris depuis 25 ans qui doit faire un reportage 60 ans plus tard sur la commémoration du Vel' d'Hiv' où plus de 4000 enfants juifs, âgés de 2 à 12 ans, et leurs parents ont été déportés et assassinés à Auschwitz. Julia ne connaissait pas cette page de l'Histoire et elle va mener son enquête et découvrira à travers Sarah toute l'horreur de la rafle du Vel' d'Hiv et la déportation de milliers d'enfants juifs séparés de leurs parents. En tant que lecteurs, nous sommes emportés par l'histoire de Sarah et Julia, et nous devenons des témoins de leurs vies. Un livre poignant et magnifique à lire et à faire lire !

Extrait : (début du livre)

"Paris, juillet 1942.

La fillette fut la première à entendre le coup puissant contre la porte. Sa chambre était la plus proche de l’entrée de l’appartement. Dans la confusion du sommeil, elle avait d’abord pensé que c’était son père qui remontait de la cave où il se cachait, qu’il avait dû oublier ses clefs et insistait parce que personne ne l’avait entendu quand il avait frappé discrètement. Mais bientôt des voix s’élevèrent dans le silence de la nuit, fortes et brutales. Ce n’était pas son père. «Police ! Ouvrez ! Tout de suite ! » Le martèlement reprit, plus fort encore. Vibrant jusque dans la moelle de ses os. Son jeune frère, qui dormait à côté d’elle, commença à s’agiter dans son lit. «Police ! Ouvrez ! Ouvrez ! » Quelle heure était-il ? Elle jeta un coup d’œil entre les rideaux. Il faisait encore sombre.

Elle avait peur. Elle pensait à ces conversations, ces murmures nocturnes, que ses parents avaient échangés croyant qu’elle dormait. Mais elle avait tout entendu. Elle s’était glissée jusqu’à la porte du salon et là, avait écouté et regardé ses parents à travers une petite fente dans le bois. Elle avait entendu la voix nerveuse de son père. Avait vu le visage angoissé de sa mère. Ils discutaient dans leur langue natale, que la fillette comprenait, même si elle ne la parlait pas très bien. Son père avait dit tout bas que les temps à venir seraient difficiles. Qu’il faudrait être courageux et très prudent. Il avait prononcé des mots étranges et inconnus : « camp », «rafle », « arrestation », et elle se demandait ce que tout cela pouvait bien signifier. Son père, toujours très bas, avait ajouté que seuls les hommes étaient en danger, que les femmes et les enfants n’avaient rien à craindre, et qu’il irait donc chaque soir se cacher.

Le lendemain matin, il avait expliqué à sa fille qu’il était plus sûr qu’il dorme à la cave pendant un moment. Jusqu’à ce que les choses « rentrent dans l’ordre ». Quelles choses ? pensa-t-elle. « Rentrer dans l’ordre », qu’est-ce que ça voulait dire au juste ? Et quand cela arriverait-il ? Elle brûlait de lui demander ce que signifiaient les mots étranges qu’elle avait entendus, « camp » et « rafle ». Mais il aurait alors fallu avouer qu’elle les avait espionnés, et plusieurs fois, derrière la porte. Elle n’avait pas osé."

Lu dans le cadre du challenge coeur_vs3 proposition de Suffy

25 novembre 2009

L'histoire de Chicago May – Nuala O'Faolain

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Sabine Wespieser éditeur – août 2006 - 443 pages

10x18 - mai 2008 - 392 pages

traduit de l'anglais (Irlande) par Vitalie Lemerre

Présentation de l'éditeur :

Nuala O'Faolain s'empare du destin d'une jeune Irlandaise pauvre qui, en 1890, s'est enfuie de chez elle pour devenir une criminelle célèbre en Amérique sous le nom de "Chicago May". L'amour, le crime et un destin exceptionnel de femme au tournant du XXe siècle : tous les ingrédients du romanesque sont réunis. Tour à tour braqueuse, prostituée, arnaqueuse, voleuse et danseuse de revue musicale, May avait une beauté magnétique qui tournait la tête des hommes. Ses aventures la conduisirent du Nebraska, où elle côtoya les frères Dalton, à Philadelphie, où elle mourut en 1929, en passant par Chicago, New York, Le Caire, Londres et Paris, où elle fut jugée pour le braquage de l'agence American Express. Elle vécut sur un grand pied, fit de la prison, et écrivit même, dans le genre convenu des mémoires de criminels, l'aventure de sa vie. Partant de ce matériau, Nuala O'Faolain mène une enquête trépidante, tentant de saisir les motivations de cette énigmatique cœur d'Irlande, elle aussi exilée aux Etats-Unis. Car cette héroïne romanesque et sentimentale a payé au prix fort l'indépendance qu'elle a conquise contre les normes sociales. Ici l'écrivain nourrit de sa propre expérience une émouvante réflexion sur la quête d'une femme qui a décidé de sortir des sentiers battus, choisissant l'aventure et assumant la solitude.

L'Auteur :
Nuala 0’Faolain est née en Irlande en 1940. Journaliste à Londres, pour la BBC, puis à Dublin, elle a publié tardivement son premier livre, On s'est déjà vu quelque part ? (Sabine Wespieser éditeur, 2002). Le succès de ce récit autobiographique, qui a suscité un véritable phénomène d'identification auprès de toute une génération de femmes, a changé sa vie. Elle la consacre désormais à l'écriture, et partage son temps entre son cottage de l’ouest de l’Irlande et New York. Après Chimères (2003), J'y suis presque (2005), L'Histoire de Chicago May (Prix Femina étranger, 2006), tous parus chez Sabine Wespieser éditeur. Nuala 0’Faolain est décédée le 9 mai 2008 et Best love Rosie a été publié après sa mort.

Mon avis : (lu en novembre 2009)

J'avais découvert Nuala O'Faolain avec son livre Best love Rosie que j'avais bien aimé. J'ai donc été un peu surprise par ce livre qui est essentiellement une biographie, celle de Chicago May une femme vivant au début du XXème siècle. Elle est contrainte de quitter son pays natal l'Irlande et elle émigre aux États-Unis. Seule et sans argent, sa vie n'est pas facile et elle tombe dans la prostitution et le vol. Elle fera de la prison en France puis en Angleterre avant de retourner aux États-Unis. Tout au long du livre, l'auteur n'hésite pas à partager avec le lecteur ses interrogations, ses recherches. Elle accompagne son récit de nombreuses photos, lettres et documents pour confirmer la véracité de l'histoire. On découvre la terrible condition de la femme à cette époque aux États-Unis. L'auteur étant elle-même irlandaise vivant aux États-Unis, on sent l'importance que ces recherches sur Chicago May a eu sur sa propre histoire. J'ai trouvé très intéressant ce livre mais comme j'attendais plutôt un vrai roman qu'une biographie je l'ai trouvé un peu long à lire et j'ai été un peu déçue.

Extrait : (page 115)
Elle s'éveillait dans l'après-midi dans un grand lit où, j'imagine, un vieux manteau de fourrure miteux servait de couverture d'appoint et où les rideaux étaient cloués à la fenêtre et non suspendus. Je suppose qu'elle pouvait entendre de la rue un homme vendant du combustible à la criée, et qu'il lui montait un sac de charbon. Peut-être y avait-il une domestique quelque part qui allumait le feu et posait une casserole de café en équilibre dessus - May devait se blottir dans la chaleur dès l'instant où le feu rougeoyait. Elle lève sa tasse de café d'une main nerveuse, extrait quelque chose à se mettre hors du chaos de ses vêtements, rafraîchit son visage brûlant dans l'eau froide d'une cuvette en fer. Puis elle file vers son banc ou sa chaise attirés dans le saloon quelconque qui était à ce moment-là le quartier général de sa bande.

24 novembre 2009

Un chant de Noël – Charles Dickens

un_chant_de_noel_ Gallimard - octobre 1990 – 152 pages

le_drole_de_noel_de_Scrooge Livre de Poche Jeunesse – septembre 2009 – 156 pages

un_chant_de_no_l_bilingue Folio bilingue – septembre 1997 – 283 pages

un_chant_de_noel Folio junior – décembre 1999 – 146 pages

un_chant_de_no_l_dickens_LGP Livre de Poche Jeunesse – octobre 2008 – 156 pages

traduit de l'anglais par P. Lorain, Jean Esch

un_chant_de_noel_p LGF – novembre 2009 – 184 pages

traduit de l'anglais par André de Goy, G. B. de Saint-Romain

un_chant_de_no_l_dickens_el L'École des Loisirs – octobre 2009

Présentation de l'éditeur : Le soir de Noël, un vieil homme égoïste et solitaire choisit de passer la soirée seul. Mais les esprits de Noël en ont décidé autrement. L'entraînant tour à tour dans son passé, son présent et son futur, les trois spectres lui montrent ce que sera son avenir s'il persiste à ignorer que le bonheur existe, même dans le quotidien le plus ordinaire.

Auteur : Né en 1812 et mort en 1870, Charles Dickens est l'un des romanciers anglais les plus populaires dans le monde entier. Issu d'une famille très modeste, Charles Dickens souffre beaucoup de sa condition. Ces difficultés seront la source d'inspiration de la plupart de ses œuvres, dont les plus connues sont Les aventures de M. Pickwick, David Copperfield et Oliver Twist.

Mon avis : (lu en novembre 2009)

J'ai commencé cette lecture pour accompagner mon fils qui étudie ce livre en français avant d'aller voir le film avec sa classe de 6ème. C'était aussi pour moi l'occasion de relire du Charles Dickens.

L'histoire se déroule à Londres, au XIXème siècle, c'est la veille de Noël. Scrooge est un vieillard égoïste, riche mais avare, aigri. Il totalement insensible à la magie de Noël, sans aucun sentiment vis à vis de ses proches. Il s'apprête comme d'habitude à passer Noël seul dans sa sombre maison. Il est pris par des hallucinations et le spectre de son ancien associé Marley lui rend une effrayante visite. Il lui annonce la visite prochaine de trois Esprits. Scrooge se voit d'abord confronté à l'Esprit des Noëls passés, qui le replonge dans ses propres souvenirs, réveillant en lui des blessures oubliées et des regrets profondément enfouis. Puis l'Esprit des Noël présents et enfin le plus effrayant : l'Esprit des Noël futurs. Scrooge va réagir et changer sa façon de vivre.

Voici un très joli conte de Noël écrit par Charles Dickens en 1843 qui est très populaire dans les pays anglophones. L'écriture est admirable, l'histoire est pleine d'humour, de tendresse et de suspens. Il n'est pas si facile à lire pour un jeune de 11 ans, mais en l'accompagnant je pense que c'est une bonne expérience et un vrai plaisir. C'est la magie de Noël !

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Le Drôle Noël de Scrooge (Titre original : Disney's A Christmas Carol ) est un film d'animation américain réalisé par Robert Zemeckis avec Jim Carrey, Gary Oldman, Colin Firth. Ce film sort au cinéma en France le 25 novembre 2009.


Il existe aussi des adaptations pour jeunes enfants :

un_conte_de_noel_ Un conte de Noël - Oskar jeunesse - sept. 2008 - 36 pages

scrooge_un_chant_de_noel_ Scrooge, un chant de Noël - Delcourt - nov. 2008 - 47 pages

Extrait : (page 11)

Un jour, le meilleur de tous les bons jours de l'année, la veille de Noël, le vieux Scrooge était assis, fort occupé, derrière son bureau. Il faisait un froid vif et perçant, le temps était brumeux ; Scrooge pouvait entendre les gens aller et venir dehors dans la ruelle, soufflant dans leurs doigts, respirant avec bruit, se frappant la poitrine avec les mains et tapant des pieds sur le trottoir pour les réchauffer. Trois heures seulement venaient de sonner aux horloges de la Cité, et cependant il faisait déjà presque nuit. Il n'avait pas fait clair de toute la journée et les lumières qui paraissaient derrière les fenêtres des bureaux voisins ressemblaient à des taches de graisse rougeâtres qui s'étalaient sur le fond noirâtre d'un air épais et en quelque sorte palpable. Le brouillard pénétrait dans l'intérieur des maisons par toutes les fentes et les trous de serrure ; au-dehors il était si dense, que quoique la rue fût des plus étroites, les maisons en face ne paraissaient plus que comme des fantômes. A voir les nuages sombres s'abaisser de plus en plus et répandre sur tous les objets une obscurité profonde, on aurait pu croire que la nature était venue s'établir tout près déjà pour y exploiter une brasserie fonctionnant sur une vaste échelle.

La porte du bureau de Scrooge demeurait ouverte, afin qu'il pût avoir l'œil sur son commis qui se tenait un peu plus loin, dans une petite cellule triste, sorte de citerne sombre, occupé à copier des lettres. Scrooge avait un très petit feu, mais celui du commis était beaucoup plus petit encore : on aurait dit qu'il n'y avait qu'un seul morceau de charbon. Il ne pouvait l'augmenter, car Scrooge gardait la boîte à charbon dans sa chambre, et toutes les fois que le malheureux entrait avec la pelle, son patron ne manquait pas de lui déclarer qu'il serait forcé de le quitter. C'est pourquoi le commis mettait son cache-nez blanc et essayait de se réchauffer à la chandelle ; mais comme ce n'était pas un homme de grande imagination, ses efforts demeuraient superflus.

- Je vous souhaite un joyeux Noël, mon oncle, et que Dieu vous garde ! cria une voix enjouée.

C'était la voix du neveu de Scrooge, qui été venu le surprendre si vivement qu'il n'avait pas eu le temps de le voir.

- Bah ! dit Scrooge, sottise !

21 novembre 2009

La vague – Todd Strasser

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JC GAWSEWITCH EDITEUR – mars 2008 - 220 pages

Pocket – février 2009 – 221 pages

Présentation de l'éditeur
Cette histoire est basée sur une expérience réelle qui a eu lieu aux Etats-Unis dans les années 1970. Pour faire comprendre les mécanismes du nazisme à ses élèves, Ben Ross, professeur d'histoire, crée un mouvement expérimental au slogan fort : " La Force par la Discipline, la Force par la Communauté, la Force par l'Action. " En l'espace de quelques jours, l'atmosphère du paisible lycée californien se transforme en microcosme totalitaire : avec une docilité effrayante, les élèves abandonnent leur libre arbitre pour répondre aux ordres de leur nouveau leader, lui-même totalement pris par son personnage. Quel choc pourra être assez violent pour réveiller leurs consciences et mettre fin à la démonstration?

Biographie de l'auteur
Todd Strasser, né en 1950, est new-yorkais. Il a publié de nombreux romans traduits dans plus d'une douzaine de langues. La Vague est parue en 2008 chez Jean-Claude Gawsewitch Éditeur. Vendu à plus d' 1,5 million d'exemplaires en Europe, le livre a été adapté au cinéma.

Mon avis : (lu en novembre 2009)

A la demande de mes fils aînés (16 et 14 ans), j'ai eu l'occasion de voir le film en mars dernier. Je voulais donc également lire le livre. Dans le film, l'histoire se passe en Allemagne et non aux États-Unis. La fin du film est différente de celle du livre sans doute pour mieux frapper les esprits. J'ai trouvé le film est aussi fort que le livre. Le livre raconte l'expérience qui a été faite aux États-Unis dans les années 1970 par un professeur d'histoire pour expliquer le mécanisme du nazisme et répondre à la question d'un élève "Comment ont-ils pu faire cela ?". Petit à petit, le professeur inculque à ses élèves les notions de discipline, de cohésion, d'action... En quelques jours, le mouvement créé par le professeur sous le nom de « La Vague » le dépasse lui-même. Comment va-t-il pouvoir arrêter l'expérience ?

Ce livre existe depuis 1981 en langue anglaise et en Allemagne il est devenu un manuel d'histoire. En France, il n'a été traduit et publié qu'en 2008. Ce livre décrit parfaitement comment le pouvoir d'un groupe peut conduire à la perte du libre arbitre de l'individu. A lire et à faire lire aux lycéens !

La Vague (die Welle) est un film allemand réalisé par Dennis Gansel en 2008. L'histoire se passe en Allemagne, un professeur de lycée (Gymnasium) qui suite à des questions de ses élèves sur le régime nazi lors d'une semaine thématique sur l'autocratie, décide de mettre en place dans son cours une communauté fonctionnant comme une unité possédant un symbole, un salut, un uniforme, des règles : la vague. Mais la situation finit par devenir incontrôlable.

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16 novembre 2009

Le jeu de l'ange - Carlos Ruiz Zafon

le_jeu_de_l_Ange Robert Laffont – août 2009 – 536 pages

traduit de l'espagnol par François Maspero

Le Mot de l'éditeur :

« Je t’emmènerai dans un endroit secret où les livres ne meurent jamais et où personne ne peut les détruire… »

Barcelone, années 1920. David Martin, dix-sept ans, travaille au journal La Voz de la Industria. Son existence bascule un soir de crise au journal : il faut trouver de toute urgence un remplaçant au feuilletoniste dominical. Sur les conseils de Pedro Vidal, chroniqueur à ses heures, David est choisi. Son feuilleton rencontre un immense succès et, pour la première fois, David est payé pour ce qu'il aime le plus au monde : écrire.
En plein succès, David accepte l’offre de deux éditeurs peu scrupuleux : produire à un rythme effréné des feuilletons sous pseudonyme. Mais après quelques années, à bout de force, David va renoncer. Ses éditeurs lui accordent alors neuf mois pour écrire son propre roman. Celui-ci, boudé par la critique et sabordé par les éditeurs, est un échec. David est d'autant plus désespéré que la jeune fille dont il est amoureux depuis toujours - et à laquelle le livre est secrètement dédié - va épouser Pedro Vidal.
Son ami libraire, Sempere, choisit ce moment pour l’emmener au Cimetière des livres oubliés, où David dépose le sien. Puis arrive une offre extraordinaire : un éditeur parisien, Corelli, lui propose, moyennant cent mille francs, une fortune, de créer une texte fondateur, sorte de nouvelle Bible, « une histoire pour laquelle les hommes seraient capables de vivre et de mourir, de tuer et d’être tués, d’offrir leur âme ».
Du jour où il accepte ce contrat, une étrange mécanique du meurtre se met en place autour de David. En vendant sa liberté d’écrivain, aurait-il vendu son âme au diable ? Épouvanté et fasciné, David se lance dans une enquête sur ce curieux éditeur, dont les pouvoirs semblent transcender le temps et l’espace.

L’auteur : écrivain catalan, Carlos Ruiz Zafón vit à Los Angeles, où il est également scénariste. L'Ombre du vent, prix Planeta (2004), prix du meilleur livre étranger – roman (2004), a aussi sélectionné pour le prix Femina étranger.

Mon avis : (lu en novembre 2009)

Pour ceux qui ont déjà lu du même auteur, L'Ombre du vent, il ne faut surtout pas imaginer qu'il s'agit d'une suite ou alors comparer ces deux livres. Pourtant, l'auteur nous fait quelques clins d'œil par rapport à L'Ombre du vent : nous retrouvons le Cimetière des livres oubliés et la librairie Sempere & Fils. Et cette histoire se passe également dans Barcelone merveilleusement décrite.

Le début du roman raconte l'ascension d'un jeune écrivain, David Martin. Tout d'abord il écrit un feuilleton hebdomadaire pour un journal de Barcelone, "La vox de la Industria". Puis il signe un contrat avec un duo d'éditeurs qui lui impose un rythme infernal pour écrire une série de livre sous un pseudonyme. Il est également fasciné par la jolie Cristina et aimerait la séduire... Il rencontre un étrange éditeur français Andreas Correli qui lui propose une très forte somme d'argent pour écrire un livre unique, qui ne ressemble à aucun autre.

L'évocation de Barcelone et de la vie des Espagnols avant la guerre civile est faite avec beaucoup de précision et de justesse, Barcelone apparaît comme une ville à la fois mystérieuse et envoûtante où les rues sont tortueuses et les habitations inquiétantes.

Ce livre est un vrai thriller fantastique qui se lit assez facilement malgré ses 537 pages car les chapitres sont cours et le rythme de l'histoire nous invite à lire sans hésiter le chapitre suivant. J'avais adoré L'Ombre du vent et j'ai beaucoup aimé Le jeu de l'Ange.

Extrait : (page 438)

"Je revins à l’hôtel en longeant le lac. Le concierge m’indiqua comment trouver l’unique librairie du village, où je pus acheter du papier et un stylo qui attendait là depuis des temps immémoriaux. Ainsi armé, je m’enfermai dans ma chambre. Je déplaçai la table de manière à la mettre devant la fenêtre et commandai un thermos de café. Je passai presque une heure à contempler le lac et les montagnes lointaines avant d’écrire un mot. Je me souvins de la vieille photo confiée par Cristina, cette image d’une enfant marchant sur une jetée en bois qui s’avançait dans la mer, dont le mystère avait toujours fui sa mémoire. J’imaginai que je suivais cette jetée, que mes pas me conduisaient derrière elle et, lentement, les mots commencèrent à couler et l’armature d’un petit récit s’esquissa au fil de la plume. J’allais écrire l’histoire dont Cristina n’avait jamais pu se souvenir, celle qui l’avait menée, enfant, à marcher au-dessus de ces eaux luisantes en tenant la main d’un inconnu. J’écrirais l’histoire de ce souvenir qui n’aurait jamais existé, la mémoire d’une vie volée. Les images et la lumière qui se dessinaient entre les phrases me ramenèrent à cette vieille Barcelone de ténèbres qui nous avait engendrés tous les deux. Je travaillai jusqu’à ce que le soleil se couche, qu’il ne reste plus une goutte de café dans le thermos et que mes yeux et mes mains me fassent mal. Je laissai tomber mon stylo et enlevai les feuilles de la table. Quand le concierge frappa à la porte pour me demander si j’allais descendre dîner, je ne l’entendis pas. Je dormais profondément et, pour une fois, je rêvais en croyant que les mots, y compris les miens, avaient le pouvoir de guérir."

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