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A propos de livres...

30 août 2013

Les perroquets de la place d'Arezzo - Eric-Emmanuel Schmitt

Lu en partenariat avec les éditions Albin Michel

les_perroquets_de Albin Michel - août 2013 - 730 pages

Quatrième de couverture : 
« Ce mot simplement pour te signaler que je t’aime. Signé : tu sais qui. »

Cette lettre anonyme trouble l’existence des riverains de la place d’Arezzo. Dans ce quartier élégant de Bruxelles, quel original, quel pervers, quel corbeau déguisé en colombe s’acharne à violer leur intimité ? Le message entraîne autant de promesses et d’attentes que de déceptions et de catastrophes, chacun l’interprétant à sa façon. Menée par Eric-Emmanuel Schmitt, cette ronde effrénée devient l’encyclopédie des désirs, des sentiments et des plaisirs, le roman des comportements amoureux de notre temps.

Auteur : Dramaturge, romancier, nouvelliste, essayiste, cinéaste, traduit en 50 langues et joué dans autant de pays, Eric-Emmanuel Schmitt est un des auteurs les plus lus et les plus représentés dans le monde. Il a été récompensé par l'Académie Française en juillet 2001 avec le Grand Prix du théâtre, pour l'ensemble de son oeuvre. En 2009, Ulysse from Bagdad lui a valu le Prix des grands espaces littéraires. En 2010, il a obtenu le prix Goncourt de la nouvelle pour son recueil Concerto à la mémoire d'un ange. Son roman La Femme au miroir lui a valu en 2011 le prix du roman historique, Prix Agrippa d'Aubigné. Eric-Emmanuel Schmitt a été reçu cette année à L'Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique au fauteuil 33 qu'occupait Hubert Nyssen, et qu'ont occupé Colette et Cocteau.
Co-directeur du Théâtre Rive Gauche à Paris, Eric-Emmanuel Schmitt y a vu jouée son adaptation théâtrale du Journal d'Anne Frank, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, etc.

Mon avis : (lu en août 2013)
J'ai beaucoup aimé ce livre. Ma première surprise a été de découvrir que la place d'Arezzo est située à Bruxelles, je connaissais la présence de perruches dans la capitale belge et grâce à Wikipédia j'ai découvert que la place Guy d'Arezzo est surnommée « La place des perruches » par les habitants du quartier. 
Dans la première partie du livre, Eric-Emmanuel Schmitt nous présente les nombreux occupants de cette place huppée de Bruxelles. Ils sont très différents et variés, il y a le politicien, la fleuriste, la concierge, le beau jardinier, une veuve, des épouses, la call-girl, le marchand d'art... Zachary, Rose, Faustina, Dany, Baptiste, Joséphine, Eve, Philippe, Quentin, Odile, Patricia, Albane, Hippolyte, François-Maxime, Séverine, Mademoiselle Beauvert et son perroquet Copernic, Marcelle, Wim, Oxana, Victor, Diane, Xavière, Orion, Tom, Nathan... 
A la fin de chaque chapitre, une quinzaine de ces personnages reçoivent une mystérieuse enveloppe avec ce simple message "Ce mot simplement pour te signaler que je t'aime. Signé : tu sais qui."  Qui est ce corbeau ou plutôt cette colombe qui envoie ces messages d'amour ? Chacun a sa petite idée... Le lecteur est invité à deviner lui aussi, l'auteur ne sera dévoilé que dans les dernières pages.

Ils sont solitaire ou en couple, vivent des amours cachés, inavouables ou fantasmés, s'unissent ou se quittent... Ces mystérieuses enveloppes vont bouleverser la routine du lieu et à travers ce roman jubilatoire, le lecteur découvre les relations surprenantes qui existent ou qui se nouent et se dénouent entre ses habitants de cette place d’Arezzo. 
Au début de la lecture, j'ai eu peur de me perdre au milieu de la grosse vingtaine de personnages, mais en les retrouvant tour à tour dans les trois parties suivantes, je m'y suis attachée et je les ai regrettés en les quittant à la fin de l'histoire...
C'est mon premier coup de coeur de cette Rentrée Littéraire.

Un grand Merci à Laure et aux éditions Albin Michel pour m'avoir permis de faire cette très belle découverte.

Note :  ♥♥♥♥♥

Extrait : 

 
Déjà lu du même auteur :

oscar_et_la_dame_rose Oscar et la dame rose odette_toulemonde Odette Toulemonde et autres histoires

la_reveuse_d_ostende La rêveuse d'Ostende ulysse_from_Bagdad Ulysse from Bagdad

le_sumo_qui_ne_voulait_pas_grossir Le sumo qui ne pouvait pas grossir l_enfant_de_no__p L'enfant de Noé

quand_je_pense_que_Beethoven Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent...  

mr_ibrahim_ldp_2012 Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran 

les_10_enfants Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus 

la_part_de_l_autre_2003 La Part de l'autre

 Challenge Petit BAC 2013
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"Animaux"

Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013
logorl2013
4/6

Pavé de l'étépav_2013n°2

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29 août 2013

Résidence secondaire - Isabelle Motrot

r_sidence_secondaire r_sidence_secondaire_p

Plon - mars 2006 - 247 pages

J'ai lu - septembre 2008 - 218 pages

Quatrième de couverture :
Avec sa résidence secondaire, Pierre s'était offert un 4x4 et un cancer du poumon. " Dans un petit village de Normandie, entre Deauville et Trouville, plusieurs couples profitent de leur résidence secondaire. Ou plutôt tentent d'en profiter. Bobos, écolos, aristos ou prolos... Tout propriétaire de résidence secondaire se reconnaîtra dans ce livre, et surtout y reconnaîtra une peinture sarcastique de ses voisins. Une joyeuse comédie de mœurs taillée dans un humour débridé et cinglant.

Auteur : Isabelle Motrot est journaliste, chroniqueuse dans la bande à Ruquier On va s'gêner ! sur Europe 1 et On a tout essayé sur France 2 et rédactrice en chef du Bateau Livre sur France 5.

Mon avis : (lu en août 2013)
J'ai trouvé par hasard ce livre dans la bibliothèque bretonne que je fréquente une ou deux fois par an. Le sujet et l'auteur m'ont interpellée. Pour me sortir un peu de ma lecture de "Le Monde selon Garp" un peu de légèreté n'était pas de trop... 
Beaucoup rêvent d'avoir un jour une résidence secondaire, mais cela peut être également source de soucis... Le lecteur suit plusieurs couples dans leurs résidences secondaires en Normandie entre Deauville et Trouville. Ils sont de conditions sociales très différentes et ont des résidences secondaires modestes ou plus tape à l'oeil. Ils vont découvrir les problèmes de voisinages, l'authenticité des produits "fermiers", les artisans locaux pas toujours fiables, les embouteillages du dimanche soir... Au fil des week-end, nous suivons cette comédie grinçante aux personnages attachants avec des dialogues jubilatoires et plein d'humour. 
Un livre léger et amusant qui se lit facilement et qui m'a fait passer un très bon moment. 

Note : ♥♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
Avec sa résidence secondaire, Pierre s'était offert un 4x4 et un cancer du poumon. L'élégante maison de campagne était un ancien pressoir normand, près de Deauville, et le véhicule, une Jeep Grand Cherokee hors de prix, destinée à parcourir les pistes dangereuses de la Normandie profonde (où la vache féroce est tapie). Le cancer, lui, fourbissait ses armes à la faveur des emboutaillages. Car « aller respirer en sur la côte normande » se traduisait invariablement par des heures d’attente derrière le volant, pendant lesquelles Pierre réglait ses affaires en téléphonant et... en fumant. Durant les mois d'hiver, Pierre et Catherine Dartois fermaient leur résidence secondaire. Le soleil étant terriblement nécessaire à Catherine, sujette à la dépression saisonnière. Megève et les Maldives (« ou Saint-Barth, depuis ces affreux problèmes de tsunami ! ») remplaçaient la Normandie pendant les frimas.

Ce premier week-end de mars marquait donc le début de la saison, la réouverture du Pressoir. Comme chaque année, Pierre partait en éclaireur pour rouvrir la maison. En guerrier âpre et courageux, il allait affronter l'humidité du refuge campagnard, près à pourfendre les linceuls de toiles d'araignée qui auraient pu s'y installer durant l'hiver. Catherine lui était reconnaissante de cette attitude de mâle dominant et l'attendait au chaud, dans leur caverne (200 mètres carrés) du 7e arrondissement. C'était un rituel plus qu'une nécessité, car Pierre ne risquait pas grand-chose en matière de mauvaise surprise. Son épouse prévenait toujours Denise, leur femme de ménage normande, quelques jours auparavant. Denise ouvrait et dépoussiérait, allumait le chauffage et préparait le bois dans les cheminées. Elle remplissait le frigo et le congélateur, disposait des fruits et des fleurs, des serviettes dans les salles de bains et du papier dans les toilettes (« Denise, je vous ai dit et répété : blanc ! Je me moque des promos, Denise ! »).

 Challenge Petit BAC 2013
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"Chiffre/Nombre"

 

28 août 2013

Les Renards pâles - Yannick Haenel

Lu dans le cadre de La Rentrée Littéraire 2013 Libfly
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les_Renards_p_les Gallimard - août 2013 - 192 pages

Présentation de l'éditeur :
Un homme choisit de vivre dans sa voiture. À travers d'étranges inscriptions qui apparaissent sur les murs de Paris, il pressent l'annonce d'une révolution. 

Le Renard pâle est le dieu anarchiste des Dogon du Mali ; un groupe de sans-papiers masqués porte son nom et défie la France. 
Qui est ce solitaire en attente d'un bouleversement politique? Qui sont les Renards pâles? 
Leur rencontre est l'objet de ce livre ; elle a lieu aujourd'hui.

Auteur : Yannick Haenel, romancier, essayiste né en 1967, a cofondé avec François Meyronnis la revue «Ligne de risque» en 1997. Il est l’auteur d’«Évoluer parmi les avalanches» (2003) et de «Cercle» (2007), prix Décembre et prix Roger-Nimier.

Mon avis : (lu en juin 2013)
Après avoir été expulsé de son meublé, le narrateur décide de vivre dans sa voiture. Il devient un solitaire, il se met en marge de la société.
L'auteur nous fait de belles descriptions assez précises du XXème arrondissement de Paris que le narrateur arpente de long en large. Au hasard de ses promenades il tombe impasse Satan sur un graffiti surprenant qu'il décrit comme "une sorte d'épouvantail : cancrelat de sortilège, poisson-sorcier". Il se met alors à rechercher le sens de cet étrange dessin. Il fait alors la connaissance de sans-papiers venant du Mali qui connaissent ce dessin, il est alors question pour la première fois de « Renards pâles », ce dessin est l'un des masques du « Renard pâle » un dieu des Dogons. Dans la deuxième partie du livre, le narrateur découvre et dévoile au lecteur le monde des sans-papiers, certains se sont regroupés, ils s'appellent entre eux « les Renards pâles » et manifestent masqués contre ce qu'ils subissent en France.

Difficile de dire si j'ai aimé ou non ce livre, je crois ne pas avoir tout compris. Est-ce une fable ? Un réquisitoire contre le sort des sans-papiers à Paris... J'ai aimé ces longues marches et les descriptions de Paris.

J'ai découvert par hasard que de la page 37 à 52, l'auteur a repris intégralement la nouvelle "Vers les animaux" qu'il avait écrite pour le recueil Noël, quel bonheur !: Treize nouvelles affreusement croustillantes publié en novembre 2012 chez Armand Colin.

Merci à Libfly et Le Furet du Nord pour m'avoir permis de découvrir ce livre à l'occasion de l'opération On vous lit tout.

Note : ♥♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
C'est l'époque où je vivais dans une voiture. Au début, c'était juste pour rire. Ça me plaisait d'être là, dans la rue, sans rien faire. Je n'avais aucune envie de démarrer. Pour aller où d'ailleurs ? Je me sentais bien sous les arbres, rue de la Chine. La voiture était garée le long du trottoir, en face du 27. Il y avait des pétales de cerisiers qui tournoyaient dans l'air ; ils s'éparpillaient avec douceur sur le pare-brise, comme des flocons de neige.

C'était un dimanche, vers 20 heures. Je m'en souviens très bien parce que, ce jour-là, on m'avait mis à la porte. Depuis quelques mois, je n'arrivais plus à payer le loyer ; la propriétaire de la chambre m'avait rappelé à l'ordre, et puis ce matin-là elle a frappé à ma porte ; comme je n'ouvrais pas, elle s'est mise à hurler que j'avais la journée pour quitter son meublé. Je me suis rendormi, avec une légèreté qui aujourd'hui me paraît extravagante. A l'époque, j'accordais peu d'importance à ce qu'on nomme les relations humaines ; peut-être n'avais-je pas besoin de faire croire aux autres que j'étais vivant.

Bref, j'ai traîné toute la journée au lit, puis vers la fin de l'après-midi, alors que la lumière d'avril entrait dans la chambre avec ses couleurs chaudes, à ce moment où l'on prend plaisir à baigner son visage dans les rayons du soleil, j'ai rassemblé mes affaires ; ça faisait à peine trois cartons : du linge, des livres et une plante verte – un papyrus qui m'accompagne depuis toujours.

Déjà lu du même auteur :

jan_karski Jan Karski 

 Challenge Petit BAC 2013
petit_bac_2013
"Animal"

Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013
logorl2013
3/6

27 août 2013

Autumn Laing – Alex Miller

Lu dans le cadre de La Rentrée Littéraire 2013 Libfly
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autumn_laing Phébus – août 2013 – 420 pages

traduit de l'anglais (Australie) par Françoise Pertat

Titre original : Autumn Laing, 2011

Quatrième de couverture :
« C’est ici que tout a commencé il y a cinquante-trois ans. »
C’est ici, dans la moiteur des environs de Melbourne, qu’Autumn Laing, née Gabrielle Louise Ballard, connut l’unique passion de son existence. 
Au crépuscule de sa vie, Autumn, solitaire et revêche, raconte comment la tendresse qui la liait à son mari, Arthur, homme de loi intègre fréquentant la bohème des années trente, fut balayée par sa relation avec Pat Donlon. Peintre génial, fascinant d’égoïsme, il révolutionna autant son quotidien que l’art de son pays. Entre eux, la passion est physique, l’amour incandescent, le désir dévastateur. Car face à la folie créatrice de l’artiste, la muse n’est rien qu’un souffle vite emporté, une image vite oubliée.
Après le magistral Lovesong, Alex Miller prouve qu’il est sans conteste l’un des plus grands prospecteurs des sentiments amoureux, en offrant une vision de l’amour avec ses zéniths et ses gouffres, son tumulte et ses silences.

Auteur : Alex Miller est né en 1936 à Londres. Australien d’adoption, il fut tour à tour garçon de ferme, magasinier, carillonneur, dresseur de chevaux, universitaire, dramaturge et enseignant, avant de publier en 1988 son premier livre. Auteur de dix romans, tous encensés par la critique, c’est avec Landscape of Farewell (2007), Lovesong (Phébus, 2012) et surtout Autumn Laing qu’il acquiert définitivement le statut d’écrivain majeur de son pays. Il reçoit en 2007 le Manning Clark Cultural Award pour sa contribution au rayonnement de la littérature australienne à l’étranger.

Mon avis : (lu en juillet 2013)
« Ils sont tous morts, et moi je suis vieille et décharnée. C’est ici que tout a commencé il y a cinquante-trois ans. » Voilà les premières phrases de ce livre. La narratrice, c'est Autumn Laing, elle a 85 ans et elle vit seule à Old Farm environs de Melbourne en Australie. Après avoir aperçu en ville, Edith Dolon qu'elle n'avait plus vu depuis plus de cinquante ans, Autumn est renvoyée vers son passé et elle se met à raconter ses souvenirs. Dans les années 30, Autumn et Arthur Laing s'occupaient de la promotion d'artistes australiens. En 1938, ils font la connaissance de Pat Dolon, un jeune peintre plein d'ambition. Pat est marié avec Edith. Entre Autumn et Pat une vraie complicité s'installe qui deviendra une passion. Autumn a dix de plus que Pat mais elle l'inspira l'artiste en herbe. Le lecteur suit en alternance le présent et le passé d'Autumn, il découvrira peu à peu la suite de cette passion.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre, sans doute car l'auteur prend son temps pour installer l'intrigue et les différents protagonistes. Ensuite, j'ai été embarquée par le récit de cette histoire d'amour, intéressée également par le côté artistique sans oublier la découverte des grands espaces australiens décrit formidablement par Alex Miller. 
Cette histoire est une fiction même si l'auteur ne se cache pas avoir été inspiré par la vie de Sunday Reed (Autumn Laing) et du peintre Sidney Nolan (Pat Dolon).

Merci à Libfly et Le Furet du Nord pour m'avoir permis de découvrir ce livre à l'occasion de l'opération On vous lit tout.

Note : ♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
Ils sont tous morts, et moi je suis vieille et décharnée. C’est ici que tout a commencé il y a cinquante-trois ans. Ici, où j’ai trouvé refuge à l’ombre de l’ancienne écurie aux planches gondolées et disjointes en cet après-midi de janvier étouffant. J’avais trente-deux ans. je m’y protège du soleil et de la fumée. L’odeur du papier brûlé m’a suivie. De la fumée bleue danse dans les lames de soleil qui découpent des formes dans l’obscurité, imitant en cela l’œuvre d’un certain peintre que nous admirions autrefois. Que de choses cachées et étouffées en cet endroit! La maison des morts, voilà le nom que je devrais lui donner. À l’ombre où est ma place. Ne riez pas. C’est une vieille angoisse chez moi, ce besoin de fouiller les immondices de la pointe de ma sandale, à les bousculer dans l’espoir (ou la terreur) d’y dénicher quelque chose. je ne suis plus une femme. vous allez vite comprendre pourquoi. La boucle de mon nu-pieds gauche s’est cassée la nuit dernière, alors que je tirais mon matelas sous la véranda en quête d’un peu de fraîcheur. La fraîcheur, je ne l’ai pas trouvée, par contre mon pied a buté contre la marche. je n’ai plus de force dans les jambes. Mes jambes! Du temps de ma peau lisse, je l’ai séduit en lui découvrant par intermittence mes cuisses nacrées, tandis que je l’observais, fou de désir de me toucher, pendant que moi je fondais. Rien ne pouvait nous arrêter à l’époque.

Hier, je l’ai croisée dans la rue. Et la nuit dernière, je n’ai pas fermé l’œil à cause d’elle. L’air me brûlait les poumons à deux heures du matin. J’ai alors envisagé de descendre jusqu’à la berge, pour m’étendre sur l’herbe sous les mimosas, afin d’y trouver du réconfort. Mais je n’en suis plus capable. La dernière fois que je suis allée au fleuve remonte au moins à quinze ans. Si je pouvais y retourner, je m’y étendrais nue, comme de son temps. Le corps blanc, immobile et froid au clair de lune, maintenant. Sur le dos (« toujours prête », selon l’expression consacrée de Pat), le cerveau en ébullition, à penser à ma vie et à la leur. Sa vie à lui et sa vie à elle. Il ne me reste guère plus que la peau et les os. Non, c’est drôle. C’est comme ça qu’il faut l’entendre. Riez donc si cela vous fait plaisir! je n’ai jamais reproché un rire à quiconque. Dieu seul sait combien les occasions sont rares.

Jusqu’à ma rencontre d’hier avec Edith, j’étais prête à devenir ce cadavre blanc sur la rive. C’est vrai, c’est ce que je voulais. Le moyen d’en finir, je l’ai au fond du tiroir de ma table de chevet. Mais au lieu de mourir la nuit dernière, j’ai rafistolé ma sandale avec le ruban de soie mauve entourant la boîte de chocolats bon marché offerte par cette femme minable venue me voir hier. Était-ce hier? Était-ce avant, ou après ma rencontre avec Edith? Peu importe. Elle – je parle de la femme aux chocolats, et non d’Edith – a garé sa voiture près de la porte principale, puis a contourné la propriété pour entrer par le portail de derrière et faire son apparition parmi les rhododendrons, telle une intime de notre ancien cercle. Elle m’a surprise, la chemise de nuit relevée jusqu’à la taille, à trois heures de l’après-midi, en train de me soigner les cors. Il me faudrait un gros chien. Ou un fusil. Un pied posé sur le rebord en brique, à l’autre bout du bassin à poissons (sans poissons), elle me souriait en me tendant son cadeau de pacotille. Toute vêtue de lin blanc immaculé. Énorme, elle transpirait à grosses gouttes. Le corps idéal pour dévaler la colline jusqu’au fleuve. C’est ce à quoi j’ai pensé en la regardant.

 Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013
logorl2013
2/6

  Challenge Petit BAC 2013
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"Météo"

26 août 2013

C'est lundi que lisez-vous ? [136]

 BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu ces dernières semaines ? 

conflit_de_voisinage__1_ un_p_re_en_col_re Nos__toiles_contraires La_femme_a_1000_7036

Conflit de voisinage - Rafaële Rivais 
Un père en colère - Jean-Sébastien Hongre 
Nos étoiles contraires - John Green
La femme à 1000° - Hallgrimur Helgason

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Le monde selon Garp - John Irving

Que lirai-je cette semaine ?

La cuisinière d'Himmler - Franz-Olivier Giesbert

Bonne rentrée et bonnes lectures !

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25 août 2013

La femme à 1000° - Hallgrimur Helgason

Lu dans le cadre de La Rentrée Littéraire 2013 Libfly
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La_femme_a_1000_7036 Presse de la Cité - août 2013 - 633 pages

traduit de l'islandais par Jean-Christophe Salaün

Titre original : Konan við 1000°, 2011

Quatrième de couverture :
Herbjörg Maria Björnsson. Un nom imprononçable que vous n’êtes pas près d’oublier. 

Condamnée à vivre dans un garage avec pour seule compagnie son ordinateur portable, une provision de cigarettes et une grenade datant de la fin de la Seconde Guerre mondiale, une octogénaire islandaise atteinte d’un cancer en phase terminale revient sur sa vie en attendant la mort. Car Herra, comme on l’appelle, a beaucoup de choses à raconter. Petite-fille du premier président d’Islande, fille d’une paysanne et du seul nazi islandais avéré, elle a, au fil de son existence mouvementée, vécu la guerre et l’exil, connu beaucoup d’hommes, parfois célèbres, et vu la mort, de bien trop près. Avant de s’envoyer en l’air pour de bon, elle passe en revue son passé et celui de son pays, l’occasion pour elle de régler au passage quelques comptes. 
Dans ce roman inclassable et truculent qui, à la manière d'un collage, alterne humour, cynisme, tendresse, poésie et noirceur, Hallgrimur Helgason fait preuve d'une inventivité linguistique époustouflante. La Femme à 1000° navigue entre légèreté et profondeur au gré du récit de l'irrévérencieuse Herra, dont l'histoire est à l'image de celle de l'Islande, sa patrie, et de celle de l'Europe : mouvementée, sanglante et tragique.

Auteur : Hallgrímur Helgason, né en 1959 à Reykjavík, est écrivain, peintre, noveliste et traducteur. Il est l'auteur du roman policier 101 Reykjavik qui fut adapté au cinéma par Baltasar Kormákur sous le titre 101 Reykjavik en 2000. Il reçoit en 2002 le prix de littérature islandaise pour son livre L'auteur d'Islande.

Mon avis : (lu en juin 2013)
J'ai choisi de découvrir ce livre non pas grâce à la couverture du livre (pas très engageante...) mais pour son auteur islandais... Mais je n'avais pas vu le nombre de pages... 633 !
J'ai facilement lu le début du livre car les chapitres sont assez courts. Chaque chapitre est daté car l'histoire se déroule de 1929 année de naissance de Herra à 2009, c'est à dire de nos jours avec quelques incursions dans un passé encore plus lointain...
La narratrice, Herbjörg Maria Björnsson dit Herra a 80 ans, elle termine sa vie dans un garage. Elle a un cancer et elle attend la mort, elle a même déjà pris rendez-vous pour sa crémation. Elle est seule avec son ordinateur branché sur internet et les visites quotidiennes de deux aides à domicile. Elle nous raconte sa vie à travers de nombreuses anecdotes car sa famille et sa vie sont plus qu'originales ! En même temps, le lecteur découvre l'histoire de l'Islande.
Dans les 100 premières pages, le récit passe d'une année à l'autre dans un tel désordre que l'on a peine à suivre... Ensuite commence la période de la Seconde Guerre Mondiale de façon chronologique, et donc plus facile à suivre. Hella est née en Islande, elle vivra au Danemark, en Allemagne, en Pologne, à Paris, en Argentine... Elle est la petite-fils du premier président de la République d'Islande. Son père s'engage dans l'Armée Allemande. Hella aura quatre enfants, quatre maris...
J'ai globalement aimé ce roman même si j'y ai trouvé quelques longueurs, j'ai appris beaucoup de choses sur l'histoire de l'Islande. Avant la Seconde Guerre mondiale, l'Islande est sous domination du Danemark, en avril 1940 le Danemark est envahi par l'Allemagne nazie donc l'Islande se retrouve sous domination de l'Allemagne. Le Royaume Uni, craignant que les Allemands occupent l'Islande, s'installe d'autorité en Islande, puis en 1941 ce sont les Américains qui les remplacent, ils ne quitteront le pays qu'en 2006... En 1944, c'est la proclamation de l'Indépendance et la création de la République d'Islande. Sveinn Björnsson (le grand-père d'Hella) devient le premier président de la République. 
J'ai beaucoup aimé les chapitres datés de 2009, lorsque Herra raconte son quotidien dans son garage. Elle fume cigarettes sur cigarettes, elle a toujours avec elle une vieille grenade datant de la Seconde Guerre Mondiale. Connectée à internet, elle s'invente plusieurs profils et se fait passer pour Linda une ancienne miss Monde de 1988. Le ton est grinçant, plein d'humour noir. 

Merci à Libfly et Le Furet du Nord pour m'avoir permis de découvrir ce livre à l'occasion de l'opération On vous lit tout.

Note : ♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
Je vis ici, seule dans un garage, avec pour unique compagnon un ordinateur portable et une vieille grenade. Un vrai petit nid douillet. Mon lit est un lit d'hôpital ; je n'ai guère besoin d'autre mobilier, en dehors de toilettes, qu'il m'est toujours pénible de devoir utiliser. J'en ai pour des heures à les atteindre : d'abord, toute la longueur du lit, et encore tout autant pour arriver au petit coin. Via Dolorosa, c'est le nom que je donne à ce parcours qui me voit chanceler trois fois par jour comme un spectre perclus de rhumatismes. Bassin & cathéter sont mes rêves du moment, mais ma demande est bloquée dans les méandres administratifs. Chienne de vie.

Ici, il n'y a pas grand-chose à voir par la fenêtre. C'est sur l'écran d'ordinateur que le monde m'apparaît. Les messages vont et viennent, et ma page Facebook s'allonge, comme la vie. Les glaciers fondent, les présidents noircissent, et les gens pleurent leur voiture ou leur maison. L'avenir, lui attend patiemment près du tapis à bagages, regard en biais et sourire narquois. Oui, j'observe d'un oeil attentif sous mes draps blancs. Je gis là, cadavre sans besoins, à espérer la mort, ou que l'autre m'apporte ma dose à prolonger l'existence. Elles s'occupent de moi deux fois par jour, les filles de l'hospitalisation à domicile de la ville de Reykjavik. La jeune vierge qui vient le matin est une vraie princesse, mais la vieille peau de l'après-midi, aux mains froides et à l'haleine lourde, vide toujours mes cendriers d'un geste brusque.

 Challenge Petit BAC 2013
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"Chiffre/Nombre"

Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013
logorl2013
1/6

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Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche

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Islande

Challenge Voisins, voisines

voisins_voisines_2013
Islande

Challenge Cap au Nord
 cap_au_nord

 

22 août 2013

Nos étoiles contraires - John Green

Nos__toiles_contraires Nathan - février 2013 - 330 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Catherine Gibert

Titre original : The Fault in Our Stars, 2012

Présentation éditeur : 
Hazel, 16 ans, est atteinte d'un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l'évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu'elle s'y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d'autres jeunes malades. C'est là qu'elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature. Entre les deux adolescents, l'attirance est immédiate. Et malgré les réticences d'Hazel, qui a peur de s'impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d'amour commence… les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie.

Auteur : John Green est né en 1977. Il vit avec sa femme et son fils à Indianapolis, la capitale de l'Etat de l'Indiana, aux Etats-Unis. Il a reçu de nombreux prix pour ses romans, dont le Michael L Printz Award, prestigieux prix américain, pour son premier roman Qui es-tu Alaska ? John Green et son frère, Hank, sont les auteurs de Vlogbrothers, un des projets de vidéos en ligne les plus connus au monde.

Mon avis : (lu en juillet 2013)
Ce livre nous raconte une histoire d'amour entre deux ados. Cela pourrait sembler banal mais cela ne l'est pas ! La narratrice, Hazel a 16 ans, elle a un cancer et vit avec mais elle se sait également condamnée à courte échéance. Dans un groupe de paroles, elle fait la connaissance d'Augustus, un garçon en rémission et leur attirance est évidente. Mais une relation dans ces circonstances ce n'est pas simple... Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue plutôt originale et bien trouvée.
Entre rires et larmes, l'émotion est présente à tout instant et l'histoire est bouleversante. Belle découverte !

Extrait : (début du livre)
L'ANNÉE où j'ai eu dix-sept ans, vers la fin de l'hiver, ma mère a décrété que je faisais une dépression. Tout ça parce que je ne sortais quasiment pas de la maison, que je traînais au lit à longueur de journée, que je relisais le même livre en boucle, que je sautais des repas et que je passais le plus clair de mon immense temps libre à penser à la mort.
Quoi qu'on lise sur le cancer (brochures, sites Internet ou autres), on trouvera toujours la dépression parmi les effets secondaires. Pourtant, la dépression n'est pas un effet secondaire du cancer. C'est mourir qui provoque la dépression (et le cancer, et à peu près tout, d'ailleurs). Mais ma mère, persuadée que je devais être soignée, a pris rendez-vous chez mon médecin, le docteur Jim, qui a confirmé que je nageais en pleine dépression, une dépression tétanisante et tout ce qu'il y a de plus clinique. Conclusion, il fallait modifier mon traitement et je devais m'inscrire à un groupe de soutien hebdomadaire.
Le groupe était formé d'une brochette de guignols plus ou moins mal en point dont la composition changeait régulièrement. Pourquoi changeait-elle ? Un effet secondaire de la mort.
Inutile de préciser que ces séances étaient déprimantes au possible. Elles avaient lieu tous les mercredis dans la crypte en forme de croix d'une église épiscopale aux murs de pierre. On s'asseyait en cercle au centre de la croix, là où les deux morceaux de bois auraient dû se croiser : pile où le coeur de jésus aurait dû se trouver.
Je le savais parce que patrick, l'animateur, qui était aussi la seule personne du groupe à avoir plus de dix-huit ans, nous bassinait à chaque réunion avec le sacré coeur de jésus, au centre duquel nous, jeunes survivants du cancer, étions littéralement réunis.
Voilà comment ça se passait au coeur du coeur de dieu : groupe de six, sept ou dix nous arrivions à pied ou en chaise roulante, piochions dans un malheureux assortiment de biscuits et nous nous servions un verre de limonade, avant de prendre place dans le cercle de la vérité et d'écouter patrick leur débiter pour la millième fois le récit de sa misérable petite vie. il avait eu un cancer des testicules et aurait dû en mourir, sauf que patrick n'était pas mort. il était même un adulte bien vivant, qui se tenait devant nous dans la crypte d'une église de la 137e ville d'Amérique la plus agréable à vivre, divorcé, accro aux jeux vidéo, seul, vivotant du maigre revenu que lui rapportait l'exploitation de son passé de super cancéreux, futur détenteur d'un master ne risquant pas d'améliorer ses perspectives de carrière, et qui attendait, comme nous tous, que l'épée de Damoclès lui procure le soulagement auquel il avait échappé des années plus tôt quand le cancer lui avait ravi les couilles, mais avait épargné ce que seule une âme charitable qualifierait de vie.
ET TOI AUSSI, TU PEUX AVOIR CETTE CHANCE !

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43/50 : Indiana

 

20 août 2013

Un père en colère - Jean-Sébastien Hongre

Lu en partenariat avec Max Milo Editions

un_p_re_en_col_re Max Milo Editions - mars 2013 - 222 pages

Quatrième de couverture : 
Et si c’était au tour des parents de se rebeller ?
« Un père en colère » : la révolte d’un homme dépassé par le comportement de ses enfants. Sa lutte pour reconstruire sa famille et renouer avec sa femme. Son cri pour raviver la tendresse dans le cœur de ses deux adolescents en dérive.
Une fiction à l'intrigue implacable, qui ne triche pas avec la réalité et qui creuse au fond de notre époque pour en extraire la voie de l’espérance.

Auteur : Jean-Sébastien Hongre est l'auteur de Un joueur de poker (Anne Carrière, 2010). Originaire de Picardie, il vit à Paris.

Mon avis : (lu en août 2013)
Une famille à la dérive avec un couple divorcé, des enfants qui ont pris le pouvoir et une mère prisonnière dans son propre logement... Voilà le départ de ce roman, Stéphane et Nathalie se sont rencontrés dans une librairie, ils se sont aimés et se sont installés dans une jolie maison à côté de Paris. Ils ont élevé leurs deux enfants Fred et Léa.
Vingt ans après, Nathalie a été victime d'un accident de voiture et Stéphane crie sa colère vis à vis de ses enfants devenus des monstres, ingrats, qui préfèrent trafiquer ou dealer plutôt que se mettre au travail... Une réflexion sans concession de notre société, de l'éducation que nous donnons ou non à nos enfants et des conséquences. Un roman qui se lit facilement. Stéphane, le père en colère, est touchant et attachant, il ose parler, être lucide sur le comportement de ses enfants qu'il réprouve. Il se sent coupable de ne pas avoir réagi plus tôt laissant ses propres enfants prendre le dessus et faire leur loi... Une belle découverte très instructive.
Merci à Jean-Sébastien Hongre, à Pauline et à Max Milo Editions pour m'avoir permis de découvrir ce livre. 

Autre avis : Canel

Extrait : (début du livre)
Stéphane remonte la rue principale de Saugny au ralenti, pour se donner le temps, se calmer, reconstituer quelques forces après une journée éprouvante. Au coup de fil de Nathalie, il a deviné qu'il aura besoin de sang-froid. Il lui faudra contrôler son agacement et les effets de la fatigue accumulée. De rares piétons, tête baissée, ombres craintives, se hâtent de rentrer chez eux. Stéphane entend presque les verrous des serrures qui claquent derrière eux lorsque, enfin, ils atteignent leur asile pour la nuit. Cela fait plusieurs années que dans cette petite ville de banlieue, la rue est désertée dès la fin du jour.
Il gare sa 106 le long du trottoir, devant la grande maison en briques rouges. À peine le seuil franchi, il soupire : les cendriers pleins, la boîte de pizza par terre, la dizaine de canettes de bière 8-6 vides sur la table, tout ce désordre lui donne la nausée. Il a un haut-le-coeur tandis qu'il progresse lentement dans la pièce. Il slalome en évitant tout contact avec les détritus, s'oriente à la musique et aux rires en grimaçant. « Ils » sont là, cela ne fait pas de doute, songe-t-il. Devant l'entrée de la cuisine, il se fige malgré lui ; ses muscles se rétractent, tout son être se recroqueville, comme pour se prémunir d'avance des coups qu'il risque de prendre. Cela l'humilie d'être à 48 ans dans cet état de fébrilité, lui qui sait gérer son stress au bureau. Mais il doit passer par là pour retrouver Nathalie, répondre à son appel à l'aide, l'extraire du piège. En bruit de fond, un animateur radio s'esclaffe avec de jeunes auditeurs sur les
« fellations profondes », avant d'annoncer la session « Rap Anthologie » et le groupe Lunatic.

En poussant la porte, Stéphane est saisi à la gorge par une épaisse fumée et une odeur de haschisch qui lui brûle les narines. Il découvre quatre jeunes d'une vingtaine d'années dont, face à lui, un beur aux tatouages imposants qu'il connaît de vue, Rachid. À sa gauche, Kamel, un autre jeune beur, un maigrichon à la tête de fouine qu'il se rappelle avoir souvent croisé. L'un roule un joint, l'autre se sert un whisky. Au bout de la table, Léa se tartine un sandwich avec du pain de mie et du jambon sous vide. Fred, de dos, rigole bruyamment, puis cesse lorsque les regards de ses amis se fixent sur Stéphane. Le voilà qui se retourne.
Avec son oreillette branchée à l'iPhone, son survêtement de marque, ses bagues de mauvais goût, Fred ressemble à la version « blanc » d'Anelka ; même apparence « bling-bling », même air suffisant, même allure d'adolescent révolté à deux doigts de sortir de la pièce en claquant la porte, et dans les yeux une lueur provocante et agressive. Il a encore forci, tout en muscles. L'apparente puissance de son corps est sûrement indispensable dans son monde, songe Stéphane. Lui a toujours traîné un physique maladif d'intellectuel. Il n'a jamais vraiment aimé ce corps maigre, instable, souvent atteint de bronchites chroniques durant sa jeunesse, sans cesse en trahison ouverte, le poussant à se réfugier dans les livres, les jeux de l'esprit, et plus tard dans les innombrables mystères des mathématiques. Son corps a comme refusé de prendre de l'assurance, lui léguant avec le temps la taille d'un grand enfant chétif et des bras trop maigres. Avec l'esprit logique par lequel il analyse chaque chose, il a conclu depuis longtemps que son physique, quoi qu'il fasse, le desservirait. Il a décidé de ne pas lui donner d'importance, de l'oublier en quelque sorte, de se développer « ailleurs ».

 

18 août 2013

La nuit des enfants rois – Bernard Lenteric

la_nuit_des_enfants_rois Bernard_Lenteric_La_nuit_des_enfants_rois_LDP la_nuit_des_enfants_rois_FL1982 la_nuit_des_enfants_rois_ldp_jan1992 nuit_des_enfants_rois_ldpbleu nuit_des_enfants_rois la_nuit_des_enfants_rois_ldp

Editions Olivier Orban - 1981 - 285 pages

Livre de Poche – juin 1982 – 280 pages

France Loisirs – 1982 – 286 pages

Livre de Poche – janvier 1992 – 344 pages

Livre de Poche – janvier 2011 – 280 pages

Editions Olivier Orban -

Livre de Poche -

Quatrième de couverture : 
Sélectionné parmi les meilleurs romans par toute la presse, La Nuit des enfants rois se déroule à toute allure, comme un merveilleux film, d'où l'on sort ébloui.
Cela se passe, une nuit, dans Central Park, à New York : sept adolescents sont sauvagement agressés, battus, certains violés. Mais ces sept-là ne sont pas comme les autres : ce sont des enfants-génies. De l'horreur, ils vont tirer contre le monde une haine froide, mathématique, éternelle. Avec leur intelligence, ils volent, ils accumulent les crimes parfaits. Car ces sept-là ne sont pas sept : ils sont un. Ils sont un seul esprit, une seule volonté. Celui qui l'a compris, Jimbo Farrar, lutte contre eux de toutes ses forces. A moins qu'il ne soit de leur côté...
Alors, s'ils étaient huit, le monde serait à eux et ce serait la nuit, la longue nuit, La Nuit des enfants rois.

Auteur : Bernard Lenteric est un écrivain français né à Paris en 1944 et décédé en 2009. Il exerce de nombreux métiers avant de se tourner vers la littérature. Son premier roman, La Gagne, sort en 1980 ; il acquiert une certaine notoriété en 1981 avec La nuit des enfants rois. Ce livre sera qualifié de « best-seller » en France et fera l'objet d'une adaptation cinématographique en 2010.  

Mon avis : (lu dans les années 80 et relu ensuite)
J'ai découvert ce livre par hasard, je pense l'avoir choisi à la librairie à la lecture de la quatrième de couverture. C'est à la fois un roman policier et un
roman d'anticipation. Jimbo est mathématicien et informaticien qui va mettre en relation sept enfants génies grâce à son ordinateur "Fozzy" un des plus performant du monde. Une histoire surprenante, violente et très prenante qu'ado et jeune adulte j'ai relu plusieurs fois. Elle nous donne à réfléchir sur les enfants précoces, sur l'intelligence utilisée ou non à bon escient... C'est également une plongée dans les débuts de l'informatique mais un néophite en informatique ou en mathématique peut tout à fait suivre l'intrigue du roman.
En rédigeant cet article, j'ai découvert que ce livre avait été adapté
dans un film d'animation par Antoine Charreyron sortie en 2011 sous le titre de The Prodigies.

 

16 août 2013

1Q84 Livre 1 Avril - Juin - Haruki Murakami

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Audiolib - janvier 2012 - lu par Maia Baran et Emmanuel Dekoninck

Belfond - août 2011 - 533 pages

10/18 - septembre 2012 - 550 pages

traduit du japonais par Hélène Morita

Titre original :  1Q84, book 1, 2009

Quatrième de couverture : 
Au Japon, en 1984.
C'est l'histoire de deux mondes, celui réel de 1984 et un monde parallèle tout aussi vivant, celui de 1Q84. Deux mondes imbriqués dans lesquels évoluent, en alternance, Aomamé et Tengo, 29 ans tous deux, qui ont fréquenté la même école lorsqu'ils avaient dix ans. A l'époque, les autres enfants se moquaient d'Aomamé à cause de son prénom, « Haricot de soja », et de l'appartenance de ses parents à la nouvelle religion des Témoins. Un jour, Tengo l'a défendue et Aomamé lui a serré la main. Un pacte secret conclu entre deux enfants, le signe d'un amour pur dont ils auront toujours la nostalgie.
En 1984, chacun mène sa vie, ses amours, ses activités.
Tueuse professionnelle, Aomamé se croit investie d'une mission : exécuter les hommes qui ont fait violence aux femmes. Aomamé a aussi une particularité : la faculté innée de retenir quantité de faits, d'événements, de dates en rapport avec l'Histoire.
Tengo est un génie des maths, apprenti-écrivain et nègre pour un éditeur qui lui demande de réécrire l'autobiographie d'une jeune fille échappée de la secte des Précurseurs. Il est aussi régulièrement pris de malaises lors desquels il revoit une scène dont il a été témoin à l'âge d'un an et demi.
Les deux jeunes gens sont destinés à se retrouver mais où ? Quand ? En 1984 ? Dans 1Q84 ? Dans cette vie ? Dans la mort ? 

Auteur : Né à Kyoto en 1949 et élevé à Kobe, Haruki Murakami a étudié le théâtre et le cinéma à l'université Waseda, avant d'ouvrir un club de jazz à Tokyo en 1974. Son premier roman Écoute le chant du vent (1979), un titre emprunté à Truman Capote, lui a valu le prix Gunzo et un succès immédiat. Suivront La Course au mouton sauvageLa Fin des tempsLa Ballade de l'impossibleDanse, Danse, Danse et L'éléphant s'évapore. Exilé en Grèce en 1988, en Italie, puis aux États-Unis, où il écrit sesChroniques de l'oiseau à ressort (2001) et Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil (2002), il rentre au Japon en 1995, écrit deux livres de non-fiction sur le séisme de Kobe et l'attentat de la secte Aum, un recueil de nouvelles, Après le tremblement de terre (2002), Les Amants du spoutnik (2003) et le superbe Kafka sur le rivage (2006). Plusieurs fois favori pour le Nobel de littérature, Haruki Murakami a reçu récemment le prestigieux Yomiuri Prize et le prix Kafka 2006. 

Mon avis : (lu en juillet 2013)
C'est le premier livre de Haruki Murakami que je lis. Ce titre assez bizarre fait référence à 1984 de George Orwell que je n'ai jamais lu...
Il y a dans cette histoire deux histoires et deux narrateurs en parallèle. Aomamé est une jeune femme célibataire, professeur d'arts martiaux, elle est également tueuse professionnelle. C'est une solitaire qui a eu des relations difficiles avec ses parents pendant son enfance. Tengo a trente ans, il est professeur de mathématiques en classes prépas. Sa deuxième passion c'est l'écriture. Un ami éditeur lui a demandé de réécrire le roman reçu de la part d'une jeune fille de 17 ans et nommée Fukaéri. Cette dernière est assez mystérieuse... Nous sommes plongés dans une histoire à la fois délirante et palpitante. En alternance le lecteur suis le récit de Tengo et d'Aomamé.
J'ai écouté avec beaucoup de facilité le début du livre puis l'histoire m'a un peu lassée, car n'évoluant pas beaucoup... Les passages fantastiques m'ont un peu déroutée et pas vraiment passionnée. J'ai donc mis pas mal de temps à terminer ce livre qui laisse l'intrigue un peu en plan pour nous inciter à lire la suite...
Ayant oublié de réserver les livres-audio des Livres 2 et 3, je ne compte donc pas lire la suite avant quelques mois en audio ou en papier...

 

Extrait : (début du livre)
La radio du taxi diffusait une émission de musique classique en stéréo. C’était la Sinfonietta de Janacek. Etait-ce un morceau approprié quand on est coincé dans des embouteillages ? Ce serait trop dire. D’ailleurs, le chauffeur lui-même ne semblait pas y prêter une oreille attentive. L’homme, d’un âge moyen, se contentait de contempler l’alignement sans fin des voitures devant lui, la bouche serrée, tel un vieux marin aguerri, debout à la proue de son bateau, appliqué à déchiffrer quelque sinistre pressentiment dans la jonction des courants marins. Aomamé, profondément enfoncée dans le siège arrière du véhicule, écoutait, les yeux mi-clos.
Combien y aurait-il d’auditeurs, à l’écoute des premières mesures de la Sinfonietta de Janacek, qui reconnaîtraient immédiatement ce morceau ? Disons : entre « très peu » et « presque aucun ». Mais Aomamé, elle, pour une raison ou une autre, en était capable.
Janacek avait composé cette courte symphonie en 1926. Le thème principal avait été conçu à l’origine pour une fanfare à l’occasion d’une rencontre sportive. Aomamé imaginait la Tchécoslovaquie de 1926. Après la Première Guerre mondiale, le pays s’était enfin libéré de la très longue domination des Habsbourg, les gens buvaient de la bière Pilsner dans les cafés, ils fabriquaient des mitrailleuses efficaces et raffinées, ils goûtaient la paix passagère qui visitait l’Europe centrale. Franz Kafka, encore méconnu, avait disparu deux ans auparavant. Bientôt apparaîtrait Hitler, qui ne ferait qu’une bouchée de ce joli petit pays. Mais, en ce temps-là, tout le monde ignorait que des événements aussi terribles allaient advenir. Ce que l’Histoire enseigne de plus important aux hommes pourrait se formuler ainsi : « A l’époque, personne ne savait ce qui allait arriver. »
En écoutant cette musique, Aomamé imaginait les vents qui balayaient sans obstacle les plaines de Bohême et laissait ses pensées vagabonder sur l’Histoire.
1926, c’était la mort de l’empereur Taishô, le commencement d’une ère nouvelle, l’ère Shôwa. Au Japon aussi, ce serait le début d’une époque sombre et terrible. Le modernisme et la démocratie avaient joué leur bref intermède. Celui-ci achevé, le fascisme imposerait sa loi.
L’histoire, comme le sport, était ce qui intéressait le plus Aomamé. Elle ne se lassait pas de lire de nombreux ouvrages historiques, alors qu’elle n’était guère portée sur les romans. En matière d’histoire, elle aimait avant tout que tous les événements soient bien reliés à une chronologie et à un lieu précis. Elle n’avait aucune difficulté à se souvenir des dates. Même quand elle ne l’avait pas apprise par coeur, la chronologie se dessinait automatiquement, du moment qu’elle avait saisi la cohésion d’ensemble des divers événements. Au collège et au lycée, Aomamé avait toujours les meilleures notes de la classe aux contrôles d’histoire, et elle trouvait étrange qu’un élève ait du mal à retenir la succession des dates, alors que c’était si facile d’y parvenir.
Aomamé était son vrai nom. Son grand-père paternel était originaire de la préfecture de Fukushima et là-bas, dans des petites villes ou villages des montagnes, un certain nombre de personnes portaient réellement ce nom d’ »Aomamé » – haricots de soja verts. Elle-même ne s’était jamais rendue dans cette région. Avant sa naissance, son père avait rompu avec sa famille. Il en allait de même avec sa lignée maternelle. Par conséquent, Aomamé n’avait jamais rencontré un seul de ses grands-parents. Elle n’avait pour ainsi dire pas voyagé, mais, en de rares occasions, elle avait consulté l’annuaire téléphonique de son hôtel pour chercher si des gens portaient ce patronyme. Jamais elle n’en avait trouvé nulle part, dans aucune ville, grande ou petite. Elle avait chaque fois l’impression d’être une naufragée solitaire jetée dans un immense océan.
Donner son nom était pénible. Dès qu’elle l’avait prononcé, son interlocuteur prenait un air surpris ou la considérait d’un oeil embarrassé. Mademoiselle Aomamé ? Oui, c’est bien ça. Et mon nom s’écrit A-o-m-a-m-é, comme les haricots de soja, bleu-vert, oui. Quand elle avait travaillé dans une entreprise et qu’elle avait dû avoir des cartes de visite, les tracasseries avaient été d’autant plus nombreuses. L’autre regardait longuement, d’un oeil méfiant, la carte qu’elle lui tendait. Comme si elle lui avait fait lire une lettre maléfique à brûle-pourpoint. Lorsqu’elle se présentait au téléphone, il y avait même des rires étouffés. Dans la salle d’attente de la mairie ou de l’hôpital, dès que son nom était appelé, les gens levaient le nez pour la regarder. Quelle tête pouvait bien avoir quelqu’un affublé d’un nom pareil ?
Parfois, les gens se trompaient et l’appelaient « Edamamé » – haricots de soja encore verts – ou même « Soramamé » – fèves. Chaque fois, elle rectifiait. « Non, ce n’est pas Edamamé (ou Soramamé). Bien sûr, ces noms se ressemblent… » Et la personne de s’excuser avec un petit rire. « Voyez-vous, c’est un nom tellement rare… » En trente ans, combien de fois lui avait-il fallu entendre la même chose ? Combien de plaisanteries stupides ?
Si je n’étais pas née avec un nom pareil, peut-être ma vie aurait-elle pris un tour différent. Si je m’étais appelée « Satô » ou « Tanaka » ou encore « Suzuki », un patronyme bien banal, j’aurais peut-être eu une existence plus tranquille et regardé les autres d’un oeil plus tolérant. Possible.
Aomamé, les yeux clos, écoutait la musique avec attention. Elle se laissait envahir par les belles vibrations produites par l’unisson des bois. Brusquement, quelque chose la frappa. La qualité de la musique était trop bonne pour une radio de taxi. Même à faible volume, le son était profond et les harmoniques clairement restitués. Elle ouvrit les yeux, se redressa et examina la stéréo encastrée dans le tableau de bord. L’appareil était tout noir, élégant et brillant. Elle ne pouvait voir le nom du fabricant mais comprenait bien que c’était un modèle de prix, avec ses multiples réglages et son affichage numérique vert en façade. Sans doute un appareil de première qualité. Pour un taxi ordinaire appartenant à une compagnie, une aussi belle installation stéréo, c’était étonnant.

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Ma 1ère lecture
d'un auteur : 7/13
 

 Challenge Petit BAC 2013
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