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A propos de livres...

8 octobre 2017

Promesse - Jussi Adler-Olsen

Lu en partenariat avec Audiolib

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Audiolib - juillet 2017 - 16h53 - Lu par Julien Chatelet

Albin Michel - janvier 2016 - 656 pages

traduit du danois par Caroline Berg

Titre original : Den grænseløse, 2014

Quatrième de couverture :
Bornholm, une île danoise de la mer baltique, fin des années 1990. Le cadavre d'une jeune fille est retrouvé dans un arbre, son vélo broyé au bord de la route. Aucune trace du chauffard : affaire classée. Sauf pour un inspecteur de la police locale qui finit dix-sept ans plus tard par demander l'aide de l'inspecteur Carl Mørck. Avant de se tirer une balle dans la tête.
À l'initiative de Rose, l'assistante du flegmatique Mørck, l'insolite trio du Département V en charge des cold cases débarque sur l'île de Bornholm. En remuant le passé, ils prennent le risque de réveiller de vieux démons...

Auteur : Né à Copenhague, Jussi Adler-Olsen a étudié la médecine, la sociologie, le cinéma et la politique. Ancien éditeur, il connaît un succès sans précédent avec la série bestseller des Enquêtes du Département V dont Miséricorde, Prix des lecteurs du Livre de Poche 2013, Grand prix polar des lectrices de Elle 2012, Profanation, Délivrance, Prix de la Clé de Verre (prix scandinave du meilleur roman policier) 2010 et Prix des Lauriers d’Or des libraires danois. La série a été récompensée en 2016 par le Prix Boréales / Région Basse-Normandie du Polar nordique.

Lecteur : De formation théâtrale – il a fréquenté le cours de Jean-Laurent Cochet – Julien Chatelet a incarné le rôle de l’inspecteur Portal dans Les Cordier, juge et flic. Artiste complet, il tourne dans de nombreux courts-métrages, est réalisateur et chanteur de rhythm’n blues.

Mon avis : (écouté en octobre 2017)
C'est la sixième enquête de la série danoise du Département V. Une série que je n'ai lu qu'épisodiquement puisque avec seulement le n°1 et le n°5... Cette écoute du n°6 aura été l'occasion de vraiment mieux connaître l'inspecteur Carl Mørck et ses deux adjoints Assad et de Rose. Ces personnages sont atypiques et attachants, au cours de cette enquête, ils vont se dévoiler un peu plus.
Cette épisode commence assez lentement avec le retour sur une affaire datant de plus de 20 ans... Sur l'île danoise de Bornholm, une jeune cycliste est décédée tragiquement dans un accident de la route. Un policier s'entête pendant vingt ans à démontrer que cet accident est en réalité un meurtre. Le suicide de ce même policier lors de son pot de retraite provoque la réouverture de l'enquête par le département V... Le lecteur est également plongé dans l'univers des sectes et des croyances ésotériques. L'intrigue bien menée fait faire au lecteur des allers-retours entre le présent et le passé... Après quelques rebondissements et fausses pistes, l'auteur réussit à nous surprendre lors de la conclusion de l'histoire...
Après cette lecture, j'ai très envie de découvrir les autres épisodes de la série, d'abord le 7ème qui est sortie au printemps dernier et reprendre les premiers épisodes pour mieux connaître encore l'équipe d'enquêteur...

Merci Pauline et Audiolib pour cette lecture prenante et pleine de surprise. Je prends toujours beaucoup de plaisir à découvrir un roman policier sous forme audio.

Extrait : (début du livre)
Prologue

Du gris, partout. Ombres flottantes et obscurité feutrée l’enveloppaient comme une couverture et lui tenaient chaud.
Dans son rêve, elle sortait de son corps, planait comme un oiseau – non, mieux, comme un papillon. Comme une œuvre d’art multicolore réalisée dans l’unique but de susciter plaisir et étonnement. Un être évanescent circulant entre ciel et terre, dispensant l’amour absolu et la joie éternelle en répandant d’un battement d’ailes sa poussière magique.
Elle sourit à cette idée. Belle et pure.

Une obscurité infinie flottait au-dessus de sa tête, animée de clignotements à peine perceptibles, telles des étoiles anciennes. C’était bon, comme un pouls rythmant le sifflement du vent dans les arbres.
Elle ne pouvait plus bouger et c’était bien ainsi. Elle n’en avait nulle envie. Elle ne voulait pas se réveiller, car si elle se réveillait, le rêve deviendrait réalité, et avec la réalité viendrait la douleur. Qui l’aurait souhaité ?
À présent défilaient dans sa tête une multitude d’images venant d’un temps où la vie était encore pleine de promesses. Elle et son frère sautant dans les dunes, leurs parents leur criant d’arrêter, d’arrêter…
Pourquoi fallait-il toujours arrêter ? N’était-ce pas dans ces dunes qu’elle s’était sentie vraiment libre pour la première fois de sa vie ?
De jolies bulles de lumière glissèrent sous elle comme des courants phosphorescents et cela la fit sourire. Elle n’en avait jamais vu, à vrai dire, mais c’était ainsi qu’elle se les imaginait. Courants fluorescents ou or liquide dans une vallée profonde.
Où est-ce qu’elle en était, déjà ?
Ah oui… la liberté. Elle ne s’était jamais sentie aussi libre qu’en ce moment. Elle était un papillon et pouvait faire tout ce qu’elle voulait. Voleter de-ci, de-là, au milieu de personnes merveilleuses qui ne passaient pas leur temps à lui faire des reproches. Entourée et choyée par des mains d’artiste qui lui enseignaient de nouvelles choses et ne lui voulaient que du bien. Lui enseignaient des chansons qu’elle n’avait jamais entendues et qui la transportaient ailleurs.
Elle soupira et sourit à nouveau. Laissa ses pensées l’emporter un peu partout et nulle part à la fois.
Puis elle se rappela la bicyclette et l’école, le matin froid et ses dents qui claquaient. À l’instant où la réalité reprit ses droits et où son cœur renonça enfin, elle se souvint du choc quand la voiture l’avait percutée, du bruit des os brisés, des branches de l’arbre qui la retenaient prisonnière, du rendez-vous qu’elle…

Déjà lu du même auteur :

Miseracorde_audio Miséricorde l'effet papillon L'effet papillon

 Challenge Voisins Voisines 
voisins_voisines2017
Danemark

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7 octobre 2017

Résultat du Prix Audiolib 2017

Prix Audiolib 2017

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C'est le premier roman de Gaël Faye : Petit Pays
qui a obtenu le Prix Audiolib 2017.

 
Un prix partagé par le musicien Samuel Kamanzi, qui a réalisé l'habillage musical du livre audio
et par le studio d’enregistrement Novaspot qui a enregistré 
Petit pays pour Audiolib.

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Petit Pays - Gaël Faye

6 octobre 2017

L'adoption - tome 2 - La Garùa - Zidrou et Monin

511QhTsw6OL Bamboo - mai 2017 - 67 pages

Quatrième de couverture :
Qinaya est repartie. Ses parents adoptifs arrêtés pour enlèvement, la petite fille a été renvoyée par les services sociaux dans son Pérou natal. Après un an et demi de recherches, Gabriel, son "grand-père" de France, se rend à Lima pour la retrouver.

Auteurs : Zidrou (Benoît Drousie) est né en 1962 à Bruxelles. D'abord instituteur, il se lance au début des années 1990 dans l'écriture de livres et de chansons pour enfants. En 1991, il rencontre le dessinateur Godi avec qui il crée L'Elève Ducobu. Sa carrière de scénariste de bande dessinée est lancée ! Il signe de nombreuses séries pour enfants et adolescents, des Crannibales à Tamara, de Scott Zombi à Sac à Puces, assure la reprise de La Ribambelle. Il est également l'auteur des plus réalistes, mais non moins sensibles, La Peau de l'ours, Lydie, Folies Bergères, La Mondaine, Les 3 Fruits. En 2015, Zidrou revient en force avec trois nouveaux albums : en août Le Bouffon avec Francis Porcel, en septembre, une nouvelle série familiale, Les Beaux Etés avec Jordi et en octobre, en duo avec P. Berthet, un polar dans les régions reculées de l'Australie, "Crime qui est le tien". Pour 2016, l'auteur continue d'écrire les souvenirs de vacances de la famille Faldéraut dans "Les Beaux Étés" et proclame la fin de Venise dans "Marina". 

Arno Monin, dessinateur. Habite à Nantes. Après avoir passé un bac littéraire puis une année à la fac en histoire de l'art, Arno Monin intègre une école d'arts appliqués qui proposait la formation dessin animation bande dessinée. En cours de formation, un projet bd commence à le démanger. Il s'y consacre alors à plein temps afin de le présenter à des éditeurs, jusqu'à la bonne rencontre avec Bamboo Édition... L'Envolée sauvage est son premier album.

Mon avis : (lu en septembre 2017)
Le premier tome nous avait laissé le coeur serré car Quinaya était repartie au Pérou et ses parents accusés d'enlèvement... Gabriel, le grand-père, qui avait mis du temps à adopter Quinaya, ne peut pas ne rien faire. Ainsi un an et demi après le départ de la petite fille, il décide de partir à Lima lui apporter son petit vélo. 
Et là, le lecteur peut être un peu déçu car on ne reverra Quinaya que dans quelques vignettes, en effet, la petite fille a oublié la France et son grand-père d'adoption. Très déçu, Gabriel décide de repartir rapidement pour la France mais il fait la rencontre d'un homme venu rechercher le corps de sa fille morte dans un tremblement de terre. Et la BD prend une tournure inattendue... En effet, les deux hommes vont ensemble se soutenir et avec le dépaysement et l'éloignement, ils vont prendre du recul et faire le point sur leurs vies respectives et leurs priorités...
Après une seconde de déception en découvrant que Quinaya n'était plus le sujet de ce second tome, j'ai été emporté par l'émotion et la justesse de ce deuxième et dernier tome de la série qui s'arrête sur le rôle du père.

Extrait :

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4 octobre 2017

Lucie ou la vocation - Maëlle Guillaud

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Éditions Héloïse d’Ormesson - août 2016 - 208 pages

Points - septembre 2017 - 216 pages

Quatrième de couverture :
Que sa volonté soit faite.
Lucie est amoureuse. Éperdument. Mais pour imposer celui qu'elle a choisi, elle va devoir se battre. Ne pas céder face aux larmes de sa mère, à l'incompréhension de sa grand-mère, et à la colère de Juliette, sa meilleure amie. Malgré les humiliations quotidiennes, les renoncements, l'isolement et l'ascèse. Elle résiste et rêve d'absolu. Un jour pourtant, le sacrifice qu'elle a durement payé est violemment ébranlé par la découverte d'un secret. S'est-elle fourvoyée ou est-elle victime d'une manipulation?
Avec une sensibilité et une justesse infinie, L. ou la vocation nous entraîne dans les coulisses d'un monde fermé, soumis aux règles impénétrables d'une congrégation vouée au divin. Subtilement le roman dévoile ce processus d'abnégation jusqu'à ce que le doute s'immisce. Une histoire en étroite résonance avec nos problématiques sociétales, et qui permet peut-être de saisir avec plus d'acuité la violence que le sacrifice impose et surtout sa puissance à tout exiger de vous.

Auteur : Née en 1974, Maëlle Guillaud est éditrice. Lucie ou la vocation est son premier roman.

Mon avis : (lu en août 2017)
C'est l'histoire d'une jeune fille qui choisit de consacrer sa vie à Dieu en entrant dans les ordres.
En classes préparatoires, Lucie décide d'abandonner ses études pour « se marier avec Dieu », chez ses proches, c'est l'incompréhension. Son amie Juliette va tout tenter pour la raisonner, sa grand-mère comprend qu'elle va partir pour toujours et sa mère est triste de savoir que sa fille ne lui donnera jamais de petits-enfants. Et Lucie tient bon, elle devient sœur Marie Lucie, et prononce ses vœux : de pauvreté, de silence et d'obéissance. La vie dans la communauté n'est pas aussi facile et aussi belle qu'annoncée... au fil du temps, les questions de la jeune fille sur sa Foi et sur son engagement auprès de Dieu vont se transformer en une enquête sur ce qu'il se passe vraiment dans ce couvent... 

J'ai trouvé ce roman dérangeant. Et pourtant, jeune adulte, j'ai eu l'occasion de passer quelques jours dans plusieurs monastères (sans jamais eu envie de m'y engager). Dans cette histoire, j'ai trouvé que les méthodes pour attirer Lucie au couvent étaient très proches de celles de sectes... J'ai été surprise par le ton du livre qui commence comme un roman documentaire qui questionne sur la vocation religieuse et puis qui devient un roman policier autour du secret de couvent... Ce mélange des genres est troublant.

 

 

Extrait :
La ville pullule de touristes aux tenues criardes et au regard de bête traquée. C’est à ça qu’on les reconnaît, à cette étrange crainte qui les habite, loin de leurs bases, se dit Lucie. La jeune femme gravit les marches d’un pas léger. Elle emprunte la ruelle qui contourne la basilique. Au bout, une grille s’ouvre sur une cour pavée nimbée de lumière.
Depuis plusieurs mois, elle vient ici en secret avec Mathilde. Son amie est différente des autres élèves de la khâgne. Elle a tout vu, tout vécu, même la rue. Et à dix-neuf ans à peine, elle a étudié la théologie.
Mathilde se glisse dans d’autres sphères, quand Lucie cherche encore quel sens donner à sa vie. Longtemps, elle a rêvé de passion fusionnelle et de brillante carrière, comme celle de son père. Depuis peu, elle n’a que des doutes.
Lucie pousse la porte. Ici, elle est à l’abri du bruit et de la poussière de la rue. Ici, l’amour l’enivre, même si elle ignore les effets de l’ivresse. Elle est portée par une force plus grande qu’elle, douce et enveloppante. Quand elle en a parlé à Mathilde, cette dernière a souri. Il suffit, d’après Mathilde, d’accepter que cette vague d’amour vous submerge.
Lucie aperçoit son amie, les cheveux bruns tirés en queue-de-cheval serrée, qui est assise un peu plus loin. Elle la rejoint et lui serre discrètement le bras en saluant d’un sourire les femmes qui l’entourent.
Toutes ferment les yeux. Autour d’elle, tout n’est qu’amour. À cet instant, elle est sereine.

2 octobre 2017

C'est lundi, que lisez-vous ? [310]

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?

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Mensonges sur le Plateau Mont-Royal, tome 1 : Un mariage de raison - Michel David 
La pâtissière de Long Island - Sylvia Lott

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Millénium 5 -La fille qui rendait coup pour coup - David Lagercrantz

Que lirai-je les semaines prochaines ?

Entre mes doigts coule le sable - Sophie Tal Men
Tangvald - Olivier Kemeid (Babelio - Gaïa)
Le jour d'avant - Sorj Chalandon

Bonnes lectures et bonne semaine

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30 septembre 2017

La pâtissière de Long Island - Sylvia Lott

71KKOD+Y0hL Piranha - mai 2016 - 368 pages

traduit de l'allemand par Lorraine Cocquelin

Titre original : Die Glücksbäckerin von Long Island, 2014

Quatrième de couverture :
Pour l'empêcher de fréquenter l'homme qu'elle aime, le père de Marie décide de l'envoyer aussi loin que possible de leur petit village de Frise orientale : à New York, chez ses deux frères. Avec pour seuls bagages son coeur brisé et la recette secrète de son gâteau au fromage blanc, elle débarque à Brooklyn en ce froid mois de novembre 1932, à la fois fascinée et terrifiée par ce qui l'entoure. Elle est bien loin de se douter de l'incroyable destin que lui réserve le Nouveau Monde.
Des décennies plus tard, Rona, sa petite-nièce en plein revers professionnel et sentimental, vient lui rendre visite. Marie lui raconte son histoire et lui confie la recette du cheesecake qui doit changer sa vie.
Auteur : Originaire de Frise orientale, Sylvia Lott est journaliste free-lance pour des magazines féminins, de voyages et d'art de vivre. Elle est l'auteur de quatre romans.
Mon avis : (lu en août 2017)
Ce livre raconte l'histoire de Marie, elle vivait dans un petit village de Frise orientale en Allemagne dans les années 30. Elle était amoureuse d'Arthur, son collègue instituteur. Mais le jeune homme déplaisait aux parents de Marie car il n'avait pas la même religion. Pour les séparer, Marie est envoyée à New-York où deux de ses frères tiennent un restaurant. Marie va mettre quelques temps à s'habituer à cette nouvelle vie, elle va apprendre l'anglais, travailler quelque temps à l'usine puis elle aidera ses frères grâce à un fameux cheese-cake. Marie détient seule la recette familiale et secrète d'un gâteau au fromage blanc qu'elle va mettre à la carte du restaurant de ses frères et ce sera un grand succès. 
Marie n'a pas oublié Arthur et ensemble, ils économisent pour leur prochaine vie future.
En 2002, Rona, la petite-nièce de Marie, vient lui rendre visite avec son grand-père, le frère de Marie resté en Allemagne durant toutes ses années.
Le récit alterne entre 2002 et le passé que Marie raconte à Rona. C'est bien documenté et les personnages sont vraiment attachants. J'ai beaucoup aimé cette lecture.

Extrait : (début du livre)
Marie était déjà bien avancée dans ses quatre-vingts ans quand elle sentit que cela commençait chez elle. Elle l’avait souvent observée chez d’autres personnes âgées ; cette manière qu’elles avaient de retourner vivre peu à peu dans leur passé, de se souvenir d’expériences vécues pendant l’enfance et qu’elles croyaient oubliées depuis longtemps – et de se sentir soudain tourmentées par les conflits d’autrefois comme s’ils ne souffraient plus un seul jour de délai.
Ce furent tout d’abord des images et des scènes de son enfance qui jaillirent à l’improviste dans son esprit, puis des scènes de sa jeunesse, déclenchées le plus souvent par les événements du présent. C’était particulièrement fort en ce jour de juin. Quelques garçons se battaient sur le trottoir devant sa fenêtre – et dans sa tête apparurent des chamailleries, dans la cour de l’école de son village natal, qui remontaient à plus de soixante-dix ans.
« Allez chercher Fräulein Wiemkes ! » criait l’instituteur au lieu d’intervenir lui-même. Marie n’était âgée que de quelques années de plus que les garçons et, en tant que maîtresse d’école suppléante, elle donnait une fois par semaine des cours de couture à l’école du village. Elle était loin d’avoir une carrure impressionnante, mais elle n’eut qu’à se mettre devant la mêlée d’enfants qui se chamaillaient et s’écrier « Hé, les garçons, soyez raisonnables ! », pour qu’ils s’interrompent, honteux, et que la paix régna de nouveau. Marie regarda chacun d’eux, avec un air sérieux mais dénué de reproche, raisonnable. Exactement comme on regarde quand on veut dire : Tu n’es pas obligé de faire ça, arrête donc ces bêtises. Marie avait toujours fait cet effet aux gens.
À partir de là, les premiers exemples lui vinrent à l’esprit. Telles les publicités qui coupaient ses séries préférées, des parenthèses venues du passé se glissaient de plus en plus souvent dans son présent. Cela l’irritait.
Elle n’avait certes rien contre les souvenirs, mais pitié, pas sans invitation !
Son aide à domicile arriva et la salua. Mais Marie était encore si profondément plongée dans ses pensées qu’elle prit sa voix pour celle d’une voisine décédée en Allemagne.
« Marie, j’ai des ennuis avec ma belle-mère. Tu ne pourrais pas me préparer ton gâteau au fromage blanc ? Je t’apporterais les oeufs et tous les ingrédients. »
Tous les ingrédients ? Marie sourit pensivement. Combien d’émoi y avait-il eu alors autour de l’ingrédient décisif, l’ingrédient secret…

 Challenge Voisins Voisines 
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Allemagne

27 septembre 2017

Mensonges sur le Plateau Mont-Royal, tome 1 : Un mariage de raison - Michel David

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Éditions Hurtubise - octobre 2013 - 590 pages

France Loisirs - octobre 2012 - 598 pages

Quatrième de couverture :
Montréal, 1946. Jean Bélanger, qui termine son cours classique, et Reine Talbot, fille du propriétaire d’une biscuiterie, se fréquentent depuis quelque temps. Leur passion mutuelle et la fougue de leur jeunesse mènent à des rapprochements charnels, pourtant proscrits par l’Église avant le mariage ! 

Alors que leur amour vacille, Jean rencontre une nouvelle flamme. Mais quelques jours plus tard, Reine lui annonce qu’elle est enceinte, une révélation qui va bouleverser leur vie. Les deux familles, que tout semble opposer, vont se démener pour éviter le scandale et sauvegarder leur réputation. 
Avec des personnages toujours aussi charismatiques et attachants, des dialogues colorés et vivants qui ont fait son succès, Michel David nous fait revivre une époque où Montréal, au lendemain de la guerre, était en pleine ébullition économique et intellectuelle. 

Auteur : Michel David est né à Montréal, le 28 août 1944, où il passe son enfance, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, qui n'est pas alors totalement urbanisé. Après plus de 33 ans de carrière dans l'enseignement du français, Michel David prend sa retraite en 1999, mais continue l'écriture d'ouvrages pédagogiques, et se consacre à la sculpture sur bois, puis... à l'écriture de sagas, sept jours par semaine, plusieurs heures par jour.

Mon avis : (lu en juillet 2017)
Après avoir découvert cet auteur québécois avec la série "Un bonheur si fragile", j'ai eu l'occasion de découvrir cette série qui se passe à Montréal en 1946, juste après la Seconde Guerre Mondiale. Le lecteur découvre deux familles bien différentes : Les Belanger et les Talbot à travers Jean Belanger, jeune étudiant âgé de 20 ans, et Reine Talbot, vendeuse âgé de 19 ans. Tous deux se sont fréquentés quelques mois et alors qu'ils avaient rompu depuis peu, Reine annonce à Jean qu'elle est enceinte. Jean va donc être obligé de prendre ses responsabilités et d'épouser Reine alors que les sentiments ne sont plus là... 
C'est intéressant de découvrir la vie à Montréal à cette époque et les conventions sociales de l'époque, la place de la religion... Les deux familles sont très différentes et malgré tout vont faire le maximum pour sauver la réputation de leurs enfants. Certains personnages sont très attachants, d'autres plutôt crispants.
Comme pour la série "Un bonheur si fragile", l'auteur utilise le québécois et ses expressions locales, c'est parfaitement compréhensible pour un lecteur français et moi j'aime beaucoup.
Je n'ai pas tardé à lire le tome 2 car j'avais très envie de connaître la suite des aventures de Jean et Reine et j'en ferai prochainement un billet...

Extrait : (début du livre)
— Grouille-toi, Bélanger. Je suis complètement gelé, cria l’étudiant qui avait commencé à enrouler le gros boyau qu’ils venaient d’utiliser pour arroser l’une des deux patinoires extérieures du Collège Sainte-Marie.
— Laisse-moi juste une minute, j’ai presque fini, lui demanda son camarade en dirigeant le jet d’eau vers un coin de la surface glacée tout en s’appuyant contre la bande en bois.
Quelques instants plus tard, les deux jeunes hommes, complètement frigorifiés, rentrèrent précipitamment à l’intérieur de l’institution, leurs moufles couvertes de glace.
— C’est bien clair, je sens plus mes pieds ni mes mains, déclara Comtois en tapant bruyamment des pieds sur le parquet dans le vain espoir de les réchauffer.
— J’ai pas plus chaud que toi, rétorqua son copain, mais on n’avait pas le choix de faire ça cet après-midi, même si on gèle tout rond. Tu sais comme moi que si on n’avait pas arrosé, on n’aurait jamais été capables de jouer notre match de hockey demain, après le dernier examen.
— T’as raison. Bon, je me réchauffe cinq minutes et je m’en vais chez nous, annonça Paul Comtois. Il faut que j’aille étudier.
— Moi aussi, je traînerai pas, rétorqua son camarade de classe. J’ai pas envie d’être poigné à attendre le tramway avec les jeunes. Leur examen doit être à la veille de finir.
Les deux grands étudiants de la classe de philosophie I du Collège Sainte-Marie se dirigèrent vers leur casier métallique dans l’intention de troquer leur tuque et leurs moufles pour un chapeau et des gants, ce qui, à leur avis, convenait beaucoup mieux à leur statut de jeunes adultes âgés de vingt ans.
— Bon, on se revoit demain matin, dit Paul Comtois en donnant une bourrade à son camarade avant de se diriger vers la porte.— C’est ça et oublie pas d’étudier saint Thomas, plaisanta Jean Bélanger en se penchant vers le miroir placé au-dessus des lavabos pour s’assurer de la juste inclinaison de son chapeau. 

Le fils de Félicien et d’Amélie Bélanger était un garçon de taille moyenne solidement charpenté à l’épaisse chevelure brune légèrement ondulée. Les jeunes filles appréciaient aussi bien sa mâchoire énergique et son nez droit que ses yeux bruns pétillants de vie. La pratique régulière du hockey et du baseball avait fait de lui un athlète et n’avait nui en rien à ses grandes qualités intellectuelles. Il en était déjà à l’avant-dernière année de son cours classique. Les Jésuites étaient parvenus à faire de l’adolescent, entré dans leur institution à l’automne 1940 à l’âge de treize ans, un jeune homme cultivé à l’avenir prometteur. Jean était un élève qui avait du talent à revendre et qui ne rechignait pas devant l’effort. De plus, il était doué pour se faire des amis, peut-être parce qu’il hésitait rarement à dépanner un camarade.
— Tu trouves pas, mon ami, qu’il serait plus normal que tu sois chez toi en train de préparer ton examen de philosophie de demain plutôt que de traîner au collège à t’admirer dans le miroir? fit une grosse voix dans le dos de l’étudiant.
Jean sursauta. Il n’avait pas entendu venir le père Patenaude, son professeur de philosophie et son directeur de conscience.
— Je m’en allais justement, mon père, se défendit-il en rougissant légèrement. Je suis resté au collège juste le temps d’arroser la patinoire.

Déjà lu du même auteur : 

Un bonheur si fragile

105625593 (1) tome 1 : L'engagement r_1870 (1) tome 2 : Le drame 

un bonheur si fragile_3 tome 3 : Les épreuves 109921761 tome 4 : Les amours

25 septembre 2017

C'est lundi, que lisez-vous ? [309]

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?

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Par amour - Valérie Tong Cuong
Agatha Raisin enquête, Tome 4 : Randonnée mortelle - M.C. Beaton

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Promesse - Jussi Adler Olsen (partenariat  Audiolib)

Que lirai-je les semaines prochaines ?

Entre mes doigts coule le sable - Sophie Tal Men
Tangvald - Olivier Kemeid (Babelio - Gaïa)
Le jour d'avant - Sorj Chalandon

Bonnes lectures et bonne semaine

22 septembre 2017

Agatha Raisin enquête, Tome 4 : Randonnée mortelle - M.C. Beaton

511YgPvGkHL Albin Michel - novembre 2016 - 242 pages

traduit de l'anglais par Jacques Bosser

Titre original : The walkers of Duembley, 1995

Quatrième de couverture :
Après un séjour de six mois à Londres, Agatha retrouve enfin ses chères Cotswolds -et le non moins cher James Lacey. Même si le retour au bercail de son entreprenante voisine ne donne pas l'impression d'enthousiasmer particulièrement le célibataire le plus convoité de Carsely. Heureusement, Agatha est très vite happée par son sport favori : la résolution d'affaires criminelles. Comme le meurtre d'une certaine Jessica, qui militait pour le droit de passage de son club de randonneurs dans les propriétés privées des environs. Les pistes ne manquent pas : plusieurs membres du club et quelques propriétaires terriens avaient peut-être de bonnes raisons de souhaiter sa disparition. Mais la piste d'un tueur se perd aussi facilement que la tête ou… la vie ! "

Auteur : Née en 1936 à Glasgow, M.C. Beaton a été successivement libraire, critique de théâtre, journaliste et éditrice, avant de devenir un des auteurs de best-sellers les plus lus de Grande-Bretagne. Sa série Agatha Raisin a été adaptée à la télévision et devrait être diffusée prochainement en France.

Mon avis : (lu en août 2017)
C'est en écrivant ce billet, que je m'aperçois que j'ai lu le tome 4 de la série avant le tome 3... Ce n'est pas très grave pour l'enquête, ni même pour suivre les péripéties dans la vie d'Agatha... 
Dans cet épisode, Agatha est de retour à Carsely après un séjour forcé de six mois à Londres. Elle avait hâte de retrouver tous ses amis. Bientôt, une randonneuse d'un village voisin est retrouvée morte. Elle militait activement pour le droit de passage des randonneurs sur les propriétés privées. Agatha est sollicitée par la tante d'une amie de la victime pour enquêter en cachette sur cette mort suspecte. Agatha en profite pour se rapprocher de James et l'entraîner dans l'aventure en se faisant passer pour mari et femme...
Je prends toujours autant de plaisir à lire les aventures d'Agatha, les personnages sont attachants, Agatha a le don de créer des situations cocasses. Je compte poursuivre la série en lisant le numéro 3 !

Extrait : (début du livre)
Dans la City, à Londres, Agatha Raisin contemplait le reflet du soleil sur le mur de son bureau. Perçant à travers les lames d’un store vénitien, il se divisait en multiples flèches de lumière qui descendaient peu à peu sur le mur et les meubles au fur et à mesure que le jour déclinait. C’était le cadran solaire de sa journée de travail.
Demain, ce contrat temporaire de chargée de relations publiques qu’elle avait accepté il y a quelques mois toucherait à sa fin, et elle pourrait enfin rentrer chez elle, dans le charmant village de Carsely, au cœur des Cotswolds. Elle n’avait pas apprécié de retourner travailler en agence, même temporairement. Les mois écoulés depuis son départ à la retraite avaient sans doute provoqué en elle une sorte de rupture et elle avait perdu l’énergie nécessaire pour taper à bras raccourcis sur la grosse caisse de la communication afin de se faire entendre des journalistes et des chaînes de télévision.
Même s’il lui restait assez de sa fameuse truculence et de son célèbre dynamisme pour mener encore à bien des campagnes de relations publiques, elle regrettait son petit village et ses amis. Elle y était retournée pour quelques rares week-ends dès qu’elle avait pu s’échapper, mais, à chaque fois, il lui avait été si difficile de reprendre le train pour Londres que, ces deux derniers mois, elle était restée à son bureau, travaillant même les week-ends.
La facilité avec laquelle elle s’était fait des amis à Carsely – un talent nouveau – aurait pu tout aussi bien fonctionner dans la City, mais la plupart des collaborateurs de l’agence étaient bien jeunes pour sa cinquantaine (bien tassée…) et préféraient se retrouver entre eux pour déjeuner ou prendre un verre après le travail. Beaucoup plus jeune qu’elle, son ami Roy Silver, celui qui l’avait convaincue de venir travailler chez Pedmans – agence à qui elle avait revendu sa propre société – pendant six mois, s’était curieusement tenu à l’écart, prétendant toujours qu’il était trop « débordé », même pour bavarder quelques instants.
Agatha poussa un soupir et regarda sa pendule solaire. Elle avait invité un journaliste du Daily Bugle à boire un verre puis dîner afin de promouvoir une nouvelle pop star, Jeff Loon (vrai nom : Trevor Biles) et elle ne se réjouissait pas particulièrement de cette soirée. Il était difficile de faire connaître quelqu’un comme Jeff Loon, un gringalet encore couvert d’acné dont la bouche faisait penser à une grille d’égout. Mais il avait une voix de « ténor de salon irlandais » et avait récemment réenregistré quelques vieux airs romantiques. Un grand succès. Il était nécessaire de donner une nouvelle image à ce petit chéri de l’Angleterre bourgeoise, le genre de trucs que les mamans et les papas adorent. Pour ce faire, la meilleure façon était néanmoins de le tenir autant que possible à l’écart de la presse et d’envoyer un professionnel sur le front des médias : Agatha Raisin. 

Déjà lu du même auteur :

111279972 Agathe Raisin tome 1 : La quiche fatale
112115556 Agatha Raisin tome 2 : Remède de cheval

 Challenge Voisins Voisines 
voisins_voisines2017
Grande-Bretagne
 
20 septembre 2017

Par amour - Valérie Tong Cuong

Lu en partenariat avec Audiolib

 9782367624129-001-T 71GAkdS70IL

Audiolib - juillet 2017 - 9h06 - Lu par Benjamin Jungers, Kelly Marot, Olivier Martinaud, Emilie Vidal Subias

JC Lattès - janvier 2017 - 416 pages

Quatrième de couverture :
À travers le destin de deux soeurs, Émélie et Muguette, de leurs maris, Joffre et Louis, et de leurs enfants, Jean, Lucie, Joseph et Marline, Par amour, raconte le martyre de la ville du Havre depuis l’Exode et son occupation par les Allemands, à sa libération en 1944, sous le déluge des bombes alliées qui la détruiront presque entièrement.
Donnant la parole à chacun des personnages, la singularité de ce roman est de livrer au lecteur ce que fut la traversée de cette guerre, jour après jour, pour les gens ordinaires, hommes, femmes, enfants – dont certains seront envoyés, pour les protéger, jusqu’en Algérie. Et de nous révéler combien l’amour, s’il n’évite ni le danger ni les blessures, éclaire magnifiquement les routes.

Auteur : Valérie Tong Cuong a étudié la littérature et les sciences politiques, puis passé huit ans en entreprise avant de se consacrer à l'écriture et à la musique. Elle a publié onze romans, dont le très remarqué Atelier des miracles. Ses livres sont traduits dans dix-huit langues.

Lecteurs : Né en 1986 à Bruxelles, Benjamin Jungers rejoint le Conservatoire de théâtre de Paris, puis la Comédie-Française. Il joue en 2016 dans Les Femmes savantes au Théâtre de la Porte Saint-Martin.
Comédienne française, Kelly Marot fait du doublage depuis l’âge de cinq ans. Elle est notamment la voix française de Jennifer Lawrence dans la célèbre saga Hunger Games.
Comédien et metteur en scène, Olivier Martinaud a été formé au Conservatoire supérieur d’art dramatique. On le retrouve au cinéma, à la télévision pour Arte, et à la radio pour France Inter et France Culture, il prête également sa voix pour des émissions, documentaires et fictions.
De formation classique, Émilie Vidal-Subias alterne les projets entre spectacles jeune public, créations contemporaines ou musicales, sans oublier la publicité et le cinéma. Récemment, elle se découvre une véritable passion pour le travail de la voix off et du conte.

Mon avis : (lu en août 2017)
A partir de témoignages et d’archives sur la vie au Havre durant la Seconde Guerre Mondiale, Valérie Tong Cuong a écrit un roman autour du quotidien de deux familles. Émélie, Joffre et leurs enfants, Jean et Lucie et Muguette, Louis et leurs enfants Joseph et Marline. Émélie et Muguette sont deux soeurs. Le livre commence lors de l'Exode, c'est Lucie qui raconte lorsqu'Émélie et Muguette et les enfants se trouvent sur les routes pour fuir Le Havre menacé par les Anglais et les Allemand... Les hommes Joffre et Louis sont alors mobilisés et absents. Tour à tour les différents personnages racontent les évènements de la guerre, bombardements, l'occupation allemande, les difficultés de l'approvisionnement... C'est vraiment très bien documenté, l'histoire est palpitante et ces points de vues différents à travers les récits, des enfants et des parents est une très bonne idée.
Dans la version audio, les cinq lecteurs sont très bons et soulignent le parti pris de l'auteur du récit à plusieurs voix.

Merci Pauline et  Audiolib pour cette lecture prenante et passionnante !

Extrait : (début du livre)
LUCIE
Lundi 10 juin 1940
Dès que maman a poussé la porte, j’ai compris que cette journée serait différente des autres. D’abord, il était six heures du matin, ça je le savais parce que les cloches de Sainte-Marie ont sonné six coups, or d’habitude, les jours de classe, nous nous levions à sept heures pile. Et puis maman portait ses habits du dimanche alors que nous étions lundi et ses joues étaient toutes creusées, comme si on l’avait chiffonnée.

Elle m’a contemplée bizarrement. J’ai pensé que moi aussi, je devais avoir l’air froissée : j’avais roulé d’un bord à l’autre de mon lit la moitié de la nuit en écoutant papa fredonner la berceuse qu’il me chantait lorsque j’étais bébé, ou plutôt en écoutant les souvenirs de mon cœur, puisque papa était parti depuis exactement neuf mois, « À côté de ta mère Fais ton petit dodo Sans savoir que ton père S’en est allé sur l’eau », neuf mois de silence ou presque, une permission seulement, mais comme disait maman : « Les bonnes nouvelles marchent et les mauvaises courent, si c’est pour apprendre qu’il est mort ou prisonnier comme ce pauvre Louis, nous le saurons bien assez tôt. »
Elle portait une grande valise, elle a déclaré que nous devions partir maintenant, maintenant c’était dans la seconde, « Vite, vite, allons Jean, tu lambines, aide ta sœur », le temps de prendre quelques affaires, mais pas trop, un change et notre manteau d’hiver même s’il faisait une chaleur terrible depuis des jours, parce que nous ne savions pas quand nous rentrerions et aussi bien, la semaine suivante, le vent du nord viendrait nous mordre les os.
Jean a demandé à maman de quoi elle avait peur. Jusque-là maman répétait que tout allait bien se passer, même après les premiers bombardements sur le port alors que le ciel était en flammes, même lorsque le Petit Paris avait brûlé ou que les voisins avaient décidé d’aller dormir chaque soir en ville haute, elle répétait, il n’y a aucune inquiétude à avoir, la DCA fait son travail, les Anglais vont nous protéger, nous ne sommes pas des rats qui fuient à la première occasion !
À chacune des alertes, nous courions tous les trois à la cave, bouchant nos oreilles et chantant à tue-tête « Tout va très bien, madame la marquise » jusqu’à ce que les sirènes s’arrêtent et que maman s’exclame : « Eh bien, qui avait raison ? »
Pour ne pas la contrarier, nous faisions semblant de ne pas sentir cette horrible odeur de brûlé qui nous piquait le nez et les yeux, et maman aussi faisait semblant de rien.
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