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A propos de livres...

16 avril 2015

Yeruldelgger - Ian Manook

  Lu dans le cadre du Challenge
 
"Écoutons un livre"
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Audiolib - janvier 2015 - 15h32 - Lu par Martin Spinayer

 

Quatrième de couverture :
Le corps enfoui d’une enfant, découvert dans la steppe par des nomades mongols, réveille chez le commissaire Yeruldelgger le cauchemar de l’assassinat jamais élucidé de sa propre fille. Peu à peu, ce qui pourrait lier ces deux crimes avec d’autres plus atroces encore, va le forcer à affronter la terrible vérité. Il n’y a pas que les tombes qui soient sauvages en Mongolie. Pour certains hommes, le trafic des précieuses « terres rares » vaut largement le prix de plusieurs vies. Innocentes ou pas. Dans ce thriller d’une maîtrise époustouflante, Ian Manook nous entraine sur un rythme effréné des déserts balayés par les vents de l’Asie Centrale jusqu’à l’enfer des bas-fonds d’Oulan-Bator. Il y avait la Suède de Mankell, l’Islande d’Indridason, l’Écosse de Rankin, il y a désormais la Mongolie de Ian Manook !
Une interprétation à « coeur battant » qui entraîne l’auditeur dans une histoire pleine de méandres, bouleversante, en immersion totale.

Auteur : Patrick Manoukian, alias Ian Manook, a sûrement été le seul beatnick à traverser d'Est en Ouest tous les États-Unis pour assister au festival de Woodstock et s'apercevoir en arrivant en Californie qu'il s'ouvrait le même jour sur la côte Est, à quelques kilomètres de son point de départ. C'est dire s'il a la tête ailleurs et l'esprit voyageur. Journaliste, éditeur, publicitaire et désormais romancier, Yeruldelgger est son premier roman mais certainement pas le dernier, puisqu’il inaugure une série mettant en scène le commissaire éponyme.

Lecteur : Martin Spinhayer est un comédien belge de théâtre, de télévision et de doublage.Acteur de l’ombre des studios, il se consacre à tous les aspects vocaux dumétier, passant des personnages les plus sombres aux plus extravagants.Son timbre grave lui a permis d’incarner la voix française, notamment,de John Goodman et Jeremy Irons. 

Mon avis : (écouté en avril 2015)
Cela faisait quelques temps que je voulais découvrir ce roman policier et j'étais donc ravi de découvrir qu'il faisait parti de la sélection du Prix Audiolib. Voilà un roman noir écrit par un français et dont l'action se déroule en Mongolie. 
Tout commence avec la découverte des corps de trois chinois émasculés dans un entrepôt à Oulan-Bator puis celle du corps d'un enfant enseveli avec son petit vélo dans la steppe. Le commissaire Yeruldelgger doit résoudre ses deux enquêtes avec son équipe. 

L'histoire est palpitante et le cadre magnifique. Le lecteur suit une enquête pleine de noirceur, de surprises et de rebondissements et en même temps découvre la Mongolie, ses paysages, ses coutumes, sa réalité économique, sociale.
La quatrième de couverture évoque Mankell et la Suède ou Indradison et l'Islande, pour ma part je trouve ce roman plus proche de Tony Hillerman et Jim Chee. Ici la tradition Mongole et ses valeurs que l'on retrouve encore dans la steppe s'affronte à la modernité, la corruption et les trafics d'Oulan-Bator.

Dans la version audio, l'entretien avec l'auteur complète toujours très bien notre lecture. 
Je continuerai sans hésitation de découvrir les prochaines aventures de Yeruldelgger.

 

Extrait : (début du livre)
Yeruldelgger observait l’objet sans comprendre. D’abord il avait regardé, incrédule, toute l’immensité des steppes de Delgerkhaan. Elles les entouraient comme des océans d’herbe folle sous la houle irisée du vent. Un long moment, silencieux, il avait cherché à se convaincre qu’il était bien là où il se trouvait, et il y était bien. Au cœur de distances infinies, au sud de la province du Khentii et à des centaines de kilomètres de ce qui pourrait un tant soit peu justifier la présence incongrue d’un tel objet.
Le policier du district se tenait respectueusement à un mètre derrière lui. La famille de nomades qui l’avaient alerté, à quelques mètres en face. Tous le regardaient, attendant qu’il apporte une explication satisfaisante à la présence de l’objet saillant de terre, de travers par rapport à l’horizon. Yeruldelgger avait respiré profondément, malaxé son visage fatigué dans ses larges paumes, puis il s’était accroupi devant l’objet pour mieux l’observer.
Il était vidé, épuisé, comme essoré par cette vie de flic qu’il ne maîtrisait plus vraiment. Ce matin à six heures on l’envoyait enquêter sur trois cadavres découpés au cutter dans le local des cadres d’une usine chinoise dans la banlieue d’Oulan-Bator, et cinq heures plus tard il était dans la steppe à ne même pas comprendre pourquoi on l’avait envoyé jusque-là. Il aurait de loin préféré rester en ville pour enquêter sur les cadavres des Chinois avec son équipe. Il savait par expérience et par goût de l’adrénaline que la première heure sur une scène de crime était déterminante. Il n’aimait pas trop ne pas y être, même s’il avait toute confiance en l’inspecteur Oyun qu’il avait laissée en charge. Elle savait y faire et le tiendrait au courant si nécessaire.
Le policier du district n’avait pas osé s’accroupir à côté de lui. Il restait debout, à moitié penché, les genoux pliés et le dos cassé en deux. Mais à la différence de Yeruldelgger, il ne cherchait pas à comprendre. Il attendait juste que le commissaire de la capitale le fasse. Les nomades, eux, s’étaient accroupis en même temps que lui. 
Le père était peut-être un grand-père, le visage plissé par la lumière du soleil sous son chapeau traditionnel pointu. Il portait un vieux deel de tissu satiné vert, tout brodé de jaune, et des bottes de cavalier en cuir. La femme était habillée d’un manteau bleu clair et soyeux serré par une large ceinture de satin rose. Elle était beaucoup plus jeune que l’homme. Les trois enfants se suivaient en rang d’oignons, rouge, jaune et vert : deux garçons et une petite dernière. Le commissaire jugea qu’il y avait à peine un an de différence de l’un à l’autre. Toute la famille affichait un air réjoui et de grands sourires qui tranchaient sur leurs visages à la peau rugueuse et rougie par les vents des steppes, le sable des déserts et les brûlures de la neige. Yeruldelgger avait été un gamin des steppes comme eux dans une de ses premières vies.
– Alors, commissaire ? osa le policier du district.
– Alors c’est une pédale. Une pédale de petite taille. Je suppose que tu as déjà vu une pédale, policier ?
– Oui, commissaire. Mon fils a un vélo.
– À la bonne heure, soupira Yeruldelgger, alors tu sais ce que c’est qu’une pédale !
– Oui, commissaire.
En face d’eux, la famille de nomades accroupis en rang d’oignons écoutait leur échange en souriant. Derrière, on apercevait leur yourte blanche, et tout autour la steppe verdoyante ondulée par le vent à perte de vue jusqu’à l’horizon bleu des premières collines. On ne distinguait même pas la piste étroite par laquelle le petit tout-terrain russe les avait bringuebalés jusqu’à la yourte.
Yeruldelgger posa ses puissantes mains bien à plat sur ses cuisses, à la manière des sumos japonais, et rentra la tête dans les épaules pour se forcer à contenir la colère qui montait.
– Et c’est pour ça que tu m’as fait venir ?
– Oui, commissaire…
– Tu m’as fait faire trois heures de piste depuis Oulan-Bator pour une pédale qui sort de terre ?
– Non, commissaire, c’est pour la main !
– La main ? Quelle main ?
– La main sous la pédale, commissaire.
– Quoi ? Il y a une main sous cette pédale ?

Challenge Petit Bac 2015 
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Titre : 1 mot (3)

Challenge Trillers et Polars
2014-2015
 
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catégorie "Même pas peur" :  17/25 

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15 avril 2015

La Surface de réparation - Alain Gillot

Lu en partenariat avec Babelio et les éditions Flammarion

CVT_La-surface-de-reparation_5230 Flammarion - avril 2015 - 222 pages

Quatrième de couverture :
Vincent, entraîneur d'une équipe de jeunes footballeurs, se voit confier la garde de son neveu, qui souffre du syndrome d'Asperger. Il se révèle un gardien de buts hors normes. Mais dans sa vie quotidienne, si un geste ou une parole ne correspond pas à ses schémas mentaux, il est pris de panique. Vincent remettra en cause ses certitudes et sortira, lui aussi, de son propre enfermement.

Auteur : Alain Gillot pratique toutes sortes de métiers, de bûcheron à chauffeur routier, avant de découvrir l’écriture, à travers le journalisme sportif. Attiré par l’aventure, il devient grand reporter et se passionne pour les peuples autochtones. Au retour de ces années de voyage il travaille dans le cinéma, comme scénariste et découvre la bande dessinée. 
Il a publié un premier roman, "La surface de réparation"en 2015. 

Mon avis : (lu en avril 2015)
Vincent espérait devenir un grand joueur de football mais à la suite d'une grave blessure il est obligé de réviser ses ambitions et il devient entraîneur de football. Vincent est un solitaire, il vit seul et entraîne une équipe de jeunes footballeurs. Il s'est éloigné de sa famille. Il a des souvenirs douloureux de son enfance. Il est donc plutôt surpris de voir un soir débarquer sa soeur aînée et son fils de treize ans qu'elle élève seul. Elle doit faire une formation et Vincent est son dernier recours pour s'occuper de Léonard.
Vincent n'accepte pas tout de suite, c'est la première fois qu'il rencontre ce jeune garçon au comportement bizarre. Léonard ne regarde pas les gens, il ne parle presque pas, il semble n'éprouver aucun sentiment... 
Vincent va découvrir que Léonard est un garçon extraordinaire... Il est imbattable aux échecs et déclare que le football est un jeu simpliste... Vincent le prend au mot et lui propose de venir à l'entraînement avec son équipe. Après avoir visionné toute une nuit de nombreux matchs de football pour apprendre ce jeu, Léonard se révèle un gardien de but très spécial... Vincent et Léonard vont s'apprivoiser et ce séjour de dix jours va faire grandir l'un comme l'autre. 
J'ai bien aimé cette histoire en particulier la relation qui se tissent entre Vincent et Léonard, comment ils se découvrent, comment Vincent cherche à comprendre Léonard, à l'aider à s'intégrer. Léonard est très attachant et on apprend sur le syndrome d'Asperger.

Merci  Babelio et les éditions Flammarion pour ce partenariat.

Extrait : 
Hamed est venu droit vers moi de sa foulée de petit cheval contrarié. Une semaine qu'il pleuvait des cordes au beau milieu des vacances de Pâques. Déjà que les gosses avaient du mal à se concentrer, si en plus ils jouaient dans un bourbier, c'était la fin de tout.
— Pas moyen de prendre un appui, m'sieur. La moindre passe, on est sur le cul… Les joueurs ont besoin de parler. D'un bobo, du maté- riel, des conditions. Certains jours, ils veulent seulement rentrer au vestiaire.
— Montre-moi un peu tes crampons… Le gamin m'a tourné le dos et, tandis qu'il levait le mollet, j'ai jeté un œil à sa semelle.
— C'est du petit, à ce que je vois…
— Ceux que j'ai toujours, m'sieur.
— Et là, depuis lundi, t'as rien remarqué ?
— Ben si… il pleut comme vache qui pisse.
— Et d'après toi, t'aurais dû faire quoi ?
— Mettre plus gros…
— Donc, maintenant, tu y retournes et tu te débrouilles pour rester debout. 
Ses yeux se sont planqués dans leurs orbites. Hamed a ce côté buté qui le pousse à s'empaler dans les défenses au lieu de lever la tête pour chercher un partenaire démarqué. J'en ai vingt-trois comme lui dans les pattes, et, certains jours, je me demande ce que je fais là, à m'occuper d'une bande de morpions qui ne deviendront jamais de vrais footballeurs.
C'est ma deuxième expérience d'entraîneur depuis que j'ai passé le diplôme fédéral. La première fois, c'était à Limoges avec l'équipe de division d'honneur. Des postiers qui bossaient la semaine et venaient s'entraîner le soir. Mais j'en ai eu marre de ce rythme-là. Je suis tombé sur une annonce dans France Football, « Club de Sedan cherche éducateur diplômé pour s'occuper de ses jeunes, âgés de dix à quatorze ans ». J'ai pensé que ça pouvait convenir. Pas que je sois porté sur les gosses. Je n'en ai pas, personnellement, et je les apprécie modéré- ment, mais le salaire était correct, et la jouissance d'un pavillon, comprise dans l'offre, a fini de me décider.
Évidemment Sedan, ça a ses limites. La gloire du club est passée et n'est pas près de revenir, au point que l'équipe première évolue en D2, plutôt dans le bas du tableau. Ce qu'il faudrait, c'est trouver une pépite. Un joueur qui permettrait aux supporters de rêver et à ses équipiers d'être aspirés vers le haut. C'est ce qui s'est produit à Nancy quand Platini s'est révélé. Mais des Platini, il y en a un tous les cinquante ans, et aucun ne va débarquer à Sedan. Moi, ce que j'ai sous la main, c'est surtout des Kevin Rouverand. C'est le buteur du groupe, enfin, quand il est dans un bon jour. Un mètre quarantetrois à la toise, un centre de gravité très bas, une patate du droit. Il pourrait vraiment faire quelque chose, mais, question motivation, on est loin du compte. Il se promène sur le terrain avec son petit talent sous le bras, il a l'impression d'avoir tout le temps devant lui. Il attend, comme beaucoup de ses copains, la proposition d'un club important. Il feuillette les journaux de bagnoles, il pianote sur son téléphone, il sculpte ses cheveux avec du gel. Il se voit déjà arrivé, alors qu'il n'est même pas dans le train.

Challenge Petit Bac 2015 
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Taille (3)

13 avril 2015

C'est lundi, que lisez-vous ? [215]

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ? 

mamette,-tome-2---l-age-d-or-96242-250-400 tom l'éclair 103232781

Mamette, Tome 2 : L'âge d'or - Nob 
Comment Thomas Leclerc 10 ans 3 mois et 4 jours est devenu Tom l'Eclair et a sauvé le monde... - Paul Vacca 
Un Océan D'amour - Lupano et Panaccione

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

La Surface de réparation - Alain Gillot (Babelio - Flammarion)
Le Syndrome du pire - Christoffer Carlsson (Babelio - Ombres)

Que lirai-je la  semaine prochaine ?

La coloc - Jean-Philippe Blondel 
Refuges - Anne-Lise Heurtier (Casterman)
La Baronne Blixen (Babelio - Prix Relay)

Bonnes lectures et bonne semaine !

10 avril 2015

Un Océan D'amour - Lupano et Panaccione

BDFestival

Couv_227927 Delcourt - octobre 2014 - 224 pages

Quatrième de couverture :
Chaque matin, Monsieur part pêcher au large des côtes bretonnes. Mais ce jour-là, c'est lui qui est pêché par un effrayant bateau-usine. Pendant ce temps, Madame attend. Sourde aux complaintes des bigoudènes, convaincue que son homme est en vie, elle part à sa recherche. C'est le début d'un périlleux chassé-croisé, sur un océan dans tous ses états. Une histoire muette avec moult mouettes.

Auteurs : Wilfrid Lupano est né à Nantes en 1971, mais c'est à Pau qu'il passe la plus grande partie de son enfance. Une enfance entourée des BD de ses parents, même si c'est surtout à une pratique assidue du jeu de rôle qu'il doit son imaginaire débridé et son goût pour l'écriture. Plus tard, il travaille dans les bars pour financer ses études – un peu de philo et une licence d'anglais –, il y rencontre deux futurs amis et associés, Roland Pignault et Fred Campoy. Ensemble, ils réalisent un western humoristique, Little Big Joe (Delcourt), dont le premier tome paraît en 2001. Il récidive avec Virginie Augustin et Alim le tanneur, un récit fantastique en quatre tomes, qu'il termine en 2009. Entre-temps, sa carrière est lancée, et il enchaîne les titres : L'assassin qu'elle mérite, L'Homme qui n'aimait pas les armes à feu, Le Singe de Hartlepool, Azimut... En 2014, Wilfrid Lupano obtient le Fauve du meilleur polar avec Ma Révérence.
Grégory Panaccione est diplômé de l'Académie des beaux-arts de Paris. Après une première expérience en tant qu'illustrateur, il se lance dans l'animation, notamment sur le film Corto Maltese. Également réalisateur de dessins animés chez Jean Chalopin.

Mon avis : (lu en avril 2015)
Voilà une histoire sans parole, une histoire d'amour et d'océan... En Bretagne, chaque matin le pêcheur doit se lever pour aller travailler. Son premier geste avant de sortir de son lit, mettre de grosses lunettes. Puis il va prendre le petit-déjeuner que son épouse, déjà prête, lui a préparé. Puis c'est l'heure de la douche et le départ vers le port. Dehors, il fait encore nuit, le pêcheur rejoint son petit bateau pêche avec à la main sa boîte avec son casse-croûte. La pêche est difficile, pour espérer pêcher de beaux poissons, le bateau doit s'éloigner du bord de la côte. Il va alors rencontrer un bateau bien plus gros que lui et se retrouver dans ses filets... Au port, la disparition du bateau attriste tout le monde, son épouse ne croit pas à sa mort et décide de partir à sa recherche... Le lecteur va suivre en parallèle les péripéties incroyables de Monsieur et de Madame...
Cette lecture muette nous oblige à nous plonger totalement dans chacun des dessins pour en pêcher tous les détails et suivre les avaentures du pêcheur et sa bretonne... Une histoire captivante, pleine d'humour et de poésie avec des mouettes et des sardines !

Nos deux héros ont un look assez caricatural : Petit, chauve avec des grandes oreilles et de grosses lunettes pour Monsieur, grande et forte bretonne avec une petite coiffe bigouden pour Madame, le couple semble mal assortie mais leur amour mutuel est infini !

Merci à PriceMinister pour cette opération "La BD fait son festival"

Extrait : 

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  Challenge Petit Bac 2015 
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Géographie (3)

Challenge 7% Rentrée Littéraire 2014 
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39/42

9 avril 2015

Comment Thomas Leclerc 10 ans 3 mois et 4 jours est devenu Tom l'Eclair et a sauvé le monde... - Paul Vacca

Lu en partenariat avec les éditions Belfond

tom l'éclair Belfond - avril 2015 - 280 pages

Quatrième de couverture :
Le 14 octobre 1968, à 10 ans, 3 mois et 4 jours, Thomas Leclerc comprend enfin pourquoi il est sur Terre : il n'est pas Thomas Leclerc, mais Tom l'Éclair plus vif que l'Éclair... Comme les super-héros, il est un étranger jeté dans un monde qui n'est pas fait pour lui. Souffrant de difficultés relationnelles et émotionnelles, cet enfant de la fin des années 60 s'invente un destin qui va lui permettre de sauver son Monde, qui évolue entre sa maison, sa résidence et la petite ville de Montigny. C'est ainsi qu'il sort de sa chambre et de son isolement, et part défier la réalité et ses pièges pour voler au secours de ses parents qui comptent se séparer ou encore venger l'honneur de Palma, une fille de son collège qui a été assassinée et dont le meurtrier court toujours... Digne d'un super-héros, Tom ira jusqu'au bout. Et si c'était le prix à payer pour trouver sa voie vers le Monde ?

Auteur : Paul Vacca est romancier, scénariste et essayiste. Il est l’auteur de deux romans La petite cloche au son grêle (2008) et Nueva Königsberg (2009) et d’un essai Hyper, ton univers impitoyable - Le système hypermarché mis à nu (1994). Philosophe de formation, il a été consultant stratégique en agences de communication pour le compte de grandes entreprises, d’institutions ou d’hommes politiques. Il est aussi membre en charge de la stratégie et des études de La Villa Numeris, un think tank qui scrute les évolutions sociétales du numérique et de la nouvelle économie.

Mon avis : (lu en avril 2015)
Thomas Leclerc est un enfant autiste, il a 10 ans en 1968. Après avoir découvert un comics-book, il décide de devenir Tom l'Éclair un super-héros avec des super-pouvoirs qui vont l'aider à comprendre le monde qui l'entoure. Il est convaincu d'être arrivé sur Terre avec la mission de sauver le monde. Il sait qu'il est différent des autres enfants et se pose de nombreuses questions sur le monde et sur ceux qui l'entourent. 
Tom est toujours resté dans son monde, c'est rassurant pour lui de rester discret sans vraiment se confronter aux autres. Mais ses super-pouvoirs vont lui donner le courage de s'intéresser aux autres. Sa première idée : se faire des amis. Il commence par observer ses camarades de classe mais il a du mal à comprendre comment deux garçons peuvent être amis le matin et quelques heures après se taper dessus durant la récréation... Il va trouver un livre donnant des "recettes" pour avoir des amis... La mise en pratique reste difficile. Tom est pourtant approché par Pamela une fille un peu bizarre dont il n'aime pas l'odeur de malabar qu'elle dégage... 
J'ai beaucoup aimé ce livre et surtout Tom si attachant. L'intrigue n'est pas toujours crédible vu l'âge du héros mais je ne me suis pas arrêté à cela. J'ai aimé ce petit garçon différent qui voudrait réussir à régler les problèmes de ses proches comme savent le faire les Super Héros. Il a un bon sens imparable. 

Remarque : Le titre de ce livre est un peu long... C'est devenu une mode que je trouve à double tranchant : le titre se remarque... mais il est impossible de le retenir... Ici l'auteur et l'éditeur ont prévu également le titre court... "Tom l'Eclair" !

Merci Anny et les éditions Belfond pour cette belle découverte.

Autre avis : Canel

Extrait : (début du livre)
Au départ, ce 14 octobre 1968 fut pourtant un jour comme les autres.
Réglé en tout point sur les autres jours passés ici, depuis que Thomas est arrivé à Montigny, une petite ville près de Paris.
- Tom, Petit Tom, c'est l'heure !
7 h 14. Comme chaque matin, Thomas se lève au son de l'appel maternel. Il attrape à tâtons ses lunettes aux verres épais, passe au poignet sa montre à quartz, enfile son col roulé en acrylique, son pantalon court, ses Kickers et descend les dix-huit marches qui le mènent à la cuisine.
Là l'attendent sur la table son bol rempli de céréales jusqu'au premier trait rouge et la bouteille de lait posée à sa droite. Sa mère, Pauline, l'embrasse, passe la main dans ses cheveux pour aplanir son épi, et verse le lait dans son bol jusqu'au niveau du deuxième trait rouge... Il avale son petit déjeuner en scrutant la boîte de céréales qu'il a lue plus de trois cent cinquante fois, repérant les e et les a et les lignes qui les relient entre eux, ainsi que les lettres manquantes de l'alphabet.
- Ça va, bonhomme ?
Son père, Serge, fume en prenant son café au son de la radio. La fin des nouvelles, arrive l'heure de la météo...
Thomas sort de la cuisine, attrape son cartable, le passe dans le dos alors que sa mère y enfourne une forme cylindrique entourée de papier aluminium.
- Ton goûter, mon chéri.
Pain, beurre et quatre carrés de chocolat noir. La tête ensommeillée, l'épi dressé vers le ciel, Thomas sort de la maison. Le ballet matinal se met alors en place, long plan-séquence parfaitement orchestré qui le mène jusqu'au collège. Thomas referme le portail, emprunte l'allée de la résidence, puis s'engage sur une petite route bordée de villas qui va jusqu'au centre-ville.
La sortie de M. Delattre avec son attaché-case, qui plie sa veste et la pose sur le siège à l'arrière de sa Dauphine ; Mme Dupuis, la dame au manteau beige qui cherche son chat ; les jumeaux qui, une fois hors du champ de vision familial, se lancent des coups de pied...
Une chorégraphie réglée au millimètre près : le passage du chat à la longue queue qui s'invite dans le champ, le souffle clair du vent matinal qui agite l'épi de Tom, la 2 CV qui toussote en avalant la côte, le train derrière les bois et le moyen-courrier qui fend le ciel...
Plus loin, Thomas arrive devant un mur. Son mur magique. Barré d'innombrables « Oui » et « Non » qui se chevauchent et se contredisent. Thomas s'arrête devant lui et lui pose sa question quotidienne, celle qui l'a taraudé avant de s'endormir. Un modus operandi immuable. Il se poste en face de lui, ferme les yeux, se reformule mentalement la question, tourne une fois sur lui-même, puis ouvre les yeux. Et là, c'est magique, il obtient une réponse claire et nette à sa question : « Oui » ou « Non ».

 Challenge Petit Bac 2015 
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Prénom (5)

Déjà lu du même auteur : 

la_petite_cloche_gr_le La petite cloche au son grêle nueva_konigsberg Nueva Königsberg

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7 avril 2015

Mamette, Tome 2 : L'âge d'or - Nob

mamette,-tome-2---l-age-d-or-96242-250-400 Glénat - août 2007 - 48 pages

Quatrième de couverture : 
Mamette est de retour ! Elle poursuit son petit traintrain quotidien, en compagnie de ses vieilles copines au parc, et malgré des premiers jours d'été caniculaires. Mais le quotidien va être bien perturbé, car elle accueille chez elle le petit Maxou, dont la maman a retrouvé un travail très prenant. Et l'été va être chaud, très chaud, car Maxou a redoublé et Mamette compte bien profiter des vacances pour lui faire réviser ses leçons...Mission pas facile! Mais entre la mamie gâteau et le petit agité, si on ne se comprend pas toujours, la tendresse est toujours au rendez-vous.
Entre drôlerie et émotion, retrouvez dans ce second tome une galerie de personnages haut en couleurs et si proches de ceux que nous croisons au quotidien. Mamette, c'est la grand-mère dont nous rêvons tous, craquante, espiègle, gourmande de la vie, celle qu'on ne remarque pas toujours mais qui a pourtant tellement de trésors à partager.

Auteur : Nob, de son véritable nom Bruno Chevrier né en 1973 à Tours, est un dessinateur, scénariste et coloriste de bande dessinée français.

Mon avis : (lu en avril 2015)
Après les tomes 4 et 5, je fais un petit retour en arrière avec le tome 2 : c'est l'été avec une chaleur caniculaire, Mamette accueille pour les vacances Maxou. La mère de ce jeune garçon est très occupé par son travail et Maxou doit faire des devoirs de vacances. La cohabitation s'annonce difficile car Maxou espérait partir en vacances avec son père. Pour Mamette, les jeunes ont bien changés et malgré tout elle va trouver la solution pour apprivoiser Maxou et passer avec lui un été inoubliable...
Une bande-dessinée pleine de tendresse et d'humour, je reste sous le charme de cette super grand-mère !

Extrait :

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Challenge Petit Bac 2015 
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Couleur (3)

Déjà lu du même auteur :

mamette_4  Tome 4 : Entre ciel et terre 103061793 Tome 5 : La fleur de l'âge

6 avril 2015

C'est lundi, que lisez-vous ? [214]

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ? 

9782356419323-T (1) la derniere fugitive_folio 103195593

Joseph - Marie-Hélène Lafon 
La dernière fugitive - Tracy Chevalier 
Danser les ombres - Laurent Gaudé

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Un océan d'amour - Lupano (BD - PriceMinister)
Comment Thomas Leclerc, 10 ans 3 mois et 4 jours est devenu tom l'éclair, de Paul Vacca (Belfond

Que lirai-je la  semaine prochaine ?

La Surface de réparation - Alain Gillot (Babelio - Flammarion)
La coloc - Jean-Philippe Blondel
Le Syndrome du pire - Christoffer Carlsson (Babelio - Ombres)

Bonnes lectures et bonne semaine !

4 avril 2015

Danser les ombres - Laurent Gaudé

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danser les ombres Actes Sud - janvier 2015 - 249 pages

Quatrième de couverture :
En ce matin de janvier, la jeune Lucine arrive de Jacmel à Port-au-Prince pour y annoncer un décès. Très vite, dans cette ville où elle a connu les heures glorieuses et sombres des manifestations étudiantes quelques années plus tôt, elle sait qu'elle ne partira plus, qu'elle est revenue construire ici l'avenir qui l'attendait. Hébergée dans une ancienne maison close, elle fait la connaissance d'un groupe d'amis qui se réunit chaque semaine pour de longues parties de dominos. Dans la cour sous les arbres, dans la douceur du temps tranquille, quelque chose frémit qui pourrait être le bonheur, qui donne l'envie d'aimer et d'accomplir sa vie. Mais, le lendemain, la terre qui tremble redistribue les cartes de toute existence... Pour rendre hommage à Haïti, l'île des hommes libres, Danser les ombres tisse un lien entre le passé et l'instant, les ombres et les vivants, les corps et les âmes. D'une plume tendre et fervente, Laurent Gaudé trace au milieu des décombres une cartographie de la fraternité, qui seule peut sauver les hommes de la peur et les morts de l'oubli.

Auteur : Romancier, nouvelliste et dramaturge né en 1972, Laurent Gaulé publie son oeuvre, traduite dans le monde entier, chez Actes Sud. Il est notamment l'auteur de La Mort du roi Tsongor (2002, prix Goncourt des lycéens, prix des Libraires), Le Soleil des Scorta (2004, prix Goncourt, prix Jean-Giono), La Porte des Enfers (2008), Ouragan (2010) et Pour seul cortège (2012).

Mon avis : (lu en mars 2015)
Laurent Gaudé nous raconte les histoires de différents personnages vivant à Haïti, en janvier 2010, nous sommes quelques jours avant le terrible tremblement de terre. Il y a Lucine qui est de retour à Port-au-Prince après cinq ans d'absence, Saul, "bâtard" qui n'a pas terminé ses études de médecine mais qui est prêt à soigner les pauvres, Firmin, ancien tonton macoute, le vieux Tess, qui habite une ancienne maison close, ses amis Domitien Magloire, dit Pabava, Jasmin Lajoie et Facteur Sénèque, Lily, une jeune fille riche et malade, Viviane Kénol, Ti Sourire, une future infirmière...
Le quotidien de tous ses hommes et ses femmes n'est pas facile mais l'amitié, la solidarité les aident à avancer dans la vie.

Et tout à coup c'est le tremblement de terre.
J'ai bien aimé la partie avant le tremblement de terre, Laurent Gaudé arrive à faire ressentir la beauté, l'atmosphère et l'âme des lieux. Tous nos sens sont en éveil. Les histoires des différents personnages sont prenantes et attachantes. 
Après le tremblement de terre, tout devient chaos et j'ai eu plus de mal à suivre l'auteur dans son récit devenu lui aussi chaotique... Difficile de comprendre ce qui est arrivé, qui est encore vivant, qui est devenu une ombre...
Ce roman est très bien écrit et c'est un très bel hommage au pays et aux habitants d'Haïti.

Merci à Babelio et le Prix Relay des voyageurs lecteurs pour ce partenariat.

Extrait : (début du livre)
Il avait fait chaud toute la journée et les commerçants de la rue Veuve contemplaient l’artère désespérément vide en se demandant ce qui les retenait encore ici à cette heure où il était quasiment certain qu’il ne viendrait plus personne. Toute la journée, Lucine s’était essuyé le cou avec le mouchoir mauve que lui avait offert sa nièce – la petite Alcine. Elle était restée accroupie derrière son échoppe en bois, sous l’ombre des arcades des belles maisons construites après le grand incendie, s’épongeant le front, pensant, comme tous les autres, à ce qu’elle ferait à manger ce soir. Toute la rue était prise de langueur. Même la vieille Goma – que les enfants du quartier appelaient Mam’ Popo sans que l’on sache d’où venait ce surnom – était muette. D’ordinaire, elle régnait sur le marché avec l’autorité de sa gouaille et de ses kilos, haranguant le chaland dans une langue qui faisait s’esclaffer les commerçants jusqu’au Ciné Pigaille…
— Flacon, parfum after-shave, approche-toi chéri, ça vient de Paris…
— Je n’ai pas une gourde(1), Mam’ Popo…
— Qui parle d’argent, malotru, je te parle d’amour, moi !
— Hey, Mam’ Popo, ma femme sera pas contente…
— Tais-toi, mon nègre, ta femme sera ravie si tu sens bon Paris !
Même Mam’ Popo, en ce jour, était muette, immobile, les lèvres molles, la jupe tombante entre ses cuisses ouvertes, suant lentement d’ennui sur le trottoir. C’était comme si toute la rue attendait que la doyenne donne le signal du départ en lançant un de ses jurons préférés, “Cornecul, on dirait que la mer a pété tellement il fait chaud aujourd’hui !”, pour tout remballer. Alors les plus pressés seraient rentrés chez eux, les autres auraient descendu la rue, calmement, jusqu’au bâtiment de la douane près du port, pour aller boire un peu d’eau, contempler le ciel et essayer de comprendre ce qui avait produit une telle chaleur. Mais Mam’ Popo ne jurait pas, ne bougeait pas, ne semblait plus qu’une masse immobile et les commerçants restaient prisonniers de leur accablement.
C’est Lucine qui le vit la première. D’abord, elle crut être victime d’une vision, cligna des yeux, s’essuya le front et regarda à nouveau. Mais les cris lui firent comprendre quelle ne s’était pas trompée. En une seconde, les commerçants sortirent de leur torpeur. Toutes les têtes se tournèrent vers le haut de la rue.
— Regardez !…
— Vous avez vu ?…
Un être avançait, au milieu de la chaussée, avec une démarche syncopée – mi-danse, mi-titubement d’ivrogne. Il avait le torse nu et brillait sous le soleil. Son corps était recouvert d’une sorte de poix qui dessinait chacun de ses muscles – décoction de sirop de canne et de poudre de charbon peut-être, comme on en utilisait lors du carnaval –, à moins que ce ne fut sa véritable peau, naturellement huilée et scintillante. Il portait sur la tête une cagoule découpée dans une épaisse toile de jute, surmontée de deux cornes de bœuf, ce qui lui donnait une silhouette de Belzébuth. Si c’était un déguisement, il l’avait emprunté tout entier à celui des Lansetkods, ces figures de carnaval qui d’ordinaire vont en groupe, terrorisent les passants, font des pompes au milieu de la rue et essaient d’attraper les badauds pour les engluer de mélasse. Mais ce n’était pas jour de carnaval ni même la saison des raras(2), et si cet homme s’était déguisé, il était fou ou s’était trompé de ville… Ulysse, le vieux vendeur de paniers, fut le premier à l’interpeller.
— Qu’est-ce que tu fais là, mauvaise blague ?

(1) Monnaie haïtienne
(2) Défilés spontanés qui précèdent Pâques

 

 Challenge Petit Bac 2015 
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Musique (3)

 

Déjà lu du même auteur :

La_porte_des_Enfers La porte des enfers   le_soleil_des_scorta Sous le soleil des Scorta

la_mort_du_roi_tsongor  La mort du roi Tsongor Eldorado_Laurent_Gaud_  Eldorado ouragan Ouragan 

 

 

2 avril 2015

La dernière fugitive - Tracy Chevalier

Lu en partenariat avec les éditions Folio

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Quai Voltaire - octobre 2013 - 384 pages

Folio - février 2015 - 392 pages

traduit de l'américain par Anouk Neuhoff

Titre original : The last runaway, 2013

Quatrième de couverture :
1850. Après un revers sentimental, Honor fuit les regards compatissants des membres de sa communauté quaker. Elle s'embarque pour les Etats-Unis avec sa soeur, Grace, qui doit rejoindre son fiancé. A l'éprouvante traversée s'ajoute bientôt une autre épreuve : la mort de Grace, emportée par la fièvre jaune. Honor décide néanmoins de poursuivre son voyage jusqu'à Faithwell, une petite bourgade de l'Ohio. C'est dans cette Amérique encore sauvage et soumise aux lois esclavagistes, contre lesquelles les quakers s'insurgent, qu'elle va essayer de se reconstruire. Portrait intime de l'éclosion d'une jeune femme, témoignage précieux sur la vie des quakers et le «chemin de fer clandestin» - ce réseau de routes secrètes des esclaves en fuite -, La dernière fugitive confirme la maîtrise romanesque de l'auteur du best-seller La jeune fille à la perle.

Auteur : Tracy Chevalier est américaine et vit à Londres depuis 1984 avec son mari et son fils. Spécialiste des romans historiques et des portraits de femmes, elle est l'auteur du Récital des anges (2002), de La Dame à la Licorne (2003), de La Vierge en bleu (2004), de L'Innocence (2007), de Prodigieuses créatures (2010) et de La Jeune Fille à la perle (2000) adapté au cinéma par Peter Webber en 2002, et interprété par Scarlett Johansson.

Mon avis : (lu en mars 2015)
J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous raconte l'histoire de Honor Bright, une jeune quaker anglaise qui émigre aux États-Unis dans les années 1850. Son fiancé l'ayant quitté pour une jeune fille n'appartenant pas à la communauté, Honor décide d'accompagner sa soeur Grace promise à voisin qui est déjà parti en Amérique. Tout commence avec la difficile traversée de l'Atlantique en bateau, Honor va être malade tout au long du voyage et comprend dès son premier pas sur la terre d'Amérique qu'elle ne fera certainement jamais la route inverse. Ensuite, c'est le long voyage pour rejoindre l'Ohio qui sera endeuillée par la mort de Grace emportée par la fièvre, cette dernière ne rejoindra jamais son futur mari... Honor se retrouve donc seule dans un pays différent de l'Angleterre, elle va rencontrer Belle, une femme modiste, dont la vie est à l'opposée de la sienne si calme et pieuse... A travers l'histoire d'Honor, nous découvrons l'Amérique de 1850, la communauté quaker, le travail minutieux et artistiques des quilts (patchwork), et les « chemins de fer clandestins », réseaux de routes secrètes tracées par les esclaves pour rejoindre les terres libres du Canada. 
Tracy Chevalier réussit avec brio ce nouveau livre, les personnages sont nombreux, attachants et l'intrigue captivante.

Merci Anna et les éditions Folio pour cette lecture passionnante et instructive.

Extrait : (début du livre)
Elle ne pouvait pas revenir en arrière. Quand Honor Bright avait brusquement annoncé à sa famille qu’elle allait accompagner sa sœur Grace en Amérique – quand elle avait trié ses objets personnels, ne gardant que le nécessaire, quand elle avait fait don de tous ses patchworks, quand elle avait dit au revoir à ses oncles et tantes, et embrassé ses cousins et cousines et ses neveux et nièces, quand elle était montée dans le coche qui allait les arracher à Bridport, quand Grace et elle s’étaient donné le bras pour gravir la passerelle du bateau à Bristol –, tous ces gestes, elle les avait effectués en se disant en son for intérieur : Je pourrai toujours revenir. Sous cette pensée, toutefois, était tapi le soupçon que dès que ses pieds auraient quitté le sol anglais, sa vie serait irré- vocablement transformée.
Au moins l’idée de rentrer un jour adoucit-elle les semaines qui précédèrent son départ, telle la pincée de sucre ajoutée en secret à une sauce pour en dompter l’acidité. Cette idée lui permit de rester calme, et de ne pas pleurer comme le fit son amie Biddy lorsqu’elle lui donna le quilt qu’elle venait de terminer : un patchwork de losanges marron, jaunes et blanc cassé assemblés en étoile de Bethléem à huit branches, surpiqué de motifs de harpes, sans oublier la bordure de plumes pour laquelle elle était connue. La communauté lui avait offert un quilt de l’amitié dont chaque bloc avait été confectionné et signé par une amie ou une parente différente, or elle n’avait pas la place pour les deux courtepointes dans sa malle. Le quilt de l’amitié n’était pas aussi bien exécuté que le sien, mais naturellement c’était celui-là qu’elle devait emporter. « Il est mieux en ta possession, pour te faire penser à moi, avait insisté Honor alors que son amie en pleurs tentait de lui rendre de force le quilt étoile de Bethléem. Des couvre-pieds, je pourrai en faire d’autres dans l’Ohio. »
Pour ne pas penser au voyage lui-même, Honor tendit plutôt son esprit vers sa destination, à savoir la maison en bardeaux dont son futur beau-frère avait envoyé des croquis à Grace dans ses lettres de l’Ohio. « C’est une maison solide, même si elle n’est pas bâtie dans la pierre à laquelle tu es accoutumée, avait écrit Adam Cox. La plupart des maisons ici sont en bois. C’est seulement quand une famille s’est bien établie et ne risque plus guère de repartir qu’elle construit une maison en briques.
« Elle est située au bout de Main Street, à l’entrée du village, poursuivait-il. Faithwell est encore un petit bourg, avec une quinzaine de familles d’Amis. Mais il va grandir, par la grâce de Dieu. Le magasin de mon frère se trouve à Oberlin, une ville plus importante à cinq kilomètres de distance. Lui et moi espérons le transporter à Faithwell une fois que l’agglomération sera assez grosse pour accueillir une boutique de drapier. Ici on appelle cela un “magasin de nouveautés”. Il y a beaucoup de mots nouveaux à apprendre en Amérique. »
Honor ne se voyait pas vivre dans une maison en bois, qui brûlait à toute vitesse, gauchissait pour un rien, émettait des grincements et des gémissements, mais ne procurait aucun sentiment de permanence, contrairement à la brique ou la pierre.
Elle avait beau s’efforcer de restreindre ses inquié- tudes à sa crainte de vivre dans une maison en bois, elle ne pouvait s’empêcher de penser à la traversée sur l’Adventurer, le navire sur lequel elles franchiraient l’Atlantique. Honor connaissait bien les bateaux, comme tout résident de Bridport. Elle accompagnait de temps en temps son père au port quand une cargaison de chanvre arrivait. Elle était même déjà montée à bord, et avait regardé les marins ferler les voiles, enrouler les cordages et laver les ponts. Mais elle n’avait jamais pris la mer. Un jour, quand elle avait dix ans, son père avait emmené la famille passer la journée dans le village d’Eype, et Honor, Grace et leurs frères étaient allés faire un tour en canot à rames. Grace avait adoré naviguer : elle avait poussé des cris perçants, ri à gorge déployée et fait semblant de tomber à l’eau. Honor, quant à elle, s’était agrippée au rebord de la barque pendant que ses frères ramaient, s’évertuant à ne pas paraître affolée par le tangage, et par l’étrange et désagréable sensation de ne plus avoir la terre ferme sous ses pieds. Elle avait regardé sa mère qui arpentait la plage avec sa robe foncée et son bonnet blanc, impatiente de voir ses enfants revenir sains et saufs. Après cette expérience, Honor avait fui les bateaux.

Déjà lu du même auteur : 

prodigieuses_cr_atures  Prodigieuses créatures la_jeune_fille___la_perle La jeune fille à la perle 

la_vierge_bleu La Vierge en bleu

31 mars 2015

Joseph - Marie-Hélène Lafon

 LOGOTYPE-2015

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Audiolib - mars 2015 - 3h - Lu par Marie-Christine Barrault

Buchet Chastel - août 2014 - 144 pages

Quatrième de couverture : 
Joseph est ouvrier agricole, dans une ferme du Cantal. Mais ce nouveau roman de Marie-Hélène Lafon n’est en rien un « roman paysan » nostalgique, nourri de « couleur locale » : la ferme où il vit n’ignore ni les ordinateurs ni les congélateurs.
Et le dimanche, au bistrot du village, quand il a un peu trop bu, les phrases de Joseph miment celles des animateurs populaires de la télévision. La virtuosité de Joseph est ailleurs : justement dans la position qu’a son héros d’intermédiaire entre deux mondes, deux rythmes – celui, immuable, de la « terre » dont il a la charge, des jours, des saisons, et celui d’une modernité qui bouscule les modes de vie. Mais peut-on impunément « rester, en regardeur, au bord » d’une faille qui s’élargit ?
Il fallait tout le très grand talent de Marie-Christine Barrault pour rendre les ambiguïtés de ce roman subtil, qui se refuse à la fois aux nostalgies passéistes et aux engouements de la modernité brutale.

Auteur : Marie-Hélène Lafon est née en 1962 à Aurillac. Professeur agrégée de grammaire, elle enseigne dans un collège à Paris. Le Soir du Chien, son premier roman, paru en 2001, a reçu le prix Renaudot des Lycéens. Depuis, elle a publié sept romans et deux recueils de nouvelles.

Lecteur : En quarante ans d’une brillante carrière au théâtre, au cinéma et à la télévision,Marie-Christine Barrault a combiné tous les genres, de la comédie au drame.C’est d’abord le cinéma qui la fait connaître avec Ma nuit chez Maud de Rohmer.Au théâtre, elle incarne les héroïnes de Tchékov, Claudel ou Duras et latélévision fait d’elle une inoubliable Marie Curie. Elle a brillé sur scène avecL’Allée du Roi de Françoise Chandernagor, ou Opening Night de John Cromwell. 

Mon avis : (écouté en mars 2015)
Avant de recevoir ce livre audio, j'ai eu l'occasion de lire ce livre sous forme papier. Et j'ai eu du mal à apprécier cette lecture : Que les phrases sont longues et ce style n'est vraiment pas à mon goût, le livre comporte peu de pages mais ce style assez vieillot alourdi le propos et sous forme papier, j'ai trouvé que ce livre n'en finissait pas.

J'ai donc été agréablement surprise par la version audio lu par Marie-Christine Barrault que j'ai trouvé plus agréable à écouter qu'à lire. Joseph est un ouvrier agricole âgé de presque soixante ans, c'est un taiseux, un solitaire. Il a trouvé un équilibre et une sérénité dans le quotidien immuable de la ferme où il vit et travaille pour un patron et une patronne. Il a une mémoire infaillible et revient sur les souvenirs de sa vie qui a eu quelques hauts et bas. Joseph est assez attachant.

En bonus, il y a un entretien avec l'auteur et un chapitre lu par l'auteur. Ella dit son admiration pour Flaubert et comment elle a eu eu envie de se mettre à écrire. 

Autre avis : Un autre endroit

Extrait : (début du livre)
Les mains de Joseph sont posées à plat sur ses cuisses. Elles ont l’air d’avoir une vie propre et sont parcourues de menus tressaillements. Elles sont rondes et courtes, des mains presque jeunes comme d’enfance et cependant sans âge. Les ongles carrés sont coupés au ras de la chair, on voit leur épaisseur, on voit que c’est net, Joseph entretient ses mains, elles lui servent pour son travail, il fait le nécessaire. Les poignets sont solides, larges, on devine leur envers très blanc, charnu, onctueux et légèrement bombé. La peau est lisse, sans poil, et les veines saillent sous elle. Joseph tourne le dos à la télévision. Ses pieds sont immobiles et parallèles dans les pantoufles à carreaux verts et bleu marine achetées au Casino chez la Cécile ; ces pantoufles sont solides et ne s’usent presque pas, leur place est sur l’étagère à droite de la porte du débarras. La patronne appelle comme ça la petite pièce voûtée qui sépare la laiterie de la cuisine ; elle préfère que les hommes passent par là au lieu d’entrer directement par la véranda, c’est commode ça évite de trop salir surtout s’il fait mauvais ou quand ils remontent de l’étable avec les bottes. Cette patronne ne va pas à l’étable, elle s’occupe du fromage, tient sa maison et dit que dans une ferme il faut dresser les hommes pour qu’ils respectent le travail des femmes. Au moment des repas les pantoufles de Joseph glissent sur le carrelage luisant et marron ; Joseph ne laisse pas de traces et ne fait pas de bruit. Il s’applique aussi pour ne pas sentir, il a appris en vieillissant ; dans sa jeunesse, on faisait moins attention à ces choses. Il ne se lave pas dans la salle de bains des patrons qui donne sur le couloir du bas ; on n’en a pas parlé quand il est entré dans cette ferme mais il a compris qu’il devrait utiliser le lavabo du débarras ou celui de l’étable, qu’il préfère parce qu’il sait à quel moment il sera tranquille pour la grande toilette alors que dans le débarras, on dit aussi l’arrière-cave, il aurait toujours peur de se retrouver en slip, en chaussettes, ou en maillot, ou même pire, devant la patronne, le patron, ou le fils qui traversent et ne frappent pas avant d’entrer puisqu’ils sont chez eux. Le chien reste avec lui quand il fait la grande toilette, à côté du lavabo mais un peu à l’écart pour ne pas être éclaboussé et toujours du côté des sacs de farine contre lesquels il appuie son arrière-train ; le chien se repose et suit les gestes de Joseph, il penche la tête à droite à gauche, il a l’air perplexe et ses oreilles douces frémissent inexplicablement, parfois on dirait qu’il rit et se moque des humains qui ont besoin de toutes ces fantaisies. Ce chien s’appelle Raymond, il est déjà vieux, il a au moins douze ans ; au début Joseph était gêné d’utiliser pour un chien le prénom de son père qui est mort depuis presque trente-six ans mais quand même ; ensuite il a pensé que ce prénom était parfait pour un chien comme celui-là, un chien blanc et noir au pelage luisant et souple, surtout entre les pattes de devant, sur le poitrail, un chien qui est toujours au bon endroit au bon moment quand on a besoin de lui ; il rassemble les bêtes sans aboyer et sans mordre, même les jeunes, même par temps d’orage, et même les cochons ; il apparaît il se montre il fait sa ronde et trotte menu et décrit une courbe, plus ou moins à distance et au large du troupeau selon la configuration du terrain, le nombre des animaux, leur état d’énervement, leur degré de dispersion dans le pré ou l’enclos ; ce chien sait aussi gober proprement les œufs, un œuf par jour ni plus ni moins, et cacher la coquille percée d’un petit trou dans le tas de paille derrière la porte de la grange. Un chien comme celui-là il faudrait qu’il ne meure pas, jamais, il serait presque mieux qu’une personne.

 Challenge Petit Bac 2015 
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Prénom (4)

Challenge 7% Rentrée Littéraire 2014 
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38/42

Déjà lu du même auteur :

les_pays  Les pays 

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